II.6.5. Typologie des projets de développement
Le projet de développement vise soit
l'amélioration d'une situation existante (extension d'infrastructures
existantes), soit l'installation de nouvelles structures là où
elles étaient absentes (projet de vulgarisation agricole), soit le
développement d'une région dans plusieurs domaines
(développement intégré).
Il existe une variété de projets de
développement. Une certaine typologie peut être
dégagée en tenant compte de la taille du projet, de l'objet ou de
la durée.
a) Du point de vue de la taille : on distingue les grands
projets tel la construction
d'un barrage pour l'irrigation et l'électrification d'une
région agricole ; de petits
projets tel l'amélioration de la pisciculture familiale
dans une région.
(1) OWANGA, Civisme et Développement, Cours
inédit, ISIPA, Kinshasa, 1989
(2) MIFUNDU YEMUENI, Civisme et introduction aux
problèmes de développement, Cours inédit, OICDZAIRE,
Kinshasa, 1987-1988
b) Du point de vue de l'objet : on parlera des projets
agro-industriels, des projets de construction de routes de desserte ou des
projets d'implantation agricole et pastorale.
c) Du point de vue de la durée : nous avons les
projets à court terme dont la durée n'excède pas une
année ; les projets à moyen terme de plus ou moins trois ans et
enfin les projets à long terme d'une durée de cinq ans et
plus.
II.6.6. Les étapes d'un projet
La réalisation d'un projet de développement
comme de tout autre projet fait l'objet au préalable, d'une étude
déterminée et qui s'effectue en quatre étapes à
savoir : l'identification, l'étude de faisabilité, l'étude
d'évaluation et l'avant-projet d'exécution.
1. L'identification
C'est l'étape qui constitue la germination de
l'idée même de réaliser un projet. MBAYA(1)
écrit : « l'étude d'identification correspond à la
première maturation de l'idée de projet ». On étudie
les différents facteurs justifiant le projet et aussi les
difficultés auxquelles on peut être confronté. Cette phase
a pour but d'intéresser les parties prêtes à s'engager. Il
s'agit ici d'une étude sommaire dans laquelle les différentes
variables sont estimées mais de manière superficielle.
L'identification est un acte très important pour un
projet de développement car c'est ici que les objectifs sont
définis ainsi que les moyens et la localisation. N'oublions pas qu'un
projet exerce une contrainte dans le milieu où il s'implante. Car, le
projet de développement vise plus la rentabilité
économique que financière. La rentabilité
financière est perçue du point de vue d'un entrepreneur car pour
lui, ce qui compte c'est le bénéfice apporté par le
projet. La rentabilité économique détermine les avantages
que la collectivité peut tirer. Un projet financièrement rentable
peut ne pas profiter à toute la collectivité.
2. L'étude de faisabilité
L'étude de faisabilité permet de
déterminer que le projet est techniquement et financièrement
réalisable. Ici, le projet est localisé, ses objectifs
définis et leur cohérence établie. Le déroulement
du projet doit faire l'objet du choix des meilleures techniques possibles.
C'est ce stade qui permet de déterminer s'il faut ou non abandonner le
projet. Les paramètres sommairement étudiés dans
l'étude d'identification doivent être justifiés et
approfondis. Les objectifs doivent être compatibles avec ceux du
système économique en place, s'inscrire dans la stratégie
nationale du développement.
Dans le cas d'un projet à vocation commerciale ou
exportatrice, il faut entreprendre l'étude du marché qui englobe
les consommateurs, les fournisseurs, la concurrence, les contraintes
matérielles, politico administratives, etc. On tiendra notamment compte
des dépenses d'investissement : prévoir la marge
d'imprévus pour couvrir les incertitudes ; les dépenses
d'exploitation qui permettent l'évaluation d'une bonne étude
technique. On peut ainsi évaluer les coûts, les facteurs de
production que sont le capital, les matières premières et la
main-d'oeuvre ; la rentabilité du projet à savoir si le prix de
revient qui englobe les coUts d'exploitation et les coûts de production
peut justifier la commercialisation du produit.
3. L'Etude d'évaluation
Dans cette phase, on distingue l'évaluation
financière, quand on se place du point de vue de l'entrepreneur et
l'évaluation économique, quand on se place du point de vue de la
collectivité.
Si l'évaluation financière comporte
l'étude du marché, l'étude des variantes, l'étude
du dossier d'équipement, le coOt d'exploitation et le plan de
financement, l'évaluation économique qui intéresse les
projets de développement permet de déterminer la
rentabilité économique qui se conçoit en avantages
à long et moyen termes du projet.
S'il est facile de calculer la rentabilité
financière d'un projet, il n'en est pas de même pour la
rentabilité économique qui souvent n'apparaît que plusieurs
années après. C'est ainsi qu'au niveau macroéconomique, un
projet de
développement ayant une rentabilité
financière élevée peut être abandonnée au
profit de celui dont la rentabilité est faible mais qui présente
plus d'avantages pour la collectivité.
Il existe plusieurs méthodes pour calculer la
rentabilité économique des projets de développement mais
nous n'en retiendrons que deux : la méthode des effets et les
méthodes des prix de référence.
a) La méthode des effets
Les principes de cette méthode sont basés sur
le fait qu'elle s'efforce de déterminer dans quelle mesure un projet
donné s'intègre dans l'économie nationale et quels sont
les effets qu'il génère. Deux évidences y sont
vérifiées : les secteurs de l'économie ne fonctionnent pas
de la même manière. Dans certains secteurs il y a plein emploi de
facteurs de production, on ne peut observer une croissance que par la mise en
oeuvre de nouveaux facteurs. Exemple, par l'accroissement de l'appareil
productif. Dans d'autres secteurs, il y a sous-emploi de facteurs de
production. Cette méthode permet de faire apparaître les effets
positifs et négatifs du projet en amont et en aval.
L'inconvénient de la méthode réside dans
le fait qu'il est difficile de donner une appréciation du niveau
où s'arrêteraient lesdits effets. La méthode est
difficilement applicable dans la plupart des pays en développement
où les statistiques ne sont pas perfectionnées.
b) Les méthodes des prix de
référence
Dans cette catégorie, on groupe plusieurs
méthodes qui varient d'un auteur à un autre. Ce sont ces
méthodes qui sont utilisées par les organismes internationaux.
Elles ont toutes comme principe le calcul du bénéfice
apporté par un projet donné. On cherche à
déterminer dans quelle mesure les « avantages »
apportés par un projet mesurés en première approximation
par les dépenses.
La méthode part d'une économie imaginaire sans
concurrence où les prix sont stables et où il n'existe pas de
barrières douanières entre les pays. Elles se
réfèrent quelquefois à la théorie de Ricardo des
avantages comparatifs au libéralisme
économique. Le choix de l'une ou l'autre de ces
méthodes dépend du pays, du projet et aussi de l'organisme de
financement.
4. L'Avant-projet d'exécution
MBAYA(1) distingue trois phases dans l'avant-projet
d'exécution. Il s'agit de l'évaluation rétrospective, la
négociation, la réalisation et la supervision.
a) L'évaluation rétrospective
Quels que soient les résultats auxquels on aboutit,
dans l'étude du projet, il vaut mieux continuer d'effectuer une
étude postérieure sur le terrain. C'est une évaluation
complète ou partielle dans le temps ou dans l'espace. C'est à ce
moment que l'on peut avoir l'assurance que le projet est fiable.
b) La négociation
Ici commence à se poser le problème de
financement. Toutes les parties intéressées, c'est-à-dire
: initiateurs, bailleurs de fonds, parfois bénéficiaires,
engagent des pourparlers. Cette phase permet de déterminer la raison
d'être du projet et cela vu sous plusieurs angles : économique,
financier, social, etc.
Au cas où les négociations aboutissent, les
différentes parties agréent le projet par un document
consigné.
c) La réalisation et la supervision
C'est la phase pratique du projet. Ici on exécute
fidèlement tous les éléments recueillis au cours des
différentes phases du projet. La supervision est effectuée par le
maître d'oeuvre qui doit respecter le calendrier d'exécution et
les exigences techniques.
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