INTRODUCTION GENERALE
La protection de l'environnement est une préoccupation
assez récente au Cameroun. Les trois premières décennies
post coloniales n'accordèrent pas une grande considération
à la protection de l'environnement. L'intégration de la
protection de l'environnement dans la politique de développement
camerounaise est tributaire des Conventions multilatérales,
régionales et sous régionales relatives aux problèmes de
la protection de l'environnement ratifiées par le Cameroun.
Du 5 au 16 juin 1972, le Cameroun participe à la
première Conférence de Stockholm sur l'environnement. Au cours de
cette Conférence les Etats, parmi lesquels le Cameroun, adoptent «
une conception commune et des principes communs qui inspireront et
guideront
1
les efforts des peuples du monde en vue de préserver
et d'améliorer l'environnement ». C'est
dans cet esprit que les Etats africains membres du l'Union
Africaine énoncent par le biais de la Charte Africaine des Droits de
l'Homme et des Peuples du 27 juin 1981 que « tous les peuples ont
droit à un environnement satisfaisant et global, propice à leur
développement »2. Le Cameroun est aussi
présent au Sommet « Planète Terre » qui s'est
tenu à Rio de Janeiro au Brésil, du 3 au 14 juin 1992. Le
Cameroun, comme les autres Etats présents, s'y est engagé
à renforcer au niveau national les mécanismes et les actions
permettant une protection de l'environnement et une gestion rationnelle des
ressources naturelles pour un développement durable. Cet engagement
s'est fait par l'adoption de plusieurs textes.
Le 19 octobre 1994, le Cameroun consolide sa lutte pour la
protection de l'environnement et la promotion du développement durable
en ratifiant la CCNUCC qui impose au Cameroun de stabiliser les concentrations
des GES dans l'atmosphère à un niveau qui préviendrait
l'interférence dangereuse anthropique avec le système climatique
tout en promouvant un développement économique qui répond
aux exigences de la lutte contre la pauvreté et le sous
développement. La mise en oeuvre de la CCNUCC au niveau national
s'illustre par l'adoption de la loi N° 96/12 du 5 août 1996 portant
loi-cadre relative à la gestion de l'environnement. Le 23 juillet 2002,
le Cameroun ratifie le Protocole de Kyoto qui institue le MDP. Au cours de
cette étude, il sera question d'aborder la mise en oeuvre du MDP au
Cameroun. Cette mise en oeuvre sera analysée par le biais du projet MDP
élaboré par l'entreprise HYSACAM.
1 Déclaration finale de la Conférence
des Nations Unies sur l'environnement,
http://www.unep.org/Documents.
(Consulté le 05 À 05 À 2010).
2 Article 24 de la Charte Africaine des Droits de
l'Homme et des Peuples du 27 juin 1981.
Avant d'aborder le sujet, il est nécessaire de planter
le décor de l'analyse en faisant mention du contexte de l'étude,
tout en examinant l'intérêt du sujet qui répondra à
la question qui est celle de l'actualité du MDP au Cameroun, la
problématique et les hypothèses qui fixeront les canevas
d'étude. Ensuite, il sera question d'aborder la revue de
littérature, la méthodologie adoptée dans le cadre de
l'analyse pour enfin annoncer le plan du travail.
I- Contexte de l'étude
En 1995, le Cameroun effectue des études d'inventaires
des GES dans les secteurs de l'énergie, de l'industrie, de l'agriculture
et l'utilisation des terres et des déchets, suite à son
adhésion en 1994 à la CCNUCC. Ces études ont
été possibles grâce à l'appui financier du SEI. En
1997, le Cameroun prépare sa CNI avec le soutien financier du FEM. Ces
études ont permis au Cameroun d'effectuer de manière
concrète d'une part des études d'impacts et d'adaptation dans les
zones ayant une écologie fragile telles que les zones
soudanosahéliennes et côtières et d'autre part, des
études d'inventaires et d'atténuation dans les secteurs des
forêts, d'utilisation des terres, de l'agriculture, de l'élevage,
de l'énergie, de l'industrie et des déchets.
3
Ces études ont été réalisées
par des consultants nationaux. Ces travaux ont été repris
par le Ministère de l'Environnement et des
Forêts4 qui par le biais d'une équipe d'experts a
rédigé la CNI du Cameroun. Ces travaux ont été
faits sous la supervision du Chef de la Division des Programmes et du
Développement Durable du Ministère de l'Environnement et des
Forêts. Ces travaux constituent la participation du Cameroun à la
lutte contre les changements climatiques dans le cadre de la CCNUCC. La CNI
renferme des stratégies de réponse, les perspectives d'actions
pour contribuer à l'atténuation de la croissance des GES. Dans le
secteur des déchets, trois options ont été
identifiées :
a) récupération du biogaz de la décharge,
la collecte avec tri,
b) compostage des déchets organiques en vue de
l'obtention d'un amendement organique,
c) collecte et mise en réacteur biologique avec
l'obtention de méthane et éventuellement d'amendement organique
(méthanisation en réacteur)5.
3 Ministère de l'environnement et de la
forêt, CNI du Cameroun, 1997, p.2.
4 Actuellement Ministère de l'Environnement et
de la Nature.
5 Ministère de l'environnement et de la
forêt, Op. Cit., p.73.
II- Délimitation de l'étude
Dans le souci de mener à bien cette étude, il est
nécessaire de procéder à une délimitation tant
spatiale, temporelle que matérielle.
A- Délimitation spatiale
Le cadre géographique concerné par cette
étude est la décharge de Nkolfoulou encore appelée Centre
de Stockage des Déchets. Cette décharge est mise en
activité par l'entreprise HYSACAM chargée de l'assainissement de
la ville de Yaoundé sur la base d'un contrat signé avec la CUY.
Elle est située à Nkolfoulou I, Département de la Mefou et
Afamba à 10 Kilomètre au Nord-Ouest de Yaoundé, la
capitale politique du Cameroun.
B- Délimitation matérielle
La délimitation matérielle prendra en compte le
Droit international de l'environnement et le Droit International des Droits de
l'Homme. Ces branches du Droit international permettront d'énoncer les
normes environnementales qui régissent la mise en oeuvre du MDP et
l'impact de cette mise en oeuvre dans la garantie et le respect de ses droits
de l'Homme. De manière concrète, il est question d'énoncer
les retombées du projet MDP de l'entreprise HYSACAM sur les populations
de Yaoundé en particulier et sur le globe terrestre en
général.
C- Délimitation temporelle
En ce qui concerne la délimitation temporelle de cette
analyse, l'on établira comme ligne de base l'année 1994 qui
marque l'entrée en vigueur de la CCNUCC dans l'arsenal juridique
camerounais et le début de l'élaboration des mesures pour faire
face aux changements climatiques sur le plan national et international.
III- Définition des concepts
Dans le cadre de cette étude, deux concepts sont mis en
exergue et nécessitent d'être définis. Il s'agit de :
- la mise en oeuvre
- le MDP
1- La mise en oeuvre
« La mise en oeuvre » dans un cadre juridique,
pourrait être présentée comme l'application à des
situations concrètes ou la réalisation d'une théorie ou
d'une règle de
6
droit.. Dans le cadre de cette étude, il est question de
l'application du MDP institué par le
Protocole de Kyoto du 11 décembre 1997. Selon
François Terré, la mise en oeuvre ou l'application
dépend de plusieurs conditions parmi lesquelles l'on retrouve la
communication
7
de la connaissance. Ngwanza Owona Janvier va plus dans les
détails en énonçant qu'une
mise en oeuvre de la règle de droit ou d'une
théorie se fait à travers l'adoption des lois et la mise en
place des mécanismes garantissant l'effectivité et
l'efficacité du droit ou de cette
8
théorie dans le temps et l'espace.
2- Le MDP
Selon la stipulation de l'article 12 du Protocole de Kyoto du 11
décembre 1997, « 1. Il est établi un mécanisme
pour un développement «propre».
2. L'objet du mécanisme pour un
développement «propre» est d'aider les Parties ne figurant pas
à l'annexe I à parvenir à un développement durable
ainsi qu'à contribuer à l'objectif ultime de la Convention, et
d'aider les Parties visées à l'annexe I à remplir leurs
engagements chiffrés de limitation et de réduction de leurs
émissions prévus à l'article 3. »
Le MDP est un mécanisme qui permet aux pays
dotés d'un objectif fixé par le Protocole de Kyoto d'investir
dans des projets qui réduisent les émissions de GES des Pays en
développement9. Le MDP est présenté comme
« un atout considérable pouvant favoriser la
10
coopération internationale autour de projets concrets
de développement durable ». Selon
Alain Karsenty, le MDP s'apparente au mécanisme de la
Mise en OEuvre Conjointe, un autre mécanisme de flexibilité du
Protocole de Kyoto, en ce qu'ils visent tous deux la réduction des
6 François Terré, Introduction
générale au droit, Dalloz, 6e éd., 2003,
p. 378.
7 Idem.
8Janvier Ngwanza Owona, La mise en oeuvre de la
Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques au
Cameroun, Mémoire de fin d'étude en vue de l'obtention du
Master en Droits de l'Homme et Action humanitaire, soutenu le 25 mai 2009, pp 5
À 6.
9 Programme des Nations Unies pour le
développement, Rapport Mondial sur le développement humain, 2007
À 2008, p.1229.
10 Organisation Internationale de la Francophonie, « Le
mécanisme pour un développement propre, un partenariat
opérationnel en vue de soutenir le développement durable dans
l'espace francophone », l'Initiative Francophone de Partenariat dans
le domaine du MOP, Institut de l'énergie et de l'environnement de
la Francophonie, p.5.
GES et donnent lieu à des transferts de fonds ou de
technologies entre des pays. Toutefois, la différence est visible
lorsque le MDP fonde ses opérations ou sa mise en oeuvre sur le
développement contrairement au Mécanisme de Mise en OEuvre
Conjointe qui vise essentiellement le respect des engagements des Pays
développés ou des Firmes de l'Annexe I11 à moindre
coût12. Bakary Kanté voit en le MDP, l'application du
principe du pollueurÀ payeur, non seulement dans l'espace (entre pays),
mais aussi dans le temps (entre générations) sous l'aspect d'une
approche préventive dans le cadre de la CCNUCC13. Ainsi, il
est question de prévenir un mal que d'en guérir. « Le
MDP est le seul mécanisme parmi les mécanismes de
flexibilité à encourager une action préventive et qui
soutienne les actions menées par les pays
14
vulnérables pour s'adapter aux changements climatiques
».
En somme, le MDP est un instrument institué par le
Protocole de Kyoto favorisant la coopération sur la scène
internationale par des transferts de technologies tout en visant la
réduction des GES et le développement durable dans les Pays en
développement.
IV- L'intérêt de l'étude
L'intérêt de l'étude de la mise en oeuvre
du MDP au Cameroun : cas du projet d'HYSACAM est à la fois
scientifique et social.
a- l'intérêt scientifique
Le réchauffement de la planète est un
défi qui suscite l'intérêt de plusieurs entités sur
la scène internationale, régionale et méme nationale.
Cette étude s'inscrit dans un contexte oÜles
négociations sur la mise en oeuvre du MDP ont été
marquées par des doutes quant à l'opérationnalité
dudit mécanisme parallèlement à la préservation des
objectifs du
15
développement économique. Autrement dit, «
il s'agit de concilier le droit des Etats au
11 Les pays cités à l'Annexe I
comprennent 39 Pays industrialisés et les Pays «en transition vers
l'économie de marché qui ne sont pas engagés à des
réductions chiffrées de leurs émissions de GES. Les autres
pays, qui ne figurent pas à l'Annexe I sont en voie de
développement.
12 Alain Karsenty, « le Mécanisme pour
un développement propre et les forêts » in Bois et
Forêts des tropiques N°261 (3), 1999, p.80.
13 Bakary Kanté, « Du Protocole de
Kyoto au développement durable» in Liaison Energie - Francophone N*
43, 2e trimestre 1999, p.2.
14 Bakary Kanté, Op. Cit., p.4.
15 Sandrine Mathy, «Le Mécanisme pour
un développement propre: à la recherche d'une synergie entre
environnement et développement» in Liaison Energie À
Francophonie N* 66 À 67, 1er et 2e Trimestres
2005, p. 136.
plein développement de leurs possibilités
[...] avec le droit de tous les Etats à la sauvegarde de leur
environnement »16. Cette étude se donne ainsi pour
mission d'analyser la mise en oeuvre du premier projet MDP qu'accueille le
Cameroun. Il s'agit d'énoncer si la mise en oeuvre du MDP répond
aux critères fixés par le Protocole de Kyoto. Cette analyse
évaluera ainsi la faisabilité du MDP au Cameroun tel qu'attendu
par les rédacteurs du Protocole de Kyoto.
b- l'intérêt social
Sur le plan social, il s'agit de savoir si le Projet MDP de
l'entreprise HYSACAM est une solution aux problèmes de santé
publique en rapport avec l'assainissement du milieu des populations locales et
aux problèmes de pauvreté de ces dernières.
V- La revue de la littérature
Selon Christophe Euzet, la problématique de la
protection de l'environnement est une des problématiques majeures du XXe
siècle sur la scène internationale. Cette préoccupation
est née de la prise de conscience des effets nocifs de l'activité
humaine sur l'écosystème terrestre. C'est dans la perspective de
trouver « [...] un remède aux problèmes
écologiques et épidémiologiques posés par
l'industrialisation de la planète » que les Etats se
réunissent dans le cadre des Conférences (Rio, Stockholm) pour
établir des principes programmateurs et incitatifs ayant pour objectif
de « [...] de combattre la pollution, protéger l'environnement
et les espèces animales et à promouvoir la coopération
entre Etats »17. Christophe Euzet pose par ses
affirmations la pertinence de la question de la protection de l'environnement
en ce XXIe siècle. Il pose ainsi le problème de
l'industrialisation de la planète qui porte atteinte à
l'équilibre naturel de la terre et le souci d'une coopération
entre Etats. Toutefois, Christophe Euzet ne s'engage pas dans une analyse
approfondie de la question de la protection de l'environnement. Il aborde la
question de manière globale.
Face à la question de la protection de l'environnement,
Bernard Louis Balthazard qualifie « d'enjeu fragile » la
protection de l'environnement lorsque cet enjeu est confronté aux
besoins de développement économique. Il s'agit de joindre dans un
concept la prudence écologique et l'efficacité économique.
Le concept le plus adapté à la question posée a
été
16 Sous la direction de Sandrine Maljean À
Dubois et Rostane Mehdi, Les Nations Unies et la protection de
l'environnement : la promotion d'un développement durable, Actes du
colloque d'Aix en Provence, 15 et 16 janvier 1999, Paris, A. Pedone, 1999, p.
7.
17 Christophe Euzet, Relation internationales,
Collection Tout le droit, Ellipses, avril 2004, pp 114 À 115.
celui du développement durable. Le droit du
développement durable exprime le souci d'intégrer les concepts de
protection de l'environnement dans l'ensemble des pratiques du
développement économique et social. Il est institué dans
le cadre de la Déclaration de Rio en 1992 et l'Agenda 21. Bernard Louis
Balthazard présente le droit du développement durable comme une
stratégie visant à mettre fin à la
détérioration de l'environnement. Il résume le concept du
développement en ces mots : « un concept qui concilie
développement économique, équité sociale,
protection de l'environnement et culturel »18. L'analyse
de cet auteur est enrichissante en ce sens qu'elle ajoute au concept de
développement durable l'aspect social et culturel en plus des aspects
écologique et économique. Toutefois, l'auteur est limité
dans son analyse par la nature incitative et non contraignante des concepts
qu'il analyse.
En vue d'établir un fondement juridique des principes
et concepts adoptés dans la Déclaration de Rio de 1992, Laurence
Tubiana décèle la transcription du principe de précaution
dans plusieurs Conventions internationales. La CCNUCC est ainsi
présentée comme l'instrument juridique dans lequel «
[...] la notion de précaution a été le plus
débattue et les tentatives de mise en pratique les plus abouties
»19. Ceci s'illustre par l'entrée en vigueur du
Protocole de Kyoto qui comprend plusieurs mécanismes d'allègement
des coûts des réductions, parmi lesquels le MDP. Par cette
analyse, Laurence Tubiana fait ressortir l'aspect contraignant qu'apportent la
CCNUCC et le Protocole de Kyoto dans la protection de l'espace aérien et
atmosphérique. Il ne s'agit plus simplement de principes programmateurs
et incitatifs, mais aussi d'engagements qui lient les Etats Parties à la
CCNUCC. Toutefois, l'analyse de Laurence Tubiana ne s'étend pas
au-delà des exigences d'exécution des textes ratifiés.
Benjamin Dessus et al. mettent l'accent sur la mise en oeuvre
de la CCNUCC, le Protocole de Kyoto et les priorités de
développement des pays visés par les projets MDP. Les actes de
financement des projets MDP doivent être compatibles aux priorités
de développement des pays hôtes desdits projets. C'est ainsi que
trois priorités majeures ont été énoncées
:
- la sécurité alimentaire
- la sécurité énergétique
18 Bernard Louis Balthazard, le
développement durable face à la puissance publique,
L'Harmattan, décembre 2001, pp 88 À 89.
19 Laurence Tubiana, Le Protocole de Kyoto: mise
en oeuvre et implication, Strasbourg : Presses Universitaires de
Strasbourg, Coll. De l'Université Robert Schuman, 2003, pp. 22 À
26.
- l'amélioration de la qualité de vie et de
l'habitat qui implique « l'accès des populations à un
certain nombre de produits et de services de base »20.
Benjamin Dessus et al. apportent plus de lumière dans
cette étude en énonçant ces priorités de
développement des pays africains. Ces priorités sont par
déduction celles du Cameroun, ce dernier étant un pays
africain.
VI- La problématique
Le projet MDP de l'entreprise HYSACAM est la première
application du MDP au Cameroun. Il est une traduction de l'effectivité
du MDP au Cameroun. Toutefois, l'existence de ce projet ne saurait masquer les
difficultés, les lacunes et la complexité de la mise en oeuvre du
MDP au Cameroun. Car beaucoup d'autres projets MDP développés
n'ont pas abouti à ce jour. Le projet MDP de l'Entreprise HYSACAM, est-
il un modèle de réalisation du MDP au Cameroun ? Peut-il
contribuer à l'atténuation du changement climatique et au
développement durable tel que prescrit par le Protocole de Kyoto ?
VII- Hypothèse
Le projet MDP de l'entreprise HYSACAM contribue au
développement durable du Cameroun et à l'atténuation du
changement climatique sur le plan global.
VIII- Le cadre méthodologique
L'élaboration de cette étude s'est faite sur la
base d'une technique de recherche et des méthodes d'analyse.
A- Les méthodes d'analyse
Dans l'élaboration de cette étude, il est
nécessaire de déterminer les différents outils d'analyse
qui seront employés dans le but de produire un travail qui répond
aux exigences académiques. Ainsi, dans le cadre de cette étude,
il sera question d'employer la méthode juridique associée
à la méthode stratégique.
20 Benjamin Dessus, Jean-Philippe Thomas, Kenya
Tillerson, « MDP et priorités du développement en Afrique
» in Liaison Energie À Francophone N° 43, 2e
trimestre 1999, pp 20 À 21.
1- La méthode juridique
Selon Maurice Kamto, le droit possède le statut de
moteur des politiques nationales, en ce sens qu'au-delà des
chapelles scientifiques, le droit facilite l'intégration des
donnes exogènes nécessaires à la
formation d'un cadre juridique idoine. Ainsi, il est question de prendre en
considération les différents concepts encadrés par le
droit par une lecture analytique des textes et les conditions de leur
édition. La référence est faite ici à
l'étude du droit écrit positif qui mènera cette analyse
à s'appesantir sur le sens des conventions, des protocoles, des lois
nationales et des textes d'application. Dans le souci de ne pas mener une
étude qui se limite à la sémantique des textes juridiques,
la méthode téléologique sera l'un des outils d'analyse
dans le cadre de cette étude. Il s'agit de mener une analyse de l'esprit
et du but des textes juridiques afin de déterminer les objectifs
fixés par les rédacteurs desdits textes et les résultats
attendus de l'application de ces textes. Ceci permettra d'émettre des
propositions suite à la découverte des limites ou des zones
d'ombre des textes juridiques étudiés. Toutefois, les textes
juridiques montrent leurs limites en donnant « des définitions
partielles ou limitées à un objet précis
»21, d'où la nécessité de combiner la
méthode juridique avec d'autres méthodes d'analyse, en
l'occurrence la méthode stratégique.
2- La méthode stratégique
La méthode stratégique est une méthode,
à l'origine, propre au cadre militaire. Toutefois, l'usage de cette
méthode d'analyse a connu une évolution et elle est actuellement
utilisée dans différents secteurs tel que le Management. C'est
par la vision que se fait cette discipline de la stratégie que l'on
abordera l'objet de cette étude.
Selon André-Marie Ndongo, la stratégie se
définie comme « la combinaison de voies et moyens en termes
d'actions à mener, nécessaires pour atteindre une cible
»22. L'analyse stratégique serait donc une
méthode de pensée permettant de classer les
éléments, puis de choisir les procédés les plus
efficaces pour parvenir à l'objectif visé23.
L'analyse stratégique permettra dans le cadre de cette
étude de déterminer l'ensemble des moyens mis en oeuvre par
l'entreprise HYSACAM pour la réalisation du projet
élaboré
21 Maurice Kamto, Droit de l'environnement en
Afrique, Universités Francophones, EDICEF, 1996, p. 18.
22 Cours dispensé dans le cadre du Master en
stratégie, défense et gestion des catastrophes, FSJP,
Université de Yaoundé II Soa, année académique 2009
À 2010.
23 Christian Hochmann, « Initiation à la
stratégie d'entreprise »,
http://chohmann.free.fr/strategie1.htm.
(Consulté le 6 mars 2010).
dans le cadre du MDP, tout en examinant sur le plan interne de
ce mécanisme, ses forces et ses faiblesses et sur le plan externe les
opportunités et les menaces qu'il apporte ou qu'il est susceptible
d'apporter.
B- Les techniques de recherche
Deux techniques ont permis la réalisation de cette
analyse, la collecte des données et la recherche documentaire.
1- la collecte des données
La collecte des données dans le cadre de
l'élaboration de cette étude s'est faite en deux temps. Il s'agit
notamment de la consultation des experts en la matière du MDP et de la
consultation des documents qui ont fait du MDP leur centre
d'intérêt. C'est ainsi que plusieurs entretiens ont eu lieu, dans
un premier temps avec le Point focal camerounais, membre du CN-MDP, dans un
second temps, avec un expert associé auprès du Ministère
de l'Environnement et de la protection de la nature pour le montage de projet
répondant aux critères du MDP, qui est par ailleurs le
coordonnateur de l'ONG, Environnement Recherche Action et enseignant à
l'Ecole Polytechnique de Yaoundé et des responsables de la mise en
oeuvre du MDP au sein de l'entreprise HYSACAM.
2- La recherche documentaire
Les théories et les analyses documentées feront
aussi figures de source dans le cadre de cette analyse, dans le but d'apporter
une interprétation objective des différentes analyses existant
sur le sujet. Il sera fait référence aux textes juridiques,
ouvrages et articles publiés et aux éditions quotidiennes.
IX- Annonce et justification du plan
Dans le souci d'étayer l'hypothèse sus
mentionnée, la nomenclature de cette étude se fera en deux
parties constituées de deux chapitres chacune. La première partie
portera sur l'élaboration du projet MDP de l'entreprise HYSACAM. Il sera
question d'énoncer les bases juridiques du projet tout en faisant
mention des accords de partenariat que ce dernier
implique. Quant à la deuxième partie, il s'agira de
présenter la réalisation dudit projet et son impact sur le plan
global et local ce qui permettra de procéder à l'analyse de sa
faisabilité.
Première partie : L'élaboration du projet
MDP de récupération du biogaz de la décharge
contrôlée de Nkolfoulou
L'élaboration du projet de récupération
du biogaz de la décharge de Nkolfoulou a été faite sur la
base de textes juridiques internationaux et nationaux. Ce qui a donné
lieu à l'établissement de coopérations entre plusieurs
entités économiques de nationalités différentes.
Chapitre I : Le cadre juridique du projet de
récupération du biogaz de la
décharge contrôlée de Nkolfoulou
Le Cameroun s'est engagé par la ratification de la
CCNUCC de 1992 et de son Protocole de 1997, à protéger
l'environnement par la mise en oeuvre du MDP. Cette dernière prend appui
au Cameroun sur plusieurs éléments. D'une part, les normes
internationales et internes, et l'intervention de plusieurs acteurs dans la
mise en oeuvre du MDP d'autre part.
Section I : la normativité environnementale au
Cameroun
Selon la règle générale du droit, il existe
une hiérarchisation des normes qui accorde une place aux traités
et accords internationaux « au-dessous de la Constitution, à
laquelle ils
24
ne doivent pas être contraires, au-dessus des lois, qui
doivent leur être conformes ». La
norme environnementale camerounaise n'échappe pas à
cette règle de droit.
Paragraphe I : Les normes internationales
environnementales applicables au Cameroun
Dans le cadre de la protection de l'environnement
aérien et atmosphérique, Laurence Boisson de Chazournes et al.
citent la CCNUCC et le Protocole de Kyoto25. Dans le cadre de cette
étude, la CCNUCC de 1992 sera abordée comme source de normes
générales dans l'encadrement juridique du MDP, quant aux normes
spécifiques, le Protocole de Kyoto de 1997 sera la
référence.
A- Les normes générales : la CCNUCC de
1992
La CCNUCC est adoptée le 9 mai 1992 à New-York.
Elle entre en vigueur le 21 mars 1994. Elle énonce les engagements des
Pays développés envers les Pays en développement. Les Pays
développés sont classés en deux catégories : les
pays de l'Annexe I et de l'Annexe II. Il revient à ces Pays
développés Parties à la CCNUCC de «
préserver le système climatique dans l'intérêt des
générations futures, sur la base de l'équité et en
fonction de leurs responsabilités communes mais
différenciées et de leurs capacités respectives. Il
appartient
24 François Terré, Op. Cit, p. 210.
25 Laurence Boisson de Chazournes, Richard
Desgagné, Makane M. Mbengue, Cesare Romario, Protection
internationale de l'environnement, A. Pedone, décembre 2005, pp
394-415.
en conséquence, aux Pays développés
Parties d'être à l'avant-garde dans la lutte contre les
26
changements climatiques et leurs effets néfastes
". Cette obligation imposée aux Pays
développés Parties se fonde sur le fait que ces
derniers admettent que la « majeure partie des GES émis dans
le monde par le passé et à l'heure actuelle ont leur origine dans
les Pays
27
développés [...] ".
C'est sur la base de cette prise de conscience que la France
s'est engagée le 31 mai 2002 à assurer sa part de «
responsabilité commune mais différenciée
"28 par la ratification de la CCNUCC et le 25 mars 2005 par la
ratification du Protocole de Kyoto, pour limiter ses émissions de GES et
protéger ses puits de GES tout en maintenant une croissance
économique forte et durable.
Par ailleurs, l'article 4 (3) de la CCNUCC stipule que les
Pays développés Parties fournissent des ressources
financières nouvelles et additionnelles pour couvrir les coûts
encourus par les Pays en développement Partie du fait des inventaires
des émissions de GES effectuées par ces pays. Cette obligation
s'inscrit dans l'assistance financière apportée aux Pays en
développement vulnérables « aux effets néfastes
des changements climatiques [pour qu'ils puissent] faire face au coût de
leur adaptation auxdits effets ". Cette aide se concrétise par
« le développement et le renforcement des capacités
technologiques propres aux Pays en développement Parties ". Aussi,
« les autres Parties et organisations en mesure de le faire
29
peuvent également aider à faciliter le
transfert de ces technologies ". Toutefois, ces
transactions ne pourront se faire que sur certaines conditions.
Les Parties à la CCNUCC sont appelées à coopérer
à travers un système économique international «
porteur " et « ouvert ". C'est dans cette logique que des
mesures unilatérales sont interdites ou toutes activités qui
se
30
révéleraient être un obstacle à la
conduite de ces échanges commerciaux.
Dans le respect de ses engagements, la France s'est
constituée Pays de l'Annexe I pour aider les Pays en
développement à faire face aux coüts d'adaptation aux effets
néfastes du changement climatique. Ceci implique donc des contributions
financières, des contributions de nature scientifique par le transfert
des technologies dites propres et le renforcement des capacités par les
échanges d'informations et d'expertise en matière de protection
de
26 Article 3 (1) de la CCNUCC du 9 mai 1992.
27 Préambule de la CCNUCC du 9 mai 1992.
28 Article 3 (1) de la CCNUCC du 9 mai 1992.
29 Article 4 (5) de la CCNUCC du 9 mai 1992.
30 Article 3 (5) de la CCNUCC du 9 mai 1992.
l'environnement31. Il est toutefois important de
noter que les Pays en développement Parties ne s'acquitteront de leurs
engagements que si les Pays développés Parties respectent les
leurs, dans le cadre de l'approvisionnement des ressources financières
et le transfert de technologies avec pour objectifs principaux : le
développement économique et social et l'éradication de
la
pauvreté32. Il s'agit toutefois de
l'application de la règle de réciprocité : les engagements
des Pays développés énoncés précèdent
ceux des Pays en développement.
Dans le cadre de la CCNUCC de 1992, les Pays en
développement Parties ont l'obligation de coopérer le plus
possible et de participer à l'action internationale contre les
changements climatiques selon leurs « capacités et [leur]
situation sociale et économique » cette obligation incombe aux
Pays en développement en prenant compte du fait que « la part
des émissions totales imputables aux Pays en développement ira en
augmentant... » du fait de
leur nécessité de satisfaire leurs besoins
sociaux et de développement33. Ainsi, il s'agit de
prévenir l'émission des GES susceptibles d'être
causée par le développement économique des Pays en
développement Parties à la CCNUCC. Cette prévention
répond au respect du principe de précaution qui préconise
la prudence34.
Le Cameroun, dit Pays en développement, a
ratifié la CCNUCC le 19 octobre 1994. Par cette ratification, le
Cameroun s'est engagé dans la lutte contre les changements climatiques
menée sur la scène internationale pour l'humanité et pour
sa propre croissance économique. Dans l'élaboration du DSRP, le
Cameroun a axé sa politique sur la croissance
économique et la lutte contre la
pauvreté35. L'attention est ainsi accordée aux projets
qui lui permettent de contrôler et de réduire les émissions
de GES, tout en ayant un impact positif sur sa politique de
développement économique et social. Le Protocole de Kyoto du 11
décembre 1997 apporte des précisions dans ce sens.
B- les normes spécifiques : le Protocole de
Kyoto
Le Protocole de Kyoto est adopté le 11 décembre
1997 à Kyoto. Il entre en vigueur le 16 février 2005. Le
Protocole de Kyoto établit les bases juridiques pour une nouvelle
catégorie de coopération N/S avec pour priorité deux
cadres d'actions : le cadre
31 Article 13 (c) du Protocole de Kyoto du 11
décembre 1997.
32 Article 4 (7) de la CCNUCC. du 9 mai 1992.
33 Préambule de la CCNUCC du 9 mai 1992.
34 Nicolas de Sadeleer, Les principes du pollueur
- payeur, de prévention et de précaution, essai sur la
genèse et la portée juridique de quelques principes du droit de
l'environnement, Bruylant/AUF, 1999, pp. 224 À 225.
35 Ministère de l'Economie et des Finances,
DSRP du Cameroun, avril 2003, pp. 11 - 32.
environnemental dans la lutte menée pour réduire
les émissions de GES et le cadre économique pour le
développement économique et social des Pays en
développement Parties à la CCNUCC36.
Selon l'article 2 (3) du Protocole de Kyoto, il s'agit pour
les Pays de l'Annexe I de réduire au minimum les répercussions
négatives que pourraient subir les Pays en développement dans
leurs engagements dans la lutte contre les changements climatiques. Cette
coopération N/S est élaborée dans le cadre du MDP.
L'article 12 (2) du Protocole de Kyoto stipule que le MDP vise à
« aider les Parties ne figurant pas à l'Annexe I à
parvenir à un développement durable " et à «
aider les Parties à l'Annexe I à remplir leurs obligations
chiffrées de limitation et de réduction de leurs
émissions ". L'alinéa 3 de l'article 12 précise que
les Pays en développement bénéficient des
Réductions d'Emission Certifiées qui sont prises par les Parties
de l'Annexe I sous forme de crédits de carbone pour servir à
remplir une partie de leurs engagements de limitation et de réduction
d'émission de GES.
Il est important de noter que ces stipulations du Protocole de
Kyoto du 11 décembre 1997 sont particulières. Le Protocole de
Kyoto se distingue dans la sphère du droit de l'environnement par ses
stipulations contraignantes qu'il impose aux Parties à la CCNUCC. Ces
stipulations contraignantes lui permettent de sortir de la qualification que la
doctrine attribue généralement aux Conventions Internationales en
matière d'environnement qu'est la
37
« soft Law ". Le Protocole de Kyoto impose des
objectifs chiffrés à 5% au moins de
réduction d'émission de GES par rapport au
niveau de 1990 au cours de la période 2008 À 2012. C'est en
respectant cette obligation que la France, dans le cadre Communautaire
européen a fixé ses engagements chiffrés de
réduction de GES à au moins 20% d'ici 202038.
Par ailleurs, le Protocole de Kyoto reprend et institue le
Principe 7 de la Déclaration de Rio de 1992 sur l'environnement et le
développement qui porte sur une «
responsabilitécommune mais différenciée
» des pays selon l'état de leur développement.
L'implémentation d'autres Principes comme le Principe de
précaution est aussi présente par la promotion des technologies
dites « propres ", le Principe pollueur-payeur par l'institution
du marché de
39
carbone et celui d'un nouveau principe qu'est le « le
Principe de l'intégration ". Ce dernier
36 Sibi Bonfils, Faouzia Abdoulhalik, « Le
Mécanisme pour un Développement Propre (MDP) : Base d'un
Partenariat Nord À Sud pour le développement durable " in Liaison
Energie À Francophonie N* 66 À 67 À 1er et 2e
trimestre 2005, p. 142.
37 Caroline London, le Protocole de Kyoto, mise en
oeuvre et implication, Presses Universitaires de Strasbourg, Coll. De
l'Université Robert Schuman, 2003, pp. 55-62.
38 «Négociation À climat,
www.franceonu.org/spip.php?article3986.
(Consulté le 07 À 05 À 2010).
39 Caroline London, Op. Cit.
principe prévoit l'intégration des mesures
environnementales dans les secteurs de développement. Selon Sandrine
Maljean-Dubois et Rostane Mehdi, « le principe d'intégration
résume à lui seul toute la philosophie à la base du
concept de développement durable. [...] il rend parfaitement compte
[...] de la nature « carrefour » du concept de développement
durable permettant [...] d'introduire un élément de
cohérence conceptuelle dans les matières compartimentées
du droit international »40. Le Protocole de Kyoto
énonce les différents secteurs de développement
concernés, pour la mise en oeuvre des activités favorisant la
réduction des émissions de GES. Il s'agit principalement des
secteurs énergétiques, de l'agriculture durable, de la reforme
fiscale, du transport et de la gestion des déchets. Ce Principe
d'intégration va dans le méme sens que le Principe 4 de la
Déclaration de Rio qui prévoit l'intégration de la
protection de l'environnement dans le processus de développement. C'est
ainsi que des travaux ont été engagés pour réduire
l'émission des GES dans ces secteurs. C'est le cas de l'inventaire de
1997 effectué par le Cameroun.
Le Protocole de Kyoto considère dans ses stipulations
le conflit qui existe entre les impératifs de l'environnement et
d'autres besoins humains considérés comme prioritaires au sein
des Pays en développement. De manière concrète, il s'agit
de la croissance économique et de l'éradication de la
pauvreté. Considérant le fait que les mesures de riposte aux
changements climatiques impliquent les activités ayant une influence
profonde sur l'économie et les activités sociales des Pays en
développement, une influence susceptible de les rendre plus
vulnérables qu'ils ne le sont déjà, un mécanisme
financier a été institué. Le mécanisme financier a
pour but d'aider les Pays en développement à s'acquitter de leurs
obligations conventionnelles et à renforcer leurs capacités dans
le cadre de la protection de l'environnement. Il s'agit du Fonds Mondial pour
l'Environnement. Il est chargé d'assurer le fonctionnement du
Mécanisme financier de la CCNUCC. Ce Fonds est fourni par les Pays
développés pour couvrir la totalité des coüts
d'adaptation encouru par les Pays en développement. L'article 11 du
Protocole de Kyoto énonce que les ressources financières
allouées au Fonds Mondial de l'Environnement doivent être
nouvelles, additionnelles, adéquates et prévisibles. Le Fonds
Mondial pour l'Environnement est né suite à une proposition de la
France soutenue par l'Allemagne et d'autres pays lors d'une réunion du
Comité d'aide au développement de l'OCDE en 1989. Il a
été institué en 1990. L'administration du Fonds Mondial
pour l'Environnement est assurée par la Banque
40 Sous la direction de Sandrine Maljean À
Dubois et Rostane Mehdi, Les Nations Unies et la protection de
l'environnement : la promotion d'un développement durable, Op. Cit.
p. 24.
Mondiale, le PNUD et le PNUE41. Le MDP permet aux
Pays développés de bénéficier de la
Réduction d'Emission Certifiées au travers de projets
d'investissement menés dans les Pays en développement. En retour,
une part des fonds provenant d'activités certifiées doit
être utilisée pour couvrir les dépenses administratives et
aider les Pays en développement vulnérables aux effets
défavorables des changements climatiques à financer le
coût
42
d'adaptation. Pour le bon fonctionnement de ces transactions
entre Pays développés et Pays
en développement, ce processus doit être l'objet
de négociations équitables qui s'illustrent par une participation
volontaire des Pays en développement dans la lutte conte les changements
climatiques. Ainsi, le MDP est considéré comme un
mécanisme de financement permettant de renforcer les capacités
des Pays en développement dans le cadre de la protection de
l'environnement. Ce Mécanisme étant basé sur des projets
individuels, le bon fonctionnement de celui-ci dépend de la
coopération entre les Pays en développement et les Pays
43
développés.
Paragraphe 2 : Les normes internes
Dans le cadre de cette étude, l'on procèdera
à une classification des normes générales
énoncées par la Loi N° 96/12 du 5 août 1996 portant
loi-cadre relative à la gestion de l'environnement et les normes
spécifiques énoncées par le contrat liant l'entreprise
HYSACAM à la CUY.
A- Les normes générales : la Loi N°
96/12 du 5 août 1996 portant loi-cadre relative à la gestion de
l'environnement
En ratifiant la CCNUCC le 19 octobre 1994, le Cameroun y a
adhéré en tant que Pays en développement et à ce
titre, bénéficie des coüts d'adaptation climatiques des Pays
développés. Il s'agit d'aider les Pays en développement
à accéder à un meilleur rendement
énergétique tout en maîtrisant les émissions de GES
en appliquant des technologies nouvelles avantageuses sur le plan
économique et social. Il revient donc au Cameroun de créer une
atmosphère favorable à la lutte contre les changements
climatiques, en adoptant une
41 Gnangui Adon, Introduction au droit de
l'environnement en Afrique. Le cas de la Cote d'Ivoire, L'harmattan, 2009,
Paris, pp 84 À 85.
42 Article 12 (8) du Protocole de Kyoto du 11
décembre 1997.
43 Ruozi Zhang, «le Protocole de Kyoto et les
pays en développement» in Le Protocole de Kyoto : mise en
oeuvre et implications, Strasbourg : Presses Universitaires de Strasbourg,
Coll. De l'Universite Robert Schuman, pp 43- 46.
législation adéquate en mettant en place des
stratégies, des plans et des programmes ayant pour objectif la
préservation de l'environnement44. C'est dans cette logique
que l'Assemblée Nationale camerounaise a adopté la loi N°
96/12 du 5 août 1996 portant loi-cadre relative à la gestion de
l'environnement. Ce texte de loi a été renforcé par le
Décret N° 2005/117 du 14 avril 2005 portant organisation du
Ministère de l'environnement et de la protection de la nature,
modifié et complété par le Décret N° 2005/496
du 31 décembre 2005. Il serait important de mentionner que le
Président camerounais a annoncé en septembre 2007, lors de la
62ème Session de l'Assemblée Générale des Nations
Unies, la création d'un Observatoire des problèmes climatiques
dans les différentes politiques de développement du Cameroun.
Le Ministère de l'environnement et de la protection de
la nature, dans l'application de la Loi N° 96/12 du 5 août 1996
portant loi-cadre relative à la gestion de l'environnement, a
identifié des mesures de réduction des GES dans les secteurs de
l'énergie, de l'agriculture, de l'industrie, de l'utilisation des terres
et des déchets. L'identification des mesures de réduction des GES
dans ces domaines a pour objectif d'anticiper sur l'insuffisance de pluies, la
raréfaction des ressources en eau, la baisse de fertilité des
sols, l'augmentation de
45
l'évapotranspiration qui mettrait en péril
l'autosuffisance alimentaire nationale. C'est ainsi
que le 17 mars 2009, le Ministère de l'environnement et
de la protection de la nature, dans l'application de la Loi N° 96/12 du 5
août 1996 portant loi-cadre relative à la gestion de
l'environnement a validé un projet de récupération du
biogaz à la décharge contrôlée de Nkolfoulou. Par
cette validation, les mesures de réduction des GES dans le secteur des
déchets sont mises en oeuvre. Il s'agit de « l'ensemble des
opérations comprenant la collecte, le transport, le stockage et le
traitement nécessaire à la récupération des
matériaux utiles ou de l'énergie, à leur recyclage, ou
tout dépôt ou rejet sur les endroits appropriés de tout
autre
46
produits dans des conditions à éviter
les nuisances et la dégradation de l'environnement ».
Toutefois, ces mesures doivent s' « assurer que les
déchets sont gérés d'une manière
quigarantisse la protection de la santé humaine et de
l'environnement, contre les effets nuisibles
47
que peuvent avoir ces déchets ». L'article
43 de la loi dispose que « toute personne qui
produit ou détient des déchets doit en
assurer elle-meme l'élimination ou le recyclage, ou les faire
éliminer ou recycler auprès des installations
agréées par l'Administration chargée des
44 Article 3 de la Loi N° 96/12 du 5 août
1996 portant loi-cadre relative à la gestion de l'environnement.
45 Aimée Kamga, Roger Gatien Kouam Netcha,
«changement climatiques au Cameroun, processus d'une prise en compte dans
les politiques de développement»,
www.cota.be/spip/img/pdf/A.KamgaRGKouamNetcha_juillet2008pdf.
(Consulté le 31-12-2008).
46 Article 4 (j) de la Loi N° 96/12 du 5
août 1996 portant loi-cadre relative à la gestion de
l'environnement.
47 Article 4 (p) de la Loi N° 96/12 du 5
août 1996 portant loi-cadre relative à la gestion de
l'environnement.
établissements classés après avis
obligatoire de l'Administration chargée de l'environnement »
dans des conditions qui permettent « d'éliminer ou de
réduire leurs effets nocifs sur la santé de l'homme, des
ressources naturelles, la faune et la flore, et sur la
qualité48 de l'environnement en
général ». Il revient à la personne responsable
de la gestion des déchets d'informer le public sur « les effets
sur l'environnement et la santé publique des opérations de
production , de détention, d'élimination ou de recyclage des
déchets, sous réserve des règles de
confidentialité, ainsi que sur les mesures destinées à en
prévenir ou à en
49
compenser les effets préjudiciables ». La
technique de traitement des déchets actuellement
pratiquée au Cameroun est l'enfouissement50. Il
est du ressort des Collectivités territoriales
51
décentralisées d'assurer ou de garantir
l'élimination des déchets produits par les ménages.
La CUY a ainsi octroyé un contrat avec l'entreprise
HYSACAM en 1998 pour la gestion des déchets dans la ville de
Yaoundé. Ce contrat détermine les normes spécifiques.
B- Les normes spécifiques : l'acte juridique
passé entre HYSACAM et la CUY en 1998.
En août 1998, HYSACAM a repris la gestion des
déchets de la ville de Yaoundé. Cette responsabilité lui a
été conférée par la signature d'un contrat
d'exploitation avec la CUY52. Il est important de mentionner que ce
contrat a été élaboré avec l'appui de la Mission
française de coopération en termes d'assistance technique dans le
cadre de la maîtrise de l'ouvrage et de l'ingénierie,
De 1998 à 2007, trois contrats ont été
successivement signés entre la CUY et l'entreprise HYSACAM. Le dernier
en date est institué pour une période de cinq ans. Il va de 2007
À 201153. Les responsabilités énoncées
par le contrat qui incombent à l'entreprise HYSACAM dans le cadre de la
gestion des déchets sont définies dans le cahier des charges
élaboré suite à la signature du contrat d'exploitation qui
présente l'objet du marché, les dispositions administratives et
financières et les modalités d'exécution des travaux.
L'article 23 du contrat stipule qu' « avant que ne lui soit
délivré l'ordre de service prescrivant le
48 Article 42 de la Loi N° 96/12 du 5 août
1996 portant loi-cadre relative à la gestion de l'environnement.
49 Article 43 (1) de la Loi N° 96/12 du 5
août 1996 portant loi-cadre relative à la gestion de
l'environnement.
50 Article 51 de la Loi N° 96/12 du 5 août
1996 portant loi-cadre relative à la gestion de l'environnement.
51 Article 46 de la Loi N° 96/12 du 5 août
1996 portant loi-cadre relative à la gestion de l'environnement.
52 Conformément à la Loi N°
2004/018 du 22 juillet 2004 portant règles applicables aux Communes qui
repartit les compétences de la gestion des déchets
ménagers entre le Maire des Communes d'Arrondissement et la CUY.
53 Contrat N° 3027 contracté le 23 - 10
À 2007.
démarrage des travaux, l'entrepreneur élaborera
et soumettra pour approbation à l'administration, le cahier des charges
dans lequel seront définis :
- les rues, places et marchés à
balayer
- le circuit de collecte
- les emplacements des bacs à ordures
ménagères
- les horaires et fréquences de collecte et de
balayage
- l'organisation des travaux de traitement
- l'administration se réserve le droit d'apporter
ultérieurement des modifications sur ces circuits de collecte et ses
emplacements des bacs à ordures ; ces modifications entraineront la mise
à jour du cahier des charges qui sera chaque fois daté et
signé par l'ingénieur et par l'entrepreneur ». Il
ressort de cette stipulation que le cahier de charge constitue «
l'épine dorsale des engagements contractuels » de l'entreprise
HYSACAM54. Le cahier de charge précise aussi le type de
déchets qui relève du domaine de l'entreprise HYSACAM. L'on peut
citer :
- les déchets ordinaires
- les résidus et déchets ménagers en
provenance du nettoyage des voies et places publiques, ainsi que les
déchets ménagers des collectivités groupées sur des
emplacements déterminés ou contenus dans des
récipients.
- Les déchets provenant des établissements
artisanaux, petits commerces, bureaux et
administrations présentés dans les mêmes
conditions que les déchets ordinaires.
- Les déchets végétaux provenant de
l'élagage ou de la tonte effectuée dans les
concessions publiques ou privées.
La mise en décharge est la voie adoptée par le
Cameroun pour éliminer les déchets dans les centres urbains. Une
fois, mise en décharge, les matières organiques des ordures
55
ménagères fermentent en émettant du biogaz.
En réaction à l'inventaire des GES et des
mesures de réduction des GES dans le secteur des
déchets effectué par les chercheurs sous l'égide du
Ministère de l'Environnement et de la Forêt en 1995 et 1997,
l'entreprise HYSACAM s'est engagée dans l'élaboration d'un projet
de récupération du biogaz de la décharge
contrôlée et de la collecte avec tri et le compostage des
déchets organiques en vue de l'obtention d'un amendement organique, la
collecte et la mise en réacteur biologique pour l'obtention du
méthane : la méthanisation. Pour l'élaboration de ce
projet, l'entreprise
54 Service de coopération et d'action
culturelle CUY, Evaluation du ramassage des ordures ménagères
dans la ville de Yaoundé par HYSACAM, Agro À PME, Octobre
2000, p.14.
55 Un mélange de méthane et de gaz
carbonique qui a des répercussions nocives sur l'environnement.
HYSACAM s'est soumise aux normes imposées par les
institutions chargées de la mise en oeuvre du MDP.
Section 2 : L'institutionnalisation du MDP au
Cameroun
L'adhésion du Cameroun à la lutte contre les
changements climatiques lui impose dans le respect de ses obligations la mise
en place d'une AND. Cette obligation trouve son fondement sur la
Décision 17/CP7 de la CdP tenue au Maroc en 2001. D'où la mise
sur pied des organes chargés de valider les projets MDP et les
procédures qui s'en suivent.
Paragraphe 1 : les organes de
fonctionnement (Vus de l'intérieur, présentation de
l'institution)
Les organes de fonctionnement et leurs fonctions sont
énoncés par la Décision N° 00009/MINEPN/CAB du 16
janvier 2006 portant création, organisation et fonctionnement du CN-MDP
au Cameroun.
A- Les organes de fonctionnement de l'AND-MDP
L'AND-MDP, encore appelée le CN-MDP est
constituée de treize membres qui sont des représentants de
bureaux de différents Ministères et de personnes
concernées par la gestion de l'environnement:
- la Direction du développement durable du
Ministère de l'environnement et la protection de la nature
- la Direction chargée de la conservation des Ressources
Naturelles du Ministère de l'Environnement et la protection de la
nature
- la division des Etudes, de Projets et de coopération du
Ministère de l'environnement - le Point Focal « changement
climatique »
- le Ministère chargé de l'économie et des
Finances
- le Ministère des forêts
- le Ministère de l'énergie
- le Ministère de l'industrie
- le Ministère du Commerce
- les ONG
- GICAM
- SYNDUSTRICAM56.
Ils se réunissent au moins une fois par trimestre en
session ordinaire sur convocation du président qui est le Directeur du
Développement Durable et de la Planification
57
environnementale du Ministère de l'environnement et de la
protection de la nature. Le
Secrétariat est assuré par le Point Focal «
changement climatique » du Ministère de
58
l'environnement et de la protection de la nature.
B- les Fonctions de l'AND-MDP
Les fonctions de l'AND-MDP peuvent être
résumées en cinq points :
- règlementer les activités de projets MDP au
Cameroun
- définir les critères de développement
durable devant servir de base d'évaluation des projets
- actualiser les critères nationaux de
développement durable et les modalités de leur mise en oeuvre
- créer et tenir un registre des projets
- élaborer un rapport annuel des activités MDP au
Cameroun qui est adressé au
59
CE/MDP à Bonn.
Le Point focal occupe une fonction centrale dans
l'institutionnalisation du MDP au Cameroun. Il lui revient d'organiser les
sessions de réunion, d'assister le Président du CNMDP dans la
poursuite des missions dudit Comité. Le Point focal est le guichet
unique du MDP pour la réception des projets proposés, il
programme l'examen des projets MDP avec les membres du CN-MDP, il enregistre
l'approbation des projets acceptés au nom du CNMDP et fait
connaître au niveau national et international les procédures dans
le cadre du MDP et le portefeuille de projets MDP. Il suit l'évolution
des règles et procédure sur le MDP à
56 Article 3 de la Décision N°
00009/MINEPN/CAB du 16 janvier 2006 portant création, organisation et
fonctionnement du CN-MDP au Cameroun.
57 Article 6 (1) de la Décision N°
00009/MINEPN/CAB du 16 janvier 2006 portant création, organisation et
fonctionnement du CN-MDP au Cameroun.
58 Article 9 de la Décision. N°
00009/MINEPN/CAB du 16 janvier 2006 portant création, organisation et
fonctionnement du CN-MDP au Cameroun.
59 Décision. N° 00009/MINEPN/CAB du 16
janvier 2006 portant création, organisation et fonctionnement du CN-MDP
au Cameroun.
60
l'échelle internationale et nationale. Le Président
du CN-MDP quant à lui a la compétence
pour « entretenir des relations permanentes avec le
CE/MDP », il a la capacité de solliciter des bailleurs de
fonds potentiels, de rendre compte au Ministre chargé de l'environnement
et
61
de la protection de la nature de la mise en oeuvre du MDP au
Cameroun.
Paragraphe 2 : les procédures de validation du
projet MDP
Le processus d'approbation des projets MDP au Cameroun est
annexé à la Décision N° 00009/MINEPN/CAB du 16
janvier 2006 portant création, organisation et fonctionnement
62
du CN-MDP au Cameroun. La procédure d'approbation est
subdivisée en deux étapes :
l'évaluation préliminaire de la NIP et
l'évaluation approfondie DDP.
A- l'évaluation préliminaire de la NIP
Le promoteur du projet MDP doit après avoir eu recours
aux mesures énoncées par le CN-MDP63, déposer
la NIP au niveau du S/CN-MDP qui est le « guichet unique »
pour les projets MDP. Ce NIP doit présenter les sources de financement
du projet.
Le S/CN-MDP adresse cette NIP aux autres membres du CN-MDP qui
doivent émettre un avis dans un délai d'une semaine sur
l'opportunité du projet proposé. Le S/CN À MDP organise
une réunion de travail avec un groupe thématique pour
réaliser une synthèse des différents avis des membres du
Comité et informe le promoteur du projet du résultat dans un
délai de deux semaines. Lorsque la NIP a été
approuvée, une notification est délivrée au promoteur du
projet. Ce dernier doit procéder au choix d'une méthodologie
d'élaboration du projet conforme aux critères du GIEC. Une fois
la méthodologie choisie, l'on procède au choix de l'EOD. Le
promoteur est invité à passer à la prochaine étape
qui consiste à l'évaluation approfondie du DDP. Telle fut la
procédure suivie par l'entreprise HYSACAM pour la validation de son
projet.
60 Article 9 et 10 de la Décision N°
00009/MINEPN/CAB du 16 janvier 2006 portant création, organisation et
fonctionnement du CN-MDP au Cameroun.
61 Article 10 (2) Décision N°
00009/MINEPN/CAB du 16 janvier 2006 portant création, organisation et
fonctionnement du CN-MDP au Cameroun.
62 Article 11, Décision N°
00009/MINEPN/CAB du 16 janvier 2006 portant création, organisation et
fonctionnement du CN-MDP au Cameroun.
63 Article 10 de la Décision N°
00009/MINEPN/CAB du 16 janvier 2006 portant création, organisation et
fonctionnement du CN-MDP au Cameroun.
B- Evaluation approfondie du DDP
Le promoteur du projet ayant traversé la
première étape doit procéder à l'élaboration
du DDP et le soumettre au S/CN-MDP. Dans le cadre de l'élaboration du
DDP, l'additionnalité, l'éligibilité, la durée du
projet, les limites, les GES à réduire, les Etudes
socio-économiques et l'élaboration d'un contrat avec l'EOD sont
pris en considération. Ce DDP sera examiné par le Point focal
« changement climatique » du Ministère de
l'environnement et de la protection de la nature et le groupe thématique
réuni pour le cas d'étude. Les avis émis à la suite
de l'étude sont transmis à tous les membres du CN-MDP pour
évaluation. Il en est de méme du DDP. L'évaluation doit
être faite dans un délai maximum de quatre semaines. Lorsque le
DDP est validé, une lettre d'approbation du projet est
délivrée au promoteur du projet et transmise au CE/MDP. Le
promoteur peut en ce moment soumettre le projet à la consultation
publique. Le public est appelé à ce niveau à valider le
projet. Lorsque les avis sont positifs, le projet est soumis à l'EOD
pour vérification et certification.
L'entreprise HYSACAM a suivi avec succès la
deuxième étape. Ainsi, le 17 mars 2009, une lettre d'approbation
lui a été délivrée par le CN/MDP. Cette approbation
a donné suite à l'organisation de consultations publiques pour
recueillir l'avis du public. La consultation du public répond à
une obligation prescrite par la Loi N° 96/12 du 5 août 1996 portant
Loi-cadre relative à la gestion de l'environnement qui dispose que
« la participation des populations à la gestion de
l'environnement doit être encouragée, notamment à
travers : [...] des mécanismes consultatifs permettant de recueillir
l'opinion et l'apport des populations, la représentation des populations
au sein des organes consultatifs en matière
64
d'environnement ». C'est ainsi que le 15 octobre
2008, un Procès verbal a été présenté par
l'entreprise HYSACAM dans les bureaux de la CUY. Cette
présentation a été faite en présence du
président du CN-MDP, les représentants du Ministère de
l'environnement et de la protection de la nature, les représentants de
la CUY, le Maire de Soa, les représentants des villages environnants
(Groupement Mbende), les individus vivants près de la décharge de
Nkolfoulou, les représentants des médias (Cameroun Tribune, Le
Messager) et les représentants des ONG (tam tam et Environnement
À Recherche À Action À Cameroun)65. Au cours de
cette présentation, des questions et des contributions ont
été présentées par les
64 Article 72 de la Loi N° 96/12 du 5 août
1996 portant loi-cadre relative à la gestion de l'environnement.
65 HYSACAM, Clean Development Mechanism Project Design
Document Form (CDM-PDD) Version 03 - in effect as of: 28 July 2006, pp 48
À 50.
différentes parties présentes. En somme, les
appréciations étaient positives. Une deuxième
réunion de consultation s'est tenue le 20 novembre 2008 à
l'Hôtel Hilton à Yaoundé. Environ 200 personnes
étaient présentes à cette réunion. Cette
réunion était présidée par le Ministre de
l'environnement et la protection de la nature et les parties prenantes au
projet : HYSACAM,
ORBEO et SGBC66.
66 HYSACAM, Clean Development Mechanism Project Design
Document Form (CDM-PDD) Version 03 - in effect as of: 28 July 2006, p.50.
Chapitre 2 : Le partenariat France / Cameroun dans le
projet de récupération du biogaz dans la décharge de
Nkolfoulou
La réalisation du projet de récupération
du biogaz de l'entreprise HYSACAM est faite avec le concours d'acteurs publics
nationaux et des organismes privés, notamment les Ministères
chargés de l'environnement du Cameroun et de la France d'une part et
Orbeo, SGBC et Veolia d'autre part. Abdel Wahab Bekkechi analyse ce partenariat
comme « un signe pour aider [les Pays en développement]
à mettre en oeuvre ou renforcer leurs stratégies en vue d'un
développement durable »67.
Section I : Les acteurs publics nationaux
Au niveau national, l'Etat est le premier acteur. Il est celui
qui déclenche la mise en oeuvre du MDP par la ratification du Protocole
de Kyoto. Suite à cette ratification, il lui revient de mettre sur pied
l'AND. Aussi, il revient à l'Etat de créer un climat de confiance
pour les operateurs économiques qui désirent s'investir dans la
mise en oeuvre du MDP. Selon les auteurs, le succès de la mise en oeuvre
du MDP repose en particulier sur la capacité des pays hôtes
à attirer l'investissement dans des projets et sur la capacité
des promoteurs et des
68
investisseurs à développer, financer , mettre en
oeuvre et gérer des projets.
Paragraphe 1 : Le pays en développement, le
Cameroun
(Les organes du CN-MDP vus de l'extérieur,
présentés en tant qu'acteur)
Le CN-MDP a été mis sur pied par la
Décision N° 00009/MINEPN/CAB du 16 janvier 2006 portant
création, organisation et fonctionnement du CN-MDP au Cameroun. Ce
Comité exerce ses fonctions au sein du Ministère de
l'environnement et de la protection de la nature 69 . Ses fonctions principales
se résument à la réglementation des activités de
projets du MDP au Cameroun70 et la promotion du MDP au Cameroun par
l'élaboration d'une stratégie
67 Sous la direction de Sandrine Maljean À
Dubois et Rostane Mehdi, Les Nations Unies et la protection de
l'environnement : la promotion d'un développement durable, Op.
Cit., p. 97.
68 Ruozi Zhang, Op. Cit.
69 Article 1 Décision N° 00009/MINEPN/CAB
du 16 janvier 2006 portant création, organisation et fonctionnement du
CN-MDP au Cameroun.
70 Conformément au Protocole de Kyoto de 1997
et aux Accords de Marrakech qui exigent une participation des prometteurs
privés qui soit volontaire et une contribution visible au
développement durable.
nationale pour la mise en oeuvre dudit Mécanisme. Il
s'agit ici de présenter le CN- MDP en tant qu'acteur en
présentant ce qui est attendu de ses fonctions.
Conformément à la Décision qui institue
le CN-MDP, il a la charge de valider les projets élaborés dans le
cadre du MDP sur les critères établis par la législation
en vigueur et les priorités du développement durable au
Cameroun.
Les critères du développement durable
définis par le CN-MDP sont de divers ordres : les critères
sociaux, économiques et technologiques et les critères
environnementaux. Les projets proposés par les promoteurs de projets
doivent répondre aux critères de
71
développement durable pour être validés.
Les critères sociaux indiquent que le CN-MDP doit
s'assurer que les projets proposés doivent favoriser l'acquisition de
nouvelles compétences, rehausser le niveau d'emploi en terme d'expertise
locale, de création d'emplois indirects et des activités
économiques induites, d'accès aux services sociaux, de lutte
contre toute discrimination de genre, race, religion ou groupe ethnique, dans
le but d'établir l'équité sociale et la réduction
de la pauvreté72.
Les critères sociaux et technologiques énoncent
que le projet soumis à la validation doit contribuer à la
création d'emplois et avoir des retombées économiques
locales, doit contribuer au développement des services publics, à
l'utilisation des technologies propres, efficaces et approuvées,
à la formation du personnel local sur les technologies utilisées,
à l'adaptation, l'amélioration et à l'utilisation des
technologies locales dans le but de contribuer à la viabilité
économique nationale et au transfert de technologie.
Selon les critères environnementaux, les projets
doivent contribuer au plan global à la réduction des
émissions de GES, à la réduction de la pollution de l'air,
à la réduction de la pollution des eaux et des sols, à la
protection des écosystèmes, à l'utilisation durable des
ressources nationales, à l'amélioration de la santé
publique dans le but de contribuer à la lutte contre les changements
climatiques.
Par ailleurs, le CN-MDP doit confirmer de manière
explicite la participation volontaire des promoteurs privés des projets
et démontrer que l'activité du projet proposé contribue au
développement durable au Cameroun. C'est ainsi que par une lettre
d'approbation, le CN-
71 Article 2 de la Décision N°
00009/MINEPN/CAB du 16 janvier 2006 portant création, organisation et
fonctionnement du CN-MDP au Cameroun.
72 Laurraine H. Lotter, « Quels avantages le MDP
peut À il apporter à l'Afrique? Une vue sud À africaine
des affaires » in Liaison Energie À Francophone N° 43,
2e trimestre 1999, p.26.
MDP faisant office de l'AND du Protocole de Kyoto, «
n'a pas trouvé d'objection sur le DDP
73
relatif à la récupération de
biogaz de Nkolfoulou dont HYSACAM est le promoteur ».
Paragraphe 2 : le pays développé
investisseur, la France
La France a marqué son entrée dans la lutte
contre les changements climatiques par la ratification de la CCNUCC le 31 mai
2002 et le Protocole de Kyoto le 25 mars 2005. Le Code de l'environnement
français dispose en son article L 229-1 que « la lutte contre
l'intensification de l'effet de serre et la prévention des risques
liés au réchauffement climatique sont reconnues priorités
nationales ». Ce code définit comme projet MDP, « un
projet agrée conformément aux articles 6 ou 12 du Protocole de
Kyoto fait à Kyoto le 11 décembre 1997 à
la CCNUCC et aux décisions prises par les Parties pour leur mise en
oeuvre par un ou plusieurs des Etats mentionnés à
l'Annexe I de la CCNUCC et ayant ratifié le
74
Protocole de Kyoto ». La Direction
générale de l'énergie et du climat exerce au sein du
Ministère en charge de l'environnement français
les fonctions de l'AND. Elle assure la conformité de la politique de
développement de la France avec les normes environnementales
publiées par le Secrétariat de la CCNUCC de 1992.
Le Ministère chargé de l'environnement a la
compétence d'agréer les activités de projet d'après
la procédure fixée par le Décret N° 2006-622 du 29
mai 2006. La procédure de validation des projets est la suivante : toute
demande d'agrément d'une activité de projet
présentée au Ministre chargé de l'environnement au titre
de l'un ou l'autre des mécanismes de
75
projets prévus par le Protocole de Kyoto et le dossier qui
l'accompagne, sont adressés à la
76
Mission interministérielle de l'effet de serre. Cette
dernière instruit les demandes
d'agrément en établissant la distinction entre les
activités de projets mis en oeuvre sur le
77
territoire français et hors du territoire français.
La décision d'agrément du Ministre chargé
73 Lettre d'approbation N°
00458/MINEP/SG/P/CN-MDP du 17 mars 2009.
74 Article L 229-20 (I) du Code de l'environnement
français en vigueur le 1er mai 2010.
75 HYSACAM, Clean Development Mechanism Project
Design Document Form (CDM-PDD) Version 03 - in effect as of: 28 July 2006.
76 Article 5 de l'Arrêté du 2 mars
2007 pris pour l'application des articles 3 à 5 du Décret N°
2006 du 29 mai 2006 et relative à l'agrément des activités
de projet relevant des articles 6 et 12 du Protocole de Kyoto du 11
décembre 1997.
77 Article 1 l'Arrêté du 2 mars 2007
pris pour l'application des articles 3 à 5 du Décret N° 2006
du 29 mai 2006 et relative à l'agrément des activités de
projet relevant des articles 6 et 12 du Protocole de Kyoto du 11
décembre 1997.
78
de l'environnement est notifiée par lettre simple au
demandeur. C'est ainsi que le 28 juillet
2009, le Ministère de l'écologie, de
l'énergie, du développement durable et de la mer en charge des
technologies vertes et des négociations sur le climat délivre par
le biais de sa Direction Générale de l'énergie et du
climat, une lettre d'agrément aux activités du projet
menées dans le cadre de l'article 12 du Protocole de Kyoto du 11
décembre 1997 au Cameroun par le Société Orbeo.
Section 2 : les acteurs publics internationaux et
privés
La mise en oeuvre du projet MDP de Nkolfoulou nécessite
l'implication de la CdP et de l'EOD sur la scène internationale, et dans
le cadre national, les organisations et entreprises privées qui
apportent leurs contributions selon leurs domaines d'action.
Paragraphe I : la CdP et l'EOD
Sur la scène internationale, l'Association espagnole de
normalisation et de certification a été accréditée
EOD et les institutions de gouvernance ont été établies
par la CCNUCC de 1992.
A- la CdP et ses organes subsidiaires
Le MDP est placé sous l'autorité de la CdP
agissant comme RdP au Protocole de Kyoto de 1997. Ce Mécanisme est
supervisé par le CE/MDP79, le Secrétariat, l'Organe
subsidiaire du Conseil scientifique et technologique et l'Organe subsidiaire de
mise en oeuvre.
Selon l'article 7 (2) de la CCNUCC de 1992, la CdP est «
l'organe supreme » de la Convention. A ce titre, elle exerce
plusieurs fonctions :
- « elle examine périodiquement les
obligations des Parties et les arrangements institutionnels découlant de
la Convention en fonction de l'objectif de la Convention, de
l'expérience acquise lors de son application et de l'évolution
des connaissances scientifiques
80
et techniques ».
78 Article 4, l'Arrêté du 2 mars 2007
pris pour l'application des articles 3 à 5 du Décret N° 2006
du 29 mai 2006 et relative à l'agrément des activités de
projet relevant des articles 6 et 12 du Protocole de Kyoto du 11
décembre 1997.
79 Article 12 (4) du Protocole de Kyoto du 11
décembre 1997.
80 Article 7 (2) (a) de la CCNUCC du 9 mai 1992.
- « elle évalue sur la base toutes les
informations qui lui sont communiquées [...] l'application de la
Convention, notamment les effets environnementaux,
économiques, sociaux et leurs incidences cumulées, et les
progrès réalisés vers l'objectif de la
81
Convention ».
- Elle mobilise les ressources financières82
et elle veille à ce qu' « une part des fonds provenant
d'activités soit utilisées pour couvrir les dépenses
administratives et aider les Pays en développement Parties qui sont
particulièrement vulnérables aux effets défavorables
des
83
changements climatiques à financer le
coût de l'adaptation ».
La CdP est ainsi chargée d'élaborer les
modalités et les procédures visant à assurer la
transparence, l'efficacité et la responsabilité grâce
à un audit et à une vérification indépendante des
activités menées par l'EOD84.
Les organes subsidiaires qui assistent la CdP dans la
poursuite de ses missions sont au nombre de trois : le Secrétariat,
l'Organe subsidiaire de Conseil scientifique et technologique et l'Organe
subsidiaire de mise en oeuvre.
Le Secrétariat assiste la CdP en organisant les sessions
de la CdP et des organes
85
subsidiaires de la Conférence et leurs fournit les
services voulus. Sur demande, il aide les
Parties surtout les Pays en développement
«à compiler et diffuser les informations
requises
86
par la Convention ».
L'Organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique
fournit des renseignements et des avis sur les aspects scientifiques et
technologiques de la Convention. Il fait le point des connaissances
scientifiques sur les changements climatiques et leurs effets, il recense les
technologies et savoir À faire de pointe, novateurs et performants et
indique les moyens adéquats pour encourager le développement de
ces derniers, il fournit des avis sur les programmes scientifiques, sur la
coopération internationale et la recherche en matière de
changement climatique et sur les moyens d'aider les Pays en
développement à se doter d'une
87
capacité propre.
L'Organe subsidiaire de mise en oeuvre est chargé d'aider
la CdP à suivre et évaluer l'application effective de la
Convention. Il examine ainsi les informations communiquées
81 Article 7 (c) de la CCNUCC du 9 mai 1992 et
l'article 13 (a) du Protocole de Kyoto du 11 décembre 1997.
82 Article 7 (h) de la CCNUCC du 9 mai 1992.
83 Article 12 (8) du Protocole de Kyoto du 11
décembre 1997.
84 Article 12 (7) du Protocole de Kyoto du 11
décembre 1997.
85 Article 8 de la CCNUCC du 9 mai 1992.
86 Article 8 (2) (c) de la CCNUCC du 9 mai 1992.
87 Article 9 de la CCNUCC du 9 mai 1992.
dans le cadre du MDP pour évaluer l'effet global
conjugué des mesures prises par les Parties à
88
la lumière des évaluations scientifiques les plus
récentes des changements climatiques.
Ces organes ont une mission commune, « stabiliser
[...] les concentrations de GES dans l'atmosphère à un
niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du
système climatique. [...] pour que les écosystèmes
puissent s'adapter naturellement aux changements climatiques que la production
alimentaire ne soit pas menacé et que le
89
développement économique puisse se poursuivre
d'une manière durable ». Ce texte
juridique énonce ainsi des concepts
protégés par les défenseurs des Droits de l'Homme tels que
l'homme dans l'expression « perturbation anthropique
», alimentation dans l'expression « production
alimentaire ». Selon Norbert Campagna, « le droit, ce sont
avant tout les droits de l'homme »90.
B- l'EOD : Association Espagnole de Normalisation et de
Certification
L'AENC fonctionne sur les bases juridiques espagnoles. Son
intervention dans les projets MDP s'étend sur la scène
internationale par le biais de la CdP qui lui confie lesdits projets pour
normalisation et certification. L'AENC oeuvre dans la normalisation et la
certification des activités menées dans les secteurs de services
et d'industrialisation. Sa mission est de contribuer à
l'amélioration de la qualité et de la compétitivité
des entreprises tout en garantissant la protection de
l'environnement91. Les activités de l'AENC sont
légalisées par l'Ordre du Ministère de l'industrie et de
l'énergie espagnol en date du 26 février 1986 et selon
l'Arrêté royal 2200/1995 promulgué par la Loi industrielle
21/1992.
Selon l'article 13 (4) (i) du Protocole de Kyoto de 1997, la
CdP agissant en tant que RdP, peut « le cas échéant,
[...] sollicite[r] et utilise[r] les services et le concours des organisations
internationales et des organismes intergouvernementaux et non gouvernementaux
compétents ainsi que les informations qu'ils fournissent ».
C'est ainsi que la qualité d'EOD a été attribuée
à l'AENC pour évaluer et valider le projet MDP
élaboré par l'entreprise HYSACAM, proposé pour
l'enregistrement au Secrétariat de la CCNUCC. En qualité d'EOD,
il lui revient de certifier les activités du projet sur les
critères suivants :
- la participation volontaire et approuvée par chaque
partie concernée
88 Article 10 de la CCNUCC du 9 mai 1992.
89 Article 2 de la CCNUCC du 9 mai 1992.
90 Norbert Campagna, le droit, la nature & la
volonté, essai sur les fondements de la normativité,
L'harmattan, Paris, 2006, p. 63.
91
http://www.aenor.es/desarrollo/aenor/quees/quees.asp.
(Consulté le 8 mai 2010).
- les avantages réels, mesurables et durables liés
à l'atténuation des changements climatiques
- l'additionnalité environnementale du projet
visé92.
Le but de cette certification est d'avoir une évaluation
indépendante de tiers sur la conception du projet. Il s'agit d'une
condition sine qua non pour tous les projets MDP.
Paragraphe 2 : les entreprises impliquées
Le projet MDP de récupération du biogaz
développé au Cameroun regroupe au moins trois entreprises :
HYSACAM, ORBEO, SGBC.
A- l'entreprise HYSACAM
HYSACAM est une entreprise camerounaise privée qui
oeuvre dans la gestion des déchets. Dans le cadre de ses fonctions,
plusieurs innovations sont à l'ordre du jour parmi lesquelles le projet
MDP de récupération du biogaz.
? Statut de l'entreprise HYSACAM
L'entreprisse HYSACAM a été créée
en 1969 à Douala. En 1979, elle ouvre une agence à Yaoundé
et établit son premier contrat avec la CUY. Suite à
l'entrée en vigueur de la Loi N° 87/015 du 15 juillet 1987 portant
création des Communautés urbaines, l'on assiste à la
réduction et la déstructuration de l'entreprise HYSACAM. La
gestion des déchets était exclusivement transférée
à la Communauté Urbaine et les Communes urbaines
d'arrondissement. Ce qui donna lieu à la mise en place du Programme de
Solidarité d'Urgence et à l'arrêt des prestations d'HYSACAM
en 1991. La collecte des ordures était pilotée par les Maires et
les Associations. En 1998, la gestion des ordures est remise à
l'entreprise HYSACAM. Suite à ce revirement, la Loi N° 2004/018 du
22 juillet 2004 portant règles applicables aux Communes vient repartir
les compétences sur la gestion des déchets ménagers.
Ainsi, le Maire de la Commune est responsable du nettoyage des rues, chemins et
espaces publics communaux, du suivi et le contrôle de gestion des
déchets industriels. Quant au Délégué du
gouvernement de la Communauté urbaine, il est responsable du suivi et
du
92 Article 12 (5) (a) (b) (c) du Protocole de Kyoto du
11 décembre 1997.
contrôle de la gestion des déchets industriels,
du nettoyage des voies et espaces publics communautaires, de la collecte,
l'enlèvement et le traitement des ordures ménagères.
Autrement dit, les Communes d'arrondissement sont responsables de la gestion
des ordures à proximité tandis que le Communauté Urbaine
est responsable des aspects structurant la gestion des déchets. C'est ce
qui justifie le fait que l'entreprise HYSACAM ait signé le contrat avec
la CUY.
Les objectifs fixés par le contrat liant l'entreprise
HYSACAM et la CUY sont la collecte, transport et le traitement des ordures
ménagères, nettoyage des rues, places et
93
marchés afin d'atteindre une propreté
intégrale de la ville. L'entreprise HYSACAM est
chargée pendant une période de cinq
ans94 de collecter des déchets verts, laver certaines rues et
places spécifiques, disposer des corbeilles à papier sur les
voies principales et des sacs à ordures, être au service 24
heures/24. Le contrat s'élève à un montant de 6 milliards
par an, soit 80% seront honorés par l'Etat et 20% par la CUY.
Dans le cadre de l'exécution de son contrat,
l'entreprise HYSACAM dispose d'un personnel de mille personnes. Aussi, une
Commission de suivi et de recette technique a été mise en place
pour superviser la bonne exécution du contrat.
? Fonctionnement de l'entreprise HYSACAM
L'entreprise HYSACAM est organisée en six strates dans
le cadre de la collecte et du transport. L'on distingue au Sommet le
responsable de la Propreté urbaine, l'Adjoint Collecte, Responsable de
zone, le Chef de secteur, Chef d'équipe et la dernière strate,
les conducteurs, les balayeurs, racleurs. Ces derniers offrent leurs services
dans la ville de Yaoundé qu'ils ont reparti en sept zones d'intervention
qui correspondent aux sept arrondissements de la ville.
Dans les différents Arrondissements, deux modes de
collecte sont utilisées : la collecte porte À à À
porte et la collecte à point fixe. La méthode utilisée
pour le traitement des ordures est à point fixe. La méthode
utilisée pour le traitement des ordures est la mise en décharge
contrôlée. Ainsi, lorsque les ordures sont collectées par
les véhicules de l'entreprise HYSACAM, ils se dirigent à la
décharge contrôlée de Nkolfoulou, où un
contrôle d'acceptation est fait. Au cours du contrôle, les
déchets sont triés par leur nature. Ensuite, ces déchets
sont pesés pour obtenir le tonnage collecté et leur
répartition géographique. Les
93 Gérard Essi Ntoumba, présentation
du service de gestion des déchets ménagers dans la ville de
Yaoundé, Session internationale de formation du Centre International de
formation des autorités /acteurs locaux du 26-30 octobre 2009,
Ouagadougou,
www.cifal-ouaga.org.
(Consulté le 20 mars 2010).
94 2007 À 2011.
déchets sont déversés et compactés
dans des alvéoles. Les effluents générés
(lixiviats) sont captés et traités avant leurs rejets. Il est
important de mentionner que les solutions de
95
traitement ne sont pas satisfaisantes. D'où
l'élaboration de plusieurs projets : mise en place
d'une unité d'incinération des déchets
hospitaliers, un projet de compostage, un projet de traitement et de captage
des effluents gazeux avec le MDP et le projet d'amélioration du
traitement des lixiviats.
B- ORBEO À SGBC À Veolia
Dans le processus d'élaboration du projet MDP de
l'entreprise HYSACAM, trois organismes français apportent leur expertise
: la société Orbeo, la société Veolia et la SGBC.
Chacune de ces organisations intervient dans un cadre spécifique.
? Orbeo À SGBC
La Société Orbeo est une entreprise
française qui combine expertise financière et industrielle dans
le domaine du carbone. Ses activités s'étendent de
l'élaboration des projets à la vente et l'achat du carbone. Le 2
décembre 2008 à Paris, la Société Orbeo et la SGBC
signent un contrat avec l'entreprise HYSACAM pour la réalisation du
projet de récupération du biogaz dans la décharge
contrôlée de Nkolfoulou. La société Orbeo se
présente comme l'entreprise finançant le projet MDP et acheteur
des Unités de Réduction des Emissions Certifiées et la
SGBC comme l'institution bancaire qui pourvoira les fonds nécessaires
pour la mise en oeuvre du projet MDP96.
La société Orbeo s'engage dans le processus de
rédaction du DDP, la clôture de l'étude de
faisabilité, l'assistance au processus de surveillance, le financement
du projet et l'enregistrement du projet auprès du Secrétariat de
la CCNUCC97.
95 HYSACAM, Hygiène et Salubrité du
Cameroun, pour un monde de propreté,
www.hysacam.com.
(Consulté le 20 mars 2010).
96 HYSACAM, Clean Development Mechanism Project Design
Document Form (CDM-PDD) Version 03 - in effect as of: 28 July 2006, p. 50.
97Orbeo, «Orbeo partenaire du premier projet
de récupération de gaz issu d'une décharge en Afrique
Centrale (Cameroun) »,
http://www.orbeo.com/IMG/pdf/communiquedepresseORBEOERPAHYSACAM021208FINAL-FR.pdf.
(Consulté le 8 mai 2010) et PDD du projet de récupération
de gaz issu de la décharge de Nkolfoulou, p.17.
? Veolia
L'entreprise HYSACAM a procédé à la
signature d'un contrat d'assistance technique avec Veolia Propreté le 30
novembre 2006 à Lyon. Selon Michel Ngapanoun, il s'agit d' «
un
98
accord cadre pour la gestion des déchets et des
services à l'environnement au Cameroun ».
La société Veolia est une entreprise
française qui oeuvre dans la gestion des déchets municipaux et
industriels depuis la logistique des flux en amont jusqu'au traitement en aval.
Ses activités se résument en trois phases99 :
- la première phase : la collecte et le transport des
déchets dangereux et non dangereux (le nettoyage, l'assainissement, le
regroupement et le transfert des déchets des entreprises et des
collectivités locales)
- la deuxième phase : le tri, le traitement et recyclage
des déchets dangereux et non dangereux par incinération,
compostage, stockage et traitement physico-chimique
- la troisième phase : la valorisation finale des
déchets sous forme d'énergie, de matières
100
organiques et de matières premières
recyclées.
La société Veolia a entrepris des
coopérations d'assistance technique dans d'autres pays tels que le
Brésil et l'Egypte. Il s'agit pour la Société Veolia de
procéder à un transfert de savoir faire pour permettre aux
Sociétés qu'elle assiste d'atteindre les normes environnementales
établies sur la scène internationale dans la gestion des
déchets.
98 Michel Ngapanoun, «l'amélioration
continue du service: le devoir d'une entreprise leader» in Bosangi
supplément, janvier 2007, p.3.
99 HYSACAM, «Veolia propreté» in
Bosangi supplément, janvier 2007, p. 8.
100 Production d'engrais et d'énergie renouvelable.
Deuxième partie : LA MISE EN OEUVRE DU PROJET
MDP DE RECUPERATION DU BIOGAZ DE L'ENTREPRISE HYSACAM
Dans cette partie, il est question de faire l'état du
projet MDP développé par l'entreprise HYSACAM tout en
énonçant l'impact de ce dernier sur l'environnement local et
global d'une part, et d'autre part sur le tissu économique
camerounais.
Chapitre 1 : la réalisation du projet
Le projet MDP de l'entreprise HYSACAM s'est fait en plusieurs
temps : le montage du projet, ensuite l'organisation du management, puis
l'opérationnalité et l'évaluation du projet.
Section 1 : le montage du projet
Le montage du projet de récupération du biogaz de
la décharge de Nkolfoulou a été fait dans le cadre
juridique et technique.
Paragraphe 1 : le montage juridique
Le projet de récupération du biogaz de la
décharge de Nkolfoulou s'inscrit dans un contexte de lutte contre le
changement climatique menée sur la scène internationale. Cette
lutte est consacrée par la CCNUCC du 9 mai 1992 et renforcée par
le Protocole de Kyoto du 11 décembre 1997 avec l'institution du MDP.
Tout projet MDP valide est appelé à répondre à des
critères préétablis par le CE/MDP.
L'entrepreneur ayant déposé le NIP à
l'AND-MDP, ce projet doit être validé. Une fois validé,
l'EOD choisie est appelée à y apposer sa validation. Cette
validation se fait sur étude du DDP et par une descente sur le site qui
accueillera les activités du projet. Le projet élaboré par
l'entreprise HYSACAM consiste à réduire et prévenir les
émissions du méthane à travers l'installation d'un
système permettant de capturer et de brûler le biogaz
émanant de la décharge contrôlée de Nkolfoulou.
L'aspect juridique du projet de récupération du biogaz peut
être vu sur deux domaines : le domaine international et national.
A- Le montage sur le plan international
Sur le plan international, le projet doit répondre aux
critères fixés par le Protocole de Kyoto et les modalités
fixées par l'Accord Bonn et de Marrakech. Les Accords de Marrakech et de
Bonn énoncent que les contributions financières des Parties de
l'Annexe I ne seront pas
- une diversion de l'aide au
développement ;
- les avis des parties concernées par le
projet telles que les populations doivent être pris en compte ;
- un audit environnemental du projet doit
être mené selon la méthodologie de la ligne
de base et de surveillance approuvée par le panel de
méthodologie du MDP et les
conditions économiques nationales du pays hôte
doivent être considérées.
Le projet de capture du biogaz de la décharge
contrôlée de Nkolfoulou doit permettre aux Parties hors de
l'Annexe I de poursuivre un développement durable. La garantie
permettant de juger si le projet permet d'atteindre ce but est l'approbation du
pays hôte des activités du projet. Ce fut le cas avec la
délivrance de la lettre d'approbation de l'AND-MDP qu'est le
Ministère de l'environnement et de la protection de la nature, le 17
mars 2009. L'aspect juridique du projet de récupération du biogaz
peut être vu sur deux domaines : le domaine international et national.
L'audit environnemental, il fut effectué le 24 juin 2009 et fut ouvert
à la consultation publique en août 2010.
En ce qui concerne la part des obligations des Parties hors de
l'Annexe I qui est de
contribuer à l'objectif ultime de la CCNUCC du 9 mai
1992101 : la réduction d'émission de GES, les
activités du projet ont prévu 130,099 tCO2 équivalent
chaque année pour la première période d'activité
qui va de 2009 à 2017.
Les avis des parties concernées par le projet tel que
les populations voisines au site du projet doivent être
considérés. C'est ainsi que des réunions de consultation
ont été organisées à deux reprises par l'entreprise
HYSACAM. Il s'agit de recueillir des avis de personnes cibles, des
médias, selon les lois camerounaises. Les avis recueillis, l'EOD est
appelée à remettre son avis dans les 30 jours qui suivront le
début de la procédure de validation de l'EOD et le DDP devra
être rendu public. Ce fut le cas du projet de récupération
du biogaz de
Nkolfoulou le 12 février 2009 sur le site de la
CCNUCC102.
B- Le montage sur le plan national
Sur le plan national, il s'agit de s'assurer que les
activités du projet vont de pair avec la législation en vigueur.
Dans le cadre de la gestion des déchets et de l'environnement, la Loi
N° 96/12 du 5 août 1996 portant loi-cadre relative à la
gestion de l'environnement qui dispose sur un seul type de traitement de
déchets qui est l'incinération. Toutefois, au Cameroun, le
problème de l'absence d'un texte juridique régulant
l'activité de récupération du biogaz se pose. Ceci
pourrait se justifier par l'innovation qu'est cette activité dans le
contexte
101 Article 3 de la CCNUCC du 9 mai 1992.
102 AENOR, CDM Validation Protocol for the Company Hygiene et
Salubrité du Cameroun (HYSACAM), Reference N° 2009/048/CDM/01, 07
À 09 À 2009.
camerounais. Aussi, l'accord contractuel passé entre la
CUY et HYSACAM n'énonce pas ledit projet, ce qui peut se justifier par
le fait que l'élaboration du projet a été faite
après la signature du contrat. Ceci énonce la
nécessité de combler ses lacunes juridiques en mettant les textes
juridiques à jour.
Paragraphe 2 : le montage technique
Ce projet comprend un système d'extraction, de collecte
et de combustion du biogaz, de surveillance et de relais. La réalisation
de ce projet est estimée à 2,6 milliards de Francs
CFA103.
Le projet de récupération du biogaz de
Nkolfoulou comprend l'installation d'un système d'extraction du biogaz
et une station de combustion à la décharge de Nkolfoulou. Ainsi,
il sera question de construire le capsulage de cellule, la construction du
système d'extraction et de collecte du biogaz, du système de
combustion, le système de surveillance et de relais.
Le capsulage de cellule consiste à installer une
couverture finale constituée de matériaux compacts pris sur le
site d'exploitation104, ensuite une couche
perméable105, un filtre naturel106 et des filtres
protecteurs artificiels107. La surface de la cellule d'enfouissement
sera couverte pour empêcher l'émission ou la migration du biogaz
et pour limiter l'infiltration de l'eau qui produit du lixiviat. Il s'agit
d'améliorer le système de gestion du lixiviat pour réduire
les nuisances dues à ce dernier. Tel que l'infiltration pathogène
et des métaux lourds tel que le cuir, le mercure dans la terre et les
ressources hydrauliques et ainsi la sureté de la population et la
production agricole.
La construction du système d'extraction et de collecte
du biogaz implique la construction de plusieurs ouvrages :
- forage des puits verticaux108
- un réseau de captage du gaz constitué de
tuyauterie
- un équipement de ventilation/aspirateur qui crée
une pression dans le système de tuyauterie nécessaire pour
l'extraction du biogaz
103 HYSACAM, Clean Development Mechanism Project Design Document
Form (CDM-PDD) Version 03 - in effect as of: 28 July 2006, p.53.
104 Argile.
105 Geomembrane.
106 Sable.
107 Géotextile.
108 Environ 3 à 5 puits par variation selon la taille des
déchets.
- un système de nettoyage qui extraira l'humidité
et le dioxyde sulfureux du biogaz collecté.
L'équipement de combustion du biogaz sera
constitué de fusées à hautes
températures109 qui fonctionneront par un système de
contrôle électrique équipé d'un système de
surveillance pour le méthane, l'oxygène, l'écoulement de
gaz sera divisé en trois composantes distinctes : La ventilation d'une
capacité correspondant au taux de génération maximum du
biogaz
Un système à haute température de
fusées dotées d'une capacité de combustion
supérieure à 95% et capable de brûler le biogaz à
des niveaux de débit faible110. En cas de taux
élevé de collection du biogaz, les capacités de combustion
seront améliorées. Ces systèmes fonctionneront sous la
surveillance du système de contrôle électrique et d'analyse
de gaz.
Des équipements spécifiques de commande sont
installés pour mesurer la quantité de biogaz qui est
capturée et détruite par combustion. Ces équipements sont
constitués de compteurs de débits pour surveiller des
écoulements de biogaz, les analyseurs de gaz111, les
indicateurs de pression et des moniteurs de la température. Le
système de surveillance sera automatisé pour un contrôle et
un enregistrement de données continues. Ceci facilitera le
contrôle et le suivi de toutes les activités assurés par le
Comité de suivi environnemental de la décharge qui regroupe les
représentations locales, la Mairie de Soa, le Ministère de
l'environnement et de la protection de la nature, sous la présidence du
Gouverneur de la
112
Région du Centre.
Section 2 : l'opérationnalité du
projet
Le management du projet MDP de l'entreprise HYSACAM est
assuré par un Directeur opérationnel et dans le cadre de
l'opérationnalité dudit projet, il est assisté de
plusieurs techniciens et d'un système informatique dans la conduite des
opérations.
109 Supérieures à 900°c
110 300 m3/h
111 Méthane, dioxyde de carbone et oxygène.
112 Décision N° 503/O/J/SG/AJF du 20 octobre 2002,
portant création et fonctionnement de la Commission provinciale de
contrôle de la décharge municipale de Nkolfoulou.
Paragraphe 1 : le management du projet
L'entreprise HYSACAM a désigné Bruno Djietcheu
Kametcha, Directeur opérationnel du site de Nkolfoulou comme « Top
Manager » du système de récupération du biogaz et les
activités de surveillance et aussi comme le point focal en liaison avec
l'EOD. Ce dernier est ainsi responsable des activités
opérationnelles du système de récupération du
biogaz, de la surveillance journalière des activités du
compte-rendu des résultats des activités et de la maintenance et
du calibrage des équipements du système de capture et combustion
du biogaz. Dans cette tâche, il est assisté de techniciens
qualifiés en le domaine. La garantie de la compétence des
techniciens sera une remise à niveau au cours d'une formation permettant
de « s'assurer qu'ils comprennent leurs tâches et manipulations
spécifiques de
113
l'équipement ».
Paragraphe 2 : l'évaluation du projet
Les données de chaque analyseur seront transmises
directement pour être enregistrées dans la base des données
électroniques à partir desquels les Unités de
Réduction des Emissions Certifiées seront calculées. Ces
données seront aussi archivées sur le site de Nkolfoulou et
seront journalièrement transmises aux bureaux de l'entreprise HYSACAM
à Yaoundé et de manière hebdomadaire aux sièges
sociaux de HYSACAM à Douala. L'entreprise HYSACAM établira des
procédures pour des calculs automatiques des réductions des
émissions, basées sur le modèle énoncé dans
le DDP. Ceci permettra d'effectuer une vérification fréquente des
quantités de réduction des émissions et une contre
vérification avec les données énoncées dans le DDP.
Par ailleurs, elle permettra d'évaluer l'efficacité du
système de récupération et de combustion du biogaz.
La garantie de qualité et de contrôle de
qualité pour l'enregistrement, la maintenance et la mise en archive des
données seront établis comme une partie des activités du
projet. Ceci permettra de vérifier les émissions de
manière annuelle selon le DDP et le manuel du MDP, tout en identifiant
les dérèglements du projet ou toute défaillance de
surveillance pour y remédier.
Dans le souci de garantir la faisabilité des
équipements de mesure, les opérations suivantes sont
prévues :
113 HYSACAM, Clean Development Mechanism Project Design Document
Form (CDM-PDD) Version 03 - in effect as of: 28 July 2006, Annexe 4, p.61.
· sur le terrain :
- Analyseur de méthane devra être entretenu en
respectant strictement les instructions du fabriquant
- Sondes de température et de pression
- Points de prélèvement : le mètre sera
examiné par l'équipe technique pour assurer
l'uniformité
- Le compteur du débit d'écoulement du biogaz
montrera deux valeurs, la quantité
quotidienne de biogaz114 stockée dans le «
data - logger » et la valeur cumulée.
- L'enregistrement de données115 sera
relié directement aux appareils électroniques116.
L'enregistrement sera fait toutes les heures et sera examinée
quotidiennement pour uniformité.
La consommation de l'énergie est mesurée au kWh.
les techniciens des sites recevront une liste de rappel pour l'organisation de
leur service quotidien, hebdomadaire et mensuel. Le responsable du
développement du projet MDP au sein du siège social d'HYSACAM,
notamment Arlette Tchapoya aura des contacts téléphoniques
fréquents pour s'assurer du bon fonctionnement de l'activité et
fera aussi des visites d'inspection fréquentes sur le site. En cas de
dérèglement ou de défaillance du système, une
analyse de non conformité et ses causes seront effectuées
immédiatement par le personnel responsable de manipuler
l'activité du projet. La Direction de Nkolfoulou prendra une
décision en consultation sur les modalités appropriées
permettant d'éliminer le dérèglement et ses causes. La
consultation rendra un rapport sur les modalités de solution à la
Direction de Nkolfoulou
Le calibrage et l'entretien du matériel seront faits
par des agences accréditées en le domaine sous recommandation du
fournisseur de la technologie. Après le contrôle de la
qualité et l'audit interne effectué par HYSACAM, un rapport sera
publié par le personnel du projet. Ce qui permettra à l'EOD
d'effectuer une vérification indépendante des activités du
projet selon les modalités du MDP. L'EOD émettra à son
tour un rapport au CE-MDP. Le
rapport de surveillance sera publié trimestriellement par
HYSACAM117.
114 Il sera mesuré au mètre cube.
115 Data logger.
116 Compteur de débit, analyseur, sonde de
température.
117 HYSACAM, Clean Development Mechanism Project Design Document
Form (CDM-PDD) Version 03 - in effect as of: 28 July 2006, Annexe 4, pp. 61
À 64.
Chapitre 2 : l'impact du projet
L'impact du projet MDP de récupération du biogaz
de l'entreprise HYSACAM peut être perçu dans deux principaux
secteurs : l'atténuation du changement climatique par la
réduction de l'émission des GES et l'additionnalité
environnementale, technologique et économique dudit projet.
Section 1 : L'impact global sur le changement
climatique
L'impact du projet MDP élaboré par l'entreprise
HYSACAM est évalué à partir du scénario de
référence et la ligne de base du projet et par son
additionnalité environnementale et technologique.
Paragraphe 1 : le scénario de
référence et la ligne de base du projet
Dans le cadre de cette étude, la distinction sera faite
entre le scénario de référence qui désigne
« la trajectoire future des émissions de GES qui auraient
normalement et
118
probablement été constatée en l'absence
du projet MDP », et la ligne de base du projet qui
est le scénario d'évolution des émissions
avec la réalisation du projet.
A- le scénario de référence
Le scénario de référence sera fait sur la
base de la production des déchets et des déchets mis en
décharge contrôlée. Il s'agit d'évaluer les
quantités d'émission du GES qu'est le méthane.
=' L'évolution de la population et la production
des déchets
La quantité des déchets ne cesse de croitre
à cause de l'accroissement constant de la population et aussi de la
modification des habitudes de consommation. Dans les pays en
développement, l'évolution démographique est très
élevée et serait le principal facteur
118 Association pour la promotion des droits de l'homme en
Afrique centrale, cours de la pratique du MDP, UCAC/APDHAC/MDHAH, année
académique 2009 À 2010, p. 6.
119
d'évolution du flux de déchets. Le Cameroun a
dépassé le seuil de 50% de la population
vivant dans les centres urbains depuis 2001120.
Les ordures sont comptabilisées selon un ratio en
kilogramme/habitant/jour/an. L'évolution de ces déchets est
fonction de l'accroissement démographique de la population urbaine, du
niveau de vie des ménages et de leurs habitudes alimentaires. Selon la
Direction de la Statistique, et la comptabilité nationale, le taux moyen
d'évolution de la population
urbaine est de 5,45% pour la période 1997 À 2005
et 5% de 2005 À 2010121. La production moyenne des
déchets ménagers en 2010 dans la ville de Yaoundé est 0,85
kilogrammes/habitant/jour. Ce qui conduit à une production de 1, 076,4
tonnes/jour.
Tableau 1 : évolution de la production urbaine des
déchets solides dans la ville de Yaoundé entrant dans le Centre
de Stockage des déchets (tonnes/an).
Année
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Population
|
209284
|
228471
|
248825
|
267955
|
279610
|
355626
|
Tonnage journalier
|
573
|
625
|
681
|
734
|
766
|
964
|
Source : Audit environnemental, août 2010, p. 91.
=' L'évolution de l'émission des
GES
Au Cameroun, sept GES ont été identifiés
comme responsables du réchauffement climatique, notamment, le dioxyde de
carbone, le méthane, l'hémioxyde d'azote, le monoxyde de carbone,
les oxydes azoteux, les composés volatiles organiques non
méthaneux et le dioxyde de souffre. En 1994, trois gaz ont
été identifiés comme principaux responsables de l'effet de
serre au Cameroun : le dioxyde de carbone, le méthane et
l'hémioxyde
122
d'azote. Dans le secteur des déchets, deux gaz ont
été identifiés : le méthane et
l'hémioxyde d'azote.
119ERA-Cameroun, La situation de gestion et la
valorisation des déchets solides dans les villes africaines et
perspectives, ERA-Cameroun, p. 5.
120 HYSACAM, Audit environnemental des activités de
gestion des ordures ménagères, HYSACAM, Yaoundé,
août 2010, p. 19.
121 Ministère de l'environnement et de la forêt, CNI
du Cameroun, 1997, pp 5 À 6.
122 Idem.
Tableau 2 : Emission des principaux GES dans le secteur des
déchets en décharge contrôlée et
sauvage123.
Secteur
|
Déchets
|
Gaz émis
|
CO2
|
CH4
|
N2O
|
CO
|
NOx
|
NMVOC
|
GgECO2
|
0,00
|
1274,5
|
465
|
0
|
0,00
|
0,00
|
Source : CNI du Cameroun de 1997, p.34
Le scénario de référence de laisser faire
montre l'évolution de l'émission du méthane à court
terme.
Tableau 3 : évolution de GES (méthane) de
décharge contrôlée suivant le scénario de laisser
faire, à court et moyen terme.
Année
|
1994
|
2000
|
2005
|
2010
|
Emission de
CH4(GgECO2)
|
52,41
|
92,51
|
138,64
|
194,76
|
Source : CNI du Cameroun de 1997, p. 87
Ces tableaux montrent la nécessité de la mise en
place du mécanisme de maîtrise de la croissance urbaine et de la
gestion des déchets pour limiter et même réduire les
émissions de GES. Ce qui garantirait un environnement sain sur le plan
local et global.
? Les déchets mis en décharge
contrôlée
La Société HYSACAM est responsable des
déchets mis en décharge contrôlée. Celleci ne peut
collecter les déchets que selon la capacité de collecte de ses
engins.
Le matériel prévu pour la collecte et le transport
des déchets est : 1000 conteneurs de quatre types (corbeilles à
papier, conteneurs de 360 litres, 770 litres, bacs de 6 mètres cube). Le
matériel roulant : 27 bennes à compaction, 3 balayeuses, 12
villes de Paris, 16
124
portes Coffres, 8 ampli roll et 4 grues.
123 Exprimée en GgECO2
124 Gérard Essi Ntoumba, «présentation du
service de gestion des déchets ménagers dans la ville de
Yaoundé», Session Internationale de formation sous le thème
»la gestion des déchets dans les villes africaines: organisation et
financement», Centre international de formation des
autorités/acteurs locaux, Ouagadougou (Burkina-Faso), du 26 À 30
octobre 2009.
Ce matériel permet à l'entreprise HYSACAM de
collecter par jour 1000 tonnes de déchets125.
Tableau 4 : Evolution du taux de collecte des ordures
ménagères par la Société HYSACAM
Année
|
1999
|
2002
|
2004
|
2005
|
2007
|
2008
|
2010
|
Tonne/jour
|
350
|
460
|
550
|
692
|
750
|
950
|
1000
|
Taux de
collecte
par %
|
18
|
20
|
40
|
60
|
65
|
80
|
84,2
|
Source : Gérard Essi Ntoumba, «
présentation du service de gestion des déchets ménagers
dans la ville de Yaoundé », Session internationale de formation
sous le thème « la gestion des déchets dans les villes
africaines : organisation et financement », Centre international de
formation des autorités/acteurs locaux, Ouagadougou (Burkina-Faso), du
26 À 30 octobre 2009.
Ce tableau montre que la collecte n'est pas encore efficiente. Ce
qui implique des fuites de déchets ou l'existence de décharge
sauvage et le besoin d'y remédier.
B- la ligne de base du projet MDP de l'entreprise
HYSACAM
La ligne de base étant le point de départ dudit
projet, l'on ira de 1998 à 2017.
? La période 1998 À 2008
Le choix de la période 1998 se justifie par le fait que
c'est à cette période que l'entreprise HYSACAM prend en charge la
gestion des déchets par la signature du contrat
d'exploitation avec la CUY126.
125 Estimation de mai 2008.
126 Septembre 1998.
Tableau 5 : la ligne de base de l'émission annuelle du CH4
à la décharge de Nkolfoulou (tCO2).
Année
|
CH4 émis (tECO2)
|
1998
|
18 205
|
1999
|
24 602
|
2000
|
52 376
|
2001
|
72 718
|
2002
|
86 919
|
2003
|
102 844
|
2004
|
119 697
|
2005
|
135 747
|
2006
|
152 146
|
2007
|
168 762
|
2008
|
183 584
|
Source : DDP du projet MDP de l'entreprise HYSACAM, p. 59
Ce tableau montre qu'entre la période 1998 et 2008,
l'émission du méthane a cru jusqu' à 183 584 tonne
d'équivalent de dioxyde de carbone. Il s'agit des émissions en
l'absence du projet MDP élaboré par l'entreprise HYSACAM.
? La période 2009 À 2017
La période 2009 À 2017 marque la première
période d'accréditation du projet MDP élaboré par
l'entreprise HYSACAM.
Tableau 6 : la ligne de l'émission annuelle du CH4
à la décharge de Nkolfoulou.
Année
|
CH4 émis (tCO2)
|
2009
|
211
|
714
|
2010
|
235
|
430
|
2011
|
256
|
270
|
2012
|
275
|
279
|
2013
|
293
|
173
|
2014
|
310
|
443
|
2015
|
327
|
433
|
2016
|
344
|
384
|
2017
|
256
|
362
|
Source : DDP du projet MDP de l'entreprise HYSACAM, p.59
Le tableau montre une croissance d'émission de
méthane jusqu' à 344 384 tonnes d'équivalent de dioxyde de
carbone de 2009 à 2016. Cette évolution ce justifie par le fait
qu'en cette période, le dispositif technique serait en cours
d'installation. Le fonctionnement effectif des installations ne pourra donc
être fait qu'à partir de 2017. Ce qui implique la chute du niveau
des émissions de méthane.
Paragraphe 2 : les limites et les fuites du Projet MDP
de l'entreprise HYSACAM
Les limites et les fuites permettent d'envisager
l'amélioration du projet élaboré. Il s'agit d'aborder des
limites géographiques, techniques et temporelles.
A- les limites géographiques, techniques,
temporelles et les fuites
Dans le cadre du projet MDP de l'entreprise HYSACAM, la limite
géographique est la ville de Yaoundé. Il en est ainsi parce que
la ligne de base des émissions du méthane a
étéfaite essentiellement dans la ville de
Yaoundé, plus spécifiquement à partir de la
décharge
contrôlée de Nkolfoulou. Ainsi, les autres villes du
Cameroun n'ont pas été considérées.
Les limites temporelles sont perçues du fait que les
données d'émission du méthane précédant 1998
sont aléatoires. A ce moment, l'entreprise HYSACAM n'avait pas la charge
de la gestion des déchets.
Sur le plan technique, la limite est perçue par le fait
que l'analyse n'est faite que pour le méthane. Les autres gaz que sont
le dioxyde de carbone, le dioxyde de souffre et l'hémioxyde d'azote ne
sont pas considérés. Pourtant, ces gaz sont bien présents
lors de la gestion des déchets ménagers.
Les fuites sont ces émissions ayant une incidence sur la
ligne de base qui peuvent être
127
attribuées au projet ou non. La mise en oeuvre du projet
de capture du biogaz de la Société
HYSACAM exige la consommation de l'énergie
électrique et en cas d'insuffisance, ou de manque d'énergie
électrique, l'installation d'un générateur diesel est
prévue sur le site d'exploitation. Ceci implique l'émission de
gaz attribuée au projet qui aura un impact sur la ligne de base du
projet. Pendant la première période d'accréditation, la
consommation de l'énergie est ainsi présentée :
Tableau 7 : Consommation électrique de l'activité
du projet
Année
|
Consommation électrique de l'activité du projet
(Mwh)
|
2009
|
36,5
|
2010
|
438
|
2011
|
438
|
2012
|
438
|
2013
|
438
|
2014
|
438
|
2015
|
438
|
2016
|
401,5
|
TOTAL
|
3 068
|
Source : DDP du projet
Il est important de noter qu' 1 Mwh correspond à 0,8 tonne
d'équivalent de CO2128. A partir de ce tableau, il est
possible de déduire l'émission de dioxyde de carbone qui en
résulte.
127 Association de la promotion des droits de l'homme en Afrique
centrale, Cours du MDP, UCAC/APDHAC/MDHAH, année académique 2009
À 2010.
128 HYSACAM, Clean Development Mechanism Project Design Document
Form (CDM-PDD) Version 03 - in effect as of: 28 July 2006, p. 32.
B- Les problèmes de collecte des ordures
Les ordures ménagères ne peuvent être
collectées que si elles sont mises à la disposition des services
de la Société HYSACAM. Selon un sondage aléatoire
réalisé au taux de 1/200ème pour la ville de
Yaoundé et sur la base du recensement démographique de 1987, des
enquêtes ont été réalisées auprès des
ménages, et des sacs de poubelles de 50 litres ont été
déposés auprès d'1/3 de l'effectif des ménages
enquêtés dans la ville de Yaoundé. Chacun de ces
ménages devait donc, pendant une durée moyenne de deux jours,
stocker tous les déchets dans ces sacs. Les sacs ont été
par la suite collectés et pesés. Ceci a permis d'avoir la
production spécifique des déchets par ménage et des
déchets collectés.
Tableau 8 : Effectif des ménages enquêtés
dans la ville de Yaoundé et des sacs récupérés.
Ville
|
Effectif des ménages enquêtés
|
Nombre déposé
|
Nombre collecté
|
Yaoundé
|
1600
|
400
|
320
|
Source : CNI du Cameroun de 1995, p.11
La conclusion de ces enquêtes est la suivante :
près de 17% de la production des déchets municipaux sont
jetés dans les caniveaux et les eaux de ravinement. La justification de
ce phénomène pourrait se trouver dans le fait que les bacs sont
éloignés des habitations. Dans les zones difficilement
accessibles pour l'entreprise HYSACAM, les populations se livrent à des
attitudes insalubres en déversant les ordures ménagères
dans les caniveaux, en
129
brousse, champs. Ces déversements sont qualifiés de
« dépôts sauvages ». Ainsi, 23% des
ménages se déplacent à plus de 200
mètres pour déposer leurs ordures et 30% des ménages
estiment que le lieu de dépôt des ordures est très loin de
leur habitation. Il y a donc nécessité d'améliorer les
voies d'accès dans les arrondissements. Ce qui aura pour impact la
réduction du nombre de dépôts sauvages et ainsi la
réduction des fuites du méthane.
129 Service de coopération et d'action culturelle CUY,
Evaluation du ramassage des ordures ménagères dans la ville de
Yaoundé par HYSACAM, Agro-OME, octobre 2000, p.16.
Section 2 : l'additionnalité environnementale et
technologique
Faire mention de l'additionnalité d'un projet revient
à énoncer sa contribution. Il s'agit de l'objet qui justifie sa
réalisation. Dans le cadre du projet de l'entreprise HYSACAM, il est
question d'aborder l'additionnalité environnementale et
technologique.
Paragraphe 1 : l'additionnalité
environnementale
L'additionnalité environnementale du projet est
appréciée au niveau de la réduction de l'émission
du méthane dans l'atmosphère. La pérennité de cette
additionnalité est garantie par un dispositif d'évaluation.
A- la réduction des effluents gazeux et liquides
Le Ministère de l'industrie, des mines et du
développement technologique a autorisé l'exploitation de la
décharge contrôlée de Nkolfoulou par l'entreprise HYSACAM
par l'Arrêté N° 00157 MINIMDT/CAB/DMG/SDAMIC/SCNIIC du 15
septembre 2005. L'entreprise HYSACAM est ainsi classée en
première classe sous les numéros 174 et 175 de
130
la nomenclature des établissements classés
dangereux, insalubres et incommodes. C'est
ainsi que le site de Nkolfoulou a été choisi en
tenant compte de l'éloignement des populations. Toutefois, il s'agit
là d'un critère qui au fil du temps n'a plus lieu d'être,
vue l'expansion de la ville qui conduit à l'installation des populations
aux alentours.
Les propriétés mécaniques du sol ont
été avantageux à l'implantation d'une décharge pour
les ordures ménagères : un sol sablo-argileux. Ce qui
réduit la perméabilité du sol et assure le filtrage des
effluents liquides et ainsi réduit leur nocivité sur
l'environnement131.
La réduction des effluents liquides qui est le lixiviat
est faite par la construction d'une canalisation de 5 kilomètres et d'un
bassin de rétention ayant une capacité de stockage de 160
mètres cube. Stocké, le lixiviat pourra donc être
traité et rendu inoffensif pour la nature et pour l'homme.
La réduction de l'effluent gazeux qu'est le biogaz se
résume en sa collecte et sa combustion afin de réduire
approximativement 75 000 tonnes d'émission de méthane
132au
130 HYSACAM, Audit environnemental des activités de
gestion des ordures ménagères, HYSACAM, Yaoundé, Aout
2010, p. 81.
131 Agriculture, sources profondes.
cours de la vie du projet133. En
récupérant et brûlant le biogaz, le projet contribuera
à la réduction de la pollution atmosphérique et de la
mauvaise odeur et préservera de ce fait la qualité de l'air dans
les établissements humains voisins. Aussi, le captage et la combustion
du biogaz va améliorer la sûreté du Centre d'enfouissement
technique de Nkolfoulou en réduisant les dangers de la combustion et de
l'explosion des poches de méthane.
B- le système d'évaluation
Le système d'évaluation consiste à suivre
la mise en oeuvre du projet pour que ce dernier se déroule dans les
meilleures conditions. L'évaluation est faite à deux niveaux, au
niveau national et au niveau international.
Au niveau national, les activités de l'entreprise
HYSACAM sont supervisées par le Comité de suivi environnemental
de la décharge encore appelé Commission provinciale de
contrôle de la décharge municipale de Nkolfoulou. Cette Commission
est établie par la Décision N° 503/D/J/SG/AJF portant
création et fonctionnement de la Commission provinciale de
contrôle de la Décharge municipale de Nkolfoulou. Elle est
présidée par le Gouverneur de la Région du Centre ou son
représentant. L'article 1 de cette Décision énonce que la
Commission est « chargée de prévenir les nuisances dues
à la présence et aux conditions de gestion de la
décharge municipale de Nkolfoulou ». C'est ainsi que
l'évaluation de cette Commission est basée sur les campagnes de
dératisation et de désinsectisation menées
trimestriellement. Ceci dans le but de garantir le bien être des
populations vivant aux environs de la décharge.
Au niveau international, le projet MDP de l'entreprise HYSACAM
est divisé en trois périodes d'accréditation. Cette
subdivision permet de suivre l'évolution du projet. La première
période va de 2009 à 2016, la deuxième de 2016 à
2023 et la troisième de 2023 à 2030. Ceci permettra aussi de
convertir les réductions d'émission de méthane en
Réduction d'émission Certifiée.
132 HYSACAM, Clean Development Mechanism Project Design Document
Form (CDM-PDD) Version 03 - in effect as of: 28 July 2006, p. 2.
133 Le projet atteindra la fin de son cycle de vie en 2030.
Paragraphe 2 : l'additionnalité technologique et
économique
L'additionnalité technologique du projet
élaboré par l'entreprise HYSACAM se résume au transfert du
mécanisme du biogaz et ses retombées économiques
A- le système de capture de biogaz
Les essais africains réalisés avant le projet de
récupération du biogaz de l'entreprise HYSACAM ont montré
que l'adaptation dans le contexte des Pays en développement reste
très limitée à cause des investissements
élevés nécessaires pour leur installation. Les
expériences de méthanisation réalisées en Afrique
sont presque toutes issues des programmes financés par les bailleurs de
fonds internationaux. Toutefois, ces unités n'ont pas survécu
longtemps après l'arrêt des subventions.
La non implication des populations bénéficiaires
dans le processus de choix des technologies et dans la gestion quotidienne du
mécanisme n'a pas permis à ces derniers de s'approprier cette
technologie et d'être capables d'assurer convenablement le suivi,
après l'arrêt des subventions. Aussi, il n'y a pas eu en Afrique,
une étude de faisabilité sérieuse
134
avant la mise en place de ces installations.
Le projet du biogaz de la Société HYSACAM vient
pallier à ces défaillances. Dans le cadre du MDP, les projets
sont financés par les entités de l'Annexe I qui reçoivent
en retour des Réductions d'Emissions Certifiées. Aussi, les
populations bénéficiaires sont impliquées dans
l'élaboration et la conduite du projet. La réalisation de ce
projet est au-delà de la subvention, car il s'agit d'un investissement
susceptible de rapporter des bénéfices pour la
Société HYSACAM et son partenaire Orbeo. Présenté
en ces termes, le projet MDP de l'entreprise HYSACAM ne présente pas les
symptômes d'une mort prématurée. L'activité dudit
projet permettra l'application d'un système de capture de méthane
normalisé sur la scène internationale.
Les avantages socio-économiques sont le
développement des capacités endogènes pour mieux
gérer les opérations de mise en décharge, le
développement du nombre d'emplois dans la construction du système
de captage et de combustion du biogaz : préparation des cellules, des
puits, des réseaux de tuyauterie, le profilage ou tri des
déchets, etc. Le projet
134 Emmanuel Ngnikam, Evaluation environnementale et
économique de systèmes de gestion des déchets solides
municipaux: analyse du cas de Yaoundé au Cameroun, Thèse
présentée devant l'Institut de Sciences appliqués de Lyon
pour l'obtention du grade de Docteur, Formation doctorale science et technique
du déchet, Soutenue le 2 mai 2000, pp. 58 À 59.
permettra aussi la création des postes d'emploi de
haut-cadre pour la gestion du système de captage du biogaz et à
l'exécution du plan de surveillance. Par ailleurs, une partie des
revenus obtenue à partir de l'activité du projet par la vente des
Réductions des Emissions Certifiées sera consacrée au
développement social, de la santé et des projets productifs pour
améliorer les conditions de vie des communautés vivant dans le
secteur de Yaoundé135.
B- La valorisation des déchets
La valorisation d'un déchet est toute action qui permet
d'en tirer de l'énergie, de trouver un nouvel usage à la
matière qui le compose, de tirer une matière première
secondaire utile à la fabrication du même bien, de trouver un
nouvel usage à l'objet, de lui permettre de
136
redevenir utile pour d'autres. Quelque soit la nature du
déchet, il existe plusieurs
traitements favorisant soit la valorisation
énergétique soit la valorisation en agriculture :
- la combustion137 qui ne peut être
appliquée que dans le cas où les fractions de déchets ont
un faible taux d'humidité de 40%.
- L'élaboration des combustibles dérivés par
le procédé biologique. Dans le cas des ordures
ménagères, la méthanisation est appliquée.
- La fabrication des amendements organiques ou le compostage.
- L'incinération sans récupération
d'énergie, qui dans ce cas, permet de réduire le volume de
déchets pour augmenter la durée de vie de la décharge.
Les trois processus choisis par l'entreprise HYSACAM sont la
méthanisation, le compostage et le recyclage.
? La méthanisation
La méthanisation est le procédé naturel
par lequel la matière organique se dégrade en absence
d'oxygène. Ce procédé favorise l'émission du biogaz
qui est un mélange de gaz carbonique et de méthane à des
proportions diverses. La production du méthane dans une
135 HYSACAM, Clean Development Mechanism Project Design Document
Form (CDM-PDD) Version 03 - in effect as of: 28 July 2006, p.3.
136 ERA- Cameroun, «La situation de gestion et la
valorisation des déchets solides dans les villes africaines et
perspectives, ERA-Cameroun, pp. 8 À 10.
137 Incinération avec récupération de
l'énergie.
décharge est fonction de la nature des déchets et
surtout du taux de dégradation de la matière
138
fermentescible.
La gestion du biogaz de décharge représente une
source d'énergie valorisable. La récupération du biogaz de
la décharge et la combustion vise essentiellement un double objectif :
un objectif écologique car le méthane est un GES dont le
potentiel de réchauffement est 24 fois supérieur à celui
du gaz carbonique et un objectif économique dans la mesure où ce
biogaz peut être valorisé comme combustible pour la production de
chaleur ou d'électricité139. La valorisation
énergétique concerne différents débouchées
:
- la vente directe de chaleur à des clients potentiels que
sont les industries utilisant la chaleur, la vapeur industrielle, les
hôpitaux, piscines.
- La vente de chaleur à réseau de chaleur pour
assurer le chauffage ou l'eau chaude. - La production et vente de
biocarburant
- La production et vente d'électricité en
réseau ou aux clients isolés.
Toutefois, il est important de noter que cette valorisation
énergétique présente une limite qui est celle de
l'utilisation de l'énergie thermique dont la production est faite en
ayant recours à la combustion du biogaz, ce qui n'est pas compatible
à 100% avec les exigences
140
écologiques.
En Afrique et dans les Pays en développement, les
expériences de méthanisation qui se sont
développées ont porté dans la plupart des cas sur des
résidus de récolte et d'élevage. Les unités qui
étaient installées l'étaient à l'échelle de
familles ou de communautés villageoises pour satisfaire aux besoins
d'éclairage et de cuisson des aliments. Ces expériences de
méthanisation avaient pour but de lutter contre la
désertification dans les pays du Sahel (Afrique de
l'Ouest)141.
Avec le projet MDP de la Société HYSACAM, une
possibilité de combler les lacunes énergétiques du
Cameroun dans certaines régions est envisageable ; non seulement en
éclairage mais aussi dans la cuisson des aliments. Il est question de
remplacer la combustion fossile par la combustion thermique. Par ailleurs, il
est important de noter que le biogaz a d'autres vertus à part la
production d'électricité et de chauffage, il s'agit de la
réfrigération.
138 ERA- Cameroun, Op. Cit., p. 46.
139 ERA- Cameroun,Op. Cit., p. 46.
140 Lors de la combustion, le gaz carbonique est
relâché dans l'atmosphère et lui aussi est un GES.
141 Emmanuel Ngnikam, Op. Cit., p. 57.
=' Le compostage
Le compostage est « la décomposition des
matières organiques et leur transformation en humus par l'action d'un
grand nombre de microorganismes dans un milieu chaud, humide et
aéré. Ce processus est utilisé pour transformer les
déchets organiques en compost,
142
amendement organique très riche en
éléments nutritifs ». Autrement dit, le compostage
des ordures ménagères se fait par
biodégradation à l'air de la fraction fermentescible. Il n'est
donc pas toxique contrairement aux pesticides. Selon le rapport du PNUD, les
travailleurs agricoles sont particulièrement exposés aux effets
toxiques des pesticides. Jusqu'à 25 millions de travailleurs agricoles
dans les Pays en développement dont 11 millions en Afrique, pourraient
être empoisonnés chaque année, et des centaines de milliers
d'entre eux pourraient en mourir143.
Lorsque les déchets sont mis en décharge, les
tas d'ordures ménagères sont retournés plusieurs fois,
ensuite, lorsque les déchets sont assez humidifiés, ils sont
criblés et mis en sac pour servir d'amendement organique. Cette
biodégradation à l'air ne produit pas de méthane,
contrairement à la fermentation anaérobique. Toutefois, elle
produit uniquement du gaz carbonique et de la vapeur d'eau. Le compostage est
présenté comme le meilleur moyen de traitement des ordures pour
la ville de Yaoundé pour trois raisons :
- la proportion des matières organiques des ordures
ménagères de Yaoundé est importante (75%).
- l'humidité de ces ordures ménagères est
supérieure à 50%.
- Les sols de Yaoundé sont peu fertiles. Ces sols
appartiennent au groupe des ferralitiques. Ils sont pauvres en silices et en
bases minérales nutritives. Ce qui n'est
144
pas enrichissant pour l'agriculture.
Le compostage représente un atout assez important sur
le plan agronomique et socioéconomique. Sur le plan agronomique, le
compost par sa teneur équilibrée en éléments
nutritifs principaux assure des avantages appréciables dans les sols
argileux en excès. Ce qui est le cas de la ville de Yaoundé. Le
compost enrichit la vie microbienne du sol et approvisionne aussi en aliments
les microorganismes déjà présents. Il améliore la
structure et
142 Isabelle Fritz, traitement des déchets solides
de la ville de Yaoundé (Cameroun): Récupération, recyclage
et compostage, Rapport de stage du Diplôme d'Etudes Approfondies
Gestion et traitement des déchets, Institut de Sciences
Appliquées de Lyon, Laboratoire de Chimie physique appliqué et
environnement, soutenu le 9 juillet 1992, p. 27.
143 Sous la direction de Sandrine Maljean À Dubois et
Rostane Mehdi, Les Nations Unies et la protection de l'environnement : la
promotion d'un développement durable, Op. Cit. p. 35.
144 Isabelle Fritz, Op. Cit.
la porosité du sol, il augmente fortement la
rétention d'eau dans le sol, il réduit donc les pertes d'eau par
vaporisation dans l'atmosphère, il réduit fortement
l'érosion des sols.
Sur le plan économique, l'utilisation du compost peut
aboutir à un accroissement de la production de produits maraichers qui
permettraient une rétribution en retour. La Fondation Camerounaise pour
une Action Rationnalisée des Femmes sur l'Environnement et d'autres
chercheurs ont mené une étude de terrain qui montre les
potentialités économiques et environnementales du compost dans la
ville de Yaoundé. La demande potentielle du compost est
évaluée en 1995 à 3 348 tonnes/an dans la Région du
Centre. Cette consommation devra suivre un taux d'accroissement de 4% par an
jusqu'en 2000 où il dépassera 5%. Il est important de noter la
valeur marchande faible du compost. Toutefois, le faible prix du compost ne
peut être conservé que s'il est préparé aussi
près possible de la source des matières premières. Car le
coût du transport lui enlèverait toute possibilité de vente
à prix raisonnable. Jusqu'au 1er août 1995, le compost
produit à Yaoundé était vendu à 1200 francs
CFA/sacs de 50 kilogrammes. Ce prix dit dérisoire face au prix des
engrains chimiques qui est
145
de 112 500 francs CFA/tonne en moyenne.
A partir d'une enquête sur un échantillon de 156
acheteurs du compost (février À mai 1995), ces résultats
ont été obtenus par l'ONG Fondation Camerounaise pour une Action
Rationnalisée des Femmes sur l'Environnement.
Tableau 9 : Enquête sur un échantillon de 156
acheteurs du compost (février À mai 1995).
Fonction de l'acheteur
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Fonctionnaire assimilé
|
72
|
46%
|
Cultivateur
|
22
|
14%
|
Retraité
|
6
|
4%
|
Commerçant et autres
emplois informels
|
19
|
12%
|
Horticulteurs
|
19
|
12%
|
Autres
|
18
|
12%
|
Total
|
156
|
100%
|
Source : Fondation Camerounaise pour une Action
Rationnalisée des Femmes sur l'Environnement, p.47.
145 Fondation Camerounaise pour une Action
Rationnalisée des Femmes sur l'Environnement, «Collecte autonome
des ordures ménagères et compostage dans 10 quartiers de
Yaoundé», Rapport d'exécution du projet, projet
financé par le Ministère français de la
coopération, Fonds spécial de développement, aout 1995,
pp. 46 À 49.
Cette analyse montre qu'il existe une demande de compost
à Yaoundé. Mais une couverture du marché ne sera effective
que lorsque les points de vente seront rapprochés des utilisateurs.
D'où la nécessité de montrer à la population par
des frais réels les bénéfices tirés de
l'utilisation du compost biologique surtout dans un contexte où l'accent
est mis dans l'agriculture biologique sur les marchés internationaux.
C'est ainsi que l'entreprise HYSACAM a fait examiner son
unité de production de compost par l'institution
spécialisée qu'est la Faculté d'Agronomie et des Sciences
Agricoles de Dschang. Ceci en partenariat avec les populations de Nkolfoulou
réunies en Groupement d'Initiatives Communes. Les résultats de
l'analyse du compost produit du Laboratoire des sols de la Faculté
d'Agronomie de l'Université de Dschang ont révélé
l'absence de contaminants et l'apport en nutriments naturels de ce compost.
Cette expérimentation s'est faite sur les
plantations de poivriers, bananiers plantains146.
Ces résultats ont été positifs sur le plan
économique et environnemental, il se pose donc la
nécessité pour l'entreprise HYSACAM de coopérer avec les
organismes locaux pour le développement de cette initiative.
Le recyclage des matières non
fermentescibles
La pratique du recyclage n'est pas très courante
à Yaoundé à cause de la faiblesse du tissu industriel dans
la zone. Selon Meke Effague Omer, la fraction des déchets les plus
recherchés par les récupérateurs sont les matières
plastiques, le verre, les métaux tels que le
fer l'aluminium, le papier et les cartons147.
La récupération des plastiques est faite pour la
fabrication de chaussures en plastiques. La collecte est faite de porte
à porte. La récupération du verre est effectuée par
les brasseries du Cameroun et une Société qui embouteille le vin.
La récupération des métaux ferreux et non ferreux est
faite à Yaoundé par des artisans qui recyclent près de 750
tonnes d'aluminium et
ses alliages par an dans les 30 unités de fabrication
qui existent dans ladite ville148. Les artisans collectent environ
10 tonnes par an de papier et de carton, pour la fabrication des mannequins et
des objets de décoration.
146 «Le devenir de nos ordures»,
http://www.hysacam-proprete.com/index.php?mod=metier&vg=2&bloc=2.
F47onsulté le 12 mai 2010).
Meke Effague Maxime Omer, Essai d'optimisation du tri
compostage des ordures ménagères de la ville de
Yaoundé, Mémoire de fin d'étude en vue de l'obtention
du diplôme d'ingénieur de conception de génie civil,
soutenu le 22 septembre 2004 à l'Ecole Nationale supérieur
Polytechnique, pp. 23 À 25.
148 Idem.
Dans la ville de Yaoundé, 4 tonnes de déchets,
toute nature confondue sont récupérées par jour. Il s'agit
d'environ 0,3% de la production des déchets. Ce qui est très
faible par rapport à la production globale des déchets dans la
ville qui s'élève à près de 1200 tonnes par
149
jour. La récupération de ces déchets
à Yaoundé est faite par des entités indépendantes
et
autonomes. Ce qui explique le faible taux de
récupération et de recyclage. Ceci montre donc la
nécessité d'établir des liens de coopération entre
l'entreprise HYSACAM qui oeuvre dans la collecte des déchets et ces
entités pour plus d'efficacité et d'efficience. Ainsi,
l'entreprise HYSACAM150 pourrait en son sein établir une
Direction de tri et y recruter un personnel qualifié et acquérir
un matériel et un équipement adéquat pour le tri pour
passer du tri manuel au tri mécanique. Il s'agit notamment d'une table
à bande roulante, de matériel de manutention tel que les
brouettes et les bacs, un broyeur, un tamis. Ce tri s'avère très
utile dans la mesure où ces éléments pourraient être
toxiques dans la constitution du compost et à la constitution du sol.
Ces activités seraient d'un grand apport
économique pour la ville de Yaoundé. Selon le PNUD, « la
pauvreté a atteint des proportions inquiétantes, 30% des
populations de la ville de Yaoundé sont menacées et
l'insécurité alimentaire affecte 28%. L'indice de la
pauvreté en milieu urbain de Yaoundé est estimé
à 21,4% [...] pour survivre ou améliorer leurs
conditions de vie, certaines populations sont obligées de s'engager dans
les activités génératrices de revenus tels que
l'agriculture ( maraichage), l'élevage et la floriculture dans les
bas-fonds marécageux ou sur tout espace disponible dans le
périmètre urbain »151. D'oüla place
considérable du projet MDP de l'entreprise HYSACAM.
149 Meke Effague Maxime Omer, Op. Cit.
150 Voir note de service interne N° 04-08 du lundi 23 juin
2008 qui réglemente l'activité de récupération sur
le Centre de Stockage des déchets de Nkolfoulou, Yaoundé.
151 HYSACAM, l'audit environnemental des activités de
gestion des ordures ménagères, HYSACAM, Yaoundé,
août 2010, p. 33.
CONCLUSION GENERALE
La mise en oeuvre du MDP au Cameroun a été le
centre d'intérêt de cette analyse. L'analyse de cette mise en
oeuvre a été faite par le cas du projet élaboré par
la Société HYSACAM. L'intérêt de cette étude
a été d'établir si le projet MDP de l'entreprise HYSACAM
répond aux critères environnementaux du Protocole de Kyoto tout
en répondant aux critères de développement
économique du Cameroun.
Le projet MDP de Nkolfoulou contribuant à
l'atténuation du changement climatique sur le plan global et au
développement durable du Cameroun, l'hypothèse émise au
début de cette étude a été vérifiée.
Par l'élaboration du projet du MDP de l'entreprise HYSACAM, le MDP est
ainsi présenté comme un levier pour le développement
à travers la réalisation de programmes de développement
sectoriels basés sur des technologies dites propres. Dans le secteur de
la gestion des déchets, il y a une amélioration des techniques de
travail avec des retombées sociales et économiques
concrètes par la production du compost et le recyclage des
déchets et l'amélioration du cadre de vie.
Selon Sandrine Mathy, cette combinaison du souci de
préserver l'environnement et celui de développement qui a
constitué la « surprise de Kyoto » est « le
fruit d'un consensus forcé » entre les Pays
développés et les Pays en développement qui s'est
soldé par une « inversion de la hiérarchisation des
priorités du mécanisme [en] plaçant au premier plan la
contribution des projets inscrits au MDP au développement durable du
pays hôte du projet et non la dimension de flexibilité
»152. La mise en oeuvre du MDP ainsi lancée au
Cameroun, des améliorations sont attendues à la suite de «
l'après Protocole de Kyoto » en 2012.
152 Sandrine Mathy, Op. Cit.
BIBLIOGRAPHIE
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III. THESE, MEMOIRES, ETUDES
A- THESE
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B- MEMOIRES
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Yaoundé, Mémoire de fin d'étude en vue de l'obtention
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C- ETUDES
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- NTOUMBA ESSI Gérard, présentation du
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Yaoundé, Session Internationale de formation sous le thème
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V. DOCUMENTS
A- TEXTES OFFICIELS
a. TEXTES INTERNATIONAUX
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- Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements
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- Protocole de Kyoto du 11 décembre 1997.
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http://www.unep.org/Documents.
(Consulté le 05 À 05 À 2010).
b. TEXTES NATIONAUX
*Cameroun
- Loi-cadre N° 96/12 du 5 août 1996 portant Loi-cadre
relative de la gestion de l'environnement du Cameroun.
- Loi N° 2004/018 du 22 juillet 2004 portant règles
applicables aux Communes.
- Décision N° 503/O/J/SG/AJF du 20 octobre 2002,
portant création et fonctionnement de la Commission provinciale de
contrôle de la décharge municipale de Nkolfoulou.
- Décision N° 00009/MINEP/CAB du 16 janvier 2006
portant création, organisation et fonctionnement du Comité
National chargé de la mise en oeuvre du Mécanisme pour un
développement propre au Cameroun.
*France
- Code de l'environnement français en vigueur le 1er mai
2010.
- Décret N° 2006-622 du 29 mai 2006 et relatif
à l'agreement des
activités de projet relevant des articles 6 et 12 du
Protocole de Kyoto
du 11 décembre 1997.
B- RAPPORTS
- FRITZ Isabelle, traitement des déchets solides de
la ville de Yaoundé(Cameroun): Récupération,
recyclage et compostage, Rapport de
stage du Diplôme d'Etudes Approfondies Gestion et
traitement des déchets, Institut de Sciences Appliquées de
Lyon, Laboratoire de
Chimie physique appliqué et environnement, soutenu le 9
juillet 1992.
- FONDATION CAMEROUNAISE POUR UNE ACTION RATIONNALISEE DES
FEMMES SUR L'ENVIRONNEMENT, Collecte autonome des ordures
ménagères et compostage dans 10 quartiers de Yaoundé,
Rapport d'exécution du projet, projet financé par le
Ministère français de la coopération, Fonds spécial
de développement, août 1995, 57 pages.
- PNUD, Rapport mondial sur le développement humain,
2007-2008, 399 pages.
C- COMMUNICATION
- MINISTERE DE L'ENVIRONNEMENT ET DE LA FORET, Communication
Nationale Initiale du Cameroun, 1997.
- Lettre d'approbation N° 00458/MINEP/SG/P/CN-MDP du 17
mars 2009.
- Letter of approval for a project activity under article 12
of Kyoto Protocol, référence : 5E/HM/09/042ter, Ministère
de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et
de la mer en charge des technologies vertes et des négociations sur le
climat, Direction générale de l'énergie et du climat,
Paris, 28 juillet 2009.
D- AVIS
- AENOR, CDM validation Protocol for the Company
Hygiène et salubrité du Cameroun (HYSACAM),
référence N° 2009/048/CDM/01, 07 À 09 À
2009.
E- AUTRES DOCUMENTS
- HYSACAM, « Hygiène pour un monde de
propreté »,
www.hysacam.com.
(Consulté le 20 mars 2010).
- HYSACAM, «Le devenir de nos ordures»,
http://www.hysacamproprete.com/index.php?mod=metier&vg=2&bloc=2.
(Consulté le 12 mai 2010).
- HYSACAM, « l'amélioration continue du service : le
devoir d'une entreprise leader » in Bosangi supplément, janvier
2007, P.3
- ORBEO, « Orbeo partenaire du premier projet de
récupération de gaz issu d'une décharge en Afrique
Centrale (Cameroun) »,
http://www.orbeo.com/IMG/pdf/communiquedepresseORBEOERPA
HYSACAM-021208FINAL-FR.pdf. (Consulté le 8 mai 2010).
- Sous la direction de MALJEAN-DUBOIS Sandrine et MEHDI
Rostane, Les Nations Unies et la protection de l'environnement : la promotion
d'un développement durable, Actes du colloque d'Aix en Provence, 15 et
16 janvier 1999, Paris, A. Pedone, 1999, 205 pages.
- ORGANISATION INTERNATIONALE DE LA FRANCOPHONIE, « Le
mécanisme pour un développement propre, un partenariat
opérationnel en vue de soutenir le développement durable dans
l'espace francophone » in l'Initiative Francophone de Partenariat dans
le domaine du MDP, Institut de l'énergie et de l'environnement de
la Francophonie, 42 pages.
-
http://www.aenor.es/desarrollo/aenor/quees/quees.asp.
(Consulté le 8 mai 2010).
ANNEXE
Annexe N° 1 : Décision N°
00009/MINEP/CAB du 16 janvier 2006 portant
création, organisation et fonctionnement du Comité
National chargé de la mise en oeuvre du Mécanisme pour un
développement propre au Cameroun.
Annexe N° 2 : - Lettre d'approbation N°
00458/MINEP/SG/P/CN-MDP du 17 mars 2009.
- Letter of approval for a project activity under article 12
of Kyoto Protocol, référence : 5E/HM/09/042ter, Ministère
de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et
de la mer en charge des technologies vertes et des négociations sur le
climat, Direction générale de l'énergie et du climat,
Paris, 28 juillet 2009.
Annexe N° 3 : AENOR, CDM validation Protocol for the Company
Hygiène et salubrité du Cameroun (HYSACAM),
référence N° 2009/048/CDM/01, 07 À 09 À
2009.
TABLE DES MATIERES
remerciements..........
...........................................................................
.......i sigles/abréviations...
...................................................................................
ii
résumé iv
abstract v
sommaire... iv
Introductiongénérale 1
Contextede
l'étude..................................................................................
2
Délimitation de l'étude 3
Délimitation spatiale 3
Délimitation matérielle 3
Délimitation temporelle 3
Définitiondes concepts 3
Lamise en oeuvre 4
Le Mécanisme pour un développement
propre............................. ........................ 4
L'intérêt de l'étude 5
L'intérêt scientifique 5
L'intérêt social 6
Larevue de la littérature 6
Laproblématique........................................
............................................. 8
Hypothése........................................
................................................ .... 8
Lecadre méthodologique 8
Les méthodes d'analyse...............................
................................................ 8
Laméthode juridique 9
Laméthode stratégique 9
Les techniques de
recherche.............................................................................10
la collecte des
données...................................................................................10
la recherche
documentaire...............................................................................10
Annonce et justification du
plan.......................................................................10
PREMIERE PARTIE : l'élaboration du projet MDP de la décharge
contrôlée de
Nkolfoulou................................................................................................12
CHAPITRE I le cadre juridique du projet de
récupération du biogaz de la décharge
contrôlée de
Nkolfoulou....................................................13
SECTION I la normativité environnementale au
Cameroun.....................13
PARAGRAPHE I les normes internationales environnementales
applicables au Cameroun.............................................13
A- les normes générales : la CCNUCC de
1992..................13
B- les normes spécifiques : le protocole de
Kyoto...............15
PARAGRAPHE II les normes
internes................................... 18
A- les normes générales : la loi N° 96/12 du
5 aout 1996 portant
loi-cadre relative à la gestion de
l'environnement...............18
B- les normes spécifiques : l'acte juridique passé
entre
HYSACAM et la CUY en
1998....................................20
SECTION II l'institutionnalisation du MDP au
Cameroun.......................22 PARAGRAPHE I les organes de fonctionnement
(vue de l'intérieur,
présentation de l'institution).........................
........................22
A- les organes de fonctionnement de
l'AND-MDP...............22
B- les fonctions de
l'AND-MDP....................................23
PARAGRAPHE II les procédures de validation du projet
MDP......24
A- l'évaluation préliminaire de la NIP
............................24
B- Evaluation approfondie du
DDP................................25 CHAPITRE II le partenariat
France/Cameroun dans le projet de récupération du
biogaz dans la décharge de
Nkolfoulou......................................................27
SECTION I les acteurs publics
nationaux...........................................27
PARAGRAPHE I le pays en développement, le
Cameroun.............27 PARAGRAPHE II le pays développé
investisseur, la France............29 SECTION II les acteurs publics
internationaux et privés.........................30 PARAGRAPHE I la
CdP et l'EOD..........................................30
A. la CdP et ses organes
subsidiaires..............................30
B. L'EOD : Association Espagnole de Normalisation et de
Certification....................................................
32
PARAGRAPHE II les entreprises
impliquées..............................33
A- l'entreprise
HYSACAM..........................................33
Statut de l'entreprise
HYSACAM..................................33
Fonctionnement de l'entreprise
HYSACAM......................33
B- ORBEO-SGBC-Veolia~~~~~~~~~~~~~~35
ORBEO- SGBC
.............................................35
Veolia..........................................................36
DEUXIEME PARTIE la mise en oeuvre du projet MDP de récupération
du biogaz de l'entreprise
HYSACAM.................................................................................37
CHAPITRE I la réalisation du
projet.........................................................38
SECTION I: le montage du
projet....................................................38
PARAGRAPHE I le montage
juridique....................................38
A- le montage sur le plan
international........................... 38
B- le montage sur le plan
national..................................39 PARAGRAPHE II le montage
technique..................................40
SECTION II l'opérationnalité du
projet.............................................41
PARAGRAPHE I le management du
projet................................42 PARAGRAPHE II l'évaluation
du projet...................................42
CHAPITRE II l'impact du
projet............................................................ 44
SECTION I l'impact global sur le changement
climatique........................44 PARAGRAPHE I le scenario de
référence, la ligne de base du projet.44
A- le scenario de référence
..........................................44 L'évolution de la
population et la production des déchets......44
L'évolution de l'émission des
GES.................................45
Les déchets mis en décharge
contrôlée........................... 46
B- la ligne de base du projet MDP de l'entreprise HYSACAM47
La période 1998 À
2008..............................................47
La période 2009 À
2017..............................................47
PARAGRAPHE II les limites et les fuites du projet MDP
de
l'entreprise
HYSACAM......................................................49
A- les limites géographiques, techniques, temporelles
et les
fuites.............................................................................49
B- les problèmes de collecte des
ordures...........................51
SECTION II l'additionnalité environnementale et
technologique........................52
PARAGRAPHE I l'additionnalité
environnementale.....................52
A- la réduction des effluents gazeux et liquides.52
B- le système
d'évaluation..........................53 PARAGRAPHE II
l'additionnalité technologique et économique......54
A- le systeme de capture de biogaz
|
54
|
B- la valorisation des déchets
|
55
|
La méthanisation
|
55
|
Le compostage~~~~~~~~~~~~~~~~~~ 57
Le recyclage des matières non fermentescibles~~~~~. 59
CONCLUSION GENERALE~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ 61
BIBLIOGRAPHIE 62
ANNEXE~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ 68
TABLE DES MATIERES 69
|