L'impact de l'état du lieu théà¢tral sur la pratique et la consommation du théà¢tre au Cameroun: le cas de Yaoundé( Télécharger le fichier original )par Cyril Juvenil ASSOMO Université de Yaoundé 1 - Master 2014 |
IX. Importance du sujetLe présent sujet tire toute son importance de l'état léthargique dans lequel est plongé le théâtre au Cameroun depuis quelques années. En fait, même si des efforts sont faits notamment au niveau de la formation58(*), à d'autres niveaux comme celui du financement ou encore celui des infrastructures, ces mesures salutaires s'avèrent insuffisantes59(*). Nul besoin d'entrer dans une enquête approfondie pour affirmer de prime à bord que le Cameroun est mal loti en matière d'infrastructures théâtrales. Cependant, cette quête scientifique vise néanmoins à jeter quelques bases qui seront utiles dans le cadre d'un éventuel processus de réforme de l'activité théâtrale au Cameroun. Elle procède ainsi à une sorte d'autopsie du lieu théâtral au Cameroun ; car l'importance d'une salle de théâtre n'est plus à démontrer, ceci dans la mesure où Jean Jacquot pensera que le lieu théâtral concilie toujours le fait artistique et le fait social, et permet d'emblée de cerner la complexité de l'art dramatique. Son étude s'avère donc nécessaire parce que : « cet interdépendance dans l'organisation du lieu théâtral entre la fonction artistique et la fonction sociale, explique que son étude nous donne une prise si complète sur l'ensemble de l'activité théâtrale »60(*). X. Intérêt du sujetL'intérêt est défini par Le Dictionnaire Larousse comme étant l'originalité, l'importance de quelque chose ou de quelqu'un. Dégager l'intérêt de la recherche consiste donc à démontrer en quoi elle sera utile à tous ceux qui sont de près ou de loin concernés par l'objet d'étude traité. Ainsi, avant que d'énumérer les différents intérêts de la présente recherche, il est nécessaire de rappeler que même si cela ne transparaît que peu, son objectif majeur est l'incitation à la construction d'édifices théâtraux viables au Cameroun. Partant donc du postulat de la réalisation de ce dessein, ce sujet présente dès lors plusieurs intérêts. Les principaux sont d'ordre académique, économique et socioculturel. Sur le plan académique, la présente recherche de par les objectifs énumérés ci-dessus, fournira un nombre important d'informations utiles à la compréhension du théâtre camerounais et de sa condition actuelle, ainsi qu'au rôle prééminent que joue la salle de théâtre dans le dynamisme de l'appareil théâtral. Elle contribue par ricochet à l'enrichissement de la littérature sur le théâtre camerounais et partant africain et universel. Ainsi, ses résultats pourront servir à d'autres chercheurs qui pourront compléter les leurs, ou alors approfondir ou améliorer la présente recherche. Elle permet par ailleurs sur un plan personnel, au jeune chercheur que nous sommes de travailler sur un des maillons essentiels de la production théâtrale. Cette dernière étant son domaine de spécialisation. De même, elle permettra d'approfondir des recherches dans le domaine du marketing culturel. Le processus de formation de l'image du point de vente mis au point dans ce travail, contribuera tout au moins modestement à l'élaboration des prochaines recherches sur les institutions culturelles en particulier, et les établissements de loisirs en général61(*). Sur un plan économique, il est indéniable qu'un lieu théâtral bien organisé est indispensable à la rentabilité financière de l'activité théâtrale. A travers l'édification et la viabilisation des lieux théâtraux, le théâtre pourrait à la longue au Cameroun, être générateur de revenus tant pour les praticiens que pour l'Etat qui en tirera un surplus en matière de taxes. Dans la même lancée, si le théâtre est considéré par certains tenants du marketing culturel comme un produit culturel pouvant faire l'objet d'une stratégie marketing, on comprend dès lors que la salle recouvre désormais un important rôle économique, car c'est à travers la billetterie par exemple que les praticiens du théâtre trouveront une grande partie des sources de financement de leur activité. De même, l'esthétique architecturale et la renommée d'un lieu théâtral pourraient permettre d'attirer de nombreux touristes dans une ville, et contribuer par là à sa renommée et au développement d'autres activités génératrices de revenus. Le cas de Broadway est assez illustratif de ces propos. Ce sujet se révèle donc être un tremplin tant pour les pouvoirs publics, que pour les investisseurs pour qu'ils puissent comprendre que la construction des édifices théâtraux peut être un investissement pleinement rentable, pourvoyeur de nombreux emplois. Enfin, sur le plan socioculturel, l'édification des lieux théâtraux à travers l'étendue du territoire national, permettra une meilleure vulgarisation du théâtre, ainsi que de la culture. De là, l'image écornée de l'art théâtral au sein des sphères populeuses au Cameroun se retrouvera anoblie. D'autres arts tels que la musique, le cinéma ou encore la danse pourraient d'ailleurs bénéficier de ces espaces pour ce qui est de leur diffusion. Il s'agit donc d'une part de mettre à la portée de tous un loisir qui se révèle être sain, car étant un puissant outil de divertissement et d'éducation ; et d'autre part d'inculquer la culture artistique aux populations. En somme, la présente recherche présente un intérêt pour les autorités en charge des arts et de la culture62(*), les collectivités territoriales décentralisées que sont les régions les départements et les communes. Les praticiens du théâtre, les populations camerounaises et mondiales, ainsi que l'ensemble de la communauté scientifique, sont également les potentiels destinataires de cette modeste recherche. XI. Difficultés et limites de la recherche La présente recherche a certes été une aventure passionnante, mais qui n'a toutefois pas été exempte de difficultés. Désireux d'effectuer un panorama sur la notion de lieu théâtral au chapitre premier, nous nous sommes heurtés à l'absence de certaines ressources documentaires importantes. Cette absence était due à la non disponibilité de ces ouvrages dans la plupart des bibliothèques et librairies camerounaises, et surtout à cause de leur prix prohibitif pour la modeste bourse du chercheur que nous sommes. Plusieurs autres ouvrages importants sur le marketing culturel et sur l'étude des points de vente, nous ont également fait défaut pour les même raisons. Enfin, la nature du corpus qui malheureusement est en majorité constitué des centres culturels étrangers n'est qu'un reflet de la situation théâtrale camerounaise caractérisée par un grand dénuement sur plusieurs pans essentiels à son épanouissement. Mais qu'à cela ne tienne, cette recherche se veut un travail consistant. C'est le fruit d'un effort intellectuel et exploratoire qui s'appuie sur un plan de travail ternaire. XII. Plan de travail Le plan de travail peut s'entendre ici comme les différentes articulations qui constitueront le corps du sujet de ce mémoire, et qui développeront l'objet d'étude afin d'atteindre logiquement les résultats escomptés au travers des hypothèses. Cela dit, ce mémoire s'étend sur trois principaux chapitres. Le premier chapitre est intitulé : Le lieu théâtral dans l'art et dans la cité. Celui-ci essaie d'effectuer (de façon non exhaustive) le panorama des connaissances en ce qui concerne ladite notion afin de réaffirmer son importance, mais surtout de poser les jalons devant servir de socle pour les chapitres suivants. Pour ce faire donc, il essaie dans un premier temps de définir et/ou d'orienter clairement les différents concepts renvoyant à l'espace au théâtre, concepts qui la plupart du temps s'avèrent difficiles à cerner au vu de leur complexité63(*). Un second axe d'étude concerne un bref aperçu de l'histoire et des différentes mutations du lieu théâtral occidental et partant africain et camerounais ; ensuite, il sera question d'aborder les différents aspects d'une salle de théâtre. Allant dans ce sens, l'étude débute par l'examen des parties essentielles d'une salle de théâtre, évoque ensuite les principales qualités d'une salle de théâtre viable, pour enfin déboucher sur les ressources humaines oeuvrant pour le rayonnement de ce type de lieu. Enfin, pour clore le chapitre, notre plume s'attarde sur les rôles concrets que joue un édifice théâtral tant pour l'activité théâtrale, que pour la société tout entière. De là, la rétrospective des connaissances sur le lieu théâtral, nous permet de rentrer de plein pied dans notre étude, à travers un second chapitre. Le second chapitre s'intitule Lieu théâtral, praticien et création. Comme son nom l'indique, il aborde l'environnement créatif des praticiens de théâtre camerounais sous l'influence de l'état actuel du lieu théâtral. Pour atteindre ce dessein, il débute tout d'abord par une étude approfondie des principaux lieux théâtraux de Yaoundé qui ne sont autres que les salles du corpus. Ensuite, dans un second point, il explore tour à tour les différents problèmes procédant de l'état du lieu théâtral à Yaoundé. Dans un troisième temps sont évoqués les principaux corollaires qui émanent de cet état de fait. Quant au dernier point de ce chapitre, il est dédié à la compréhension du comportementalisme et de ses différentes théories de conditionnement ; à l'adaptation de l'expérience de conditionnement de John B. Watson sur le praticien de théâtre de Yaoundé, et les conséquences qui en découlent logiquement. Le présent chapitre terminé, il donne droit de cité au dernier chapitre qui lui s'intéresse à la consommation théâtrale à Yaoundé. L'ultime chapitre de cette recherche s'intitule : La notoriété et l'image des lieux théâtraux de Yaoundé. Son titre témoigne à suffisance de son approche centrée principalement sur le marketing culturel. Ce chapitre est bâti sur deux sous-chapitres. Le premier (intitulé le lieu théâtral dans la sphère du marketing), étudie tout d'abord quelques concepts et postulats importants concernant : le marketing, les notions de marketing et le comportement consommateur de théâtre. Dans un second temps, le deuxième point (de l'image du point de vente vers l'image du lieu théâtral), procède à l'adaptation-création de l'image d'un point de vente à l'aide de celle d'un point de vente. Mais cette adaptation ne se fait pas sans un rappel préalable des convergences et des divergences entre ces deux entités « commerciales ». Le second sous-chapitre se veut quant à lui plus empirique. Il débute par un point consacré à l'appropriation du marketing par les lieux théâtraux de la ville de Yaoundé, et s'achève par des résultats et des clarifications concernant la notoriété et l'image de ces différents lieux théâtraux. Les trois chapitres ci-dessus, sans toutefois prétendre à l'exhaustivité, démontrent donc que le lieu théâtral camerounais a un impact somme toute négatif sur la pratique et la consommation du théâtre. Mais cette démonstration est toutefois tout au long de son exécution, parsemée de propositions, qui permettent de pouvoir concentrer ce travail à ce « chapitrage » simpliste. Ceci dit, à la suite de toute cette mise en voie, il est nécessaire à présent d'introduire le premier chapitre de ce travail qui comme nous l'avons déjà souligné, abordera des généralités sur le lieu théâtral. * 58 Depuis 1993 avec l'ouverture de la section arts du spectacle et cinématographie à l'Université de Yaoundé I, suivie depuis quelques années de la multiplication des établissements de ce type dans la quasi totalité du territoire, l'Etat du Cameroun s'est résolument engagé dans la vulgarisation et la formation de la jeunesse aux métiers de l'art en général et à ceux du théâtre en particulier. * 59 Dans un article publié en 2010 et que l'on peut consulter sur le site web : www.camerlive.com, Tony MEFE, un des principaux promoteurs de festivals au Cameroun (Scènes d'Ebène), déclare que le théâtre africain est financé à 90% par la France à travers ses organes de coopération culturelle. * 60 Jean JACQUOT, « Présentation », in Le lieu théâtral dans la société moderne, p.8. * 61 Car les idées formulées dans le troisième chapitre de ce travail pourront être bénéfiques aux recherches sur le tourisme. Tant il est vrai que l'on pourrait envisager la possibilité de les adapter aux structures hôtelières et de restauration pour ne citer que celles-ci. * 62 Allusion est faite ici à deux ministères camerounais : celui en charge des arts et de la culture et celui en charge du tourisme. * 63 C'est par exemple le cas avec les notions de « lieu théâtral » et « espace théâtral ». |
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