INSTITUT SUPERIEUR DE BURKINA FASO
MANAGEMENT DE KOUDOUGOU
UNITE-PROGRES-JUSTICE
MASTER EN GESTION DES
RESSOURCES HUMAINES
NIVEAU D'ETUDE : MASTER II
Mémoire de Master en Management et Gestion des
Ressources Humaines
LA PROMOTION DU DIALOGUE SOCIAL ET LA REUSSITE DE
L'OEUVRE EDUCATIVE DANS LES ETABLISSEMENTS SECONDAIRES
Présenté par : Stéphane BALO
Dirigé par : Docteur Issa Abdou MOUMOULA
70123638
balostphane@yahoo.fr
Maître-Assistant en Psychologie de l'Orientation
à l'Université de Koudougou
Année académique : 2013-2014
1
A
MON PèRE (N. PIERRE BALO) ET MA MèRE
(FéLICITé Z. DIENI)
II
RESUME
Cette étude sur le dialogue social cherche à le
promouvoir dans le but d'améliorer les résultats scolaires. Ce
qu'il faut retenir, c'est que l'Etat à travers l'administration scolaire
doit accorder de l'importance aux syndicats aux autres partenaires qui
interviennent dans les lycées. Inversement, les syndicats doivent
considérer et reconnaître l'administration scolaire comme l'organe
décisionnel. Nous avons mené l'étude auprès de sept
(07) chefs d'établissement, quatorze (14) professeurs, sept (07)
représentants des syndicats, huit (08) autres membres de
l'administration, cinq (05) délégués de personnel, cinq
(05) présidents APE et quatorze (14) élèves. Cet
échantillon compte au total soixante (60) individus. Des
résultats obtenus, nous retenons que le dialogue social permet de
développer des interactions constructives qui conduisent à des
consensus ou à des compromis acceptables par tous. De plus, il permet de
prévenir conflits et mésententes et de mobiliser les
compétences des uns et des autres pour la réalisation des
objectifs communs. En somme, promouvoir le dialogue social dans les
lycées peut être un tremplin pour atteindre des résultats
satisfaisants aussi bien chez les élèves que chez les parents
d'élèves, les professeurs et l'équipe de direction. Avec
l'indiscipline et l'incivisme qui vont grandissants, il serait donc souhaitable
d'adopter le dialogue social comme levier de performance tant au niveau des
élèves qu'au niveau des professeurs et le personnel
administratif. C'est dans ce sens que le dialogue social apaise le climat
relationnel et améliore les résultats scolaires des
élèves.
III
REMERCIEMENTS
Au terme de notre formation pour l'obtention du diplôme
de Master en Gestion des Ressources Humaines (GRH), nous voulons remercier
toutes les personnes de bonne volonté qui nous ont soutenu
matériellement, moralement et spirituellement.
Nos remerciements s'adressent à notre directeur de
mémoire Docteur Issa Abdou MOUMOULA, à tous les professeurs de
l'Institut Supérieur de Management de Koudougou ainsi qu'à
Monsieur Anastase S. SOME, chef de département des sciences de
l'éducation à l'Université de Koudougou car, grâce
à leurs enseignements et leurs conseils, nous nous sentons aujourd'hui
projeté dans un univers intellectuel d'un bon niveau.
Notre gratitude va à l'endroit de la famille BALO :
notre épouse BENAO Elise, nos enfants Franck, Aurélie et Boris,
nos frères et soeurs Stanislas, Anastasie, Aristide, Lydie, Mireille,
Thierry.
Nos remerciements vont aussi à l'endroit des Chefs
d'établissement des Régions de la Boucle du Mouhoun et du
Centre-Ouest qui ont bien voulu, avec leur personnel, répondre
favorablement à nos sollicitations et à Monsieur Clément
KY, chef de personnel de la Direction Régionale de la Boucle du Mouhoun
pour ses multiples soutiens.
Nous avons aussi le coeur plein de reconnaissance pour nos
amis BALBONE Amado, BENIN Mamadou, DAYO Sidiki, TUINA Jocelin, KABORE R. Bruno,
OUEDRAOGO Vincent R., YANOGO Alexis pour leur soutien au cours de la
réalisation du présent travail.
iv
SOMMAIRE
DEDICACE i
RESUME ii
REMERCIEMENTS iii
SOMMAIRE iv
ABREVIATIONS ET SIGLES v
INTRODUCTION 1
PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES 4
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE 5
CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL
9
CHAPITRE III : REVUE DE LA LITTERATURE 14
DEUXIEME PARTIE : analyse empirique 33
CHAPITRE I : CADRE METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE
34
CHAPITRE II : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES
RECUEILLIES 40
CHAPITRE III : VALIDATION DES HYPOTHESES ET
SUGGESTIONS 71
CONCLUSION 79
BIBLIOGRAPHIE 81
TABLE DES MATIERES 83
LISTE DES TABLEAUX 86
LISTE DES GRAPHIQUES 87
ANNEXES Erreur ! Signet non défini.
V
ABREVIATIONS ET SIGLES
CEG : Collège d'Enseignement
Général
CEP : Certificat d'Etudes Primaires
CES : Conseil Economique et Social
CISL : Confédération
Internationale des Syndicats Libres
CNDS : Comité National du Dialogue
Social
COGES : Comité de Gestion
CSC : Commission Syndicale Consultative
ENS/UK : Ecole Normale Supérieure de
l'Université de Koudougou
EPS : Education Physique et Sportive
F-SYNTER : Fédération des
Syndicats des Travailleurs de l'Education et de la Recherche
GRH : Gestion des Ressources Humaines
MESSRS : Ministère des Enseignements
Secondaire Supérieur et de la Recherche
Scientifique
OCDE : Organisation de Coopération et
du Développement Economiques
OIT : Organisation Internationale du
Travail
OS : Organisations Syndicales
PNUD : Programmes des Nations Unies pour le
Développement
RBV: Resource Based View of the firm
SCADD: Stratégie de Croissance
Accélérée pour le Développement Durable
SNESS : Syndicat National des Enseignants du
Secondaire et du Supérieur
SYNAPAGER : Syndicat National du Personnel
d'Administration et de Gestion de
l'Education et de la Recherche
TIC : Technologies de l'Information et de la
Communication
UFR/LSH : Unité de Formation et de
Recherche des Lettres et des Sciences Humaines
1
INTRODUCTION
Pays en voie de développement, le Burkina Faso est
classé parmi les pays les moins avancés. Son économie est
basée essentiellement sur le secteur primaire. Ces dernières
années, l'or est devenu le premier produit d'exportation suivi du coton,
produit agricole. Selon le classement 2009 du PNUD, le Burkina Faso est parmi
les cinq (05) pays les plus pauvres du monde. Pour relever le défi du
développement, il a adopté des politiques et des
stratégies de développement tant sur le plan politique,
économique que social. L'accent est mis sur la construction des
infrastructures afin de répondre, au quotidien, aux différentes
sollicitations de la population. C'est dans cette dynamique que des
écoles sont construites dans le but de former les jeunes citoyens de la
Nation. L'éducation est donc inscrite comme une priorité pour les
autorités politiques.
L'école permet à la société
d'éduquer ses membres tant sur le plan moral, spirituel qu'intellectuel.
Pour cela, on remarque la multiplication des écoles dans tous les ordres
d'enseignement et sur toute l'étendue du territoire. Chaque niveau
d'enseignement oeuvre pour l'épanouissement total des apprenants, futurs
bâtisseurs et dirigeants du pays. L'école éduque les
élèves en leur donnant non seulement les atouts
nécessaires pour leur intégration sociale mais aussi pour la
cohésion sociale. A ce titre, l'école mérite une attention
particulière tant sur le plan des infrastructures que sur le plan
humain, conditions somme toute indispensables pour atteindre des
résultats scolaires positifs.
Dans nos établissements, les élèves sont
encadrés par plusieurs acteurs constitués du personnel
administratif et des enseignants. C'est de la conjugaison des efforts fournis
par les uns et les autres que l'oeuvre éducative peut être
améliorée. Les parents d'élèves, eux, interviennent
à travers leur association. La gestion administrative et
pédagogique des structures éducatives est confiée à
une équipe de direction qui est présidée par le proviseur
dans les lycées ou par le directeur dans les collèges et les
écoles primaires. Dans ces établissements, le premier responsable
est chargé de plusieurs tâches : organiser la vie
pédagogique avec les enseignants, coordonner les activités
d'encadrement des élèves, instaurer un climat propice au travail
dans les classes, traiter les différents courriers, gérer
judicieusement les finances de l'établissement, les conflits entre les
élèves ou entre personnels de l'établissement. La
réussite de toutes ces actions administratives requiert une bonne
stratégie de communication entre les différentes structures
existantes dans l'établissement. Elle fait appel à des
qualités humaines, intellectuelles et techniques chez les premiers
responsables de l'administration, une des voies préconisée pour
atteindre les buts fixés
2
est le dialogue social. Selon FAYOLLE J.1, «
le dialogue social, pour être crédible, a besoin d'une
obligation de résultat, ce qui suppose des acteurs bien
identifiés et ayant capacité à s'engager, ainsi que des
lieux pertinents». Mais nous constatons ces dernières
années qu'un bon nombre d'établissements primaires et secondaires
présentent en fin d'année des bilans scolaires mitigés.
Ces résultats sont confirmés par des taux d'abandons,
d'exclusion, d'achèvement et de promotion très bas. En exemple,
les résultats scolaires aux différents examens de 2012 :
Certificat d'Etudes Primaires (CEP) 65,16 %, Brevet d'Etudes du Premier Cycle
(BEPC) 52,16% et 37,11% au Baccalauréat (BAC). Qu'est ce qui peut
justifier ces résultats scolaires peu satisfaisants ? Le climat social
au sein des établissements peut-il être un facteur explicatif de
ces mauvais résultats ?
L'organisation interne des écoles est un facteur
déterminant dans la recherche de meilleurs résultats. Les acteurs
présents dans un établissement secondaire sont entre autres le
personnel administratif, les professeurs, le personnel d'appui, les
élèves. Selon les textes officiels, tous ces groupes de
travailleurs peuvent se constituer en association pour défendre leurs
intérêts matériels et moraux. En général,
leurs luttes se traduisent par des manifestations diverses telles que le
plaidoyer, le sit-in, la marche ou la grève avec ou sans arrêts
momentanés de service. Cet arrêt de travail, quand il intervient
signifie le plus souvent échec de négociation, donc, rupture de
dialogue. Au niveau des élèves, l'organisation se fait au sein du
comité des élèves ou des associations diverses,
éducatives et/ou confessionnelles. Dans les négociations avec
l'administration, il arrive que les exigences de ses groupes
d'élèves prennent des allures de violence. Quand cela arrive, les
cours sont soient perturbés soient suspendus pour quelques jours. En
général, cette situation s'explique par des
incompréhensions entre les parties en négociation. Peut-on
éviter ces protestations, ce déficit de communication?
L'administration tient des rencontres périodiques, des instances
officielles et statutaires pour réguler le fonctionnement de
l'établissement. Les relations qu'elle entretient avec les
différents acteurs de la relation éducative permettent-elles
d'asseoir un climat favorable à l'obtention de résultats
scolaires probants ?
Hormis les formes d'organisation citées plus haut, il
faut noter que chaque individu peut exprimer ses inquiétudes face aux
agissements de l'administration s'il s'estime lésé dans ses
droits. Agissements qui peuvent porter préjudice à un des
principes fondamentaux de l'administration à savoir la continuité
du service public. Pour ce faire, il faut des actions précises
permettant l'implication de tous les acteurs dont les enseignants, les parents
d'élèves, les élèves, les partenaires sociaux et
les autorités politiques. Malheureusement, le dialogue social n'est
usité
1 Docteur en sciences économiques : Directeur
adjoint du centre Etudes & Prospective du Groupe Alpha (2009);
3
que lorsqu'il y a des litiges à trancher. Cela pose la
problématique du dialogue dans nos institutions. Quand doit-on envisager
le dialogue social ? Quelles sont les conditions nécessaires pour que le
dialogue social atteigne ses buts ? Telles sont nos préoccupations qui
nous amènent à nous pencher sur le thème suivant : «
la promotion du dialogue social et la réussite de l'oeuvre
éducative dans les établissements secondaires».
Notre travail s'articule de la manière suivante : dans
une première partie, nous évoquerons la problématique.
Ensuite, nous définirons les concepts clés liés au
dialogue social. Enfin, nous constituerons une revue de la littérature
et les théories de référence. Dans une deuxième
partie, nous présenterons la démarche méthodologique
adoptée à travers le cadre de la recherche, les
caractéristiques de la population étudiée, les
échantillons et les outils utilisés. A travers les questionnaires
et les entretiens administrés aux enquêtés, nous ferons une
analyse des données recueillies suivie des interprétations
possibles. Enfin, nous ferons des suggestions permettant un dialogue fructueux
au cours des différentes instances dans les lycées et
collèges afin d'obtenir un bon fonctionnement des établissements
secondaires.
PREMIERE PARTIE :
ASPECTS THEORIQUES
|
5
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE ET OBJECTIFS DE L'ETUDE
Dans ce chapitre, nous évoquons nos objectifs poursuivis
pour cette étude, les hypothèses formulées et les
variables. Mais avant, nous présentons les raisons qui nous ont conduit
à choisir le dialogue social comme thème d'étude.
I-1 Problématique
Au Burkina Faso, plusieurs actions sont entreprises pour la
promotion du développement. Ces actions sont sensibles dans
l'éducation car l'objectif majeur de l'Etat burkinabè est de
préparer les compétences pour le développement du pays.
Mais l'école chargée de mettre en oeuvre cette mission rencontre
de nombreuses difficultés. Elles sont d'ordre matériel et
financier et aussi des difficultés liées à l'insuffisance
de personnels. Ces manquements et difficultés sont difficiles à
supporter d'autant plus que dans les établissements, on assiste à
un sérieux problème de communication entre les différents
acteurs. Or, ces établissements ont l'obligation de résultats. La
question qui nous vient d'emblée est de savoir comment on peut atteindre
cet objectif de qualité si aucune action entreprise n'est soutenue par
un dialogue franc et ouvert entre les différents acteurs de
l'établissement ?
Le déficit de communication a pour conséquence
une gestion difficile de ces institutions. Et cette mauvaise gestion donne
à constater de faibles rendements depuis un certain temps. Pour le
moment, notre pays n'a pas encore enregistré 50% de succès au
baccalauréat. De plus, les conflits dans les établissements
scolaires sont légion tant au niveau des élèves qu'au
niveau des personnels administratifs, d'encadrement et d'enseignement. Les
séances de formations continues adressées aux enseignants et au
personnel administratif sont peu suivies par manque de consensus. Les
concertations internes sont le plus souvent marquées de violences de
tout genre. Au quotidien, on apprend que tel enseignant a été
agressé verbalement ou physiquement, que tel autre a été
victime de dépression nerveuse ou d'un malaise quelconque. Les salles de
professeurs si chèrement acquises restent
désespérément vides tant les professeurs sont devenus
méfiants les uns envers les autres. La même attitude s'observe
dans les rapports entre enseignants-administration,
administration-élèves, élèves-professeurs ou
élèves-éducateurs.
Nous pensons que toutes ces difficultés dans la
cohabitation et dans la collaboration sont dues à une absence de
dialogue. Ce manque de dialogue entre les acteurs de la relation
éducative enlève toute possibilité d'exécuter des
tâches collectives et de les réussir. Pourtant, sans la
communication, l'oeuvre éducative a plus de chance de produire des
échecs car elle est par essence
6
une oeuvre co-construction. Eduquer ne peut être un
projet égoïste mais bien une action coordonnée et
pilotée conjointement par tous les acteurs en présence.
Pendant longtemps, le dialogue social a été
ignoré dans la gestion des affaires publiques. En France, le dialogue
social a fait son apparition en 1946 comme un compromis visant à
infléchir la rigidité de la subordination statutaire afin
d'instaurer un esprit de partenariat entre syndicats et administration. C'est
à cette date que les fonctionnaires Français ont obtenu le droit
syndical. Selon MONNIER C. 2(2005), le terme « dialogue
social » aurait été utilisé pour la
première fois à l'occasion de la grève des mineurs par
DELORS J. 3(1963). CHIRAC J. (1995)4 déclare :
«Voici l'année 1996. Qu'elle soit l'année du dialogue
social !» Pour lui, «la concertation, la négociation sont plus
que jamais nécessaires» car dit-il «nous devons
réapprendre à nous parler et à nous
écouter». Il a également souhaité : «un
Etat ouvert et attentif, des syndicats forts, des organisations
professionnelles actives et imaginatives, des associations
vigoureuses» afin que sa gouvernance atteigne toutes ses promesses.
Puis en 1997, à nouveau à l'occasion des voeux
présidentiels, CHIRAC J. déclare : «Nous devons
construire une société où l'on se parle. Une France
apaisée, c'est une France qui dialogue. (...) Il n'y a pas de dialogue
social sans respect de l'autre. (...) Mais, il n'y a pas de vrai dialogue
social sans culture de la responsabilité. En France, chaque jour, des
accords entre partenaires sociaux sont conclus qui font avancer les choses. Et
j'y suis très attentif car le progrès social et la
cohésion nationale en dépendent.» Finalement, c'est
avec la loi LARCHER5 et celle du 20 Août 2008 visant sa
modernisation que le dialogue social a pris toute son importance en France.
Elles sont toutes des lois françaises. C'est la preuve que cet Etat
place le dialogue social comme instrument capital dans la gestion des
entreprises et des administrations publiques. En septembre 2006, un groupe de
travail sur la modernisation du dialogue social a été
installé. Il ressort de ses travaux en date du 02 juin 2008 la signature
des accords dits de Bercy sur la rénovation du dialogue social.
L'exemple de la France montre bien que le dialogue social peut
résoudre bien de différends. En nous proposant de nous
intéresser au dialogue social, nous avons un certain nombre de
questions. Pourquoi malgré la tenue des instances officielles dans les
lycées, des crises entachent le climat social au sein des lycées
et collèges ? En somme, comment partenaires sociaux et
2 Université Paris X Nanterre en 2005
3 Chef de service des affaires sociales au
Commissariat Général au Plan et rapporteur de la mission de
concertation (France)
4 Discours du 31 décembre 1995 alors
Président de la France cité par MONNIER C. pages 10 et 11.
5 Loi du 31 janvier 2007 en France
7
administration des établissements scolaires peuvent-ils
construire un dialogue social qui puisse accroitre la performance des
élèves ?
I-2 Objectifs de la recherche
Pour notre recherche, nous avons fixé un objectif
général et trois (03) objectifs spécifiques. I-2-1
L'objectif principal
Au cours de notre étude, nous allons rechercher
à savoir comment améliorer le climat relationnel dans les
établissements par l'instauration d'un dialogue social.
I-2-2 Les objectifs spécifiques de la recherche
Notre objectif général nous amène à
construire trois (03) objectifs spécifiques qui sont :
- Décrire les principes de base pour un dialogue
social.
- Faire l'état des lieux des concertations sur les
activités pédagogiques et administratives dans les
établissements secondaires.
- Appréhender des dispositifs de régulation
pouvant conduire à l'amélioration des résultats scolaires
et à un climat serein dans les lycées.
I-3 Les hypothèses de la recherche
Nous avons formulé une hypothèse principale et deux
(02) hypothèses secondaires. I-3-1 L'hypothèse
principale
Le dialogue social apaise le climat relationnel dans les
lycées et améliore les résultats scolaires des
élèves.
I-3-2 Les hypothèses secondaires
? La faible participation des professeurs au fonctionnement
des établissements secondaires conduit à de mauvais
résultats scolaires.
? Les rencontres formelles et informelles permettent
d'améliorer les compétences de l'administration scolaire et des
professeurs.
I-4 Les variables
Nous distinguerons deux (02) types de variables dans notre
étude : la variable dépendante et la variable
indépendante. Le dialogue social est la variable indépendante et
l'oeuvre éducative représente la variable dépendante. Les
indicateurs sont entre autres la présence officielle des
8
syndicats, les résultats scolaires obtenus, la
présence de concertations informelles et la tenue
régulière des instances officielles.
L'hypothèse n°1 sera vérifiée
à travers les éléments suivants : les attitudes des
professeurs et des membres de l'administration lors des instances formelles et
informelles, le style de management du chef d'établissement, les types
de conflits fréquents dans le lycée, la crédibilité
des relations lors des concertations entre parties prenantes, le degré
d'implication dans les instances officielles et les appréciations des
enquêtés sur les résultats scolaires. Quant à
l'hypothèse n°2, sa validité se fera en fonction du nombre
de points communs sur les négociations collectives, les grèves
des professeurs, leur motivation pour la poursuite de l'oeuvre
éducative, la participation aux instances officielles, le
débrayage des élèves, les appréciations des
résultats des élèves, l'existence d'un projet
d'établissement et la fréquence des rencontres informelles dans
les établissements. Pour le premier indicateur de l'hypothèse
n°2, nous partirons du principe qu'il y a des échanges, des
négociations dans le lycée si 50% du personnel
enquêté les confirment.
9
CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL
A travers ce chapitre, nous définissons les concepts
clés liés au dialogue social que sont le conflit, la
négociation et la règle. Nous évoquons aussi le sens que
nous avons donné aux expressions suivantes: l'oeuvre éducative,
établissements secondaires, partenaires sociaux.
II-1 Le dialogue social
Déjà, dans les années 60, POMPIDOU
G.6 définissait le dialogue social par, entre autres,
«une rencontre des partenaires sociaux, notamment syndicaux, de
façon récurrente». Mais c'est surtout depuis le début
des années 80 que le terme dialogue social rencontre un réel
succès. Selon le site WIKIPEDIA, consulté le 09 novembre 2013, le
dialogue social recouvre tout ce qui favorise la compréhension entre les
différentes composantes de la société. Le dialogue social
désigne les processus de concertation entre l'employeur et les
salariés en vue de l'organisation et de l'amélioration des
relations individuelles et collectives du travail.
Pour SELLIER, E. (2003, p 03), le dialogue social est «
l'ensemble des consultations entre les partenaires sociaux,
c'est-à-dire les représentants des employeurs et ceux des
salariés ». L'Organisation Internationale du Travail (OIT)
définit le dialogue social comme incluant tous les types de
négociation, de consultation ou simplement d'échange
d'informations entre les représentants des gouvernements, des employeurs
et des travailleurs sur des questions présentant un intérêt
commun relatives à la politique économique et sociale.
MONNIER, C. (2005, p 18) définit le dialogue social
comme « une discussion entre les divers groupes et classes qui
constituent la société visant à trouver un terrain
d'entente sur l'amélioration des conditions de vie, et en particulier
des conditions matérielles des membres de la société
».
Selon le ministère de la fonction publique, du travail
et de la sécurité sociale du Burkina Faso à travers les
enjeux du dialogue social pour la SCADD7, le dialogue social se
présente comme « une façon efficace d'échanger
des informations et de faciliter l'adaptation des points de vue pour garantir
le règlement des différends, l'équité sociale et la
mise en oeuvre effective des politiques ».
Pour REYNAUD J. D. (1999), trois (03) concepts fondamentaux
permettent d'apprécier de manière plus précise le dialogue
social dans son essence : « le conflit, la négociation et la
règle ».
6 Premier ministre français de 1962 à
1968
7 Stratégie de Croissance
Accélérée pour le Développement Durable
10
II-2 Le conflit
La notion de conflit est un concept central du dialogue
social. Il peut être ouvert ou latent. Il est ouvert lorsque le
mécontentement est exprimé par l'acteur ou les acteurs
concernés. Pour REYNAUD J.D. (1999), le conflit n'est pas le signe d'une
« anomie8 », et l'on peut dire que c'est l'absence durable
de conflit qui est plutôt une « anomalie ». Le conflit est un
mode « normal » de fonctionnement, puisque chaque acteur est porteur
d'une rationalité qu'il tente de faire admettre aux autres pour
infléchir leurs comportements. C'est l'analyse du conflit qui permet
d'apprécier la portée et la solidité des règles
communes admises par les parties en présence qui seront les
règles du jeu. GROUX (2001, p 223) montre que le conflit « sur
» les règles n'épuise pas la notion de conflit qui peut
être étendue aux conflits « de » règles, «
des conflits qui agissent au sein même du système de
règles et qui deviennent donc partie prenante de la production de
règles (et de régulations) ».
II-3 La règle
La notion de règle du jeu est centrale pour
désigner le produit de la rencontre des acteurs, puisque ce qui est
produit et ce que les acteurs échangent, ce sont des règles. Et
REYNAUD J.D. (1997) s'exprime dans la préface de son ouvrage «
Règles du jeu » à la deuxième édition, en ces
termes « agir, c'est poser des règles, car les acteurs
affirment une prétention aux règles ». La contribution
à la formation des règles, à leur maintien ou à
leurs transformations est consubstantielle à l'action. La règle
n'est donc pas le résultat d'une quelconque soumission de cette action
à des valeurs. Mais qu'est-ce que la règle ? Dans cette
même préface, REYNAUD J.D. (1997, p. 4) précise sa
définition : « la règle est un principe organisateur.
Elle peut prendre la forme d'une injonction ou d'une interdiction visant
à déterminer strictement un comportement. Mais elle est plus
souvent un guide d'action, un étalon qui permet de porter un jugement,
un modèle qui oriente l'action. Elle introduit dans l'univers symbolique
des significations, des partitions, des liaisons ».
8 absence ou disparition des normes et des
valeurs sociales qui fondent l'organisation d'un groupe ou d'une
société. Définition tirée de :
Microsoft® Encarta® 2009. (c) 1993-2008 Microsoft
Corporation.
11
II-4 La négociation
On ne peut évoquer le dialogue social sans parler de
négociation. Que signifie donc négocier ? Négocier est un
acte, un processus complexe qui a besoin de préparation avant son
exécution. La négociation peut se définir dans le domaine
commercial comme une confrontation, un rapport entre l'offre et la demande.
Selon ZARTMAN9 (2004), la négociation se différencie
de ce qui se passe sur un marché. Cette différence s'exprime en
termes de résultat. Selon son modèle, la négociation est
un mode de prise de décision. On peut encore la présenter comme
une activité dans laquelle les acteurs sont en interaction, confrontent
leurs divergences et interdépendances et décident volontairement
de rechercher, ou non, une solution, un accord mutuellement acceptable. DUPONT
C. (2006) partage aussi cette idée d'interaction. Pour lui, la
négociation est l'activité qui met en présence deux ou
plusieurs « parties » (individus, groupes, délégations,
...) et en raison de leur interdépendance, elles veulent trouver une
issue satisfaisante et non violente à une situation exigeant de la part
de chacun, la prise en compte de la réalité de l'autre.
II-5 L'oeuvre éducative
L'expression réussite éducative'
tient en elle une ambiguïté : si un enfant ne réussit pas
à l'école, c'est qu'il n'est pas bien éduqué. Pour
mieux la cerner, nous allons définir auparavant l'expression
réussite scolaire'. L'expression réussite scolaire a
été longtemps utilisée par opposition à
échec scolaire. « Les bons élèves » travaillent
« bien » en classe et obtiennent de « bonnes notes ».
L'opposition des deux expressions nous conduit soit dans la connaissance du
mérite individuel, soit dans la stigmatisation de l'échec
individuel. Ce qui est caractéristique au fonctionnement de notre
institution scolaire et aussi les représentations que la
société a de cette institution. En somme, la réussite
scolaire serait donc la réussite de l'institution à permettre
à tous d'accéder à un minimum de connaissances et de
compétences pour tous. PROUCHET M.10 souligne que «
les savoirs scolaires ne sont que des réponses aux questions que les
hommes se sont posées sur le monde ».
Pour BOURGEOIS F.11, la réussite
éducative n'a pas de définition officielle. Pour pouvoir
travailler sur une définition de la réussite éducative, il
est important de bien connaître les acteurs
9 In Revue française de gestion, Processus de
négociation, vol. 30, n° 153, novembre-décembre 2004, p.
1-296
10 Formateur au Centre Michel Delay en France
(2010)
11 Directrice adjointe CR-DSU en France (2010)
12
en présence et surtout de prendre le temps de
s'apprivoiser collectivement. Il n'y a pas de réussite éducative
sans réussite scolaire. Evoquer la réussite éducative,
c'est inclure les luttes contre les inégalités, contre
l'exclusion afin d'assurer la cohésion sociale. La réussite
scolaire se limite à l'école. Les savoirs qui s'enseignent
à l'école participent de l'éducation des enfants pour
comprendre le monde. Il s'agit donc de savoir surmonter les clivages entre
norme scolaire et norme éducative et prendre en compte des
déterminants scolaires tels que le parcours scolaire, le rapport au
savoir et les apprentissages, en relation avec la trajectoire sociale et
scolaire des parents d'élèves.
L'article 14 de la loi d'orientation de l'éducation au
Burkina Faso stipule que : « le système éducatif
burkinabè poursuit les buts suivants : faire acquérir à
l'individu des compétences pour faire face aux problèmes de
société , · dispenser une formation adaptée dans
son contenu et ses méthodes aux exigences de l'évolution
économique, technologique, sociale et culturelle qui tienne compte des
aspirations et des systèmes de valeurs au Burkina Faso, en Afrique et
dans le monde , · doter le pays de cadres et de personnels
compétents dans tous les domaines et à tous les niveaux
». Dans ce faire, nous évoquerons l'expression
oeuvre éducative'' en tenant compte des résultats
scolaires mais aussi de la discipline des élèves au
lycée.
II-6 Les établissements secondaires
Ce concept regroupe deux entités importantes à
signaler car le système éducatif burkinabè est en pleine
restructuration. Il s'agit de l'enseignement post primaire et l'enseignement
secondaire. L'enseignement post primaire se définit comme le
troisième (3è) niveau de l'éducation de base
formelle. Il prolonge l'enseignement primaire en vue d'atteindre les
finalités attendues de l'éducation de base pour les jeunes de
seize (16) ans. Il s'arrête à la classe de troisième.
L'enseignement secondaire se définit comme le niveau du système
éducatif formel situé entre l'éducation de base (3-16 ans)
et l'enseignement supérieur (18 ans et plus). Il constitue un niveau
préparant les élèves qui le souhaitent et le peuvent
à la poursuite de leurs études dans l'enseignement
supérieur ou dans une formation professionnelle
spécialisée.
Au Burkina Faso, l'enseignement secondaire est définit
dans la loi d'orientation de l'éducation à travers les articles
25 et 27 de la loi n°013/2007/AN du 30 juillet 2007. Dans cette loi,
l'enseignement secondaire concerne les études après le Brevet
d'Etudes du Premier Cycle (BEPC). Il est désigné comme «
l'ordre d'enseignement dont la durée normale varie de deux
à
13
trois ans. Il comporte un cycle unique et vise à
assurer aux sortants de l'enseignement de base un enseignement
général, technique ou professionnel ».
AMIEL M. et al (1995, p 15) a défini
l'établissement scolaire comme étant « un espace
organisé pour la communication de savoirs. Il se présente comme
une collectivité de classes reliées par des couloirs souvent
sonores et froids ». Alors, pour mieux conjuguer les efforts des uns
et des autres, cet espace a été organisé suivant l'esprit
du décret n°2008-373/PRES/PM/MESSRS du 2 juillet 2008 dans le but
d'assurer une oeuvre éducative réussie.
II-7 Les partenaires sociaux
Les partenaires sociaux sont le regroupement des principaux
syndicats professionnels, c'est-à-dire des principaux syndicats de
salariés, des associations regroupant des acteurs exerçant dans
la structure concernée et des principales organisations patronales. Les
partenaires de l'enseignement secondaire sont cités par l'article 13 du
décret n°2008-373/PRES/PM/MESSRS portant organisation de
l'enseignement secondaire. La tenue des instances officielles dans les
établissements secondaires se fait la plupart du temps avec des
partenaires sociaux à l'interne que sont les syndicats, l'Association
des Parents d'Elèves (APE), le bureau du comité des
élèves, la délégation du personnel, les mouvements
associatifs des élèves. A l'externe, les collectivités
territoriales, les hommes politiques et les leaders religieux interviennent
aussi dans la vie des établissements de manière formelle et
informelle. Selon le site WIKIPEDIA consulté le 22 décembre 2013,
un syndicat est un groupement de personnes physiques ou morales pour la
défense ou la gestion d'intérêts communs. Le terme a de
nombreuses acceptions mais plus communément, il désigne les
organisations de défense de l'intérêt des salariés
tels que les ouvriers, les employés ou les cadres, et souvent
désignées sous le sigle « OS » (organisations
syndicales). Elles sont protégées par une législation
particulière appelée liberté syndicale, droit de
grève. Que doit faire le chef d'établissement pour
fédérer les énergies afin d'atteindre de bons
résultats scolaires ? Sa capacité à diriger et surtout son
leadership sont demandés.
14
CHAPITRE III : REVUE DE LA LITTERATURE
Cette rubrique fait ressortir les différentes
typologies du dialogue social, les facteurs qui favorisent la réussite
éducative, les formes que peut prendre la négociation collective,
les fondements de la négociation sociale dans le monde du travail mais
aussi les théories de référence. Mais avant,
évoquons l'historique du dialogue social.
III-1 Dialogue social et typologies
Dans cette rubrique, nous allons présenter
l'état des lieux du dialogue social dans quelques pays, les
différentes formes que peut prendre le dialogue social. Mais avant, nous
évoquons son historique.
III-1-1 Historique du dialogue social
Selon l'Organisation Internationale du Travail (OIT), le
dialogue social est né pour empêcher le déclenchement des
guerres entre les différentes nations du monde. Le dialogue social
permet de résoudre les conflits et les tensions à
l'intérieur des frontières des pays. Basée sur la
négociation collective, il instaure la paix sociale tout en
réduisant le pouvoir de l'Etat sur les citoyens. Cette situation leur
permet de participer activement à la vie publique et surtout à
l'essor de l'économie. Dans l'émergence de la démocratie,
le dialogue social a joué et continue de jouer un rôle majeur
à travers l'existence des syndicats. Pour BAKER J.12, les
syndicats ont un pouvoir d'influer sur les relations humaines, et de faire
évoluer les sociétés vers les intérêts des
gouvernés. Quelques exemples sur les luttes syndicales pris dans le
monde expliquent davantage cette force que le dialogue social engendre. Les
syndicats sud-africains ont contribué à faire disparaître
l'apartheid. En Pologne, la lutte du syndicat Solidarnosc a permis de
libérer le pays de son gouvernement illégitime.
C'est en 1948 et avec le Plan MARSHALL, que les syndicats ont
commencé à participer officiellement au dialogue social. Cette
participation s'est poursuivie avec la création de l'OCDE13
en 1962, structure dans laquelle la Commission Syndicale Consultative (CSC)
oeuvrait pour faire connaître le point de vue des syndicats. BAKER J.
souligne l'importance du dialogue social et propose aux Etats de le promouvoir.
Pour lui, le gouvernement doit susciter le dialogue social et l'encourager
même à l'échelle nationale où il est plus
répandu et peut prendre des formes plus diverses qu'à
l'échelon international.
12 Directeur de département de la
Confédération internationale des syndicats libres (CISL) ;
Education ouvrière 2000/3 ; Numéro 120
13 L'Organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE)
15
III-1-2 Etat des lieux du dialogue social dans quelques
pays
Le dialogue social est un concept appliqué de
manière différente dans chaque pays. Nous allons nous
intéresser au dialogue social tel que perçu en France, au
Sénégal et aussi au Burkina Faso.
III-1-2-1 Le dialogue social en France
La France est toujours confrontée, à ce
début du 21è siècle, à des défis tels que la
persistance du chômage, l'adéquation formation emploi, la
mondialisation et surtout l'évolution des moeurs et des modes de vie.
Ces faits traduisent une divergence de points de vue des citoyens. Pourtant, il
faut moderniser les méthodes d'élaboration des normes sociales.
Pour CHERTIER, D.J. (2006), la France est face à des divergences des
logiques et une confrontation des temps. Que faire ? Cela passe par le
dialogue. Cependant, CHARGUERAUD M.A (2012)14 s'interroge en ces
termes : « pourquoi un tel manque de dialogue social en France ?
». Dans un article intitulé « Pour une modernisation
du dialogue social », il compare les difficultés
rencontrées par la France à la Tour de Babel. Pour lui, la France
doit rechercher un langage commun pour se comprendre et éviter «
l'accumulation d'étages successifs d'instances de concertation
». De plus, le dialogue social doit tenir compte de la
représentativité des partenaires sociaux et la capacité
d'expertise afin d'instaurer un climat favorable à la concertation.
III-1-2-2 Le dialogue social au Sénégal
Selon BARRY I.15, le dialogue social relève
essentiellement de l'éthique. Au cours d'un atelier de mise à
niveau de journalistes sur le dialogue social et le rapport mondial sur les
salaires, il déclare que « le problème du dialogue
social en Afrique, c'est un problème d'éthique car le dialogue
social doit être fondé sur des valeurs et des principes sur le
respect des engagements, de la parole donnée ».
BARRY I. reconnaît les avancées significatives du
Sénégal en matière de dialogue social avec la
création du Comité National du Dialogue Social (CNDS). Au cours
de l'atelier, il a ajouté que les conditions de réalisation de la
concertation sont difficiles à cause de leur culture qui ne
14 Article intitulé : Pourquoi un tel
manque de dialogue social en France ? Publié le 22 novembre 2012
dans Syndicalisme, Travail & emploi.
15 Coordonnateur du programme pour la promotion du
dialogue social en Afrique(PRODIAF) en 2011.
16
leur « permet pas d'aller au fond des choses
» et aussi la multiplicité des centrales syndicales et des
entreprises.
III-1-2-3 Le dialogue social au Burkina Faso
Au Burkina Faso, le dialogue social a toujours eu un sens dans
les activités quotidiennes des sociétés. En
témoigne l'arbre à palabre qui réunissait chaque fois que
de besoin les hommes et les femmes pour la résolution des
problèmes sociaux. Guidé et dirigé par les sages, l'arbre
à palabre permet par des échanges de trouver des solutions aux
difficultés rencontrées. Dans la société moderne,
nous avons l'adoption de la Constitution du 02 juin 1991 qui permettait au
Burkina Faso d'adhérer à la démocratie. C'est un
système politique qui met en avant la liberté d'expression. De
nos jours, avec la communalisation intégrale du pays, plusieurs
structures sont créées dans les villages, les communes, les
régions pour des concertations tous azimuts afin de relever les
défis du développement surtout endogène. Le Conseil
Economique et Social (CES), qui regroupe toutes les couches sociales que
compose la société, traite des problèmes sociaux et
économiques des populations. Plus récent, le Collège des
Sages, institué par le Chef de l'Etat, à travers ses actions
d'écoute, a réussi à résorber la crise
socio-politique qui a failli plonger le pays dans une impasse suite aux
évènements de SAPOUY survenus le 13 décembre 1998.
III-1-3 Les typologies du dialogue social
Les institutions du dialogue social sont souvent
définies par leur composition. Elles peuvent être bipartites,
tripartites, ou "tripartites plus". Le dialogue social peut désigner un
processus tripartite en incluant le gouvernement de manière officielle.
Il peut réunir les salariés (ou leurs syndicats) et la direction
(du lycée) donc en relations bipartites. La concertation peut être
informelle ou institutionnalisée, et elle peut conjuguer souvent ces
deux (02) aspects. Le dialogue social peut prendre diverses formes, depuis le
simple échange d'informations jusqu'aux formes de concertation les plus
abouties : la négociation, la consultation et le partage de
l'information.
III-1-3-1 Le partage de l'information
Le partage de l'information est l'un des
éléments fondamentaux et indispensables au dialogue social
effectif. En soi, il n'implique pas de débattre véritablement des
questions ou d'engager une action, mais il forme néanmoins une partie
essentielle des processus par lesquels le dialogue est établi et les
décisions sont prises.
17
III-1-3-2 La consultation
La consultation va au-delà du simple partage de
l'information et exige un engagement des parties au moyen d'un échange
de vues qui, à son tour, peut déboucher sur un dialogue plus
approfondi. Les organes tripartites ou bipartites peuvent entreprendre des
négociations et conclure des accords. Beaucoup d'institutions utilisent
la consultation et le partage de l'information alors que certaines sont
habilitées à conclure des accords plus ou moins
équilibrés. Les institutions du dialogue social qui n'ont pas un
tel mandat ont normalement un rôle consultatif auprès des
ministères, des législateurs et autres dirigeants et
décideurs.
III-1-3-3 La négociation collective
La négociation collective est une des formes de
dialogue social parmi les plus répandues. Les parties peuvent engager
des négociations collectives au niveau des entreprises, ou aux niveaux
sectoriel, régional, national, voire multinational. Elle s'inscrit dans
un cadre plus ou moins formalisé, se met en place pour résoudre
un problème partagé par les deux (02) parties et aboutit à
un accord qui est un texte provisoire qui cristallise l'engagement des
protagonistes et prend place dans la forêt d'accords existants. Dans la
manière de concevoir la négociation de FLANDERS, A. (1968, p.
15), il appelle négociation « tout échange où les
partenaires cherchent à modifier les termes de l'échange, toute
relation où les acteurs remettent en cause les règles et leurs
relations ». La négociation est donc un échange
réglé qui suppose de se mettre d'accord sur des règles de
telle sorte que l'échange ait lieu.
III-1-4 Les conditions de bases du dialogue social
Le dialogue social diffère en fonction des
réalités de chaque pays. Il prend en compte le contexte culturel,
historique, économique et politique du pays. Il n'existe pas de
modèle de dialogue social valable pour tous les cas de figure qui puisse
être immédiatement transposé d'un pays à l'autre.
Malgré les principes fondamentaux de base de la liberté syndicale
et du droit aux négociations collectives, le dialogue social comporte
des divergences dans son application selon les pays. Il est donc important
qu'il soit adapté à la situation nationale afin de favoriser une
intégration réelle des parties prenantes au processus. Son
installation, dans toute structure ou organisation, nécessite des
conditions minimales qui sont entre autres comme la présence effective
des organisations fortes et indépendantes de travailleurs et
d'employeurs avec la capacité technique et l'accès aux
informations pertinentes leur permettant de participer au dialogue social.
18
De plus, une volonté politique affirmée
d'engager le dialogue social de la part de toutes les parties s'avère
importante ainsi qu'une reconnaissance réciproque entre chaque
représentant des partenaires sociaux. Enfin, il faudrait tenir compte du
respect des droits fondamentaux que sont la liberté syndicale et la
négociation collective tels que cités dans les conventions
n°87 et n°98 de l'OIT et un soutien institutionnel
approprié.
Trois (03) étapes sont importantes pour l'instauration
d'un dialogue social constructif. Elles sont à prendre en compte en
fonction de l'ordre suivant : d'abord, la connaissance de ses droits et du
respect de ses devoirs, ensuite l'adaptation des modes de dialogue aux enjeux
du problème à résoudre, enfin la mutualisation et le
partage des enseignements transférables.
III-2 La réussite de l'oeuvre éducative
Favoriser la réussite éducative, c'est envisager
l'enfant ou l'adolescent dans sa globalité. C'est pourquoi
l'École a aussi pour responsabilité la promotion et
l'éducation à la santé et l'éducation aux
comportements responsables. Elle contribue au suivi de la santé des
élèves et a également vocation à réduire les
inégalités. Les questions sociales et de santé doivent
donc pouvoir être traitées en son sein et en lien avec ses
partenaires, si nécessaire ; des solutions doivent pouvoir y être
amorcées et un suivi réalisé. Les professionnels sociaux
et de santé, de même que les enseignants et l'équipe
éducative dans son ensemble, disposeront d'outils pour identifier les
signes de mal-être chez les jeunes. Cette sensibilisation de tout le
personnel au sein des établissements permettra, d'une part, de
prévenir le décrochage scolaire et, d'autre part, d'oeuvrer en
faveur du bien-être des élèves à l'École.
III-2-1 Les déterminants de la réussite
scolaire
Ils sont regroupés en quatre (04) catégories qui
sont : les facteurs familiaux, les facteurs personnels, les facteurs
environnementaux et les facteurs scolaires. Dans notre étude, nous
allons nous intéresser aux facteurs scolaires que sont : les relations
professeur-élèves, les méthodes pédagogiques, le
climat scolaire et le soutien aux élèves en difficulté.
Selon le site «
soyonscomperes.com
», un élève laissé à lui-même face
aux problèmes qu'il rencontre ou vit, est exposé et risque fort
de décrocher. L'administration scolaire doit mettre en place des
techniques de suivi scolaire afin de faciliter la fréquentation scolaire
des élèves. Ensuite, l'école est le principal milieu de
vie des élèves. Ils y passent en moyenne plus d'une trentaine
d'heures par semaine avec ses amis. Alors, ils vivent des situations
particulières où l'on peut
19
retrouver des problèmes tels que l'intimidation, la
violence, la délinquance mais aussi des phénomènes de
solidarité, d'entraide et d'activités communes menées par
les élèves. En plus, les méthodes de transmission des
connaissances sont déterminantes dans la persévérance
scolaire des jeunes apprenants. Pour cela, l'administration scolaire doit
veiller à vérifier périodiquement les techniques
d'enseignement utilisées par les professeurs. Une attention
particulière aux questions des élèves mais aussi des
renforcements positifs permettent d'améliorer la compréhension
des leçons par les élèves. C'est dans ce sens que les
relations professeur-élèves ont une signification pour
l'élève. La qualité de cette relation exerce une influence
prépondérante sur les résultats scolaires des
élèves, influence que le professeur a souvent tendance à
négliger. Cependant, force est de constater que de nombreux
élèves expliquent leur décrochage par les
difficultés relationnelles avec au moins un des professeurs.
Selon BLANQUER, J.M16, trois facteurs favorisent la
réussite des élèves : « Des professeurs
formés et heureux, un pilotage local, un climat scolaire correct
». Les chefs d'établissement ont le pouvoir de créer ce
climat positif dans leur établissement. Ce doit être un climat de
confiance, favorisant l'investissement, la formation continue des enseignants
et le travail collaboratif et coopératif.
III-2-2 Les indicateurs de réussite de l'oeuvre
éducative
La réussite de l'oeuvre éducative passe par un
certain nombre de paramètres importants lesquels favoriseront la mise en
place de meilleures conditions pour la réussite des
élèves.
La culture permet un brassage, c'est un reflet des
inégalités sociales. Elle implique la présence d'un cadre
de gestion et d'animation des activités culturelles et artistiques dans
les lycées et collèges. De plus, il faut bannir la discrimination
dans les établissements scolaires en déconstruisant les
stéréotypes de la société car presque tous les
métiers sont devenus mixtes. Les acteurs du système
éducatif se doivent de promouvoir l'égalité entre les
sexes, la mixité des filières de formation et à tous les
niveaux d'étude. L'absentéisme est aussi un facteur qui influence
négativement l'oeuvre éducative. Afin de le maîtriser, la
mobilisation de tous les acteurs du système éducatif pour une
synergie d'actions de tous est nécessaire. En plus, il faut créer
une veille active tout au long du cursus scolaire de chaque
élève. L'éducation inclusive et intégratrice doit
être bien élaborée afin de permettre aux handicapés
de suivre un cursus normal. Enfin, la
16 Directeur général
de l'enseignement scolaire au ministère de l'Éducation nationale,
de la jeunesse et de la vie associative (DGESCO) de la France (2011)
20
réussite à l'école pour un
élève passe par son état de santé physique et
psychique. Elle détermine souvent les inégalités entre les
élèves. Des actions sont à mener dans les
établissements scolaires dans le sens de suivre la santé de
chaque élève comme le recrutement de personnels
médico-sociaux dans les lycées et collèges.
III-3 Les contributions possibles des syndicats
Dans les établissements secondaires, les acteurs sont
entre autres l'administration scolaire, les syndicats, la
délégation du personnel, l'association des parents
d'élèves, le comité des élèves.
L'administration scolaire17 est aussi appelée équipe
de direction et se compose du chef d'établissement, du censeur, du
surveillant général et de l'intendant. Cette équipe est
chargée de la bonne marche de l'établissement. Pour ce faire,
elle coordonne les activités administratives et pédagogiques
à travers des directives, des recommandations. Pour FREEMAN & MEDOFF
(1984)18, la présence syndicale contribue à
l'amélioration de la productivité du travail. En donnant la
possibilité aux salariés d'exprimer leurs insatisfactions, la
présence syndicale permet, d'une part, d'améliorer la
communication entre les salariés et la direction et, d'autre part, de
réduire la rotation du personnel. En outre, la présence syndicale
inciterait, selon eux, les dirigeants à améliorer leurs
méthodes de gestion. Les syndicats peuvent aussi entraver
l'activité de l'entreprise en contestant les décisions prises par
la direction (débrayages, grèves, etc...). Ainsi, la
présence syndicale aurait aussi des conséquences négatives
sur la productivité des salariés. Au final, il est
théoriquement difficile de prédire les effets de la
présence d'organisations syndicales sur la performance des entreprises,
car de facto, l'effet net du syndicalisme sur la performance d'une structure
devient une question empirique.
Pour de nombreux employeurs, la présence
d'organisations est synonyme de relations professionnelles et sociales tendues.
En revanche, lorsque les syndicats interviennent efficacement en leur faveur,
notamment par le biais de la négociation collective, les employés
ont tendance à juger favorablement le climat social. C'est dire que
l'instrumentalité syndicale améliore la perception du climat
social par les employés.
On peut néanmoins tirer quelques implications telles
que la notion de « climat social tendu ». LAROCHE P. (2002, p 23)
affirme que : « si dans une première lecture, le climat social
tendu est plutôt assimilé à une conflictualité
négative, voire nocive, il
17 Elle se compose en
général de l'équipe de direction et le personnel
d'encadrement des élèves.
18 In Thèse de doctorat en sciences de gestion,
Université de Nancy 2 de LAROCHE P. (2002)
21
importe, dans une seconde lecture, de souligner le
caractère à la fois inévitable et souvent constructif du
conflit dans l'organisation ». Pour une entreprise comme
l'établissement scolaire, la rentabilité ne saurait se mesurer
dans les finances mais dans ses résultats scolaires et disciplinaires.
La présence de syndicats doit être prise par la direction comme un
partenaire social capable d'apporter sa part de contribution dans la
réussite éducative. C'est la mission assignée à
l'école par la société. L'administration scolaire, par une
organisation rigoureuse, assurera une bonne formation aux élèves
pour peu qu'elle entretienne de bonnes relations avec tous les partenaires
sociaux existant dans l'établissement scolaire. Pour ce faire, les chefs
d'établissement doivent posséder certaines compétences
indispensables.
III-4 Les compétences pour une direction efficace et
efficiente
Le chef d'établissement en tant que premier responsable
de l'établissement et revêtu d'une autorité légale
doit se doter de compétences et des qualités lui permettant de
réussir l'oeuvre éducative. Ce sont entre autres les notions sur
la Gestion des Ressources Humaines, la communication interne et la gestion des
conflits, toutes choses qui lui permettront d'améliorer les
compétences des hommes mis à sa disposition. La résultante
de toutes ses actions est l'édification de la société
à travers une jeunesse bien formée.
III-4-1 La Gestion des Ressources Humaines (GRH)
Les établissements scolaires, bien que n'ayant pas pour
vocation première la rentabilité financière et
économique, sont des organisations comme les autres. A ce titre, ils
font appel à des pratiques de GRH telles que la formation, la
rémunération, la gestion des carrières et
l'évaluation entre autres. Cité par KUTCHE TAMGHE C-D., DORRA J.
(2008) affirme que le problème de la gestion de l'immatériel dans
l'entreprise représente un enjeu, il s'agit là de quelque chose
d'essentiel pour le développement des entreprises.
Plusieurs auteurs ont essayé de définir le
concept de GRH. Selon ST-ONGE et al. (2004) cités par KUTCHE TAMGHE C-D,
la GRH renvoie plus à « un ensemble variable des pratiques qui
visent à aider l'organisation à résoudre avec
efficacité, efficience et équité les problèmes
associés à la présence des personnes au sein d'une
entreprise ». La GRH est également définie comme
l'ensemble des préoccupations de gestion sociale dans l'entreprise et
les modes de traitement de
22
ces préoccupations. ROUSSEL P.19 cité
par MORENO M. (2008, p 5) en donne la définition suivante : «
La G.R.H. est l'ensemble des activités qui visent à
développer l'efficacité collective des personnes qui travaillent
pour l'entreprise. L'efficacité étant la mesure dans laquelle les
objectifs sont atteints, la G.R.H. aura pour mission de conduire le
développement des R.H. en vue de la réalisation des objectifs de
l'entreprise. La G.R.H. définit les stratégies et les moyens en
RH, les modes de fonctionnement organisationnels et la logistique de soutien
afin de développer les compétences nécessaires pour
atteindre les objectifs de l'entreprise.» Elle comprend deux (02)
principales dimensions que sont l'administration du personnel et le
développement des ressources humaines.
Depuis les travaux de l'école des relations humaines,
et plus récemment le développement d'une approche
stratégique des ressources humaines avec la RBV (resource based view
of the firm), la contribution des ressources humaines à la
performance des entreprises s'avère nécessaire. Pour ROUSSEAU et
LABBE (2002), l'individu quitte son rôle d'exécutant à
celui de « coordinateur » et de « développeur » dans
les systèmes hommes-machines-clients d'une part et d'autre part, les
défis actuels de ce monde en perpétuelle mutation renforcent
l'impératif de performance. Dans ce sens, la fonction RH, au même
titre que les autres fonctions de l'organisation qu'est l'établissement
scolaire, se trouve confrontée à une exigence de plus en plus
forte : celle de contribuer davantage à la performance
des résultats scolaires. Parmi les principales pratiques RH
qualifiées de «performantes» par la littérature
scientifique, les auteurs citent celles liées aux activités de
rémunération incitative, à la participation des
employés, à la formation et au développement de la main
d'oeuvre, ainsi qu'à l'aspect sécurité d'emploi (BECKER ET
GERHART, 1996; DELERY ET DOTY, 1996; PFEFFER ET VEIGA, 1999).
III-4-2 La communication interne
La communication interne peut se définir dans un
premier temps comme l'ensemble des actions de communication destinées
aux salariés d'une entreprise ou d'une organisation. Utilisant des
supports tels que le journal de l'entreprise, les panneaux d'affichages, les
lettres au personnel ou les téléconférences, etc., la
communication interne se conçoit aujourd'hui comme un instrument
d'adhésion interne aux valeurs de l'entreprise et à sa
philosophie, comme un
19 Patrice ROUSSEL est coordinateur de
l'équipe de recherche au LIRHE, Laboratoire Interdisciplinaire de
recherche sur les Ressources Humaines et l'Emploi, créé en 1995.
Le LIRHE est composé de chercheurs en droit social et économie du
travail de l'Université des sciences sociales de Toulouse, et de
chercheurs en gestion des ressources humaines de l'Institut d'Administration
des Entreprises de cette même université.
23
instrument de construction d'une solidarité et d'une
implication des salariés par rapport à leur employeur.
Transmettre de l'information donc, ne suffit plus. La communication interne
doit désormais susciter l'attachement des salariés à
l'entreprise.
Le partage de l'information est devenu un signe de confiance
que la direction fait parvenir aux salariés. Ce partage de l'information
doit être considéré comme un signe de reconnaissance. Le
responsable qui accepte de partager les résultats avec chaque
salarié considère chacun d'entre eux comme compétent et
digne de confiance.
C'est dire que la communication interne permet de
développer un sentiment d'appartenance, de créer un esprit
d'entreprise, d'entretenir un climat de confiance et d'estime, de permettre aux
salariés de s'accomplir, de se développer dans leur travail. La
communication interne favorise les échanges de connaissances,
d'expérience pour faire partager, développer et
accélérer les progrès. En décloisonnant les
secteurs d'activités et en facilitant les transferts
d'expériences, elles renforcent la cohérence et la
réactivité des organisations. Les conseils d'enseignement dans
les établissements secondaires doivent être vus sous cet angle de
connaissances transférables.
En conclusion, le chef d'établissement doit
développer la communication interne car celle-ci est devenue la
condition même de la performance, elle est un élément
central de tous les processus créateurs de valeurs. Il doit
également assigner à la communication interne l'objectif de
création de liens sociaux.
III-4-3 La gestion des conflits
La notion de conflit est inhérente à la vie
quotidienne. Elle est présente en famille, comme en politique ou dans le
monde du travail. Sa présence n'est cependant pas une fatalité
dans la mesure où des mécanismes peuvent être mis en place
soit pour sa résolution soit pour sa prévention. De nos jours,
les conflits individuels dans le monde du travail ont pris le dessus sur ceux
collectifs. Ils se traduisent par des pertes de temps ou de rentabilité
de l'organisation. Pour DOLAN et al. (2007, p 201), « Peu importe son
origine ou sa nature, le conflit est une réalité non
négligeable du monde organisationnel et sa mystification demeure
essentielle à la compréhension des comportements des dirigeants
comme des travailleurs ».
Les causes du déclenchement d'un conflit sont multiples
mais il naît habituellement par les relations entre les individus.
L'augmentation de la charge de travail, l'interdépendance croissante
24
entre les travailleurs et les pressions externes et diverses
sont autant de conditions qui favorisent l'apparition d'un conflit. L'origine
d'un conflit peut être aussi l'incompatibilité des objectifs ou
celle des rôles et des attentes des uns et des autres dans
l'accomplissement des missions dévolues à l'organisation. En
fonction de sa source, le conflit peut prendre plusieurs formes et comporte
aussi des conséquences possibles sur le comportement des groupes et des
individus. De nos jours, les conflits dans le monde du travail sont une
réalité inévitable et souvent bénéfique au
développement de l'organisation. Pour SCHERMERHORN, HUNT et OSBORN
(2002), cité par DOLAN et al (2007, p 219), « une entreprise
où il n'y avait aucun ou trop de conflits serait probablement dans une
situation périlleuse. A l'inverse, un niveau modéré de
conflits est constructif pour l'organisation, en autant que ces derniers soient
bien gérés ». Ce n'est pas le conflit en soi mais sa
gestion qui peut avoir des conséquences destructives et les
gestionnaires sont des acteurs clefs dans la résolution des
difficultés relationnelles.
III-5 Le dialogue social et la réussite
éducative
Pour un dialogue social conduisant à la réussite
éducative, des actions précises doivent être menées.
Il s'agit entre autres de la préparation en amont de la
négociation, de l'adoption des voies de la régulation sociale et
de l'application d'un des types de négociations collectives.
III-5-1 Les différents types de négociations
collectives
Pour THOMPSON M.20, la «négociation»
est la forme la plus élevée du dialogue social. Elle
prend souvent la forme d'une négociation collective. Ce
processus exige la pleine représentation des organisations de
travailleurs et une autorité dirigeante compétente,
l'échange de positions et une déclaration formelle
énonçant les résultats des négociations,
habituellement un accord écrit. Les accords ont normalement une
durée déterminée. Si les parties ne peuvent pas parvenir
à un accord, les organisations de travailleurs peuvent recourir à
la grève pour exercer des pressions sur les employeurs ou bien une
autorité extérieure neutre peut régler le
différend. L'objectif d'une négociation est d'arriver à un
accord qu'il soit déséquilibré, équilibré ou
efficace. La négociation collective comporte trois formes qui sont : la
négociation distributive, la négociation intégrative et la
négociation raisonnée.
20 Professeur émérite,
spécialiste des questions du travail et des relations professionnelles,
Sauder School of Business, Université de la Colombie-Britannique,
Canada(2009).
25
III-5-1-1 La négociation distributive ou
traditionnelle
C'est une négociation dans laquelle les
négociateurs font preuve d'une coopération faible ou même
inexistante. Pour DUPONT C. (1986, p 47), « Ils sont animés par
un désir de gain propre, réalisé au besoin au
détriment des objectifs adverses ou communs ». Les
participants se considèrent comme des ennemis et leur objectif dans la
négociation est d'optimiser les gains personnels. De plus, ils exigent
des concessions comme condition à la poursuite des relations ou des
avantages unilatéraux comme prix d'un accord. Chaque partie se
méfie donc de l'autre et se cantonne toujours dans sa position. Il
arrive qu'une des parties en discussion profère des menaces à
l'autre. La négociation distributive comporte des
bénéfices qui sont entre autres la possibilité de tirer
profit du rapport de force, elle favorise les négociateurs habiles et
expérimentés, elle simplifie les considérations
stratégiques suivant les intérêts personnels et permet une
maximisation des gains de court terme. Elle aboutit à un accord
déséquilibré.
III-5-1-2 La négociation intégrative ou
coopérative
Pour DUPONT C. (1986, p 47), « Elle est une
négociation dans laquelle les négociateurs font preuve d'une
forte coopération et sont animés par un désir de gain
mutuel ». Les participants sont des amis. L'objectif de la
négociation poursuivit par chaque partie est l'optimisation des gains
mutuels. Pendant la négociation, chaque partie fait des concessions pour
cultiver ses relations. De plus, la confiance est le maître mot au cours
de la négociation intégrative et chaque partie peut changer de
position sans difficultés et quelques fois faire aussi des offres. Pour
parvenir à un accord, il arrive que chacune des parties accepte des
pertes unilatérales. Ce qui importe, c'est de parvenir à un
accord. Quant à ses bénéfices, elle engendre un climat de
confiance, de crédibilité et de réciprocité,
encourage une plus grande stabilité de l'accord, favorise des relations
à long terme, valorise la créativité et les actions
constructives et aide à l'enrichissement de la culture d'entreprise. Le
résultat est un accord équilibré.
III-5-1-3 La négociation raisonnée ou de
totale coordination
Au cours de ce dialogue, les négociateurs s'effacent
devant les objets de la négociation, tellement ceux-ci sont importants
(cas des situations complexes et enjeux importants). Les participants sont
là pour résoudre un différend. Il s'agit de conclure
à l'amiable un accord efficace et judicieux. Pour ce faire, chaque
partie traite séparément les personnes et le différend.
La
26
confiance n'entre pas en ligne de compte et chacune se
concentre sur les intérêts en jeu et non sur les positions.
L'important c'est d'étudier les intérêts et d'imaginer des
solutions pour un bénéfice mutuel. Dans la négociation
raisonnée, l'utilisation de critères objectifs est une exigence.
C'est une logique coopérative et efficace caractérisée par
un principe qui est de trouver une solution satisfaisante. Elle se traduit par
l'expression gagnant-gagnant. Cette forme de négociation conduit
à un accord efficace ou judicieux.
III-5-2 La préparation de la négociation
C'est à travers les instances officielles et quelques
fois des rencontres informelles que le dialogue social est perceptible dans les
établissements secondaires. Les instances officielles sont au nombre de
sept (07) : le comité de gestion, le conseil intérieur, les
conseils d'enseignement, le conseil de discipline, les conseils de classe, le
conseil des professeurs, une cellule des manuels scolaires. A celles-ci
s'ajoute le conseil de perfectionnement pour l'enseignement technique. Ces
instances officielles sont tenues à des périodes
régulières. Elles sont convoquées suivant une note de
service par le chef d'établissement. C'est à l'équipe de
direction de préparer ces instances par une organisation
matérielle et souvent financière pour leur bonne tenue. Elle doit
aussi faire une rencontre préparatoire sur les différents points
à exposer afin d'avoir les mêmes interprétations le jour de
la tenue de l'instance. Chaque partie prenante ou partenaire social
concerné par les décisions à prendre doit être
présent pour des échanges francs conduisant à des
compromis ou des consensus.
En exemple, le comité de gestion (COGES) est la plus
grande instance au niveau de l'établissement secondaire chargée
de la gestion matérielle et financière. Il adopte le budget
annuel de l'établissement ainsi que le bilan des recettes et des
dépenses de l'année écoulée. Les membres
statutaires sont entre autres l'administration, les représentants des
professeurs, les parents d'élèves et les élèves. Le
conseil intérieur ou conseil d'établissement est chargée
des grandes orientations de l'établissement tant sur le plan
pédagogique, administratif que financier. Il est aussi composé
des membres de l'administration, des représentants des syndicats, des
parents d'élèves et des élèves.
Toutes ces instances de gestion oeuvrent pour la
réussite de l'oeuvre éducative à travers des
échanges entre les différents partenaires sociaux dans le
système éducatif. Cependant, des divergences existent et
entravent sérieusement soit la tenue effective de ces instances ou leur
bonne application. Le degré d'implication de chaque partie prenante est
déterminant pour la
27
réussite des objectifs fixés pendant les
instances. De plus, la non tenue de ces instances peut conduire souvent
à des conflits qui peuvent aller jusqu'à la rupture totale du
dialogue entre les différents partenaires de l'établissement. Ce
qui peut affecter négativement les résultats scolaires des
élèves.
III-5-3 Les voies de la régulation sociale
La théorie de la régulation sociale est une
théorie développée par le sociologue français
REYNAUD J.D. depuis les années 1970. Elle met la négociation et
les règles au centre des rapports sociaux. Présenter la
théorie de la régulation sociale revient à rappeler son
objet qui est l'étude de l'action et de ce qui la contraint : elle
privilégie l'individu agissant qui prend des décisions sociales.
Pour REYNAUD J.D. (1999, p. 233) « l'action sociale est une
interaction réglée et finalisée » et ce sont ces
interactions réglées qui forment le système.
L'étude de l'action sociale est alors celle de l'interaction de sujets
qui définissent collectivement son orientation, élabore le sens
qui leur convient dans le cadre de rapports de pouvoir qui distribue
l'initiative de manière inégale. Dans notre cas, les interactions
entre les professeurs et leur administration déterminent l'orientation
qu'ils se donnent quant à leur mission qui est d'éduquer les
élèves qui leur sont confiés.
Pour REYNAUD J.D., le syndicat n'est pas extérieur,
mais bien au coeur de l'entreprise dans laquelle il contribue de manière
endogène à la production normative : la négociation ne
vise pas à déstabiliser l'entreprise, mais à faire de
l'opposition entre employeurs et syndicats une opportunité pour qu'ils
définissent ensemble des règles communes et légitimes,
sans intervention extérieure. Alors, la présence des syndicats
comme le SNESS, le SYNTER et le SYNAPAGER ne doit pas être perçue
par l'administration scolaire comme une menace, une déstabilisation de
leurs stratégies administratives. Elle signifie juste une recherche de
meilleures conditions de travail afin d'améliorer les résultats
scolaires des élèves. Pour REYNAUD J.D., la négociation
professionnelle ne fixe pas seulement un salaire ou une indemnité, mais
elle invente des règles pour les fixer et en même temps, ces
règles conditionnent les interactions entre les protagonistes.
Cette situation permet d'entrer dans le champ de
négociation en transformant un employé en un représentant
capable de négocier avec l'employeur sur l'aménagement du temps
de travail alors même qu'il n'est pas syndiqué. Curieusement, avec
ce type d'acteur peu expérimenté, ces accords locaux sont bien
plus favorables que les accords conclus lorsque les organisations
28
syndicales sont présentes, ce qui témoigne de
l'importance des « régulations intermédiaires » dans la
construction d'un ordre social légitime. Dans les lycées, il y a
le délégué du personnel qui est élu par tous ceux
qui y travaillent. Il agit sans bord syndical (dans le principe) et
représente le personnel à des concertations ou aux instances
officielles avec l'administration scolaire. Ce changement de paradigme le
conduit à partir de l'action sociale. Dans ce cas, par des actions
concrètes et planifiées avec les autres travailleurs, il
régule le système et contribue à construire des normes et
des valeurs. Et REYNAUD J.D. (1999, p. 112) ajoute : « pour faire
image, le paradigme de la régulation sociale n'est pas à chercher
dans la secte religieuse, mais dans la convention collective de travail
». La théorie de la régulation sociale se fonde sur le
paradigme de l'acteur social irréductible, dont la
caractéristique majeure est son autonomie, c'est-à-dire sa
capacité de construire des règles sociales et d'y consentir.
En somme, la notion de régulation sociale permet
d'expliquer la manière dont les individus réagissent à des
contraintes, interprètent la situation, inventent des cadres cognitifs
pour trouver le sens, se mobilisent et s'affrontent sur des jugements à
propos de l'efficacité de tel ou tel mode d'organisation. On
s'écarte de tout déterminisme ou disposition : l'accent est mis
sur ce « fait social » qu'est l'action et non sur une suite
d'évènements dont il suffirait de retrouver les
enchaînements pour comprendre leurs relations avec l'action
29
III-6 Les théories de référence
Pour notre étude, nous allons mettre l'accent sur deux
(02) théories que sont : la régulation conjointe de REYNAUD J. D.
(1999) et celle des négociations stratégiques de WALTON et al
(2000). La régulation conjointe qui est l'aboutissement de la
régulation sociale va nous permettre de cerner le dialogue social comme
instrument d'amélioration des conditions de travail des professeurs, des
élèves et des membres de l'administration d'un
établissement secondaire. Quant à la théorie des
négociations stratégiques, elle nous renseignera sur les choix
opérés par chaque partie prenante dans l'objectif d'atteindre les
changements escomptés.
III-6-1 La théorie de la régulation
conjointe
Toute société vit à coups de «
réglages » entre les différentes composantes de la vie
sociale, mais aussi à coup « d'arbitrages » entre
l'intégration et l'exclusion, ou encore à coups de «
compromis » entre les décisions prises par la hiérarchie et
leur mise en oeuvre par les subordonnés ou employés, entre la
subordination et la volonté d'y déroger par affirmation de son
autonomie. C'est donc par des interactions qui se créent des
règles, lesquelles permettent la communication et l'échange
social, la collaboration et le conflit, l'arbitrage et le compromis. L'acteur
social revendique de faire reconnaître ses droits, de pouvoir
développer des initiatives locales, d'affirmer sa capacité
à produire ses propres règles d'action, ou sa volonté de
cogérer un système. Son action constitue une réponse face
à des contraintes, face à des dispositifs
hétéronomes, face à des dispositifs extérieurs de
structuration des activités, face à une institution qui
règle ses comportements, face à des mécanismes de
contrôle et de sanction. Les acteurs sociaux tentent de faire
reconnaître comme légitime leurs actions ou d'affirmer leur
contribution efficace dans la définition des règles; ils tentent
d'exercer leur autonomie en grignotant des marges de manoeuvre ou en
négociant. Tout d'abord, la régulation autonome vise bien
à imposer des règles et prétend, par là même
à la légitimité. Ensuite, cette distinction n'entend pas
opposer une logique d'efficacité en terme, par exemple de coûts,
à une logique tournée vers les satisfactions sociales. Les
régulations autonomes visent très souvent un résultat
externe. Le développement des pratiques favorisant la responsabilisation
prouvent que l'efficacité des régulations autonomes est
aujourd'hui, largement reconnue au sein des organisations. Par ailleurs,
l'activité de régulation peut porter sur de nombreux domaines :
les salaires, les méthodes de travail mais également l'adoption
de technologies nouvelles. Puisque, au sein d'une organisation, coexistent
différentes sources, différents niveaux et domaines de
régulations, le problème se pose
30
de comprendre comment ces régulations se coordonnent,
se juxtaposent et s'affrontent. La coordination de ces différentes
régulations conduit inévitablement à un compromis qui est
la régulation conjointe (REYNAUD, 1999).
III-6-2 La théorie des négociations
stratégiques
La transformation des milieux de travail syndiqués
suite aux initiatives des acteurs, et plus particulièrement l'acteur
patronal, est un phénomène qui se vit dans bien
d'entreprises publiques et privées. Au quotidien, on constate des
transformations qui découlent d'accords négociés ou des
désaccords entre les parties. Toutefois, la complexité des
changements observés dans les règles de travail et dans la
relation entre les parties met en exergue les limites explicatives et souvent
prédictives des théories de négociation collective
traditionnelles. La théorie des négociations stratégiques
proposée par WALTON et al (2000) vise à expliquer la dynamique du
changement organisationnel dans une entreprise voire un établissement.
En somme, pour WALTON et al. (2000) le choix stratégique s'exerce en
tenant compte, non seulement des revendications et du climat recherché,
mais aussi des réactions escomptées de l'autre partie. La
stratégie syndicale, dans un tel cadre théorique, a aussi son
importance en ce sens que l'employeur ou l'administration scolaire est
susceptible de choisir une stratégie de contrainte lorsqu'il a comme
principal objectif d'apporter des changements significatifs au niveau des
règles de travail et des coûts liés à la convention
collective et lorsqu'il est peu préoccupé par des changements
dans le contrat social. L'employeur est aussi susceptible de choisir une
stratégie de coopération lorsqu'il a comme principal objectif de
modifier le contrat social pour l'orienter vers l'approche de
coopération et lorsqu'il accorde peu d'importance à des
changements au niveau des règles de travail et des coûts
liés à la convention collective.
C'est à travers des analyses et des
interprétations des réponses recueillies des questionnaires
adressés aux enquêtés dans les lycées que nous
ferons ressortir des indicateurs tels que la stratégie patronale, la
dynamique du processus de négociation, les facteurs d'influence du choix
stratégique (désirabilité, faisabilité) et les
résultats scolaires. Ce qui nous permettra de cerner la pertinence
explicative du modèle de WALTON et al.
III-7 La synthèse de la revue critique de
littérature
Il ressort de cette revue critique que le dialogue social est
une notion qui s'insère dans le monde du travail comme un levier, une
solution pour rendre performants les travailleurs d'une
31
structure donnée. Le dialogue social se présente
sous différentes formes et la plus importante pour nous dans le domaine
de l'enseignement secondaire est la négociation. Cette
négociation se subdivise aussi en trois (03) autres types que sont la
négociation distributive, la négociation intégrative et la
négociation raisonnée. Les deux (02) dernières formes
semblent les mieux indiquées pour asseoir un climat propice pour les
apprentissages scolaires mais aussi les relations sociales entre les personnels
exerçant dans les lycées. Elles prennent en compte les
intérêts de chaque partie prenante c'est-à-dire la
recherche de l'équilibre dans les solutions à adopter. Quant
à la réussite éducative, elle tient compte de plusieurs
facteurs. Il s'agit entre autres de la bonne santé mentale et physique
des élèves, les relations administration scolaire-professeurs et
professeurs-élèves, le climat empreint de
sérénité, de confiance pour les élèves et
aussi les méthodes de transmission des connaissances. Mais il convient
de reconnaître que toutes les concertations entre l'administration et les
syndicats consistent à changer les règles de fonctionnement de
l'institution. Ce sont les règles du jeu qui sont toujours
modifiées et non les faits exprimés. Pour mieux apprécier
l'aspect spécifique qu'est la règle, nous avons choisi des
théories comme celle de la régulation conjointe de REYNAUD J.D.
mais aussi celle de la négociation stratégique
élaborée par WALTON et ses collaborateurs. Dans les
négociations, l'acteur peut être un individu ou un groupe
d'individus regroupés en syndicat officiellement reconnu par
l'administration scolaire. Le dialogue social se distingue des
négociations collectives par le fait qu'il s'observe avant les prises de
décision ; c'est dire que les consultations sont menées d'abord
puis la décision est prise. Aucun partenaire ne doit être surpris
ou écarté d'une prise de décision. Il se confond aux
négociations collectives par les processus d'échanges, les
mécanismes qui fondent la communication interne avant toute prise de
décision par l'administration scolaire. En définitive, ce qui
explique mieux notre contexte, ce sont les techniques d'approches que la
direction pourrait mettre en place pour une meilleure gestion des hommes
(personnel administratif, professeurs, élèves) sous son
autorité afin qu'ils soient performants.
En somme, nous pouvons dire que le dialogue social au Burkina
Faso se focalise sur le partage de l'information. Dans les lycées,
l'administration a tendance à réunir les partenaires sociaux pour
des échanges d'informations tout en évitant la discussion qui,
pourtant permet de temps en temps d'aplanir les points de vue des uns et des
autres. Quelques fois, le dialogue social peut s'exprimer par des consultations
entre l'administration et ses administrés. Ces consultations sont rares
et ne prennent pas l'ampleur d'une consultation réelle du fait de la
faible considération que l'administration accorde à ses
partenaires sociaux. Dans la plupart des établissements secondaires qui
optent pour la négociation, le dialogue social se résume à
de la négociation distributive. Cette forme de négociation
conduit le plus souvent à un climat de méfiance, de
32
suspicion. Or, pour la réussite de l'oeuvre
éducative, il s'agit d'instaurer une atmosphère de travail
basée sur la sérénité, la convivialité et la
confiance. De plus, il est à déplorer que des partenaires sociaux
présents dans les lycées ne prennent pas le soin d'officialiser
leur présence à l'administration scolaire. Cet état de
fait rend difficile souvent une franche collaboration, condition sine qua non
pour le bon fonctionnement de l'établissement scolaire.
Pour ce faire, nous avons élaboré des
questionnaires sur la question du dialogue social afin de les administrer aux
différentes parties prenantes exerçant au sein d'un lycée.
Dans la deuxième partie de notre étude, nous comptons exposer les
données récoltées à travers des questionnaires,
faire une analyse et interpréter les données recueillies puis
proposer des solutions pour un dialogue franc et fructueux conduisant à
de bons résultats scolaires aux bénéfices des
élèves, des parents d'élèves et de toute la
société.
DEUXIEME PARTIE :
CADRE METHODOLOGIQUE
|
34
CHAPITRE I : CADRE DE LA RECHERCHE
A travers ce chapitre, nous présentons les
caractéristiques de la population, les échantillons choisis, les
instruments utilisés et les méthodes employées. Mais
avant, quel a été notre champ de recherche ?
I-1 Le champ de la recherche
Notre champ de recherche concerne deux (02) Régions
administratives du Burkina Faso à savoir la région de la Boucle
du Mouhoun et la région du Centre-Ouest.
I-1-1 La région du Centre Ouest
La ville de Koudougou est située à
12°12'54''Nord et 2°31'05''ouest à 100km de Ouagadougou, 282
km de Bobo-Dioulasso, 130 km de Dédougou et à 15 km de
Réo. La commune compte dix (10) secteurs et vingt-deux (22) villages.
Dans le domaine de l'éducation, dans son volet enseignement secondaire,
la commune enregistre vingt-six (26) établissements répartis
comme suit : neuf (09) établissements publics d'enseignement
général, dix-sept (17) privés dont quatre (04)
privés d'enseignement technique. Koudougou est le chef-lieu de la
région du Centre-Ouest. C'est une région constituée de
quatre (04) provinces que sont : le Boulkiemdé, le Sanguié, la
Sissili et le Ziro. Elle est administrée par un Gouverneur de
région. Dans le domaine de l'éducation, c'est une Directrice
Régionale qui conduit les activités administratives et
pédagogiques. La région du Centre-Ouest est composée de
soixante-treize (73) établissements secondaires dont cinquante (50)
lycées et vingt-trois (23) CEG pour cette rentrée 2013-2014. Le
plus grand établissement en nombre de classes est le Lycée
Provincial de Koudougou avec ses trente-quatre (34) classes ouvertes et
fonctionnelles pour l'année scolaire 2013-2014.
I-1-2 La région de la Boucle du Mouhoun
Quant à la Boucle du Mouhoun, elle se compose de six
(06) provinces que sont : les Balé, les Banwa, la Kossi, le Mouhoun, le
Nayala et le Sourou. Elle est administrée par un Gouverneur de
région. Dans le domaine de l'éducation, c'est un Directeur
Régional qui conduit les activités administratives et
pédagogiques. Cette région compte cent seize (116)
établissements secondaires avec cinquante-sept (57) lycées et
cinquante-neuf (59) CEG pour cette année scolaire 2013-2014.
35
Le plus grand établissement est le lycée
provincial de Tougan avec ses vingt-six (26) classes fonctionnelles en cette
rentrée scolaire 2013-2014. Il est suivi du lycée municipal de
Dédougou avec vingt-cinq (25) classes.
I-2 Les caractéristiques de la population
Notre population de recherche se compose des
établissements secondaires publics des deux (02) régions
d'étude que sont le Centre Ouest et la Boucle du Mouhoun. L'étude
s'adresse aux professeurs, aux membres de l'administration, aux chefs
d'établissement, aux délégués du personnel de
chaque lycée enquêté, aux élèves, aux
associations des parents d'élèves et aux syndicats.
Tableau n 1: Classification de la population selon le
genre
Catégorie
|
Masculin
|
Féminin
|
Total
|
Chefs d'établissement
|
06
|
01
|
07
|
Membres de l'administration
|
06
|
02
|
08
|
Professeurs
|
10
|
04
|
14
|
Délégués du personnel
|
04
|
01
|
05
|
Délégués syndicaux
|
07
|
00
|
07
|
Membres APE
|
05
|
00
|
05
|
Elèves
|
11
|
03
|
14
|
Total
|
49
|
11
|
60
|
Source : enquêtes de terrain avril 2014
Les données du tableau précédent nous
permettent de constater que la population enquêtée est en
majorité du genre masculin (= 80%). Les membres APE se composent de
trois (03) présidents, un (01) secrétaire et un (01)
trésorier. Quant aux syndicats, deux (02) membres SNESS et cinq (05)
membres appartenant au F-SYNTER ont bien voulu répondre à notre
questionnaire. Les huit (08) membres de l'administration étaient des
censeurs (03), des encadreurs des élèves (04) et un
36
(01) intendant. Nous avons aussi compilé des
informations sur l'ancienneté de service et de direction des (07) sept
chefs d'établissement qui ont participé à notre
étude. Ces données sont présentées dans le tableau
suivant :
Tableau n°2 : Ancienneté de service et de
direction des chefs d'établissement
Ancienneté
|
0 à 10 ans inclus
|
10 à 15 ans inclus
|
Plus de 15 ans
|
Total
|
Service
|
00
|
01
|
06
|
07
|
Direction
|
04
|
03
|
00
|
07
|
Source : enquêtes de terrain avril 2014
Au regard des données recueillies, nous pouvons dire
que la majorité des chefs d'établissement ont plus de quinze (15)
ans d'activité en tant que professeurs. Un seul soit 14% a moins de
quinze (15) ans de service dans l'emploi de professeur des lycées et
collèges. Cette ancienneté est un facteur important dans la
connaissance du fonctionnement des établissements secondaires. Mais tous
les sept (07) chefs d'établissement ont moins de quinze (15) ans de
direction. Ce qui est loin d'être un handicap car l'ancienneté de
service peut être mise à profit pour cerner avec diligence et
justesse les difficultés fonctionnelles qui surviendraient. Il va s'en
dire que les difficultés liées aux activités
pédagogiques et administratives ne leur soient pas
étrangères.
Nous avons donc choisi cette population constituée
essentiellement de professeurs, de membres de l'administration, des parents
d'élèves et des élèves pour leurs positions
administratives et/ou pédagogiques dans les établissements
secondaires. Ils sont les mieux indiqués pour proposer,
apprécier, identifier et cerner les difficultés, assurer et
planifier les activités administratives ou pédagogiques dans les
lycées.
I-3 Les échantillons de recherche
Nous allons nous intéresser aux réalités
des deux directions régionales que sont la Boucle du Mouhoun et le
Centre-Ouest. Nous proposons d'étudier la question du dialogue social
dans sept (07) établissements secondaires (lycées) de notre champ
de recherche. Les échantillons sont choisis de façon
aléatoire quand bien même quelques critères nous ont
guidé. Nous avons choisi uniquement des lycées à cause du
nombre plus élevé de professeurs et de membres de
l'administration qui y travaillent. Nous avons tenu compte aussi de leur
situation géographique. Le lycée choisi est soit provincial, soit
municipal ou communal, soit départemental. Pour les sept (07)
37
lycées choisis, nous avons trois (03) lycées
départementaux (semi-urbains), deux (02) provinciaux (urbains), un
lycée communal (urbain) et un lycée municipal (urbain).
I-4 L'instrumentation
Elle concerne essentiellement les outils de collectes des
données, les méthodes d'approches et l'administration des
outils.
I-4-1 Les outils de collecte des données
Pour la collecte des données, nous avons utilisé
essentiellement le questionnaire. Nous l'avons choisi afin de mettre l'accent
sur la quantité d'informations à recueillir mais aussi parce
qu'il permet de prendre en compte un nombre plus grand d'enquêtés
dans un temps relativement court.
I-4-1-1 Le questionnaire
Le questionnaire s'adresse au personnel administratif et
d'encadrement au sein des établissements secondaires. Quelques
professeurs sont aussi questionnés pour mieux cerner l'état des
lieux sur le dialogue social dans leur lycée. Ce sont eux, professeurs
et membres de l'administration, les acteurs qui exécutent directement ou
indirectement les tâches administratives dans les lycées et
collèges. Chaque acteur se prononce sur le dialogue social, son
influence sur les résultats scolaires des élèves de leur
établissement et nous avons proposé des solutions palliatives au
problème d'étude.
Afin de garder l'anonymat, nous avons utilisé des codes
pour identifier les participants et les établissements visités.
Les lycées sont codés de L1 à L7. Pour les membres de
l'administration, les codes suivants sont appliqués : MA1,
MA2...jusqu'à MA8 soit huit (08) enquêtés. Les quatorze
(14) professeurs qui ont bien voulu répondre à nos questionnaires
ont été codifiés par les signes P1, P2...jusqu'à
P14. Quant aux sept (07) chefs d'établissement, nous leur avons
appliqués les codes CH1, CH2...jusqu'à CH7. Les
délégués du personnel ont comme codes DP1,
DP2.....jusqu'à DP7 et les syndicats sont codifiés de la
manière suivante S1, S2....jusqu'à S7. Les membres de
l'Association des Parents d'Elèves sont désignés par APE1,
APE2...jusqu'à APE7. Les élèves sont codés E1,
E2....jusqu'à E14.
38
I-4-1-2 La recherche documentaire
Elle nous a permis d'enrichir notre travail de recherche par
des consultations variées relatives à notre sujet d'étude.
Nous avons, par cette technique, collecté plusieurs documents pour
constituer notre revue de la littérature. Il s'agit entre autres des
ouvrages généraux, des mémoires, des revues que nous avons
empruntées dans les bibliothèques de l'UFR-LSH et de l'ENS-UK.
Nous avons mis aussi à profit les textes officiels qui régissent
le fonctionnement des établissements secondaires au Burkina Faso. Nous
l'avons complétée par des recherches tirées des
Technologies de l'Information et de la Communication(TIC).
J-4-2 Les méthodes et l'approche de recherche
La présente étude cherche à
appréhender l'importance du dialogue social et sa promotion dans les
lycées comme levier de performance des résultats scolaires.
Alors, pour mieux cerner ce phénomène, nous avons adopté
les méthodes quantitative et qualitative mais aussi analytique. Ces
méthodes nous ont permis de prendre en compte les aspects
évoqués par les premiers responsables dans les
établissements scolaires ainsi que ceux ressorties par les partenaires
sociaux des lycées visités. Ce qui nous permet, nous le pensons,
de suggérer des solutions afin d'asseoir un climat de confiance propice
au bon fonctionnement des lycées.
I-4-2-1 La méthode quantitative
Les données recueillies sont compilées sous
forme de tableaux selon la catégorie de participants et les variables
à étudier. Cette méthode expose de manière plus
claire les caractéristiques des enquêtés dans chaque
établissement secondaire et d'apprécier par des chiffres
l'état des lieux sur le dialogue social. Pour s'assurer que le dialogue
social est une réalité au sein d'un établissement, nous
avons confronté les données d'au moins six (06) agents qui
travaillent dans le même lycée : le chef d'établissement,
un membre de l'administration, le délégué du personnel, un
représentant d'un syndicat, deux (02) professeurs. Chaque point soumis
à négociation n'est valide que si au moins 50% des
enquêtés du lycée le reconnaissent. Nous avons aussi
recueilli des données à travers les questionnaires que les
associations des parents d'élèves et les élèves ont
bien voulu nous livrer.
39
I-4-2-2 La méthode qualitative
Nous avons utilisé, dans les analyses des
données recueillies, la méthode qualitative. Elle correspond au
mieux à une telle étude du fait qu'elle permet de prendre en
compte les données de chaque partenaire impliqué dans le
fonctionnement du lycée et de chercher à comprendre comment le
dialogue social est perçu et vécu dans chaque
établissement secondaire. Les données recueillies auprès
des élèves et des parents d'élèves nous ont permis
de mieux cerner les points traités au cours des concertations. C'est
pour cette raison que nous avons pris en compte juste sept (07)
établissements secondaires mais avec plusieurs catégories
d'individus (le personnel du lycée) à enquêter.
I-4-2-3 La méthode analytique
Nous avons utilisé aussi la méthode analytique
qui nous a permis d'apprécier et d'analyser les données
accumulées. Cette méthode procède par voie d'analyse des
données recueillies afin de mieux cerner les appréciations et les
préoccupations des enquêtés, de déterminer et
d'expliquer les rapports qui existent entre les différentes
données cumulées.
Nous pensons, par ces trois (03) méthodes, aboutir
à une analyse fiable des données recueillies.
J-4-3 L'administration des outils
Elle s'est faite dans les établissements secondaires
après avoir obtenu l'autorisation du premier responsable de la
région qui est le Directeur Régional des Enseignements secondaire
et Supérieur. Avant l'administration des outils, nous les avons soumis
à d'autres acteurs expérimentés exerçant dans les
établissements secondaires pour des amendements. Après avoir
intégré les amendements, nous avons procédé
à l'administration de ces questionnaires. Nous avons administré
trente-six (36) questionnaires dans la Boucle du Mouhoun et trente-un (31) dans
le Centre Ouest. En somme, nous avons administré soixante-sept (67)
questionnaires dans les sept (07) lycées choisis.
Au dépouillement, nous avons pu récupérer
trente-cinq (35) questionnaires dans la Boucle du Mouhoun et vingt-neuf (29)
dans le Centre Ouest soit un total de soixante-quatre (64) questionnaires. En
pourcentage, nous pouvons dire que nous avons recueilli 97% dans la Boucle du
Mouhoun et 93% dans le Centre Ouest soit un total de 95% de questionnaires
à dépouiller.
40
CHAPITRE II : PRESENTATION DES DONNEES RECUEILLIES
Ce chapitre présente les données recueillies.
Dans un premier temps, nous faisons l'état des lieux des concertations
exécutées selon les enquêtés dans chaque
lycée puis dans un second temps, nous analysons en relation avec les
concertations effectuées le dialogue social dans chacun des
établissements secondaires visités. Cette analyse nous conduira
à faire des interprétations suivant les théories de
référence que nous avons évoquées dans la revue de
la littérature.
II-1 De l'état des lieux des concertations
Nous nous sommes penché sur les rencontres formelles et
informelles mais aussi la situation motivationnelle dans laquelle les
enquêtés exercent leur profession au sein des
établissements secondaires. Tout d'abord, intéressons-nous aux
concertations qui ont eu lieu entre l'administration scolaire, les professeurs,
les syndicats et le délégué du personnel au cours de
l'année scolaire sur les points que nous avons identifiés dans
notre questionnaire.
II-1-1 Les négociations menées dans chaque
établissement
Nous avons choisi dix (10) points de négociations
possibles dans les établissements secondaires. Il s'agit de la
discipline des élèves, les heures supplémentaires des
professeurs, la confection des emplois de temps, le contrôle de
connaissances des élèves, la répartition des classes pour
les professeurs, le régime pédagogique, le recrutement des
vacataires, les méthodes pédagogiques, les recommandations
émanant de la Direction Régionale et l'hygiène et la
santé des élèves. Les personnes enquêtées
dans les différents lycées sont le suivant : sept (07) personnes
dans le lycée L1, dans les lycées L3, L4, L5, L6 nous avons
interrogé six (06) personnes et cinq (05) dans les lycées L2 et
L7. Chaque lycée accorde plus ou moins de l'importance à tel ou
tel point et nous allons présenter la synthèse des concertations
faites sur ces différents points de chaque lycée avec les
tableaux ci-après :
41
Tableau n°3 : Les négociations collectives du
lycée L1
Négociations collectives
|
Nombre d'enquêtés
|
Fréquences
|
Discipline des élèves
|
5
|
71,4%
|
Heures supplémentaires
|
5
|
71,4%
|
Confection des emplois de temps
|
4
|
57,1%
|
Contrôle des connaissances
|
4
|
57,1%
|
Répartition des classes
|
2
|
28,6%
|
Régime pédagogique
|
1
|
14,3%
|
Recommandations de la D R
|
1
|
14,3%
|
Méthodes pédagogiques
|
0
|
0%
|
Hygiène et santé des élèves
|
0
|
0%
|
Recrutement des vacataires
|
0
|
0%
|
Source : enquêtes de terrain avril 2014
Au regard du tableau N°1, nous constatons que sur les dix
(10) points de négociations, seulement quatre (04) ont obtenu un
pourcentage de plus de 50%. C'est dire que le personnel enquêté
dans ce lycée reconnaît que la discipline des
élèves, les heures supplémentaires, la confection des
emplois de temps et le contrôle des connaissances sont des points qui ont
fait l'objet d'échanges entre l'administration, le corps professoral et
les syndicats. Par contre, l'hygiène et la santé des
élèves ainsi que le recrutement des vacataires n'ont même
pas été évoqués par un enquêté de ce
lycée.
42
Tableau n°4 : Les négociations collectives du
lycée L2
Négociations collectives
|
Nombre d'enquêtés
|
Fréquences
|
Discipline des élèves
|
5
|
100%
|
Confection des emplois de temps
|
5
|
100%
|
Heures supplémentaires
|
4
|
80%
|
Régime pédagogique
|
4
|
80%
|
Répartition des classes
|
2
|
40%
|
Méthodes pédagogiques
|
1
|
20%
|
Contrôle des connaissances
|
1
|
20%
|
Recommandations de la D R
|
1
|
20%
|
Hygiène et santé des élèves
|
0
|
0%
|
Recrutement des vacataires
|
0
|
0%
|
Source : enquêtes de terrain avril 2014
Tous les enquêtés du lycée L2 sont
unanimes à dire que la discipline des élèves et la
confection des emplois de temps ont été discutées entre
personnels de l'établissement. Deux (02) autres points ont fait l'objet
d'échanges et 80% du personnel questionné le reconnait. Il s'agit
des heures supplémentaires et le régime pédagogique. En
somme, les négociations collectives dans ce lycée se
résument à quatre (04) points sur les dix (10) points possibles
soit 40% des négociations proposées. Les autres points qui ne
font pas consensus, ne sont-ils pas utiles pour réguler la vie de
l'établissement ?
43
Tableau n°5 : Les négociations collectives du
lycée L3
Négociations collectives
|
Nombre d'enquêtés
|
Fréquences
|
Heures supplémentaires
|
6
|
100%
|
Recommandations de la D R
|
5
|
83,3%
|
Régime pédagogique
|
4
|
66,7%
|
Discipline des élèves
|
3
|
50%
|
Confection des emplois de temps
|
2
|
33,3%
|
Répartition des classes
|
2
|
33,3%
|
Contrôle des connaissances
|
2
|
33,3%
|
Recrutement des vacataires
|
1
|
16,7%
|
Méthodes pédagogiques
|
1
|
16,7%
|
Hygiène et santé des élèves
|
0
|
0%
|
Source : enquêtes de terrain avril 2014
Les données du tableau n°3 nous
révèlent que tout le personnel enquêté dans ce
lycée reconnait que les heures supplémentaires ont fait l'objet
de discussion entre l'administration, les professeurs et les syndicats. Les
recommandations émanant de la Direction Régionale, le
régime pédagogique et la discipline des élèves ont
été aussi des points de concertations au sein du lycée. En
définitive, sur les dix (10) points de négociations possibles,
quatre (04) soit 40% ont conduit à des échanges entre le
personnel administratif et le personnel pédagogique. En somme, 60% des
points possibles de négociation n'ont pas été
menés. Sont-ils inutiles dans le fonctionnement du lycée ?
44
Tableau n°6 : Les négociations collectives du
lycée L4
Négociations collectives
|
Nombre d'enquêtés
|
Fréquences
|
Discipline des élèves
|
5
|
83,3%
|
Recommandations de la D R
|
5
|
83,3%
|
Heures supplémentaires
|
3
|
50%
|
Répartition des classes
|
3
|
50%
|
Confection des emplois de temps
|
2
|
33,3%
|
Régime pédagogique
|
1
|
16,7%
|
Contrôle des connaissances
|
1
|
16,7%
|
Hygiène et santé des élèves
|
1
|
16,7%
|
Recrutement des vacataires
|
0
|
0%
|
Méthodes pédagogiques
|
0
|
0%
|
Source : enquêtes de terrain avril 2014
Avec les données présentées sur le
tableau n°4, nous constatons que quatre (04) points ont fait l'objet de
concertation entre l'administration et ses partenaires sociaux. Il s'agit de la
discipline des élèves, des recommandations émanant de la
Direction Régionale, des heures supplémentaires et de la
répartition des classes à tenir par chaque professeur. En somme,
pour ce lycée, sur les dix (10) points de négociation possibles,
seulement quatre (04) points soit 40% ont connu des échanges, des
concertations allant dans le sens du bon fonctionnement du lycée avec la
participation des uns et des autres. Les méthodes pédagogiques et
le recrutement des vacataires ne sont-ils pas des points importants qui peuvent
améliorer les résultats scolaires des élèves ?
45
Tableau n°7 : Les négociations collectives du
lycée L5
Négociations collectives
|
Nombre d'enquêtés
|
Fréquences
|
Discipline des élèves
|
5
|
83,3%
|
Heures supplémentaires
|
3
|
50%
|
Contrôle des connaissances
|
3
|
50%
|
Régime pédagogique
|
3
|
50%
|
Recommandations de la D R
|
3
|
50%
|
Confection des emplois de temps
|
1
|
16,7%
|
Méthodes pédagogiques
|
1
|
16,7%
|
Hygiène et santé des élèves
|
1
|
16,7%
|
Répartition des classes
|
0
|
0%
|
Recrutement des vacataires
|
0
|
0%
|
Source : enquêtes de terrain avril 2014
Les données du tableau n°5 présentent au
moins cinq (05) points de négociation effectués dans ce
lycée. Il s'agit de la discipline des élèves, des heures
supplémentaires, du contrôle de connaissances des
élèves, du régime pédagogique et des
recommandations émanant de la Direction Régionale. C'est dire que
ce lycée a réussi à mettre sur la table de
négociation 50% des dix (10) points possibles de négociations
collectives. Ce qui présage un climat favorable de travail.
L'administration scolaire tente d'impliquer tous les acteurs dans la gestion
des activités administratives et pédagogiques.
46
Tableau n°8 : Les négociations collectives du
lycée L6
Négociations collectives
|
Nombre d'enquêtés
|
Fréquences
|
Heures supplémentaires
|
2
|
33,33%
|
Contrôle des connaissances des élèves
|
2
|
33,33%
|
Recommandations de la D R
|
2
|
33,33%
|
Recrutement des vacataires
|
1
|
16,7%
|
Confection des emplois de temps
|
1
|
16,7%
|
Régime pédagogique
|
1
|
16,7%
|
Hygiène et santé des élèves
|
1
|
16,7%
|
Discipline des élèves
|
1
|
16,7%
|
Répartition des classes
|
0
|
0%
|
Méthodes pédagogiques
|
0
|
0%
|
Source : enquêtes de terrain avril 2014
Au regard des données de ce tableau, nous remarquons
qu'aucun point de négociation n'a obtenu l'approbation d'au moins 50%
des enquêtés sur la question. Ce qui veut dire qu'aucun des dix
(10) points de négociation possibles n'a fait l'objet de concertation
possible entre l'administration de ce lycée et son personnel. Le
dialogue est-il rompu dans cet établissement ? Les rencontres
informelles peut-être n'intéressent pas les enquêtés.
Celles formelles pourtant les impliquent nécessairement. Boycottent-ils
les instances officielles ? Pourquoi les négociations collectives ne
font pas l'unanimité dans ce lycée ? L'administration,
utilise-t-elle la contrainte ou uniquement des directives pour la gestion du
personnel ?
47
Tableau n°9 : Les négociations collectives du
lycée L7
Négociations collectives
|
Nombre d'enquêtés
|
Fréquences
|
Discipline des élèves
|
5
|
100%
|
Heures supplémentaires
|
5
|
100%
|
Hygiène et santé des élèves
|
3
|
60%
|
Recommandations de la D R
|
3
|
60%
|
Confection des emplois de temps
|
2
|
40%
|
Méthodes pédagogiques
|
1
|
20%
|
Répartition des classes
|
1
|
20%
|
Contrôle des connaissances
|
1
|
20%
|
Régime pédagogique
|
1
|
20%
|
Recrutement des vacataires
|
0
|
0%
|
Source : enquêtes de terrain avril 2014
Le personnel enquêté dans le lycée L7
reconnait avoir échangé sur les questions de la discipline des
élèves, les heures supplémentaires des professeurs,
l'hygiène et la santé des élèves ainsi que les
recommandations émanant de la Direction Régionale. C'est dire que
quatre (04) points sur les dix (10) possibles ont fait l'objet de
négociation entre l'administration du lycée et le personnel sous
son autorité. Tous les enquêtés sont unanimes (100%)
à reconnaitre que la discipline des élèves et les heures
supplémentaires sont des points qui ont fait l'objet
d'échanges.
Il ressort des sept (07) premiers tableaux, que les
méthodes pédagogiques et le recrutement des vacataires n'ont pas
constitué des objets de concertations entre l'administration scolaire et
ses partenaires sociaux. De plus, les négociations collectives sont
rares dans les lycées selon les données présentées
avec les tableaux ci-dessus. Un seul des sept (07) lycées a
enregistré au moins cinq (05) points de négociation sur les dix
(10) possibles soit 50%. Cet état de fait dénote d'une faible
participation ou d'une faible implication des partenaires sociaux dans la vie
des établissements secondaires. Pourquoi les concertations ne font-elles
pas l'unanimité entre les acteurs du système éducatif ?
Est-ce un manque de communication interne ou un désintérêt
des partenaires sociaux pour le bon fonctionnement du lycée ? Ces
concertations, ne sont-elles pas
48
utiles pour le fonctionnement des établissements
secondaires ? Dans les textes officiels (arrêté
n°2004-066/MESSRS/SG/DGESP/DGESTP) portant fonctionnement des
lycées et collèges, le titre II stipule à son article 2
que « tous les établissements dispensant un enseignement
secondaire général ou technique sont pourvus des instances
suivantes : un comité de gestion, un conseil intérieur, des
conseils d'enseignement, un conseil des professeurs, un conseil de
perfectionnement pour l'enseignement technique, un conseil de discipline, des
conseils de classe et une cellule manuels scolaires ». C'est dire que
les concertations sont prises en compte par les textes officiels quand bien
même le dialogue social ne doit pas être pris seulement dans son
volet formel. Avec un consensus de 60%, nous pouvons dire que c'est seulement
un lycée (L7) sur les sept (07) lycées qui s'est effectivement
penché sur l'hygiène et la santé des élèves.
Cependant, c'est une donnée capitale pour la réussite des
apprentissages scolaires. De plus, c'est le lycée L4 qui reconnait avoir
permis aux professeurs d'exprimer leurs choix dans la répartition des
salles de classes. Toute chose qui peut un tant soit peu conditionner
l'engagement d'un enseignant dans sa pratique-classe. Pour mieux cerner les
différents points de concertations qui sont plus ou moins menées
dans chaque lycée, nous présentons un graphique. Il fait
ressortir la différence sur l'état des lieux des concertations
effectuées entre deux (02) lycées (par exemple) en l'occurrence
L5 et L6.
Graphique n°1 : Comparaison entre deux
lycées sur l'état des lieux des concertations:
L5 et L6
40
90
80
70
60
50
30
20
10
0
L5
L6
Source : enquêtes de terrain avril 2014
49
Ce graphique présente la situation des lycées L5
et L6 suivant l'état des lieux des concertations effectuées cette
année scolaire 2013-2014. Il ressort que les enquêtés de L5
s'accordent à reconnaitre qu'ils ont échangé au moins sur
cinq (05) points qui sont : la discipline des élèves, les heures
supplémentaires, le contrôle des connaissances des
élèves, le régime pédagogique et les
recommandations émanant de la Direction Régionale. Par contre
aucun des dix (10) points énumérés ne fait le consensus
dans le lycée L6 puisque chaque point enregistre moins de 50% des
enquêtés évoquant les concertations sur les dix (10) points
de négociation collective que nous avons proposé. C'est dire que
le dialogue social semble ne pas être une réalité dans ce
lycée. Ce constat nous amène à dire que la
stratégie qui est en vigueur dans ce lycée est celle de la
contrainte. L'administration scolaire du lycée L6 s'intéresse peu
au contrat social et préfère mettre l'accent sur les changements.
Cette situation conduit le plus souvent à des conflits entre
l'administration et les professeurs. Ce qui affecte négativement la
position de ceux-ci lors des instances officielles. MA4 qui est du lycée
L6 affirme que son proviseur improvise ou laisse aller les choses. P5,
professeur du même lycée dit être méfiant dans sa
relation avec l'administration scolaire. La plupart des établissements
secondaires qui vivent cette situation ont besoin de changer leurs
systèmes de communication interne pour plus d'adhésion aux
concertations qu'elles soient formelles ou informelles.
Par contre, les établissements scolaires avec les
points de consensus à plus de 75%, nous pouvons considérer qu'ils
ont opté pour la stratégie de coopération. Dans ce cas,
ils mettent l'accent sur le contrat de travail et les chefs
d'établissement managent leurs collaborateurs de manière
démocratique. C'est le cas des lycées L2, L3, L4, L5 et L7.
II-1-2 La tenue des instances officielles
Le bon fonctionnement des lycées est
édicté par la tenue des instances officielles qui sont au nombre
de sept (07) dans l'enseignement général. Sont-elles tenues
régulièrement avec la participation effective de ses membres
statutaires ? Pour le savoir, nous avons posé la question suivante aux
enquêtés : « arrivez-vous à participer à
toutes les instances officielles auxquelles vous êtes invité ?
» Les réponses obtenues sont consignées dans le tableau
suivant :
50
Tableau n°10: Tenue des instances officielles dans
les lycées visités
Les lycées visités
|
Personnel enquêté
|
Oui
|
Non
|
Lycée L1
|
07
|
05
|
02
|
Lycée L2
|
05
|
03
|
02
|
Lycée L3
|
06
|
06
|
00
|
Lycée L4
|
06
|
06
|
00
|
Lycée L5
|
06
|
06
|
00
|
Lycée L6
|
06
|
04
|
02
|
Lycée L7
|
05
|
04
|
01
|
Total
|
41
|
34
|
07
|
Source : enquêtes de terrain avril 2014
Les enquêtés des lycées L3, L4 et L5 sont
unanimes (100%) à dire que l'administration arrive à tenir toutes
les instances officielles. Plus de la moitié des enquêtés
(=50%) dans les lycées L1, L2, L6 et L7 s'accordent à dire que
ces instances sont tenues. Cependant, dans les lycées L2 et L6, il y a
eu des non réponses. Ce sont-ils abstenus volontairement ou n'ont-ils
pas vu la question? Peut-être que les instances officielles n'y sont pas
tenues régulièrement. Or, ces instances sont très
importantes car elles permettent de faire des bilans, des consultations, des
suivis des activités pédagogiques et administratives avec la
collaboration de tous les acteurs de l'établissement. Il est vrai que la
participation à ces instances est sélective et statutaire. C'est
en fonction d'un statut spécifique qu'un agent peut y participer. Mais
malgré tout, chacun devrait être informé (par une note
affichée au tableau d'affichage) de la tenue ou non d'une instance
donnée. N'est pas pour cela que trente-quatre (34) des quarante un (41)
enquêtés reconnaissent que les instances officielles sont
régulièrement tenues soit 83%.
51
II-1-3 Les arrêts de travail au niveau des
professeurs
Les arrêts de travail par les professeurs sont une
donnée significative dans le fonctionnement des lycées. Les
motifs sont différents d'un lycée à un autre dès
qu'il s'agit d'évoquer les grèves constatées. Suivant les
réalités de chaque lycée, présentons les
réponses récoltées avec le tableau suivant :
Tableau n°11 : Situation des grèves des
professeurs dans les lycées visités
Les lycées visités
|
Personnel enquêté
|
Oui
|
Non
|
Lycée L1
|
07
|
04
|
03
|
Lycée L2
|
05
|
04
|
01
|
Lycée L3
|
06
|
06
|
00
|
Lycée L4
|
06
|
06
|
00
|
Lycée L5
|
06
|
03
|
03
|
Lycée L6
|
06
|
06
|
00
|
Lycée L7
|
05
|
03
|
02
|
Total
|
41
|
32
|
09
|
Source : enquêtes de terrain avril 2014
Dans les établissements secondaires L3, L4 et L6, tous
les enquêtés reconnaissent qu'il y a eu un arrêt de travail
du côté des professeurs. Par contre les lycées L1, L2 et L7
enregistrent des réponses qui indiquent qu'il n'y a pas eu d'arrêt
de travail des professeurs. Dans le lycée L5, les enquêtés
sont partagés car 50% disent qu'ils n'ont pas connu un arrêt de
travail et les autres 50% disent le contraire. Pourquoi cette attitude ? Notre
question est-elle ambiguë ? Les enquêtés
apprécient-ils différemment un arrêt de travail ?
Peut-être pouvons-nous situer l'ambiguïté dans les motifs qui
conduisent à l'arrêt de travail. Quand ce motif est lié
directement à une revendication au sein du lycée, l'arrêt
est pris en compte. Mais lorsque ce motif dépend d'une décision
émanant des instances nationales avec les mots d'ordre issus des bureaux
syndicaux sur le plan national, il n'est donc pas compté comme un
arrêt de travail. C'est dire que les arrêts de travail des
professeurs sont diversement appréciés. Pour cette année
scolaire 2013-2014, les arrêts de travail sont essentiellement
motivés par des raisons nationales à propos de la grille
indemnitaire
52
qui tardait à être examinée par le
gouvernement. Outre les grèves déclenchées par les
syndicats sur le plan national, nous avons noté donc selon le chef
d'établissement du lycée L1 que trois (03) de ses professeurs ont
observé un arrêt de cours pour protester contre le mode de calcul
pour le paiement des heures supplémentaires. S4, représentant
syndical du lycée L1 a souligné aussi cette discorde. Selon S3,
le F-SYNTER dans la Boucle du Mouhoun est allé en grève pour
soutenir leurs collègues affectés selon lui de manière
arbitraire. Quant aux professeurs du lycée L6, ils ont connu une
grève pour revendiquer « l'enseignement de l'EPS dans toutes
les classes et la signature de contrats de travail avec le personnel de soutien
», arrêt de travail reconnu aussi par leur chef
d'établissement. DP3 et P6, tous du lycée L3 évoquent
aussi un arrêt de travail dans leur lycée afin de protester contre
« les effectifs pléthoriques dans les salles de classes
».
En somme, trente-deux (32) enquêtés sur quarante
un (41) soit 78% reconnaissent l'effectivité des arrêts de travail
des professeurs dans les lycées visités. Nous constatons que ces
arrêts de travail au niveau des professeurs s'expliquent sur le plan
national par des revendications liées à l'amélioration de
la grille indemnitaire des agents de la fonction publique, et sur le plan
régional (uniquement la Boucle du Mouhoun) par des affectations
jugées arbitraires par un syndicat. Les lycées L1 et L6 ont connu
d'autres arrêts de travail avec pour motifs pour L1 les heures
supplémentaires et pour L6, la signature de contrats du personnel de
soutien et l'enseignement de l'EPS. Lorsque dans un lycée, certaines
classes bénéficient de l'enseignement de l'EPS et d'autres en
sont privées, quel pourrait être le comportement de ces
élèves? Assurément, ils auront des attitudes comme des
plaintes et des revendications pouvant aboutir à des
débrayages.
II-1-4 Le débrayage des élèves
Chaque acteur dans les lycées apprécie à
sa manière le débrayage des élèves. C'est une
pratique qui perturbe les activités pédagogiques. Pour en savoir
plus, nous avons demandé aux enquêtés si leurs
élèves ont perturbé les cours par des manifestations
(débrayages, marches) cette année scolaire ? Leurs
réponses sont consignées dans le tableau suivant.
53
Tableau n°12 : Situation des débrayages des
élèves dans les lycées visités
Les lycées visités
|
Personnel enquêté
|
Oui
|
Non
|
Lycée L1
|
07
|
05
|
02
|
Lycée L2
|
05
|
05
|
00
|
Lycée L3
|
06
|
06
|
00
|
Lycée L4
|
06
|
05
|
01
|
Lycée L5
|
06
|
03
|
03
|
Lycée L6
|
06
|
05
|
01
|
Lycée L7
|
05
|
03
|
02
|
Total
|
41
|
32
|
09
|
Source : enquêtes de terrain avril 2014
Les élèves ont connu des arrêts de cours
avec des manifestations (marches) qu'ils ont organisé. Tous les
enquêtés des lycées L2 et L3 reconnaissent que les
élèves ont perturbé le cours normal des enseignements.
Plus de la moitié des enquêtés (=50%) dans les
lycées L1, L4, L6 et L7 affirment que les élèves ont connu
des débrayages de cours pendant cette année scolaire 20132014.
Les réponses données par le personnel du lycée L5 sont de
50% pour dire que les élèves ont fait des manifestations de
protestation et 50% trouvent que les élèves n'ont pas connu de
débrayage cette année scolaire. Pourquoi ces réponses sont
si difficiles à trancher dans ce lycée ? Nous avons
constaté cette même attitude dans les réponses concernant
la question d'arrêt de travail des professeurs ? Aucune partie ne prend
le dessus sur l'autre, soit trois (03) oui contre trois (03) non. Le tableau
n°10 indique que 78% des enquêtés reconnaissent que les
élèves ont effectué des débrayages cette
année dans les lycées que nous avons visités. Quelle
peuvent-être les conséquences de ces débrayages des
élèves ?
A l'image des grèves des professeurs, les
débrayages des élèves se présentent aussi sous deux
(02) formes : les perturbations au niveau national mais aussi des situations
liées aux conditions spécifiques de travail dans chaque
lycée. C'est essentiellement cette deuxième forme qui nous
intéresse. Dans ce sens, les élèves des lycées L2,
L3 et L6 ont manifesté pendant cette année scolaire 2013-2014.
Selon plusieurs enquêtés (MA5, S3, P8, P9, E9 et E12), les
élèves du
54
lycée L2 ont fait des arrêts de cours pour
réclamer la tenue d'examens blancs. Cette idée est
explicitée de la manière suivante par l'élève E9 :
« la raison était l'organisation des examens blancs
». Quant à ceux de L3, c'est pour la reprise tardive des
cours, le manque de professeurs et « l'incompétence de
l'administration » selon DP3. E8 évoque la question en ces
termes : « nous sommes allés en grève pour
réclamer les cours parce qu'en début d'année, il y avait
un problème entre les professeurs et l'administration ». Ce
que MA6, membre de l'administration, reconnait en disant que ce sont «
des actions pour soutenir les professeurs qui étaient en
grève en début d'année ». Et CH6, qui est le
chef d'établissement du lycée L3, évoque comme motif des
débrayages des élèves l'aménagement du terrain de
sport. Pour S4, les élèves de L3 ont manifesté pour «
réclamer la démission du Proviseur ». Les
débrayages des élèves du lycée L4 sont
essentiellement dus aux affectations arbitraires d'enseignants en début
d'année mais aussi suite à « la convocation de certains
élèves à comparaître devant la justice »
selon P11. Quant aux élèves du lycée L6, ils ont connu des
arrêts de cours pour soutenir leurs professeurs qui étaient en
grève afin d'exiger la signature de contrats de travail au profit du
personnel de soutien et aussi pour lutter contre la suppression de l'Education
Physique et Sportive (EPS) dans les classes de 6è et 5è,
réponses données par DP2 et S2. Les élèves E6 et E7
du lycée L6 ont souligné ces motifs en ajoutant qu'ils ont aussi
protesté pour manque de professeurs de français. Ce sont des
revendications particulières évoquées par le personnel de
quelques lycées. Ces revendications perturbent l'avancée normale
des enseignements, conduisent à des programmes inachevés et
influencent donc négativement les résultats scolaires.
II-1-5 Les rencontres informelles
Les rencontres informelles sont une réalité dans
certains lycées et dans d'autres, elles ne se tiennent pas. Les textes
officiels ont prévu des rencontres formelles. Cependant, pour des
contraintes et des imprévus, la direction du lycée est souvent
amenée à convoquer des rencontres informelles afin de planifier
et proposer des solutions sans attendre l'instance officielle chargée de
délibérer sur la difficulté exprimée. Le tableau
suivant présente les réponses données par les acteurs de
chaque lycée visité.
55
Tableau n°13 : Situation des rencontres informelles
dans les lycées visités
Les lycées visités
|
Personnel enquêté
|
Oui
|
Non
|
Lycée L1
|
07
|
03
|
04
|
Lycée L2
|
05
|
02
|
03
|
Lycée L3
|
06
|
05
|
01
|
Lycée L4
|
06
|
03
|
03
|
Lycée L5
|
04
|
04
|
00
|
Lycée L6
|
06
|
02
|
04
|
Lycée L7
|
05
|
02
|
03
|
Total
|
39
|
21
|
18
|
Source : enquêtes de terrain avril 2014
La question de savoir si l'administration fait souvent recours
à des rencontres informelles est diversement appréciée par
les uns et les autres. Des trente-neuf (39) enquêtés sur la
question, vingt un (21) soit 54% reconnaissent que les rencontres informelles
sont tenues. Sont-elles effectivement tenues avec la participation de tous les
partenaires sociaux ? Analysons les données par établissement
secondaire. Selon les données du tableau n°11, c'est seulement dans
le lycée L5 que tous les enquêtés (100%) s'accordent
à dire qu'il y a des rencontres informelles que l'administration
organise. Dans les lycées L3 et L4, plus de la moitié (=50%)
reconnaissent que l'administration invite souvent de manière informelle
les partenaires pour des concertations. Des enquêtés (05) dans les
lycées L1, L2, L4, L6 et L7 n'ont pas répondu à cette
question. Pourquoi ? Est-ce par oubli ou une volonté personnelle de ne
pas se prononcer sur cette question ? Bref, les rencontres informelles sont des
rencontres ponctuelles permettant de résoudre les problèmes du
moment, des points importants à éclaircir pour ne pas bloquer
souvent l'avancée des activités pédagogiques
enclenchées. Ces rencontres dénotent pour l'administration d'une
stratégie de coopération. Est-ce par manque de problèmes
que les administrations de quelques lycées (L1, L2, L6 et L7) n'ont pas
recours à ces rencontres informelles ?
56
II-1-6 La motivation pour l'oeuvre éducative
Les enquêtés, sont-ils motivés à
poursuivre l'oeuvre éducative ? Les réponses sont
différentes d'un acteur à un autre. Nous les présentons
à travers le tableau que voici :
Tableau n°14 : Motivation des agents dans les
lycées visités
Les lycées visités
|
Personnel enquêté
|
Oui
|
Non
|
Lycée L1
|
07
|
04
|
03
|
Lycée L2
|
05
|
04
|
01
|
Lycée L3
|
06
|
05
|
01
|
Lycée L4
|
06
|
06
|
00
|
Lycée L5
|
06
|
05
|
01
|
Lycée L6
|
06
|
03
|
03
|
Lycée L7
|
05
|
05
|
00
|
Total
|
41
|
32
|
09
|
Source : enquêtes de terrain avril 2014
L'oeuvre éducative est une oeuvre commune et
collective. Aussi demande-t-elle la participation et la bonne volonté
des uns et des autres. Avec le tableau n°12, nous remarquons que les
réponses sont diversifiées et la fréquence des
réponses positives ou négatives est fonction du climat qui
règne dans ces lycées. Dans les lycées L4 et L7, tous les
enquêtés disent être prêts à poursuivre
l'oeuvre éducative. Pour les uns, cette position se justifie par la
noblesse du métier d'enseignant, pour les autres, c'est une question de
patriotisme. P4 le dit en ces termes : « c'est bien d'oeuvrer à
l'édification de la Nation ». Et MA3 s'exprime en disant que
« c'est un devoir civique, professionnel et même moral
». D'autres enquêtés comme CH2 évoque les
difficultés liées à l'exercice de la profession mais pour
lui « ce n'est pas une raison pour démissionner ».
Selon P8, « j'ai pris du goût à partager mes
connaissances avec les élèves et c'est un honneur pour moi de
contribuer à leur réussite ». Cependant, nous avons
aussi noté que certains enquêtés ne sont plus
57
motivés à poursuivre l'oeuvre éducative
et d'autres sont hésitants quant à dire qu'ils sont toujours
motivés ou pas. CH5 évoque la question d'âge, l'incivisme
et l'incivilité croissants à tous les niveaux pour reconnaitre
qu'il n'est plus motivé à poursuivre l'oeuvre éducative.
Pour ceux démotivés, leur position s'explique par l'indiscipline
généralisée des élèves et les contestations
permanentes. S2 dans ce sens dit que « l'éducation est
bafouée par les responsables nationaux et locaux au profit des
intérêts personnelles ». MA1 lui, n'est pas prêt
à poursuivre cette oeuvre éducative et il le dit en ces termes :
« il y a un manque de considération, de l'insubordination des
élèves et enseignants et des mauvaises conditions de travail
». P1 du lycée L1 évoque « l'indiscipline
caractérisée des élèves, le climat malsain avec
l'administration ». C'est dans le lycée L6 que la situation
est critique en ce sens que 50% des enquêtés disent être
démotivés quant à la poursuite de l'oeuvre
éducative. P5 du lycée L6 affirme que « le corps
éducatif est dévalorisé ». Et P6 poursuit en
disant qu'il y a « trop de droits pour les enfants et les
éducateurs sont dans l'insécurité ». P10 et P11
ont des difficultés quant à dire s'ils sont motivés ou
pas. P10 évoque sa position en ces termes : « la noblesse du
métier ainsi que la satisfaction morale me motivent. A contrario, le
salaire et le climat parfois tendu parfois délétère me
découragent ». P11affirme que « motivé je le
suis en considérant le caractère noble du métier. Ma
démotivation s'explique par le traitement réservé à
ce corps ». En somme, nous remarquons que sur les quarante un (41)
enquêtés dans les lycées, trente-deux (32) soit 78%
affirment qu'ils sont toujours motivés pour poursuivre l'oeuvre
éducative mais les neuf (09) autres soit 22% sont plutôt
démotivés avec le tiers d'entre eux exerçant dans le
lycée L6.
II-2 De l'état des lieux du dialogue social dans les
lycées visités
A travers les données recueillies, nous
présentons l'état des lieux du dialogue social dans les
établissements secondaires à travers l'existence de projet
d'établissement, le type de conflit le plus fréquent dans chaque
lycée visité, le degré d'implication, la
crédibilité des relations lors des concertations. Les parents
d'élèves, les élèves et les professeurs ont
apprécié les résultats scolaires des élèves.
Qu'ont-ils dit sur ces résultats ?
58
II-2-1 Les appréciations faites sur les
résultats scolaires des élèves
Nous présentons d'abord les résultats scolaires
des lycées lors des examens du BEPC de la session 2013, ensuite les avis
des professeurs, des syndicats, des élèves et des parents
d'élèves. Enfin, nous avons établi un lien entre les
résultats scolaires et les signes de manifestation du dialogue social
dans les lycées visités.
Tableau n°15: Résultats à l'examen
du BEPC session de 2013 dans les lycées visités
Code du lycée
|
Candidats présentés
|
Candidats admis
|
Pourcentage
|
L1
|
125
|
19
|
15,20%
|
L2
|
227
|
47
|
20,70%
|
L3
|
153
|
79
|
51,63%
|
L4
|
175
|
65
|
37,14%
|
L5
|
139
|
28
|
20,14%
|
L6
|
132
|
19
|
14,39%
|
L7
|
105
|
23
|
21,90%
|
Total
|
1056
|
280
|
26,52%
|
Source : enquêtes de terrain avril 2014
Les données de ce tableau nous révèlent
que le seul lycée qui a obtenu plus de 50% d'admis est celui de L3. La
plupart des lycées ont obtenu des pourcentages d'admission entre 14%
à 37%. Le cumul des candidats des lycées visités est de
1056 présents dans les centres d'examen et seulement 280 admis (= 27%
d'admis). Ce qui est en deçà des attentes des
élèves, des parents d'élèves mais aussi des
autorités administratives chargées du système
éducatif au niveau du post primaire. Ce sont-ils concertés pour
les analyses et les propositions d'amélioration de ces résultats
? Des concertations sont nécessaires entre tous les partenaires sociaux
et l'administration scolaire afin de situer les difficultés
d'apprentissages des élèves et de proposer des solutions de
remédiation.
59
II-2-2 Les avis des enquêtés
Afin de recueillir les appréciations des
enquêtés sur les résultats scolaires des
élèves, nous
avons demandé aux professeurs, aux syndicats, aux
représentants APE et aux élèves si les résultats
enregistrés ces dernières années sont insatisfaisants,
satisfaisants ou très satisfaisants. Leurs réponses ont
été les suivantes :
Tableau n°16 : Appréciations des
résultats scolaires par les enquêtés
Les lycées visités
|
Personnel enquêté
|
Résultats scolaires
|
Insatisfaisants
|
Satisfaisants
|
Très satisfaisants
|
Lycée L1
|
06
|
04
|
02
|
00
|
Lycée L2
|
05
|
04
|
01
|
00
|
Lycée L3
|
06
|
03
|
03
|
00
|
Lycée L4
|
04
|
04
|
00
|
00
|
Lycée L5
|
06
|
03
|
02
|
01
|
Lycée L6
|
06
|
03
|
03
|
00
|
Lycée L7
|
06
|
03
|
03
|
00
|
Total
|
39
|
24
|
14
|
01
|
Source : enquêtes de terrain avril 2014
Les données du tableau évoquent une grande
insatisfaction pour les enquêtés sur la question des
résultats scolaires. Sur les trente-neuf (39) qui ont répondu,
vingt-quatre (24) sont insatisfaits des résultats scolaires soit 61% de
la population enquêtée. Les élèves disent que leurs
résultats scolaires sont satisfaisants dans l'ensemble quand bien
même des actions sont à mener pour les améliorer davantage.
Pour cette année scolaire 2013-2014, ils ont observé des jours de
grèves dont les motifs sont essentiellement les revendications sur
l'assassinat de Norbert ZONGO, la mémoire des élèves
Justin ZONGO et Flavien NEBIE. Néanmoins, ils pensent que des
concertations avec l'administration peuvent éviter les arrêts de
cours qu'ils provoquent souvent. Pour eux, leur absentéisme et leur
indiscipline peuvent être résolus par des concertations avec
60
l'administration. C'est dire que des échanges bien
élaborés peuvent réduire considérablement les
multiples débrayages des élèves. En définitive, les
résultats scolaires sont à améliorer et cela ne peut se
faire qu'avec la participation de toute la communauté éducative.
Les concertations permettront de mieux planifier les programmes scolaires dans
une certaine continuité et d'asseoir les meilleures conditions
d'apprentissage scolaires possible pour les élèves mais aussi
pour leurs professeurs.
II-2-3 L'existence d'un projet d'établissement
Dans le but de savoir si chaque lycée visité
pilote un projet d'établissement, nous avons posé la question
suivante aux chefs d'établissement, aux professeurs, aux membres de
l'administration, aux délégués de personnel et aux
représentants syndicaux : avez-vous un projet d'établissement ?
Deux réponses sont possibles : oui ou non. Le tableau suivant fait la
synthèse des réponses recueillies.
Tableau n°17 : Existence d'un projet
d'établissement dans les lycées visités
Les lycées visités
|
Personnel enquêté
|
Oui
|
Non
|
Lycée L1
|
07
|
01
|
06
|
Lycée L2
|
05
|
01
|
04
|
Lycée L3
|
06
|
03
|
03
|
Lycée L4
|
06
|
00
|
06
|
Lycée L5
|
06
|
01
|
05
|
Lycée L6
|
06
|
01
|
05
|
Lycée L7
|
05
|
02
|
03
|
Total
|
41
|
09
|
32
|
Source : enquêtes de terrain avril 2014
Les données du tableau font ressortir que sur les
quarante un (41) enquêtés sur l'existence d'un projet
d'établissement, seulement neuf (09) reconnaissent son existence dans
leur lycée soit 22%. Le projet d'établissement est un outil de
pilotage de l'établissement. Il permet de conduire sur une
échéance de deux (02), trois (03) voire cinq (05) ans tous les
acteurs du lycée vers des objectifs définis ensemble, mis en
application ensemble, avec les moyens propres de l'établissement. Le
projet d'établissement est reconnu comme projet d'établissement,
lorsque tous les acteurs sont informés et impliqués. La
majorité des établissements secondaires visités n'ont
pas
61
de projet d'établissement. En témoignent les
pourcentages de chaque lycée. Dans aucun des lycées
visités le oui a remporté sur le non. C'est seulement le
lycée L3 que 50% ont dit que leur lycée a un projet
d'établissement et 50% disent le contraire. Pourquoi les lycées
n'ont pas de projet d'établissement ? CH1 évoque le manque de
formation en la matière. Pour CH3, « il implique plusieurs
acteurs qui ne comprennent pas son opportunité ». Le manque de
moyens est souligné par CH5 et CH2 justifie le manque de projet
d'établissement en ces termes : « l'équipe de direction
est nouvellement arrivée et n'a pas pu insérer un projet
d'établissement ». Néanmoins CH4 nous confie qu'il a un
projet d'établissement : « notre projet est latrines propres
jusqu'en 2019. Ce projet est toujours en conception. La difficulté reste
l'adhésion de tout le personnel. Pour l'APE c'est ok déjà
». Sur les quarante un (41) enquêtés, trente-deux (32)
soit 78% confirment que leur lycée ne pilote pas un projet
d'établissement. Mais tous les chefs d'établissement
reconnaissent l'importance de cet outil. Sa présence est synonyme d'une
dynamique de processus de négociation. Elle implique l'apport d'un tiers
dans la résolution d'un problème. Il est donc capital pour les
lycées d'adopter un projet d'établissement conséquent et
réaliste afin de résoudre au moins un parmi les multiples
problèmes (absentéisme, retard, indiscipline, conflits...) qu'ils
vivent au quotidien.
II-2-4 Le degré d'implication dans les instances
officielles
Pour cerner le degré d'implication des parties
prenantes, nous avons posé la question à savoir le degré
d'implication des uns et des autres lors des instances officielles puis nous
avons proposé les modalités suivantes : faible, moyen,
élevé. Les réponses des enquêtés que sont les
chefs d'établissement, les membres de l'administration, les
délégués de personnel et les représentants
syndicaux des lycées visés par notre étude sont
consignées dans le tableau suivant :
62
Tableau n°18 : Degré d'implication du
personnel enquêté dans les lycées
visités
Les lycées visités
|
Personnel enquêté
|
Le degré d'implication des acteurs
enquêtés
|
Faible
|
Moyen
|
Elevé
|
Lycée L1
|
05
|
01
|
04
|
00
|
Lycée L2
|
03
|
01
|
01
|
01
|
Lycée L3
|
04
|
00
|
03
|
01
|
Lycée L4
|
04
|
00
|
02
|
02
|
Lycée L5
|
04
|
00
|
03
|
01
|
Lycée L6
|
04
|
01
|
02
|
01
|
Lycée L7
|
03
|
00
|
01
|
02
|
Total
|
27
|
03
|
16
|
08
|
Source : enquêtes de terrain avril 2014
Les données recueillies nous permettent de dire que
dans le lycée L7, le degré d'implication est élevé
avec 66,70%. Dans les lycées L1, L3, L4, L5 et L6, le personnel
s'implique moyennement dans les instances officielles de leurs
établissements. Cependant, le lycée L2 présente un
personnel avec 50% qui s'implique moyennement et 50% faiblement. Le
degré d'implication dans les instances détermine un tant soit peu
la volonté de résoudre les problèmes rencontrés
dans l'exécution des activités administratives et
pédagogiques et ce, à la recherche de meilleurs résultats
possibles. Pourquoi ne s'impliquent-ils pas fortement aux instances officielles
qui sont pourtant des lieux d'échanges permettant le bon fonctionnement
des établissements scolaires ? Est-ce une question de motivation
intrinsèque ou extrinsèque ? Lorsqu'un agent ne s'investit pas
pour une activité donnée, c'est parce qu'il n'y trouve pas
d'intérêt ou il est animé par un sentiment de
déception, donc démotivé. Cette attitude ne va-t-elle pas
influencer négativement les relations sociales au sein de
l'établissement ?
63
II-2-5 La crédibilité des relations entre les
partenaires
Nous avons à travers le tableau suivant, à
présenter les réponses données par les parties prenantes
sur la question de la crédibilité des relations entretenues avec
les autres partenaires. Cette crédibilité peut être
animée par la méfiance, la confiance ou des situations dans
lesquelles la confiance n'entre pas en ligne de compte. La question a
été posée aux chefs d'établissement, aux membres de
l'administration, aux délégués de personnel, aux
représentants syndicaux et aux professeurs.
Tableau n°19 : Crédibilité des
relations entre les membres du personnel enquêté
Les lycées visités
|
Personnel enquêté
|
La crédibilité des relations entre les acteurs du
lycée
|
Méfiance
|
Confiance
|
Confiance n'est pas en ligne de compte
|
Lycée L1
|
07
|
03
|
03
|
01
|
Lycée L2
|
05
|
01
|
03
|
01
|
Lycée L3
|
06
|
02
|
03
|
01
|
Lycée L4
|
06
|
02
|
03
|
01
|
Lycée L5
|
06
|
00
|
06
|
00
|
Lycée L6
|
06
|
03
|
03
|
00
|
Lycée L7
|
05
|
00
|
05
|
00
|
Total
|
41
|
11
|
26
|
04
|
Source : enquêtes de terrain avril 2014
Au regard des résultats du tableau n°17, il
ressort que tous les membres du personnel des lycées L5 et L7 sont
animés par le sentiment de confiance à l'égard des autres
collaborateurs. Ce même sentiment est aussi partagé par ceux des
lycées L2, L3 et L4 à plus de 50% des personnes
enquêtés. Cependant, la méfiance est de mise dans les
lycées L1 et L6 car 50% du personnel enquêté est
méfiant et les 50% autres sont confiants. Nous avons constaté
aussi que dans les lycées L1, L2, L3 et L4, il y a eu un agent de chaque
lycée cité qui affirme ne pas mettre la confiance en ligne de
compte dans la crédibilité des relations. Ce qui peut supposer
une autre manière de traiter les problèmes. Dans ce cas, lors des
concertations, les parties prenantes traitent séparément les
64
personnes et le différend qui les oppose. La dynamique
du processus de négociation dépend aussi de la
crédibilité des relations entre partenaires. Pour plus de
lisibilité, nous avons cherché à savoir par un calcul, si
une quelconque corrélation existe entre la crédibilité des
relations et le degré d'implication dans les instances officielles des
établissements secondaires.
La variable indépendante de notre étude est le
dialogue social et la variable dépendante est la réussite
éducative. Etudier la corrélation entre deux ou plusieurs
variables aléatoires ou statistiques numériques, c'est
étudier l'intensité de la liaison qui peut exister entre ces
variables. Lorsqu'on est en présence de deux (02) variables X et Y, on
cherche à évaluer la relation entre ces deux (02) variables. Pour
ce faire, on utilise des méthodes statistiques plus adaptées que
sont l'analyse de régression et l'analyse de corrélation. La
deuxième méthode qui nous intéresse est une méthode
qui permet de mesurer la force de la relation c'est-à-dire dans quelle
proportion les variations d'une des variables permet d'expliquer les variables
de l'autre.
Nous allons prendre, en relation avec notre étude, les
indicateurs « crédibilité des relations » dans sa
modalité « confiance » et « le degré d'implication
» avec la modalité « moyen ». Ces deux (02) indicateurs
semblent déterminer le dialogue social dans les établissements
secondaires. Par des calculs statistiques, nous avons cherché à
vérifier si ces deux (02) indicateurs s'influencent l'un l'autre, s'il y
a une corrélation entre eux. Avec les résultats obtenus dans les
lycées sur la crédibilité des relations et le degré
d'implication, nous les présentons sur le tableau suivant avec X
(crédibilité des relations) et Y (degré d'implication)
:
65
Tableau n°20 : Corrélation entre la
crédibilité des relations et le degré
d'implication
Les lycées
|
X
|
Y
|
XY
|
X2
|
Y2
|
L1
|
3
|
4
|
12
|
9
|
16
|
L2
|
3
|
1
|
3
|
9
|
1
|
L3
|
3
|
3
|
9
|
9
|
9
|
L4
|
3
|
2
|
6
|
9
|
4
|
L5
|
6
|
3
|
18
|
36
|
9
|
L6
|
3
|
2
|
6
|
9
|
4
|
L7
|
5
|
1
|
5
|
25
|
1
|
Total
|
26
|
16
|
64
|
106
|
44
|
Source : enquêtes de terrain avril 2014
Mode de calcul
Le coefficient de corrélation (r) est la racine
carrée du coefficient de détermination. Ce coefficient s'obtient
par le rapport entre la variation expliquée sur celle totale. Avec les
données du tableau précédent, nous avons obtenu
après calcul r=0,55. Avec ce coefficient de corrélation
supérieur à 0,50 (r = 0,50) les lois statistiques nous permettent
d'affirmer que les deux (02) indicateurs que sont la crédibilité
des relations et le degré d'implication se trouvent donc fortement
corrélées. Autrement dit, la crédibilité des
relations influence le degré d'implication. Dans les lycées, le
degré d'implication des partenaires dépend fortement de la
qualité des relations entre l'administration scolaire et ses partenaires
sociaux. Pour des échanges plus fructueux et francs pouvant conduire
à l'amélioration des performances du personnel et les
résultats scolaires, l'administration scolaire se doit d'adopter des
techniques de communication pour une bonne collaboration avec ses partenaires
sociaux. De même, les partenaires sociaux doivent être plus ouverts
au dialogue et rechercher toujours l'objectif commun qui est la réussite
des élèves.
66
II-2-6 L'attitude lors des instances officielles
Nous évoquons dans cette rubrique les
différentes attitudes que peuvent prendre les acteurs lors de la tenue
des instances officielles. Ce sont entre autres exiger des concessions, faire
des concessions ou traiter séparément les personnes et le
différend. Nous avons posé la question aux chefs
d'établissement, aux professeurs, aux délégués de
personnel et aux syndicats.
Tableau n°21 : Position du personnel
enquêté pendant les négociations
Les lycées visités
|
Personnel enquêté
|
Les positions pendant les négociations collectives
|
Exiger des concessions
|
Faire des concessions
|
Traiter séparément les personnes et le
différend
|
Lycée L1
|
05
|
00
|
05
|
00
|
Lycée L2
|
04
|
00
|
02
|
02
|
Lycée L3
|
04
|
00
|
03
|
01
|
Lycée L4
|
05
|
02
|
03
|
00
|
Lycée L5
|
05
|
00
|
05
|
00
|
Lycée L6
|
05
|
01
|
04
|
00
|
Lycée L7
|
04
|
00
|
04
|
00
|
Total
|
32
|
03
|
26
|
03
|
Source : enquêtes de terrain avril 2014
Ce tableau nous montrent que la position que les agents
prennent lors des négociations n'est pas la même d'un
établissement scolaire à un autre. Dans les lycées L1, L5
et L7, tout le personnel est unanime à dire qu'il fait des concessions
pendant les concertations. Dans les autres lycées, certains font des
concessions et d'autres préfèrent les exiger. Ainsi, le tableau
indique que 80% du personnel du lycée L6, 75% dans le lycée L3,
60% dans le lycée L4 et 50% dans le lycée L2 affirment faire des
concessions lors des échanges avec les autres partenaires internes de
l'établissement. En somme, vingt-six (26) enquêtés sur les
trente-deux (32) disent faire des concessions soit 81% mais seulement trois
(03) trouvent qu'il faut traiter séparément les personnes et le
différend ; et les trois (03) autres affirment qu'ils exigent des
concessions lors des
67
négociations collectives. Pourquoi une partie exige des
concessions alors que c'est une situation de négociation ? Est-ce une
stratégie pour gagner ou pour ne pas discuter ?
Nous avons demandé aux syndicats comment
l'administration se comporte-t-elle lors des concertations ? C'est une question
qui peut se confondre avec celle qui évoque l'attitude des partenaires
lors des négociations. Elle a été introduite pour cerner
une autre réalité à savoir les préjugés que
chaque représentant syndical a de l'attitude de l'administration pendant
les concertations. Il ressort de leurs réponses que l'administration
leur fait des offres ou étudie les intérêts à chaque
rencontre tenue. Pour les premiers, c'est la négociation
intégrative qui est mise en exergue et pour les seconds, la
négociation raisonnée. Aucun représentant syndical n'a
exprimé le besoin d'appliquer la négociation distributive qui
conduit pour la plupart du temps à des accords
déséquilibrés avec des avantages à court terme.
Les représentants des syndicats dans les lycées
L1, L2, LA et L7 sont pour la négociation intégrative. C'est une
forme de négociation qui conduit les syndicats à faire des
concessions, des offres et d'être en confiance avec l'administration
scolaire. Elle conduit le plus souvent à un accord
équilibré, stable dans le long terme avec des relations plus
ouvertes vers la créativité. La dynamique du processus de
négociation mise en évidence par ces représentants
syndicaux est intégrative en ce sens que faire des offres, c'est prendre
une position de coopération et se donner la possibilité de
modifier le contrat social. Quant à la négociation
raisonnée, elle est plus prononcée par les représentants
des syndicats existants dans les lycées L3, L5 et L6. Les facteurs
d'influence de ce type de négociation sont basés sur la recherche
de la règle planifiant le mode de calcul des heures
supplémentaires (par exemple), mode qui doit leur être favorable.
Le manque criard de professeurs dans plusieurs établissements met
souvent l'administration dans une situation délicate de
négociation. Elle se voit quelques fois obligée de céder
à la pression ou dans d'autres cas, de faire des propositions en rapport
avec son budget. Ce qui peut ne pas plaire aux professeurs. De plus, les
représentants syndicaux sont favorables pour l'étude des
intérêts à engranger dans la négociation. Pour ce
faire, ils traitent séparément les personnes en place et le
différend. Généralement cette forme de négociation
aboutit à un accord efficace et judicieux.
II-2-7 Les autres aspects influençant le climat
relationnel
Les conflits sont une donnée à prendre en compte
dès qu'il y a des regroupements d'hommes surtout pour le travail car les
interactions entre eux ne manqueront pas. Cependant, ces conflits ne doivent
pas être récurrents dans les lycées puisqu'ils peuvent
conduire à des dysfonctionnements de l'établissement mais aussi
à des résultats scolaires insatisfaisants.
68
Malheureusement, des lycées vivent au quotidien des
conflits de diverses natures. Pour détecter le type de conflit le plus
fréquent, nous avons posé la question aux professeurs et aux
membres de l'administration. Leurs réponses sont consignées dans
le tableau n°20.
Tableau n°22 : Typologies des conflits dans les
lycées visités
Les lycées visités
|
Personnel enquêté
|
A
|
B
|
C
|
D
|
E
|
F
|
Lycée L1
|
04
|
02
|
02
|
00
|
00
|
00
|
00
|
Lycée L2
|
03
|
00
|
01
|
00
|
02
|
00
|
00
|
Lycée L3
|
03
|
00
|
00
|
00
|
03
|
00
|
00
|
Lycée L4
|
03
|
00
|
00
|
00
|
03
|
00
|
00
|
Lycée L5
|
03
|
03
|
00
|
00
|
00
|
00
|
00
|
Lycée L6
|
03
|
01
|
00
|
00
|
02
|
00
|
00
|
Lycée L7
|
03
|
00
|
02
|
00
|
01
|
00
|
00
|
Total
|
22
|
06
|
05
|
00
|
11
|
00
|
00
|
Source : enquêtes de terrain avril 2014
Légende : A :
élève-élève ; B : élève-professeur ;
C : élève-surveillant ; D :
professeur-administration ; E : professeur-surveillant ; F :
professeur-professeur.
Ces données nous font apercevoir que les conflits les
plus fréquents dans les établissements secondaires sont des
dissensions, discordes ou mésententes entre les professeurs et
l'administration scolaire soit 50% pour les enquêtés qui se sont
prononcés sur cette question. La plupart des lycées que nous
avons visités ont plus de vingt (20) professeurs en service et moins de
dix (10) membres de l'administration. Chaque lycée avec son climat de
travail spécifique vit un type de conflit. Dans les lycées L3 et
L6, c'est le conflit professeurs-administration qui est mis en exergue par tous
les trois (03) enquêtés soit 100%. Le lycée L1 avec ses
quatre (04) enquêtés enregistre deux (02) qui affirment que le
conflit élève-élève est le plus fréquent et
les deux (02) autres trouvent que c'est le conflit
professeur-élève qui prédomine. P8 et P9 du lycée
L2 soulignent que c'est le conflit professeurs-administration qui est le type
de conflit le plus fréquent et MA5 du même lycée
évoque plutôt le conflit élève-professeur. En somme,
dans les lycées L2,
69
L3, L4 et L6, le conflit le plus fréquent est celui qui
oppose les professeurs à l'administration. Dans les lycées L1 et
L7, c'est le conflit professeur-élève qui prédomine et
dans le lycée L5, nous assistons beaucoup plus à des conflits qui
opposent les élèves entre eux. Comment sont gérés
ces conflits ?
Dans la plupart des lycées visités, la gestion
des conflits est plus ou moins satisfaisante. A la question de savoir si la
solution adoptée à l'issue d'une concertation suite à un
conflit profite aux deux parties en conflit, nous leur avons proposé les
modalités suivantes : « jamais, souvent, toujours ». Six (06)
membres, tous de l'administration soit 75% ont répondu par
souvent' pour dire que c'est de temps à autre que la solution
adoptée profite aux deux (02) parties. Et 12,5% affirment que cette
solution profite toujours' aux deux (02) parties en conflit. La
solution ne profite jamais' aux deux (02) parties est une
réponse qui a été donnée par 12,5% des
enquêtés. Les huit (08) membres de l'administration des
lycées visités ont donné des réponses plus ou moins
divergentes. Ces réponses les interpellent (et surtout les chefs
d'établissement) à mettre l'accent sur les techniques de
résolution des conflits car un conflit mal traité peut engendrer
d'autres formes de tensions qui entraveront le climat de travail et même
affecter les résultats scolaires.
La moitié des lycées que nous avons donc
visités vivent des conflits qui mettent en opposition le corps
professoral et l'administration scolaire. Que se fait-il que ces deux (02)
entités qui devraient être complémentaires sinon complices
sont toujours dans des incompréhensions au quotidien ? C'est sans doute
pour manque de concertations franches, de dialogue ouvert à tous mais
aussi une question de considération, des préjugés qu'un
groupe se fait de l'autre. A l'interne d'un groupe comme celui des professeurs
d'une même discipline, ont-ils la même vision pédagogique
dans l'exercice de leur profession ?
Dans ce domaine, les avis sont partagés.
Qu'entendons-nous par vision partagée ? La vision partagée est la
réponse à la question suivante : « que voulons-nous
créer ? ». Elle est donc l'image individuelle devenue collective
dans une organisation donnée comme celle de l'établissement
scolaire sinon du corps professoral. Dans ce sens, l'adhésion et
l'engagement de tous sont effectifs. Dans notre contexte, la vision
partagée ne doit pas se confondre au suivisme. Nous avons donc
posé la question de savoir si les professeurs de la même
discipline avaient une vision pédagogique partagée. Pour les uns,
c'est une réalité dans leur établissement comme attestent
les professeurs des lycées L2, L4, L6 et L7. D'autres ont répondu
par la négation. Cela suppose qu'il n'y a pas de concertations dans le
domaine pédagogique entre les professeurs de la même discipline
dans le même établissement. C'est le cas dans les lycées
L1, L3 et L5. Cette
70
dernière situation pose le problème de la tenue
du conseil d'enseignement, instance officielle chargée d'harmoniser les
méthodes pédagogiques, d'identifier les modalités
d'évaluation, de planifier les programmes scolaires, de choisir les
livres et les matériels d'enseignement. La tenue de ce conseil permet de
cultiver des relations sociales saines, conviviales, de prévenir les
conflits entre professeurs et d'avoir un climat plus détendu dans les
lycées. Il peut être aussi une école pour les nouveaux
professeurs qui viennent d'embrasser la profession. Il est statutairement
convoqué et présidé par le chef d'établissement. Le
non-respect de cette disposition légale, est-ce une question de
management de la part du premier responsable de l'établissement
secondaire ou un désintéressement des professeurs qui sont les
principaux concernés par cette instance ?
La gestion des établissements secondaires semble
délicate avec tous les enjeux qui l'entourent. Elle n'incombe pas
cependant au seul chef d'établissement mais c'est à lui de la
piloter. Nous avons donc posé la question suivante aux membres de
l'administration : quel style de management est utilisé dans votre
établissement ? Deux (02) d'entre eux, soit 25% (L1 et L6), ont dit que
leur proviseur improvise ou laisse aller les choses et six (06) soit 75% trouve
que leur proviseur consulte le personnel avant de décider. C'est dire
que le style démocratique semble en vigueur dans la plupart des
établissements secondaires visités. Ce qui est donc une preuve
qu'il s'y mène une communication entre les différents acteurs du
système éducatif présents dans les lycées. Ce style
démocratique s'applique-t-il seulement au sein de l'administration
scolaire ou avec tous les partenaires sociaux ? Au cas où cette forme de
gestion concernerait tous les membres du lycée, elle pourrait être
propice à des échanges fructueux. Autrement dit, ces
échanges peuvent conduire à des solutions concrètes,
idoines et applicables dans le but d'améliorer les résultats
scolaires et rendre plus serein le climat social entre les professeurs et
l'administration. Cependant, la technique communicative n'est pas perçue
de la même manière par toutes les parties prenantes. Ce qui
conduit à des écarts de langage, les incompréhensions et
des dissensions lesquelles seront levées par une simple lecture commune
des faits.
71
CHAPITRE III : VALIDATION DES HYPOTHESES ET
SUGGESTIONS
Ce chapitre nous permet de vérifier la validité
de nos hypothèses de recherche et de proposer des solutions pour la
promotion du dialogue social dans les lycées. Nous avons aussi
proposé des suggestions allant dans le sens de l'amélioration des
prestations du personnel de chaque lycée mais aussi des résultats
scolaires.
III-1 Validation des hypothèses
Avec les données recueillies pendant les enquêtes
à travers des questionnaires adressés aux différents
acteurs dans les lycées, nous avons pu vérifier nos
hypothèses formulées au début de cette étude. Pour
mémoire, il y avait une hypothèse principale et deux
hypothèses secondaires. Quels ont été nos résultats
?
III-1-1 Hypothèse secondaire n°1
Elle était la suivante : « La faible
participation des professeurs dans le fonctionnement des établissements
secondaires conduit à de mauvais résultats scolaires».
Nous l'a vérifions à travers le tableau n°23 qui
présente le degré d'implication des différents
enquêtés dans les lycées visités. Il ressort que la
crédibilité des relations entre les professeurs et
l'administration, les conflits fréquents dans les lycées et les
attitudes des professeurs lors des instances ont été des
données importantes que nous avons prises en compte dans notre
étude en rapport avec cette hypothèse opérationnelle.
72
Tableau n°23 : Le degré d'implication des
acteurs
Le personnel enquêté
|
Degré d'implication
|
Total
|
Faible
|
Moyen
|
Elevé
|
Chef d'établissement
|
01
|
01
|
05
|
07
|
Membres de l'administration
|
01
|
05
|
02
|
08
|
Délégués du personnel
|
00
|
05
|
00
|
05
|
Représentants syndicaux
|
01
|
05
|
01
|
07
|
Total
|
03
|
16
|
08
|
27
|
Source : enquêtes de terrain avril 2014
Au regard des chiffres de ce tableau, nous pouvons dire que ce
sont essentiellement les chefs d'établissement (71%) qui s'impliquent
fortement dans l'organisation et la tenue des instances officielles qu'ils
dirigent. On remarque aussi que plus de 59% des enquêtés (avec
100% des délégués du personnel et 71% des
représentants syndicaux) affirment qu'ils participent moyennement.
Pourquoi aucun délégué du personnel ne s'implique
fortement dans la gestion des activités pédagogiques et
administratives de son lycée alors qu'il est le représentant
élu de tous les travailleurs du lycée ? De plus, un seul (soit
14,29%) des représentants syndicaux affirme s'impliquer fortement. Si
l'éducation est la base de tout développement et que la mission
de l'école est de former le futur citoyen, les éducateurs ne
devraient pas s'impliquer moyennement mais plutôt fortement. Cette forme
d'implication ne suppose-t-elle pas qu'il y ait un frein dans leur engagement
normal ? N'est-ce pas de la réserve, des hésitations à
s'impliquer dans les instances officielles de manière plus franche ?
C'est peut-être une opinion, des préjugés qui influencent
négativement leur implication dans la gestion des instances officielles.
De plus, la majorité des professeurs (70%) reconnaissent que le conflit
le plus fréquent dans leur lycée est celui qui oppose les
professeurs et l'administration de l'établissement. Cela influence
beaucoup leur attitude envers l'administration lors des instances qu'elles
soient formelles ou informelles. Dans la plupart des lycées
visités, le personnel administratif est composé de moins de sept
(07) membres. En exemple, le personnel administratif du lycée L1 est de
cinq (05) membres et celui du lycée L6 est de deux (02) membres. Or, les
professeurs semblent être les plus nombreux dans un lycée. Le
lycée L1 a plus de trente professeurs et le lycée L6 moins de
vingt professeurs. Ils sont aussi importants tant
73
pour leur nombre que pour leur mission pédagogique.
Leur faible implication ne peut qu'influencer négativement les
résultats scolaires.
Qu'en est-il des résultats scolaires obtenus par ces
lycées à l'examen du BEPC session de 2013 ? Les
établissements secondaires visités pour notre étude ont
enregistré des taux d'admission allant de 14% à 51% pour
l'année scolaire 2012-2013. Ce qui n'est pas encourageant ni pour les
élèves, ni pour les parents, ni pour les éducateurs qui
les ont encadrés. Avec les résultats scolaires
appréciés par les enquêtés de chaque lycée
(voir tableau n°14), nous pouvons dire que notre première
hypothèse est validée.
III-1-2 Hypothèse secondaire n°2
Nous l'avons formulée de la manière suivante :
« Les rencontres formelles et informelles permettent
d'améliorer les compétences de l'administration scolaire et des
professeurs». A travers les questionnaires adressés aux chefs
d'établissement, aux professeurs, aux membres de l'administration, aux
délégués du personnel et aux syndicats, nous avons
recueilli les idées exprimées par les uns et les autres. Nous
présentons l'état des lieux des concertations faites dans le
tableau n°24 avec les consensus sur les échanges effectués
dans les lycées visités. Nous sommes partis du principe qu'il
faut un score de plus de 50% des réponses des enquêtés de
chaque lycée pour dire qu'il y a consensus sur le point objet de
négociation. Nous soulignons aussi en pourcentage le nombre de
concertations effectuées parmi les dix (10) possibles que nous avons
proposé de manière arbitraire. Il existe bien d'autres points de
concertations dans un lycée et qui peuvent permettre d'améliorer
les compétences du personnel et des élèves.
74
Tableau n°24 : Etat des lieux des concertations dans
les lycées visités
Les lycées visités
|
Nombre de concertations sur consensus (= 05)
|
Pourcentages
|
Lycée L1
|
04
|
40%
|
Lycée L2
|
04
|
40%
|
Lycée L3
|
04
|
40%
|
Lycée L4
|
04
|
40%
|
Lycée L5
|
05
|
50%
|
Lycée L6
|
00
|
00%
|
Lycée L7
|
04
|
40%
|
Source : enquêtes de terrain avril 2014
Les résultats de ce tableau font ressortir que la
plupart des lycées ont très peu de rencontres permettant le
traitement des activités pédagogiques et administratives mais
aussi des difficultés inhérentes à la gestion des hommes.
Des sept (07) lycées visités, un seul a obtenu un score d'au
moins 50% de taux de réalisation sur dix concertations possibles. Et des
concertations réalisées, cinq (05) points ont fait l'objet de
négociation sur les dix (10). Les concertations sont presqu'inexistantes
dans le lycée L6 qui présente un pourcentage nul. De plus, la
crédibilité des relations entre l'administration et les
professeurs est plus ou moins basée sur la confiance. Cependant, cette
confiance semble superficielle si bien que les rencontres informelles et
formelles sont très peu suivies. En début d'année, les
établissements secondaires enregistrent très peu de
présences aux instances officielles telles que le conseil
intérieur, le conseil de rentrée ou même le comité
de gestion. Ce sont pourtant des instances qui dessinent les grandes lignes des
activités administratives et pédagogiques de l'année
scolaire qui va commencer.
La très faible fréquence des concertations dans
les lycées conduit à des dysfonctionnements, à une faible
cohésion et à l'absence de vision commune dans le fonctionnement.
C'est par les multiples concertations, les négociations collectives que
l'implication des uns et des autres est forte et positive dans les
activités administratives et pédagogiques. Ce qui pourrait
améliorer les résultats scolaires. A la question de savoir si les
négociations collectives bien menées améliorent les
performances du personnel, la majorité des enquêtés (94%)
ont répondu par l'affirmative. Ce qui signifie que les concertations sur
des aspects donnés de la vie de l'établissement entre toutes
75
les parties composantes peuvent accroître les
compétences des uns et des autres. Les nouvelles compétences
acquises et bien appliquées permettraient d'améliorer les
prestations du personnel et amélioraient les résultats scolaires.
Ces raisons nous conduisent à dire que notre seconde hypothèse
est validée.
III-1-3 Hypothèse principale
Dans la première partie du travail, nous avions
formulé l'hypothèse principale de la manière suivante :
« Le dialogue social apaise le climat relationnel
dans les lycées et améliore les résultats scolaires des
élèves ». Nous avons prédit que le dialogue
social apaise le climat relationnel. Cela s'est vérifié avec la
faible fréquence des rencontres formelles et informelles. A la question
de savoir si la promotion du dialogue social accroît les résultats
scolaires, trente-neuf (39) ont répondu par l'affirmative soit 95% des
enquêtés. Un seul a répondu par la négation et un
autre s'est abstenu. Nous pouvons dire au regard de ces résultats le
dialogue social améliore les résultats scolaires. Les points de
consensus dans le lycée L6 indiquent un manque de dialogue social et
cela se ressent dans les relations lors des instances officielles. Par contre,
dans les lycées L5 et L7, les points de consensus existent et
influencent la qualité des relations. La crédibilité de
leurs relations est basée essentiellement sur la confiance. Ce qui
permet d'affirmer que leur degré d'implication aux instances officielles
est appréciable pour le bon fonctionnement des lycées.
Le manque de synergie d'actions, de cohésion autour des
activités pédagogiques et administratives conduit à des
dysfonctionnements voire de mauvais rendements de la structure. En somme, nous
pouvons dire que les mauvais résultats des élèves
s'expliquent en partie par le manque de concertations entre l'administration
scolaire et le corps professoral sur les actions à mener dans l'optique
d'aboutir à des résultats scolaires encourageants. Pour toutes
ces raisons évoquées, nous pouvons dire que nos deux
hypothèses secondaires sont vérifiées. Autrement dit, la
faible implication des professeurs dans les activités
pédagogiques et administratives au sein des lycées conduit
à de mauvais résultats scolaires. Cette faible implication peut
signifier aussi un climat relationnel difficile entre les différents
acteurs de l'établissement secondaire. De plus, les rencontres qu'elles
soient formelles ou informelles entre l'administration scolaire et les
professeurs à travers leurs représentants permettent
d'améliorer aussi bien les performances du personnel que celles des
élèves. L'instauration du dialogue social semble donc être
un facteur positif dans la qualité des relations entre les professeurs
et leur administration scolaire. Tous ces constats permettent de dire que
l'hypothèse principale est aussi validée.
76
III-2 Des suggestions pour une promotion du dialogue social
dans les lycées
La promotion du dialogue social dans les établissements
secondaires est une donnée importante à prendre en compte du fait
de ses effets implicites dans l'amélioration du climat social mais aussi
sur les résultats scolaires des élèves. Pour ce faire, des
dispositions sont à prendre tant sur le plan administratif et politique
pour sa promotion dans les établissements d'enseignement. Les
suggestions se subdivisent en trois (03) points que sont les suggestions
émanant des parents d'élèves, celles des
élèves et les nôtres.
III-2-1 Les suggestions des associations des parents
d'élèves
Les parents d'élèves enquêtés
(essentiellement représentés par les présidents APE)
proposent des solutions qui mettent l'accent sur la bonne collaboration entre
l'administration et les professeurs d'une part et d'autre part pour
l'amélioration des résultats scolaires des élèves.
La plupart des solutions évoquées sont liées à la
communication, au patriotisme et aux soutiens à apporter aux professeurs
et leurs élèves. Par exemple, APE1 (représentant des
parents d'élèves n°1) dit que « le dialogue, la
franchise, l'entraide et le sacrifice » sont les actions
nécessaires au bon fonctionnement des établissements secondaires.
APE2 et APE4, quant à eux, insistent sur la gestion transparente des
établissements scolaires alors que APE3 préconise qu'il faut
« un cadre de concertation périodique qui préviendrait
les conflits et traiterait de toutes les questions portant sur la vie de
l'établissement ». Enfin pour APE5, il faut plutôt
« initier des entretiens au début du 3è trimestre de
chaque année scolaire surtout dans les classes d'examen pour les
encourager à travailler ».
III-2-2 Les suggestions des élèves
Les élèves ont proposé plusieurs
solutions dans le but d'améliorer les résultats scolaires. Il
faut, pour eux, revoir la question de la discipline des élèves,
de certains comportements de professeurs à leur égard, les
emplois du temps et l'insuffisance des manuels scolaires. E1
(élève n°1) propose qu'il y ait plus de rigueur dans la
gestion de la discipline ainsi que dans l'application du règlement
intérieur. E3 évoque la question des heures d'études qui
doivent être « encadrées par des éducateurs
», la possibilité d'avoir une salle de lecture et une
bibliothèque. Et E10 le soutient en ajoutant que « les
élèves doivent respecter l'administration et les enseignants
». Concernant
77
les comportements des professeurs, et selon E4, les
élèves pensent qu'ils doivent « faire de bonnes
évaluations », et E11 propose qu'il y ait des « cours
de rattrapage et des exercices de maison ». Pour E1, les professeurs
doivent « éviter d'insulter l'élève ou dire qu'il
n'a pas le niveau ». Les élèves comme les professeurs
doivent respecter les emplois du temps, proposition faite par E4. Les manuels
scolaires semblent être aussi une préoccupation de plusieurs
élèves. Pour E8 « l'administration doit mettre à
leur disposition les documents nécessaires et être encore plus
proche des élèves ». Enfin, E13 propose «
l'écoute des élèves », E14 soutient qu'il
faut « une aide morale au niveau des acteurs éducatifs et en
cas d'absence d'un élève que l'enseignant l'aide à se
retrouver ». E3 s'intéresse « aux échanges
entre élèves et administration » et E4 insiste sur
« le développement d'un autre système d'accès aux
cours avec l'installation de l'internet ». Quant à E6, il
demande que « les professeurs donnent le meilleur d'eux-mêmes
» et E9 trouve qu'il faut « le dialogue à tous les
niveaux et suivre les élèves même dans la
société afin de donner l'opportunité à tous de
réussir». Au-delà de toutes ces suggestions faites par
les parents d'élèves et les élèves, que
proposons-nous dans le sens de promouvoir le dialogue social et
améliorer les performances des éducateurs et de leurs
élèves ?
III-2-3 Nos propres suggestions
La promotion du dialogue social permet d'assurer un bon
fonctionnement des lycées. Dans ce sens, il s'agit pour les
autorités éducatives de revoir la position accordée aux
syndicats et autres parties prenantes lors des négociations et ce, pour
la démocratisation des processus décisionnels.
Pour les rencontres de rentrée scolaire, à peine
si les effectifs en personnel permettent la tenue d'une instance officielle. Il
est vrai qu'elle doit être convoquée par le chef
d'établissement. Mais il s'agit au départ de discuter avec les
partenaires sociaux pour cerner l'opportunité d'une telle rencontre et
surtout étudier la période de la tenue de l'instance après
avoir obtenu un compromis ou un consensus sur la date exacte. Cela permettra
l'adhésion d'un grand nombre de membres statutaires. Aucune instance
officielle n'est à négliger. La participation active de tous les
membres statutaires est nécessaire et indispensable pour l'adoption de
consensus et de compromis. Par exemple, le conseil intérieur qui se
tient généralement en septembre enregistre rarement la
présence des élèves et juste quelques professeurs.
Cependant, c'est à ce conseil que toute la philosophie du travail de
l'année scolaire qui va commencer est débattue. L'administration
scolaire doit aussi tenir quelques fois des rencontres informelles afin de
mettre tous les acteurs sur le même niveau d'informations. Les
informations émanant de la Direction Régionale, des services de
l'administration générale sont à partager avec tous les
acteurs concernés.
78
L'équipe de direction se doit de promouvoir les bonnes
relations professionnelles dans un climat serein et convivial. La communication
interne doit être fluide et les informations (non confidentielles)
à la portée de tous. Elle doit donc faire de la
coopération sur le lieu de travail, son cheval de bataille en facilitant
les consultations avec les travailleurs ou entre elle et les
représentants des travailleurs. L'administration scolaire doit prioriser
la formation continue des professeurs. Pour cela, elle doit à travers
les conseils d'enseignement répertorier les besoins en formation et en
manuels didactiques et tenir informer qui de droit (la direction
régionale, l'association des parents d'élèves, les
collectivités territoriales, le comité de gestion, toute
structure compétente).
On constate en effet que le dialogue social semble mieux
fonctionner quand le rôle respectif des syndicats et de l'administration
a été bien défini et compris par chacun. Une bonne
coordination entre les professeurs et l'administration, une bonne
compréhension de leurs rôles respectifs sont essentielles. Le
dialogue social n'a pas pour finalité de partager le pouvoir
décisionnel ou la fonction de pilotage de l'établissement
secondaire. Il n'implique donc pas la cogestion de l'établissement
scolaire entre l'équipe de direction et les partenaires sociaux. En
clair, les syndicats n'ont pas pour vocation, à travers la promotion du
dialogue social, à être des décideurs dans la gestion de
l'oeuvre éducative. Si la participation de tous les acteurs est bien la
première condition d'un dialogue social de qualité, encore
faut-il que la répartition des rôles soit clairement
établie.
Un autre domaine non moins négligeable est la
santé et la sécurité au travail. Il doit souvent faire
l'objet d'échanges afin de maintenir sinon accroître les
performances des uns et des autres pour davantage améliorer les
résultats scolaires et la motivation (intrinsèque et
extrinsèque) des professeurs. Les difficultés de collaboration
dans les services sont souvent dues au mal-être vécu par certains
travailleurs. Il s'agit donc de prendre en compte cette question de
santé et de sécurité au travail et cela peut conduire
à la promotion de la paix sociale dans les lycées.
79
CONCLUSION
L'administration scolaire et les autres travailleurs d'un
établissement secondaire ont pour mission première la
réussite de l'oeuvre éducative. Il est vrai que chaque acteur a
sa tâche spécifique. Mais leur but final, c'est la recherche de la
synergie d'actions pouvant conduire à la réussite de chaque
apprenant. Le Proviseur se doit d'anticiper toutes formes de dysfonctionnements
en mettant en place une nouvelle gestion des ressources humaines. C'est en cela
que nous pensons que le dialogue social serait une solution, un atout afin de
surmonter les difficultés quotidiennes dans les lycées. Il s'agit
donc pour lui de manager tous les acteurs sous son autorité pour la
réussite de l'oeuvre éducative.
Il nous a semblé nécessaire de mettre en
relation le consensus existant entre la définition et les objectifs du
dialogue social conduisant à des résultats scolaires probants. La
promotion du dialogue social est un mécanisme de prévention et de
gestion des conflits par la négociation collective et la concertation
permanente. En effet, la principale attente des différents acteurs
concernés est le maintien de la paix sociale et un climat relationnel
serein.
Le dialogue social doit permettre d'assurer la promotion des
intérêts individuels des agents tout en assurant
l'intérêt général des élèves et
garantir un climat social serein. Le formalisme des instances de gestion peut
être un gage de protection des droits syndicaux pouvant conduire au
professionnalisme. Les thèmes classiques du dialogue social
(régime indemnitaire, heures supplémentaires, discipline des
élèves...), le traitement d'autres thèmes et souvent
innovants assurent la légitimité et l'élargissement du
dialogue social. L'existence de réunions préparatoires aux
instances officielles s'avère nécessaire. Toutefois, la
multiplication des instances informelles n'est pas toujours source
d'efficacité.
L'Etat à travers l'administration scolaire doit jouer
les deux rôles principaux dans le dialogue social. Il s'agit des
rôles de promoteur et d'acteur actif. Pour son rôle de promoteur,
l'administration selon les normes internationales du travail est responsable de
la promotion de la consultation avec les partenaires sociaux et elle doit aussi
prendre toute mesure appropriée afin que ces consultations se passent en
bonne et due forme c'est-à-dire suivant des procédures
spécifiques en tenant compte du contexte national. De plus, le
gouvernement se doit de garantir et d'encourager la participation des
partenaires sociaux par des textes officiels en la matière. Dans un
établissement secondaire, l'initiative doit venir du chef
d'établissement. Quant à son rôle d'acteur actif,
l'administration doit fournir des instruments encourageant le dialogue entre
partenaires sociaux. Elle joue aussi une variété de rôles,
y compris celui d'être le premier employeur dans le
80
secteur public. Elle peut prendre part au dialogue en tant que
partenaire à part entière, afin d'encourager les échanges
et pousser plus loin les discussions et même parfois trouver un soutien
pour ses propres politiques de mises en oeuvre.
Le dialogue social est donc un outil précieux
destiné à protéger et surtout à promouvoir les
intérêts des travailleurs en introduisant les principes de la
démocratie et de la dignité humaine sur le lieu de travail. Il
constitue par ailleurs un instrument qui a fait ses preuves dans la gestion des
changements sociaux et économiques et qui préserve tout à
la fois le consensus et la stabilité au sein de la
société. Le dialogue social avec son volet négociation
collective permettent aux travailleurs et à leurs organisations
d'améliorer leurs conditions de vie et de travail. Ces conditions
peuvent s'élargir et atteindre les questions de protection des
travailleurs à savoir la sécurité et la santé sur
le lieu de travail, leur sécurité sociale, leur formation, voire
la participation active des travailleurs à la gestion des
établissements secondaires.
81
BIBLIOGRAPHIE
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spécifiques
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>
www.rsepaca.com consulté le
08 novembre 2013
> Wikipédia consulté le 22 décembre
2013
83
TABLE DES MATIERES
DEDICACE i
RESUME ii
REMERCIEMENTS iii
SOMMAIRE iv
ABREVIATIONS ET SIGLES v
INTRODUCTION 1
PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES
4
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE
5
I-1 Problématique 5
I-2 Objectifs de la recherche 7
I-2-1 L'objectif principal 7
I-2-2 Les objectifs spécifiques de la recherche 7
I-3 Les hypothèses de la recherche 7
I-3-1 L'hypothèse principale 7
I-3-2 Les hypothèses secondaires 7
I-4 Les variables 7
CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL
9
II-1 Le dialogue social 9
II-2 Le conflit 10
II-3 La règle 10
II-4 La négociation 11
II-5 L'oeuvre éducative 11
II-6 Les établissements secondaires 12
II-7 Les partenaires sociaux 13
CHAPITRE III : REVUE DE LA LITTERATURE
14
III-1 Dialogue social et typologies 14
III-1-1 Historique du dialogue social 14
III-1-2 Etat des lieux du dialogue social dans quelques pays
15
III-1-2-1 Le dialogue social en France 15
III-1-2-2 Le dialogue social au Sénégal 15
III-1-2-3 Le dialogue social au Burkina Faso 16
III-1-3 Les typologies du dialogue social 16
III-1-3-1 Le partage de l'information 16
84
III-1-3-2 La consultation 17
III-1-3-3 La négociation collective 17
III-1-4 Les conditions de bases du dialogue social 17
III-2 La réussite de l'oeuvre éducative
18
III-2-1 Les déterminants de la réussite scolaire
18
III-2-2 Les indicateurs de réussite de l'oeuvre
éducative 19
III-3 Les contributions possibles des syndicats
20
III-4 Les compétences pour une direction efficace
et efficiente 21
III-4-1 La Gestion des Ressources Humaines (GRH) 21
III-4-2 La communication interne 22
III-4-3 La gestion des conflits 23
III-5 Le dialogue social et la réussite
éducative 24
III-5-1 Les différents types de négociations
collectives 24
III-5-1-1 La négociation distributive ou traditionnelle
25
III-5-1-2 La négociation intégrative ou
coopérative 25
III-5-1-3 La négociation raisonnée ou de totale
coordination 25
III-5-2 La préparation de la négociation 26
III-5-3 Les voies de la régulation sociale 27
. III-6 Les théories de référence
28
III-6-1 La théorie de la régulation conjointe 29
III-6-2 La théorie des négociations
stratégiques 30
III-7 La synthèse de la revue critique de
littérature 30
DEUXIEME PARTIE : CADRE METHODOLOGIQUE
33
CHAPITRE I : CADRE DE LA RECHERCHE
34
I-1 Le champ de la recherche 34
I-1-1 La région du Centre Ouest 34
I-1-2 La région de la Boucle du Mouhoun 34
I-2 Les caractéristiques de la population
35
I-3 Les échantillons de recherche 36
I-4 L'instrumentation 37
I-4-1 Les outils de collecte des données 37
I-4-1-1 Le questionnaire 37
I-4-1-2 La recherche documentaire 38
I-4-2 Les méthodes et l'approche de recherche 38
I-4-2-1 La méthode quantitative 38
I-4-2-2 La méthode qualitative 39
I-4-2-3 La méthode analytique 39
I-4-3 L'administration des outils 39
85
CHAPITRE II : PRESENTATION DES DONNEES RECUEILLIES
40
II-1 De l'état des lieux des concertations
40
II-1-1 Les négociations menées dans chaque
établissement 40
II-1-2 La tenue des instances officielles 49
II-1-3 Les arrêts de travail au niveau des professeurs
51
II-1-4 Le débrayage des élèves 52
II-1-5 Les rencontres informelles 54
II-1-6 La motivation pour l'oeuvre éducative 56
II-2 De l'état des lieux du dialogue social dans
les lycées visités 57
II-2-1 Les appréciations faites sur les résultats
scolaires des élèves 58
II-2-2 Les avis des enquêtés 59
II-2-3 L'existence d'un projet d'établissement 60
II-2-4 Le degré d'implication dans les instances
officielles 61
II-2-5 La crédibilité des relations entre les
partenaires 63
II-2-6 L'attitude lors des instances officielles 66
II-2-7 Les autres aspects influençant le climat
relationnel 67
CHAPITRE III : VALIDATION DES HYPOTHESES ET
SUGGESTIONS 71
III-1 Validation des hypothèses 71
III-1-1 Hypothèse secondaire n°1 71
III-1-2 Hypothèse secondaire n°2 73
III-1-3 Hypothèse principale 75
III-2 Des suggestions pour une promotion du dialogue
social dans les lycées 76
III-2-1 Les suggestions des associations des parents
d'élèves 76
III-2-2 Les suggestions des élèves 76
III-2-3 Nos propres suggestions 77
CONCLUSION 79
BIBLIOGRAPHIE 81
TABLE DES MATIERES 83
LISTE DES TABLEAUX 86
LISTE DES GRAPHIQUES 87
ANNEXES ERREUR ! SIGNET NON
DéfINI.
86
LISTE DES TABLEAUX
Tableau n 1: Classification de la population selon le genre
35
Tableau n°2 : Ancienneté de service et de
direction des chefs d'établissement 36
Tableau n°3 : Les négociations collectives du
lycée L1 41
Tableau n°4 : Les négociations collectives du
lycée L2 42
Tableau n°5 : Les négociations collectives du
lycée L3 43
Tableau n°6 : Les négociations collectives du
lycée L4 44
Tableau n°7 : Les négociations collectives du
lycée L5 45
Tableau n°8 : Les négociations collectives du
lycée L6 46
Tableau n°9 : Les négociations collectives du
lycée L7 47
Tableau n°10: Tenue des instances officielles dans les
lycées visités 50
Tableau n°11 : Situation des grèves des
professeurs dans les lycées visités 51
Tableau n°12 : Situation des débrayages des
élèves dans les lycées visités 53
Tableau n°13 : Situation des rencontres informelles dans
les lycées visités 55
Tableau n°14 : Motivation des agents dans les
lycées visités 56
Tableau n°15: Résultats à l'examen du BEPC
session de 2013 dans les lycées visités 58
Tableau n°16 : Appréciations des résultats
scolaires par les enquêtés 59
Tableau n°17 : Existence d'un projet
d'établissement dans les lycées visités 60
Tableau n°18 : Degré d'implication du personnel
enquêté dans les lycées visités 62
Tableau n°19 : Crédibilité des relations
entre les membres du personnel enquêté 63
Tableau n°20 : Corrélation entre la
crédibilité des relations et le degré d'implication 65
Tableau n°21 : Position du personnel enquêté
pendant les négociations 66
Tableau n°22 : Typologies des conflits dans les
lycées visités 68
Tableau n°23 : Le degré d'implication des acteurs
72
Tableau n°24 : Etat des lieux des concertations dans les
lycées visités 74
87
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique n°1 : Comparaison entre deux lycées sur
l?état des lieux des concertations: L5 et L6 48
I
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