B- Les autres aires protégées en Afrique
Centrale
L'Afrique centrale dispose d'une très grande richesse
faunique qui a nécessité la mise en oeuvre des structures
permettant de contrôler le déplacement et les effectifs des
espèces sauvages parmi lesquels les éléphants et les
gorilles.
En dehors des parcs nationaux, on récence dans les
Etats d'Afrique centrale une panoplie de réserves comme celle de
Biosphère de Dimonika au Congo, de Luki en RDC et l'Ecosystème
Naturel du Cacongo dans la Province du Cabinda en Angola 80 . Cette
aire protégée est appréhendée différemment
dans les législations nationales des Etats d'Afrique centrale. Ainsi,
l'article 112 de la loi Tchadienne de 2008 considère que : «
Les réserves de faune sont des aires classées au nom de
l'Etat ou des collectivités territoriales décentralisées
pour la conservation de la biodiversité et l'aménagement de
l'habitat »81. Son homologue centrafricain estime quant
à lui que : « Les réserves de faune sont des aires
affectées à la protection de la faune et de son environnement
naturel dans lesquelles les activités agro- pastorales traditionnelles
sont réglementées, ainsi que l'accès du public
»82. Au regard de ce qui précède, ces
espaces sont interdits de chasse. Au Cameroun, on dénombre plusieurs
réserves parmi lesquels la réserve de faune du Dja, la
réserve de faune de Douala Edéa (168.116 ha), la réserve
de faune de Kimbi, le Lac Ossa wild life réserve (4.539)83
qui recensent un bon nombre de gorilles de plaines occidental. A noter que la
réserve du Dja est classée comme réserve de la
biosphère en 1981 et site du patrimoine mondial de l'UNESCO en
198784. C'est l'unique aire protégée qui ait pu au
Cameroun appartenir, aux deux catégories de réserve
instituées par l'UNESCO.
Dans cette Afrique en miniature, il y a d'autres aires
protégées comme les Sanctuaires de faune, les Jardins
zoologiques, les Zones d'intérêt cynégétique, et les
Zones d'intérêt à gestion communautaire. D'autres aires
protégées sont en cours de création au Cameroun (Tableau
3). Ces espaces nationales abritent une grande variété
d'espèces sauvages qui sont en voie d'extinction. A travers sa ferme
volonté de préserver sa biodiversité, le Cameroun s'aligne
ainsi en conformité avec la Convention de Rio de 1992 sur la
Diversité Biologique.
78 Stromayer and Ekobo 1991, Barnes et al. 1995.
79 Secrétariat Exécutif du RAPAC.
80 Idid.
81 République du Tchad, Loi N°08-014
2008-06-10 PR portant Régime des Forêts, de la Faune et des
Ressources Halieutiques.
82 Code de Protection de la Faune Sauvage de la RCA, Article 7,
1984, p. 3.
83 BENI MOUTILA Luc, Aires Protégées et
Aménagements forestiers au Cameroun: état de lieux, acteurs et
mode
de gestion.
84 AKONO J.M., Le braconnage dans la réserve du Dja :
une grave menace, in Moabi, n°2, novembre, 1995, p.6.
24
Nom
|
Superficie ha
|
|
Parc marin de Kribi
|
126 053
|
Dossier au Premier Ministre (PM)
|
Parc National de Tchabal Mbabo
|
150 000
|
Avis au public signé et affiché
|
Parc national de Ndongore
|
230 000
|
Avis au public signé et affiché
|
Parc National de Kom
|
68 905
|
Dossier au Premier Ministre
|
Réserve écologique Intégrale de
Koupé
|
4 676
|
Dossier au Premier Ministre
|
Réserve de Mt Bamboutos
|
2 500
|
Avis au public signé et affiché
|
Réserve écologique Intégrale de
Manengoumba
|
5 252
|
Concertation bouclée
|
Sanctuaire à Gorilles de Bargué
|
47 686
|
Avis au public signé et affiché
|
Sanctuaire de Rumpi Hills
|
45 675
|
Cartographie de base
|
Sanctuaire de Sanaga Nyong
|
14
|
Préparation d'une visite du site
|
Réserve de Mont Nlonako
|
2500
|
Préparation d'une visite du site
|
Parc National d'Ebo
|
100 000
|
Dossier au PM
|
Tableau 3. Les aires protégées en
cours de création au Cameroun (2012)85
En RCA, il ya plusieurs types de réserves parmi
lesquels la réserve Naturelle stricte, les réserves de faune, une
réserve spéciale et une réserve privée qui sont
sous le monopole du Ministère de l'environnement, des eaux, des
forêts, de la chasse et de la pêche de la RCA, régies par
l'Ordonnance n°84.045 (1984) et la loi n°90.003 (1990). Le Gabon
quant à lui compte 13 parcs nationaux ainsi que d'autres
catégories d'aires protégées. En 2012, le Gabon a
mené un certain nombre d'activités qui contribuent à
l'évolution de la conservation de sa biodiversité notamment le
re-zonage du complexe d'aires protégées de Gamba. Selon le
Secrétariat exécutif du RAPPAC, « la superficie totale
des aires protégées du Gabon est de 3 617 038 hectares dont 2 467
131 hectares pour les parcs nationaux. La superficie des parcs marins est
estimée à 97 163 hectares. Les autres catégories d'aires
protégées représentent 1 149 907 hectares. Le pourcentage
de couverture du territoire par les aires protégées est
estimé à prêt de 14% dont environ 11% pour les parcs
nationaux »86. Au Congo, les aires protégées
sont tout aussi variée qu'au Cameroun (Tableau 4). Cette richesse
s'explique par le fait que ce pays dispose d'une importante quantité
d'espèces fauniques dont les gorilles et les éléphants qui
sont d'ailleurs reparties dans une large partie du territoire.
85 Secrétariat du RAPPAC, catégorie: Nouvelles
du Réseau. La synthèse des rapports nationaux sur la gestion des
aires protégées a contribué à ajuster le nombre
d'aires protégées en particulier avec la création de
nouvelles aires protégées en 2012. Ce tableau illustre bien les
recommandations des conventions internationales.
86 Confère site officiel du RAPPAC, catégorie
nouvelles du Réseau, publié le 21 mai 2013.
25
Nom
|
Nombre
|
Parcs nationaux
|
4
|
Réserves de Biosphère
|
1
|
Réserve communautaire
|
1
|
Domaines de chasse
|
2
|
Sanctuaires
|
3
|
Tableau 4. Quelques aires protégées
du Congo87
Le Congo tout comme le Cameroun et la RCA a inscrit le Tri
National de la Sangha (TNS) dans la liste du Patrimoine Mondial88.
D'autres aires protégées sont en cours de création au
Congo notamment la Zone d'intérêt Cynégétique (ZIC)
à Yengo au Nord du pays. Ce pays compte près de 16 aires
protégées d'une superficie totale de 4. 083. 000 ha soit 11,7% de
tout le territoire89.
En Guinée Equatoriale la loi N° 4/2 000
créant le Système National des Aires Protégées
précise que 13 aires protégées ont été mis
en place d'une superficie totale de 586.00 ha soit 18,5% de superficie totale
du pays 90 . Par ailleurs, la RCA dispose de 15 aires
protégées classiques qui sont gérées par l'Etat
assisté par les ONG locaux et internationaux. Ces espaces couvrent 11%
du territoire national91. Le Tchad malgré ses
difficultés financières recense tout de même une
variété d'aires protégées (Tableau 5). Il
bénéficie des aides des pays développés et
organisations internationales dans le but de conserver efficacement sa
biodiversité.
Nom
|
Nombre
|
Parcs nationaux
|
3
|
Réserves de faune
|
7
|
Réserve de Biosphère
|
1
|
Sites Ramsar
|
4
|
Domaine de chasse
|
4
|
Site du patrimoine mondial
|
1
|
Tableau 5. Quelques aires protégées du
Tchad92
87 Ibid.
88 Ibid.
89 Ibid.
90 Ibid.
91 Ibid.
92 Ibid.
Ces allocations financières sont cependant très
insuffisantes pour lutter efficacement contre le trafic et le braconnage des
espèces ciblées par les braconniers notamment les
éléphants et les gorilles. Les aires protégées de
Sao-Tomé et Principe sont divisées en deux zones. Primo,
l'Île de Sao-Tomé ayant une surface de 21.100 ha. Secundo,
l'Île de Principe avec 8.400 ha. Tercio, l'Île de Tinhosas de 23 ha
ce qui représente 30% du territoire national93.
Il s'agissait pour nous dans nos précédents
développements de présenter séparément les
généralités sur les éléphants et les
gorilles. Et cela nous a permis de comprendre que depuis plusieurs
décennies ces deux espèces pourtant emblématiques ont
été victimes des actes illégaux dans la faune. Depuis
l'intensification de ces actes criminels dans la faune, l'économie de la
sous-région n'a pas évolué et la sécurité
intérieure des Etats de cette localité est précaire. C'est
à juste titre qu'il faut comprendre Gabriel NTCHANGO lorsqu'il affirme
que : « La problématique du braconnage va désormais
au-delà du non-respect des dispositions réglementaires relatives
à la gestion durable de la faune sauvage dans les différents
Etats. En effet, elle est devenue une question de sécurité
intérieure, d'intégrité territoriale et est soumise
à la loi de l'offre et de la demande. Se concerter sur cette question
devient, plus que par le passé, une nécessité et un
exercice auquel tout Etat responsable doit se livrer mais elle ne doit pas
être traitée en vase clos ». En d'autres termes, la
lutte contre le trafic et le braconnage des espèces menacées ne
peut aboutir aux bons résultats que si les états unissent leurs
forces. En cela, les instruments internationaux sont tout à fait
indiqués car elles garantissent le développement durable des
peuples. C'est la raison pour laquelle dans la suite de cette analyse, nous
présenterons quelques instruments internationaux adoptés par les
Etats d'Afrique centrale et qui militent en faveur de la conservation des
éléphants et des gorilles.
26
93 Ibid.
27
|