III.2.1.2. Le capital humain
La Communauté des Fermiers de Bankana compte 240
fermiers ; il faut ajouter à cela le personnel utilisé par le
Projet dans sa gestion qui s'élève à 47 personnes.
Les fermiers sont repartis dans huit villages communautaires
à raison de 30 par village. S'il faut compter une moyenne de cinq
personnes par famille, cela nous donnerait près de 1.400 personnes. On
se rend compte de l'importance de ces ressources humaines.
III.2.1.3. L'agriculture de la COFEBA
Nous avons vu tout au long de notre exposé que
l'agriculture constitue la raison d'être du PIFK.
L'étude des sols de la concession n'a été
effectuée pour la première fois qu'en 1988 par le Professeur
LUBINI. Aucun autre document ne stipule une autre étude en ce sens.
La culture principale reste le manioc et dans une moindre
mesure mes cultures maraîchères. C'est pourquoi nous nous
étendrons un peu plus sur le manioc et ses implications sur
l'économie de la COFEBA.
1. La préparation du terrain
La concession de la COFEBA est constituée en majeure
partie de savane arbustive. Les sols sont très pauvres et les
techniciens agricoles du PIFK, par l'entremise du service d'encadrement,
formation et vulgarisation, ainsi que le service technique, s'attèlent
à enseigner aux fermiers les techniques culturales pour obtenir un bon
rendement.
Le calendrier agricole est divisé en trois saisons :
- la saison A : Octobre - décembre - janvier : c'est la
grande saison de pluie - la saison B : mi-février - mi-mai : c'est la
petite saison de pluie
- la saison C : mi-mai - mi-septembre : c'est la grande saison
sèche. Elle constitue également la grande saison
maraîchère.
Les opérations de préparation du terrain
commencent juin-juillet pour que les sols soient prêts en octobre.
Les diverses opérations à effectuer pour la
préparation du terrain sont multiples. Nous citerons : le dessouchement
qui consiste à déraciner toutes les souches des arbustes couvrant
le terrain ; le débardage qui permet de dégager les souches et
l'encombrement pendant lequel on bouche les trous. Ces opérations sont
manuelles. Ce n'est qu'après que commencent les opérations
mécaniques que sont le labour et le hersage. Le terrain ainsi
préparé est prêt à recevoir les cultures
vivrières dont le manioc, le maïs et le niébé.
Quant aux cultures maraîchères, elles sont
effectuées près des points d'eau. C'est pourquoi les emplacements
des villages ont été choisis de manière à permettre
la réalisation de ces cultures.
Le terrain reparti à chaque fermier est d'environ 20 ha
qu'il exploite à raison de 1,5 à 2 ha par an.
2. Le machinisme et outillage
Nous avons vu que le travail manuel est limité dans les
méthodes culturales. Il requiert l'utilisation d'un outillage
très simple composé de houe, machette, hache, bêche, pelle,
etc.
Une fois le terrain préparé, c'est-à-dire
à la fin des opérations d'encombrement, les tracteurs du Projet
viennent effectuer le labour. Après le labour vient l'épandage de
la poudre calcaire qui est une opération très importante vue la
nature du terrain. Le Professeur LUBINI(1) écrit en effet :
« les sols sont très acides dans leur horizon superficiel.... Pour
corriger cette acidité excessive, il faut procéder aux
amendements calcaires par l'apport de la chaux ». L'épandage de la
poudre calcaire achevé, les machines reviennent pour les
opérations de hersage qui consistent à aplanir le terrain.
(1) LUBINI AYINGWELU, op.cit, p.21
Le Projet utilise trois tracteurs pour la mécanisation
agricole et cinq pour le transport. Les tracteurs utilisés ont une
puissance qui varie entre 75 et 80 CV. A raison de 25 CV pour une tonne, ils
sont capables de traîner trois tonnes de matériel qui sont
constitués de la charrue (disque + accessoires).
Les opérations de bouturage pour le manioc et de semis
pour les grains (maïs, niébé, courge) ne s'effectuent
qu'après les premières pluies. A ce moment, il faut veiller
à lutter contre les maladies et à fertiliser les espaces
cultivés. L'appareillage utilisé est constitué
exclusivement de pulvérisateurs ULV. Ce sont des mesures phytosanitaires
que les encadreurs du PIFK apprennent aux fermiers pour réussir un bon
rendement.
L'agriculture de la COFEBA est essentiellement dominée par
la culture du manioc et les cultures maraîchères.
a) Le manioc
Le manioc constitue pour une bonne partie de la population de
Kinshasa et de beaucoup de régions du pays, la culture vivrière
par excellence. Il constitue le pilier de l'agriculture de la COFEBA. Il est
présent dans tous les pays tropicaux. D'ailleurs, il tire son origine du
Brésil d'où les navigateurs portugais l'auraient introduit en
Afrique.
Selon les régions où il est cultivé, on
le consomme sous diverses formes. C'est une plante riche en amidon. Il
consommé sous forme de farine. Il sert de pâte alimentaire, de
colle, de glucose.
Dans certains pays, au Brésil par exemple, l'alcool de
manioc sert de carburant biologique. Le manioc sert aussi à
l'alimentation du bétail.
Originaire de l'Amérique du Sud, le manioc comprend
plusieurs genres. Nous nous limiterons au genre manihot utilissima
cultivé à la COFEBA et qui comprend les
variétés suivantes :
- F100 : port dressé, bouture droite et blanche, feuilles
vert-foncé, racines tubéreuses douces, maturité entre 12
et 14 mois.
- Mpelo Longi : ressemble au F100 mais plus court, racines
tubéreuses amères, variété locale, maturité
18 mois.
- 02864 : tige droite, couleur brune, feuilles vertes,
maturité de 12 à 14 mois.
- Ngamanza : tiges ramifiées, taille moyenne,
maturité 24 mois, très amère, faible rentabilité,
convient pour la chikwangue et le « malemba »
Les critères qui jouent pour la sélection de
l'espèce dans le manioc sont : un fufu bon à manger, un bon
rouissage, un poids normal. Les espèces se différencient par des
caractères morphologiques comme le port, et les caractères
techniques comme la résistance à la mosaïque et la teneur en
acide cyanhydrique.
Le manioc pousse sur tous les terrains sauf sur les terrains
marécageux. Les rendements dans les meilleures conditions sont de
l'ordre de 150 tonnes à l'hectare. Dans la concession de la COFEBA, la
production est de l'ordre de 30 tonnes.
Le manioc est cultivé en association avec le
niébé. Les fermiers utilisent une variété de
niébé local. Celle-ci donne de bons rendements avec deux
traitements phytosanitaires. Elle ne nécessite pas l'utilisation
d'engrais chimiques. C'est d'ailleurs une culture de terrain pauvre. Les
rendements varient entre 500 et 800 Kg. Il entre pour une bonne part dans
l'alimentation des fermiers.
Le manioc constitue la principale culture à la COFEBA
et joue un rôle très important à plusieurs titres :
- premièrement, cette culture a été
choisie parce qu'elle constitue la nourriture de base de la population de
Kinshasa ;
- deuxièmement, le manioc passe pour une culture facile
à entretenir et donne de bons rendements si tous les conseils des
techniciens agronomes sont bien suivis ;
- troisièmement, le manioc permet au fermier de faire
face à toutes ses échéances ;
- enfin, le manioc entre principalement dans l'alimentation
pour ses racines tubéreuses sous forme de farine, et pour ses feuilles
(le pondu) qui constitue un légume très
apprécié.
b) Les cultures maraîchères
nombre important d'expatriés. La gamme des cultures
pratiquées fut riche et variée. Nous citerons : les choux
(pommé, blanc, rouge), les aubergines, les poivrons, les piments, les
tomates, les pastèques, les courgettes, les carottes, les oignons, les
épinards, les amarantes, les haricots verts, le gombo, les salades, les
céleris, les concombres, les choux-fleurs, les choux brocoli, les radis,
les fenouils, les haricots kilomètre, les ciboulettes, l'ail, etc.
Les cultures maraîchères demandent un travail
harassant et sont très exposées aux maladies. Le PIFK a le
mérite d'avoir réussi à les cultiver au Plateau de
Batéké étant donné que la plupart sont des cultures
exotiques des régions tempérées.
c) Les autres cultures
En dehors des cultures que nous venons de décrire,
d'autres essais ont été entrepris Le maïs par exemple, ne
s'est pas révélé rentable. C'est une culture très
exigeante qui demande un sol riche en humus, complété avec des
apports organiques. Or, nous avons vu les caractéristiques des sols du
Projet, ils sont plutôt pauvres. La culture du soja a donné de
bons résultats mais a été abandonné au niveau
expérimental. Les arbres fruitiers aussi ont été
plantés mais ils demandent beaucoup d'efforts.
Le Service d'encadrement, formation et vulgarisation a
introduit la culture de l'acacia de l'espèce auriculiformis. Au
début, une certaine méfiance de la part des fermiers a conduit
les initiateurs du programme à choisir des groupes cibles. On sait que
le manioc est toujours cultivé en fin d'assolement ; après la
récolte, il faut observer une jachère d'au moins sept ans dans le
domaine du Projet. Mais l'acacia, une fois le manioc récolté, il
se développe et constitue une véritable forêt artificielle
qui permet de réduire la jachère.
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