III.2 Le concept «Police de Proximité»
à Makamba
Outre que la nouvelle philosophie de police de
proximité est à étendre dans toutes les communes du pays,
le choix de certaines communes pilotes n'est pas dû à un simple
hasard. Il est généralement dû au fait que certaines
communes ont été conquises par la guerre civile que d'autres, ou
que certaines de ces communes sont frontalières avec d'autres
60 Ministère de l'intérieur et le Bureau
central de Recensement, Recensement général de la population et
de l'habitat du Burundi : État et structure de la population, Volume 3,
Tome 6, Bujumbura 2008, p. 81
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pays et que ces mêmes communes frontalières
connaissent pas mal d'immigrants, et de criminalité.
Ce n'est pas pour rien que la population se plaigne que c'est
dans ces communes frontalières d'où proviennent des malfaiteurs,
la montée de divers type d'infraction tels que les vols de vache, les
viols, bandes armées, et qu'une faible présence de policiers soit
accusée d'actes d'exaction contre les citoyens ou soit que la police
n'expurge pas de ses services ses membres coupables de graves violations des
droits de l'homme61, permettant la montée de divers types
d'infractions qui caractérisent les facteurs
d'insécurité.
De ce fait, la population se lasse de cette crucifiement
d'insécurité qu'elle doit supporter ces méfaits et ne
demande qu'une police qui soit à leur service, qui prend compte des
besoins et attentes du citoyen, apte de résoudre les problèmes de
sécurité dans la communauté. D'où la
nécessité d'une police de proximité dont les fonctions de
base sont tournées vers le quartier (dans la communauté) qui
permet une vitesse d'intervention rapide, qui assure une meilleure protection
des citoyens. En somme, une police qui s'implique davantage dans la
résolution des conflits sociaux et une police qui est efficace dans la
répression de la criminalité et du banditisme.
La commune Makamba par exemple, frontalière de la RDC
et de la Tanzanie connait un flot des gens qui viennent investir en provenance
de la Tanzanie ou des commerçants qui s'y rendent pour l'importation et
l'exportation car on y exerce beaucoup d'actes commerciaux.
Ainsi, s'il n'y a pas une bonne régulation de la
circulation où les personnes censées réguler ces
circulations se trouvent pointées du doigt d'actes d'exaction contre les
citoyens, on observe beaucoup de faits d'insécurité. Un
commerçant peut avoir autant de femmes qu'il désire car il a de
quoi payer la dot, ou faire nourrir ses concubines. Parmi celles-là, il
s'agit de filles mineurs/majeurs ou des femmes déjà en
ménage. Les maladies ne sont pas à bannir. Les coups et blessures
volontaires graves et/ou simples, les meurtres et assassinats soit envers ces
personnes aisées ou envers d'autres. L'alcoolisme qui s'avère
être un
61 Travail de Willy NINDORERA pour le centre d'alerte et
prévention des conflits (Bujumbura, Burundi) et l'Institut Nord-Sud
d'Ottawa, Canada, Op. cit, p. 2.
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problème majeur. Le vol, la commercialisation des
produits prohibés, ainsi que le banditisme ou la pauvreté qui
font suite des énumérations précédentes qui sont
à l'origine des facteurs d'insécurité parmi d'autres et
constituent le choix de la commune Makamba comme pilote dans la mise en oeuvre
de cette réforme de la police. Ceci permet la prise en main de la
sécurité mais aussi la mise au point des comités
élargis lesquels toute catégorie confondue s'y retrouve à
commencer par l'administrateur communal et les autres telles que : les
policiers, mais encore les autorités administratives tels que les chefs
de collines, chefs de zones, et la société civile aussi bien les
femmes que les hommes, les anciens combattants inclus, etc.
À Makamba, comme dans tout le pays, la nouvelle police
a été formée à partir de l'ancienne police, les
anciens mouvements rebelles ainsi que la gendarmerie. Cette nouvelle police a
commencé d'être opérationnelle avant que les policiers
n'aient eu une formation au préalable. Ils ont un faible niveau de
formation scolaire: une minorité de policiers est composée de la
nouvelle police alors qu'un bon nombre est en provenance de l'armée et
des mouvements rebelles62. Ceci n'est pas sans conséquence
sur les plaintes de la population envers ces policiers mais encore plus sur ce
besoin de réformer la police qui s'avère être efficace pour
faire d'eux une police professionnelle, démocrate, républicaine,
moderne dont les services sont tournés vers les citoyens.
Remarquons que les corps de la police à travers le MSP
comprennent différentes directions générales : DG PNB, DG
CNAP, DG PES, et DG AG. LA DG PNB comprend en son tour les commissariats
généraux à savoir CG PAFE, CG Police pénitentiaire,
CG PSI, CP PJ. La DG PNB est composée également de 11 bureaux : B
actions sociales, B administration et finance, B instruction opération
transmission, B renseignement communication et archive, B planification, B
aumônerie, B logistique, B des unités
spécialisées-unité marine, unité antidrogue,
unité protection des moeurs et respect des moeurs, unité GMIR et
unité PSR /SR-, B spécial, B santé, ainsi que B.
logistique. La DG PNB comprend 5 commissariats régionaux (Ouest, Est,
Nord, Sud et centre), 17 commissariats provinciaux, 139 postes de police, ainsi
que des antennes de police.
62 Travail de Willy NINDORERA pour le centre d'alerte et
prévention des conflits (Bujumbura, Burundi) et l'Institut Nord-Sud
d'Ottawa, Canada, Op.cit., p. 25.
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La nouvelle philosophie «police de proximité»
fut instaurée à cause-de l'ivresse, de la pauvreté, des
conflits fonciers, du partenariat sexuel multiple, des conflits politiques, de
voisinage, de la corruption, la non exécution des jugements, l'influence
obscurantisme- qui sont les principaux facteurs d'insécurité
comme le montre le graphique ci-après.
Graphique 1 : les principaux facteurs à l'origine
de l'insécurité
30%
25%
20%
15%
10%
5%
0%
1
La pauvreté
Les conflits de
Voisinage
Autres
L'ivresse
Les conflits fonciers
Partenariat sexuelle
multiple
Les conflits politiques
Source : GIZ : Rapport d'enquête sur les perceptions sur
l'état de la sécurité et les prestations de la PNB en
commune Makamba, p. 7.
Commentaire : L'ivresse est le facteur
prédominant cité dans toutes les zones en dehors de Gitaba
où viennent en premier lieu les conflits fonciers. Ce problème se
fait plus remarquer avec le retour des refugiés qui trouvent leurs
terres occupées par ceux qui sont restés. Les conflits fonciers
ont également pour la cause des terres exigües mais encore la
surpopulation étant donné que la commune Makamba est la
deuxième commune la plus peuplée de la province. Parmi les autres
facteurs d'insécurité évoqués, il convient
notamment de mentionner l'arbitraire : dans la zone Gitaba, la population se
lamente que les tôles qui leur ont été promises ont
été données aux autres qui n'étaient pas sur la
liste. La sorcellerie et/ ou les empoisonnements, les rumeurs, la prostitution
et le chômage sont également d'autres facteurs qui sont à
l'origine de l'insécurité.
Ces problèmes de sécurité observés
dans les zones de Makamba : Gitaba, Gisenyi, kabuye, Makamba et Nyange
étaient en grande partie causés par les policiers alors que
d'autres sont causés par les citoyens, ainsi que l'administration.
Par exemple :
A-Ceux causés par la population :
- Le non respect des heures légales d'ouverture des
débits de boissons, c'est un fait qu'il y ait des bagarres entre
citoyens et des policiers en état d'ébriété. Il
crée la fainéantise au niveau de la population et surtout chez
les hommes qui restent longtemps dans les bistrots à dépenser
alors qu'ils devraient travailler davantage pour améliorer la situation
financière de leurs familles;
- Le chômage;
- La surpopulation avec les petites portions de terre est un
problème majeur au Burundi. Il en résulte de ce fait, les
conflits fonciers; l'accroissement de la pauvreté, etc.
- Le partenariat sexuel multiple qui a comme causes, perte de
valeurs, développement et influence étrangère, trait
caractéristique inné chez ces gens, les problèmes
conjugaux et le bien être matériel. Il peut être la suite
d'un autre problème : la pauvreté causée par la
surpopulation, l'effet de la guerre, les faibles revenus, et la
détérioration de la terre. Le problème rencontré,
par exemple, est la naissance des enfants naturels suite au partenariat sexuel
multiple.
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