4.3. Relation entre production piscicole et
environnement des sites
4.3.1 Relation entre production et conditions
hydrologiques
Il existe une corrélation positive entre la production
des étangs respectivement avec la
durée de la crue (r 1=0,28), la hauteur
de la crue (r 2=0,19), la dénivelée des sites
/cours d'eau le plus proche (r 3=0,37) et le nombre d'abris
(r 4=0,20). Comparativement au seuil indiqué sur la
table de probabilité du coefficient de corrélation
r de Bravais-Pearson (Annexe 5), r
1 et
r 3 sont significativement
élevés pour á=0,05 à un degré de
liberté de 73. C'est-à-dire que la corrélation qui existe
entre la production des étangs et la durée de la crue ainsi que
la dénivelée du site/cours d'eau le plus proche est
significativement positive. Les modèles de régression suivants
traduisent l'interaction entre ces variables:
Production de l'etang 2005/2006 en kg
400
200
500
300
100
0
Production des etangs en 2005/2006 (en kg)
400
500
300
200
100
0
0,0 ,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 0 2 4 6 8 10
Hauteur crue dans le site en 2005/2006(en m) Durée de
l'inondation en mois en 2005/2006
Y= 49,654 + 24,541H (r =0,19) Y= 21,85 + 11,971 DU (r
=0,28)
Figure 19: Tendance linéaire de
régression entre la hauteur, la durée de la crue; et
la production des étangs
Production de l'etang en kg en 2005/2006
|
500 400 300 200 100 0
|
|
Production de l'etang en kg en 2005/2006
|
500 400 300 200
100
0
|
|
-5 0 5 10 15 20 0 1 2 3 4 5
Dénivélée site/cours d"eau Nombre d'abris ou
cachettes dans l'étang
Y= 60,804 + 4,173 DE (r =0,37) Y= 61,128 + 15,858 NA (r
=0,20).
Figure 20: Tendance linéaire de
régression entre la dénivelée site/cours d'eau ;
le nombre d'abris et la production des étangs
De ces figures, on constate que la production des
étangs augmente avec l'intensité de la crue. En effet la mise en
charge des étangs en poissons est favorisée par un volume et un
séjour prolongé de l'eau dans le site.
4.5.2 Relation entre production des étangs et
environnement végétal
L'environnement végétal des sites a une influence
sur la production des étangs qui s'y trouvent. On note une variation de
rendement selon le couvert végétal du site (figure 21).
Rendement moyen des etangs en kg/100m2
400
600
500
300
200
100
0
Forêt Prairie Plantation Culture
Types de couvert végétal du site où se
trouve l'étang
Figure 21:Rendement moyen des étangs par type de
la formation végétale
Il ressort de la figure 21 que le rendement moyen des
étangs situés sous couvert forestier (485,34 kg/100m2)
est nettement supérieur à celui des étangs situé
dans la plantation de café, le champ de culture vivrière et la
prairie (respectivement 182,05; 118,26; et 59,83 kg/100m2). La
prairie qui est un couvert sans espèces arborescentes, a le plus petit
rendement moyen. Cette différence pourrait être due aux
espèces végétales qui composent la formation
végétale du site. Ainsi l'association des espèces
végétales environnantes avec les rendements des étangs est
représentée sur le plan factoriel (figure 22) obtenu à
partir d'une analyse factorielle des composantes multiples. Il faut noter que
seules les espèces à forte représentativité
(Tableau IV) ont été retenues pour ce test et sont
considérées comme variables actives. En plus des espèces,
nous avons utilisé trois autres variables prises comme variables
illustratives à savoir le couvert végétal, la
dénivelée et le rendement
NB: Les variables actives sont celles qui
décrivent objectivement les individus (étangs) et contribuent
à la construction des facteurs ou axes. Par ailleurs, seules les
modalités bien représentées sont prises en
considération. Les variables illustratives ou supplémentaires
aident à l'interpréter sans participer à la construction
des facteurs ou axes. Leurs modalités justifient le regroupement ou la
dispersion des modalités actives.
Le poids de contribution des facteurs 1 et 2 (40,64 %) dans
l'analyse ainsi que la rupture observée dans le diagramme des valeurs
propres après les deux premières barres (Annexe 4) suggère
leur choix pour la représentation graphique. Les espèces
(modalités actives) sont des carrés et le rendement,
dénivelée et couvert végétal (modalités
illustratives) sont des ronds. Les individus (étangs) n'ont pas
été activés parce qu'ils sont nombreux et rend touffue la
figure. Pourtant leur regroupe n'a pas d'importance dans
l'interprétation de l'interaction. Seule l'interaction entre les
variables était importante.
Remarque: 2 veux dire présence de l'espèce et 1
veut dire son absence
Figure 22: Plan factoriel de la répartition des
espèces végétales autour des rendements
Pour l'interprétation, il faut noter que les facteurs 1 et
2 traduisent l'association ou l'opposition possible entre les modalités
selon le positionnement de ces derniers par rapport aux facteurs (axes).
L'interprétation de ce plan se fait suivant les différents
facteurs ou axes. Premier facteur:
Sur le facteur 1, du côté négatif les
espèces Mitragyna sp (Mit), Myrianthus arboreus (Myr),
Raphia mambileinsis (Ra), Mimosa sp (Mim), Dryopteris
filix(Dry) et Scleria racemosa (Scl) trouvées sous couvert
forestier sont associées au dénivelée élevée
et aux rendements supérieurs à 200kg/100m2. Ce groupe
est opposé aux espèces Anthocleista microphila (E01),
Vitex ferruginea (Vit), Setaria barbata (Set) et
Acroceras amplectens (Acr)
trouvées sous les autres types de couvert et
associées aux dénivelée faible ou moyenne
ainsique les rendements inférieur à 200
kg/100m2qu'on retrouve sur le côté positif du
facteur.
Le facteur 1 marque donc une opposition entre les
étangs situés sous couvert forestier et à forte
dénivelée, ayant un rendement supérieur à
200kg/100m2 avec dans les environs les espèces Mitragyna
sp, Myrianthus arboreus, Raphia mambileinsis, Alchornea cordifolia, Mimosa
sp, Dryopteris filix et Scleria racemosa; et les
étangs à dénivelée faible ou moyenne des autres
couverts, ayant un rendement = 200 kg/100m2 avec les espèces
Anthocleista microphila, Vitex ferruginea, Setaria barbata et
Acroceras amplectens.
Deuxième facteur
Sur le facteur 2 et diagonalement, du
côté négatif les espèces Mitragyna sp (Mit),
Mimosa sp (Mim), Scleria racemosa (Scl) et Dryopteris filix (Dry)
trouvées sous couvert forestier sont associées au
dénivelée élevée et aux rendements
supérieurs à 200kg/100m2. Ce groupe est opposé
à l'espèce Setaria barbata (Ste) trouvée
dans les prairies et la plantation de caféier associée aux
rendements =200 kg/100m2 qu'on retrouve sur le côté
positif du facteur.
Le facteur 2 marque donc l'opposition des étangs
situés sous couvert forestier ayant dans les environs les espèces
Mitragyna sp, Mimosa sp, Dryopteris filix
et Scleria racemosa, et ayant un rendement supérieur à
200 kg/100m2 et les étangs situés dans les prairies et
la plantation de caféier ayant un rendement =200 kg/100m2
avec pour espèce caractéristique Setaria barbata.
Nous retenons que les meilleurs rendements s'obtiennent dans
les étangs situés sous couvert forestier et ayant dans les
environs les espèces Mitragyna sp, Myrianthus arboreus, Mimosa
sp, fougère, Raphia mambileinsis, et Scleria racemosa.
Ces espèces ont la particularité de pousser sur les sols
humides en permanence. D'où leur association à la forte
dénivelée qui marque un volume important d'eau pour un
séjour prolongé dans le site. De ce fait on peut
considérer ces espèces comme indicateur d'hydrologie pour un
site. Ceci renforce l'idée selon laquelle la hauteur d'eau
associée à son séjour dans le site serait le
paramètre essentiel de la production des étangs. Bien que ces
espèces soient très feuillues et produisent beaucoup de fruits
surtout le teck sauvage, leur contribution à l'alimentation des poissons
ne serait que secondaire et reste à démontrer.
En conclusion on peut admettre l'hypothèse selon
laquelle la production d'un étang serait fonction des conditions
hydrologiques du site et de sa formation végétale. Les
espèces végétales bien que contribuant dans
l'alimentation, sont considérées comme des bons indicateurs de la
permanence de l'eau dans les sites.
Pour analyser les facteurs influençant la production
piscicole des étangs d'inondation de la plaine des Mbô, une
investigation sur la caractérisation des sites ainsi que sur le
fonctionnement des étangs d'inondation et la relation qui existe entre
la production et l'environnement des sites a été menée.
Malgré les difficultés rencontrées telle que l'inondation
précoce des sites, les objectifs ont été atteints.
Cette étude nous a permis de distinguer 12 sites des
étangs d'inondation dans l'arrondissement de Santchou. Ces sites sont
inondés par les eaux de la Ménoua, du Nkam ou d'un ruisseau. Ils
sont situés sous quatre types de formation végétale
(Forêt, prairie plantation sur bas fond et champ de culture).
Les étangs sont des étangs sur nappe
phréatique dont la mise en charge en poissons est faite à 100%
par les eaux d'inondation. Les étangs étant inondés
pendant au moins 8 mois, les pisciculteurs ont au maximum 4 mois par an pour
toutes leurs activités qui sont: l'aménagement des étangs,
la vidange, la pêche, le curage, la construction des abris pour poissons
et quelque fois l'alimentation. Ces étangs sont de petite taille
(superficie et profondeur moyenne 39,74m2 et 1,67m respectivement),
sans canal d'amenée, ni canal de vidange avec des rendements très
élevés (414,68 kg/100m2 en moyen).
Les facteurs qui influencent la production piscicole des
étangs sont: le nombre d'abris pour poissons dans l'étang, le
couvert végétal et les conditions hydrologiques (volume d'eau) du
site où se trouve l'étang. Les espèces
végétales telles que: le teck sauvage (Mitragyna sp),
l'ékoué (Myrianthus arboreus), le kouekecan
(Mimosa sp), la fougère (Dryopteris filix), le bambou
(Raphia mambileinsis) et l'elenlen (Scleria racemosa) dont
certaines sont prises en compte par les pisciculteurs lors de
l'aménagement des étangs, seraient des espèces
indicatrices de l'hydrologiques des sites. Leur contribution à
l'alimentation des poissons ne serait que secondaire et reste à
démontrer.
Au vue de ces résultats, on peut accepter les
hypothèses selon lesquelles les sites sont caractérisés
par leur environnement immédiat et que la production d'un étangs
dépendrait de l'environnement végétal des sites et des
conditions hydrologiques du cours d'eau qui l'inonde.
Pour le développement de cette pisciculture qui met en
exergue un savoir-faire local, bien des choses peuvent encore être
faites. De ce fait, nous recommandons:
Aux chercheurs:
> De mener une étude plus approfondie sur
l'écologie de ces plans d'eau.
> D'étudier le régime alimentaire ainsi que
l'éthologie des poissons (Clarias sp) récoltés
dans cet environnement;
Aux producteurs:
> De réhabiliter d'autres étangs afin
d'augmenter la surface exploitable. Les difficultés liées
à la main d'oeuvre peuvent être contournées par une
organisation des pisciculteurs autour d'un groupe. En effet, l'importance du
groupe se situe au niveau de la circulation facile des informations, des
échanges d'expériences entre les paysans, de la valorisation de
la main d'oeuvre du groupe pour les différentes activités et
surtout de l'acquisition facile d'équipements tels que la motopompe, les
filets/épuisettes etc.
> De protéger les couverts forestiers car ils assurent
les meilleurs productions des étangs.
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