B. La réforme de 1948
Cette réforme est importante parce qu'en instituant le
cycle secondaire, elle a permis de donner aux élèves le niveau
nécessaire pour pouvoir prétendre à des études
universitaires. Même si elle apporta un changement considérable
pour les populations du Congo Belge, l'organisation de l'enseignement n'en
resta pas moins extrêmement rigide et sélective. Car la tendance
générale resta celle d'orienter le plus d'enfants possibles vers
des écoles professionnelles plutôt que vers un enseignement
secondaire général et universitaire. Voici un petit aperçu
des changements intervenus après la réforme.
La première différence est que le système
scolaire comporte dès lors deux niveaux : le niveau primaire et le
secondaire.
Le premier niveau comportait deux degrés : le
degré normal et le degré sélectionné. Le premier
degré du primaire s'appliquait à tous les enfants quels que
soient leurs aptitudes. Après cette étape et selon les
dispositions de l'enfant, on l'orientait soit vers le deuxième
degré ordinaire soit vers le degré
sélectionné12. Les moins doués étaient
dirigés vers le degré ordinaire, où après trois ans
de cours, on les orientait vers des écoles d'apprentissage pour
s'initier à un métier. Les plus doués, après avoir
réussi à un concours d'admission, intégraient le
degré sélectionné13. Seuls ces
élèves ou les élèves du degré ordinaire, qui
étaient passés par une classe de liaison, pouvaient
accéder aux études secondaires. Là encore, la
sélection était rude et de nombreux élèves
étaient guidés vers des écoles professionnelles. Pour le
petit nombre d'élèves qui étaient jugés aptes, la
réforme introduisit la possibilité de poursuivre des
études secondaires.
Comme pour le niveau primaire, le niveau secondaire se divisait
en deux degrés : le degré spécial et le degré
général. Seul l'enseignement du secondaire général,
qui
11 NDAYWEL E NZIEM, I., Histoire du Congo : des
origines à nos jours, Bruxelles, Le cri/ Afrique éditions,
2011, p.148
12 MUTAMBA, J- M., Op. Cit., p. 148 : le
second degré primaire ne se retrouvait pas partout dans la colonie,
seulement dans les centres urbains et dans des localités où se
trouvaient des missions.
13 Idem, p. 149 : On ne tenait pas seulement compte
des capacités intellectuelles, mais aussi des capacités
morales.
comprenait des humanités scientifiques ou latines,
donnait accès à l'enseignement universitaire. La majorité
des élèves se retrouvait dans les écoles secondaires
spéciales qui pouvaient s'apparenter à des écoles
professionnelles par leurs formations14.
Ce système extrêmement sélectif s'explique
par la méfiance des autorités coloniales vis-à-vis de
l'enseignement supérieur qui tendait à évoluer. Pour faire
valoir les diplômes qui seraient obtenus par les élèves,
cette rigueur était nécessaire car le climat politique
était tel qu'on aurait pu contester leur mérite réel en
qualifiant l'enseignement reçu d'instruction de pure forme et les titres
qu'ils avaient acquis de document sans valeur pour cause de laxisme et de
manque de rigueur de la part des enseignants.
Cette réforme est à situer dans une certaine
évolution de la société coloniale. En effet, avec la
deuxième guerre mondiale et l'interruption des communications entre la
colonie et sa métropole, le manque de main d'oeuvre qualifiée sur
place se fit sentir et la mise en place d'un système scolaire avec un
programme pouvant préparer à l'enseignement supérieur et
universitaire sans spécialisation obligatoire devint
important15.
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