Chapitre 3 : La
convertibilité totale du
dinar en Tunisie :
Analyse empirique
BEN AYECHE Manel FSEG Sousse
BEN AYECHE Manel FSEG Sousse
Introduction
L'analyse de la littérature économique
concernant le thème de convertibilité nous a permis d'observer
plusieurs travaux dans lesquels ce thème a une grande importance. La
convertibilité a été étudiée par le biais de
la relation de causalité qui existe entre le taux de change et le niveau
de l'inflation domestique.
Dans cette alignée, il est crucial d'étudier le
type de la relation qui lie les fluctuations du taux de change avec l'indice
des prix à la consommation en tenant compte de quelques variables
économiques.
Autrement dit, notre objectif dans ce chapitre est de
répondre à la question suivante : Quel est l'impact des
fluctuations du taux de change sur l'inflation, et est ce que c'est
l'évolution du taux de change qui cause l'inflation ou l'inverse ?
Pour ce faire, nous allons élaborer le troisième
chapitre tout en le décomposant en deux sections. Dans la
première section, nous allons étudier la situation
économique de la Tunisie après la convertibilité totale du
dinar. Cette section sera consacrée à l'étude de la
situation macro-économique interne, la situation macro-économique
externe, l'évolution de la politique de change en Tunisie et enfin
l'étude du phénomène de la convertibilité totale et
le choix optimal des réserves de change.
La deuxième section sera consacrée à la
validation empirique du notre question de recherche concernant la
convertibilité totale qui s'est manifesté par la relation de
causalité entre le niveau des prix domestiques et le taux de change
effectif nominal. Tout d'abord, nous allons présenter un aperçu
sur les principaux travaux qui portent sur la relation qui existe entre le taux
de change et l'indice des prix à la consommation. Ensuite, nous allons
procéder à une présentation de la méthode
d'échantillonnage et la méthode de collecte des données
ainsi que les hypothèses de recherche. Puis, nous allons
présenter le modèle retenu et la définition des
différentes variables retenues. Enfin, nous allons présenter les
différents résultats des différents tests et des
différentes estimations qui peuvent nous indiquer la nature de la
relation qui existe entre l'inflation et le taux de change. Nous allons
utiliser le logiciel STATA12 pour obtenir les résultats
économétriques relatifs aux différents tests
nécessaires à une modélisation d'un modèle VAR.
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Section 1. La Tunisie suite à la
convertibilité totale
Cette section sera consacrée à la
présentation de la situation macro-économique interne et externe
de la Tunisie. Ainsi, nous allons présenter l'évolution de la
politique de change en Tunisie et enfin nous allons procéder à la
présentation du concept de convertibilité totale du dinar en
Tunisie et le choix optimal des réserves de change.
1.1. La situation macro-économique interne et
externe en Tunisie
Dans cette partie, nous allons étudier la situation
macro-économique interne et externe de la Tunisie. En fait, nous allons
présenter l'évolution des principaux indicateurs
macroéconomiques dans la Tunisie, principalement, dans les quatre
dernières années (2009, 2010, 2011 et 2012).
1.1.1. La situation macro-économique interne
Pendant l'année 2011, l'économie Tunisienne est
passée par une conjoncture très difficile, sous l'effet des
événements qu'a connus le pays après la Révolution,
des retombées de la guerre en Libye et du ralentissement, durant les
derniers mois de l'année, de la demande extérieure en provenance
de l'Union européenne dont plusieurs Etats sont confrontés
à une grave crise de la dette souveraine.
De plus, cette situation a affecté l'activité
économique, notamment dans les secteurs des mines, phosphate et
dérivés, de l'énergie, du tourisme et du transport.
Cependant, le secteur de la pêche et de l'agriculture a connu une reprise
appréciable suite à une bonne récolte de
céréales.
Par ailleurs, cette conjoncture défavorable a
entraîné une baisse des investissements privés tant
nationaux qu'étrangers et une aggravation du chômage, ainsi qu'un
ralentissement des exportations et une chute des recettes touristiques
entraînant un creusement du déficit courant et une contraction des
avoirs en devises.
Face à ces difficultés, un programme
économique et social à court terme a été mis en
oeuvre par le Gouvernement, mais la poursuite des mouvements de protestations
et de sit-in a engendré un blocage de l'activité dans la plupart
des secteurs et des perturbations, principalement, dans le secteur du commerce
(Rapport annuel de la BCT, 2012).
De sa part, la Banque centrale de Tunisie a mené une
politique monétaire active visant à assurer un financement
adéquat de l'économie à même de préserver
l'appareil de production et de relancer l'activité économique et
les investissements et ce, en abaissant le taux de la réserve
obligatoire à son niveau minimum de 2% et en réduisant le taux
d'intérêt directeur à deux
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reprises pour le ramener à 3,5%. Ainsi,
l'évolution des principaux indicateurs de l'économie Tunisienne
est présentée dans le tableau suivant :
Tableau 2 : L'évolution des principaux indicateurs
de l'économie Tunisienne
Désignation
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
PIB au prix courant (en MDT)
|
58.662
|
63.323
|
64.566
|
69.944
|
Taux de croissance du PIB (en %)
|
3,1
|
3,0
|
-1,8
|
3,5
|
Formation brute du capital fixe (en MDT)
|
14.206
|
15.481
|
15.092
|
15.590
|
Taux d'investissement (en % du PIB)
|
24,2
|
24,6
|
21,8
|
22,3
|
Création d'emploi (en mille postes)
|
43,5
|
78,5
|
-106,7
|
75,0
|
Taux de couverture (Export/Import en %)
|
75,2
|
73,9
|
74,5
|
72,5
|
Déficit budgétaire en % du PIB
|
3,0
|
1,1
|
3,7
|
6,6
|
Source : BCT, Ministères du
Développement régional et de la planification et des Finances et
Institut National de la statistique
L'analyse sectorielle de la croissance économique fait
ressortir, notamment, des contreperformances au niveau des industries non
manufacturières, à savoir l'extraction du phosphate et les
hydrocarbures, des services marchands particulièrement le tourisme et le
transport ainsi que certaines industries manufacturières, principalement
les industries chimiques et le secteur des matériaux de construction, de
la céramique et du verre. En outre, la croissance a enregistré en
2011 un recul sensible dans les principaux secteurs exportateurs, sous l'effet
du ralentissement de la demande extérieure provenant de la Zone Euro
durant les derniers mois de l'année (BCT, 2013).
De plus, suite aux conditions climatiques favorables, la
production agricole s'est accrue dans la plupart des branches
d'activité, notamment la récolte de céréales qui a
atteint 23 millions de quintaux contre 10,8 millions pour la campagne
2009-2010, grâce surtout à l'amélioration des rendements
à l'hectare. Ainsi, le secteur agricole et de pêche a connu une
reprise de sa valeur ajoutée de 9,2% en termes réels,
après une régression de 8,7% une année auparavant, avec
une contribution à la croissance économique devenue positive (0,7
point de pourcentage en 2012 contre -0,7 point en 2010)
(Ministères du Développement régional et de la
planification, 2013).
Pour le secteur de l'industrie, sa croissance négative
de 7,2% enregistrée en 2011 est imputable, notamment, à la
régression des industries non manufacturières (-15,1%),
principalement les secteurs des mines et des hydrocarbures (-70,9% et -21%
respectivement) en raison des perturbations ayant marqué les productions
de phosphate et de pétrole brut. Ces productions ont diminué,
respectivement, d'environ 69% et 11% par rapport à 2010 pour revenir
à 2,5 millions et 3,3 millions de tonnes. D'ailleurs, ces industries ont
contribué négativement à la croissance économique
(-2 points de pourcentage contre 0,6 point en 2010) (INS,
2013).
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Dans la même alignée, les industries
manufacturières ont connu un fléchissement de leur valeur
ajoutée en termes réels (-0,9%) qui aurait été plus
accentué n'eussent été la reprise de l'activité de
raffinage du pétrole et la poursuite de la progression des industries
diverses.
Plus précisément, la croissance a
été négative dans les industries chimiques (-38%), sous
l'effet surtout des arrêts de production dans l'industrie de
transformation du phosphate, ainsi que dans le secteur des matériaux de
construction, de la céramique et du verre (-3%). En conséquence,
la contribution de l'ensemble de ces industries à la croissance
économique s'est située à -0,1 point de pourcentage contre
0,2 point l'année précédente (Ministères du
Développement régional et de la planification, 2013).
Concernant les services marchands, ils ont accusé
également une régression (-1,9%) due essentiellement à la
baisse de l'activité dans les secteurs du tourisme et du transport.
Aussi, leur contribution à la croissance économique a-t-elle
été négative (-0,8 point de pourcentage contre 2,1 points
un an plutôt).
En particulier, l'activité touristique a
été affectée par le climat d'instabilité qui a
marqué la période post-révolution, enregistrant une
croissance négative de 23%. En effet, le nombre de touristes a
chuté de 30,7% pour revenir à 4,8 millions suite à la
baisse des entrées aussi bien des Européens (-44,1%) que des
Maghrébins (-18,6%). Il en est résulté une
régression des nuitées globales de 40,3% pour atteindre
près de 21 millions d'unités et des recettes touristiques en
devises de 32,9% en se situant à environ 2.365 MDT (INS,
2013).
La contribution des différentes composantes de la
demande globale dans la croissance économique est
présentée dans la figure ci-dessous :
Figure 1 : La contribution des différentes
composantes de la demande globale dans la croissance
économique
BEN AYECHE Manel FSEG Sousse
Source : Ministères du
Développement régional et de la planification (2013)
La graphique ci-dessus nous permet de bien observer
l'évolution des principales composantes de la demande globale dans la
croissance économique. Ainsi, nous remarquons que les exportations
nettes restent toujours en évolution négative. De plus, la valeur
de l'investissement total a diminué en 2011 de 4,6% contre un taux de
croissance de 0,4%. Tandis que, le taux de contribution de la consommation
privée dans la croissance économique reste toujours constant. En
fait, l'année 2011, qui correspond à la Révolution
Tunisienne, est caractérisée par une diminution au niveau des
différents indicateurs macro-économiques.
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