Section III : RELANCE
DE LA CEPGL : OBSTACLE ET OPPORTUNITE
Il existe plusieurs obstacles à la relance de la CEPGL
entre autre:
- les tensions liées à la
transgression des limites territoriales, des accords de coopération et
de sécurité de base, demeurent le premier obstacle dans cette
région instable où les conflits sont encore récurrents. La
RDC pose d'ailleurs comme condition absolue à la relance de la
Communauté Économique au respect de ses frontières;
- Le non-respect des droits de
propriété et des règles de gestion des richesses
naturelles du sous-sol congolais peut aussi empêcher la relance. En
effet, ces importantes ressources naturelles éveilleront toujours la
convoitise des bandes rebelles;
- durant la période
d'hostilités dans l'Est du Congo, les divers groupes en présence
ont exercé une « main mise » sur une partie de
l'économie congolaise à travers l'exploitation des mines, le
pillage et la vente à bas prix de sociétés publiques
congolaises. Ces contentieux doivent être solutionnés pour
garantir une coexistence pacifique dans la région;
- les causes de l'essoufflement de la
CEPGL: entre autres, le manque de participation de la population et du secteur
privé, le fait que la Communauté ait été mise en
place trop rapidement et la prolifération des communautés
économiques africaines.
Parmi les atouts pour la relance, on peut
néanmoins citer:l'existence des accords de
coopération et d'intégration sous régionales; l'existence du patrimoine immobilier de la CEPGL;le soutien apporté par certains partenaires au
développement pour la relance de la CEPGL.
Selon nous, nous avons pensé que les
éléments ci-après peuvent être les moteurs pour la
relance de la CEPGL
1. La consolidation de la paix et de la
sécurité
La CEPGL peut tout d'abord constituer un
cadre permanent de dialogue et de négociations pour les pays des Grands
Lacs et contribuer à la confiance mutuelle entre les partenaires. Ainsi,
pourrait-elle favoriser la coopération entre les États membres en
matière de sécurité aux frontières communes. Dans
cette optique, elle pourrait mobiliser les instruments existants de
prévention et de gestion de conflits pour la région.
2. Programmes d'intérêts
communs
L'énergie: il s'agit du vecteur de
relance principal de la CEPGL et est considéré comme un dossier
prioritaire par les États de la région. En témoigne la
réunion des ministres en charge de l'Énergie du Burundi, de la
RDC et du Rwanda le 5 décembre 2005 à Kigali, Rwanda. Dans
un communiqué conjoint, les ministres en question ont exprimé
leur désir de relancer la coopération dans le secteur de
l'énergie et de poursuivre leurs efforts dans le développement de
l'hydroélectricité à partir des ressources communes en
consultation avec les autres pays riverains. Ils ont également
souligné la nécessité et l'urgence d'augmenter la
capacité de production de l'électricité en
réhabilitant et/ou en fiabilisant les installations existantes ainsi
qu'en mettant en place des nouvelles installations. Dans cette perspective, ils
ont convenu de:
- La relance des activités de la
CEPGL et de ses Institutions spécialisées, en particulier
l'Énergie des Grands Lacs (EGL);
- La réhabilitation des
installations existantes suivantes: les centrales hydroélectriques de
Ruzizi I, II et de Budana (Bunia);
- L'initiative du Rwanda de l'installation
d'une centrale thermique à gaz méthane du Lac Kivu de 35 MW dans
la première phase pilote;
- de la tenue de l'Assemblée
Générale de la SINELAC du 20 au 22 décembre 2005
à son siège à Bukavu (RDC).
En dehors des conclusions de cette
réunion, il convient également de signaler que la SINELAC a mis
en chantier un programme visant la construction d'une nouvelle centrale Ruzizi
III, d'une puissance de 82 Mwatt. L'étude réalisée par
Tractebel, prévoit un budget de 145 millions d'euros.
Les secteurs des
transports et communications sont d'évidences essentielles dans la
perspective d'une accélération de la coopération
régionale. À ce sujet, il conviendrait d'étudier les
projets pouvant faire l'objet d'une prise en charge conjointe dans des domaines
tels que les transports routiers, ferroviaires, maritimes et aériens et
le secteur des télécommunications.
L'agriculture: ce domaine présente
également de nombreuses potentialités qui sont encore trop peu
développées, notamment: les secteurs sucrier (au Burundi) et
laitier (au Nord-Kivu et au Rwanda). L'exploitation conjointe pour le bois, le
café, le thé, l'eau et l'écotourisme est également
envisageable. Enfin, la pêche constitue également un secteur
économique important: le Burundi et la RDC ont en commun un
énorme potentiel poissonneux dans le lac Tanganyika. Sur le plan
institutionnel, une redynamisation de l'IRAZ a aussi évoquée. Si,
à l'origine, cet institut avait pour objet d'étudier et
d'exécuter les projets agricoles et zootechniques communautaires, il
fonctionne aujourd'hui avec les subsides du gouvernement burundais et ne
travaille dès lors plus qu'avec une clientèle exclusivement
burundaise. Dans ce contexte, certains suggèrent la transformation de
l'actuel IRAZ en un réseau régional, tout en assurant un soutien
aux institutions nationales de recherche agricole et zootechnique pour
réduire les écarts qui existent aujourd'hui entre elles.
Le secteur bancaire: la relance des
activités de la BEDGL a été envisagée afin de
faciliter la mise en oeuvre des programmes économiques dans la
région. Plusieurs solutions ont d'ailleurs été
proposées à cet effet. Cette initiative ne fait cependant pas
l'unanimité. Certains considèrent en effet que la
réactivation cette banque demanderait une mise de fonds assez
conséquente pour apurer le passif et doutent de l'intérêt
de se doter d'un nouvel instrument financier à côté de
ceux qui existent déjà. À cet égard, ils
soulignent que les trois pays appartiennent déjà à des
structures régionales ou sous-régionales ayant leurs propres
institutions financières.
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