B) Enjeux, limites et perspectives
1. Les enjeux
L'un des principaux enjeux d'une convergence
« personnes âgées / personnes
handicapées » serait que toute personne en perte d'autonomie
puisse obtenir une réponse en adéquation avec ses besoins, quels
que soient son âge et l'origine de sa situation de handicap.
2. Enjeux éthiques et sociétaux
Dépendance, autonomie, handicap, vieillissement sont
des mots qui véhiculent des représentations, déterminent
l'action et fondent nos attitudes par rapport à l'autre.
Pour Janine DUJAY-BLARET, vice-présidente
du Comité National des Retraités et Personnes
Agées (CNRPA) et membre de la CNSA, nous sommes toujours
dépendants de quelqu'un. Le vieillissement n'est pas synonyme de
handicap mais peut parfois être associé à une perte
d'autonomie qui devrait être compensée par une aide directe
humaine ou par une aide matérielle. La question du rapprochement du
secteur de la vieillesse et du handicap n'est pas nouvelle. La loi
d'orientation en faveur des personnes handicapées de 1975 n'avait pas
envisagé de séparer les deux secteurs. Ce sont les questions
réglementaires et financières qui ont, depuis une dizaine
d'années, induit cette séparation, en posant la barrière
arbitraire d'âge de 60 ans. Mais, selon elle, cela ne peut pas convenir
à notre société et c'est pourquoi nous sommes
obligés, à l'heure actuelle, de travailler à rapprocher
les politiques relatives aux champs de la vieillesse et du handicap.
L'un des moyens pour agir sur le regard que porte notre
société sur le handicap et la vieillesse serait, pour la
vice-présidente, de travailler avec les médias.
Le choix de supprimer un jour férié pour
financer la dépendance a suscité de vives controverses.
Paulette GUINCHARD l'estime injuste « parce
qu'il ne touche pas toutes les formes de revenus ». En faisant appel
à la Contribution Sociale Généralisée (CSG), on
aurait plus témoigné de la solidarité de l'ensemble des
couches sociales et des générations. Ce débat a
manqué l'occasion de redéfinir ce qu'est profondément la
Sécurité Sociale et de rappeler que le handicap, quel que soit
l'âge auquel il survient, en fait partie, tout comme la maladie ou les
accidents du travail.
Une nouvelle politique d'accompagnement devra également
davantage fonctionner dans une logique de soutien des familles. C'est
l'idée de la Députée du Doubs. En effet, elle rappelle
que, de nos jours, les familles sont souvent les premières
concernées par le défi du handicap, quel que soit l'âge de
la personne à leur charge. Cependant, la flexibilisation du travail, la
dispersion des membres de la famille et l'augmentation du nombre de familles
recomposées ont durablement changé l'organisation de la vie en
commun. Toute politique devra prendre en compte ces nouvelles
réalités.
Il ne peut y avoir de politique de l'accompagnement sans
politique de la famille et notamment sans politique pour la
famille. C'est pour cela qu'il serait nécessaire que les questions
liées à la dépendance et au handicap deviennent, en
France, partie intégrante des politiques de la famille.
L'ancienne secrétaire d'État aux Personnes
âgées va même plus loin en évoquant le souhait
que cette volonté politique se manifeste à travers « un
grand ministère de la Famille » qui prenne en compte tous les
âges de la vie afin d'organiser la réalité sociale et
médicale de nos citoyens de la naissance à la fin de la vie.
En parallèle, afind'améliorer notre
système de la prise en charge, il faudrait changer le regard de la
société sur la vieillesse :« Vieillir, c'est
vivre, c'est vivre seul ou en famille, c'est vivre autonome ou en situation de
handicap, c'est partager et participer ! ».
Nous pourrions imaginer que la généralisation
éventuelle des MDA sera l'occasion d'une remise à plat, en
particulier sur les territoires où les dispositifs sont absents ou alors
trop compliqués.
Cependant, dans son rapport, Luc BROUSSY rappelle que guichet
unique ne veut pas dire opérateur unique. Les MDA devront organiser
l'animation du territoire, tout en s'appuyant sur ce qui existe
déjà et qui fonctionne bien.
Chaque département risque de faire à sa
façon, à moins que la loi Autonomie à venir n'harmonise le
futur dispositif.
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