2.1.5 Bas-fonds
Les bas-fonds, et plus généralement les zones
humides, sont souvent considérés comme des milieux fertiles, qui
peuvent, moyennant aménagement, porter des cultures permanentes et
intensives. Selon Raunet (1985), les bas-fonds, en régions
intertropicales, sont "les fonds plats ou concaves des vallons, petites
vallées et gouttières d'écoulement inondables qui
constituent les axes de drainage élémentaires
emboîtés dans les épaisses altérations des socles
cristallins "pénéplanisés" (...). Ce sont les axes de
convergence préférentielle des eaux de surface, des
écoulements hypodermiques et des nappes phréatiques contenus dans
l'épais manteau d'altération et alimentés par les pluies.
(...) Leurs sols sont engorgés ou submergés pendant une
période plus ou moins longue de l'année par une nappe d'eau
correspondant à des affleurements de nappe phréatique et à
des apports par ruissellement".
Les bas-fonds sont soumis à des alternances de phases
de submersion et d'exondation, qui déterminent leur fonctionnement
physico-chimique. Quelle soit temporaire ou permanente, l'hydromorphie joue un
rôle déterminant tant pour le riz que pour les cultures
exondées, les sols de bas-fonds peuvent présenter de fortes
contraintes agronomiques. Leur ampleur est extrêmement variable, y
compris au sein d'un même bas-fond.
Les bas-fonds sont donc des milieux complexes,
hétérogènes, dont le fonctionnement est
déterminé par les conditions hydriques. Le rôle que joue le
bas-fond dans les systèmes de production dépend de l'ensemble du
système et des contraintes de l'économie familiale (gestion de la
force de travail, qui oblige à des choix et des arbitrages entre les
spéculations; problèmes de trésorerie et de soudure). Il
dépend des contraintes foncières ou climatiques, des structures
d'exploitation, des opportunités économiques, etc. En fonction
des risques agroclimatiques, et des objectifs de sécurisation
économique des paysans (faire face aux périodes de soudure,
étaler les périodes de revenus), des configurations
régionales peuvent être définies, à l'échelle
d'un pays ou d'une région.
2.1.6 Risques sanitaires
Le risque est la probabilité d'apparition d'effets
toxiques après l'exposition des organismes à un objet dangereux
(Riviere, 1998). Pour Covello (1993), le risque est un concept « au
minimum bi-dimensionnel, impliquant la possibilité d'une issue
négative et une incertitude sur l'apparition, la chronologie et la
gravité de cet effet négatif.
Si l'une de ces caractéristiques n'existe pas, il n'y a
pas de risque. Plus formellement, le risque est la caractéristique d'une
situation ou d'une action où il y a deux issues possibles, on ne sait
pas laquelle doit se produire, et l'une d'elles représente un
événement indésirable ».
Les risques sanitaires font référence aux
diverses maladies que peuvent contracter les exploitants en étant
exposés pendant longtemps à des facteurs de risques. L'eau,
ressource naturelle indispensable à la vie, est aussi devenue, de
manière directe ou indirecte, la première cause de
mortalité et de maladie au monde (Handschumacher, 1996). Certes,
l'accès à l'eau permet indéniablement d'améliorer
les conditions de vie et les revenus. Mais il fait également, et
spécialement en Afrique, apparaître de nouveaux problèmes
tels l'expansion de certaines maladies et un déséquilibre
socio-sanitaire. Selon la FAO/PNUD (1995), outre le fait qu'elle favorise la
propagation des bactéries et virus pathogènes, l'eau joue
également un rôle important dans la transmission des parasites,
soit directement, soit en servant d'habitat aux vecteurs de ces parasites.
Les maladies transmises par des vecteurs en présence
d'eau sont particulièrement fréquentes dans les zones
irriguées (Shiklomanov, 1991). Ce constat accablant a mobilisé la
communauté des chercheurs qui a identifié en zones humides, plus
d'une vingtaine de maladies hydriques, dont les plus meurtrières sont le
paludisme, l'amibiase, la dengue et le choléra. Mais de toutes les
maladies transmises par l'eau, la plus grave est le paludisme, tant par le
nombre de décès qu'il provoque que par le nombre de personnes
infectées chaque année, et dont la qualité de vie et la
capacité de travail s'en trouvent diminuées. On estime qu'environ
cent (100) millions de personnes sont atteintes chaque année par la
maladie avec quatre-vingt-dix pour cent (90%) des décès en
Afrique subsaharienne (PNUD, 2003).
Dans ce travail, les risques sanitaires sont
évalués par la morbidité. La morbidité pouvant
être à son tour définie par plusieurs paramètres,
nous utiliserons uniquement la prévalence.
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