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Contribution de l'approche " police de proximité " au développement durable. Cas de Makamba 2011-2012

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par Evrard et Gwladys NDIMURUKUNDO et NICIMBIKIJE
Université Sagesse d'Afrique au Burundi - Licence en sciences économiques et gestion 2013
  

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I. 2 Historique de la« police de proximité»

La «police de proximité» dont il est question ici trouve ses prémisses dans l'accord d'ARUSHA pour la paix et la réconciliation signé en août 2000 par les protagonistes burundais. L'un des objectifs mis au point est la réforme des corps de défense et de sécurité. Cette réforme s'inscrit également dans la mise en oeuvre du cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté (CSLP) adopté en septembre 2006 et du processus de développement du cadre stratégique pour la consolidation de la paix (CSCP) initié en février 200718. C'est en 2005 avec la promulgation suite à un référendum de la constitution de la République du Burundi, à son titre X19 de cette loi réservé au corps de défense et de sécurité qu'on a montré la nécessité de cette réforme.

Mais pour le cas du Burundi, l'optique de mettre en place une police au service du citoyen ne veut pas dire que c'est une réforme dans le sens que la Police Nationale Burundaise ne date du 31 décembre 2004. On comprend bien qu'elle est encore dans sa phase de départ, du fait qu'à la veille des pourparlers d'Arusha, les corps de défense et de sécurité sont constitués de différents corps de police et des Forces Armées Burundaises et de la gendarmerie. Ces deux derniers étaient sous la tutelle du ministère de la défense nationale. De nos jours, le (la) policier(e) n'est plus le/la seul(e) responsable de la sécurité, car elle est devenue l'affaire de tous les acteurs de la société et il/elle doit collaborer avec eux. C'est pour cela que le Gouvernement du Burundi à travers la lettre de politique générale du MSP sur la sécurité intégrale et intégré(2011-2015) et dans d'autres textes a exprimé sa volonté de faire évoluer la police nationale vers une police démocrate, républicaine, professionnelle, moderne et de proximité en partenariat avec les différents partenaires20.

À travers cette même vision, les autorités burundaises avec l'appui technique et financière de la GIZ ont décidé d'initier la «Police de Proximité» à Makamba, depuis le mois de

18 Travail de Willy NINDORERA pour le centre d'alerte et prévention des conflits

(Bujumbura, Burundi) et l'Institut Nord-Sud d'Ottawa, Canada, sur les principaux défis de la police nationale pour une meilleure sécurité publique et le renforcement démocratique, p. 13.

19 Projet d'appui à la professionnalisation de la PNB-CTB et MSP, Op. Cit., p. 7

20 Idem, p. 5.

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décembre 2010, lequel processus a été expérimenté à travers les perceptions sur l'état de la sécurité en identifiant les facteurs d'insécurité en passant en revue les causes et les origines de ces mêmes facteurs. L'expérimentation, la mise en oeuvre du projet jusqu'à la satisfaction des prestations de la police en collaboration avec la population et en mettant en lumière les quatre axes (i) le partenariat/la collaboration, (ii) le pris en compte des besoins et attentes de la population, (iii) la pro-activité, (iv) et enfin le rendre compte pour la réussite du concept à travers un élément incontournable CMS a montré que la sécurité n'est plus l'affaire d'un policier mais de tout le monde sans distinction aucune. Le concept en commune pilote a pris fin en janvier201221. Il sera question dans cette étude de recherche de voir et évaluer, au final, non seulement quel a été son impact sur la communauté à travers trois aspects- (i) l'évolution économique, (ii) la société (l'épanouissement de la population), (iii) et enfin l'environnement- qui traduisent le développement durable mais encore plus de l'appropriation en mettant au clair les atouts qui sont les forces et les opportunités de la «Police de Proximité» et les contraintes qui sont les faiblesses et les menaces qui peuvent être l'obstacle du concept et en somme voué à l'échec.

D'après les modèles analysés dans d'autres pays, le Gouvernement du Burundi a opté pour le choix de s'orienter vers une police de proximité car c'est dans cette directive de faire de ce corps, une police démocrate, républicaine, professionnelle, moderne et de proximité que les hauts cadres du Ministère de la Sécurité Publique ainsi que la CTB à travers le projet Appui à la professionnalisation de la police nationale burundaise se sont mis ensemble et ont défini les axes menant à ce concept «Police de proximité» adapté au contexte burundais. Ses axes sont :22

1. La sécurité est l'affaire de tous les acteurs de la société. La police doit tendre vers une ouverture vis-à-vis de la population car pour arriver à assainir un meilleur environnement sécuritaire, il faut une implication de tous les acteurs de la société burundaise. Dans cette logique d'acteurs de la société, il est intéressant de connaitre de qui s'agit-il ? Ses composants sont les autorités administratives et judiciaires d'une part, les corps de sécurité ainsi que les représentants de la société civile en

21 Rapport de la GIZ, Enquête sur les perceptions de l'état de sécurité, la collaboration et les prestations de la PNB, Bujumbura, Avril 2012, p.6.

22Projet d'Appui à la professionnalisation-CTB et MSP, Op. cit., p. 12.

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toutes ses formes, que ça soit des associations sportives et culturelles, des partis politique, des commerçants, de confessions religieuses, des centres de santé, des média, etc., d'autre part. Donc, toutes les couches de la population burundaise. De ce fait, on comprend bien que la sécurité n'est plus l'affaire du gouvernement mais plutôt de tout un chacun. Néanmoins, même si la sécurité est l'affaire de tout le monde, il ne faut pas confondre les responsabilités de tout un chacun en ce qui concerne les compétences et les limites, pour ne pas s'ingérer dans les compétences de l'autre.

2. Le partenariat. Comme la sécurité est l'affaire de tous, sa gestion n'incombe seulement qu'à la police, elle doit collaborer et traiter avec d'autres acteurs sociaux, et pas comme des simples intervenants mais des partenaires, car les phénomènes qui constituent des problèmes de sécurité pour la police peuvent être des problèmes d'éducation, de santé ou d'économie pour les autres acteurs sociaux. C'est pour cela qu'à travers ce concept, il y aura la mise en place des comités mixtes de sécurité « CMS », qui n'est autre qu'une rencontre de tous les acteurs sociaux. De ce fait, il est primordial pour être efficace de travailler en partenariat avec tous ses acteurs de la société burundaise.

3. La prise en compte des besoins et attentes de la population tant pour les femmes que pour les hommes, traduit le premier souhait de la population qui est d'avoir une police soucieuse de ses problèmes en matière sécuritaire sans distinction aucune en intégrant et en impliquant le genre, afin de chercher des solutions policières adéquates.

4. La collaboration avec la population (hommes et femmes) permet que dans cet axe, la population puisse constituer le pilier central du concept « police de proximité », elle est et demeure la partenaire incontournable pour une meilleure collaboration. L'ouverture de la police à la population sous-entend qu'elle doit toujours être à l'écoute et en traitant sur le même pied d'égalité les problèmes de la population,

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hommes et femmes sans aucune discrimination afin d'instaurer une confiance et respect mutuel à travers la qualité et la fiabilité de son action. Tout ceci ne peut se faire que par un dialogue entre tous les niveaux équivalents (colline/antenne, commune/chef de poste, province/commissariat provincial) en définissant les responsabilités de chacun des niveaux de la police dans les relations avec la population.

5. Les tâches policières. Dans ce nouveau concept, une police qui se veut de proximité est une police au service de la population. Donc, elle doit fixer et institutionnaliser les tâches de base (par-là il faut comprendre les tâches policières exécutées au niveau communal ou collinaire c'est-à-dire à la base de la société, puisque elle doit être de proximité) qui répondent aux attentes et besoins quotidiens de la population, en intensifiant continuellement les formations des policiers sur ces tâches afin d'améliorer leurs prestations

6. Rendre compte. Étant donné que la sécurité est l'affaire de tous, la police à l'obligation de répondre de son action à la hiérarchie policière, à ses partenaires (comité élargi, représentants des associations et les autorités administratives et judiciaires), par la communication régulière d'information sur ses activités et sur les résultats afin d'être évaluée.

7. L'accessibilité, la disponibilité et visibilité. Il faut entendre par là que :

? Elle doit être accessible car, la police de proximité est une police qui doit être proche de la population, c'est à dire être là où la population se trouve compte tenu de son déplacement. Donc, l'antenne ou le poste ne doit être loin des habitations et des lieux où elle exerce leurs activités, conditions essentielle à la mise en oeuvre d'une police de proximité.

? Elle doit être disponible en tout temps et en tout lieu afin de répondre aux besoins de la population afin qu'elle ne soit considérée comme seule maîtresse des questions de sécurité. C'est pourquoi chaque colline dispose

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d'un policier responsable du suivi de la sécurité, la population l'appelle « notre policier »

? Enfin, elle doit être visible, en utilisant tous les signes et matériels qui lui soient propres pour qu'elle soit facilement reconnaissable.

8. La pro-activité dans la résolution des problèmes de sécurité suppose que cette nouvelle approche s'inscrit dans une démarche participative et proactive, qui cherche à intervenir sur les causes de l'insécurité et pas simplement se contenter à attendre qu'elles surviennent pour réagir. C'est pour cela qu'elle doit avoir une connaissance approfondie sur les origines de l'insécurité, pour qu'elle puisse anticiper ces causes et être capable de les prévenir.

9. L'usage légal de la contrainte. Le/la policière doit utiliser la contrainte seulement en cas de nécessité et de façon proportionnelle à la menace et à l'objectif à atteindre.

10. Le bien-être du policier. Le/la policier(e) pour qu'il/elle puisse accomplir correctement son travail, il faut que les conditions de travail soient bonnes et se sente bien dans sa peau.

11. Le dé-casernement/délocalisation. Cet axe est un important dans la mise en oeuvre de ce concept, car la police doit être proche de la population.

C'est avec ces axes que certains partenaires internationaux comme la CTB et la GIZ appuient pour la professionnalisation ou le renforcement de la police burundaise. La GIZ, l'entreprise qui nous a intéressé, à travers son projet « Renforcement de la Police Nationale du Burundi » a commencé à aider le Gouvernement du Burundi à la mise en oeuvre de ce concept avec comme zones de la commune pilote de Makamba en priorisant quatre axes qui sont le partenariat et la collaboration pour restaurer la confiance entre la police et la population, la prise en compte des besoins et des attentes de la population (Hommes et femmes), la pro-activité dans la résolution des problèmes de sécurité et le rendre compte aux autorités hiérarchiques de la police et d'autres acteurs de la société.

Vu que les structures publiques ne répondaient pas suffisamment aux besoins quotidiens de la population, les CMS se sont révélés comme mécanisme important dans la mise en oeuvre

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du concept, et aller vers un développement consenti par tout le monde, car on y rencontre tous les acteurs de la société. Les CMS sont des organes d'assistance et d'appui à l'administration communale, aux institutions de sécurité et à la population. Et, sont mise en place par l'autorité administrative locale en concertation avec la population et approuvé par une décision du gouverneur. Les CMS sont constitués des membres provenant de l'administration, de la police, de la justice, de la population et autres partenaires de la société civile incluant des représentants des opérateurs sociaux et économiques locaux. Les CMS jouent le rôle de médiateur et de facilitateur dans les conflits locaux à caractère social; et dans ses missions, les CMS ne s'occupent pas seulement des questions en rapport avec la sécurité physique, ils s'occupent également de celles liées à la vie sociocommunautaire et politico-économique et au développement des localités auxquelles ils sont établis23. Donc, les CMS est un moyen d'aboutir à un développement durable.

Remarquons toutefois, que ce concept de «Police de proximité» n'est pas appuyé par la GIZ seulement; il y' a d'autres partenaires tel que la Coopération technique belge qui elle, a choisi quinze communes pilotes dont quatre dans les villes de Bujumbura : Kamenge, Kanyosha, Musaga et Rohero, ainsi qu'à travers onze communes (une commune pour une province) du Burundi à savoir, Bisoro (Mwaro), Bugabira (Kirundo), Bukemba (Rutana), Gitega (Gitega), Giteranyi (Muyinga),.Gisuru (Ruyigi), Kiremba (Ngozi), Matongo (Kayanza), Muramvya ( Muramvya), Rugombo (Cibitoke), et Rumonge (Bururi). Il y'a aussi les Néerlandais qui appuient dans la réforme de la police à travers le Développement dans le Secteur de la Sécurité (DSS) qui interviennent dans les formations en matière de la sécurité aux policiers et qui travaillent en partenariat avec la CTB et la GIZ. Il faut reconnaitre que ce partenariat permet la vulgarisation du concept.

23 Rapport de la GIZ fusionné de la journée d'évaluation des résultats et l'atelier d'élaboration du plan d'opérations des CMS, pour la période Juillet-Décembre 2011, p. 6.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams