III.2.4. Analyse sur l'organisation
Le PIFK est un projet de développement et nous avons
énoncé que le projet de développement vise une
rentabilité économique, c'est-à-dire, les avantages qu'il
apporte à la collectivité. Dans le cadre du PIFK, la
collectivité ne concerne pas seulement les fermiers de la COFEBA, mais
également la population du milieu.
Il est admis que le travail de la terre est difficile et qu'il
demande une certaine endurance et beaucoup de volonté. Il requiert aussi
un profit proportionnel à la dépense d'énergie afin qu'il
soit attrayant. L'organisation de la production, de la commercialisation et des
finances appelle certaines considérations.
1. L'organisation de la production
La concession de la COFEBA est pauvre. Pour la rentabiliser,
elle demande un emploi constant de matières fertilisantes. Pour
combattre aussi les maladies et les insectes, il faut des produits
phytosanitaires. La préparation du terrain demande l'utilisation des
machines avec le concours des techniciens.
Tant que le PIFK existera, le problème ne se posera pas
car c'est la Fondation HANNS-Seidel qui finance. La plupart des achats sont
effectués en devises. Le personnel utilisé est payé par le
Projet.
Les techniciens du Projet aident les fermiers dans
l'utilisation judicieuse des engrais et aussi des produits phytosanitaires.
Mais, le problème se posera sur l'après-projet.
Les indices de production de 1986 à 1989 ne poussent
pas à l'optimisme. S'il faut établir un graphique simple, en
prenant le nombre de fermiers qui est de 240 , la production moyenne par
fermier a été successivement de 2.126,6 kg en 1986 ; 1.349,7 kg
en 1987 ; 1.775,79 kg en 1988 et de 4.013,09 kg en 1989. Or, rien que pour le
manioc, la production peut atteindre 20t/ha et 800 kg/ha pour le
niébé. Ici, il faut compter aussi la production obtenue comme
frais de minerval pour les écoles du Projet.
production de manioc jaune pour faciliter l'approvisionnement
de l'usine. La production estimée si on atteint 20 ha est de : 9.594,40
t ; niébé avec 600 kg/ha est de 136.200 kg. Le traitement
phytosanitaire se présente de la manière suivante :
- Quantité nécessaire : 137 litres
- Quantité à prévoir : 160 litres
- Quantité en stock : 7 litres
- Quantité pour les autres spéculations : 30
litres
- Nombre d'appareils ULV : 150
Source : Compte rendu de la réunion
d'évaluation des activités du deuxième semestre 1989 et
programmation pour l'exercice 1990, p.22
Nous remarquons, après cette constatation que le
fermier de la COFEBA est loin d'atteindre cette production alors que
théoriquement toutes les conditions sont réunies.
2. L'organisation de la commercialisation
La production commercialisée et connue est celle qui
passe nécessairement par le service commercial du Projet sans compter la
production autoconsommée et celle non déclarée. Beaucoup
de points sont à relever dans le fonctionnement normal de ce service
:
- Pour le manioc en cossettes, il faut surtout veiller
à la durée de rouissage qui influe beaucoup sur la
qualité. Le manioc qui permet au fermier de faire face à ses
échéances mérite beaucoup d'attention ;
- Les cultures maraîchères quant à elles,
sont tributaires du stockage et du conditionnement. Les produits doivent
être vendus très frais et être de très bonne
qualité ;
- Le système de transport, même s'il fonctionne
bien risque d'être préjudiciable au fermier une fois que le Projet
aura cessé d'exister. Le pourcentage tiré sur la vente pour le
transport ne suffit pas à compenser son coût réel. Il est
donc trop subventionné.
BOPINGI(1) énoncent les éléments
qui entrent dans le coût de production dans une exploitation agricole
:
a) La préparation du sol :
- amortissement tracteur + charrue + herses
- carburant pour tracteur
- lubrifiant pour tracteur, charrues, charrues et herses -
salaire et primes conducteur
- salaire personnel technique pour la supervision des
travaux.
b) Coût de matériel végétal
de propagation : - coût de la poudre calcaire
- achat semences, boutures et plants - frais de mission
personnels
- amortissement véhicule
- achat carburant et lubrifiant.
c) Coût de la fertilisation du sol :
- coût de la poudre calcaire
- coût du transport fumier et compost
- achat des engrais chimiques en devises
- coût de ces engrais de Matadi-Kinshasa-Centre-champs -
amortissement tracteur ou camion
- achat carburant et lubrifiant pour camion ou tracteur +
remorques - salaire chauffeur.
d) Entretien des cultures :
- achat de l'appareil ULV (pulvérisateur pour
maraîchers)
- achat produits phytosanitaires pour le maraîchage
- achats des engrais chimique d'entretien
- coût du transport de ces engrais chimiques de
Matadi-Kinshasa-Centrechamps
- amortissement camions ou tracteurs + remorques
(1) Propos recueillis auprès de
l'Ingénieur BOPINGI, responsable du service technique
- achat carburant et lubrifiant camion + tracteur - salaire
chauffeur ou conducteur.
e) Récolte :
- achat sacs vides (ordinaires ou Midema) - achat ficelles,
cordes et aiguilles
- salaires personnels techniques
f) Stockage :
- achat matériaux de construction (ciment, fer à
béton, bois, clous, tôles et autres)
- main-d'oeuvre (salaires personnels)
- achat matériel et produits de protection des
récoltes
- salaires personnels techniques.
En analysant les différents éléments du
coût de production, on se rend compte de l'attention que les fermiers
devront accorder au service de commercialisation chargé de la vente de
leurs produits.
3. L'organisation des finances
Nous avons vu que les finances de la COFEBA sont
constituées du capital fixé à Z 250.000 (1987), du fonds
de contrepartie (subventions) et des recettes réalisées sur la
vente des produits. Si le fonds de contrepartie est soumis à une
réglementation bien définie, nous pouvons nous pencher un peu sur
les recettes des produits et le remboursement du crédit.
Les recettes réalisées dépendent largement
de la production et cela quantitativement et qualitativement.
Quantitativement, nous avons vu que la production est
très faible. Cette faiblesse est due en grande partie à la
fragilité des structures mêmes de la COFEBA qui jusqu'à
présent, ne se démarquent pas de celles du Projet. Dans son
rapport d'activités, Monsieur NKOBA(1) propose d'atteindre
les objectifs suivants :
(1) Mr NKOBA, Rapport d'activités, service de
vulgarisation, PIFK, 1988, p.8
- faire participer les fermiers aux structures de la COFEBA ;
- former les fermiers à mieux identifier les
problèmes de leur organisation ; - aider les fermiers à mieux
cerner l'après-projet ;
- stimuler les leaders pour l'auto développement
Qualitativement, nous avons énoncé les
différents paramètres qui sont déterminants pour que les
produits soient vendus dans le temps et bien conservés.
Le remboursement du crédit constitue un goulot
d'étranglement pour le fermier. Le crédit qui est accordé
en nature : semences, engrais, boutures, transport, etc... est remboursable en
étalon-manioc. Nous avons vu comment il fonctionne. Mais jusqu'à
présent, les fermiers ne semblent pas bien saisir les implications de ce
mécanisme de remboursement de crédit. Contracter un crédit
de Z 5.000.000 par exemple pour payer Z 25.000.000 à la fin d'une
campagne semble impensable à première vue. Pourtant, le
remboursement du crédit permet de renflouer le fonds de contrepartie qui
entre dans les ressources de la COFEBA.
Dans son rapport d'activités, Monsieur
BILONGO(2) écrit : « LA COFEBA fonctionne sans
prévisions budgétaires. Après six ans de fonctionnement,
il est temps de commencer à prévoir notre activité
économique malgré les effets de l'inflation ».
Par manque de statistiques au niveau du bureau de la COFEBA,
traiter des finances reste un sujet difficile car il faut disposer de
données chiffrées exactes pour effectuer une bonne analyse.
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