4. Des besoins en constante évolution
Aujourd'hui, les questions liées au vieillissement de
la population relatif au grand âge ainsi qu'aux personnes en situation de
handicap appartiennent aux principales préoccupations des politiques
publiques.
Plusieurs grands facteurs entrent en jeu : l'allongement de
l'espérance de vie et ses conséquences sur la démographie,
des pathologies spécifiques,l'épuisement des aidants
familiaux...
Avec le phénomène démographique
d'augmentation du nombre de personnes âgées, l'allongement de la
durée de vie des personnes en situation de handicap, l'apparition de
besoins nouveaux chez ces personnes et la baisse constatée chez les
aidants familiaux, le besoin d'aide dans les actes de la vie quotidienne va
alors augmenter dans les prochaines années.
L'accroissement de l'espérance de vie engendre un
vieillissement de la population. En effet, le taux de la population des plus de
60 ans passera de 21 % aujourd'hui à 31 % en 2030, soit 7 millions de
plus. Chaque année, 80 000 Français dépassent les 80
ans, en 2015, deux millions auront plus de 85 ans.
Parallèlement, le nombre de personnes
âgées dépendantes augmente. Au 31 décembre 2007, 1
078 000 personnes bénéficiaient de l'APA (soit une croissance de
5,1 % par rapport à 2006). Au 30 juin 2009, elles étaient 1 117
000 à en bénéficier(soit une croissance annuelle de 2,1 %
par rapport à 2008).
Soulignons que l'allongement de l'espérance de vie
n'est pas forcément synonyme de qualité de vie, notamment en
termes de santé. L'augmentation de la dépendance croît avec
l'âge.
Souvent, les effets du vieillissement se conjuguent aux
maladieschroniques favorisant un état de très grande
fragilité, tant sur le plan sanitaire que sur celui de la
dépendance. Cette population, atteinte en moyenne de cinq à six
maladies évoluant dans le cadre d'une dépendance lourde, se
caractérise essentiellement par son grand âge (plus de 85 ans) et
par ses besoins majeurs qui les accompagnent. Les maladies les plus
fréquemment observées sont le cancer, les maladies
cardiovasculaires, la maladie d'Alzheimer (environ 225 000 cas nouveaux
diagnostiqués chaque année), la maladie de Parkinson (10 000
nouveaux cas par an)... dont les effets sont cumulatifs sur la
détérioration de la santé.
Une population qui vieillit est une population qui a besoin de
soins. Une consommation qui ne cesse d'augmenter. Les pathologies des personnes
âgées, qu'elles soient chroniques ou liées à
l'avancée en âge, évoluent, ce qui implique une
augmentation des hospitalisations. Celles-ci doublent entre 60 et 80 ans. Et
ces besoins devraient connaître une forte progression au regard des
projections démographiques.
Par ailleurs, l'hospitalisation a des conséquences sur
la vie et l'autonomie de la personne âgée, notamment pour se
réadapter à son environnement ou son domicile et sur ses
capacités à vivre seule.
À l'heure où nous parlons de population
vieillissante, la population handicapéene fait pas figure d'exception,
même si le vieillissement y est moindre. En effet, depuis une trentaine
d'années, l'espérance de vie des personnes handicapées a
considérablement augmenté, quels que soient l'origine, la nature
et le niveau de gravité du handicap.
Ce fait pose plusieurs problèmes, comme la cessation
d'activité des travailleurs handicapés en ESAT (Etablissements et
Services d'Aide par le Travail) ou l'augmentation des
bénéficiaires de la PCH.
Si le nombre de personnes handicapées est plus
difficile à estimer que celui de personnes âgées, nous
pouvons avancer les chiffres donnés en février 2006 par Philippe
BAS, alors ministre délégué à la
Sécurité sociale, aux Personnes âgées, aux Personnes
handicapées et à la Famille, qui affirmait que le nombre de
personnes handicapées, en France, s'élevait à 5 millions,
autrement dit plus de 7 % de la population française.
Le nombre de bénéficiaires de la PCH a
augmenté de plus de deux tiers entre mi-2008 et mi-2009, passant de 43
000 personnes à la fin juin 2008 à 71 700 personnes en juin 2009
(enquête de la DREES : Direction de la Recherche, des Etudes, de
l'Evaluation et des Statistiques).
En outre, notre société doit faire face à
de profondes mutations du schéma familial : les femmes travaillent de
plus en plus, les couples se séparent plus facilement, les enfants
s'éloignent géographiquement, etc.
Ces mutations viennent dès lors bouleverser la notion
de « solidarité familiale », qui doit aujourd'hui être
réinterrogée et adaptée aux réalités
actuelles.
L'enquête Handicap-Incapacité-Dépendance
estime à 4 millions le nombre de personnes en situation
d' « aidants ».
Six aidants sur dix sont des femmes, dont la moitié a
plus de 80 ans.
Se pose alors la question de l'épuisement des aidants,
principalement révélée par l'apparition et la forte
progression de la maladie d'Alzheimer.
La plupart du temps, les aidants familiaux sont
âgés et en couple ; ils vivent à leur domicile avec leur
conjoint. Ces derniers ont souvent tendance à assimiler la
séparation à l'abandon, chose à laquelle ils ne peuvent se
résoudre. Pour ces personnes, le danger d'épuisement est alors
bien réel.
C'est pourquoi, notre système ne peut reposer
entièrement sur une solidarité « en nature »
délivrée par les aidants familiaux. La délivrance de
soins, l'aide à la toilette, ne s'improvisent pas : à ce titre,
la prise en charge des personnes dépendantes doit être
professionnalisée et rétribuée à son juste
niveau.
La question des personnes handicapées vieillissantes a
longtemps été une question d'ordre individuel : l'on trouvait des
solutions satisfaisantes, au cas par cas, pour des personnes dont le handicap
menait à un vieillissement précoce et qui ne pouvaient rester
dans leur établissement d'origine ou encore pour lesquelles un
hébergement devait être trouvé en raison de la disparition
de leur aidant familial.
Aujourd'hui il s'agit d'une question collective, puisque le
vieillissement des personnes handicapées devient plus fréquent :
les personnes handicapées de plus de quarante ans représentent
plus de 30 % des résidants en établissement.
La longévité accrue des personnes
handicapées accueillies en établissement devrait provoquer un
besoin de places en augmentation de 20 % d'ici 2020. S'ajoute à cela la
pression des demandes provenant de personnes handicapées jusque
là prises en charge à domicile et qui ne pourront ou ne voudront
plus y rester.
Il serait donc utile de penser dès maintenant à
la planification de l'augmentation de capacité nécessaire, pour
éviter un nouvel engorgement des établissements pour adultes
handicapésmais aussi des orientations inadaptées aux projets de
vie des personnes.
Les personnes en situation de handicap qui atteignent
l'âge de 50 / 60 ans est donc un phénomène nouveau car,
auparavant, elles mouraient jeunes. Ce qui veut dire qu'elles sont ainsi
confrontées à des dispositifs pour personnes âgées
très différents de ceux qu'elles ont connus.
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