2.2.5 L'analyse de l'intrigue de
« Les espoirs perdus »
Premier et second mouvements :
L'intrigue commence par la visite du chef Oyishuo chez Pa Abua et Ma
Abua. Ceci nous révèle que le cadre de la société
africaine est bâti et basé sur les adultes. L'auteur nous montre
depuis le commencement de la pièce que c'est les aînés qui
dominent les jeunes.
Troisième mouvement (Pa Abua et Ma
Abua) : Chez les africains traditionalistes, la décision
du mariage est faite par les parents et non pas les jeunes concernés.
Aussi, la décision paternelle est considérée
supérieure en cas d'argument. . « Quoi !
Désastre sacrilège ! Depuis quand les filles
décident-elles de leur mariage ici chez-nous ? Il appartient aux
parents de faire un choix lucide pour leurs enfants, surtout les filles.
» (p.11) Les mères tombent d'accord avec la décision de
leurs maris. Ce n'est pas la peur mais du respect qu'elles accordent aux
hommes comme dit D. T. Niane (p.48) « ...plus une femme aime son
mari plus elle le respecte, plus elle souffre pour son enfant...
»
Quatrième Mouvement (Pa Abua et Amerang) :
C'est la norme en Afrique que les pères sont
propriétaires des enfants par rapport aux mères. S'ils
décident de faire une chose, ils ne disent qu'aux enfants après
avoir rapporté à sa femme comme il se déroule ici sur
cette scène où Pa Abua dit à Amerang ce qu'ils ont
déjà décidé. Même si les enfants n'ont pas
le droit de se détourner, les parents ne disent jamais leur
décision forcément. Ils passent le message à travers la
flatterie pour que les enfants acceptent leur choix.
« Justement, cela nous concerne, toi et moi. Tu es une
fille bien jolie et bien intelligente. IL est bien normal tu te
maries. (p.14). Pa Abua renforce son idée sur Amerang par lui
déclarer« tu vas l'épouser parce que je le
veux » (p.16). Mais, elle a refusé. Ce n'est pas comme
dans Polyeucte de Corneille (un théâtre tragique
française) où Pauline a accepté le choix de son
père. « Mais puisque mon devoir (familial) m'imposait
d'autres lois (Mariage)/De quelque amant pour moi que mon père eut fait
choix » (Acte II Scène 2) Polyeucte (p.59). Elle a
raisonné le choix paternel et accepté grâce au devoir
familial ; mais elle reste sans épanouissement et contentement.
Par rapport à Amerang, qui est brave au point de ne pas se soumettre
à la proposition de son père car le devoir familial
n'était pas basé sur la justice idéale. Les deux
personnages vivent dans l'espace et le temps différents. (XVIIe
siècle et XXIe siècle), au dernier siècle-ci les femmes se
revendiquent. Les femmes reconnaissent leurs droits.
Cinquième et Sixième
mouvements :Ces mouvements nous interpellent à nous mettre
au courant que la société africaine n'est pas individualiste.
Elle respecte la solidarité familiale. Néanmoins, grâce
à la formation, Amerang a pu conquérir la décision
coupable de sa famille. Ainsi, ce proverbe de Francis Bacon est prouvé
vrai « savoir c'est pouvoir ». Elle est
canalisée sur son étude et de se marier au jeune
prétendant, qui est son choix, après leurs études
universitaires, C'est d'ici que la famille Abua a rencontré un choc
psychologique car leur choix a échoué.
Septième mouvement : Ils se
confessent l'amour en cachotterie dans un coin comme Valère et
Élise dans l'Avare de Molière. Ils discutent
l'empêchement de leur mariage qui vient de la part de PaAbua. Amerang a
tout rapporté à Owong et lui a même déclaré
son amour. Ce mouvement nous explique si les filles aiment les hommes chez les
Africains,elles se cachent de leurs parents.
Huitième et Neuvième mouvements :
Le point culminant de la pièce c'est au
huitième mouvement où Owong rencontre la famille
d'Amerang. Car, Pa Abua, Ma Abua et Mme Agabi qui représentent
l'Afrique traditionnelle y sont pour combattre les jeunes (Amerang, Owong
et Osapi)qui représentent la modernité. Cependant, est-ce la
décision d'Amerang et Owong ne sert pas comme une manière de
déculturation ou d'iconoclasme? Ou est-ce que ce n'est pas un
tabou pour les jeunes de décider de leur mariage aux dépens des
parents ? Et est-ce que ce n'est pas pour le bien des jeunes même
que les parents choisissent pour leurs enfants car, ils ne sont pas contents
de faire souffrir les enfants ?
La réplique du coup de théâtre
« ton quoi ? N'ouvre plus ta bouche pour vomir de telles
saletés. » (p.38 huitième Mouvement). Cette
réplique naît le coup de théâtre qui va réunir
les jeunes dans la scène suivante afin de se révolter contre les
parents. Le Coup de théâtre est une « action tout
à fait imprévue changeant subitement la situation ou le
déroulement de l'action. Deux éléments fondamentaux sont
donc constructifs d'un coup de théâtre : le retournement de
situation, et l'effet de surprise » dit Florence Naugrette
(p.1).
Dixième mouvement : Les jeunes
personnages (Amerang, Owong et Apah) discutent la décadence de la
société africaine qui est rongée par l'amour de l'argent.
C'est ici que les jeunes prennent de conscience pour se révolter car ils
se voient comme les possesseurs de leur destin. Apah est le principal chantre
qui prône la liberté. Unimna a mis en scène cette
adolescence en vue de montrer le besoin d'affranchir les jeunes est primordial
dans la société négro-africaine de nos jours.
Onzième mouvement : La
déception de la famille Abua c'est que le chef Oyishuo a
été appréhendé pour saccager des biens publics.
Et, il a perdu tout en un clin d'oeil. Ses avoirs qui sont les espoirs de la
famille Abua sont confisqués par l'État. C'est ici que l'auteur
a caché le titre de cette pièce du théâtre. Pa Abua
témoigne ainsi, « ma soeur, il ne s'agit pas de cela.
Peut-on imaginer un seul instant que l'on perde tous ses espoirs en un clin
d'oeil.p.47 ». Pa Abua n'aura pas accepté que Owong se
marie à sa fille, si chef Oyishuo n'avait pas été
coincé par le gouvernement ? On peut dire toujours qu'à
condition que Pa Abua ait vu un vieil homme riche hormis Oyishuo, il peut lui
donner sa fille. Cela veut dire que Pa Abua n'est pas repenti de son
comportement ou n'apprend rien de la leçon de vie. Voici l'excipit du
théâtre avec la didascalie : ((le sourire au coin des
lèvres) : je ne peux encore rien dire, ma fille, mais laissons
faire au temps...). À sa volition, Pa Abua n'est pas tombé
d'accord avec Amerang et Owong, mais, parce qu'il manque le pouvoir de
contrôlerla situation qu'il a accepté son échec. S'il
partage l'idée d'Amerang, il aurait répliqué Amerang
affirmativement par dire « oui » ainsi que les bénit
en disant que Dieu leur accorde du bien pour se marier. La fin n'est pas bien
terminée. Bien qu'Amerang et Owong aient leur volition permise, sont
contents d'une part, les adultes restent en mélancolie d'autre part car
leur but n'est pas atteint. Sourire au coin des lèvres n'est pas rire
de contentement. Quand on est content, on rit.
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