CONCLUSION GENERALE
En définitive, il était question
d'apprécier l'apport des instruments internationaux en Afrique centrale
en ce qui concerne l'opposition faite au trafic illégal et au braconnage
des éléphants et des gorilles. Pour ce faire, nous avons
présenté plusieurs normes internationales et leur portée
en Afrique centrale. Il convient de souligner que les instruments
internationaux ont largement contribué à une prise de conscience
plus ou moins mitigée des enjeux que posent le trafic et le braconnage
des éléphants et des gorilles sur l'environnement. Ces
fléaux fauniques affectent également le développement
durable, la stabilité sociale et l'économie nationale. En outre,
ils remettent en cause la souveraineté d'une nation.
Dans un tel contexte, les conventions, les déclarations
et accords internationaux signés et adoptés par les Etats ont
permis ici et là de booster le réveil de certains dirigeants qui
jadis n'avaient pas accordé une place primordiale à la protection
de la faune dans leur agenda politique. En réalité, « il
n'y a pas longtemps, certains dirigeants des pays en voie de
développement étaient méfiants à l'idée
d'ériger la protection de la qualité environnement au rang des
priorités nationales. Ils n'hésitaient pas à subordonner
cet objectif à celui de la croissance de leurs économies.
D'autres considéraient cela comme un luxe qui n'était
réservés qu'aux seuls nations riches. Il a fallu attendre la
multiplication des sommets internationaux pour qu'ils adhèrent à
cette cause »229. L'adoption des instruments
internationaux a également permis aux Etats d'Afrique Centrale
d'intégrer des mesures visant à stopper les actes criminels dans
leur faune.
Cependant, les efforts entrepris n'ont pas permis
jusqu'à ce jour de mettre un terme aux actes de trafic et de braconnage
des éléphants et des gorilles. Ceci à cause des
contraintes que connaissent les Etats de la sous- région
combinées à des politiques inertes, désorientées,
de même que dictatoriales.
Si l'on veut parvenir à de meilleurs résultats,
il faut qu'il y ait une démocratie forte et réelle en Afrique
centrale. Cela exige une alternance au pouvoir. Or dans le contexte
sous-régional, la plupart des Chefs d'Etats sont au pouvoir depuis une
vingtaine d'années, d'autres quittent le pouvoir qu'après un coup
d'état ou le cas échéant après leur mort. Partout
dans la sous- région sévissent des guerres tribales et
religieuses. Dans un tel contexte, la lutte contre les actes criminels dans la
faune, ne sera pas facilement acquise. C'est pourquoi, il serait salutaire de
redéfinir les politiques internes dans chaque Etat. Car rien ne peut se
résoudre dans le chao.
Par ailleurs, il semble nécessaire de revoir la
pertinence des instruments internationaux en ce qui concerne la sanction des
atteintes. Car, « Il est de notoriété publique qu'aucune
réglementation fut-elle stricte ne peut être efficace en terme de
résultats final si elle n'est pas suivie des sanctions. On peut penser
que l'impunité des contrevenants explique en partie le faible niveau
d'efficacité de la gestion directe en termes de résultats final
»230. En d'autres termes, il faudrait imposer des
sanctions aux Etats parties qui ne respectent pas leurs engagements,
plutôt que de multiplier des instruments internationaux platoniques,
n'ayant pour seul but que d'énoncer des lignes directrices, sans pour
autant sanctionner la violation. Tel est l'enjeu qu'impose ce thème de
travail qui est sur toutes les lèvres. Par ailleurs, il faut saluer ici
les efforts que mènent continuellement les ONG dans la lutte contre les
actes criminels dans la sous-région, quand on connait les contraintes
parfois liés à l'écologie de la sous-région. Fort
de ce qui précède, est-il
229 KOUBO Douzo, La stratégie environnementale en
question, Côte d'ivoire, l'Harmattan, juin 2003, p.116.
230Ibid., p.116.
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exagéré de penser que le trafic et le braconnage
des éléphants et des gorilles constitueraient une sorte de bombe
à retardement en ce qui concerne la dégradation de
l'environnement à l'échelle internationale?
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