Les logiciels libres, une économie coopérative( Télécharger le fichier original )par Jason BOMHALS Haute Ecole de la Province de Namur - Bachelier Assistant de direction - langues 2014 |
Chapitre 10L'Open Source et l'ATM 10.1 Le rapport du projet OSIFE Le projet OSIFE est une étude demandée par EUROCONTROL en 2005 pour déterminer le potentiel des logiciels libres concernant l'ATM. Pour réaliser cette étude, l'agence a fait appel à des experts extérieurs travaillant pour plusieurs organismes comme Philips*, l'Université de Cambridge ou encore AdaCore Inc*. En décembre 2005, le rapport concluait que les logiciels libres étaient déjà, au moins partiellement, présents dans la plupart des entreprises, certains logiciels propriétaires utilisant de toute manière du code source provenant de logiciels libres. EUROCONTROL remarquait également que beaucoup de personnes ne savaient pas réellement à quoi correspondait le terme de logiciel libre et le confondait souvent avec le terme de gratuiciel (freeware en anglais). Le rapport soutenait aussi que les licences libres ne seraient pas un frein pour l'utilisation de logiciels Open Source par EUROCONTROL mais que le grand nombre de licences libres, bien qu'étant une bonne chose car garantissant qu'il existera des licences répondant aux besoins de chaque éventuel projet, était effrayant pour les personnes ne possédant pas des connaissances approfondies en droit et pouvait être déroutant. Une des principales forces de l'Open Source dégagée par EUROCONTROL était le soutien d'une grande communauté de développeurs mais cette force semblait être moindre dans le domaine de l'ATM, qui ne suscite manifestement pas suffisamment d'in-térêt chez les développeurs. Cela me semble finalement être la principale raison, en plus d'une autre remarque faite par le rapport concernant l'absence d'expériences d'utilisa-tion de logiciels libres dans des domaines critiques, au fait qu'EUROCONTROL n'a pas, depuis lors, adopté les logiciels libres en grand nombre. Pour résumer, voici les affirmations du projet OSIFE27 que je vais reprendre pour la suite de mon travail:
28. BAE Systems, Newsroom - BAE Systems, 2014, http://www.baesystems.com/news-&-features-rzz/news?_afrLoop=915450659628000, consulté le 8 avril 2014 57
10.2 L'enjeu de l'Open Source pour l'ATMSi la gestion du trafic aérien a, jusqu'à présent, souffert d'une structure très fragmentée reflétant la complexité géopolitique de l'Europe, la tendance est de nos jours à l'harmonisation et à la coopération. Le but du projet Single European Sky est d'ailleurs d'harmoniser l'ATM européen au maximum pour en accroître l'efficacité tout en réduisant les coûts liés. Dans un tel contexte, il est inconcevable de ne pas partager ses connaissances avec les autres. Les différents acteurs de l'ATM devront de plus en plus travailler ensemble et partager leurs savoirs. Depuis la naissance de l'ATM, la fragmentation et le caractère propriétaire de ce secteur a poussé ses acteurs à réaliser des travaux peu productifs qui étaient, dans de nombreux cas, les mêmes travaux que leurs voisins réalisaient également. Ces vains efforts pourraient être arrêtés de nos jours grâce au modèle libre, qui permettrait aux différentes compagnies de travailler ensembles sur un projet commun et d'en tirer les bénéfices par après. La réalisation collaborative d'un projet unique à la place de la réalisation individuelle de multitudes de projets permettrait une économie de temps et de ressources qui pourraient alors être employées pour des projets avec plus de valeur-ajoutée. Si, de nos jours, les entreprises impliquées dans l'ATM utilisent déjà plusieurs logiciels Open Source, les centres de contrôle du trafic aérien (ATC) utilisant par exemple depuis longtemps Linux, elles n'investissent toujours pas dans le développement de solutions libres. 10.3 Les principaux freins à l'Open Source en ATM 10.3.1 La crainte d'être volé Le secteur de l'ATM est un secteur extrêmement conservateur pour lequel la seule manière de travailler est de conserver tout caché afin de ne pas voir les technologies être dérobées. Cependant, collaborer avec d'autres experts dans leur domaine permettrait vraisemblablement un meilleur rendement. Une plus grande collaboration entre entreprises permettrait également de pouvoir réduire les budgets liés à la protection du savoir. Selon un sondage de BAE Systems* 28, 47 % des entreprises américaines craignent plus que tout un vol de leurs propriétés intellectuelles et 60 % des entreprises sondées ont augmenté de manière conséquente le budget lié à la sûreté informatique suite à une vague de cyberattaques en décembre 2013 et janvier 2014. 58 |
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