1.2. Résultats des projets et bilan global de la
coopération
Dans cette partie, nous allons tenter de répondre
à la question suivante : Les accords de coopération
décentralisée qu'entretient la ville de Porto-Novo avec ses
partenaires les collectivités françaises, répondent-ils
vraiment aux besoins de développement de cette capitale ?
De façon générale, les conventions de
coopération couvrent une gamme très large de domaines
d'intervention pour le développement dont Porto-Novo a incontestablement
besoin, surtout au niveau de services basiques. Cependant, l'écart
existant entre les expectatives créées, les intentions
affichées, les objectifs fixés et les résultats obtenus
reste très vaste. Mais cela ne veux pas forcement dire que le bilan
global est négatif, bien au contraire, tout dépend de quelle
partie du verre nous voulons considérer comme la plus importante : la
moitié pleine ou la moitié vide. Selon les perceptions
recueillies, les acteurs de la coopération française ont une
tendance a considérer plutôt la moitié vide du verre, leurs
homologues béninois la moitié pleine. La question reste de savoir
sur quels critères nous allons nous appuyer pour établir ce bilan
: Sur le niveau d'atteinte des objectifs ? Sur la perception des
bénéficiaires ? Sur les axes structurants ? Sur les
dépenses réalisées ? Ou sur la pérennité des
projets ? Un peu de tout cela.
Si l'on s'appuie sur l'atteinte des objectifs, les
résultats des projets sont très inégaux et cela
dépend moins des partenariats (Cergy-Pontoise et Porto-Novo par exemple)
que des projets et des acteurs impliqués (gestion des déchets par
exemple). Dans certains domaines les résultats sont très
satisfaisants, comme c'est le cas dans de l'insertion numérique pour
Cergy-Pontoise, ou dans l'intercommunalité pour le Grand Lyon. Dans
d'autres domaines les résultats sont moins prometteurs comme par exemple
l'assainissement d'eau.
Par ailleurs, les objectifs s'avèrent, assez souvent,
trop ambitieux à l'égard des efforts financiers et des
capacités de gestion de la Mairie de Porto-Novo. Regardons le cas de
la convention pluriannuelle de la ville de Buchelay. L'article N°6 de
la convention, relative aux
engagements de l'une et l'autre des parties du partenariat, dit
que « La Communautéd'Agglomération de
Mantes-en-Yvelines [communauté d'agglomération à
laquelle la ville de Buchelay est rattachée], sous réserve de
l'approbation de son assemblée délibérante,
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s'engage à verser sur trois (03) ans, sous forme de
contrepartie, une subvention équivalente à celle versée
par la Ville de Buchelay au profit des projets retenus par les trois parties
», « La Ville de Porto-Novo, sous réserve de l'approbation de
son Conseil municipal, [... ] s'engage à verser sur trois (03)
ans, une contrepartie équivalente à deux (02) fois les
subventions versées par la Ville de Buchelay et la Communauté
d'Agglomération de Mantes-en-Yvelines au profit des projets retenus par
les trois parties ».
L'assemblée délibérante de la
Communauté d'Agglomération de Mantes-en-Yvelines a voté
dans le Conseil du 23 Mars 2011 un budget de 7500€ pour le financement des
projets figurant dans la convention. A cela il faut rajouter les apports de la
ville de Buchelay et de Porto-Novo, ce qui fait au total, selon les
modalités de calcul citées ci-dessus, un budget alloué par
les trois partenaires de 30.000€. Trente mille euros pour financer : le
renforcement des capacités de gestion des déchets, la
création d'une base de loisir nautique à Porto-Novo, le
recrutement de personnel, une bibliothèque, une résidence
d'artistes, une mission d'experts, les études et les expertises, un
travail de communication, deux bourses d'excellence, la création
d'espace verts, la création d'une pépinière, et ainsi de
suite... Il est vrai que le coût de la vie au Bénin est
très bas mais pas à ce point tout de même. Nous ignorons si
d'autres bailleurs de fonds sont prévus mais il parait assez
évident, toutefois, que cela signifierait une démultiplication
d'acteurs et, en conséquence, une augmentation directe des facteurs qui
échappent à la maîtrise du projet, et cela sans prendre en
considération la complexification de la gestion. Il n'est donc pas
étonnant de constater des écarts entre les objectifs et les
résultats.
Cependant, certains des objectifs qui pouvaient paraitre
ambitieux ont été finalement atteints. La politique
d'accompagnement du Grand Lyon en termes de tourisme et de patrimoine a
donné des résultats remarquables malgré les énormes
difficultés rencontrées et exprimés par tous les
partenaires, c'est le cas de la Maison du Patrimoine et du Tourisme. Porto-Novo
ne disposait d'aucune structure destinée à la valorisation du
patrimoine, pourtant très riche et très menacé. Ce projet
a signifié également un pas en avant au niveau de la prise de
conscience sur l'importance du patrimoine culturel et architectural au sein des
institutions politiques. Ce projet est devenu un véritable symbole du
partenariat.
Dans le domaine du tourisme les résultats sont plus
mitigés mais des progrès importants ont été
accomplis.
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Nous pouvons également observer les résultats en
fonction des axes structurants. A quelques mots près, les axes
structurants de tous les partenariats sont plus au moins les mêmes. Il
s'agit d' « accompagner la ville de Porto-Novo dans l'élaboration
et la mise en oeuvre de son projet urbain et de ses stratégies de
développement et d'amélioration des conditions de vie de la
population ». Nous avons pu constater des résultats remarquables
notamment dans le domaine du développement urbain, cela est certainement
dû au fait que l'ensemble des partenariats ont mis l'accent sur l'appui
technique et institutionnel. En effet, tous les accords prévoient un
appui technique ce qui permet à la Mairie de professionnaliser son
personnel, de développer ses capacités techniques, de renforcer
son fonctionnement et de gagner en autonomie et en efficacité.
Un autre aspect important à souligner sur cette
politique d'appui technique est le fait que le personnel
bénéficiaire des formations est issu du Sud. Leur condition de
béninois leur permet de mieux adapter ces apprentissages à la
réalité et aux contraintes locales.
Enfin, un paradoxe demeure. Les partenaires du Sud expriment
les mêmes inquiétudes que leur homologues du Nord concernant : le
manque de concertation sur les dispositifs de pilotage, les retards dans
l'application des calendriers, le manque d'information, la frustration pour les
projets non aboutis. Toutefois, ils manifestent une satisfaction unanime au
moment d'évaluer le résultat global des projets. Les partenaires
du Nord, quand à eux, manifestent des signes de désenchantement
et de scepticisme à l'égard du partenariat à force de
cumuler les dysfonctionnements, surtout au niveau du suivi et de
l'évaluation des projets. Au Bénin, les autorités peuvent
vérifier sur place l'état d'avancement ou les résultats
d'un projet mais ce n'est pas le cas pour les partenaires du Nord, cela
entraîne des gènes graves dans le fonctionnement administratif
interne des collectivités françaises (justification des
dépenses et des démarches). Les services de la Mairie de
Porto-Novo devraient être plus attentifs aux besoins des
collectivités du Nord car après tout, sans le soutien de ces
collectivités, beaucoup de projets ne verraient jamais le jour.
Or, divers aspects de la coopération sont très
valorisés et appréciés par tous les partenaires :
la dimension humaine de la coopération, l'enrichissement mutuel, la
satisfaction pour les projets accomplis, l'apprentissage professionnel,
l'ouverture d'esprit, etc. Car malgré tout, la
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coopération décentralisée rend possible
de mener des projets en commun, de partager un but, de relier des forces, de
s'investir pour une cause commune, de mettre en pratique des savoir-faire, de
partager une expérience, en plus de l'envie de chacun de voir des
résultats de la concertation des efforts, c'est là qui
réside la véritable force de la coopération
décentralisée.
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