CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE ET OBJECTIFS DE L'ETUDE
Dans ce chapitre, nous évoquons nos objectifs poursuivis
pour cette étude, les hypothèses formulées et les
variables. Mais avant, nous présentons les raisons qui nous ont conduit
à choisir le dialogue social comme thème d'étude.
I-1 Problématique
Au Burkina Faso, plusieurs actions sont entreprises pour la
promotion du développement. Ces actions sont sensibles dans
l'éducation car l'objectif majeur de l'Etat burkinabè est de
préparer les compétences pour le développement du pays.
Mais l'école chargée de mettre en oeuvre cette mission rencontre
de nombreuses difficultés. Elles sont d'ordre matériel et
financier et aussi des difficultés liées à l'insuffisance
de personnels. Ces manquements et difficultés sont difficiles à
supporter d'autant plus que dans les établissements, on assiste à
un sérieux problème de communication entre les différents
acteurs. Or, ces établissements ont l'obligation de résultats. La
question qui nous vient d'emblée est de savoir comment on peut atteindre
cet objectif de qualité si aucune action entreprise n'est soutenue par
un dialogue franc et ouvert entre les différents acteurs de
l'établissement ?
Le déficit de communication a pour conséquence
une gestion difficile de ces institutions. Et cette mauvaise gestion donne
à constater de faibles rendements depuis un certain temps. Pour le
moment, notre pays n'a pas encore enregistré 50% de succès au
baccalauréat. De plus, les conflits dans les établissements
scolaires sont légion tant au niveau des élèves qu'au
niveau des personnels administratifs, d'encadrement et d'enseignement. Les
séances de formations continues adressées aux enseignants et au
personnel administratif sont peu suivies par manque de consensus. Les
concertations internes sont le plus souvent marquées de violences de
tout genre. Au quotidien, on apprend que tel enseignant a été
agressé verbalement ou physiquement, que tel autre a été
victime de dépression nerveuse ou d'un malaise quelconque. Les salles de
professeurs si chèrement acquises restent
désespérément vides tant les professeurs sont devenus
méfiants les uns envers les autres. La même attitude s'observe
dans les rapports entre enseignants-administration,
administration-élèves, élèves-professeurs ou
élèves-éducateurs.
Nous pensons que toutes ces difficultés dans la
cohabitation et dans la collaboration sont dues à une absence de
dialogue. Ce manque de dialogue entre les acteurs de la relation
éducative enlève toute possibilité d'exécuter des
tâches collectives et de les réussir. Pourtant, sans la
communication, l'oeuvre éducative a plus de chance de produire des
échecs car elle est par essence
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une oeuvre co-construction. Eduquer ne peut être un
projet égoïste mais bien une action coordonnée et
pilotée conjointement par tous les acteurs en présence.
Pendant longtemps, le dialogue social a été
ignoré dans la gestion des affaires publiques. En France, le dialogue
social a fait son apparition en 1946 comme un compromis visant à
infléchir la rigidité de la subordination statutaire afin
d'instaurer un esprit de partenariat entre syndicats et administration. C'est
à cette date que les fonctionnaires Français ont obtenu le droit
syndical. Selon MONNIER C. 2(2005), le terme « dialogue
social » aurait été utilisé pour la
première fois à l'occasion de la grève des mineurs par
DELORS J. 3(1963). CHIRAC J. (1995)4 déclare :
«Voici l'année 1996. Qu'elle soit l'année du dialogue
social !» Pour lui, «la concertation, la négociation sont plus
que jamais nécessaires» car dit-il «nous devons
réapprendre à nous parler et à nous
écouter». Il a également souhaité : «un
Etat ouvert et attentif, des syndicats forts, des organisations
professionnelles actives et imaginatives, des associations
vigoureuses» afin que sa gouvernance atteigne toutes ses promesses.
Puis en 1997, à nouveau à l'occasion des voeux
présidentiels, CHIRAC J. déclare : «Nous devons
construire une société où l'on se parle. Une France
apaisée, c'est une France qui dialogue. (...) Il n'y a pas de dialogue
social sans respect de l'autre. (...) Mais, il n'y a pas de vrai dialogue
social sans culture de la responsabilité. En France, chaque jour, des
accords entre partenaires sociaux sont conclus qui font avancer les choses. Et
j'y suis très attentif car le progrès social et la
cohésion nationale en dépendent.» Finalement, c'est
avec la loi LARCHER5 et celle du 20 Août 2008 visant sa
modernisation que le dialogue social a pris toute son importance en France.
Elles sont toutes des lois françaises. C'est la preuve que cet Etat
place le dialogue social comme instrument capital dans la gestion des
entreprises et des administrations publiques. En septembre 2006, un groupe de
travail sur la modernisation du dialogue social a été
installé. Il ressort de ses travaux en date du 02 juin 2008 la signature
des accords dits de Bercy sur la rénovation du dialogue social.
L'exemple de la France montre bien que le dialogue social peut
résoudre bien de différends. En nous proposant de nous
intéresser au dialogue social, nous avons un certain nombre de
questions. Pourquoi malgré la tenue des instances officielles dans les
lycées, des crises entachent le climat social au sein des lycées
et collèges ? En somme, comment partenaires sociaux et
2 Université Paris X Nanterre en 2005
3 Chef de service des affaires sociales au
Commissariat Général au Plan et rapporteur de la mission de
concertation (France)
4 Discours du 31 décembre 1995 alors
Président de la France cité par MONNIER C. pages 10 et 11.
5 Loi du 31 janvier 2007 en France
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administration des établissements scolaires peuvent-ils
construire un dialogue social qui puisse accroitre la performance des
élèves ?
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