Septembre 2014
MASTER II RH ESS : ORGANISATION ET PROJET
Aix-Marseille Université
Aix-Marseille Université
Faculté d'Économie et de
Gestion
eb(
|
Facultë d'Économie et de Gestion
Aix - Marwille lanitierSi` ·'S
|
Master II Ressources Humaines - Économie Sociale
et Solidaire Organisation et projets
Les Epiceries Sociales et Sol idaires : histoire et
typologie Vers une typologie à partir du cas des Bouches du
Rhône
Mémoire présenté et soutenu par :
GROS Mathieu -- étudiant Master ESS
Directrice de mémoire :
MARIVAL Céline, chercheuse au
LEST-CNRS
Septembre 2014
MASTER II RH ESS : ORGANISATION ET PROJET
Aix-Marseille Université
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Gestion
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Master II Ressources Humaines - Économie Sociale
et Solidaire Organisation et projets
Les Epiceries Sociales et Sol idaires : histoire et
typologie Vers une typologie à partir du cas des Bouches du
Rhône
Mémoire présenté et soutenu par :
GROS Mathieu -- étudiant Master ESS
Directrice de mémoire :
MARIVAL Céline, chercheuse au
LEST-CNRS
Les opinions exprimées dans ce mémoire
sont celles de l'auteur et ne sauraient en aucun cas engager le directeur de
mémoire ou Aix Marseille Université
«J'aime mieux me battre avec n'importe qui
qu'avec la faim. »
Plaute, extrait de «Stichus », 628 - Ile
siècle ay. J. -C
«Nous vivons au milieu d'une mer de
pauvreté. Néanmoins on peut réduire cette mer. Notre
travail n'est qu'une goutte dans un seau, mais cette goutte est
nécessaire. »
Mère Teresa, religieuse
(1910-1997)
« Plus la misère est insupportable, plus on
l'ignore. »
Yvon RIVARD, écrivain québécois
(XXÎ siècle)
Remerciements
Je tiens à remercier l'ensemble des personnes
qui ont directement ou indirectement contribué au résultat de ce
travail de recherche et d'écriture de plus de 6 mois, sans qui, je
n'aurais pu récolter d'informations, de données, rédiger,
mettre en page, relire, corriger :
Mes parents et ma famille qui m'ont soutenu dans ma
démarche de projet de formation professionnelle ainsi que ma compagne,
Elodie, pour son soutien au quotidien. Ma mère, Christine, qui a pris
beaucoup de temps pour relire et corriger mon travail. Un grand merci à
elle.
Mon employeur, la Caisse d'Epargne
Provence-Alpes-Corse, qui a accepté mon projet de formation
diplômante en m'autorisant une absence de 12 mois, pour congé
individuel de format ion.
Ma directrice de mémoire, Céline
MARIVAL, qui m'a apporté énormément en méthodologie
de rédaction et mise en page, réflexion et méthode de
travail. Pour le temps qu'elle a passé avec moi sur des moments
d'échanges, de réflexion autour du sujet. Merci pour sa patience
lors des relectures, car n'ayant pas un cursus universitaire, la
rédaction n'a pas été facile pour moi, mais j'y ai pris
plaisir grâce à son accompagnement. Merci pour le
professionnalisme qu'elle a su mettre à mon service.
Anne et Camille, équipe de direction du centre
social « le 285», à Endoume, quartier et centre social de mon
enfance, qui ont gentiment accepté que je vienne faire mon stage
professionnel au sein de leur structure. Lors de ma demande de stage en juillet
2013, dans le cadre du Master II ESS, elles m'ont fait part du projet
d'épicerie solidaire qui était né quelques mois
auparavant, en janvier 2013, élément déclencheur de mon
sujet d'étude. Je n'oublie pas de remercier également l'ensemble
des équipes d'animation du centre (plus de 20 personnes) qui m'ont
réservé un accueil très chaleureux dont je leur suis
extrêmement reconnaissant. Cela m'a permis de me sentir
intégré dans l'équipe pendant ces 8 mois de
stages.
L'équipe de l'épicerie solidaire
d'Endoume, Marie et Begona avec qui j'ai passé de très bons
moments. J'ai énormément appris à leur côté
sur le métier, le lieu et les activités qui en découlent.
J'ai pu faire des rencontres enrichissantes, notamment avec des
adhérents (Sonia, Jacqueline, Françoise) tous très
sympathiques et j'en garde de bons souvenirs. Merci à Marie, responsable
de l'épicerie, pour son professionnalisme tout au long du stage, ses
conseils, les moments d'échanges très intéressants, les
contacts qu'elle a pu me donner et pour m'avoir associé aux
réunions de l'épicerie avec les partenaires financiers et
sociaux. J'ai pu participer à de multiples entretiens (PACT13, Conseil
Général 13, CUCS) pour mon travail de recherche. Merci à
Begona pour sa bonne humeur, le temps qu'elle a pris pour m'expliquer son
travail au quotidien au sein de l'épicerie. Enfin, merci à toutes
les deux pour la confiance qu'elles ont mis en moi lors des missions qu'elles
m'ont confiées.
Les bénévoles de l'épicerie,
Annick et Jacky, qui par leurs actions, permettent la réalisation de
certaines tâches au sein de l'épicerie. Tous les mardis, entre 15h
et 17h3o, j'ai pu discuter de mon travail avec Annick et comprendre ses
motivations à venir aider l'épicerie solidaire du quartier. Merci
pour son accueil et pour tout ce qu'elle amène à l'équipe
de l'épicerie.
Les épiceries qui ont bien voulu m'ouvrir leurs
portes pour un entretien ou visite exploratoire. L'épicerie solidaire
« la courte échelle » avec François Sandoz et son
équipe qui à chaque visite, m'ont réservé un
accueil chaleureux. L'épicerie sociale du CASIM et Clara Ghez,
infatigable, qui a gentiment répondu aux questions dans la limite de ses
fonctions. L'épicerie d'Aubagne « L'atelier de mai » avec
Séverine et son équipe dynamique. Pour terminer,
l'épicerie solidaire itinérante de l'association
«Garrigues» avec Mathieu Galland et toute son équipe qui m'ont
fait découvrir l'ensemble de leurs activités sociales. Merci
à tous ces porteurs de projet, salariés qui ont pris de leur
temps pour répondre à mes questions.
Les deux professionnelles du social, Anne Haudiquet de
la CAF et Anaïs Pappalardo du CCAS de Saint Lambert qui ont pris sur leur
temps de travail pour réaliser un entretien me permettant d'avoir leur
vision des épiceries sociales et solidaires. Elles ont répondu
avec simplicité et compétence, leurs réponses ont fait
émerger des mots, des conceptions propres au monde du social et c'est ce
qui a rendu le résultat des recherches
encore plus riche. Je n'ai malheureusement pas pu
approcher d'autres professionnels d'autres territoires, certains ayant
directement refusé, d'autres par manque de temps (période
estivale).
Sonia, adhérente de l'épicerie solidaire
d'Endoume qui a accepté de témoigner de son passage à
l'épicerie et de son parcours personnel. Un entretien sous le signe de
la sincérité. Sonia est devenue bénévole de
l'épicerie depuis quelques mois maintenant, on a travaillé
ensemble à la mise en place d'un espace dont elle s'occupe
désormais : « L'effet partage », boutique vestimentaire pour
enfant. Quelques jours par semaine, avec une autre adhérente, elles
viennent plier, ranger les vêtements et assurer la vente. Il s'agit
là d'un bel exemple de ce que peut faire naître le projet d'une
épicerie.
Enfin, je remercie toutes les personnes que j'ai
croisées lors du stage ou que j'ai eues au téléphone
(FranceAgriMer, l'ANDES) et avec qui j'ai échangé sur le sujet,
me permettant de faire évoluer mes grilles d'analyses et mon
questionnement.
SOMMAIRE
Remerciements
Table des sigles et
abréviations
Introduction
Méthodologie de recherche et d'analyse
s - Genèse, contexte et évolution de l'aide
alimentaire
2 - Cadrage théorique : fonctionnement et organisation de
la production des épiceries sociales et solidaires
3 - Présentation des critères d'observation et de
la grille d'analyse
4 - Résultats des recherches : vers la construct ion d'une
typologie
Conclusion
Bibliographie
Table des matières Annexes
Table des sigles et abréviations
AEC : Association des Equipements Col lect
ifs
ANDES : Association Nationale de Développement des
Epiceries Solidaires
AS : Assistante Sociale
AVISE : Agence d'Ingénierie et de Service pour
Entreprendre autrement
BA : Banque Alimentaire
CA : Conseil d'Administration
CAE/CUI : Contrat d'Accompagnement dans l'Emploi /Contrat
Unique d'Insertion
CAF : Caisse d'Allocation Familiale
CASIM : Comité d'Action Sociale Israélite
de Marseille
CCAS : Centre Communale d'Act ion Sociale
CESF : Conseillère en Economies Sociales et
Familiales
CG : Conseil Général
CIAS : Centre Intercommunal d'Act ion Sociale
CNES : Crédit National pour les Epiceries
Solidaires
CPCA : Conférence Permanente des Coordinat ions
Associat ives
CUCS : Contrat Urbain de Cohésion
Sociale
DLC : Date Limite de Consommat ion
DLUO : Date Limite d'Utilisation Optimale
DGCCRF: Direction Générale de la
Concurrence, de la Consommation et la Répression
des Fraudes
DREES : Direction de la Recherche, des Etudes, de
l'Evaluat ion et des Statistiques ESS : Economie Sociale et
Solidaire
ES : Epicerie Sociale et Solidaire
ESI : Epicerie Solidaire Itinérante
FAO : Food and Agriculture Organization
FEAD : Fond Européen d'Aide aux plus
Démunis
FEBA : Fédération Européenne des
Banques Alimentaires
FFBA : Fédération Française des
Banques Alimentaires
GASE : Groupement d'Achat Service Epicerie
GPEC : Gestion Prévisionnelle des Emplois et
Compétences
INSEE : Institut National des Statistiques et des
Etudes Economiques
MDS : Maison De la Solidarité
ONU : Organisation des Nations Unies
PEAD : Plan Européen d'Aide aux plus
Démunis
PNAA : Plan National d'Aide Alimentaire
PNB : Produit National Brut
RAV : Reste A Vivre
RH : Ressources Humaines
RSA : Revenu Solidaire d'Activité
SCIC : Société Coopérative
d'Intérêt Commun
UE : Union Européenne
WTC : World Trade Center
-1-
INTRODUCTION
Le contexte du gaspillage alimentaire et de la
pauvreté accrue, de la famine
touchant des milliers de personnes sur la
planète, ne laisse pas indifférent. Voir des personnes
laissées pour compte ou pire mourir de faim pendant que la production de
denrées alimentaires est parfois en sur régime, est
incompréhensible et soulève des questions morales et sociales.
L'accès à l'alimentation est pourtant un droit fondamental et
irrévocable.
La Déclaration universelle des droits de
l'homme (1789) confirme (article 25) que : «Toute personne a droit
à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son
bien-être et ceux de sa famille, notamment l'alimentation, l'habillement,
le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux
nécessaires ».
Une aide alimentaire qui s'est
considérablement développée pour faire face aux
crises
Pour comprendre le développement de l'aide
alimentaire, il faut prendre en compte l'évolution de la situation
économique mondiale. Les différentes crises financières'
qui ont ébranlé le monde occidental depuis le début du XXe
siècle jusqu'à la crise des «subprimes» de 2007-2009 et
ses conséquences actuelles, ont eu un impact indéniable sur nos
sociétés et nos modèles économiques
européens. On en constate de nos jours, les nombreux effets : des
inégalités sociales de plus en plus fortes, une pauvreté
en développement constant et des cas de famines chroniques dans le
monde, y compris dans des pays développés.
Ces crises expliquent le développement et la
démultiplication d'initiatives solidaires, l'émergence de
comportements de consommations alternatives en vue de contrer une
1
http://www.fao.org/docrep/o18/i3458f/i3458f.pdf:
842 Millions de personnes, ONU 2011-2013
2
Pour ne citer que les plus connues : krach boursier de 1929,
crise financière de 1971, chocs pétroliers de 1973 et 1979, crise
de la dette des pays en voie de développement de 1982, krach de 1987,
crise du système monétaire européen en 1992, crise
économique asiatique en 1997, attentats du WTC en 2001
suivis de la hausse des taux d'intérêts
-2-
économie de consommation de masse et de lutter
contre le gaspillage alimentaire. De ce fait, l'apparition de formes
d'auto-organisation des populations permet de répondre à
leurs besoins. L'aide alimentaire en est une forme. C'est aussi une
logique de survie, car faute de ressources suffisantes, peu de choix restent
possibles et des solutions doivent être trouvées.
Parmi les solutions envisageables, on compte les
épiceries sociales et solidaires. Quant à leur
définition, on trouve dans les lectures et via l'Internet, seulement la
définition du réseau national des épiceries, l'ANDES. Ce
réseau les définit comme des lieux d'accueil de personnes en
difficultés pour «faire de l'aide alimentaire
autrement»3. Les ES, par la diversité de leurs
projets, très actives en 2014, peuvent répondre à de
nouveaux besoins demain.
L'influence de militants dans le développement
de l'aide alimentaire
L'aide alimentaire a considérablement
évolué depuis la Révolution française sous des
formes beaucoup plus anciennes. Il faut souligner que l'aide alimentaire en
2014, a été inspirée et portée en France, depuis
les années 1980, par des militants tels que Jacques Delors,
ex-Président de la Commission Européen et Coluche,
artiste-humoriste.
4
Elle s'est notamment institutionnalisée (loi
«Coluche » de 1988 ). La prise de conscience qui en découle a
permis la modification de certaines représentations sociales dont celui
de la pauvreté, considérée, au fil des années comme
très marginale dans notre société
française.
5
De la loi sur l'aide à domicile de 1791 aux
premières soupes populaires de 1812, en passant par de nombreuses
initiatives caritatives religieuses et humanistes, il faut attendre les
années 1980 en France, pour de nouveau observer un acte militant fort.
En effet, en 1985, deux hommes vont créer un projet de solidarité
pour venir en aide aux
3
Extrait du compte rendu du 08/10/13, rencontre régionale
PACA des épiceries sociales et solidaires adhérentes à
l'ANDES sur le FEAD
4
Extrait de la loi « coluche » à partir du site
internet légifrance :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArt
icle=LEG IARTI0000245i586o&cidTexte=LEGITEXT000006o64577
5
RECMA Revue Internationale de l'Economie Sociale N°279-
Alain Clément - « Etats et associations dans l'histoire du secours
alimentaire » (page 33)
-3-
plus démunis, le PEAD.
Les enjeux du développement de l'aide
alimentaire
La lutte contre la pauvreté, les
inégalités sociales ou encore le gaspillage alimentaire, sont des
sujets que l'on retrouve de plus en plus dans les débats publics et les
hommes politiques français et européens sont confrontés
à de vrais enjeux de société.
Les États cherchent des solutions
adéquates pour endiguer cette pauvreté mais les taux de
chômage et de pauvreté en France et en Europe atteignent des
sommets (+ 11 % de la population, INSEE 2014). Ceci a entraîné un
fort développement d'initiatives d'aide alimentaire et on parle
davantage des épiceries sociales et solidaires car elles se
développent pour faire front à la crise
économique.
Publier des chiffres de la pauvreté et de la
famine permet, certes une meilleure sensibilisation du grand public sur des
sujets de société qui sont majeurs et qui peuvent toucher «
monsieur tout le monde » mais peuvent aussi stigmatiser les publics
accueillis au sein des structures de l'aide alimentaire. Ces publics sont de
plus en plus variés, on y trouve autant de jeunes que de
«jeunes» personnes âgées (LEGROS,
2009).
Cela fait l'effet d'une sonnette d'alarme indiquant
qu'il faut agir et innover socialement afin de trouver de nouveaux moyens
permettant de répondre à ce fléau pérenne. Ces
nouvelles formes d'aide alimentaire que sont les épiceries s'inscrivent
dans un mouvement de développement d'initiatives relevant de
l'économie solidaire, inséré dans l'ESS.
Celle-ci se définie comme un modèle
alternatif à l'économie capitaliste aux effets négatifs.
Elle se veut plus proche de la population et porteuse de sens. «Elle
est un instrument au service du développement humain qui peut sembler
fonctionner par elle-même de manière quasi-indépendante ou
au service d'un groupe restreint »6 (SSF, 2009).
Pour nous permettre de mieux définir la notion
d'économie solidaire, les approches théoriques de LAVILLE seront
abordées. Nous verrons aussi la théorie de l'échec de
l'État et du marché d'après les travaux de WEISBROD
pour tenter de comprendre l'émergence
6
Définition proposée dans les « Nouvelles
solidarités, nouvelle société» lors des Semaines
Sociales de France en 2009
de ces épiceries et enfin, les travaux de Dl
MAGGIO et POWEL sur l'isomorphisme pour comprendre et situer les «
dérives » ou orientations de certains modèles dont celui qui
a tendance à s'orienter vers une finalité plus
marchande.
Une transformation de l'aide
alimentaire
Les différentes formes d'aide alimentaire ont
évolué depuis l'antiquité grecque.
En 2014, ce qui constitue un outil innovant d'aide
alimentaire correspondant au contexte économique actuel, ce sont les
épiceries sociales et solidaires, apparues vers la fin des années
1990 en France. Il existait des systèmes de distribution de nourriture
sans contrepartie mais pas encore de « boutiques » d'aide alimentaire
à vocation solidaire, voire d'insertion sociale et professionnelle comme
on en rencontre sur le territoire français.
Les ES s'adaptent aux problématiques
d'aujourd'hui, de manière différente. C'est ce qui fait la
véritable originalité des projets que l'on rencontre.
Ces épiceries adoptent un fonctionnement
différent selon les modèles : certaines ont des logiques
sociales, et d'autres plus marchandes, sans doute en lien avec l'influence du
contexte européen de régulation de l'aide
alimentaire.
Un modèle remis en question parla
régulation européenne
Depuis fin 2012, l'Europe travaille sur la refonte du
système de distribution de l'aide alimentaire qui repose sur la
distribution des excédents agricoles aux organisations humanitaires. Ces
excédents étant aujourd'hui insuffisants, d'après
l'Europe, il faut trouver d'autres sources de financement.
La réforme européenne pousse donc
certains projets d'épicerie sociale et solidaire à tendre vers
une finalité économique au détriment du projet social
initial.
Mais entre course contre la pauvreté et
conquête d'un « marché », où se situent
réellement les Épiceries Solidaires?
D'autres questionnements émergent :
Le développement des épiceries sociales
et solidaires ne comporte-t-il pas un risque de banalisat ion de l'offre ? Des
dérives ne risquent-elles pas d'apparaître ?
Ne pourrait-on pas supposer que les épiceries
les plus récentes sont plus à même de s'adapter aux
changements que les plus anciennes ?
Une autre hypothèse serait de penser qu'il
existe différents modes d'organisations de ces épiceries en
fonction du territoire sur lequel elles interviennent. Le modèle
économique, le public accueilli, les prix et les produits, chaque
épicerie a sa particularité et différents types pourraient
être observés.
Pour cette raison, il est important de se pencher sur
ces épiceries «pas comme les autres» en observant les
différents modèles existants sur le territoire. En
conséquence, on observera leur organisation et leur fonctionnement et
nous ferons ressortir les différents types d'épiceries existant
dans les Bouches du Rhône et ceux qui auraient tendance à aller
vers une finalité plus ou moins marchande ou sociale.
La première partie traitera de la genèse
de l'aide alimentaire et de ses différentes formes, du contexte
européen et français, de son évolution à un
état des lieux des épiceries solidaires de nos jours. La
deuxième partie sera consacrée à un cadrage
théorique des épiceries et à la présentation de
leur fonctionnement, ce qui permettra dans une troisième partie de
présenter les critères d'observation et d'analyse. En
quatrième et dernière partie, une typologie des épiceries
sociales et solidaires sera présentée.
METHODE DE RECHERCHE ET D'ANALYSE
1. Méthode de travail
L'objet de ce mémoire étant de faire
émerger les différents types d'épicerie sociale et
solidaire qui existent, j'ai mis en place des étapes de recherche et
d'analyse.
Dans un premier temps, j'ai souhaité
vérifier et affiner le sens d'un certain nombre de termes ou concepts,
tels que pauvreté, misère, économie solidaire,
épicerie sociale et épicerie solidaire et définir les
différents modèles économiques.
J'ai ainsi été amené à
mettre en place une méthode de recherche « qualitative »,
déclinée autour de modes de recherche d'informations comme la
collecte de documents officiels et de rapports, l'observation participante, la
conduite d'entretiens.
Étude des documents spécialisés
et de la littérature sur les épiceries
J'ai pris connaissance de la charte du réseau
ANDES, par le biais d'un stage à l'épicerie solidaire d'Endoume
à Marseille, ce qui m'a permis de comprendre ce que sont les ES. Par la
suite, j'ai orienté mes recherches sur ce sujet pour trouver des
éléments complémentaires sur les épiceries (voir
bibliographie).
Une observation participante
Pour mener mes recherches au coeur d'une
épicerie solidaire, j'ai opté pour la méthode
d'observation participante.
En effet, j'ai effectué un stage pratique dans
l'épicerie solidaire gérée par le Centre Social
«285» à Endoume, dans le 7e arrondissement de
Marseille, dans lequel je me suis rendu tous les lundis et mardis entre le mois
d'octobre 2013 et le mois de juin 2014.
Sur les traces d'un patronage (1907), le Centre
Socioculturel d'Endoume, situé dans le quartier qui porte le même
nom, a vu le jour en 1974. « Depuis 40 ans, l'objectif du centre est
d'être et de rester un lieu d'accueil et d'information, ouvert sur son
arrondissement et
-7-
aux besoins de sa population »'. On y trouve une
vingtaine d'activités sociales, culturelles et sportives. Des projets de
solidarité, d'insertion, de loisirs et d'environnement sont
également développés au sein du centre social. Doté
d'une équipe de plus de 20 salariés, le centre
accueille chaque année, plus de 2 000 familles et de
nombreux visiteurs et curieux lors des manifestations telles que «1,2,3
Noël», «CinéMars», «La Grande Braderie» ou
encore «La Kermesse». Le centre social dispose également d'un
réseau important de bénévoles à l'année pour
les activités où lors des manifestations, leur nombre pouvant
atteindre les 200 sur une journée.
Placé en situation professionnelle, j'ai ainsi pu
analyser le fonctionnement de cette épicerie en temps réel. J'ai
tenu un carnet de notes me permettant de faire un rapport journalier de mes
actions ou des réunions avec l'équipe et la direction du Centre
Social. Grâce à l'accueil qui m'a été
réservé, j'ai pu assister à des réunions de travail
avec les travailleurs sociaux et avoir le contact d'autres épiceries de
la région PACA.
Puis, j'ai effectué la synthèse de mes prises de
note en classant les informations par thèmes (horaires,
activités, prix, fonctionnement, etc.), ce qui m'a permis par la suite,
de préparer une étude comparative et rechercher d'autres
modèles d'épiceries pour répondre à ma
problématique.
Etude comparative de 5 autres épiceries
sociales et solidaires
J'ai fait le choix de cibler 5 autres épiceries de la
région PACA pour avoir un échantillon assez large lors de mes
entretiens et observations de terrain, en me limitant aux Bouches du
Rhône et au Var.
En faisant des recherches d'épiceries sur le site de
l'ANDES ou sur internet, je me suis aperçu qu'il y avait
déjà des différences dans la dénomination de
celles-ci : épicerie sociale, solidaire, itinérante, boutique
sociale. Ce sont ces particularités qui ont guidé mon choix pour
effectuer une enquête et mettre en évidence différences et
similitudes.
· Boutique sociale du CASIM (Comité
d'Action Sociale Israélite de Marseille) Le CASIM est une association
dont l'ancrage territorial date de 1906. La Boutique Sociale
7
Site internet du Centre Socioculturel :
http://www.cscendoume.fr/pr%C3%A9sentation/
a vu le jour en 2009, donc je me suis appuyé sur
l'ancienneté de la structure pour voir son évolution. Je me suis
également intéressé à cette structure pour son
caractère propre et interrogé pour savoir si le fait que
l'association soit communautaire a un effet sur les personnes accueillies.
· Épicerie Sociale de la Croix-Rouge de
Marseille
La Croix Rouge agit depuis longtemps dans le social et la
lutte contre la pauvreté, donc possède un savoir-faire
évident. De plus, «l'espace solidaire hybride», comme
l'appelle la Croix-Rouge, créé récemment sur le boulevard
Baille en remplacement de l'ancienne boutique à la rue du Camas, innove
avec l'hybridation de deux concepts : épicerie sociale et espace de
puériculture. Une particularité qui mérite que l'on s'y
attarde aussi.
· Épicerie Solidaire Itinérante de
l'Association Garrigues
J'ai choisi d'étudier et d'observer cette structure
car elle a la particularité d'être, comme son nom l'indique,
itinérante. D'après les informations recueillies sur internet,
elle couvre environ 3o communes. Mais comment fonctionne-t-elle
financièrement, sur quel modèle économique ? Est-elle si
différente des autres à part sa mobilité ?
· Épicerie Sociale « l'atelier de mai
»
Située en plein centre-ville d'Aubagne, cette
épicerie a vu le jour à l'initiative du CCAS. C'est une
particularité importante puisque à ce jour, peu de communes
disposent de ce type de service. Comment fonctionne l'organisation d'une
structure «publique» par rapport à des structures
privées?Y-a-t-il également une hybridation des ressources?
Où est-ce un modèle d'épicerie à part ?
· Épicerie Solidaire « La Courte
Échelle »
Implantée à la limite du Vaucluse, dans la
commune de St Rémy de Provence, cette épicerie est
gérée par l'association qui porte son nom. La
particularité de cette épicerie est qu'elle accueille tout public
et que son projet prévoit un approvisionnement en circuit-court. Il
s'agit donc d'un commerce classique à première vue mais qui est
solidaire par la politique de prix mise en place et les liens avec le
territoire. Il existe d'autres exemples dans la région, comme celui
d'Arles (Épicerie SOLID'ARLES).
-g -
Construction de la grille d'analyse
M'inspirant des travaux du LESNT-CNRS, qui ont mis au
point une grille d'analyse permettant d'évaluer l'innovation sociale
dans le service à la personne, j'ai conçu une grille d'analyse
comparable pour y consigner les résultats de mon
enquête.
Les données récoltées seront
retraitées sous forme de schémas.
2. Outils d'enquête
En complément de mes recherches documentaires
et mes enquêtes de terrain, j'ai choisi de mettre en place des entretiens
semi-directifs avec différentes personnes qui interviennent de
près ou de loin dans les ES car cela me permettait de rebondir ou de
relancer des sujets, de réorienter l'entretien et de définir des
thèmes (voir annexe 1).
· Avec qui s'entretenir ? Et pourquoi
?
J'ai fait le choix d'interviewer les responsables des
différentes épiceries que j'ai observées. Ils sont au
coeur du projet au quotidien et certains ont un parcours particulier : ils
connaissent les « bénéficiaires », travaillent avec des
travailleurs sociaux, avec des associations caritatives ou bien ils sont
gestionnaires, commerciaux, travailleurs sociaux, etc... La richesse de leur
poste m'a permis de récolter un maximum d'informations.
Par ailleurs, je me suis entretenu aussi avec un ou
plusieurs travailleurs sociaux intervenant sur des épiceries : AS
(Assistante Sociale) ou CESF (Conseillère en Économie Sociale et
Familiale) qui travaillent souvent ensemble, se croisent dans des
réunions et ont une connaissance des difficultés des
adhérents de ces épiceries.
Enfin, malgré quelques difficultés,
j'ai pu interroger une personne qui fréquente une de ces
épiceries « alternatives » et exploiter le ressenti des
usagers au travers de mon travail à l'épicerie et de mes
enquêtes de terrain.
Souvent appelé adhérent,
bénéficiaire voir client, les usagers sont acteurs, parfois
décideurs de leur parcours au sein d'une épicerie. Cela m'a
permis de comprendre comment ils perçoivent le lieu et le « service
» rendu, s'il est plus innovant que l'existant, et par ailleurs de voir
comment ces personnes sont associées ou non au projet.
- 10 -
Les thèmes des grilles d'entretien diffèrent en
fonction de l'interlocuteur (voir annexes 2 à 4).
Pour les responsables ou salarié des
épiceries :
Origines du projet, personnes ressources, valeurs et
finalités, partenariats, définition des ES, publics,
accompagnement social, richesses humaines, modèle économique,
produits et territoire.
Pour les travailleurs (euses) sociaux (iales)
:
Origines informations sur les ES, relation avec les ES,
définition, valeurs et finalités, publics, accompagnement social,
richesses humaines, modèle économique, produits et territoire.
Pour les bénéficiaires :
Origines informations sur les ES,
orientation, définition, valeurs et finalités, publics,
accompagnement social, richesses humaines, modèle économique,
produits et territoire.
· Questionnaire exploratoire
Lors de mes premières recherches, j'ai
réalisé un sondage exploratoire, ouvert à un public
très large simplement pour savoir si l'existence des Épiceries
Solidaires était connue du grand public.
Ce sondage intitulé « Épicerie
Solidaire, ça vous parle ?» a été
diffusé par mail dans mon entourage professionnel, relationnel et
familial, au cours des mois de décembre 2013 et janvier 2014, 51
personnes y ont répondu. Je me suis servi de l'option « Formulaire
» du service de partage de fichiers «Google Drive» qui permet de
construire des questionnaires, sondages en ligne et de les diffuser. Un outil
facilite également le traitement des réponses en ligne et leur
présentation sous forme de graphiques ou de diagrammes pour une
meilleure lecture et analyse des réponses.
S'agissant d'un questionnaire exploratoire, j'ai choisi de ne
pas mettre de critères d'âge, de sexe, de catégorie
socioprofessionnelle, etc. pour avoir un résultat le plus large
8
possible. Il est consultable en ligne .
8
https://docs.google.com/forms/d/w-8RvsDJ
RAYXxnMU MzS8nhYi-CiWPtRj htZPiRQpjdU/viewform?usp=send_form
- 11 -
I. Genèse, contexte et évolution de l'aide
alimentaire
1. Repères historiques et évolution des
mentalités face à la pauvreté Comme le souligne Alain
Clément, l'aide alimentaire constitue un dernier recours dans la
9
panoplie des soutiens existants aux populations
démunies . Présente sous différentes formes en France
et dans le monde, l'aide alimentaire a parcouru des siècles avant
d'être connue sous ses formes actuelles, telles que les Épiceries
Solidaires, Restos du coeur, Banque Alimentaire ou colis d'urgence. Souvent
sujet de curiosité et d'intérêt, elle apparaît
finalement comme une pratique empirique de secours et elle est indissociable du
comportement et de l'opinion de la société sur les « pauvres
».
Comment se définit un pauvre ? Y-a-t-il un bon
et un mauvais pauvre ? A qui doit réellement profiter l'aide
alimentaire? Toutes ces questions, encore d'actualité, ont
réellement fondé l'aide alimentaire.
Certaines périodes historiques de l'aide
alimentaire, font ressortir de fortes similitudes avec notre actualité.
L'évergétisme antique avec les premières formes
de dons
10
alimentaires et de philanthropie sont « les
prémisses d'une politique de redistribution » au
moyen-âge. On peut citer l'exemple du XVIe siècle où une
période de « hausse des prix non
compensée par une hausse des salaires » va
entraîner et accentuer la paupérisation de
certaines populations, paysannes, en les chassant de leurs terres pour les
envoyer vers les villes où ils deviendront mendiants et
«vagabonds». Ces notions ne sont pas très différentes
de ce que l'on voit actuellement.
On continue à entendre parler de populations
entières contraintes de se déplacer pour tenter de trouver du
travail, se faire soigner ou tout simplement manger à leur faim. Il est
important de rappeler qu'il s'agit d'un droit irrévocable, article 25 de
la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1789, extrait :
«Toute personne a droit à un niveau de vie
suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa
famille, notamment
9
RECMA N°279, De l'évergétisme antique aux
restos du coeur, État et Associations dans l'histoire du secours
alimentaire. ParAlain Clément, 2001, page 26.
10
Ibid, page 31.
- 12 -
l'alimentation, l'habillement, le logement, les
soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires
».
1.1 La pauvreté, une vision relative et abstraite
La notion de pauvreté est relative car on peut
considérer que chacun est pauvre par rapport à d'autres qui le
sont moins ou que l'on perçoit comme riches, elle recouvre
différentes acceptions qui ont évolué avec le
temps.
Les pauvres ont toujours dérangé la
société et les gouvernants, suscitant le mépris, la
méfiance voire même la haine de leurs contemporains. Durant la
Révolution, ils sont apparus « dépravés et
sanguinaires » symbolisant l'esprit de destruction de l'ordre
établi et pour cela repoussé dans les marges, exclus du double
champ politique et
11
social .Synonyme de désordre, la pauvreté
était combattue pour repousser hors les murs
ces indésirables. Cette vision de la
pauvreté a perduré, considérée comme une menace
à la fois pour le pouvoir mais aussi pour les citoyens qui ne voyaient
dans les pauvres que des paresseux et des voleurs.
Au lendemain de la Révolution française
de 1789, la déclaration des droits de l'homme affirmera que la nation
doit nourrir « ses pauvres », désormais l'aide alimentaire
devient un droit et non plus une simple aide marginale.
En 2014, l'INSEE, l'Observatoire des
inégalités en Europe et même l'ONU considèrent qu'a
Un individu (ou un ménage) est pauvre » lorsque son
« niveau de vie est inférieur au seuil de
pauvreté »12.
On le voit bien, la manière de traiter la
pauvreté a changé au cours des différentes périodes
historiques.
Pour certains auteurs comme Majid
RAHNEMA~3, qui a réfléchi à la notion de
pauvreté, dans son livre «Quand la
misère chasse la pauvreté», la
pauvreté n'est pas péjorative et dans certaines situations,
être pauvre peut rendre plus « riche », c'est ce qu'il appelle
la
11
D'après Jean-FrançoisWagniart, «Au nom des
pauvres », Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique [En ligne], loi
12007, mis en ligne le 20 septembre 2009, consulté le
o6 août 2014. URL :
http://chrhc.revues.org/4o9
12
En France, le « seuil de pauvreté » est de 977
€ par mois
13
Essayiste iranien, ancien diplomate et ministre iranien des
années 60-70.
- 13 -
« pauvreté volontaire »
soit, un « choix libre et éclairé
pour un mode de vie basé sur une éthique de simplicité
».
Depuis l'antiquité, on cherche à
stigmatiser et écarter les pauvres pour éviter qu'ils ne
renvoient une mauvaise image de la société. Pour RAHNEMA, «
Les pauvres sont souvent pris comme un sujet de manque. Or si l'on prend
cette approche, tout le monde, sans exception souffre d'un manque. Par
conséquent, tout le monde peut être considéré,
d'une
14
manière ou d'une autre, comme pauvre
».
Le terme pauvreté recouvre en fait plusieurs
dimensions : monétaire, sociale et intellectuelle. Monétaire pour
qualifier qu'une personne vit sous un certain seuil, le «seuil de
pauvreté»; sociale pour qualifier une personne seule ou n'ayant pas
ou peu d'entourage et enfin intellectuelle pour qualifier une personne n'ayant
pas beaucoup de réflexion (« une personne qui ne dit que des
pauvretés», déf. LAROUSSE). RAHNEMA nous apprend que le
terme pauvreté ne signifie pas toujours être pauvre au sens
économique du terme. Il est donc intéressant de s'attarder sur la
définition que nous avons de la pauvreté.
Comment percevons-nous les « pauvres » que
nous connaissons ou que nous croisons dans la rue ?
Depuis toujours, la société allie la
pauvreté à une notion pécuniaire du terme. On utilise
l'expression « vivant sous le seuil de pauvreté », pour
considérer les personnes ayant un revenu en dessous du salaire minimum
national. De ce fait, l'acception courante s'intéresse uniquement au
« porte-monnaie » de l'individu et non à ses choix de vie. Une
personne peut faire le choix de vivre de manière plus sobre en acceptant
un travail moins bien rémunéré mais qui en contrepartie le
rendra peut-être plus «riche» en savoirs, expérience ou
humanité.
De la même façon, une personne peut faire
le choix de se mettre en retrait de la société de consommation en
réduisant son niveau de vie. La frugalitél5 est d'ailleurs une
valeur
~4
Interview de Majid RAHNEMA sur son livre «Quand la
misère chasse la pauvreté »,
http://mots.extraits.free.fr/interview
majid rahnema.htm
i5
Article de libération sur l'économie frugale
:
http://www.liberation.fr/economie/2oî4/o3/oz/I-economie-frugale-faire-mieux-avec-moins
981974
-14-
qui commence à se répandre dans
notre société, même si elle reste très marginale.
L'écrivain agriculteur, Pierre RABHI, en parle également dans son
livre «Vers la sobriété heureuse » (2010).
Quelle que soit la définition que nous en
avons, la pauvreté n'est pas un terme générique permettant
de qualifier une personne. Le terme misère conviendrait mieux comme
indicateur financier, pour décrire la situation de personnes
démunies.
De la charité chrétienne aux initiatives
solidaires d'aujourd'hui, les enjeux que représente la lutte contre la
pauvreté sont immenses.
1.2 L'alimentaire comme variable d'ajustement
Dans les périodes de mutation
économique, de « nouveaux» pauvres vont resurgir. Une partie
de la population est marginalisée, l'aide alimentaire sera un
prétexte pour solutionner les problèmes en dernier recours. Le
sociologue Michel LEGROS explique : « l'alimentaire
arrive, dans cette période de crise plus fortement, comme une variable
d'ajustement » (2009).
En effet, dans le budget d'un ménage, des
dépenses prioritaires sont incompressibles : le logement,
l'énergie, l'eau,...alors que l'alimentaire va obligatoirement s'ajuster
aux ressources du foyer. Cet ajustement devient rapidement drastique dans les
familles en difficultés. Bien évidemment, des carences
alimentaires risquent d'apparaître, entraînant elles-mêmes
des problèmes de santé, surtout chez les enfants. Il s'agit
là d'une réalité choquante n'étant pas de la
responsabilité de l'individu mais une des conséquences des
répliques des séismes économiques du passé. L'aide
alimentaire intervient alors comme une « rustine » sur une roue de
vélo, au sens qu'elle fait face à l'urgence sans traiter les
problèmes de fond.
Par ailleurs, Michel LEGROS, pense même
« qu'il y a donc toujours une association
forte,
16
dans les périodes récentes, entre
pauvreté et aide alimentaire » . Il est vrai qu'au regard
de
l'histoire, les périodes de mutation de l'aide
alimentaire ont souvent été associées à des
périodes de grande pauvreté comme : la crise de subsistance et de
famine dans
i6
Quatrièmes rencontres nationales des épiceries
solidaires du 8 octobre 2009, Espace Rungis. Nouveaux paysages de lutte contre
la pauvreté. L'impact de la crise économique. Par Michel LEGROS.
Page i.
- 15 -
l'antiquité; les premiers clivages entre riches
et pauvres sous l'Empire Romain, accentués au Moyen-Age;
l'arrivée d'une économie marchande dans les campagnes dans la
période des Temps Modernes. Plus tard, la Révolution
française réintégrera les pauvres dans la
société puis l'industrialisation et le libéralisme
provoqueront à leur tour une extrême pauvreté qui
stigmatisera l'aide alimentaire.
En 2014, dans un contexte de crise économique,
l'aide alimentaire revient à ses sources avec ce que l'on pourrait
appeler un « évergétisme citoyen »
bénéficiant en parallèle de l'évolution de
l'Économie Sociale et par conséquent du monde associatif. On
retrouve en effet une démarche philanthropique de la part de certaines
personnes sensibles à ces situations et l'émergence de
regroupements à caractère humanitaire.
1,
Alain CLEMENT le souligne dans son article
«c'est bien le secteur associatif qui
semble
pallier les insuffisances de l'État...
». Cela fait référence aux travaux de WEISBROD
(1975) qui développe la théorie de l'échec de
l'État pour justifier l'existence d'organisations à but non
lucratif.
Chronologiquement, l'évolution de l'aide
alimentaire peut se découper en 7 étapes majeures, (Tableau 1,
ci-dessous) :
1. L'antiquité et les premiers actes citoyens
(évergét isme)
2. L'Empire Romain et les prémisses de
l'institutionnalisation
3. Le Moyen-Age et les débuts de la
charité chrétienne
4. Les temps modernes et la laïcisation des
secours
5. Les temps révolutionnaires, symbole de
changement pour l'aide aux plus démunis
6. Révolution industrielle et
libéralisme: remise en cause des secours et mutation de l'aide
alimentaire charitable et citoyenne.
7. De la Ille
république à nos jours : création d'une politique
d'assurance sociale et de solidarité et nouvelles formes de l'aide
alimentaire.
17
RECMA N°279, De l'évergétisme antique aux
restos du coeur, État et Associations dans l'histoire du secours
alimentaire. ParAlain Clément, 2001, page 38,
Tableau 1. Evolution des formes d'aide alimentaire à
travers la vision de la pauvreté
Périodes historiques
|
Situ
|
Vision de la pauvreté
|
Intervention de l'État
|
Formes d'Aide Al imentaire
|
|
L'Évergétisme antique (405-85 avant
JC)
|
Crises de subsistances et famines
|
Pas de distinction
|
Faible
|
Philanthropie, Solidarité familiale et/ou voisinage.
Création du premier fonds privé céréalier.
|
L'Empire Romain (600 av JC à
300 après JC)
|
Famines
|
Sectorisation des pauvres. Indifférence à la
situation des «vrais» pauvres
|
Forte. Existence de services impériaux. Création
d'une loi Gracchus (62 av J-C)
|
Création de «l'annone» (distribution gratuite de
blé). « Pain fiscal ».
|
Le Moyen-âge
|
Famines et creusement des inégalités entre
seigneurs et travailleurs. Apparit ion du chômage.
|
Sélection entre les pauvres; « Pauvres honteux »
(classe moyenne et riche) et « Pauvres involontaires» (infirmes,
vieillards)
|
Faible. Forte intervention de l'Église (rôle de
médiation)
|
Charité individuelle; Premières Corporat ions de
secours mutuel.
« Service à la porte » par les
monastères. Système de jetons.
|
Les temps modernes (XVe et XVIe
siècles)
|
Développement démographique fort et productions
agricoles insuffisantes. Hausse des prix, développement de
l'économie marchande et apparition du chômage ou de la notion
de
« travailleurs pauvres ».
|
Pauvres moins marginalisés mais répressions envers
les vagabonds. La mendicité est interdite (toujours
d'actualité)
|
Laïcisation et implication du « pouvoir central ».
En Angleterre, les « poors laws» régissent
l'assistance aux « bons pauvres »
|
Aumônes générales, chambres des pauvres,
bureaux des pauvres. Création d'ateliers de travail (première
forme d'insertion?)
|
Les temps révolutionnaires
(1789-1900)
|
Soulèvement du peuple face à la pauvreté;
Révolution Française de
|
Les pauvres commencent à être reconnus « on
peut être pauvre et travailleur ». L'assistance aux pauvres devient
une dette publique.
|
1789. État providence en lien avec l'église et des
organisations privées (coopératives ou associations)
|
Aide à domicile (loi de 1791). Ateliers de charité.
Premières sociétés philanthropiques(comme celle de Paris
en 1780). Fourneaux économiques (début du XIXe siècle).
Caisses de secours.
|
Révolutions
industrielles et
e
libéralismes (XIX )
|
Révolution industrielle de 188o et prolétarisation
de la populat ion. Chômage, faibles salaires. Courant libéral sur
l'Europe.
|
Forte stigmatisation des pauvres, surtout des travailleurs.
Remise en cause du secours alimentaire apporté aux pauvres
|
Désengagement progressif de l'État et
émergence de nombreuses institutions privées charitables
(Armée du Salut et Saint Vincent de Paul, en 1881).
|
Retour aux ateliers de travail. Créat ion des bureaux de
bienfaisance en 1796 (premier signe d'hybridation des ressources : fonds
publics et privées). Soupes populaires (1812)
|
e
Ill République à
nos jours (fin XIXe au XXle
siècles)
|
Crises économiques à répétition,
pénuries de ressources monétaires. Début d'un surplus de
production agricole. Vieillesse, invalidité et chômage en
masse.
|
La pauvreté est reconnue et moins sectorisée.
L'assistance publique est un droit commun. Aide alimentaire fortement
stigmatisée par les pouvoirs publics. Mise en place de critères
d'éligibilité. Principe de réciprocité
|
Retourà l'État providence. Créat ion d'une
politique d'assurance sociale et de solidarité (lois de 1893 et
1905).
Forte implication des associations (apparues dès le
XIXe siècle :1884 les pionniers de Rochdale, caisses de
secours mutuel) qui jouent un rôle d'intermédiaires.
|
Mutualisation des risques par un système d'assurances.
Revenus complémentaires.
Années 8o, création des Banques alimentaires et des
Restos du Coeur.
Colis-repas, bons d'achats, tickets-services, remise de produits
alimentaires. Épiceries sociales et solidaires
|
- 17 -
1.3 Le rôle de substitution du monde associatif
dans l'aide alimentaire L'apport du monde associatif dans l'aide
alimentaire est très important depuis le XIXe
1s
siècle. L'État redevient providentiel (les
dépenses sociales dépassent les 20 % du PNB) ,
mais la pauvreté continue d'exister et les inégalités
augmentent.
Les années i800 voient l'apparition de la
société civile de Saint-Vincent de Paul (sous obédience
Catholique) et de l'Armée du Salut (d'obédience Protestante,
1865) avec les premières soupes populaires gratuites. Ces deux
associations caritatives entretiennent des relations étroites avec
l'État (subventions, «87 % des soupes ont été
délivrées contre des bons acquittés par des fonds publics
en 1812 »). Mais ces secours pouvaient-être aussi d'initiatives
municipales (Bordeaux / Nantes) avec les fourneaux économiques ou les
soupes, servies en lien avec les associations locales.
La pauvreté existe toujours au XXe
siècle, dans les années 8o, les évolutions technologiques
ont permis d'utiliser les médias (radios, TV) pour communiquer avec la
population et la mobiliser autour de grandes causes. Vont apparaître
alors différentes
19
initiatives citoyennes comme les « Banques
Alimentaires» (1984) et les célèbres « Restos du
Coeur» (1985) portés et créés par Coluche, soutenues
par une médiatisation qui perdure encore aujourd'hui.
A la fin des années 8o, le Secours catholique,
l'Armée du Salut, la Croix-Rouge, la société de
Saint-Vincent de Paul, participent à l'action alimentaire à
côté d'autres actions complémentaire tandis que les Restos
du coeur, les Banques alimentaires et le Secours Populaire (1945)
n'interviennent que sur l'aide alimentaire. Les banques alimentaires (98
banques en France), jouent le rôle d'entrepôts d'approvisionnement
pour plus de 5 000
20
associations et organismes sociaux adhérents (CCAS
notamment) . Les Restos du coeur, la Croix-Rouge et le Secours Populaire
disposent également de leur propre réseau.
18
RECMA N°279, De l'évergétisme antique aux
restos du coeur, État et Associations dans l'histoire du secours
alimentaire. ParAlain Clément, 2001, page 38.
19
http://www.ba nquea
limentaire.org/sites/default/files/historique.pdf
20
http://www.banqueal
imentaire.org/a rt
icles/nos-resultats-et-comptes-2o12-oo72
- 18 -
Ces réseaux fonctionnement essentiellement sur le
bénévolat (4841 bénévoles permanents en
2010 pour les Banques Alimentaires) mais aussi avec des aides
financières et en nature. Ces aides financières proviennent
surtout de l'aide Européenne, des dons et collectes auprès de
l'industrie agroalimentaire, du secteur de la distribution (grandes surfaces)
et des particuliers. Cette forme d'organisation qui hybride 3 formes
d'économie : Marché, État et Réciprocité
(EME/LAVILLE/POLANYI, XIXe siècle) est inclus dans ce que l'on appelle
l'Économie Sociale et Solidaire. Cela confirme que ces organisations se
substituent à l'Etat pour répondre à un besoin social peu
ou mal satisfait.
Les politiques sociales montrent leurs limites
indépendamment d'une situation de surplus agricoles. Le nombre de
personnes en situation de pauvreté croît. Le monde associatif a un
rôle à jouer dans la mise en oeuvre d'une aide alimentaire
efficiente. Les associations caritatives vont alors endosser un rôle de
substitution mais aussi d'intermédiaire entre les donateurs/producteurs
et les receveurs.
1.4 Une économie plus solidaire pour une aide
alimentaire plus efficace
Le terme « solidaire » de cette économie est
apparu au XIXe siècle. LAVILLE insiste sur le caractère
«politique» de l'Économie Solidaire précisant
que le regain coopératif et associatif dès le XIXe siècle
et la nouvelle forme de « coopérative sociale » sont apparus
dans « les pays où les régimes d'État providence
n'avaient pas ou peu sollicité les associations, parce que les services
publics dominaient et parce que les associations étaient
21
limitées du point de vue de leurs activités
économiques »
L'Économie Solidaire apporte différentes
solutions à ces problèmes de société «que
le service public n'arrivait pas â assumer» (LAVILLE,
2013). Trois notions socio-économiques importantes sont
liées à cette économie alternative : la création de
nouveaux services ou l'adaptation des services sociaux, l'insertion dans
l'emploi des populations exclues du marché du travail et enfin la not
ion de territoires prioritaires.
LAVILLE attache aussi beaucoup d'importance au
caractère « réciprocitaire » de cette
21
L'économie solidaire, une perspective internationale
Ed. Pluriel. 2013. Page 81
- 19 -
économie. Elle se caractérise par le
« sens » qui lui est donné par les acteurs et favorise
l'apparition d'actions de «socialisation ». C'est également
l'objectif des Épiceries Solidaires à savoir la co-construction
du projet individuel et collectif. Pour reprendre un terme de LAVILLE dans son
ouvrage, « les services ainsi élaborés » comme
les Épiceries Solidaires, peuvent être appelés «
services de proximité ».
Tout comme l'aide alimentaire, l'économie
solidaire est née dans un contexte socio-économique de crise
financière. La diversité des initiatives solidaires tend à
faire croire que rien ne peut unifier les pratiques. Mais si l'on regarde de
plus près, on s'aperçoit qu'elles sont au contraire unies dans la
diversité. Certes, il faut prendre en compte les disparités de
territoire, conditions sociales et locales mais souvent, on retrouve souvent un
intérêt particulier pour le «faire ensemble ». On peut
alors parler de « contrat social» (LAVILLE, 2013)
partagé par les différentes initiatives.
2. Evolution de l'aide alimentaire : une aide
alimentaire institutionnalisée
Cette institutionnalisation se traduit par
l'organisation en réseau de l'aide alimentaire. Deux réseaux
principaux seront ainsi présentés.
2.1 La Fédération des Banques
Alimentaires
Fondée le 11 octobre 1985, la FFBA a
été inspiré des banques alimentaires américaines,
les Foods Banks. Mais la particularité de ce réseau,
c'est l'union de 5 importantes structures humanitaires (Secours Catholique,
Emmaüs, Armée du Salut, Entraide d'Auteuil et l'Entraide
protestante) suite à l'appel d'une religieuse, Soeur Cécile
BIGO, lors d'un article intitulé «j'ai faim » paru
dans le journal LA CROIX du 13 mars 1984.
Aujourd'hui, on compte encore 98 Banques Alimentaires
en France dont les principes fondateurs sont : la lutte contre le gaspillage
alimentaire, le partage, le don, la gratuité, le bénévolat
et le mécénat. Il existe également des Banques
Alimentaires dans 21 pays européens qui sont rassemblées dans une
Fédération Européenne des Banques Alimentaires, la FEBA.
La Fédération est également reconnue comme association de
bienfaisance et donc habilitée à recevoir et distribuer l'aide
alimentaire.
Dotées d'un fort réseau de
bénévoles (environ 5 000 en 2012), les BA salarient
également 400 personnes à l'année dont 5o % sont en
insertion. Les journées de collecte nationale,
- 20 -
organisées chaque année au mois de
novembre, peuvent mobiliser jusqu'à soo 000 bénévoles pour
un résultat permettant de fournir plus de 25 millions de repas. Elles
ont plusieurs fonctions permettant d'animer le réseau national : la
collecte, la lutte contre le
22
gaspillage alimentaire (environ 52 000 tonnes
récupérés en 2012 ), le tri et le stockage des
denrées, la distribution, l'accompagnement des personnes et enfin la
formation des bénévoles et adhérents.
Aujourd'hui, la FFBA ce sont 5 300 associations et
organismes sociaux (CCAS et CIAS) qui distribuent soo 000 tonnes de
denrées alimentaires, soit 890 000 personnes (1% de la population
française) pour 200 millions de repas. Parmi les 5 300 organismes
adhérents, 700 sont des épiceries sociales et solidaires.
Certaines peuvent être également adhérentes de l'ANDES,
leur permettant ainsi de développer leurs sources d'approvisionnement.
Tout comme l'ANDES, la FFBA a élaboré une charte à
laquelle chaque organisme qui adhère doit se plier. Elle comporte 4
parties, l'approvisionnement, la distribution, le fonctionnement et
l'animation.
Plus localement, la BA des Bouches du Rhône, une
des plus importante de France, a
23
distribué en 2013 plus de 3400 tonnes de
produits soit une équivalence d'environ io millions d'euros de
denrées. La BA 13 compte actuellement 8 salariés et 136
bénévoles permanents. La collecte nationale de 2013 a
enregistré une baisse par rapport à 2012 avec 365 tonnes contre
400 en 2012. Ainsi, plus de 40 000 personnes ont pu bénéficier de
l'aide alimentaire soit environ 7 millions de repas sur
l'année.
2.2 L'ANDES
Aujourd'hui, d'après les chiffres de l'ANDES et
des Banques Alimentaires Françaises, on compte un peu plus de 700
épiceries solidaires sur le territoire, 729 épiceries
d'après les
24
chiffres officiels de l'État et du
Ministère des Affaires Sociales et de la Santé .
Créée en 2000, l'ANDES a
édité une charte qu'elle diffuse lors de chaque
ouverture
22
23
24
http://www.banquealimentaire.org/articles/lutte-contre-le-gapillage-alimentaire-oo2o
q
Assemblée Générale de la Banque Alimentaire
des BdR du 29/04/13, dans les locaux de la BA13 à la Valentine
http://www.social-sante.gouv.fr/actual
ite-presse,42/breves, 2325/les-729-epiceries-sol idaires,1711o.html
d'épicerie qui souhaite adhérer. Depuis
sa création, l'idée de l'ANDES est qu'une épicerie sociale
ou solidaire doit redonner son sens à l'alimentation qui, dans notre
société, est source de plaisir et de convivialité. Pour
l'ANDES, une épicerie sociale ou solidaire a aussi plusieurs
finalités. Elle permet de :
- Réduire la part de l'alimentaire dans le budget
des ménages les plus précaires;
- Rompre avec la notion d'assistanat et participe
à ce que la personne redevienne acteur de sa vie;
- Retrouver liberté et autonomie (ramener les
personnes vers les mêmes pratiques que tout le monde en matière de
courses alimentaires);
- Assurer un travail d'accompagnement et de
sensibilisation (ateliers thématiques).
A ce jour, le réseau ANDES compte plus de 25o
épiceries sur le territoire français (dont 19 dans les Bouches du
Rhône) et il existe des épiceries un peu partout en
Europe.
Le réseau a plusieurs missions : animation,
formation, approvisionnement, développement d'outils de gestion et aide
à la création.
Pour l'animation de son réseau, l'ANDES
dispose de huit animateurs répartis dans plusieurs régions,
permettant ainsi de couvrir la quasi-totalité du territoire
français. Deux experts en création sont à disposition pour
l'accompagnement des projets de création.
Le réseau propose également des
formations gratuites sur plusieurs thèmes comme l'hygiène et la
sécurité alimentaire, l'utilisation du logiciel de gestion
Escarcelle, la cohésion d'équipe, etc. Il participe au
développement d'outils de gestion tel que le logiciel Escarcelle, par le
biais de la société Soft innov, qui permet entre autre
de gérer les adhérents ou clients, le stock, les ventes,
etc.
Deux dates clés sont à noter pour
l'ANDES, 2010 et 2013. En 2010, l'ANDES a rejoint le Conseil National de
l'Alimentation et en 2013, elle a été habilitée par
l'État (soit par le Ministère de l'Agriculture, de
l'Agroalimentaire et de la Forêt et Ministère des Affaires
Sociales et de la Santé) comme structure nationale d'aide alimentaire et
donc à recevoir des contributions publiques destinées
à la mise en ouvre de l'aide alimentaire (cf. arrêté
ministériel du 25 février 2013). Cette
habilitation permet aussi à l'ANDES d'habiliter à son
- 22 -
tour les épiceries de droit privé,
membres du réseau. Celles de droit public (CCAS ou CIAS) ne sont pas
soumises aux mêmes réglementations.
2.3 Une institutionnalisation impulsée par
des militants
Dans la continuité de l'institutionnalisation
de l'aide alimentaire, deux «militants» que sont Jacques DELORS et
Coluche, portent un projet d'aide alimentaire ambitieux à
l'échelle européenne, celui du PEAD en 1987. Plan qui est
toujours d'actualité et qui sera remplacé fin 2014 par le
FEAD.
Le PEAD a été inclus dans la PAC pour
que les excédents agricoles européens soient utilisés pour
deux fins: lutter contre le gaspillage et aider à l'alimentation des
populations les plus démunies. Sur la base de ce plan européen,
il faut construire une organisation propre à chaque pays dans le respect
des règles en vigueur, pour atteindre
25
les objectifs et ainsi répondre aux 84 millions
d'européens touchés par la pauvreté
(Observatoire des inégalités, 2010). En
2012, l'enveloppe du PEAD était de 113,5 Millions d'euros
répartis entre les 20 pays membres de l'UE, soit une diminution de 50o
millions d'euros par rapport aux budgets précédents.
Les surplus agricoles se faisant plus rares, le
programme a perduré grâce à des achats de matières
premières et de produits auprès d'industriels sous forme d'appels
d'offres émis par chaque Etat. L'aide alimentaire constitue ainsi un
marché lucratif pour les industriels de l'agroalimentaire. Un certain
nombre de pays européens dont l'Allemagne ont remis en quest ion ce
programme bientôt remplacé par un nouveau fond
européen.
Le cas de l'Allemagne est intéressant car il
fonctionne sans faire appel à ce programme. Il est essentiellement
basé sur la redistribution des excédents produits par la
société (agriculture, grande distribution, magasins locaux, etc.)
et géré majoritairement par les deux grandes associations
caritatives catholique et protestante qui, à elles seules,
représentent 6o% des associations du territoire allemand. On apprend
dans un article
26
publié sur le site Internet du journal L'EXPRESS
que «Le fonctionnement de ces
25
http://www.inegalites.fr/spip.php?article388
26
http://lexpa
nsion.lexpress.fr/a ctua 1
ite-econom igue/a ide-a 1 i menta i re-1-a l le mag ne-n-a-t-e l
le-pas-de-restos-d u-coeur_i400778.html
- 23 -
organisations allemandes repose exclusivement sur des
volontaires et les besoins financiers se limitent donc â la couverture de
frais d'essence et de véhicule ainsi que d'achat de matériel de
cuisine et de couverts ».
Il s'agit d'une particularité
européenne qui fait évidemment débat en France et dans
d'autres pays, accusant l'Allemagne de ne pas respecter la solidarité de
la communauté européenne. Ce modèle Allemand d'aide
alimentaire, pourrait être aussi une expérience enrichissante pour
certains pays manquant de moyens financiers. Un modèle qui repose sur
plusieurs principes : la lutte contre gaspillage alimentaire, la
solidarité du grand public et sur une volonté nationale par le
biais d'une politique sociale.
Néanmoins, l'article de l'Express, pourtant
favorable à ce modèle, y apporte un bémol en indiquant que
le taux de pauvreté en Allemagne reste important, 11%
(chiffre
27
approximatif car l'observatoire des
inégalités qui publie les données d'Eurostat, affiche 9,6
%voire 16,1% en fonction du seuil de pauvreté retenu28).
Par conséquent, suivant la lecture que nous en
avons, l'Allemagne serait en effet légèrement en dessous du taux
de pauvreté européen (16,9 %, soit 84 millions de personnes,
2013) et laisserait penser que ce dispositif est assez efficace face à
la crise.
3. Les évolutions du contexte européen : un
nouveau programme de l'aide alimentaire
3.1 Un nouveau programme qui fait
débat
Le programme 2007-2013 étant arrivé
à son terme, il faut soit le proroger, soit le refondre. Pour rappel :
le projet initial (1985) était de redistribuer les excédents
agricoles européens. En 2014, les excédents ne sont plus
suffisants pour pouvoir continuer à alimenter les
organismes d'aide alimentaire comme les Banques Alimentaires ou
l'ANDES.
27
http://www.inegalites.fr/spip.php?article388
28
Ici, l'observatoire se base sur un seuil de 6o % du salaire
médian Allemand.
-24-
Cela signifie la remise en question de toute une
organisation en place depuis plus de 30 ans pour l'aide alimentaire et io ans
pour les épiceries.
Depuis début 2014, un nouveau programme a pris
la relève : le FEAD. Doté d'environ 3,8
29
Milliards d'Euros , ce fonds ne dépendra plus de
la PAC mais de la cohésion sociale. Il
sera effectif sur le prochain programme
européen 2014-2020. Il est pertinent de lier ceci à
la «Stratégie 2020»3°,
également motivée par l'Europe depuis 2010, qui fixe
certains objectifs dont celui de réduire de 20 millions, le nombre de
personnes touchées par la pauvreté en Europe. Comme l'a
proclamé Juan Manuel BARROSO, Président de la Commission
Européenne, lors du lancement de cette Stratégie en 2010: «
Dans un monde en mutation, l'Union doit devenir une
économie intelligente, durable et inclusive. Ces trois priorités
qui se renforcent mutuellement doivent aider l'Union et ses États
membres â
31
assurer des niveaux élevés d'emploi,
de productivité et de cohésion sociale » .
Ce nouveau fonds permettra à chaque
État bénéficiaire, de réaliser un appel d'offre
pour passer commande de produits spécialement destinés à
l'aide alimentaire. En France, 7 des 11 associations nationales
habilitées ont été agréées pour
bénéficier des produis FEAD et les redistribuer aux structures
d'aide alimentaire (juin 2013). Cette enveloppe est gérée par le
biais d'un organisme public qui est FranceAgriMer, en charge de la gestion des
fonds européens et nationaux comme le PNAA.
La gestion de ces aides prend différentes
formes : les appels d'offres (Marché Public) et les aides
financières directes. Les appels d'offres concernent 5o produits de
bases (lait, beurre, pâtes, riz, etc.) et sont renouvelées chaque
année.
3.2 L'émergence de dérives
économiques
Ce nouveau plan induit également des
dérives que l'on ne soupçonne pas au premier abord.
Analysons-les.
29
http://ec.europa.eu/socia
I/main.jsp?catld=îo89&langld=fr
30
Stratégie de coordination des politiques
économiques de l'union européenne
31
http://ec.e uropa.e u/e uropezozo/i ndex_fr. htm
Une des dérives de ce nouveau fonds est la
création directe d'un nouveau marché très lucratif pour
les industriels de l'agroalimentaire. Ce sont des contrats importants qui sont
à la clé et on retrouve de grands groupes comme
DHUMEAUX (OVIMPEX), CELTIGEL (famille Le GRAET), CHARRIER, Paul Dischamp, etc.
(annexes 5 et 6).
Une autre dérive, constituant la principale
« nouveauté » de ce fonds est l'obligation de gratuité
des produits issus du FEAD pour les bénéficiaires. L'Europe
s'oppose à ce que les produits soient vendus par les structures qui
délivrent de l'aide alimentaire. Cette mesure va à l'encontre du
projet des épiceries solidaires qui est «de rompre avec la
notion
32
d'assistanat» , comme l'indique le
fondateur du réseau ANDES, Guillaume BAPST.
Les épiceries sociales et solidaires se
défendent de cette « participation » demandée aux
bénéficiaires par le fait qu'elle s'inscrit dans un souci de
respect de la dignité et de l'autonomie des personnes. Elle constitue
également une part des recettes non négligeable pour les budgets,
souvent fragiles, des épiceries usant d'une forte hybridation de leurs
ressources (subventions, mécénat, autofinancement, participation
des usagers).
33
Ce nouvel amendement (n°COM-2o12-0617 du
12 juin 2013) a fait débat entre
associations caritatives mais a été
adopté par le Parlement Européen le 24 Février
2014
34
(n° P7_TC1-COD-2o12-0295) . Il acte que l'Europe
s'oppose à ce que les produits issus du FEAD soient « vendus »
aux bénéficiaires par les structures délivrant l'aide
alimentaire et quel que soit le fournisseur d'origine (réseau des
Banques Alimentaires ou l'ANDES).
Les menaces que représente ce nouveau
programme, peuvent être identifiées en quatre points :
- Gratuité des produits distribués aux
bénéficiaires et réduction des recettes
marchandes
- Remise en cause du fondement des épiceries
basé sur la réciprocité dans l'échange
- Risque d'enfermement des bénéficiaires
dans une logique « d'assistanat »
33
34
Compte-rendu exposé du 28/10/2009, Guillaume Bapst,
La Solidarité en Libre Service, Les Amis de l'École de
Paris page 3.
http://www.europarLeuropa
.eu/sides/getDoc.do?type=TA&refe
rence=P7-TA-2o13-o2g7&language=FR&ring=A7-2013-oî83
http://www.europarl.europa
.eu/sides/getDoc.do?type=TA&refe
rence=P7-TA-2o14-oî24&la nguage=FR#t itle 2
- 25 -
32
-26-
- Réduction des crédits pour les
épiceries bénéficiaires et membres des réseaux FFBA
(Fédération Française des Banques Alimentaires) et
ANDES.
Grâce au travail sur la typologie des
épiceries sociales et solidaires, on va pouvoir voir comment cela se
traduit sur le terrain.
4. En 2014 : une aide alimentaire qui montre ses
limites
Aux côtés des organismes publics comme
FranceAgriMer ou les collectivités locales, les différents
réseaux associatifs militants comme les Banques Alimentaires ou encore
les Restos du coeur, s'organisent pour venir en aide aux plus démunis
dans les conditions fixées par l'Europe.
En 1997, les restos du coeur ont distribué 59
millions de repas pour 575 000 bénéficiaires, les
banques alimentaires 97 millions de repas ou colis pour 830 000
personnes.
En 2012, près de loo 000 tonnes de
denrées alimentaires ont été distribuées par le
réseau des Banques alimentaires, soit l'équivalent de 318
millions d'euros de denrées
35
alimentaires pour plus de 800 000 personnes
accompagnées .
Ces chiffres montrent à quel point l'ampleur
de la tâche est difficile pour ces structures mais également que
la demande non satisfaite reste grandissante.
Si les années 1996-97 sont actuellement celles
où le taux de pauvreté a été le plus
élevé
36 37
(14,5% de la population vivant sous le seuil de
pauvreté) , en 2010, selon l'INSEE , 14,1% de Français vivent
encore sous le seuil de la pauvreté. Plus localement, en PACA, le
chiffre de 2010 est plus significatif puisque ce taux est de 16,3% (soit
près de 8o5 500 personnes, en augmentation de o,6% par rapport à
2009). Des chiffres alarmant au vu des efforts fournis par toutes les
structures.
Alain Clément, dans son article de 2001,
explique que «l'existence de critères
d'éligibilité plus sévères» peut
poser les limites de ces modèles. De fait, en 2014, une personne
qui
souhaite avoir accès aux restos du coeur, doit
remplir un dossier souvent complexe. Cela constitue un frein pour la personne
peu ou prou avertie sur le sujet.
L'idée de réciprocité entre le
donateur et le receveur apparu sous la Ille république fait
son chemin et s'accentue de nos jours. Michel LEGROS explique que les
politiques sociales d'aujourd'hui mettent «une
pression forte sur les gens» et que pour lui
«nous sommes passés de politiques d'insertion,
à des politiques d'activation». Il confirme
également que « la tendance, à l'heure actuelle, est de
durcir les contreparties». La « socialisation » des
individus est moins mise en avant dans les programmes politiques ou certaines
init iat ives solidaires.
Comme le rappelle Michel LEGROS, «il faut
balayer un mythe...qui est que l'aide alimentaire serait une réponse
très ponctuelle à une situation de détresse voire de
famine » et « l'histoire économique
des relations entre l'alimentation et la pauvreté nous montre qu'il faut
s'inscrire dans des cycles longs ». Les chiffres de
l'INSEE montrent que l'évolution de la pauvreté s'appuie sur un
« socle de pauvreté qui est à peu
près stable depuis 25 ans ». En
2014, la pauvreté peut toucher n'importe qui, et comme précise
Michel LEGROS on voit même apparaître une pauvreté qui
touche des personnes âgées, mais «des
«jeunes» personnes âgées ».
Suite à ces constats, l'aide alimentaire ne
peut pas rester sur des bases anciennes. Elle doit trouver d'autres solutions
d'organisations innovantes permettant la prise en compte des nouveaux facteurs
qui prédisent un investissement sur le long terme dans le
social.
5. Développement des épiceries sociales et
solidaires
Avant de présenter et analyser le contexte de
développement des ES, il est intéressant de se pencher sur la
définition d'une épicerie sociale et épicerie
solidaire.
Existe-t-il une définition officielle? En
consultant les professionnels du social, la littérature et Internet, on
s'aperçoit qu'il n'existe pas vraiment de définition
précise de ces épiceries.
-2ô-
5.1 Tentative de définition d'une
épicerie sociale et épicerie solidaire Seuls les
réseaux d'aide alimentaire se prêtent au jeu pour définir
le concept. On se
38
basera sur celle de l'ANDES : « Une
épicerie sociale relève d'une municipalité ou
une
communauté de communes, donc
essentiellement financée par un CCAS ou CIAS. Les épiceries
solidaires procèdent d'un regroupement d'individualités et
d'associations : elles font appel à des financements croisés et
ont une forme associative». Ces définitions soulèvent
des questionnements quant à leurs justifications. En effet, ces
définitions ne caractérisent pas précisément
épicerie solidaire et épicerie sociale et n'indiquent pas comment
les différencier.
On pourrait alors dire que les épiceries
sociales ne relèvent pas de l'Economie Sociale et Solidaire mais
plutôt du secteur public, contrairement aux épiceries solidaires
qui dépendent du secteur associatif, donc de l'ESS. Les épiceries
sociales et solidaires sont à la croisée des chemins entre
régulation publique et autogestion.
Sur le terrain, grâce aux entretiens
effectués avec des professionnels et «clients» des
épiceries, on peut affirmer que les seules définitions existantes
ne sont pas claires. Certaines épiceries gérées par des
associations sont appelées «boutique sociale» ou
«épicerie sociale» et le terme solidaire n'apparaît pas.
En interrogeant les porteurs de projet, on s'aperçoit également
que les approches sur les termes employés ne sont pas les
mêmes.
Pour le Directeur de l'Epicerie Solidaire La
Courte Echelle, François SANDOZ, basé à Saint
Rémy de Provence, l'appellation «sociale» d'une
épicerie s'oriente vers «l'assistance»
des personnes, ou comme un « outil
supplémentaire à l'assistance». Le terme solidaire
serait alors « une question de moyens »
de mise en oeuvre du projet.
Pour Mathieu GALAND, directeur de l'épicerie
solidaire itinérante de St Maximin (Var), une épicerie solidaire
est «solidaire» car elle développe plusieurs dimensions :
«cogestion» et «participation». Elle a un
rôle de «partage et de solidarité» entre les
membres.
38
http://www.epiceries-solidaires.org/qu
est ce qu une epicerie sociale ou sol ida ire.shtml
-29-
La directrice de l'épicerie solidaire du Centre
Social d'Endoume, Marie CELLIER, reprend les termes de partage et de
solidarité pour définir une épicerie solidaire (ES). Elle
précise également qu'une ES est à « la
croisée des chemins entre le social et le solidaire » et que
le système français veut que l'on «mette des termes sur
des services», la définition peut être propre à
chaque initiative ou projet. Mais ce qui ressort de son témoignage est
que le terme solidaire prend tout son sens si le projet est bien de
«travailler avec et pour les gens ».
La solidarité prend le pas sur le social, et ce
qui est important, c'est «la vie au sein du groupe
». L'épicerie fait bien « une action
sociale mais pas de l'assistanat», la solidarité et le partage
permettent la «remobilisation de
l'individu».
Le regard des professionnels du social n'est pas
très différent de celui des responsables des épiceries.
Pour Ana'is Pappalardo, Conseillère en Economie Sociale et Familiale
(CESF) au CCAS de St Lambert, dans le 7ème arrondissement de Marseille,
une épicerie solidaire « ce n'est pas qu'un
accès â une épicerie, cela engendre plusieurs choses
derrière», c'est un «
travail d'ensemble et un cheminement de la vie de la personne en
difficulté », alors qu'une épicerie
sociale serait «plus liée à l'urgence de la
situation», voire de « répondre
à un besoin social précis ». Pour
l'assistante sociale de la CAF, Anne Haudiquet, en charge du 6ème et
7ème arrondissement de Marseille, la différence entre une
épicerie solidaire et une épicerie sociale est qu'une
épicerie solidaire comme celle du Centre Social d'Endoume permet de
«travailler sur différents thèmes à la fois»
comme sur « l'isolement, l'alimentaire, le conseil et le soutien
» alors qu'une épicerie sociale serait plus
« institutionnalisée »
et serait plus dans « l'accompagnement des
personnes en difficultés ».
Enfin, observons l'opinion des adhérents et
clients d'une épicerie sociale et solidaire. Pour Sonia,
adhérente de l'épicerie solidaire d'Endoume à Marseille,
une épicerie solidaire est «moins
stigmatisant» qu'un colis alimentaire. C'est un
«lieu d'accueil» qui
permet « d'échanger avec d'autres
personnes», car pour elle «
il y a l'alimentaire et puis ensuite le côté humain »
qui est important. Elle ajoute, «
c'est un endroit où on peut se poser, discuter, boire un
café » et ça « c'est très
important».
La tentative de définition de ces
épiceries sociales et solidaires n'est pas simple.
Néanmoins, après ces
témoignages, tous très riches, nous pourrions élaborer
deux définitions:
EpicerieSociale: Espace d'aide alimentaire
à destination des personnes en difficulté, en majorité
géré par des organisations publiques comme un CCAS ou CIAS. Elles
sont plus institutionnalisées et anciennes.
Epicerie Solidaire : Lieu d'accueil et
d'accompagnement social dont l'entrée est l'aide alimentaire,
majoritairement géré par des organisations privées non
lucratives (association loi 1901, groupements). Plus récentes, ces
épiceries développent un esprit alternatif.
5.2 Contexte et développement des
épiceries sociales et solidaires
Trois motifs seraient à l'origine du
développement des ES et en particuliers celles sous forme associative :
le contexte social et économique difficile, les limites de l'État
et le développement, depuis les années 1980, du courant «
solidaire » de l'ESS.
Elles sont apparues vers la fin des années go
avec une aide alimentaire en pleine mutation et un contexte économique
et social complexe. Les premières épiceries sont portées
par des organisations publiques telles que les CCAS. Quelques années
après, des associations ou des groupements de personnes voulant offrir
plus de solutions aux personnes dans le besoin vont également
créer des épiceries solidaires.
C'est en 1996, dans la ville de Nièvre, que la
première épicerie solidaire sous forme associative a vu le jour,
initiée par Guillaume Bapts, Fondateur et Directeur de l'ANDES. Devant
l'ampleur des demandes de conseils pour ouvrir une épicerie, il
décide en 2000 de créer le réseau ANDES qui
fédère en 2014, plus de 25o épiceries.
Elles sont en plein développement depuis plus
de dix ans et leur répartition sur le territoire est vraiment
très disparate. D'après la carte ci-dessous (image 1), on peut
s'apercevoir que quelques régions comme l'Alsace-Lorraine, la Bretagne,
le Massif central ou les Pyrénées-Atlantiques, sont
dépourvus d'épiceries sociales et solidaires.
-31-
Image 2.-- Carte des épiceries
solidaires membre du réseau ANDES, en France (2o12)*
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*les couleurs des repères n'ont pas d'importance ici.
D'après les chiffres récents de l'ANDES
(2012), la tendance est à la hausse au niveau du nombre
d'épiceries adhérentes sous forme associat ive (67%) et il
ressort que seulement
33 % sont gérées par des CCAS ou
CIAS39 .
Cette nouvelle forme d'aide alimentaire prend donc de
l'ampleur et d'après les chiffres officiels publiés en 2013 par
les réseaux, on dénombre 700 ES adhérentes des Banques
Alimentaires et plus de 25o pour le réseau ANDES.
Dans les Bouches du Rhône, on dénombre
à la Banque Alimentaire environ 190 associations distribuant de l'aide
alimentaire (la répartition entre association et/ou CCAS n'est pas
précisée). Concernant l'ANDES, on compte 19 épiceries
adhérentes au réseau dont 6 sont gérées pas un CCAS
(soit un taux de 32 %, comparable au chiffre national).
Première spécificité
rencontrée au cours du stage professionnel, celle d'une épicerie
solidaire gérée par un centre social. La direction du
«285» a ouvert un service « épicerie solidaire » en
Janvier 2013. L'idée originale remonte à 2009 suite à un
travail collectif avec les travailleurs sociaux du territoire. Un constat
d'accroissement des demandes en matière d'appui social a
été repéré par l'accueil du centre. Cette
initiative liée au projet
39
http://www.epiceries-solidaires.org/files//Rapport
d act ivite_2012_VF.pdf
social du centre a fait l'objet d'une enquête
diagnostic du quartier pour d'établir un constat des besoins d'une
population locale peu ou pas satisfaits.
Les résultats ont montré que ce
quartier, réputé pour être un territoire statistiquement
favorisé, abrite également des personnes en situation de grande
précarité (financière, sociale, immobilière, etc.).
Les résultats, confortés et étayés par les
référents sociaux, expriment un réel besoin
d'accompagnement.
Il est à remarquer que l'aide alimentaire, sur
Marseille et les Bouches du Rhône, reste très peu
développée au vu des chiffres de la pauvreté. En effet, le
taux de pauvreté sur les Bouches du Rhône est au-dessus de la
moyenne nationale (14,1%) avec un taux de 17,7 % en 2010. Ce modèle
d'épicerie développé par un centre social n'est pas
commun. Il faut se rendre en Bretagne, dans le Gard ou en Picardie pour trouver
d'autres exemples de ce type. Une rencontre imprévue lors du stage avec
une chargée de mission de l'ANDES, nous a appris que Marseille comptera
un deuxième projet similaire dans le 11ème arrondissement,
à l'AEC des Escourt fines, titulaire d'un agrément Centre
Social.
En sus de l'existant, depuis quelques années,
apparaissent de nouvelles formes d'épiceries solidaires basant leur
projet sur une consommation alternative qui intègre une aide
alimentaire. Elle développe un modèle économique innovant
et local qui permet d'avoir accès à des produits alimentaires
à moindre coût. Ce modèle se base sur le
«circuit-court», c'est à dire sur la proximité des
produits vendus et la réduction des intermédiaires dans le
circuit de distribution. Deux exemples fonctionnant avec une synergie forte
entre les acteurs du territoire peuvent être cités sur la
région, celui de «Solid'Arles» (Arles), une épicerie
solidaire portée par un collectif d'associations et le CCAS,
l'épicerie solidaire de la Courte Échelle (St Rémy en
Provence) portée par une association du même nom.
Nous savons que les ES existent depuis plus de 20 ans
et qu'elles continuent de se développer sous différentes
formes.
Mais comment fonctionnent-elles vraiment ? Quelles sont
leurs caractéristiques?
C'est ce que nous allons voir dans une seconde
partie, présentant le cadrage théorique et l'analyse approfondie
de leur fonct ionnement.
II. Cadrage théorique et fonctionnement des
épiceries sociales et solidaires
Nous avons vu dans les parties précédentes que
l'aide alimentaire existait depuis des siècles et qu'elle a fortement
évolué depuis. Elle s'est institutionnalisée, mais montre
également des signes d'insuffisance face à l'ampleur du nombre de
personnes à secourir (plus de 14% de pauvreté en France et plus
de 16% en Europe depuis 2011). Depuis quelques années, l'aide
alimentaire est dans une nouvelle phase de développement, elle doit se
réinventer pour continuer à exister et surtout innover pour
s'adapter aux nouveaux besoins sociaux d'une population appauvrie par les
crises économiques, financières et sociales à
répétition.
L'objectif de cette partie est de tenter de
caractériser les différents modèles économiques,
les richesses humaines et les alliances qui s'appliquent aux organisations pour
ensuite arriver à une grille d'analyse nécessaire à
l'étude menée. Les approches théoriques mobilisées
pour appréhender les épiceries seront les suivantes :
l'entreprise sociale, l'hybridation des ressources, théorie des
conventions et de l'acteur réseau, ESS, ressources humaines, «
bénéfices col lect ifs ».
1. Cadrage théorique des épiceries
sociales et solidaires
Un modèle économique permet d'étudier
l'environnement et le fonctionnement d'une organisation. Qu'en est-il de celui
d'une épicerie sociale ou solidaire? Les ES ne sont pas basées
sur un seul modèle économique. Certaines vont avoir tendance
à avoir une logique plus économique et s'orienter vers le
modèle de l'entrepreneuriat social. Un modèle qui se positionne
sur une posture marchande avec des activités commerciales mais dans le
respect de la lucrativité limitée et en maintenant une
finalité sociale.
1.1 Les épiceries : des organisations
économiques aux multiples dimensions
Comme pour toute organisation, les épiceries doivent
mobiliser plusieurs ressources pour mener à bien leur projet initial :
des moyens humains, techniques, administratifs et financiers.
-34-
Pour VIENNEY (1994), une organisation est un
«ensemble de comptes sociaux, interconnectés, avec des
participants, fournissant des contributions et recevant des
contreparties». Pour cela, l'organisation fonctionne selon un
modèle économique qui constitue la structure des moyens dont elle
dispose. Les épiceries sociales et solidaires étant
majoritairement représentées par des associations (67% pour
l'ANDES), nous orienterons le cadrage sur le modèle associatif. Un
modèle qui d'après le rapport Lipietz de 1998 «
entraîne des effets externes comme : du réseau, du lien et du
capital social ». Ce modèle présente des approches
différentes selon une orientation marchande ou non marchande au niveau
des ressources, de la finalité et de l'activité.
Sur le marché « lieu de rencontre entre l'offre
et la demande », il y a une logique de prix. Ce prix dépend des
coûts de product ion et de la marge de l'entreprise.
Pour les ressources :
- Marchande : lorsqu'on couvre le coût de production par
un prix.
- Non marchande : les biens et services sont mis à
disposition des usagers en dehors du marché et leur financement n'est
pas assuré par un prix. Son financement est alors composé
d'autres ressources : fonds publics, dons ou cotisations
d'usagers.
Pour la finalité :
- Marchande : finalité lucrative dans le but de
rémunérer le capital généré
- Non marchande : la finalité n'est pas la recherche
de lucre, ni de rémunération du capital et peut être
sociale.
Pour l'activité :
- Marchande : lorsque le projet est d'ordre privatif
- Non marchande : quand le projet est d'intérêt
général ou reconnu d'utilité publique
Les ES ont donc plusieurs dimensions économiques dont
celle de l'entreprise sociale. Ce modèle qui s'oriente vers une
dimension marchande, respecte tout de même le principe de
lucrativité limitée en maintenant une finalité sociale. On
peut donc supposer que des liens avec l'entreprise sociale sont
présents. D'une manière générale, les ES font appel
aux mêmes ressources qu'une entreprise, mais d'où vient ce
modèle d'entreprise sociale ?
-35-
1.2 La dimension de l'entrepreneuriat
social
Les recherches montrent que l'entrepreneuriat trouve
ses sources au début du XIXe siècle avec l'économiste SAY
qui parle de nouvelles combinaisons de ressources dans une loi qui porte son
nom, la loi SAY (1803). Par la suite, on trouvera également un grand
investigateur de l'entrepreneuriat, SCHUMPETER (1950) qui considère
« l'agent» comme un « acteur de changement».
Pour lui «un entrepreneur est une personne qui veut et qui
est
40
capable de transformer une idée ou une
invention en une innovation réussie» . On peut
citer également Peter DRUCKER (1985) qui parle
d'innovation dans l'entrepreneuriat « un entrepreneur
est à la recherche d'opportunité de changement».
Plus récemment, dans les années 2000, par
la loi du 28 juin 2001, un nouveau statut d'entreprise a été
créé, dérivé de la loi des coopératives de
1947, celui de la SCIC.
Au niveau européen, l'émergence des
entrepreneurs sociaux a permis des recherches sur ces organisations et le
réseau EMES (International Research Network) propose une
définition qui représente plus un «idéal-type»
qu'une réelle définition normative. Cet idéal-type est
basé sur trois dimensions : économique entrepreneuriale, sociale
et gouvernance participative. Il a pour but de caractériser les
différentes typologies existantes.
Pour le chercheur Patrick GIANFALDONI (2013) les
entreprises sociales sont «des organisations privées n'ayant
pas pour finalité le profit et fournissant des biens et services ayant
pour but explicite de bénéficier à la communauté
».
Pour DRAPER! (2003), « l'entreprise sociale
s'intègre bien dans l'économie sociale puisqu'elle répond
à des besoins sociaux non satisfaits et fonctionne selon des
principes
41
démocratiques » .
Ainsi, au cours des vingt dernières
années, ces nouvelles formes d'économie sociale se sont
étendues à de nouveaux secteurs dont les épiceries
sociales et solidaires. Mais certains voient également en cette
mutation, «un risque de hiérarchisation des
défis sociaux à travers le prisme du marché»
(DEFOURNY, NYSSENS, 2013) ou bien un
40
http://fr.wikipedia.org/wiki/Entrepreneuriat
41
RECMA n°288 page 66 :
http://recma.org/sites/default/files/288_o48o66.pdf
-36-
isomorphisme (Dl MAGGIO, POWELL 1983) qui consisterait
à enraciner le concept d'entreprise sociale dans la tradition de
l'ESS.
Voyons à présent les points communs qui
rapprochent les ES d'une entreprise sociale à travers leur
fonctionnement et leur organisat ion.
2. Fonctionnement et organisation des
épiceries sociales et solidaires
Les travaux de VIENNEY (1980-82; 1994), par le biais du
Triptyque « acteur=>règles=>organisat ion » qui porte
son nom, permet d'avoir une approche nouvelle (différente de l'analyse
néoclassique) sur l'économie sociale. En effet, après
avoir choisi son statut juridique, l'organisation doit mettre en place des
règles pour mener à bien son projet. La construction de ces
règles passe par une continuité d'éléments :
Organisation => ressources => activités (nature, degré)
=> objectif (celui-ci prime sur l'activité).
L'axe financier des ES doit prendre en compte des besoins:
l'investissement et le financement de l'activité pour laquelle elle a
été créée. Les investissements vont concerner
l'immobilier, le matériel alors que le financement de l'activité
recouvre les besoins pour réaliser le projet associatif, et le
fonctionnement de l'association. Chacune de ces logiques s'appuie sur des
leviers différents.
2.1 Une mixité des
ressources
Concernant les ressources des ES, dans la majorité des
cas on observe qu'elles respectent un des principes fondamentaux de l'ESS,
à savoir celui de l'hybridation de trois formes d'économie et de
ressources : le Marché, l'Etat et la Société Civile (ou
Réciprocité).
On entend par « Marché »,
les ressources issues des clients. On le retrouvera surtout au sein
des ES évoluant sous un schéma mixte d'accueil du public.
D'après des chiffres de 2011 sur le secteur associatif,
les ressources privées issues des ventes représentaient
42
environ 36 % de leur budget. Mais ce modèle de
mixité du public reste marginal. On
compte très peu d'épiceries sociales et
solidaires sous cette forme-là. Par exemple en PACA, on en
dénombre seulement deux, à Arles et à St Rémy. On
trouvera également le
42
Contribution à l'analyse des modèles
socio-économiques associatifs. CPCA-Janvier 2014. page 6
- 37 -
mécénat d'entreprise et les fondations, qui ne
représentent que 4% des budgets des associations, en 2011,
mais qui pourraient à l'avenir prendre une tout autre part,
puisque les subventions publiques tendent à diminuer. Mais les
fondations ou philanthropes accepteront-ils de s'y substituer?
On entend par « Etat », les
ressources issues des subventions et des marchés publics que
perçoivent les épiceries pour mener à bien leur projet.
D'après les budgets étudiés, ce type de ressources
représente en moyenne près de la moitié du financement des
épiceries sociales et solidaires, et peuvent parfois atteindre
jusqu'à go % du budget global.
De l'Europe aux communes, chaque intermédiaire
territorial contribue au financement des projets en fonction de ses
compétences et de ses priorités politiques. On observera une
tendance forte aux financements publics dans une épicerie portée
par un CCAS ou CIAS ou bien une association ayant un projet social fort. On
pourrait alors parler de «délégation de service
public» d'après Mathieu GALAND, directeur de l'association
Garrigues et gérant d'une épicerie solidaire itinérante
dans le Var (83).
Lorsqu'on observe les chiffres de l'étude sur les
typologies des modèles économiques des associations, on y apprend
en effet, que les commandes publiques ou marchés publics sont en forte
progression sur les six dernières années au détriment des
subventions. « Elles sont passés en 5 ans de 1/3 des
financements publics à 50%», ce qui par conséquent
signifie que les associations entrent dans un champ concurrentiel et sont de
moins en moins financées sur leur projet associatif ou
«mythe», comme l'appelle ROUSSEAU dans son ouvrage «Gérer
et Militer». Comme le souligne ROUSSEAU, quand une association se
développe, elle entre dans une vision de gestion (geste social)
et perd souvent son sens associatif (mythe-tribu). C'est pour
cela qu'elle doit sans cesse remettre en question son projet et créer
des outils de gestion du sens.
Enfin, on entend par « Société
Civile » ou « Réciprocité », «
la relation établie entre des groupes ou personnes
grâce à des prestations qui ne prennent sens que dans la
volonté de manifester un lien social entre les parties prenantes »
(LAVILLE, 2001). C'est un principe qui s'oppose à l'échange
marchand. On y trouvera uniquement les cotisations des
bénéficiaires des épiceries sociales et solidaires.
D'après l'étude citée ci-dessus, en 2011,
les cotisations représentaient 10,7% des revenus des
associations. Pour les épiceries
-38-
sociales et solidaires, il est difficile de faire un constat
car la présence d'une cotisation est très aléatoire et
souvent symbolique (entre 1 et 2 € maximum), ce qui ne
permet pas de définir un pourcentage précis.
Dans ce contexte de diminution des subventions, certaines
épiceries sociales et solidaires ont une démarche
d'automatisation financière par la diversification des sources de
revenus, notamment privées. Mais elles ne sont pas destinées
à remplacer les financements publics, seulement à les
compléter. L'hybridation des ressources devient alors « gage de
pérennité » pour la structure.
2.2 Les richesses humaines : la coexistence de
salariés et bénévoles aux tâches
multiples
Souvent considérée comme la principale
ressource d'une organisation, la structuration de la richesse humaine
mobilisée au service du projet associatif est fondamentale pour
comprendre le modèle de fonctionnement de l'organisation. En fonction de
l'implication des bénévoles et salariés, le modèle
économique d'une épicerie sociale ou solidaire ne s'organise pas
de la même manière. Dans certains cas, la masse salariale sera le
premier poste de charges, pouvant atteindre 6o% voire 8o% du budget
(d'après une étude menée
43
par Le CPCA sur 150 structures).
Au sein des épiceries sociales et solidaires, on
trouve des salariés qui ont en charge les tâches courantes ou des
actes de gestion mais également des bénévoles qui peuvent
venir en aide sur des tâches annexes ou bien amener leurs savoir-faire
sur des actions ponctuelles d'acte de gestion (trésorerie,
secrétariat, stock, etc.). De taille très
hétérogène, les effectifs des épiceries peuvent
aller de un salarié à une dizaine quant au
bénévolat il dépasse parfois soixante-dix personnes.
2.2.1 «Au-delà de l'épicier
», des métiers multiples
Rien ne semble différencier les épiceries
sociales et solidaires, des épiceries classiques par la présence
de denrées alimentaires, de produits d'hygiène, de rayonnages,
d'un espace d'accueil et d'une caisse. Mais les particularités de ces
épiceries, se situent dans le
43
Site internet du CPCA, lien vers l'étude :
http://lemouvementassociatif.org/actualite/articles/typologie-des-modeles-de-ressources-financieres
-39-
regroupement de plusieurs métiers au sein d'un
même lieu et la création de nouveaux espaces. Ceux-ci vont se
traduire par un espace d'accueil caractérisé par la
présence d'une table, de chaises, parfois une machine à
café, des journaux, pour créer une ambiance « conviviale
» d'échanges et de rencontre. On trouve assez souvent un coin
enfants, un espace information et documentation ainsi qu'un espace social
indépendant de la boutique consacré à l'accompagnement et
au suivi du public accueilli.
Des ateliers thématiques sont proposés de
façon régulière, animés par des intervenants
extérieurs ou bien par des travailleurs sociaux (assistant(e) social(e),
conseiller (ère) en ESF). Plus rarement, l'ensemble est
complété par des services annexes tels que coiffeur, manucure,
livraison à domicile, etc.
Les métiers rencontrés dans les ES sont :
- hôtesse de caisse et d'accueil
- responsable, coordinateur de l'épicerie
- assistant(e) social(e) ou conseiller (ère) en
ESF.
Il est rare que les fonctions exercées par les
salariés se limitent à la qualification mentionnée sur la
fiche de paie. S'ajoute par moment un rôle d'accompagnateur social
(échanges verbaux en caisse, accueil d'un public parfois difficile,
animation de l'espace convivial).
Le salarié doit être capable de maîtriser
plusieurs fonctions afin de répondre le mieux possible aux besoins des
publics visés et assurer l'ensemble des tâches courantes. Ces
tâches vont de l'accueil du public, mise en rayon des produits, gestion
du stock, vente et gestion de caisse, gestion administrative, communication,
aménagement, gestion du personnel et des bénévoles, veille
tarifaire, animation et gestion des ateliers, élaboration des dossiers
de subventions, jusqu'au lien avec la direction générale et/ou le
conseil d'administration suivant la forme juridique.
Lorsque l'on ne connaît pas l'organisation de ces
épiceries « pas comme les autres», on n'imagine pas, pour
certaines d'entre elles, le travail social à accomplir en
complément de celui des référents sociaux (accueil du
public, accompagnement dans la démarche, conseil sur les produits et le
budget, suivi du dossier, orientation vers d'autres structures, animation des
d'ateliers, etc.). Ce travail est pris en charge par une équipe de
salarié, qui
-40-
souvent, ne présente pas un parcours professionnel
adapté. Comme le souligne Guillaume BAPST « Le rôle des
épiceries solidaires ne s'arrête pas â la vente de produits
moins cher. Elles assurent aussi tout un travail d'accompagnement et de
sensibilisation,
44
notamment à travers des ateliers de cuisine et
d'éducation à la nutrition et à la santé »
.
Il peut s'agir là d'un réel problème
pour les épiceries sociales et solidaires, quant à la formation
initiale des salariés. Un travailleur social sera-t-il mieux
placé pour travailler dans une ES ?
A noter par ailleurs, que l'ANDES travaille depuis
2009 sur l'élaboration d'une formation diplômante
permettant à des personnes de se spécialiser sur ce type de
métier, appelé par l'ANDES «épicier solidaire ».
Toujours selon Guillaume BAPST, il s'agit là d'une «
particularité du métier» qui comporte trois dimensions
: sociale, logistique et politique.
Les ES ont donc créé un nouveau métier,
celui « d'épicier solidaire », non reconnu par un
diplôme mais validé par l'expérience. Dans certains cas,
les épiceries ont trouvé une autre solution : insérer une
équipe de professionnels du social (AS et CESF) au sein de
l'organisation. Ce sera le cas notamment d'épiceries sociales
gérées par un CCAS ou CIAS mais aussi exceptionnellement par
certaines associations ayant fait évoluer leur projet initial.
2.2.2 Des salariés aux parcours professionnels
atypiques
Quand on se penche sur les profils rencontrés, on
découvre que certains ont travaillé plusieurs années dans
le commerce de proximité, les centres sociaux, le
prêt-à-porter ou bien complètement à
l'opposé, dans des domaines aussi variés que ceux de
l'ingénierie, la banque ou l'enseignement. Ceci représente une
richesse supplémentaire pour ces structures car, à y
réfléchir, ce sont des mondes différents qui
interfèrent entre eux.
45
En effet, comme le souligne la théorie des
conventions (BOLTANSKI, THEVENOT, 1991), la
coopération entre acteurs s'intéresse à des formes de
coordinations qui ne sont pas forcément des contrats, des contraintes,
mais qui reposent sur des principes communs
44
« La solidarité en libre-service»
parGuillaume BAPST (exposé), Les amis de l'école de Paris du
28/05/2008, page 4.
45
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomies_de_la_grandeur
-41-
qui s'inscrivent dans les relations sociales. Il ne
suffit pas de mettre des gens ensemble pour qu'ils coopèrent, il faut
alors trouver des personnes permettant et favorisant le maillage, des
«traducteurs» selon la théorie de
l'acteur réseau ou de la traduction de
46
(CALLON/LATOUR, 2006) . Chaque acteur apporte sa
spécificité, son expérience, ses compétences, sa
vision du monde, sa mentalité, provoquant des interactions positives
pour mener à bien le projet de l'épicerie et entrevoir d'autres
solutions de développement.
Selon les principes de l'ESS, il arrive que le
salarié ait une «double qualité» (DRAPER!, 2010), celle
de salarié-acteur. Dans ce cas, il aura un lien de subordination avec sa
direction mais également un statut de partie-prenante
(Théorie des stakeholders, FREEMAN 1984) car
il participe, dans la majorité des cas, à la co-construction du
projet de l'épicerie.
2.2.3 Le bénévole, une dynamique
indispensable
La place du bénévole n'est pas
évidente dans cette organisation. Pourtant, dans certains cas, l'apport
d'une équipe de bénévoles va être plus que
primordial pour mener à bien le projet. On observe que les contrats de
travail des salariés sont généralement des emplois
aidés (environ 70 % des épiceries visitées) et souvent
à temps partiels. Il n'est pas évident de réaliser
l'ensemble des tâches qui leur sont confiées et la présence
ou non de bénévoles peut s'avérer
déterminante.
Si l'on s'intéresse au
bénévolat, on constate dans un premier temps que travail et
bénévolat sont en opposition. « Le
bénévolat est hors travail, c'est un don de soi et il est
basé sur la gratuité du travail réalisé »
(B. GIRAUD, cours de sociologie du travail, 2014). Il n'en reste
pas moins qu'il est très développé dans l'ESS. La
majorité des produits et services sont essentiellement
réalisés par des bénévoles. On estime qu'il y a en
France près de 20 millions de bénévoles (étude
menée par FRANCE BENEVOLAT, 2013), ce qui représenterait plus de
1 milliard d'heures par an. Cette étude montre également que 3
secteurs dominent dans l'engagement : le social, caritatif avec 31%, les
loisirs avec 25
et le sport avec 23 %. La proximité et la
variété des actions à mener seraient des
raisons
46
http://fr.wikipedia.org/wikifTh%C3%A9orie
de l'acteur-r%C3%A9seau
- 42 -
qui justifient l'attractivité de ces trois
secteurs. On retrouve, dans le secteur du social et caritatif les
ES.
L'organisation d'une épicerie va
bénéficier de l'apport des bénévoles sur plusieurs
points. Tout d'abord, ils permettent de réaliser des tâches que le
salarié ne peut pas réaliser, faute de temps, tels que le
rangement du stock, l'étiquetage des produits, de petits travaux, des
rangements divers, la décoration, etc. De même, lorsqu'on observe
l'environnement externe d'une épicerie solidaire, on constate que ce
sont là aussi souvent des bénévoles qui permettent
l'approvisionnement en denrées alimentaires. En effet, les Banques
Alimentaires, décrites dans la partie I, disposent d'un réseau
important de bénévoles permettant de trier, stocker et distribuer
les produits.
D'autre part, le bénévole va, dans
certains cas, apporter son ou ses savoirs et savoir-faire au reste de
l'équipe salariée et devient co-producteur du service. Le
bénévole endosse alors une double qualité de
«acteur-producteur» et devient essentiel à l'organisation des
ES.
On peut également rajouter que cette richesse
humaine est importante à valoriser économiquement pour les
structures. Le bénévolat est en effet estimé à
près de 40 milliards d'euros en France (étude le RAMEAU, 2014),
le prendre en compte permet de faire reconnaître son importance et de
présenter aux partenaires l'évaluation stricte des besoins pour
réaliser les object ifs.
2.3 Une organisation du travail et des horaires
très hétérogènes
Comme nous l'avons vu précédemment, les
épiceries sociales et solidaires ont des particularités qui
permettent de les différencier des épiceries classiques. Il en
est une autre qui se situe au niveau de l'organisation du travail et des
horaires d'ouverture au public.
Dans toute organisation, il y a à la base, un
projet social qui implique un projet économique
nécessitant des ressources humaines et financières
(Régis GUILLEMETTE, cours sur la GPEC, 2014) et des horaires d'ouverture
au public différents de ceux du personnel.
Dans les ES, un modèle type n'existe pas,
chacune a sa propre organisation du travail. A ce propos, le poste de gestion
des ressources humaines n'est pas à négliger.
On s'appuiera sur les travaux de PICHAULT et NIZET (1995),
pour analyser plusieurs situations au sein des ES. Tout d'abord, on pourra
observer une coordination du travail en «supervision directe»
quand le responsable ou coordinateur de l'épicerie est en position
de donner des consignes, des ordres et contrôle le travail
effectué. Dans d'autres cas, on parlera d'un «ajustement
mutuel» quand les échanges verbaux, les discussions entre les
acteurs sont privilégiés.
De même, au niveau de la configuration de
l'organisation, deux types prédominent, les «configurations
entrepreneuriale et adhocratique » (PICHAULT et NIZET, 2000,
p.48 tableau1).
Entrepreneuriale car la division du travail
est généralement d'ordre verticale forte, les
salariés sont séparés des concepteurs du travail avec
souvent peu d'autonomie. La supervision directe est régulièrement
employée et la qualification des salariés est souvent faible ou
peu appropriée.
Adhocratique car dans certaines situations,
la division du travail sera faible tant par la dimension verticale
qu'horizontale. Les salariés effectuent un grand nombre de tâches
diversifiées et conçoivent aussi le travail qu'ils
exécutent. L'ajustement mutuel est régulièrement
adopté pour concevoir et organiser le travail. Et on trouvera des
salariés dont la qualification est plus élevée.
2.4 Horaires et accueil du public
Pour les horaires d'ouverture au public, deux cas de figures
peuvent se rencontrer :
- Accueil du public en continu :
l'épicerie va avoir des horaires proches de ceux d'une
épicerie classique, à savoir l'ouverture sur la semaine et des
horaires plus larges. Il y a donc peu de contraintes pour l'usager.
- Accueil du public discontinu:
l'épicerie va ouvrir seulement quelques jours dans la semaine,
parfois sur une demi-journée (exemple de l'épicerie d'Endoume :
Mardi toute la journée et Jeudi après-midi) et les horaires sont
fixes. L'usager doit se plier aux jours et heures d'ouverture pour venir faire
ses courses. Il s'agit d'une contrainte pour certaines personnes
éloignées du lieu, ayant des contraintes de travail ou de
famille.
-44-
On pourrait trouver paradoxal qu'une épicerie
ne fonctionne que quelques jours par semaine, alors qu'elle a pour but
d'accueillir un public pour des courses alimentaires. Ce modèle
entraîne de fait la nécessité pour l'usager de
s'approvisionner en grandes quantités avec le risque de dépasser
parfois ses besoins réels et ses ressources. A cela s'ajoute aussi la
difficulté du stockage adapté des denrées. Enfin, dans
certains cas, cette organisation incite la personne bénéficiaire
à solder le montant qui lui a été alloué dans un
temps restreint, ce qui produit un effet pervers.
Pour les salariés, l'organisation est tout
autre. L'accueil du public représente un des objectifs principaux de
l'ES mais l'ensemble des tâches à accomplir pour permettre son
accueil doit être réalisé dans le temps imparti. Pour cela,
les différentes tâches seront réparties sur la semaine et
en fonction du type de contrat des salariés. Bien souvent, on rencontre
des temps partiels en CAE-CUI, ce qui complique la réalisation des
tâches sur la semaine. De plus, les épiceries qui disposent de
moins de 3 salariés, devront avoir une gestion du travail rigoureuse et
sans l'apport d'un ou deux bénévoles, la charge de travail reste
importante et difficile à assumer.
2.5 La fixation du prix ou de la
«participation solidaire »
Pour fonctionner, une organisation doit avoir des
ressources financières. Une de ces ressources provient du prix des biens
et services vendus. Les épiceries sociales et solidaires mettent en
place des politiques de prix leur permettant de couvrir une partie ou la
totalité des charges. Les ES ont une particularité
rappelée ici par Guillaume BAPST, qui « n'est pas dans le don
pur et simple » comme nous pouvons le trouver dans d'autres formes
d'aide alimentaire telles que les colis d'urgence ou les Restos du coeur,
puisque « les utilisateurs doivent s'acquitter d'une participation
» qui permet «de réduire leur sentiment de
redevabilité ».
Au sein des ES on parlera rarement de prix ou de
tarifs, mais plutôt de « participation solidaire» qui
s'avère être parfois symbolique et une logique sociale est donc
présente. «Le but des épiceries solidaires est de rompre
avec la notion d'assistanat» souligne G. BAPST, et s'acquitter d'une
participation ou d'un prix permet cela. De même, il est inscrit dans la
charte de l'ANDES à l'article 4 (voir annexe 7) que «chaque
adhérent se voit attribuer un montant d'achats en fonction de la
composition de son foyer et s'acquitte d'une
-45-
participation financière inférieure
ou égale â 3o % de la valeur marchande des produits ».
Ce qui signifie que l'ensemble des épiceries adhérant au
réseau ANDES doivent respecter et appliquer ce principe. A ce propos, il
arrive que des bénéficiaires ne puissent pas utiliser
l'intégralité du montant auquel ils ont droit, faute de moyens
financiers, en fin de mois par exemple ou parce qu'ils ont dû faire face
à d'autres dépenses urgentes.
De nos jours, les denrées alimentaires
essentielles à la santé sont de plus en chères. Dans un
article paru dans le magazine LA SANTE DE L'HOMME, des études sur la
consommation nous apprennent que dans le commerce classique,
«la structure de prix
47
des denrées alimentaires est plutôt
défavorable â l'équilibre alimentaire » . Les
fruits et légumes, les poissons, les viandes vont être plus
onéreux que les produits salés, sucrés, gras nettement
meilleurs marché. De fait, les ménages en difficulté,
auront alors tendance à faire le choix des produits les moins
coûteux, mettant au second plan les principes d'hygiène
alimentaire et donc leur santé.
La santé à tout « prix
»
En France, il existe un seuil critique pour se
nourrir qui est actuellement évalué à 3,5 euros par jour
et par personne. Les études menées sur le sujet insistent sur le
fait que « le budget alimentaire des personnes pauvres est insuffisant
pour se procurer une alimentation
48
équilibrée» (SANTE DE L'HOMME,
2009). En complément, l'étude Abena 2011-2012
menée sur « l'état
nutritionnel des bénéficiaires de l'aide alimentaire »
fait ressortir que l'état de santé des usagers de l'aide
alimentaire est «préoccupant avec des prévalences des
pathologies liées â la nutrition (obésité,
hypertension artérielle, diabète, certains déficits
vitaminiques) particulièrement élevées
».
Les épiceries sociales et solidaires vont
alors mettre en place des solutions pour adapter les «prix» aux
publics accueillis et leur permettre ainsi l'accès à des produits
plus sains, répondant aux besoins alimentaires. C'est d'ailleurs un
engagement inscrit dans la charte de l'ANDES à l'article 2 qui impose la
« diversité des
produits».
47
Manger équilibrer pour 3,5 euros parjour: un
véritable défi, LA SANTE DE L'HOMME n°402, page3.3,
2009
48
http://www.inpes.sante.fr/30000/actus2oi3/oo9-abena2oii-2o1.2.asp
(Partenariat scientifique et financier de l'INVS, l'ORS IdF, INPES et le
Ministère de la Cohésion Sociale).
-46-
Les « prix» s'établissent de deux
manières :
- Par pourcentage : ce mode de calcul
est généralement mis en place dans les épiceries dont
l'accueil du public est non mixte (uniquement un public précaire). On
trouvera un pourcentage du prix réel du produit inférieur ou
égal à 30 %. Pour cela, une veille tarifaire est
réalisée par le salarié en charge du stock. Dans certains
cas, le calcul est le suivant : 10 % sur les produits secs, 20 %
sur les fruits et légumes, viandes, poissons et 30 % sur les
produits d'hygiène. La logique sera alors sociale.
- Par prix fixe: ce mode de fixation
s'observera essentiellement au sein des ES développant un projet
d'accueil du public mixte jumelé avec un modèle basé sur
le circuit-court. On trouvera alors deux prix affichés, un prix dit
« normal » et un prix dit «solidaire». Un coefficient
solidaire est alors calculé pour permette un équilibre
budgétaire (par exemple 1,55 pour le prix solidaire au lieu de 2
ou 3 pour le prix normal). Ce modèle s'inscrit dans une logique
plus marchande.
2.6 Approvisionnement : une multitude de solutions
alternatives
Pour approvisionner les rayons, les épiceries sociales
et solidaires développent plusieurs stratégies. Il s'avère
que cette tâche, primordiale pour le bon fonctionnement du lieu et
l'atteinte des objectifs, constitue un pari au quotidien. Elle permet d'assurer
au public, des produits de qualité en quantité suffisante.
On peut identifier jusqu'à quatre sources
d'approvisionnement : les aides financières de l'État et des
collectivités locales (PEAD, FEAD, PNAA), les invendus de la grande
distribution, l'achat direct et enfin le « circuit-court ». Pour
chacune de ces sources, cela relève de la mise en place, souvent
à l'échelle locale, de partenariats «gagnant-gagnant »,
afin d'offrir des produits de qualité à des prix raisonnables
pour le public tout en rémunérant au plus juste les producteurs
et les salariés.
- Aides de l'Europe, de l'État et des
collectivités locales (type ressource Etat)
Les surplus agricoles européens seraient
désormais insuffisants, de ce fait, l'Europe et les États
achètent des denrées alimentaires auprès de grands groupes
de l'agroalimentaire, par le biais d'appels d'offres régis par le code
des marchés publics (le PEAD représentait plus de 50o millions
d'euros par an entre 2009 et 2013). En France, c'est
l'organisme FranceAgriMer qui gère les aides européennes (environ
7o millions d'euros par an) et qui
-47-
s'occupe de la gestion des appels d'offres (d'après
leur service, 1/3 des produits provient
49
de l'Union Européenne, le restant provient de France) .
Ces produits sont par la suite
so
confiés à de grands réseaux
habilités tels que les Banques alimentaires, les Restos du
Coeur, le Secours Populaire, la Croix-Rouge et l'ANDES (depuis
le mois de février 2013).
L'État français a décidé de
compléter cette aide par différents plans nationaux tels que le
PNAA depuis 2004, dont le budget est d'environ 8 millions d'euros
destinés à l'achat de denrées alimentaires non couvertes
par le PEAD. Depuis le premier trimestre 2014, le CNES, doté
également d'une enveloppe d'environ 8 millions d'Euros, vient en
complément, directement versé équitablement aux deux
principaux réseaux, Banques Alimentaires et ANDES. Par la suite, ces
réseaux mettent en place des systèmes de redistribution
financière à leurs adhérents (un montant multiplié
par le nombre d'adhérents actifs) qui sera destiné à
l'achat de denrées alimentaires complémentaires. Enfin, les
collectivités locales et territoriales (villes, départements,
régions) contribuent également au financement des structures
associatives. On peut parler de logique économique pour ce mode
d'approvisionnement.
- Les invendus de la grande distribution (type de
ressource Marché)
La lutte contre le gaspillage alimentaire est également
une des forces du concept des ES.
s1
La FAO estime en 2011 que « Le tiers
des aliments produits chaque année dans le monde
pour la consommation humaine, soit environ 1,3 milliard
de tonnes, est perdu ou gaspillé », soit entre 95 et 115 kg
par an et par consommateur. Compte-tenu des aides financières
présentées ci-dessus, on peut se demander s'il n'est pas
paradoxal de continuer à acheter et donc produire de la nourriture qui
par ailleurs sera perdue ou gaspillée (cf. cas de l'Allemagne en partie
1).
Pour mettre en place ce type d'approvisionnement et ainsi
lutter contre le gaspillage alimentaire, les ES doivent passer des partenariats
locaux avec les grandes surfaces
49
Entretien téléphonique avec Monsieur DEHEN de
FranceAgriMer, en charge de l'établissement des appels d'offres
concernant l'aide alimentaire.
50
Chaque association caritative doit être habilitée
par l'État pour recevoir les aides européennes
51
http://www.fao.orginews/storyfir/item/7433.2/icode/
-48-
désireuses de participer à un projet à la
fois solidaire et environnemental. Guillaume BAPST précise que
« les entreprises privées fournissent énormément
de denrées alimentaires â travers les « produits de
dégagement », c'est â dire les produits d'épicerie qui
n'ont pas été écoulés dans les délais
prévus ».
En effet, la réglementation en vigueur (DGCCRF -
Articles R.112-1 du Code de la 52
consommation ) précise que les emballages doivent
indiquer deux types de dates: la
DLC (Date Limite de Consommation) et la DLUO (Date Limite
d'Utilisation Optimale). De plus, les règles d'hygiène en vigueur
et les règles propres aux grandes surfaces entraînent un surplus
de perte et de gaspillage (les produits approchants la DLC sont
53
sortis du rayon, les fruits et légumes non conformes
sont jetés). Une autre règle permet aux ES de proposer à
leur public des produits à DLUO dépassée, sans risque pour
la
54
santé .
Les grandes surfaces n'ont ni l'habitude, ni le temps de
mettre de côté les invendus, « la casse » (emballages
ouverts par exemple) pour les redistribuer autrement. C'est dans ce
cadre-là qu'un partenariat entre une grande surface ou commerce de
proximité et une ES pourrait être mis en place. Il s'agirait alors
d'un accord « gagnant-gagnant » étant donné que cela
réduirait considérablement les déchets pour le donateur et
constituerait pour le bénéficiaire du don, de denrées
alimentaires encore comestibles et gratuites.
On peut parler de logique sociale voire solidaire pour ce type
d'approvisionnement. - L'achat direct (type de ressource
Marché)
Il peut arriver qu'épicerie n'ait pas suffisamment de
produits issus de l'aide alimentaire européenne ou des invendus des
grandes surfaces. Elle est alors amenée à acheter directement les
produits dans une grande surface ou un commerce de proximité. Ce sera
notamment le cas des produits d'hygiène qui sont extrêmement rares
voire inexistants
52
http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArt
icle=LEG IARTI000006292756&cidTexte=LEGITEXT000006069565&dateTex
te=2o11o2o9&fastPos=1&fastRegld=1636262521&oldAct ion=rechCodeArt
ide
53
http://www.economie.gouv.fr/dgccrf/Publ
icat ions/V ie-prat ique/Fiches-prat iques/Date-I imite-de-consommat
ion-DLC-et-DLUO-
54
http://alimentation.gouv.fr/dateperemption
-49-
dans les dons ou produits de l'aide européenne. L'achat
de ces denrées et produits pourra alors se faire grâce aux
financements des collectivités, au CNES ou encore par un partenariat
avec une entreprise privée sous forme de chèques cadeaux ou
d'enveloppe. On peut parler de logique économique dans ce mode
d'approvisionnement.
Les épiceries ayant fait le choix de ne pas passer par
l'aide alimentaire classique ou autres réseaux ressources, seront
amenées à s'approvisionner directement auprès de
fournisseurs ou producteurs locaux, à travers la mise en place d'un
circuit-court.
- Circuit-court (type de ressource
Marché)
De par leur rôle d'acteur économique fort sur le
territoire, l'organisation de la production des épiceries sociales et
solidaires peut s'apparenter à celle du circuit-court. Cela va
au-delà des alliances avec les producteurs locaux puisque des
échanges économiques sont contractés avec des acteurs de
secteurs différents tels que la grande distribution, les producteurs
locaux, les pouvoirs publics et des entreprises privées du
territoire.
D'après le ministère de l'agriculture, les
circuits-courts se définissent comme étant «un mode de
commercialisation des produits agricoles qui s'exerce soit par la vente directe
du producteur au consommateur, soit par la vente indirecte, à condition
qu'il n'y ait qu'un seul
ss
intermédiaire» .
Plus généralement, on peut qualifier le
circuit-court comme étant un circuit de distribution dans lequel
intervient au maximum un intermédiaire entre le producteur et le
consommateur.
Les lectures montrent que « Les circuits-courts
émergent de pratiques socio-économiques dont les implications
relèvent des différentes dimensions du développement
durable. Ils participent notamment d'un empowerment non seulement des
producteurs, mais aussi de l'ensemble des partenaires territoriaux autour de la
mobilisation en faveur d'une alimentation durable » (CHIFFOLEAU,
PREVOST, 2012).
Sur le terrain, cela se traduit par des accords directs sur
les prix avec les producteurs locaux afin de leur garantir une
rémunération convenable et assurer la mission d'aide
SS
http://a I imentat
ion.gouv.fr/circuit-court-internet
- 50 -
alimentaire par des prix accessibles en
épicerie. Aujourd'hui, l'implication des producteurs dans le pilotage du
projet est une des conditions pour que la structure fonctionne bien. Les
difficultés résident dans le choix des producteurs à cause
de la méconnaissance du tissu agricole local et l'établissement
d'une relation de confiance.
On peut donc parler de logique plus économique
pour ce mode d'approvisionnement. 2.7 La production des épiceries,
une source de «bénéfices collectifs »
Les actions menées par une épicerie
sociale ou solidaire s'exercent sur un territoire précis qui peut
être urbain, rural. Elles ont donc un impact direct sur l'activité
économique du secteur. Les alliances passées entre les acteurs
constituent à proprement parler une sorte de «contrat
social» (J-L LAVILLE, 2006). Cela signifie que nous n'avons pas
simplement une énième proposition de service ou assistance, mais
bel et bien un nouvel outil de « vivre ensemble » offrant de
nouvelles solutions et opportunités.
De plus, ces nouvelles modalités de conception
des services sociaux à partir d'une « impulsion
réciprocitaire » peuvent être intrinsèques (produits
pour eux-mêmes) ou extrinsèque (conçues par eux pour
d'autres acteurs). Dans les deux cas, la réciprocité va prendre
en compte l'espace et le temps de chaque personne à laquelle le service
est proposé. Par conséquent, comme le propose LAVILLE, on peut
qualifier les épiceries sociales et solidaires de «services de
proximité ».
Comme nous l'avons vu précédemment, les
ES développent des «valeurs de partage et de
solidarité». De même, elles créent des valeurs plus
subjectives comme la reconnaissance, l'estime de soi et l'autonomie. Il y a
également une création de « valeurs économiques»
de la part des ES par l'instauration d'un «projet personnel» lors de
l'accès à l'épicerie qui va permettre à la personne
de réaliser une épargne. Cette épargne va essentiellement
servir pour un projet d'insertion sociale : reprise du paiement d'un loyer,
soins de santé, règlement d'une dette d'énergie, permis de
conduire, etc. L'économie réalisée sur le budget
alimentaire permet de réinjecter une autre valeur dans l'économie
locale. Par exemple sur Endoume, l'épicerie solidaire a fait
réaliser aux adhérents une épargne de plus de 12 000
€ en 6 mois durant l'année 2013.
Le nombre de personnes soutenues et
accompagnées est également une « bénéfice
collectif» pour le territoire. L'aide alimentaire dans le
département des Bouches-du-
-51-
Rhône, a permis de nourrir plus de 40 000
personnes soit environ 6,5 millions de repas (chiffres publiés par la
BA13). Si l'on fait un focus sur deux épiceries, on constate par exemple
que l'épicerie d'Endoume, qui agit essentiellement sur le 7ème
arrondissement
56 57
de Marseille (qui compte 36 332 habitants) , a
aidé près de 1274 personnes durant l'année 2013, soit
près de 4% de la population locale. L'épicerie solidaire
itinérante de l'association «Garrigues» à Saint
Maximin, couvre par ses activités, plus de 30
58
communes du Var (Provence Verte et Haut Var Verdon, soit
près de 124 000 habitants) .
Elle a permis à plus de 2 000
personnes de bénéficier des services sociaux qu'elle
développe (épicerie solidaire, garage solidaire, ressourcerie,
petits travaux, locations de véhicules) soit 2 % de la
population des territoires couverts. Ces personnes peuvent alors retrouver un
emploi, une formation, une vie sociale et familiale stable, etc.
Certains économistes, comme Jean GADREY
qualifieraient ce type d'action comme étant un « bien
quasi-collectif» tant sa contribution permet l'établissement de
«bénéfices collecte». On peut également
citer les travaux d'Alfred MARSHALL, économiste britannique et
père fondateur de « l'économie néoclassique »,
sur les «externalités positives». Elles
désignent des situations où un agent économique
(ménage, entreprise, État) bénéficie de l'action
des tiers sans contrepartie financière.
GADREY fait également ressortir trois types de
bénéfices collectifs :
- la réduction des inégalités et de
l'exclusion;
- le renforcement de la solidarité, du global au
local, et la sociabilité;
- l'amélioration des conditions collectives du
développement humain durable (dont font partie l'éducation, la
santé, la culture, l'environnement et la démocratie).
Ce sont ainsi des coûts sociaux
évités pour le territoire qui permettent la mise en place de
solutions sociales à long terme pour les personnes aidées sur une
période relativement courte.
56
http://www.a
nnuaire-mairie.fr/mairie-marseil
le-7e-arrond issement.html
57
58
Ce chiffre englobe le nombre total de personnes composant le
foyer (adultes, enfants)
http://www.insee.fr/fr/insee
regions/provence/themes/dossier/doso9/payspv.pdf,
http://habitatcg83.over-blog.com/pages/Haut_Var
Verdon-w44959.html
-52-
3. Le public des épiceries :
différents profils et modes d'accès
Les épiceries sociales et solidaires ont
vocation à accueillir ce que l'on appelle « un public ». Mais
à y regarder de plus près, on s'aperçoit qu'il y a
différentes approches au sein des ES. Certaines vont axer leur projet
sur l'accueil d'un seul public, dit « précaire » et d'autres
vont au contraire élargir leur projet pour accueillir un public dit
«mixte» (précaire et non précaire).
De ce fait, le public va avoir plusieurs
dénominations en fonction du projet choisi. Habituellement, une personne
qui fait ses courses dans une épicerie classique est appelée
«client»; au sein des épiceries sociales et solidaires, on
utilisera plutôt des termes que l'on retrouve dans le domaine social
comme «usager», «bénéficiaire» ou encore un
terme proche du secteur associatif, « adhérent ».
3.1 Analyse des modalités de chacune des
approches d'accueil
Intéressons-nous à une analyse plus
sociologique du public « précaire » accueilli dans ces
épiceries sociales et solidaires et arrêtons-nous
brièvement sur la notion de « précarité
».
Souvent usité en sociologie, la «
précarité » reste néanmoins une notion large avec une
définition plutôt floue. Pour la sociologue, Mircea VULTUR, de
l'Institut national de la recherche scientifique à Québec au
Canada, il s'agit d'un «concept fantôme»
qui est aujourd'hui « bien
établi dans la rhétorique institutionnelle et médiatique,
dans les représentations individuelles et collectives et dans les
analyses sociologiques du monde du
59
travail » .
La définition du Haut Comité de la
Santé Publique, empruntée au père Joseph WRESINSKI
(fondateur du mouvement ATD QUART-MONDE, 1956), est plus normative :
« La précarité est l'absence d'une ou
plusieurs des sécurités permettant aux personnes et familles
d'assumer leurs responsabilités élémentaires et de jouir
de leurs droits
59
http://sociologies.revues.org/3287
- 53 -
fondamentaux. L'insécurité qui en
résulte peut être plus ou moins étendue et avoir
des
6o
conséquences plus ou moins graves et
définitives » .
Enfin, pour la DREES « Les
situations de précarité renvoient tout autant à des
difficultés d'intégration sociale (ou à des situations de
rupture des liens sociaux) et/ou à des difficultés d'insertion
professionnelle (ou à des situations de précarité
professionnelle). Dans tous les cas, précarité sociale et
professionnelle se traduisent par une précarité des conditions de
vie caractérisée par un ensemble de difficultés pouvant se
cumuler dans différents domaines
61
(emploi, logement, santé, etc.) »
.
Ces trois définitions nous montrent qu'il est
aussi difficile de proposer une définition précise de la
précarité que de la pauvreté, comme nous l'avons vu
précédemment.
Le public précaire accueilli dans les
épiceries sociales et solidaires dépend du territoire et de la
variété des prescripteurs sociaux.
On ne trouvera pas le même public suivant que le
territoire est urbain ou rural. De même, chaque prescripteur social (CAF,
CCAS, MDS, PACT, etc.) travaille avec un public différent
(bénéficiaire du RSA, Chômeur, Handicapé, +6o ans,
etc.). Le public sera distingué par
des dénominations spécifiques telles que
: familles monoparentales, familles nombreuses, travailleurs pauvres,
personnes âgées, etc. Le sociologue Michel LEGROS apporte un
éclairage particulier sur les personnes âgées dont les
caractéristiques ont évolué. Il distingue deux typologies
de personnes aidées : «des gens très
âgés,..., au minimum vieillesse, autour de 8o ans »
et des personnes « nouvellement
pauvres parce qu'elles sortent de 20 el 25 ans de passage dans des
dispositifs...et avec des retraites très faibles»
qu'il appelle des «jeunes» personnes
âgées.
D'autre part, un autre phénomène prend
de l'ampleur depuis plus de 20 ans, celui des
«travailleurs pauvres» (TP), que l'on trouve parmi des «gens
en situation de travail et dans des ménages dont les revenus globaux ne
leur permettent pas de se situer au-dessus de la pauvreté
».
6o
http://www.irdes.fr/Publications/Rapports1996/rapii29.pdf--
Enquêtes sur la santé et les soins médicaux en France,
1991-1992
61
http://www.drees.sante.gouv.fr/IMG/pdf/serieetud8i.pdf--
La prise en charge des populations dites précaires dans les
établissements de soins -- n°81, novembre 2008 - page 8
-54-
Toutes les épiceries ne disposent pas d'un logiciel
permettant d'établir des chiffres précis
62
des compositions familiales ou des types de
bénéficiaire, mais certaines d'entre-elles peuvent nous
éclairer sur les publics qui les fréquentent. Pour
compléter, on s'appuiera sur l'étude Abena 2011-2012
« alimentation et état nutritionnel des
bénéficiaires de l'aide alimentaire» qui
présente, en page 3 de la synthèse, les «profils
sociodémographiques» des populations fréquentant les
structures de l'aide alimentaire. Cette étude confirme les chiffres et
données étudiées sur le terrain.
En nous basant sur leurs rapports d'activité, on peut
conclure qu'en grande majorité, les épiceries sociales et
solidaires accueillent des personnes vivant seules à 8o %, et 40 %
d'entre elles sont seules avec enfants. Au niveau des âges, une
majorité se situe entre 26 et 59 ans et les 6o ans et plus ne
représentent que 5 et 8 % (territoires urbain et rural confondus).
Concernant les revenus, la majorité des personnes sont «
bénéficiaires » du RSA à 6o %, les autres revenus
étant très hétérogènes en fonction du
territoire. On peut citer le cas de l'épicerie solidaire d'Endoume,
située en zone urbaine, où les travailleurs pauvres ne
représentent que 4% des personnes accueillies alors que sur St Maximin,
zone plus rurale, le taux est de 16 %.
3.2 Les deux approches
3.2.1 Approche d'accueil orienté vers un public
précaire
L'emploi des termes usager ou bénéficiaire est
utilisé au sein des épiceries sociales et solidaires accueillant
un public ciblé en situation de précarité. L'orientation
s'effectue dans le cadre d'un engagement dans un «cursus personnel
d'insertion sociale» par le biais d'un « projet d'épargne
». Même si le terme « bénéficiaires » ne
fait pas l'unanimité au sein des épiceries, le public accueilli
bénéficie bien d'un service social d'aide alimentaire. Dans
certains cas, l'épicerie proposera à la personne d'adhérer
au projet social, moyennant une adhésion symbolique comprise entre 1 et
2€. Il pourra participer à la vie
démocratique de l'épicerie (comité d'usagers, animation
d'ateliers, boite à idées, etc.) et ainsi endosser une double
qualité d'« adhérent-usager » ou de
«concepteur-acteur ».
62
Epicerie solidaire d'Endoume (rapport d'activité 2013)
et Epicerie solidaire itinérante «Garrigues « (rapport
d'activité 2012)
- 55 -
Concernant l'accès à ce type d'épicerie,
on trouve encore plusieurs approches. Certaines vont développer une
« commission d'attribution », d'autres vont se contenter du travail
de repérage et d'orientation des prescripteurs sociaux. Dans ce
schéma-là, la relation avec les travailleurs sociaux (TS) est
souvent étroite et se traduit par la présence d'un TS à la
commission, à des permanences, ou à l'animation d'ateliers.
Ces épiceries pourraient avoir en commun les «
critères d'accès » généralement basés
sur plusieurs points :
· la composition du foyer et son « reste
à vivre » (RAV) : « Il s'agit du revenu
diminué de la charge financière nette, rapporté au nombre
d'unités de consommation du ménage. Il permet de mesurer le
revenu par unité de consommation disponible pour les autres
dépenses que celles liées au logement »
63
(source INSEE) . Seul le montant du « reste à
vivre » peut varier d'une épicerie à l'autre mais en
général on va retrouver un RAV compris entre 2 et 6 €. Plus
rarement, certaines vont jusqu'à ouvrir un champ plus large en mettant
un RAV de o à 15 € par jour et par personne, c'est le cas de l'ES!
Garrigues à St Maximin.
· la zone de résidence:
généralement située dans un rayon proche de celui
de l'épicerie (quartier, commune, communauté de commune). Une
épicerie sur Marseille (l'épicerie sociale du CASIM) a mis en
place un système de livraison qui permet de toucher des communes
environnantes comme Martigues (soit un rayon de plus de 40 km) de même
que Saint-Maximin qui couvre plus de 3o communes du Var.
· le projet d'épargne ou «dynamique
d'implication personnelle ». Il s'agit d'un projet qui peut avoir
plusieurs natures : financière, sociale, familiale, sanitaire ou
professionnelle. La différence que l'on peut trouver se situe au niveau
de la durée d'accompagnement de ce projet. En moyenne, elle varie de 3
à 6 mois maximum renouvellement compris, mais peut atteindre plus de 12
mois pour permettre à l'usager de mener à bien son projet sans
contrainte de temps. En règle générale,
63
http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?regid=20&refid=3.6259&page=alapage/alap133/alap133
def.htm
la majorité des projets sont respectés et la
personne peut retrouver une vie sociale « normale ».
Les caractéristiques de cette approche
permettant de dessiner un type d'épicerie sont les suivantes :
public précaire, projet social et critères d'accès «
sociaux ».
3.2.2 Approche public mixte
Cette approche, plus similaire à une épicerie
classique, est basée sur l'accueil d'un public mixte, jumelant le public
précaire et non précaire. Une des richesses de cette approche et
qu'elle permet le «tissage» de liens entre les usagers ou clients.
Sous cette forme-là, on distinguera les clients, qui peuvent acheter
l'ensemble des produits sans adhérer à l'épicerie, et les
usagers/bénéficiaires qui peuvent adhérer. Mais
contrairement aux ES dont l'accès est limité à un public
précaire, les fonctions sociales seront moins développées.
Par exemple, elles n'ont généralement pas de commission et les
critères sociaux d'accès sont ceux définis par les
prescripteurs sociaux eux-mêmes. La relation avec les prescripteurs et
travailleurs sociaux est rarement développée et se limite parfois
à une simple communication téléphonique ou à un
courrier d'acceptation. La durée d'accès n'est pas limitée
et laissée à l'appréciation du référent
social de la personne accueillie.
Les caractéristiques de cette approche
permettant de dessiner un type d'épicerie sont : le public
mixte, des critères d'accès sociaux absents et une logique
marchande.
On trouvera ci-dessous, un schéma de synthèse de
l'organisation globale d'une épicerie sociale et solidaire
(schéma 1). Pour respecter la spécificité de chacune, un
schéma par épicerie est disponible (annexes de 8 à 13).
Schéma 1-- Schéma générique d'une
épicerie sociale ou solidaire
de
Demand,
~Ast0004.
Conception outils de gestion (logiciels) Animation ateliers
Informations, documentations Financements (Appels d'offres)
Formations
Orientation du public Animation d'ateliers Présence en
commission
Rapport d'activité annuel
Réponses t des besoins sociaux peu ou mal satisfait
Approvisionnement en produits
(ventes, dons)
Achats ou récupération des produits
Financement Réglementation Agrément Prêt de
locaux
PRESCRIPTEURS SOCIAUX
- CCAS
- CAF
- MDS (Maison de la solidarité)
- CG 13
- Associations
Outil d'aide alimentaire
Investissement en logiciel de gestion
Formation des salariés Demande de subventions
Adhésion
Achats des produits
Utilisation des services sociaux
Ventes de produits Services sociaux
FOURNISSEURS
- Banque alimentaire 13 -ANDES - Invendus grandes
surfaces - Commerces (achats directs) - Dons particuliers
POUVOIRS PUBLICS
- Collectivités locales
- Collectivités territoriales - Etat
- Europe
RTENAIRES RESSOURCES
ANDES
BA 13
Associations
Fondations
~eprises p
ées lucrative
PUBLICS
- Clients
- Adhérents
- Clients et adhérents
|
Nous venons de détailler l'évolution des
épiceries sociales et solidaires et leur fonctionnement : du
modèle économique au public accueilli en passant par la
provenance des produits et les prix, cela nous a permis de mieux cerner ces
épiceries «pas comme les autres» qui font de l'aide
alimentaire leur clef d'entrée, avec ou sans services sociaux. Pour
cela, des grilles d'analyse et d'entretien ont été mises en place
pour étudier la typologie des épiceries.
- 58 -
Ill. Présentation de la grille
d'analyse
Afin d'observer les épiceries dans leur ensemble,
permettre de répondre aux hypothèses de départ et
d'établir des modèles, il faut mettre en place des
critères d'observation et des indicateurs permettant de les valider.
Dans le tableau ci-dessous (tableau 2), les critères sont définis
par catégories de variables et justifiés par des variables et
modalités sur le terrain. Deux points sont visés, un sur
l'analyse du « public » et un deuxième sur «
l'épicerie et son organisation ».
64
Cette grille a été élaborée
grâce à l'analyse précédente et inspirée des
travaux réalisés
par la CPCA (Conférence Permanente des Coordinations
associatives) sur les modèles socio-économiques des associations,
en janvier 2014, en partenariat avec de multiples structures d'accompagnement
du monde associatif comme l'AVISE, ADEMA, France Active, Le Rameau, etc., ainsi
que différents mémoires et thèses dont je me suis
servi.
La grille d'analyse présentée ci-dessous
(Tableau 2) permet de recueillir plusieurs informations :
Publics
- La qualité de l'utilisateur du service : Est-il
simplement adhérent? Client de l'épicerie? Ou bien les deux?
- Joue-t-il un rôle dans la vie de l'épicerie et
endosse-t-il par conséquent une double qualité ?
- Quel est le public visé ? Uniquement précaire
? Ou y-a-t-il une mixité dans les types de publics accueillis?
Epicerie et son organisation
- Les principales caractéristiques (date
de création, forme juridique, territoire) :
La date de création permettra de voir
l'ancienneté des différentes épiceries
étudiées sur le territoire et de savoir si les plus
récentes sont plus à même de s'adapter aux
évolutions contextuel les.
64
http://www.avise.org/sites/default/files/atoms/files/2inei
cpca contribut ionanalysemodelessocioecoasso.pdf
- 59 -
La forme juridique sera un indicateur permettant de confirmer
ou non que la forme associative soit plus souvent présente sur le
terrain.
Le territoire d'action de l'épicerie sera
également important à prendre en compte car un territoire urbain
n'offrira pas les mêmes perspectives qu'un territoire rural.
- Les partenariats (qualité du
partenaire et motivation) :
Stratégique pour les épiceries sociales et
solidaires, cette catégorie de variable permet de voir le comportement
des ES en matière de partenariats ou d'alliances. Avec qui s'allient-el
les ? Les pouvoirs publics ? Des organisations privées non lucratives ou
lucratives ?
Quelles sont leur motivation première: Sociale? Pour
le développement des services sociaux proposés. Economique ? Pour
assurer la survie du projet. Ou bien politique ? Pour influencer le pouvoir et
tenter de faire changer les mentalités.
- Les services rendus (types de services,
mécanisme de fixation des prix des services, conditions d'accès
aux services, critères de choix des produits) :
Cette catégorie de variable est essentielle pour
répondre à la problématique. En effet, les variables qui
seront observées ici concernent les services rendus au sein de
l'épicerie. Elles permettront de qualifier les différentes
typologies d'épiceries existantes sur le terrain par la mise en place ou
non de ces types de services. Le projet de l'épicerie
étudiée s'arrête-t-il à la vente de produits
alimentaires ou est-il associé à une activité sociale ?
Les prix émanent-ils d'un mécanisme tenant compte de
critères économiques et sociaux ou bien sont-ils fixes?
Existe-t-il des conditions d'accès pour bénéficier des
épiceries sociales et solidaires ou est-ce en libre accès? Et
enfin, y-a-t-il du choix dans les produits proposés ou bien la
qualité et la variété sont-ils limités?
- Provenance des produits (type de
fournisseurs, forme de transaction) :
Cette catégorie de variable étudie quel circuit
économique met en place une épicerie pour s'approvisionner en
denrées alimentaires et autres produits. Se limitent-elles à
l'aide alimentaire classique (réseaux nationaux d'aide alimentaire comme
ANDES et BANQUE ALIMENTAIRE), aux producteurs locaux, aux
invendus des grandes et petites surfaces ou y-a-t-il une hybridation des
fournisseurs ? Et sous quelle forme la transaction se présente-t-elle ?
Par de l'achat direct, du don, voire les deux?
- Richesses humaines (nombre de
salariés, de bénévoles, fonctions ou poste, formation des
salariés et connaissance du projet) :
Comme nous l'avons vu précédemment, les
richesses humaines sont une des principales ressources d'une organisation.
Cette catégorie permettra de voir les différents effectifs au
sein des épiceries et si elles travaillent avec un réseau de
bénévoles plus ou moins important. Quelles sont les fonctions qui
existent au sein d'une épicerie et qui fait quoi entre le salarié
et le bénévole? La formation initiale du salarié est-elle
liée à son activité? Et enfin, les salariés
sont-ils tous conscients du projet dans lequel ils travail lent ?
- Ressources financières (origine et
répartition) :
Principales ressources après les richesses humaines,
les épiceries sociales et solidaires sont obligées de mener un
combat au quotidien pour trouver des ressources financières leur
permettant d'atteindre leurs objectifs. Mais quelle est l'origine de ces
ressources? Sont-elles publiques, privées ou les deux (hybridation des
ressources)? Sont-elles réparties de manière égale ou
y-a-t-il une dominante publique ou privée? C'est ce que nous permettra
de voir cette catégorie de variable.
Tableau 2 : Grille d'analyse d'une épicerie
(ci-dessous)
- 61 -
PUBLICS
Variables
|
Modalités ou indicateurs
|
Qualité de l'utilisateur
|
Client et adhérent
|
|
|
Rôle de l'util isate urdans la vie de
l'épicerie
|
Participation
|
|
Public cible
|
Précaire
|
|
|
|
EPICERIE ET SON ORGANISATION
|
Catégories de variable
|
Variables
|
Modalités
|
Principales caractéristiques
|
Date de création
|
Récente (<10 ans)
|
|
|
CCAS/CIAS
|
|
|
Urbain
|
|
Projet initial
|
Ressources
|
Directeur, pouvoirs public, employé
|
|
Constat, rapport, commande
|
|
Sociale, économique
|
Partenariats
|
Qualité du partenaire
|
Pouvoirs publics
|
|
|
|
|
Sociale
|
|
|
Services rendus
|
Types de services
|
Produits alimentaires uniquement
|
|
|
Fixe (coefficient)
|
|
|
Adhésion obligatoire
|
|
|
Liberté et quantité
illimité
|
|
Provenance des produits
|
Catégorie de fournisseurs
|
Banque alimentaire, ANDES
|
|
|
|
Achats
|
|
Ressources humaines
|
Personnel
|
Nombre, CDD/CDI, Bénévoles
|
|
Responsable, Directeur ou coordinateur
|
|
|
|
Lien avec le social
|
|
|
Implication forte
|
|
Ressourcesfinanciëres
|
Origines
|
Publiques
|
|
|
|
Dominante publique
|
|
|
|
- 62 -
IV. Présentation des résultats des
recherches à partir des entretiens et observations
1. Les différents types d'épiceries
sociales et solidaires
Cet exercice de typologie est un outil pour entrer
dans une réflexion autour des épiceries sociales et solidaires.
Elle peut les aider à se repérer dans leur
écosystème afin de mieux identifier les différents leviers
à actionner ou à modifier concernant leur modèle
économique ou leur projet. En aucun cas il ne s'agit de jugement
porté sur un projet, mais un résultat de recherche et
d'observation se basant sur des théories économiques et sur un
travail d'analyse.
On distingue trois types d'épiceries sur le
territoire de recherche.
1.1 Epicerie de type A -- Logique
«conviviale» ou «de partage »
Publics
Principalement tournée vers le ciblage d'un
public précaire, les épiceries qui développent une «
logique conviviale » mettent l'accent sur l'accueil du public.
Convivialité, partage, solidarité sont les maîtres mots de
ce type. La qualité de l'utilisateur est celle d'« adhérent
» car il s'acquitte d'une adhésion annuelle symbolique comprise
entre 1 et 2 €, lui permettant d'accéder aux différents
services. Le rôle de l'usager dans la vie de l'épicerie est
primordial et une participation active est souvent observée. La
présence d'une boite à idées, de moments d'échanges
verbaux en caisse ou d'un espace convivial aménagé montre un
intérêt pour la co-construction du projet.
Généralement situé à l'entrée de
l'épicerie, cet espace de convivialité est le
«pilier» du projet, pour reprendre l'expression de Mathieu
Galland, Directeur de l'épicerie solidaire itinérante
«Garrigues ».
La principale caractéristique de ce type est la
participation du public.
« Sur chaque lieu de passage, un coin convivial est
prévu pour les ateliers et autres services
»
Directeur de l'épicerie solidaire
itinérante de St Maximin.
- 63 -
L'épicerie et son organisation
Caractéristiques principales :
Les épiceries sont récentes, moins de io ans
d'ancienneté et la forme associative est majoritaire, cependant on
observe un cas sous forme de CCAS. La plupart sont situées dans un
environnement urbain mais on observe que l'une d'entre-elles est dans un
environnement « autre », avec une dominante rurale.
Directeur de l'épicerie solidaire
itinérante à St Maximin
Ill« II y a dix ans, il y avait peu de solutions innovantes
autres que les colis alimentaires»
Partenariats :
Les partenaires sont plutôt à dominante publique
mais il existe également des alliances avec des organisations
privées non lucratives. Les motivations liées à ces
partenariats sont diverses : économique, sociale et politique.
Économique pour les demandes de financement
auprès des pouvoirs publics et organisat ions privées non lucrat
ives et lucrat ives (fondations, entreprises).
Sociale avec des organisations privées non
lucratives pour les animations d'ateliers, pour la prescription du public et
l'appui social.
Politique pour faire valoir et défendre le
projet ou alerter sur des faits en lien avec l'aide alimentaire, le cas
échéant, influencer les décisions des pouvoirs publics. On
peut également qualifier ce rôle de « lobbyiste » par
son engagement.
« Des liens étaient déjà
tissés vu que le centre social existe depuis 40 ans »
Responsable de l'épicerie solidaire
d'Endoume
Services rendus :
Le type de service rendu observable dans ces épiceries
est la vente de produits associés à une activité sociale
forte ponctuée par une convivialité du lieu. Le service «
convivialité » mis en place est à la base du projet.
Créer un cadre agréable et permettre à la personne
-64-
de ne pas se limiter à l'acte d'achat
s'avère être une particularité de ces épiceries.
Cela permet de rompre la sensation d'isolement chez les usagers, en
majorité des personnes vivant seules.
On peut donc trouver au niveau de l'entrée de
ces épiceries, une table avec des chaises, du café et/ou du
thé à disposition, un espace enfants, des journaux, pour que
l'usager se sente bien, prenne son temps et retisse du lien avec d'autres
personnes.
Les ateliers thématiques sont fortement
développés et sur différents thèmes, grâce
notamment au réseau de professionnels qui entourent
l'épicerie.
Certaines d'entre elles développent des
partenariats externes avec d'autres structures ou développent
elles-mêmes des activités dans le but d'orienter à son tour
le public. On peut citer: « Emmaüs Connect » (facilitateur en
communication), un garage solidaire, une plateforme multiservices, une
plateforme d'aide à la mobilité, « Lire c'est partir»
(mise à disposition et vente de livres à moindre
coût).
Le mécanisme de fixation des prix se traduit
par un pourcentage compris entre io et 30 %, appliqué au prix
réel du marché, calculé en fonction du quotient
familial.
Les conditions d'accès sont encadrées
par des critères précis : le « reste à vivre »,
le territoire, le projet économique et la durée. Il y a
généralement la présence d'une « commission »
pour l'attribution des dossiers présentés par les prescripteurs
sociaux, dans laquelle siègent généralement des
représentants des organisations sociales (CAF, MDS, CCAS, etc.) et le ou
la directrice de l'épicerie.
Enfin, on trouvera une grande diversité de
produits (fruits et légumes, produits secs, frais, hygiène,
maison), parfois jusqu'à 30o références de produits
différents, offrant la liberté de choix. Les équipes
surveillent l'approvisionnement ce qui permet à chacun de trouver ce
dont il a besoin.
« C'est un lieu d'accueil...non
stigmatisant...on peut se poser, discuter, il y a les ateliers...on rencontre
des personnes qui comprennent notre situation et des personnes dans la
même situation »
Une adhérente de l'épicerie solidaire
d'Endoume
« L'espace convivial est un plus dans les
épiceries...cela permet de lutter contre l'isolement, apporte du
conseil, un soutien et une aide alimentaire »
Assistante sociale de la CAF des BDR
- 65 -
Provenance des produits :
Majoritairement affiliées à un réseau
d'aide alimentaire comme l'ANDES ou Banques Alimentaires (13 ou 83), ces
épiceries mettent en place une «hybridation des fournisseurs».
En plus du circuit classique de l'aide alimentaire, ces épiceries vont
également acheter certains produits manquants en direct dans les grandes
surfaces mais aussi développer des partenariats avec des producteurs
locaux. A cela s'ajoutent la récupération des invendus des
commerces de proximité et les dons alimentaires directs qui ne
représentent pour le moment qu'une partie infime des ressources en
denrées alimentaires.
Richesses humaines :
Ces épiceries ont un nombre de salariés variant
entre 2 et 10 et dispose d'un réseau de bénévoles pouvant
atteindre 7o personnes. Les principales fonctions rencontrées sont :
un/une responsable, agent de caisse ou d'accueil, et parfois des travailleurs
sociaux sont intégrés à l'épicerie, notamment pour
les épiceries de plus grande taille.
La présence d'un directeur ou coordinateur permet une
meilleure autonomie dans les prises de décisions, rapportées par
la suite à la direction générale ou au Conseil
d'Administration.
Concernant l'expérience des salariés, en
majorité ce sont des personnes qui ont une expérience dans le
social et qui ont une forte connaissance du projet développé.
Ressources financières :
Il y a une hybridation des ressources financières.
C'est à dire que des financements publics se mêlent à des
financements privés. Cependant, il y a une dominante publique c'est
à dire une forte dépendance aux subventions publiques.
Bilan synthétique
|
|
Principaux points forts
|
- effort sur l'accueil du public
- capacité à fédérer un
réseau de partenaires - variété et liberté de choix
des produits - externalités positives
|
Principaux points faibles
|
- dominante ressources financières publiques
|
Dépendance spécifique
|
- dépendance aux subventions
|
|
- 66 -
1.2 Les épiceries de type B -- Logique
sociale
Publics
Ces épiceries ciblent uniquement un public
précaire dont le rôle est moins important que dans les
épiceries de type A c'est à dire que le public sera plus passif
que dans le modèle précédent où il est
«acteur». Sa participation se limite à l'acte d'achat et
à des échanges verbaux en caisse. Le projet porte essentiellement
sur l'aide alimentaire.
La qualité de l'utilisateur du service est celle
d'« adhérent » car il doit s'acquitter d'une adhésion
comprise en 1 et 2 €.
Employé de l'épicerie sociale du
CASIM
Ill« C'est un lieu ouvert à tous qui permet de
dépanner les gens quand ils en ont besoin »
Epicerie et son organisation Principales
caractéristiques :
Relativement ancienne, ces épiceries ont en
majorité une forme associative et se situent sur un territoire
urbain.
Partenariats :
La qualité du partenaire qui prédomine dans
cette typologie est représentée par les pouvoirs publics. Il
existe également des partenariats avec des organisations privées
non lucratives comme des associations ou fondations.
Les motivations seront plutôt d'ordre social et
économique. La notion politique sera moins forte dans cette
logique-là. La motivation économique interviendra surtout avec
les pouvoirs publics, dans le but d'obtenir et de maintenir des financements
pour l'activité, le fonctionnement et l'investissement. La motivation
sociale sera surtout développée avec des organisations
privées pour garantir une qualité de service au public
(qualité des produits et des activités sociales dont les
ateliers).
Services rendus :
Le type de service rendu observable dans ces épiceries
est la vente de produits associés à une activité sociale.
L'activité sociale se traduit par l'existence d'ateliers sur des
- 67 -
thématiques précises telles que : cuisine, loto
ou budget. Certaines épiceries développent également des
services annexes comme salon de coiffure ou service de manucure. L'aide
alimentaire reste le principal service au sein de ces épiceries.
Le mécanisme de fixation des prix est semblable
à celui des épiceries de type A, à savoir un pourcentage
sur le prix réel du produit calculé en fonction du quotient
familial de l'usager.
Les conditions d'accès aux services sont
généralement laissées à l'appréciation des
travailleurs sociaux. Ils peuvent être rattachés à la
structure dont dépend l'épicerie, ou bien par des travailleurs
sociaux externes. La présence d'une commission d'attribution n'est pas
généralisée.
La variété et la liberté de choix des
produits sont limitées. Des quantités maxima de produits sont
instaurées par usager pour que tout le monde puisse en profiter.
Le faible développement de partenaires (limitation aux
circuits de l'aide alimentaire classique) pour l'approvisionnement ne permet
pas la diversité des produits qui restent néanmoins de bonne
qualité.
« Le coin convivial est à l'état de
projet depuis longtemps...mais pas encore en place »
Employé de l'épicerie sociale du
CASIM
Provenance des produits :
Ces épiceries fonctionnent avec le circuit classique
de l'aide alimentaire, à savoir par le biais de la BA13 et de l'ANDES.
Des dons modestes de grandes surfaces viennent ensuite. Les formes de
transactions comme la récupération d'invendus ou le partenariat
avec les producteurs locaux ne sont pas d'actualité pour le moment. Seul
l'achat direct et les dons sont présents dans ces épiceries. On
trouvera des produits essentiels comme les fruits et légumes, les
produits secs, les produits d'hygiène puis les produits frais et
surgelés, soit en moyenne une centaine de références de
produits.
Richesses humaines :
Le nombre de salariés rencontré ne
dépasse pas les trois personnes. En revanche, concernant le
bénévolat, cela peut aller au-delà de dix personnes (en
l'occurrence, cela
concerne une association d'envergure nationale où le
bénévolat est très développé, la
Croix-Rouge).
Les fonctions rencontrées dans ces épiceries
sont essentiellement celles d'agents de caisse ou d'accueil, salariés ou
bénévoles, elles sont souvent très
hiérarchisées.
Le responsable ou coordinateur est rarement sur les lieux et
reste le plus souvent au siège de la structure. Les personnes sur le
terrain sont des opérationnels et les décisions sont prises par
la direction, à distance. Dans certains cas, les salariés ne sont
pas conviés aux réunions de prises de décision, ni
associés à l'organisation. De la même manière que
les usagers, il y a peu de participation.
Au niveau de l'expérience des salariés et des
bénévoles, c'est très hétérogène. Des
salariés viennent du monde du commerce, et d'autres sont issus de
milieux associatifs. Leur connaissance du projet est parfois limitée
à la vente des produits et à l'accueil du public. Le manque de
formation peut s'avérer parfois problématique suivant le public
rencontré.
« Je suis une simple employée »
Clara Ghez, de l'épicerie sociale du
CASIM
Ressources financières :
Il existe une hybridation des ressources financières,
avec une dominante publique, soit une forte dépendance aux pouvoirs
publics.
Bilan synthétique
|
|
Principaux points forts
|
- suivi social
- expérience et ancienneté - lien au territoire
|
Principaux points faibles
|
- dominante ressources financières publiques - faible
implication des salariés - faible implication des usagers
|
Dépendance spécifique
|
- dépendance aux subventions
|
|
1.3 Les épiceries de type C -- Logique
marchande ou « élitiste »
Public
Ce type d'épicerie a la particularité de ne pas
cibler de public en particulier. Il y a donc une mixité du public au
sein de ces épiceries avec un public précaire à plus haut
revenu. Le public précaire rencontre un public non précaire au
sein d'un même lieu et endosse la double qualité
d'adhérent-client. Il est adhérent car il adhère au projet
de l'épicerie en contrepartie d'une adhésion de 1€ en
moyenne; il est client car il effectue ses courses comme dans une
épicerie classique. Seule une carte d'adhérent va le distinguer
lors du passage en caisse. Le rôle de l'utilisateur ne sera pas
développé au sein de ces épiceries observées parce
qu'il a une participation quasi-nulle.
« Soutien à l'agriculture locale et
accès aux fruits et légumes pour la population locale en
difficulté »
Directeur de l'épicerie solidaire « La
Courte Echel le »
Epicerie et son organisation
Caractéristiques principales :
De création récente, elles ont pour la plupart
une forme juridique associative et se situe sur un territoire rural.
« Lors d'un conseil municipal en 2009, le choix de
la Mairie a été de déléguer le portage du projet
à une association locale »
Directeur de l'épicerie solidaire « La
Courte Echel le
Partenariats :
Dans ce type d'épicerie, les partenariats vont
être assez peu développés. La qualité du partenaire
la plus représentée est celle d'organisations privées
lucratives comme les producteurs locaux ou entreprises locales, notamment pour
l'approvisionnement. Ici les motivations seront d'ordre économique et
politique.
Économique car le projet consiste à
développer un circuit-court des produits proposés à la
vente et à dégager des bénéfices
Politique car les partenariats liés à
l'aide alimentaire permettent une sensibilisation de la population et des
collectivités.
Services rendus :
Le type de service rendu observable dans ces épiceries
est la vente de produits alimentaires uniquement. L'activité sociale est
quasi inexistante, se limitant à l'accès à des produits
alimentaires de très bonne qualité à moindre
coût.
Le mécanisme de fixation des prix se fait sur le
modèle des épiceries classiques, soit par un coefficient
applicable sur le prix d'achat du produit constituant ainsi une marge
commerciale. L'usager aura donc un prix fixe à payer, quelle que soit sa
situation.
Les conditions d'accès ne sont pas encadrées
par des critères propres à l'épicerie mais par des
critères propres aux travailleurs sociaux avec qui elles sont en lien,
c'est à dire en majorité le CCAS de la commune puis le Conseil
Général, la Maison de la solidarité ainsi que quelques
entreprises.
Une simple fiche de liaison permet l'accès au
«tarif préférentiel » pour une durée de
12 mois renouvelable sur l'avis du travailleur social.
La variété des produits proposés est
limitée mais présente une qualité supérieure par le
caractère local de la production parfois labellisée
«bio». On trouvera des fruits et légumes en quantité,
des produits secs, des produits frais mais peu ou pas de produits
d'hygiène.
« Nous ne sommes pas un lieu d'accueil
»
Directeur de l'épicerie « La Courte
Echelle»
Provenance des produits :
Contrairement aux types A et B, les épiceries de type
C ne passent pas par la voie classique de l'aide alimentaire. Les partenariats
avec la Banque Alimentaire ou l'ANDES seront peu ou pas
développés. Les types de fournisseurs sont essentiellement des
producteurs et agriculteurs locaux. Les transactions se limiteront à
l'achat des produits.
-71-
Le « glanage »65 ou la
récupération d'invendus ne sont pas développés au
sein de ces épiceries pour le moment.
Richesses humaines :
Entre 2 et 4 salariés, ces épiceries ne
souhaitent pas faire intervenir un réseau de bénévoles aux
côtés des salariés, cependant quelques-uns interviennent
dans la gestion comme la trésorerie ou l'administratif. Les fonctions
rencontrées au sein de ces épiceries sont celles de directeur ou
coordinateur, agents de caisses ou d'accueil.
L'expérience des salariés n'est pas en lien
avec le social et leur connaissance du projet reste faible.
« Les vendeuses créent un cadre convivial
selon leur bon vouloir...il y a une recherche de ne pas stigmatiser les gens
qui viennent acheter »,
i
« les salariés sont informés mais pas
sensibilisés car eux-mêmes sont parfois dans un cursus d'insertion
»
Directeur de l'épicerie solidaire « La
Courte Echelle»
Ressources financières :
Il existe une hybridation des ressources avec une dominante
pour les ressources privées. La participation des usagers et les
encaissements clients représentent, en effet, la majorité des
recettes de l'épicerie. Les subventions publiques ne représentent
qu'une partie infime du budget.
Bilan synthétique
|
|
Principaux points forts
|
- qualité des produits
- innovation sociale et économique
- mixité du public et lieu non stigmatisant -
autofinancement
|
Principaux points faibles
|
- activité sociale inexistante - gouvernance associative
- réseau de partenaires
|
Dépendance spécifique
|
- clients
|
|
65
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gla
nage
2. Synthèse des types
Chacun des types d'épiceries répond à
des logiques différentes et mobilise des pratiques de terrain
très différentes. Voir tableau 3 ci-dessous.
Chaque épicerie s'organise autour de « dominantes
», c'est à dire des axes sur lesquels la répartition des
ressources ou des pratiques est la plus forte.
Après analyse, le choix méthodologique a
porté sur la caractérisation de la «logique»
développée au sein de l'épicerie. En effet, comme pour
toute organisation, il est nécessaire que les pratiques soient en
adéquation avec le projet développé, le statut juridique
ou la dénomination ne suffisant pas.
L'identification à un modèle dominant permet
à l'épicerie d'opérer un choix, sur des leviers
adaptés à son activité et répondant aux besoins du
projet associatif et politique. Soulignons que les épiceries
portées par un CCAS relève du service public et respectent le
projet politique développé parla commune à laquelle elles
sont rattachées.
Trois logiques se distinguent :
- Logique conviviale ou de partage :
Le principe de convivialité est au coeur de ces
épiceries, qu'elles soient sociales ou solidaires (cf. définition
partie I). Un espace dédié à l'accueil du public est
identifiable et permet la créat ion d'un environnement favorable pour
l'épanouissement de la personne. L'aide alimentaire est une
entrée pour l'accueil du public précaire et non une
finalité. Un réseau important de partenaires ressources est
développé.
- Logique sociale ou d'assistance :
L'accueil du public se fait essentiellement autour de l'aide
alimentaire pour un public précaire uniquement. On remarque par ailleurs
que la dénomination «sociale» pour qualifier l'épicerie
est la plus usitée. Les services rendus annexes comme les ateliers
thématiques vont être peu développés. Le
réseau de partenaires ressources sera faible ou interne à la
structure.
- Logique marchande ou « élitiste »
:
La principale spécificité de cette
logique est l'accueil mixte du public. C'est à dire que le public
précaire rencontre un public «classique». La mise en place
d'un système d'approvisionnement, basé sur le
«circuit-court», présente un intérêt pour la
création d'un nouveau circuit économique de l'aide alimentaire.
Le public précaire accueilli est parfaitement autonome, car aucun
service social n'est proposé, à l'exception de prix solidaires
pouvant être assimilés à de l'aide alimentaire. Les prix
restant élevés par rapport aux deux autres types, certains
publics ne peuvent pas en bénéficier, d'où le
caractère élitiste de ce type. Sur les alliances, les ressources
internes seront priorisées.
Tableau 3 -- Les différents types
d'épiceries sociales et solidaires
Type A
Il
|
Type B
|
Type C
|
Logique conviviale ou
de partage
|
Logique sociale
ou d'assistance
|
Logique marchande ou «
élitiste »
|
* Epicerie Solidaire d'Endoume
* Epicerie Solidaire Itinérante
Garrigues
* Epicerie Sociale L'Atelier de Mai
|
* Boutique Sociale du CASIM
* Epicerie Sociale de la Croix- Rouge
|
* Epicerie Solidaire La Courte Echelle
|
|
3. Retours des entretiens avec les professionnels
des épiceries
Dans cette sous-partie, il s'agira de faire ressortir
les mots, expressions clés issus des entretiens réalisés
avec les différents acteurs qui composent une épicerie sociale ou
solidaire. Certains n'ont pas répondu à mes demandes ou
n'étaient pas présents pour les réaliser, d'autres m'ont
répondu par téléphone mais ils ont tout de même
nourri mes réflexions.
-74-
Ces conversations menées depuis le mois de
Janvier 2014 ont permis de récolter des données
intéressantes quant au regard de différentes personnes sur
:
- les épiceries : comment elles les
qualifient, pourquoi elles existent, à quoi elles servent et comment
elles vont évoluer
- le travail social qui existe ou non et
pourquoi
- le lien avec le territoire
- les externalités qu'elles peuvent
dégager
Ces rencontres ont été d'une richesse
incroyable et ont permis à la plupart des personnes de s'exprimer avec
leurs mots et surtout leur coeur.
3.1 Vision de l'acteur de terrain : porteur de
projet, directeur ou coordinateur, salarié
L'origine du projet, une vision commune mais des constats
différents
Tous les acteurs rencontrés parlent d'un
même « constat » à l'origine du projet : des demandes
croissantes d'aide pour s'alimenter, étayées par les
professionnels du social.
Deux d'entre eux font ressortir les limites de l'offre
existante :
« L'offre de l'aide alimentaire existante ne suffit plus
»
Marie Cellier, «animatrice-responsable» de
l'épicerie solidaire d'Endoume
Sur St-Maximin, on peut formuler deux remarques : la
«pression foncière de plus en plus forte»
pousse les gens à sortir des villes pour se loger; il y a
aussi un phénomène « éloignement de la
côte avec un endettement immobilier important». Par
conséquent, « certains se retrouvent dans une
situation de quasi surendettement, ne pouvant plus se nourrir correctement
alors qu'ils sont dans une situation active avec un travail ».
On apprend que dans le
7e arrondissement de Marseille, à
Endoume, l'épicerie solidaire a entamé sa réflexion fin
2009 suite à un « recensement des demandes
effectuées â l'accueil ». La direction du Centre
social, dont fait partie l'épicerie, a organisé, lors de la
refonte de son projet social en décembre 2009, une «journée
de solidarité » avec les usagers, les bénévoles, des
professionnels et le Conseil d'Administration (CA). Une
«commission
- 75 -
épicerie-famille » a été
créée pour le montage de ce projet qui a vu le jour en
Janvier
2013.
Les personnes ressources à l'initiative de la
création du lieu diffèrent.
[
François Sandoz, responsable de
l'épicerie sur Saint Rémy de Provence
«C'est le service social de la Mairie qui, lors d'un
conseil municipal en zoog, a mis en place quatre thèmes de
réflexion dont celui de l'agriculture »
Les constats d'une pauvreté importante sur le
secteur et celui d'une agriculture locale en berne ont alors donné lieu
à la création de l'épicerie. Il précise que
« le choix de la mairie a été de
déléguer le portage de projet à une association locale
», et depuis le mois de mai 2011, l'épicerie
suit son cours.
Pour le CASIM, c'est le directeur
général qui est à l'origine de ce projet (M. UZAN). Il y a
quinze ans, des réflexions ont été menées
« car la pauvreté devenait de plus en plus
importante » souligne Clara Ghez, salariée de
l'épicerie depuis sa création.
Sur Aubagne, le service social de la Mairie a
entamé les réflexions dès 2008 « devant les
demandes d'aide alimentaire au guichet du CCAS » précise
Séverine JOFFRES, responsable de l'épicerie et conseillère
en ESF.
Concernant l'épicerie itinérante de
St-Maximin, Mathieu Galland nous explique que l'origine du projet
d'itinérance vient du fait que «le contexte
urbain devenait difficile». Il avait
déjà géré deux épiceries fixes sur l'aire
toulonnaise et il y a eu une prise de conscience commune avec le conseil
d'administration qu'un projet devait être monté
« pour toucher un plus large public sur lequel il y
avait peu de choses faites », notamment dans les
villages éloignés. Dès 2004, le projet d'une
épicerie solidaire itinérante est né pour mener
« une action de proximité dans les villages
».
Des finalités et des valeurs
nuancées
Si pour certains le projet d'une épicerie est
synonyme de «solidarité », de « partage
», «d'insertion»
et de «vivre ensemble», pour d'autres,
ce sera «dépannage»
ou encore «soutien». En effet,
lorsqu'on interroge les acteurs de terrain sur les finalités et les
valeurs défendues par une épicerie ou la leur, on
s'aperçoit qu'il y a plusieurs conceptions qui confirment les
différentes typologies existantes.
Sur St Rémy de Provence, François expose
les valeurs de l'association « La Courte Echelle» que sont : la
promotion de l'ESS, le partage de projet et propose ensuite deux
finalités : que sont le « soutien à
l'agriculture locale » et « l'accès aux fruits et
légumes pour la population locale en difficulté ».
Ce qui nous permet de constater que le projet présente un
ancrage dans le territoire.
Pour le CASIM et Clara Ghez, la principale valeur est
qu'il s'agit d'un lieu « ouvert à tous » «
qui permet de dépanner les gens quand ils en ont besoin ».
Mathieu Galland, après avoir
présenté les activités de l'association Garrigues, indique
que le projet de l'épicerie s'inscrit dans leurs activités
« d'insertion solidaire » où le
principe de co-gestion est un axe majeur. Dans un second temps, il
précise que «l'épicerie solidaire est
entièrement cogérée par des personnes souvent soutenues
auparavant» et insiste sur les valeurs de partage et de
solidarité que porte le projet de l'épicerie solidaire
itinérante par sa dimension « participative
».
Du côté d'Endoume, Marie Cellier met en
avant trois valeurs principales : « la solidarité, le
partage et le vivre ensemble qui permettent la création de lien
social». Elle précise que l'entrée est
alimentaire mais que l'épicerie regroupe trois dimensions : «un
accueil social », « une aide économique
» et « une accessibilité à l'ensemble
des activités dont les ateliers». Pour elle, le fait
d'être au sein d'un centre social et culturel permet
«d'être support d'une nouvelle action d'aide
alimentaire sur le territoire », notamment par les
«passerelles entre les différents secteurs du centre
social». Un travail de repérage est effectué au
sein de l'épicerie pour orienter les personnes entre les services. Il y
a également un «gros travail de valorisation des
compétences et savoir-faire des personnes ».
Des critères d'accès qui font
débat
M«Il n'y a pas de critères d'accès»
... «...on fait confiance aux travailleurs sociaux qui orientent les
personnes »
François Sandoz, ES de
Saint-Rémy
Dans l'épicerie du CASIM, Clara nous indique
qu'il n'y en a pas non plus mais précise tout de même que «
ce sont les assistantes sociales du CASIM qui gèrent ça
». Elle pense que le critère est le RSA mais n'ayant pas
accès à ces informations elle signale que «lâ-haut
(le siège de l'association), je ne sais pas comment ça
se passe». On comprend ainsi que les décisions sont
centralisées sur une plateforme sociale interne.
Sur les autres épiceries, on retrouve un
discours commun concernant l'existence de critères.
«Ils entrent dans une démarche dynamique
d'accompagnement de la personne »
Marie Cellier, Responsable de l'ES
d'Endoume
« Accompagnement dans la durée pour
s'acquitter d'un projet »
Mathieu Galland, Directeur de l'ES! de St
Maximin
Mais ce qui fait débat, c'est la mise en oeuvre
des critères, qui varie selon le territoire, par la présence
d'une commission d'attribution par exemple.
Marie rappelle « qu'il n'existe pas de
critères nationaux» et que les épiceries sont libres de
fixer leurs critères. Elle pense aussi que «redonner des
objectifs aux personnes par la formalisation de l'accompagnement»
permet de les remobiliser dans leur vie.
L'accueil du public, des positionnements
clairs
Si pour certains la
«convivialité» du lieu est prioritaire pour l'accueil
du public, pour d'autres, cela n'est pas indispensable pour atteindre les
objectifs.
Quand on pose la question de l'importance de
l'existence d'un lieu d'accueil hospitalier au sein des épiceries, les
réponses sont très diverses.
Ill« La convivialité est le pilier du
projet »
Mathieu Galland, Directeur de l'ES! de St
Maximin
-77-
Pour Séverine, sur Aubagne, «
l'alimentation est un outil, un support», l'accueil du public est
très important et elle souhaite mettre en avant le
«bien-être» de la personne. Pour elle, cela permet de
créer « un lien social avec l'humanité », « de
penser à autre chose » et « réviser un circuit
économique ».
A St-Maximin, « sur chaque
lieu de passage, un coin convivial est prévu pour les ateliers et autres
services» précise Mathieu Galland. Pour lui,
demander de l'aide alimentaire est « un moment de la
vie terrible », d'où la
nécessité de soigner l'accueil.
Marie rappelle qu'un des objectifs est de
«rendre le lieu le moins stigmatisant possible»
et que l'espace convivial est «
un support pour l'épicerie pour son travail social»,
« c'est un moment de détente après les
courses ou un entretien ». Elle termine sur un
propos très intéressant, en estimant proposer un
«accueil bienveillant» et non un «accueil
compatissant ».
Dans les autres structures, on ne tient pas tout
à fait le même raisonnement. Pour Clara Ghez et le CASIM,
« c'est à l'état de projet depuis
longtemps » mais pas encore en place. Seule une
salle sombre au fond de l'épicerie est prévue pour l'accueil et
les moments de détente. Clara a pourtant proposé à maintes
reprises de mettre en place ce projet d'aménagement mais précise
«je suis une simple employée », donc elle ne prend
pas part aux décisions. Du côté de St-Rémy,
François Sandoz a un discours plus tranché sur la question,
«nous ne sommes pas un lieu d'accueil»,
et rajoute que «les vendeuses
créent un cadre convivial selon leur bon vouloir».
Le responsable justifie sa position en expliquant qu'il y
a quand même «une recherche de ne pas
stigmatiser les gens qui viennent acheter». Les
salariés sont informés du projet mais ne sont pas
sensibilisés au fait qu'il y ait un public en difficulté car
«eux-mêmes sont parfois dans un cursus d'insertion », et
«il n'y a pas de distinction entre client».
Il rajoute, pour terminer, que
«la double tarification est affichée dans
l'épicerie pour informer les clients du projet dans lequel ils viennent
dépenser leur argent ».
Des alliances plus ou moins fortes
Nous l'avons vu dans les parties
précédentes, les alliances avec des partenaires peuvent
s'avérer primordiales dans un projet d'épicerie sociale et
solidaire. Mais là encore, des différences sont flagrantes dans
la manière de les développer ou non.
Pour l'épicerie solidaire d'Endoume, la mise en
place d'alliances n'a pas nécessité énormément
d'efforts étant donné que « des liens
étaient déjà tissés vu que le centre social existe
depuis 4.0 ans ».
Pour le directeur de St-Maximin, il y a deux types de
partenaires au départ: les «partenaires actions» et
les «partenaires financiers». Pour les partenaires actions,
il précise qu'a il faut que les AS s'approprient le projet et en
comprennent le sens ». Pour les partenaires financiers, la
démarche a été plus simple car « nous sommes
reconnus sur le terrain par les collectivités locales». Sur
les liens avec les pouvoirs publics, Mathieu estime que les «
activités développées par l'association répondent
aux politiques sociales du territoire » et rajoute « on est
un peu sur de la délégation de service public». Ceci
pourrait, d'après lui, montrer que des liens forts avec les pouvoirs
publics peuvent se créer facilement, car « si on arrête
tout, que deviennent tous ces gens ?» termine- t-il.
Néanmoins, pour la responsable de l'épicerie
d'Endoume, il a fallu convaincre les politiques que « ce territoire,
pourtant identifié comme privilégié, comptait cependant un
certain taux de personnes en situation précaire». Elle
précise que c'est grâce à un travail collectif, rudement
mené avec les partenaires sociaux de terrain (CAF, CCAS, MDS, etc.) que
les difficultés du territoire ont été
étayées et que cela a facilité le travail de persuasion.
Elle termine son propos en indiquant que «sans les partenaires
financeurs, le projet n'aurait pas vu le jour».
Sur Aubagne, l'épicerie développe des
partenariats, mais la directrice précise «qu'il ne faut pas
être trop ambitieux», il faut parfois rester
«petit», à «taille humaine» pour
«ne pas se perdre dans ses objecte». La responsable de
l'épicerie déclare qu'elle se limite à des alliances avec
des associations, pour des ateliers, ou avec des producteurs locaux et ajoute
que le projet « dépend de la politique de la ville
».
Pour le Directeur de l'épicerie de St Rémy,
« il y a plein de choses â faire mais on ne sait pas par
où commencer». En effet, il n'y a pas d'autres initiatives de
ce genre dans le secteur et les liens avec le CCAS se sont affaiblis. Le
«manque de temps» dit-il, ne permet pas la prise de contact
avec d'autres partenaires donc pour le moment « les seuls partenariats
sont commerciaux ».
-8o-
Une vision de l'avenir portée par les
convictions
Quelle perspective les responsables ont-ils de la
continuité du projet? Certains n'ont pas pu répondre à
cette dernière question mais d'une manière globale, tous
s'accordent sur le fait qu'ils sont plus ou moins dans
l'incertitude.
Mathieu Galland, ES de St Maximin
Ill« C'est difficile à dire car on est
dans le flou complet »
Il explique également que «
la région PACA se désengage totalement sur les
épiceries », et qu'au niveau du CUCS
«St Maximin sort du plan». Il continue en indiquant que
«le contexte n'est pas du tout sécurisé» et
qu'il va falloir «se battre» car ce sera difficile au
quotidien. Une lutte qu'il ne compte pas abandonner de sitôt car dit-il :
«il faut être sûr de nos convictions
».
Pour Marie Cellier, ce n'est pas la même
logique, elle précise que « chacun arrive avec
son parcours, certaines ES ont 15 ans d'expérience, nous seulement 18
mois ». Concernant les financements et les
réformes en cours, elle répond : «on
n'a pas les éléments de lecture pour savoir ce que seront 2014 et
2015 », « donc on développe mais... ??».
El le explique : «nous sommes dans une
période de consolidation» du fait que l'épicerie n'a
qu'un an d'ancienneté.
Le regroupement, une solution ?
La région PACA, la Fédération des
Banques Alimentaires incitent les organisations à se regrouper pour
mutualiser les moyens et faire face aux contraintes à venir.
Quand on interroge les responsables sur cette question
et sur le rôle des réseaux nationaux, voici leurs réponses
:
Pour Mathieu Galland, il faut «faire
attention », il précise : «
concernant les réseaux d'aide alimentaire, le risque c'est
qu'ils pompent les fonds destinés aux structures ».
Il poursuit en affirmant : «
Pour les regroupements, le danger c'est qu'on passe d'une
activité militante â une activité
professionnelle, sous peine d'accepter n'importe quoi ».
Le positionnement de l'association Garrigues face
à une éventuelle pression des pouvoirs publics est le suivant :
« si on veut nous faire faire autre chose, on ne le
fera pas ». Enfin, sur le rôle des
réseaux,
-$1-
pour lui il faut «être présent
dans les lieux de décisions», «
là où devraient être les réseaux
».
« Nous sommes à la croisée des
chemins d'un nouveau modèle sur le territoire »
Marie Cellier, ES d'Endoume
Selon elle, «les réseaux en France
sont sur le qui-vive». Concernant le principe du regroupement, elle
ne semble pas contre « c'est toujours
intéressant d'être dans le partage des pratiques » mais
pose la question : « qui nous donne les moyens
du regroupement?Car la mutualisation demande quand même des moyens
humains donc financiers». Elle termine en indiquant que
« les choses sont à construire car on est dans
l'innovation au quotidien ». L'avenir nous le
dira.
3.2 Perception des travailleurs
sociaux
Les deux professionnelles du social qui ont bien voulu
répondre à mes questions font partie de deux structures
différentes, la CAF et le CCAS. Elles ont un parcours professionnel
différent : Anne Haudiquet, AS de la CAF, est sur le terrain depuis de
longues années quant à Anaïs Pappalardo, CESF d'un CCAS,
elle a débuté sa carrière il y a 5 ans.
Les épiceries sociales et solidaires, une question
de territoire
Toutes les deux ont connu les épiceries
sociales et solidaires à travers la mise en place d'un projet. Anne
Haudiquet nous explique qu'elle a «travaillé sur le
15ème arrondissement de Marseille sur le montage d'un projet
d'épicerie avec l'association Voisins et Citoyens en
Méditerranée », il y a quelques années.
Anaïs Pappalardo a découvert les épiceries sociales dans la
presse, «j'avais entendu parler de ça mais je les ai connues
parla participation du CCAS» et d'autres organismes sociaux, au
projet de création de l'épicerie solidaire d'Endoume, qui existe
maintenant depuis janvier 2013.
Chacune d'entre-elles a un secteur d'action bien
défini qui comprend le 6ème et 76' arrondissement de
Marseille. Elles orientent des personnes dans le besoin vers des structures de
l'aide alimentaire et notamment les épiceries sociales et solidaires
dont celle d'Endoume. Le problème, souligne Anaïs,
«c'est que après
(Endoume), y en a pas
- 82 -
d'autres ». Elle cite tout de même
celle de la Croix-Rouge, située au boulevard Baille, mais indique :
« c'est autre chose et ils sont plus sur de l'urgence
».
Anne confirme en expliquant « qu'il n'y en a
pas d'autres comme celle d'Endoume » et que cela pose un
problème parce que le critère de territoire de l'épicerie
ne correspond pas toujours au leur. Elle développe :
«il arrive que certaines personnes de mon secteur ne
puissent pas intégrer l'épicerie d'Endoume car elles n'entrent
pas dans la zone » et elle poursuit en disant qu'il
existe un « véritable casse-tête des
territoires entre les organisations sociales, la CAF, le CG, la MDS. Chacun a
son territoire et parfois le même i ».
Un vrai partenariat social
Les deux professionnelles du social sont bien d'accord
pour plébisciter les épiceries solidaires. Pour Ana'is
« il s'agit d'un outil supplémentaire dans le
plan d'aide aux personnes » et «j'apprécie la non
stigmatisation du lieu». Anne parle
« d'enrichissement personnel»
et de «liens forts avec
l'épicerie», chose qu'elle ne retrouve pas
avec le colis alimentaire ou un autre dispositif, «il
y a plus de transparence que le colis ».
Anne Haudiquet explique que la relation dépend
aussi de la forme de l'épicerie. Dans le cas d'Endoume, «
l'épicerie gérée au sein d'un centre social sera
différente d'une épicerie solidaire ou sociale classique comme
celle d'Aubagne gérée par un CCAS ».
« Cela dépendra de trois choses : du
lieu, des personnes qui la composent et de la relation ».
Enfin pour Anaïs, la notion de partenariat
répond à trois objectifs : « économique,
alimentaire et social ».
En amont du partenariat social, un travail de
repérage du public est effectué par les équipes des
prescripteurs sociaux.
Du repérage à l'orientation
Le repérage se fait de différentes
manières suivant l'organisme auquel est rattaché le travailleur
social. Pour la CAF des Bouches-du-Rhône, Anne Haudiquet nous indique
qu'il y a deux voies possibles : « les gens appellent
d'eux-mêmes » ou bien «
c'est le service administratif de la CAF qui nous envoie les dossiers
des nouveaux percepteurs du RSA ». Concernant le
RSA, elle explique qu'ail existe un engagement réciproque avec la
personne» et en fonction du projet de la personne, si
l'épicerie peut l'aider, alors Anne
effectue une orientation mais uniquement pour
«des difficultés passagères».
Quant à son public, elle reçoit
essentiellement des jeunes femmes.
Anaïs explique qu'elle reçoit au CCAS :
« uniquement des personnes de plus de 6o ans,
retraitées » et qu'elle a pour mission
« le budget et le logement».
Le repérage s'effectue de deux façons :
« soit les personnes appellent pour déclarer une situation de
détresse soit je les rencontre dans le cadre de rendez-vous
réguliers ». Par la suite, elle effectue une évaluation
budgétaire et fait « une proposition de plan
d'aide en fonction ».
Une finalité à forte valeur
ajoutée
C'est indéniable, d'après Anaïs et
Anne les épiceries sociales et solidaires «
apportent un truc en plus ». Pour
Anaïs, il s'agit « d'un outil qui permet un
cheminement dans la vie de la personne», pour Anne
cela permet de « remettre le pied à
l'étrier...au moment où une personne trébuche, cela permet
de la faire repartir du bon pied ».
Elles précisent que les finalités sont
multiples.
Pour Anaïs : « il y a
une finalité sociale et économique car cela force la personne
à avoir une gestion budgétaire cohérente
».
Pour Anne, « cela permet de
lutter contre l'isolement, apporte du conseil, un soutien et une aide
alimentaire ». Anas rajoute que le
« concept est non stigmatisant et sans doute encore
plus dans les épiceries mixtes» et quant
à la présence ou non d'un lieu de convivialité, elles
s'accordent sur le fait que «c'est un plus»
inexistant dans les épiceries classiques qu'elles
connaissent.
La finalité la plus citée durant les
entretiens est « la création de lien
social» engendré par la présence
d'ateliers ou d'un espace convivial. Mais, comme le précise à
juste titre Anaïs : « tout ceci dépend de
la manière dont c'est fait et le parcours du porteur de projet est
important ».
Une seule personne a bien voulu me répondre. Il
s'agit de Sonia, adhérente de l'épicerie solidaire
d'Endoume.
3.3 Avis de l'usager
-84-
Elle ne connaissait pas les épiceries avant d'y
avoir été orientée suite à un «soucis de
revenus avec la CAF», « un incident de
parcours » dit-elle, datant d'il y a un peu plus
d'un an. En attendant la confirmation de son accès, Sonia a
fréquenté un autre dispositif d'aide alimentaire, le colis
d'urgence, par le biais d'une association de bienfaisance du quartier. Elle
aura donc un regard éclairé sur le sujet.
Une définition spontanée et
sincère
Avant de définir une épicerie solidaire,
Sonia réfléchit quelques secondes puis donne des
éléments intéressants : « c'est
un lieu d'accueil », « où on peut
échanger avec d'autres personnes » et
précise qu'il n'y a pas que « les
courses», « il y a le côté alimentaire
mais aussi le côté humain qui est important».
Elle résume en disant qu'il s'agit d'un lieu
où : « on peut se poser, discuter, il y a un
très bon accueil et on s'y sent bien ».
Elle continue sa définition :
« et puis il y a les ateliers »
dit-elle, « c'est important»,
« on peut prendre du temps pour nous, changer
d'air, et on y fait des rencontres ».
Une des choses les plus importantes pour elle, c'est
que le lieu devient «non stigmatisant» car
« on rencontre des personnes qui comprennent notre
situation et des personnes dans la même situation
».
Pour elle « c'est un
modèle qui devrait être fait partout»; «je trouve
ça génial » mais précise
« tant que c'est fait pour que les gens se sentent
à l'aise ».
« Pas seulement des courses »
Lorsqu'on aborde le sujet des critères
d'accès, Sonia ne semble pas parfaitement les connaître, mais a
tout de même un avis bien tranché sur la question.
L'exigence d'un projet économique, elle trouve
ça «important»,
«c'est bien d'avoir un projet».
En ce qui la concerne, son projet était de
« mettre de l'argent de côté pour la
caution de son prochain appart », Sonia était
logée auparavant par une amie.
Sur la durée d'accès, elle trouve que
«le fait que ça soit temporaire, pousse les
gens à mieux gérer leur argent » et
aussi que ça permet « un retour à la
vie réelle». Pour elle, c'est tout le sens de
l'épicerie : « il n'y a pas que les courses
», « tu ne fais pas tes courses et puis tu t'en vas
» et rajoute qu' « il y a
un véritable projet de retour â la vie ».
- 85 -
Sur le critère du « reste à vivre
», elle a également son idée sur les épiceries qui
ouvrent l'accès à ceux qui ont un RAV à zéro :
«o euro, ce n'est pas la même chose »,
« là le projet c'est de manger et rien d'autre
».
Au sujet de la mixité du public au sein des
épiceries, elle n'est pas contre : « sauf si ça se
limite aux courses». Elle trouve les exemples de St-Rémy ou de
Solid'Arles intéressants, elle irait sans doute y faire ses courses mais
trouve ça « moins humain »
car il n'y a «pas de lien, pas
de contact ».
La présence d'un espace de convivialité
est «primordial» pour
elle, « c'est un lieu de vie pour nous »
et rajoute : « même si je
suis seule, je viens et je prends mon café après ou avant les
courses », « c'est mieux que de boire un café
dehors où tu vois personne, seulement passer les voitures ».
Les occasions de rencontre avec les autres
adhérents sont régulières, «c'est un lieu pour
ça» et précise aussi que l'équipe de
l'épicerie «est disponible », «
prend le temps avec nous ». Sur ce dernier
point, elle insiste aussi sur le fait que cela dépend beaucoup
«du parcours des personnes».
Pour elle, ce serait «super
différent» avec un professionnel du social à la caisse
ou dans les ateliers; elle explique qu'a il y a une barrière avec un
professionnel ». «le ne peux pas tout dire comme je le fais avec
Begona, qui n'est pas assistante sociale».
Un avenir« compliqué »
Après quelques secondes de réflexion, elle
explique que se projeter dans l'avenir : 111 « C'est compliqué
car de plus en plus de personnes sont dans le besoin »
Sonia, adhérente ES d'Endoume
Elle indique également «il ne faudrait
pas qu'il y ait trop de monde non plus dans les épiceries car cela
deviendrait trop compliqué de tout gérer». Concernant
l'évolution des épiceries et des différents
modèles, pour elle, «il faut que les choses restent telles
quelles », « chacun a son rôle »
car « chaque projet a son
objectif».
Un passage favorable
« Ca m'a apporté beaucoup dans ma vie
»...« si il n'y avait pas eu l'épicerie, je
n'aurais pas découvert le centre social pour mon fils »...«je
n'aurais pas rencontré tous ces gens »...«je
- 86 -
ne serais jamais devenue bénévole ».
« L'alimentaire m'a vraiment dépanné et j'ai pu mettre de
l'argent de côté »...«j'ai tout rempli mes objecte
».
Ces entretiens, tous très riches, abordent le
sujet de l'alimentation et de la manière de le faire. Mais s'alimenter
peut avoir plusieurs approches en fonction des origines, des rythmes et autres
traits de chacun.
4. Discussion autour de
l'alimentation
Nous pouvons élargir notre réflexion sur la
façon de s'alimenter.
Pour rappel, les épiceries sociales et
solidaires ont pour but d'aider les personnes à se nourrir à leur
faim, mais aussi, celui de leur redonner ou conserver le plaisir de manger. Il
s'agit alors de recréer du lien social par l'alimentation. Cela peut
paraître utopiste, déconnecté de toute
réalité, mais il semble essentiel de nos jours de redonner leur
valeur aux moments conviviaux comme les repas.
Dans un monde où, la plupart du temps, on mange
« sur le pouce », « en vitesse » pour repartir travailler,
repenser l'approche que l'on a de l'alimentation peut être une solution
à d'autres problèmes connexes dont celui de
l'isolement.
On constate d'ailleurs, depuis quelques années,
l'accroissement de multiples initiatives de consommat ions alternat ives ou
« responsables » sous différentes formes.
66
Le mouvement « Slow-food » peut être
cité. Apparu en Italie dans les années 8o pour contrer les
«fast-foods », il fait de plus en plus d'adeptes en France mais aussi
dans le monde (15o pays). Il ne consiste pas seulement à manger plus
« lentement » en bonne compagnie, de bons plats, mais
« envisage un monde où chacun puisse avoir
accès à une nourriture bonne pour lui, pour ceux
qui la produisent, et pour la planète ».
67
Le projet « Disco-Soupe » est
également une alternative intéressante dans la mesure où
il réunit des citoyens d'un lieu donné, autour de la
préparation et la consommation d'une
66
http://www.slowfood.fr/
67
http://discosoupe.org/lemouvement/
soupe réalisée à partir de
légumes revalorisés (fin de marchés, fruits et
légumes abîmés, etc.) sans échange
d'argent.
Enfin, les ateliers cuisine, réalisés
dans les épiceries, peuvent également permettre de redonner
à l'individu le goût de préparer les repas, de cuisiner des
produits simples, de découvrir de nouveaux produits et de mettre en
pratique des conseils diététiques.
-88-
Ce travail nous a conduits également à
examiner l'aide alimentaire telle qu'elle est en 2014 pour que le lecteur ait
une meilleure connaissance de la réalité des choses. Il
existe
CONCLUSION
Sur la base des travaux de recherches exposés,
il apparaît qu'il existe une typologie des ES sur le territoire des
Bouches-du-Rhône et à proximité. Soulignons que des
modèles ont tendance à aller vers une finalité marchande
au détriment du social.
À l'origine, l'aide alimentaire a toujours
constitué une aide sociale envers une population
défavorisée, « pauvre ». Après des mutations
naturelles et institutionnelles, cette aide empirique a évolué
avec le temps et s'est transformée. Elle a permis de nourrir des
milliards de personnes à travers le monde et continue en 2014 d'aider
plus de 800 000 personnes par an en France. Cependant, on observe que l'aide
alimentaire pourrait également devenir un « commerce », un
« système d'échange ».
L'étude menée a permis de montrer qu'il
existe différents types d'épiceries, définies par leur
finalité : conviviale, sociale ou marchande. Elles ont des
points de similitude : le projet de l'aide alimentaire et l'accueil du public.
Mais elles ont également des points de divergence, sur la manière
d'organiser l'accueil du public et leur production. Le « modèle
économique », les différencie également.
Nous avons ainsi pu dégager le modèle
d'épicerie sociale ou solidaire qui oriente son projet vers une
finalité marchande. C'est le cas de l'épicerie de type C. Cette
épicerie est motivée par un projet basé sur la vente de
produits issus de la production locale intégrant une aide alimentaire.
Les conclusions des recherches ont montré que cela ne constitue pas une
dérive. Il s'agit d'un modèle innovant s'appuyant sur un circuit
alternatif à celui de l'aide alimentaire classique, le «
circuit-court ».
Au cours de cette étude, nous nous sommes
intéressés dans un premier temps à l'évolution de
l'aide alimentaire à travers les siècles et ces variations au
cours des périodes historiques. Nous avons réfléchi sur la
notion de « pauvreté » de manière à faire
ressortir une perception globale du terme et non une vision minimaliste
basée uniquement sur l'aspect pécuniaire de la
pauvreté.
des réalités sociales et
économiques que nous vivons tous au quotidien, cependant un sondage
réalisé dans le cadre de mon entourage fait ressortir que
:
· 58 % des personnes n'ont jamais entendu parler du
PEAD ou PNAA
· 88% approuvent l'utilité d'une aide
alimentaire envers les populations les plus démunies.
À l'heure actuelle, il semblerait donc que peu
de personnes s'informent spontanément sur l'aide alimentaire et que les
initiatives en ce domaine ne prennent leur réalité que si elles
sont relayées par les médias. On pourrait citer un
évènement très médiatisé qui met en
lumière chaque année, un des outils de l'aide alimentaire, celui
des « Restos du coeur» par le biais du concert caritatif des «
Enfoirés ».
Est-ce vraiment représentatif de tout ce qui
est fait sur le terrain? N'y-a-t-il pas là une hiérarchisation
des associations caritatives? Voire une marchandisation de l'aide alimentaire
à des fins commerciales ? Si on peut difficilement remettre en cause les
motivations «militantes» de Coluche, en son temps, qu'en est-il des
motivations des artistes sur scène en 2014? II pourrait alors s'agir
d'une dérive de l'aide alimentaire.
Le fonctionnement et l'organisation des
épiceries a été décortiqué pour permettre
une meilleure connaissance et sensibilisation de ces épiceries «
pas comme les autres ». Lors de l'enquête exploratoire, j'ai pu me
rendre compte que le grand public connaissait mal les épiceries, puisque
selon ce sondage :
· 64 % des personnes interrogées ne
connaissaient pas du tout les ES
· 24 % d'entre-elles ont eu connaissance des
épiceries parla presse,
· 45 % l'entourage étant la première
source d'information.
De nos jours, il est nécessaire de se connecter
sur Internet ou d'aller sur des forums pour découvrir des initiatives
locales oeuvrant également dans ce secteur. La médiatisation de
l'aide alimentaire ne devrait pourtant pas se limiter aux «
Enfoirés», une fois l'an. Il serait intéressant et
d'intérêt général de promouvoir largement des
initiatives qui luttent contre le gaspillage alimentaire et qui permettent de
nourrir des milliers de personnes gratuitement au quotidien.
-91-
Le mouvement « Disco-soupe », déjà
cité, est né en 2012 en France. Ce «
mouvement solidaire etfestif» a pour but de sensibiliser la
population au gaspillage alimentaire parla mise en place d'un
événement éphémère sur des marchés.
Les passants sont invités par exemple, à venir préparer
une soupe avec les bénévoles, qui sera ensuite distribuée
gratuitement. Les denrées proviennent de deux sources : du «
glanage », récupération des produits invendus et/ou
abîmés d'une exploitation agricole ou issus des grandes surfaces.
On peut lire ainsi sur leur page d'accueil : « 180 Disco Soupe ont
été organisées entre janvier et juin 2014 dans 86 villes
et io pays différents, soit 25 000 kilos de fruits et
légumes sauvés de la poubelle et 3o 000 repas servis ! Bilan des
6 premiers mois de l'année ».
68
Autre initiative, les GASE , sont actuellement en plein
développement en France et notamment en Bretagne où la
Région finance les projets depuis 2009. Ces groupements
sont basés sur le principe du circuit-court et fonctionnent en
autogestion avec des bénévoles et adhérents. L'idée
est de donner l'accès à des produits bio, locaux et
équitables, aux personnes à revenu modeste.
69
En Finlande , autre exemple certes beaucoup plus marginal,
dans une banlieue résidentielle d'Helsinki, le partage de la nourriture
est organisé entre voisins. Dans un local d'immeuble
aménagé en «garde-manger», chacun peut mettre à
disposition des produits à DLC ou DLUO arrivant à expiration ou
autres et laisser une marque de son passage sur un registre. Une page «
Facebook » permet de mettre les stocks à jour. Au-delà de la
lutte contre le gaspillage, cela crée du lien social par cet
échange profitable et encourage une consommation responsable.
Évolutions et questionnements
Quelles évolutions possibles pour les épiceries
sociales et solidaires?
Dans ce travail, nous avons examiné les
différents outils de l'aide alimentaire et notamment le PEAD (1985-2013)
qui est remplacé depuis début 2014 par le FEAD. Le principe de
gratuité des denrées alimentaires distribuées en
épiceries sociales et
68
Groupe d'Achat Service Epicerie,
http://www.aboneobio.com/blog/post/2oî3/11/13/Le-GASE-Groupement-dAchat-Service-Epicerie
69
http://www.zominutes.fr/monde/finla
ndeho97463-f inlande-contre-gaspillage-immeuble-partage-nourriture
-g2-
solidaires est désormais acquis. Il s'agit d'un
véritable changement d'orientation de la part des parlementaires
européens qui peut être source de questionnement.
Que vont devenir les épiceries sociales et
solidaires si elles ne peuvent plus demander une participation
financière, si symbolique soit-elle, à ses «clients»
?
Cette question interpelle aujourd'hui les
employés des épiceries de type A et B, reposant sur le
système basique de l'aide alimentaire. Bien que les réseaux
nationaux aient lancé une pétition nationale contre ce nouveau
plan pour tenter de conserver leur spécificité, le Parlement
européen n'a pas fléchi (amendement de février 2014) et
elles doivent désormais s'adapter ou innover pour poursuivre leur act
ion.
Cette réflexion peut faire penser que les
épiceries de type C sont en partie dans
70
l'innovation sociale , parce qu'elles apportent des
«réponses nouvelles â des besoins
sociaux nouveaux ou mal satisfaits dans les conditions
actuelles du marché et des politiques sociales». Le
manque d'implication et de collaboration de leurs clients apporte un
bémol à cette notion d'innovation sociale. En effet, dans la
notion d'IS, le processus participatif (co-production, co-construct ion,...)
est déterminant.
On pourrait préconiser aux ES souhaitant faire
évoluer leur projet, de faire évaluer leur niveau d'innovation
sociale, parla CRESS PACA par exemple, qui a mis au point une
grille
71
en collaboration avec le LEST-CNRS .
Cette étude fait émerger une autre
préconisation, celle du regroupement. On entend par regroupement, la
constitution d'un collectif et non une fusion ou absorption comme on peut le
constater parfois. Il est actuellement encouragé par les Banques
Alimentaires, chaque épicerie conserve son projet mais partage ses
expériences pour aider les autres structures à se
développer. Il s'agit également d'un outil où la
motivation peut-être politique : agir à plusieurs face aux
élus peut s'avérer déterminant dans certaines
situations.
70
Définition de l'innovation par l'AVISE :
http://www.avise.org/decouvrir/innovation-sociale/de-quoi-parle-t
71
http://www.cresspaca.org/ess-enjeux-innovat
ions.html
On se rend compte qu'il existe de multiples
«groupements» d'épiceries sociales et solidaires via Internet
tels que le GESRA (Rhône-alpes), GALISOL (Nord) ou encore le GESMIP
(Midi-Pyrénées) dont les principaux objectifs sont la
solidarité et la mutualisation. On peut se demander pourquoi aucun
regroupement n'a encore été initié en PACA.
Les collectivités locales et territoriales sont
amenées à réduire leurs budgets et les politiques sociales
ne vont pas toujours dans le bon sens. L'existence d'un groupement pourrait
jouer le rôle de « lobbyiste » lors de réunions majeures
où se prennent les décisions.
Dans la situation actuelle, les réseaux
nationaux (BA et ANDES) ne montrent-ils pas leur limite au niveau local
?
Dans l'histoire de l'aide alimentaire, nous avons vu
qu'à chaque crise économique correspondant à une
période historique, les organisations caritatives ont toujours fait
preuve d'innovation pour parer aux contraintes qui se présentaient
à elles. On peut penser qu'elles continueront à
s'adapter.
En 2014, les chiffres du chômage atteignent des
sommets, la pauvreté continue de toucher des classes sociales diverses
et variées, l'accès à l'alimentation devient de plus en
plus difficile à cause des prix élevés des produits de
première nécessité. De plus l'organisation de l'aide
alimentaire semble devenir complexe et inadaptée.
Alors, plusieurs questions peuvent se poser :
Les épiceries sociales et solidaires vont-elles
rester ancrées dans leur rôle « d'assistance alimentaire
» ou au contraire s'ouvrir à un plus large public ?
Le fait qu'il n'y ait plus de personnalité
charismatique médiatisée pour porter l'aide alimentaire ne
risque-t-il pas de représenter un frein pour son évolution
?
Enfin, faut-il continuer de produire toujours plus ou
simplement mieux produire pour mieux consommer?
Bibliographie
Livres, ouvrages, notes
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adhérentes à l'ANDES sur le FEAD
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Gallimard
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lage-immeuble-partage-nourriture
Table des matières
Remerciements
SOMMAIRE
|
|
7
11
|
Table des sigles et abréviations
|
|
12
|
INTRODUCTION
|
|
1
|
Une aide alimentaire qui s'est considérablement
développée pour faire face aux
crises
|
1
|
|
L'influence de militants dans le développement de
l'aide alimentaire
|
2
|
|
Les enjeux du développement de l'aide alimentaire
|
3
|
|
Une transformation de l'aide alimentaire
|
4
|
|
Un modèle remis en question par la
régulation européenne
|
4
|
|
METHODE DE RECHERCHE ET D'ANALYSE
|
|
6
|
1. Méthode de travail
|
6
|
|
|
Étude des documents spécialisés et de la
littérature sur les épiceries 6
Une observation participante 6
Etude comparative de 5 autres épiceries sociales et
solidaires 7
Construction de la grille d'analyse 9
2. Outils d'enquête 9
· Avec qui s'entretenir? Et pourquoi ? 9
· Questionnaire exploratoire 10
I. Genèse, contexte et évolution de
l'aide alimentaire 11
1. Repères historiques et évolution des
mentalités face à la pauvreté 11
1.1 La pauvreté, une vision relative et
abstraite 12
1.2 L'alimentaire comme variable d'ajustement
14
1.3 Le rôle de substitution du monde associatif dans
l'aide alimentaire 17
1.4 Une économie plus solidaire pour une aide
alimentaire plus efficace 18
2. Evolution de l'aide alimentaire : une aide alimentaire
institutionnalisée
2.1 La Fédération des Banques
Alimentaires
2.2 L'ANDES
|
19
20
|
19
|
2.3 Une institutionnalisation impulsée par des militants
|
22
|
|
3. Les évolutions du contexte européen : un
nouveau programme de l'aide
alimentaire
|
|
23
|
3.1 Un nouveau programme qui fait débat
|
23
|
|
3.2 L'émergence de dérives économiques
|
24
|
|
4. En 2014 : une aide alimentaire qui montre ses limites
|
|
26
|
5. Développement des épiceries sociales et
solidaires
|
|
27
|
Il.
5.1 Tentative de définition d'une épicerie sociale
et épicerie solidaire
5.2 Contexte et développement des épiceries
sociales et solidaires
Cadrage théorique et fonctionnement des
épiceries sociales et solidaires
1. Cadrage théorique des épiceries
sociales et solidaires
1.1 Les épiceries : des organisations économiques
aux multiples dimensions
1.2 La dimension de l'entrepreneuriat social
2. Fonctionnement et organisation des épiceries
sociales et solidaires
2.1 Une mixité des ressources
2.2 Les richesses humaines : la coexistence de
salariés et bénévoles aux tâches
multiples
|
|
28 3o
33
33
35
36
36
38
|
2.2.1 «Au-delà de
l'épicier», des métiers multiples
|
38
|
|
2.2.2 Des salariés aux parcours
professionnels atypiques
|
40
|
|
2.2.3 Le bénévole, une dynamique indispensable
|
41
|
|
2.3 Une organisation du travail et des horaires très
hétérogènes
|
|
42
|
2.4 Horaires et accueil du public
|
|
43
|
2.5 La fixation du prix ou de la « part icipat ion solidaire
»
|
|
44
|
La santé à tout « prix »
|
45
|
|
2.6 Approvisionnement : une multitude de solutions alternatives
46
2.7 La production des épiceries, une source de «
bénéfices collectifs » 5o
3. Le public des épiceries : différents
profils et modes d'accès 52
3.1 Analyse des modalités de chacune des approches
d'accueil 52
3.2 Les deux approches 54
3.2.1 Approche d'accueil orienté vers un public
précaire 54
3.2.2 Approche public mixte 56
Ill. Présentation de la grille d'analyse
58
IV. Présentation des résultats des
recherches à partir des entretiens et observations 62
1. Les différents types d'épiceries
sociales et solidaires
1.1 Epicerie de type A -- Logique « conviviale » ou
« de partage »
1.2 Les épiceries de type B -- Logique
sociale
|
62
66
|
62
|
1.3 Les épiceries de type C -- Logique marchande ou
«élitiste»
|
69
|
|
2. Synthèse des types
|
|
72
|
3. Retours des entretiens avec les professionnels des
épiceries
|
|
73
|
3.1 Vision de l'acteur de terrain : porteur de projet, directeur
ou coordinateur,
salarié
|
74
|
|
3.2 Percept ion des travailleurs sociaux
|
81
|
|
3.3 Avis de l'usager
|
83
|
|
4. Discussion autour de l'al imentat ion
|
|
86
|
CONCLUSION
|
|
89
|
Bibliographie
|
|
94
|
Table des matières
|
|
99
|
Liste des Tableaux et Schémas
|
|
102
|
Table des annexes
|
|
103
|
Liste des Tableaux et Schémas
Tableau 1: Evolution des formes d'aide alimentaire
à travers la vision de la pauvreté
p. 16
|
|
Image 1: Carte des ES adhérentes du réseau
ANDES
|
p. 31
|
Schéma 1: Schéma générique
d'une épicerie sociale ou solidaire
|
P. 57
|
Tableau 2 : Grille d'analyse d'une épicerie
|
p. 61
|
Tableau 3 : Les différents types d'épicerie
sociale et solidaire
|
P. 73
|
Table des annexes
Annexe 1: Suivi visites et entretiens
Annexe 2 : Grille d'entretien adhérent
Annexe 3 : Grille d'entretien travailleur social
Annexe 4 : Grille d'entretien porteur de projet
Annexe 5 : Extrait d'un avis de marché public
d'aide alimentaire
Annexe 6 : Extrait d'un avis de marché public
d'aide alimentaire
Annexe 7 : Charte de l'ANDES
Annexe 8 à 13 : Schémas des
différentes épiceries
Annexe i
Suivi visites terrain - MÉMOIRE Master II RH ESS- 2013
/2014 - Mathieu GROS
Nom Epicerie ou organisme
|
Asso/ CCAS
|
Adresse
|
Commune
|
Contact ou responsable
|
Mail
|
Téléphone
|
Date d'entretien ou de visite
|
|
|
|
|
|
|
|
|
to Courte Echelie
|
Asso
|
176, route de mailla ne
|
St Remy (13)
|
François Sand oz
|
|
04 13 3983 10
|
29/01/2014 Et le 07/07/14
|
Garrigues
|
Asso
|
164 traverse Saint Jean
|
St Maximin (83(
|
Mathieu Galand
|
osso.garrigues@free.fr
|
0494599563
|
10/07/14
|
La Boutique Sociale (CASIM)
|
Asso
|
36, rue roger brun
|
Marseille Sème
|
Clara Guez
|
|
0491259345
|
07/07/20149h30
|
L'atelier de Mai
|
CCAS
|
avenue joseph Lafond
|
Aubagne (13(
|
Severine Rimes
|
|
0442181708
|
06/02/201413830
|
Croix-Rouge Baille
|
Association
|
boulevard Raille
|
Marseille Sème
|
Laurence
|
|
04 91 71 94 20
|
Pas de réponse
|
Arme Llrudiquet
|
CAF
|
Epicene Endoume
|
|
|
|
|
29/06/14
|
guais Pappalardo
|
CCAS
|
Epicerie Endoume
|
|
|
|
|
02/07/14
|
cars Tourves
|
CCAS
|
|
|
|
|
494729301
|
refus
|
cars St Remy provence
|
CCAS
|
|
|
|
|
|
pas de retour
|
Sorrio
|
Adhérente
|
Epicerie Endoume
|
|
|
|
|
1S/07/14
|
Annexe 2
Grille d'entretien en direction des adhérents,
clients
Caractéristique du modèle
générique d'une épicerie :
Comment avez-vous pris connaissance de l'existence des
épiceries solidaires ou sociales?
Avez-vous déjà été dans d'autres
épiceries ?
Comment avez-vous été orienté ? Par qui ?
Pourriez-vous définir ce qu'est une épicerie
sociale ou solidaire ? Et pourquoi ?
D'après vous, quelles sont les finalités/objectifs
d'une épicerie solidaire ou sociale ?
Caractères communs et/ ou distinctifs des
différentes épiceries solidaires :
Publics et accès
D'après vous, quel type de public peut accéder
à une épicerie solidaire ?
Que pensez-vous du ou des critères d'accès ?
Saviez-vous qu'il existe des épiceries qui accueillent un
public mixte (clients et adhérents) ? Qu'en pensez-vous ?
Que pensez-vous de la durée d'accès à une
épicerie solidaire ? Pourquoi ? Accompagnement
social
Que pensez vous des épiceries qui proposent un espace
d'accueil convivial (café, journaux, etc.) ? Pourquoi ?
Que pensez-vous de la présence ou non des ateliers
thématiques? Quels bénéfices en tirez-vous?
Quel regard portez-vous sur le travail d'accompagnement social
d'une épicerie (entretien d'accès, entretien de sortie, fiche de
suivi, etc.)? N'est-ce pas similaire au travail d'une assistante social ou CESF
?
Richesses humaines
Pensez-vous que l'équipe de salarié est suffisante
?
Avez déjà rencontré des
bénévoles de l'épicerie ?
Souhaiteriez-vous également devenir
bénévole voir salarié d'une épicerie ?
Financement et modèle
économique
Savez-vous comment sont fixés les tarifs
appliqués en épicerie solidaire ?
Qu'en pensez --vous ?
Produits
Que pensez-vous de la diversité des produits disponible
en épicerie solidaire (fruits et légumes,
produits frais, etc.) ?
Et de la qualité des produits?
Avez-vous connaissance du circuit de distribut ion de ces
produits ?
Que pensez-vous des produits issus de l'aide alimentaire en
France ?
Territoire et synergie
Savez-vous avec quels partenaires travaille une
épicerie ?
Les avez-vous déjà rencontrés sur
l'épicerie ? Comment ?
Grille d'entretien en direct ion des travail leurs
sociaux
Caractéristique du modèle
générique d'une épicerie :
Comment avez-vous pris connaissance de l'existence des
épiceries solidaires ou sociales?
Travaillez-vous avec plusieurs épiceries ?
En quoi consiste la relation avec une épicerie ?
Comment s'effectue le repérage des personnes et son
orientation ?
Pourriez-vous définir ce qu'est une épicerie
sociale ou solidaire ? Et pourquoi ?
D'après vous, quelles sont les finalités d'une
épicerie solidaire ou sociale ?
Caractères communs et/ ou distinct ifs des
différentes épiceries solidaires :
Publics et accès
Quel type de public orientez-vous dans les épiceries ?
Existe-t-il des critères d'accès spécifiques
pour chaque épicerie ? si oui, sous quelles formes ?
Pensez-vous que le critère du « reste à vivre
» soit suffisant?
Que pensez-vous de la présence ou non de commission
d'accès?
Que pensez-vous des épiceries qui accueillent un public
mixte (clients et adhérents) ?
Que pensez-vous de la durée d'accès à une
épicerie solidaire ? Pourquoi ?
Accompagnement social
Que pensez-vous des épiceries qui proposent un espace
d'accueil convivial (café, journaux, etc.)? Pourquoi ?
Avez-vous connaissance des ateliers thématiques
proposés par certaines épiceries? si oui, qu'en pensez-vous ?
Quel regard portez-vous sur le travail d'accompagnement social
d'une épicerie (entretien d'accès, entretien de sortie, fiche de
suivi, etc.) ? N'est-ce pas concurrent à votre travail d'assistante
social ou CESF ?
Richesses humaines
Comment jugez-vous les conditions de travail des salariés
des épiceries (horaires, lieu de travail) ?
Financement et modèle
économique
Savez-vous comment sont fixés les tarifs appliqués
en épicerie solidaire ? Qu'en pensez --vous ?
Produits
Que pensez-vous de la diversité des produits disponible en
épicerie solidaire (fruits et légumes, produits frais, etc.) ?
Avez-vous connaissance du circuit de distribut ion de ces
produits ? Que pensez-vous des produits issus de l'aide alimentaire en France ?
Territoire et synergie
Avez-vous des liens avec les autres principaux
partenaires/prescripteurs qui soumettent ou envoient des adhérents?
Quelles modalités de partenariat avez-vous avec les
épiceries avec qui vous travaillez ?
Grille d'entretien en direction des épiceries
sociales et solidaires
Caractéristique du modèle
générique d'une épicerie :
Qui est à l'origine du projet?
Pour quelle raison ce projet a-t-il été mis en
place ?
Comment avez-vous pris conscience des besoins du territoire
?
Quel les sont les finalités visées par votre
structure ?
Quelles valeurs défendez-vous ?
Quels sont les partenariats qui ont permis de faire aboutir le
projet?
Pensez-vous que vous être une épicerie sociale ou
solidaire ? Et pourquoi ?
Caractères communs et/ ou distinctifs des
différentes épiceries solidaires :
Publics et accès
Pour quel type de public votre épicerie a-t-elle
été créée à l'origine ?
Quel type de public est accueilli aujourd'hui ?
Quelle répartition y a-t-il dans le type de revenus
(rsa, chômage, etc.) ?
Avez-vous mis en place des critères d'accès
à l'épicerie ? si oui lesquels ? Comment procédez-vous
?
Accompagnement social
Avez-vous mis en place un espace ou lieu d'accueil convivial
(table, chaises, café ou thé, journaux, jouets,
etc.) ?
Proposez-vous des ateliers thématiques aux
adhérents ? si oui, lesquels et à quel rythme ?
Avez-vous un espace d'information social au sein de
l'épicerie (documentations, affiches, etc.)?
Avez-vous mis en place des outils de suivi (fiche
d'adhérent, entretien, etc.)? si oui, lesquels et à quelle
fréquence ?
Richesses humaines
Combien de salariés travaillent au sein de
l'épicerie (plein temps ou temps partiel) ?
Combien de bénévoles aident au
développement du projet ?
Dans quelles conditions s'opère le travail au quotidien
? Horaires, lieu de travail, salaire ?
Financement et modèle
économique
Quels sont les liens entretenus avec les partenaires
institutionnels (associations, collectivités locales et
territoriales) ?
Quel est le pourcentage des fonds publics dans le budget de
votre épicerie ?
Comment est financé le reste du budget ? Quel les
modalités sont mise en place ?
Quel est votre budget annuel ?
Pratiquez-vous des tarifs différenciés selon des
critères ? si oui, lesquels ?
Avez-vous des partenariats financiers avec les agriculteurs
locaux, ou autres fournisseurs?
Avez-vous des activités complémentaires
développés ? des services ?
Produits
Quels sont les types de produits vendus au sein de
l'épicerie ?
Quelle est la provenance des produits (agriculteurs locaux,
banque alimentaire, autres)? et dans quelle
proportion ?
Instaurez-vous une limitation dans la quantité
disponible pour chaque adhérent?
Territoire et synergie
Quel est le territoire sur lequel est développée
l'épicerie ? Pourquoi ?
Quel a été votre plan de communication pour vous
faire connaitre ?
Quels sont les principaux partenaires/prescripteurs qui vous
soumettent ou envoient des adhérents?
Quels sont vos principaux partenaires opérationnels,
avec qui vous menez des actions ?
Quel les modalités de partenariat avez-vous avec vos
fournisseurs et partenaires ?
Annexe 5
|
BOAM Pfr
|
..wt.. Amin, . h.,nr, e rutruuuQur
7LARLAJ513
|
Bulletin officiel des annonce des rnarchOs
publics
SA PAULDISC:HAMP ZA de la Vemede, F--63530
Sayat_ VA) Informations sur le montant dry marché
V.5) Le marche est susceptible d'âtre
sous-traité : Lat aa° : 165
Intitulé .- En contrepartie de
7072:394 tonnes d'orge d'intervention stockées ea France_
fourniture de gateau de semoule nappage caramel_
V.1) Date d'attribution du marche = 22 mars
2011
V.2) Nombre d'ogres reçues :
4
V_3) Nom et adresse de d ôperateur
économique err faveur duquel une decision d'attribution du marche a
été. prise
SA PAULDISCHAMP, ZA de la Veruede, F-,63530
Sayat_
V_4) Informations sur le montant dry marche
V.5) Le marche est susceptible d'âtre sons-traité : Lat
h°: 105
Intitulé : En contrepartie de 3462,252
tannes d'orge d'intervention r oc rées en France. fourniture de farine
type 65.
V.1) Date d'attribution du njar.rhe
: 22 mars 2011
V.2) Nom bre d'offres reçues :
4
V3) Nom et adresse de l'opérateur
économique en faveur duquel rare decision d'attribution dry
marché a été prise :
SFRC_. 220_ chemin Saint Jean du Disert_ F-.13012
Marseille_ V.4) Informations saur le montant du marche :
V.5) Le marche est susceptible d'âtre
sons-(raite :
Lat u°:111
IMtifr~2é : En contrepartie de 30843.695 tonnes
d'orge d'inten-entian stockées en France. faura.iture
Annexe 6
M
lido. · Épürl
· Fryryrn4/ B A m
REeueuire FwAnçm de
|
Pfr
|
Bulletin officiel des annonces des marchés publics
V.1) Date d'attribution du marché : 12 juillet
2012
V.2) Informations sur les offres : Nombre d'offres
reçues : 6
V.3) Nom et adresse de l'opérateur économique
auquel le marché a été attribué : CELTIGEL, ZA
des 4 voies
B.P 23 - PLELO, F-,22170 Châtelaudren.
V.4)
Informations sur le montant du marché : Estimation
initiale du montant du marché :
Valeur : 349 114,00 EUR. hors TVA.
V.5) Informations sur la sous-traitance : Lot n° :
336
Intitulé : Ratatouille
V.1) Date d'attribution du marché : 18 juillet
2012
V.2) Informations sur les offres : Nombre d'offres
reçues : 4
V.3) Nom et adresse de l'opérateur
économique auquel le marché a été attribué
:
Société Française des Riz de Choix (SFRC),
220, chemin saint jean du désert, F-,13012 Marseille.
V.4) Informations sur le montant du marché :
Estimation initiale du montant du marché :
Valeur : 1 061 608,97 EUR. hors TVA.
V.5) Informations sur la sous-traitance : Lot n° :
337
Intitulé : Riz long étuvé
page 21
Annexe 7
111
Charte du réseau national des épiceries
sociales et solidaires A ·N ·D ·E.S.
Missions de l'association nationale
|
|
Missions de l'épicerie
sociale/solidaire
|
|
|
Créée en avril 2000, l'A.N.D.E.S. est le
réseau national des épiceries sociales et solidaires. Sa mission
est de favoriser l'accessibilité d'une alimentation diversifiée
et de qualité, et de promouvoir l'accès au droit commun des
personnes en situation de difficulté financière. L'association
soutient le développement des épiceries sociales et solidaires et
leur implantation durable.
Ellefavorise une dynamique collective et les échanges
au sein du réseau.
Principes de fonctionnement
Art. 1 Liberté de choix
L'épicerie sociale/solidaire se présente comme
une épicerie classique: les produits y sont proposés en
libre-service. Les adhérents sont des clients autonomes e1 responsables
qui font leurs courses librement. Les bénévoles e1
salariés restent disponibles à la demande des
adhérents,
Art. 2 Diversité des produits
Afin de répondre aux besoins alimentaires des
adhérents, l'épicerie propose une gamme diversifiée de
produits de qualité, répartis dans 7 grandes catégories
alimentaires fruits e1 légumes, féculents, produits laitiers,
viande/poisson/veuf, matières grasses, boissons, produits
sucrés,
L'épicerie veille à proposer des produits
frais.
Elle propose également des produits d'hygiène e1
d'entretien de la maison,
Idéalement, elle dispose au minimum de 100
références de produits.
Art. 3 Accès à l'épicerie
sociale/solidaire
Les adhérents de l'épicerie sont des personnes
rencontrant des difficultés budgétaires diverses.
Ils accèdent à l'épicerie pour une
durée déterminée
· en fonction de critères financiers,
· en s'engageant dans un projet personnel.
L'accès à l'épicerie est validé par
une commission d'attribution. Pour éviter les préjugés,
les situations sociales sont soumises anonymement lors de cette commission.
Art. 4 Participation financière
Chaque adhérent se voit attribuer un montant d'achats
en fonction de la composition de son foyer et s'acquitte d'une participation
financière inférieure ou égale à 30% de la valeur
marchande des produits.
Art 5 Confidentialité
Le respect de la dignité des personnes, la
confidentialité, la bienveillance et le non jugement sont des
règles incontournables. Les salariés et bénévoles
s'engagent à ne pas divulguer des informations confidentielles et
personnelles sur les adhérents.
CHARTE ADOPTÉE LORS DLI CONSEIL D'ADMINISTRATION Du
31/03/2012
La mission de l'épicerie sociale/solidaire est de
contribuer à l'insertion durable des personnes en situation de
difficulté financière e1 de faciliter leur accès au droit
commun.
Elle propose une aide alimentaire participative et de
qualité, respectueuse de la liberté de choix et de la
dignité de l'Homme.
C'est un lieu de sociabilité, d'écoute et de
partage, qui valorise les compétences e1 les savoir-faire des personnes
accueillies e1 contribue à restaurer la confiance e1 l'estime de soi.
Tous les membres de l'épicerie veillent au respect des
principes de fonctionnement énoncés dans la charte. Ils
s'engagent à tout mettre en oeuvre pour atteindre les objectifs de la
charte et à rendre compte annuellement de son application.
Les utilisateurs des épiceries adhèrent au
projet et à la charte ; de ce fait, ils sont désignés ici
par le terme adhérents v.
Art. 6 Accueil, convivialité, lien
social
L'épicerie sociale/solidaire est, par
définition, un lieu chaleureux, facilitant la création de
liens,
La file active de l'épicerie doit être
maîtrisée pour permettre l'accueil individualisé et les
échanges avec chaque adhérent L'épicerie propose un espace
de convivialité où adhérents, bénévoles,
salariés et travailleurs sociaux peuvent se retrouver, échanger,
s'informer et tisser des liens.
Art. 7 Égalité des
adhérents
L'épicerie sociale/solidaire est un lieu apolitique et
laïque. Tous les adhérents peuvent se prévaloir des services
de l'épicerie, sans distinction aucune, notamment d'origine, de couleur,
de religion, de sexe, ou d'opinion.
Les seuls critères qui déterminent
l'accès à l'épicerie sont ceux cités à
l'article 3.
Tous s'engagent à respecter les différences et
les opinions de chacun.
Art. 8 Travail en réseau
L'épicerie s'inscrit dans le tissu social et
économique local e1 agit en complémentarité avec les
acteurs du territoire,
C'est un outil d'accompagnement social des adhérents,
L'épicerie travaille en réseau avec les
partenaires associatifs et institutionnels (Conseil Général,
CCAS, CIAS, CPAM, CAF, centres hospitaliers, associations diverses...) pour
:
· l'orientation des adhérents,
· l'apport d'informations et l'organisation d'actions
autour de la santé, de l'alimentation, du bien-être, du logement,
de l'emploi, des activités culturelles, de la parentalité.,.
· l'accès au droit commun.
Art. 9 Implication des adhérents
Dans un objectif de réelle citoyenneté,
l'épicerie sociale/solidaire proposera aux adhérents de prendre
une part active dans l'organisation et le fonctionnement de la structure (lieu
de parole et de représentation des adhérents, Assemblée
Générale, Conseil d'Administration...). La participation se fait
sur la base du volontariat.
Art. 10 Sécurité alimentaire et
traçabilité
L'épicerie s'engage à respecter la
réglementation en vigueur et à faciliter les contrbles.
Elle doit assurer la traçabilité physique et
comptable des produits proposés et garantir l'hygiène e1 la
sécurité alimentaire.
Annexe 8
Schéma - Epicerie solidaire de la Courte Echelle
Orientation du public Animation d'ateliers Présence en
commission
Conception outils de gestion (logiciels) Informations,
documentations Financements
EPICERIE
- Salariés
- Bénévoles
Investissement en logiciel de gestion
Adhésion
Achats des produits
Utilisation des services sociaux
Doti! d'aide alimentaire
de
Ventes de produits Services sociaux
PUBLICS
Mixité
- Clients et adhérent
PRESCRIPTEURS SOC IA
CCAS
PARTENAIRES RESSOURCES
- Fondations
- Entreprises privées lucratives - ANDES
Rapport d'activité annue!
Réponses t des besoins sociaux peu ou mal satisfait
Approvisionnement en produits
Financement Réglementation Agrément NO de locaux
Achats des produits
iFOURNISSEURS
Circuit-court
- Producteurs locaux
POUVOIRS PUBLICS
- Collectivités locales
- Collectivités territoriales
Annexe 9
Schéma 2 --Boutique Sociale du CASIM Marseille
Rapport d'activité moue]
Réponses à des besoins sociaux peu ou mal
satisfait
Approvisionnement en produits (ventes, dons)
Financement Réglementation Agrément Prêt de
locaux
PRESCRIPTEURS SOCIAUX Interne
EPICERIE
- Salariés
- Bénévoles
-Assistante sociale14 Ou
- Conseillère économique sociale et familiale
Achats ou récupération des produits (dons)
Formations Animations d'ateliers
Conception outils de gestion (logiciels) informations,
documentations Financements
POUVOIRS PUBLICS
- Collectivités locales
- Collectivités territoriales - Etat
- Europe
FOURNISSEURS
- Banques alimentaires -A.N.D.E.S.
- Invendus grandes surfaces
l
Formations du personnel Investissement en logiciel de gestion
Adhésion
Achats des produits
Utilisation des services sociaux
TENAIRES RESSOURCES
ANDES
CODES
Associations culturelles, spécialisés
Fondations
Entreprises privées lucratives
Ventes de produits Services sociaux
Demande d'aide sociale
PUBLIC
- Adhérents
(public précaire uniquement)
Annexe io
Orientation du public Animation d'ateliers Présence en
commission
Conception outils de gestion (logiciels) Animation ateliers
Informations, documentations Financements Formations
Ventes de produits Services sociaux
9ppV vo ~!
Schéma -- Epicene solidaire du Centre Social d'Endoume
Rapport d'activité annuel
Réponses à des besoins sociaux peu ou mal
satisfait
Financement Réglementation Agrément
Achats des produits
Approvisionnement en produits
Inv estissement en logiciel de gestion
Formation des salariés
Adhésion
Achats des produits
Utilisation des services sociaux
Outil d'aide alimentaire
POUVOIRS PUBLICS
- Collectivités locales
- Collectivités territoriales - Etat
FOURNISSEURS
- Banque alimentaire 13 -ANDES - Invendus grandes
surfaces - Dons particuliers
PRESCRIPTEURS SOCIAUX
- CCAS - CAF - PACT 13 - MDS - CG 13
NAIRES RESSOURCES
- Fondations
- Entreprises privées lucratives
- ANDES
- CODES
- Associations
PUBLIC S
Public précaire -Adhérents
Annexe ii
Schéma -- Epicerie solidaire itinérante La
Garrigues
Adhésion
Achats des produits
Utilisation des services sociaux
PRESCRIPTEURS SOC IA
il
- CCAS des communes
-CG 83
Approvisionnement en produits
Rapport d'activité annuel
Réponses à des besoins sociaux peu ou mal
satisfait
Financement Réglementation Agrément
-Agriculteurs locaux
- Grandes surfaces (achat direct)
Logistique
Animation ateliers Informations, documentations
Financements
Formations
Services solidaires annexes (garage, petits travaux, etc.)
Orientation du public
Outil d'aide alimentaire
Ventes de produits Services sociaux
Achats des produits
Formation des salariés
Orientation Public vers service solidaires
TENAIRES RESSOURCES
- Fondations
- Entreprises privées lucratives
- Associations
- Association La Garrigues (gestionnaire)
POUVOIRS PUBLICS
- Collectivités locales
- Collectivités territoriales - Etat
- Europe
Public précaire -Adhérents
Annexe 12
Schéma --Epicerie sociale L'atelier de Mai (CCAS
Aubagne)
Rapport d'activité annuel
Réponses à des besoins sociaux per ou mal
satisfait
Approvisionnement en produits (ventes, dons)
Achats ourécupération des produits (dons)
Financement Réglementation Agrément PrIt de
locaux
EPICERIE
- Salariés
- Bénévoles
Formations du personnel Investissement en logiciel de gestion
Formations
Animations d'ateliers
Conception outils de gestion (logiciels) Informations,
documentations Financements
NAIRES
S
Repérage
Orientation du public
POUVOIRS PUBLICS
- Collectivités locales
- Collectivités territoriales - Etat
- Europe
FOURNISSEURS
:anques alimentaires
- A.N.D.E.S.
- Invendus grandes surfaces
- Grande surface (achat direct)
11111
PRESCRIPTEURS SOC IAUX
Interne
-Assistante sociale ·
Ou
- Conseillère économique sociale et familial
Ventes de produits
|
|
|
|
Services sociaux
|
|
- AND ES
|
SCRIPTEURS SOCIAUX
|
|
|
RESSOURCE)
- COD ES
|
Externe
|
|
Adhésion
|
- Asso dations
|
|
|
Achats des produits
|
- Fond arions
|
|
Demande d'aide sociale
|
Utilisation des services sociaux
|
- Entreprises privées lucratives
|
- CG13
|
|
|
|
- MDS
|
|
|
|
- CAF
|
|
|
-Associations
|
|
|
PUBLIC
-Adhérents
(public précaire uniquemen
Annexe 13
Repérage
Orientation du public
Conception outils de gestion (logiciels) Animation ateliers
Informations, documentations Financements Formations
Ventes de produits Services sociaux
cippVvo ai
Schéma -- Epicerie sociale de la Croix-Rouge
(Marseille)
Rapport d'activité annuel
Réponses à des besoins sociaux peu ou mal
satisfait
Financement Réglementation Agrément
Achats des produits
Approvisionnement en produits
lov estissemeot en logiciel de gestion
Formation des salariés
Adhésion
Achats des produits
Utilisation des services sociaux
Outil d'aide alimentaire
POUVOIRS PUBLICS
- Collectivités locales
- Collectivités territoriales - Etat
FOURNISSEURS
- Banque alimentaire 13 -ANDES - Invendus grandes
surfaces - Dons particuliers
PRESCRIPTEURS SOCIAUX
- CCAS - CAF - MDS - CG 13
TENAIRES RESSOURCES
- Fondations
- Entreprises privées lucratives - ANDES
- Associations
PUBLIC S
Public précaire -Adhérents
Mots clés : aide alimentaire,
pauvreté, précarité, épicerie sociale et solidaire,
typologie
Aix-Marseille Université
Faculté d'Économie et de
Gestion
el7 ( Faculté d'Économie
et de Gestion
Ai x · Marseille U niversITO
MASTER RH-ESS : organisation et projet
Les Epiceries Sociales et Solidaires : histoire et
typologie
Vers une typologie à partir du cas des Bouches du
Rhône
Auteur : Mathieu GROS Septembre 2014
Résumé :
De la Grèce antique, avec les premiers élans de
philanthropie, à aujourd'hui, avec les Epiceries Sociales et Solidaires,
l'aide alimentaire a traversé les siècles sous différentes
formes. Ces épiceries « pas comme les autres », qui font de
l'aide alimentaire «autrement», ont un fonctionnement
différent et peuvent être classées par type. Les
préjugés de la société sur la pauvreté, la
précarité ou encore l'alimentation, évoluent grâce
au travail quotidien de ces «services de proximité». Il en
ressort également d'importants « bénéfices collectifs
» pour le territoire sur lequel elles agissent.
Dans les années à venir, l'aide alimentaire,
à travers les épiceries sociales et solidaires et avec la
régulation européenne, devrait poursuivre sa mutation. Mais
sera-t-elle plus responsable ? Plus juste ?
|