I. 2. LES FINANCES INFORMELLES A BUKAVU
L'ampleur de la crise financière constatée en
République Démocratique du Congo notre pays et plus
particulièrement la ville de Bukavu, s'est beaucoup manifestée
par la faillite des banques commerciales, entraînant avec elle
l'insolvabilité du système bancaire. La création des
banques de développement, la banque de crédit agricole par
exemple et les sociétés de financement était
considérée comme un levier pouvant permettre l'éclosion de
l'initiative privée. Mais à ce jour la plupart des ces
institutions ont fait faillite.
Pour palier à ces difficultés de financement,
les agents économiques de Bukavu se sont constitués un «
système refuge » de financement ; la finance informelle permettant
de faire circuler la monnaie en contre partie des créances et de dettes.
Pour appréhender l'intervention des finances informelles à
Bukavu, la procédure de leur évolution s'avère donc
important, nous allons essayer de donner l'historique et la genèse des
tontines et de mutuelles tribales.
I.2.1 LES TONTINES
Selon Bouman (1977), les tontines sont des associations
regroupant des membres d'un clan, d'une famille, des voisins ou des
particuliers, qui décident de mettre en commun des biens ou des services
au bénéfice de tout un chacun et cela à tour de
rôle. Etant donné leurs caractéristiques, les tontines
représentent effectivement l'épargne traditionnelle. Leur
rôle et importance sont indispensables et impliquent une certaine
stratégie. De prime abord nous allons devoir présenter leur
historique et évolution étant donné que nous les
décrirons beaucoup plus dans le chapitre III.
Créée en 1653 par Lorenzo Tonti, c'est en somme
une opération financière consistant dans la formation d'une
espèce de cagnotte, d'une masse indivise faite en commun par plusieurs
personnes qui versent des cotisations et dont le profit dépend (pour
chacun d'elles) d'une forme d'assurance vie par le fait que c'est celui qui
avait la chance de survivre longtemps qui bénéficiait des fonds
cotisés par les anciens membres. Cette tontine qui a la forme de loterie
a entraîné ainsi des opérations d'escroquerie qui ont
conduit à l'interdiction de la pratique des idées de Lorenzo
Tonti.
En effet, la conception africaine actuelle vis-à-vis
des tontines est beaucoup plus vaste et recouvre des réalités
plus complexes que celles de la tontine traditionnelle conçue par
Lorenzo Tonti. On conçoit finalement la tontine comme une forme
d'épargne et de financement des activités en période de la
vie active et non seulement pendant la vieillesse.
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On a tendance à considérer le mot tontine comme
reflétant une réalité purement africaine alors qu'en
réalité le terme tontine doit sa transcription dans la langue
française. Sa dénomination dépend d'un pays à
l'autre : en Inde elle est qualifiée de « chitfunds » et
Corée « parteners systems », au Nigeria de « esusu »
au Japon on la trouve sous l'appellation de « kou » ; en RD Congo
sous l'appellation de « likelemba ». A Bukavu, la pratique est
devenue très fréquente ; à son début ; elle
était plus exploitée par les femmes mais actuellement elle a
débordé pour s'investir partout.
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