I.2. Relation santé et habitat
La qualité de l'habitat est un élément
déterminant de santé pour son occupant et un
élément essentiel d'intégration sociale [27].
Le logement et la santé sont intimement liés. La
structure, l'emplacement, l'équipement, l'environnement et les
utilisations de logement influent fortement sur l'état de
bien-être physique, mental et social. De mauvaises conditions des
logements peuvent affaiblir les défenses contre la mort, la maladie et
les traumatismes, voire accroitre la vulnérabilité à cet
égard. De bonnes conditions de logement, en revanche, protègent
les gens contre les risques qui pourraient menacer leur santé et les
aident en outre à se protéger tout en favorisant la
productivité économique, le bien-être psychologique et
l'activité sociale [28].
-'. 9 -'.
I.3. Milieu urbain et dangers sur la santé
L'environnement mondial est marqué depuis des
décennies par une aggravation de pressions de toutes sortes,
exercées par l'homme. Les conséquences immédiates sont la
diminution des ressources naturelles, l'accroissement de la population, les
risques pour la santé, l'exode rural, un
développement urbain mal contrôlé, la
pauvreté et le mauvais développement [29].
Pour la première fois dans l'histoire de
l'humanité, en 2007, la moitié de la population mondiale vivait
en zone urbaine. Malheureusement, le taux d'apparition des bidonvilles
était presque le même que celui de la croissance urbaine, en sorte
que le nombre total d'habitants de taudis allait atteindre dans la même
année le chiffre d'un milliard [30]. Jusqu'en 2050,
c'est 70% de la population mondiale qui vivra dans les villes. «
Même si la vie en ville offre toujours de nombreuses possibilités,
dont celle d'accès à des soins de meilleure
qualité, les environnements urbains actuels peuvent aussi concentrer les
risques sanitaires et être à l'origine de dangers
nouveaux » [31]. La violence urbaine est principalement
imputable à l'exclusion sociale, à
la pauvreté, au chômage et à
l'insalubrité des logements [32].
La mauvaise qualité des logements dans les villes est
un problème mondial, mais la situation est bien plus grave dans les pays
en développement. On signale qu'aujourd'hui 600 millions d'hommes vivent
dans des logements insalubres, parfois très dangereux, en Asie, en
Afrique, et en Amérique latine. La mauvaise qualité des
logements, l'eau non potable, le manque d'hygiène publique dans les
villes à population dense sont chaque année
responsables de 10 millions des décès dans le monde et jouent un
très grand rôle dans l'apparition des dangers environnementaux qui
seraient évitables et qui sont cause de 25% des décès
prématurés dans le monde. Les maladies d'origine hydrique
à elles seulement tuent chaque année 4 millions
de nourrissons et d'enfants [33].
Dans de nombreuses villes, 30 à 60%
des habitants vivent dans des taudis délabrés et
surpeuplés. Le surpeuplement favorise la transmission des maladies
véhiculées par l'air ainsi que la violence et le
délabrement des bâtiments accentue l'exposition à
la chaleur, au froid, à la pluie, aux insectes
et aux rongeurs, d'autant qu'ils sont souvent construits dans des lieux
insalubres, notamment en raison de la mauvaise évacuation des eaux
usées [34]. La plupart des grandes cités de la
planète éliminent leurs déchets municipaux par
incinération dans les grands complexes
- · 10 - ·
spécialement connus à cet effet. Selon les
études faites dans différents pays sur les cendres volantes
d'incinérateurs municipaux des traces de PCDD, ont été
retrouvées dans tous les échantillons analysés quel que
soit la nature des ordures brûlées, les caractéristiques de
l'incinération ou la quantité d'organiques totales
absorbées sur les particules de cendres volantes
[35].
En Afrique l'urbanisation est associée à la
pauvreté [36]. L'Afrique sub-saharienne est la
région du monde la moins urbanisée [37]. Le
Programme des Nations Unies (UN-HABITAT) définit un bidonville comme une
zone urbaine manquant des services de base (assainissement, eau potable,
électricité), et dont les habitants vivent dans des logements ne
répondant pas aux normes, dans des conditions insalubres, dangereuses et
de surpeuplement et sans garantie de maintien dans les lieux. Dans cette partie
de l'Afrique, 71,8% des habitants vivent dans des bidonvilles, soit la plus
forte proportion dans le monde [38]. En effet, plus de 60% de
la population urbaine africaine est pauvre et vit dans les quartiers
défavorisés, caractérisés par l'insuffisance des
infrastructures d'approvisionnement en eau potable, d'évacuation des
excréta, de gestion des ordures ménagères,
d'évacuation des eaux de pluies et des eaux usées ou de soins de
santé primaires, d'éducation, de transport, etc.
[29].
Une étude menée sur l'une des plus grandes
décharges d'Afrique, la décharge de Dandora à Nairobi, a
montré que 50% des enfants examinés dans les environs de la
décharge avaient dans le sang de concentrations de plomb
supérieures aux niveaux internationalement acceptées. Ces enfants
avaient été exposés à des polluants tels que les
métaux lourds et d'autres substances toxiques se trouvant dans le sol,
dans l'eau et dans l'air (les fumées provenant des brulages)
[39].
Au Burundi, la population vivant en milieu urbain est de 50%
[40]. Le pourcentage de la population urbaine vivant dans les
bidonvilles est de 64% [41]. En milieu urbain le taux de
raccordement à un système d'assainissement est relativement
faible. Les ménages relient plutôt à un système des
fosses septiques et de puits perdu au niveau individuel. Seulement les eaux
noires sont transportées via des tuyaux aux caniveaux si existants.
Sinon les eaux restantes sont simplement versées dans la brousse ou dans
l'environnement voisin [42].
- · 11 - ·
A Bujumbura, le nombre de dépôts sauvages a
montré que la situation actuelle de la collecte des déchets n'est
pas satisfaisante. De plus, l'évacuation individuelle des déchets
moyennant des fosses à ordures entrainent des nuisances pour les
habitants et l'environnement, provoquées par l'incinération de
déchets ou l'utilisation incontrôlée des dépotoirs ;
et ces fosses n'empêchent pas l'existence des décharges sauvages
[43I.
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