Section 2. Analyse empirique de la
convertibilité totale du dinar en Tunisie
Cette section sera consacrée au développement de
quatre parties. Dans la première partie, nous allons présenter la
méthode d'échantillonnage et la manière de collecte des
données. La présentation du modèle sera
développée dans la deuxième partie. La troisième
partie sera consacrée à l'analyse des statistiques descriptives.
Dans la dernière partie, nous allons procéder à la
présentation des différents tests économétriques et
aux différents résultats d'estimation ainsi que leurs
analyses.
2.1. Aperçu sur les principaux travaux de
convertibilité
L'étude du problème de la convertibilité
totale du taux de change nous a permis de mettre l'accent sur les principaux
travaux qui portent sur l'étude de la relation entre le taux de change
et l'indice des prix à la consommation. Nous avons étudié
cette relation puisque la convertibilité se définie par la
libéralisation des taux de change qui auront un impact direct sur les
indices des prix à la consommation.
De ce fait, l'impact des variations des taux de change sur
l'indice des prix à la consommation se justifie par l'attention
tirée par des chercheurs et des autorités monétaires dans
les dernières années. Ainsi, la plupart des travaux sont
consacrés à l'étude d'une relation dynamique entre le taux
de change effectif nominal et l'indice des prix à la consommation.
Cependant, les travaux existés dans la
littérature sont répartis en deux catégories. Les
premières catégories sont celles qui portent sur un seul pays et
les deuxièmes concernent un groupe de pays.
Pour les premières catégories, nous avons
remarqué qu'il existe une faible influence des taux de change sur
l'indice des prix à la consommation.
Bhundia (2002) a utilisé un modèle VAR
Structurel pour tester la relation de causalité entre les variations des
taux de change et l'inflation en Afrique de Sud pour une période de 31
ans (1980-2000). Bhundia a démontré que les fluctuations du taux
de change étant absorbées par les étapes
intermédiaires de production. Cependant, les variations taux de change
ont un impact sur l'indice des prix à la consommation mais un peu faible
et il reste significatif.126
Mwase (2006) a étudié l'impact des variations
des taux de change sur l'inflation en Tanzanie. Il a utilisé un
modèle VAR Structurel pour une période de 16 ans (1990-2005).
Cet
126 Bhundia, A., 2002. An Empirical investigation of exchange
rate pass-Through in South Africa. IMF Working Papers, No.02/165.
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auteur a démontré que les fluctuations des taux
de change ont une influence incomplète sur l'indice des prix à la
consommation127.
Khundrakpam (2007) a élaboré une étude
sur l'économie de l'Inde dans laquelle il a étudié
l'impact des variations des taux de change sur l'indice des prix
intérieurs. Cette étude a été faite sur une
période de 87 mois (8 :1990 - 3 :2005). Cet auteur a analysé le
Pass-Through sous un cadre récursif de variété en
évaluant les réponses d'impulsion à partir des chocs de
taux de change. Les résultats obtenus par cet auteur ont montré
l'inexistence d'un impact des variations des taux de change sur les prix
intérieurs128.
Selon Gagnon et Ihrig (2004), il n'existe pas d'une
évidence d'endogénéité entre le taux de change et
l'inflation. Leur étude est faite pour la période 1971-2003 dans
plusieurs pays. Ils ont fait recours à une régression simple pour
qu'ils obtiennent des évaluations robustes sur le degré de
répercussion des variations du taux de change sur l'indice des prix
à la consommation. Gagnon et Ihrig (2004) ont démontré que
le facteur de transmission est un facteur crucial que les banques centrales
doivent prendre en considération en plaçant des politiques
monétaires et de change129.
Dans la même alignée, Kara et Ogunc (2005) ont
développé un modèle VAR pour déterminer le point
auquel l'économie Turque a été touché par les
fluctuations des taux de change suite à la convertibilité des
taux de change en Turque. Le choix de ce type de modèle par Kara et
Ogunc (2005) est justifié par la recherche de la dynamique qui existe
entre le taux d'inflation et le taux de change. Ces deux auteurs on pour
objectif d'étudier l'impact des variations des taux de change sur
l'indice des prix à la consommation suite au choix d'un régime de
change de flottement libre130.
Tandis que, les études qui portent sur un groupe de
pays sont nombreux. Ainsi, ce type d'études est fortement favorable
à l'argument de Taylor (2000) qui a affirmé qu'un régime
crédible de faible inflation se prête à une faible
répercussion. Cet auteur a utilisé un modèle de
comportement des entreprises et en se basant sur une variété
réduite131.
127 Mwase, N., 2006. An empirical investigation of the
exchange rate pass-through to inflation in Tanzania, Document de travail 06/150
du FMI n° 02/190.
128 Khundrakpam, J.K., 2007. Economic reforms and exchange
rate pass-through to domestic prices in India. document de travail de la banque
d'Inde (BIS) n°225, p.1-4.
129 Gagnon, J.E., Ihrig, J., 2004. Monetary
policy and exchange rate pass-through. Discussion Financière
Internationale, document de travail n° 704.
130 Kang, S et Y Wang (2003): «Fear of
inflation: exchange rate pass-through in East Asia», document de travail
n° 03-06 (Seoul: institut internationale de l'économie de
Corée).
131 Tayler, J.B., 2000. Low inflation, pass
through and pricing power of firms. Revue Economique Européenne
n°7, vol. 44, pp .1389-1408.
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Choudri et Hakura (2001) ont utilisé un modèle
de régression linéaire pour des données trimestrielles
durant la période 1979-2000. Ils ont utilisé un modèle VAR
et ils ont conclu que les fluctuations des taux de change ont un impact positif
sur les prix intérieurs132.
Devreux (2001) a constaté que dans une économie
ouverte présentant des fortes conséquences par les variations des
taux de change sur le taux d'inflation. Cet impact est enregistré suite
à la convertibilité des taux de change. Cet auteur a
utilisé un grand échantillon de pays. Les résultats de cet
auteur ont prouvé l'existence d'un arbitrage significatif entre la
volatilité de la production et la volatilité de
l'inflation133.
Goldfajn et Werlang (2000) ont employé un
échantillon de 71 pays. Ils ont démontré que la variable
la plus déterminante pour l'explication de la répercussion du
taux de change est le désalignement du taux de change réel pour
les pays émergents et l'inflation initiale dans les pays
développés134.
Leigh et Rossi (2002) ont effectué un test de
cointégration de Johansen appliqué à un modèle de
correction des erreurs pour prouver que le degré de transmission est
plus haut pour les marchés naissants que pour les marchés
développés135.
Frankel et al., (2005) ont démontré que le
revenu par habitant, le droit de douane, les salaires, l'ouverture commerciale
et la variation du taux de change à terme peuvent engendrer le
phénomène de répercussion ou de
transmission136.
Toutes les études citées ci-dessus ont pour
objectif de tester la relation de causalité dynamique qui peut exister
entre le taux de change effectif nominal et l'indice des prix à la
consommation suite à la politique de convertibilité adopté
par les pays tout en mettant l'accent sur les régimes de change
choisis.
L'analyse de cette relation se base sur l'utilisation des
indicateurs macro-économiques qui varient d'une étude à
une autre selon la disponibilité des données et selon
l'approché économétrique adoptée.
132 Choudhri, E.U., Hakura, D., 2001. Exchange rate
pass-through to domestic prices: Does the the inflationary environment matter?.
Document de Travail N°01 / 194 du FMI.
133 Devereux, M., 2001. Monetary Policy, exchange rate
flexibility, and exchange rate pass-through. In revisiting the case for
flexible rates, banque de Canada, pp. 47-82.
134 Goldfajn, I., Werlang, S., 2000. The pass-through from
depreciation to inflation: a panel study. Département d'économie
PUC-RIO, document de travail de la banque central de Brésil n°5,
Septembre.
135 Leigh, D., Rossi, M., 2002. Exchange rate pass-through in
Turkey. Document de travail n°02/204 (Washington: FMI).
136 Frankel, J.A., Parseley, D., Wei, S., 2005. Slow
pass-through around the world: a new import for developing countries?. Document
de travail NBER11199.
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