Le corps du schizophrène face à l'injection de neuroleptique( Télécharger le fichier original )par Sylvie D'HULST IFSI Pamiers - I.D.E. 2008 |
2.4 Hypothèse sur ce que peut représenter une injection intramusculaire pour un schizophrèneRappelons-nous le Moi-peau de Didier Anzieu12(*) abordé dans le chapitre précédent : Dans sa fonction contenante, la peau garde à l'intérieur ce qui est bon ; lors d'une injection, on fait pénétrer un élément du dehors, lors d'une ponction, on retire ce qui est dedans. L'injection et la ponction sont-ils ressentis différemment par le patient schizophrène ? Lors d'une ponction, le psychotique peut avoir la sensation qu'on lui retire une partie de lui-même. Lors d'une injection, on franchit sa barrière protectrice, on lui injecte quelque chose du dehors (ce « quelque chose » provenant de l'extérieur est-il « bon » ?), peuvent s'ajouter à cela les notions de persécution ou à minima de méfiance (cf. délire à thème de persécution). Néanmoins, j'ai souvenir d'un infirmier travaillant en psychiatrie qui me racontait qu'un des patients du service attendait l'injection intramusculaire qui lui faisait du bien ; en effet, cette personne avait la sensation d'être remplie de gaz et l'injection permettait l'évacuation de celui-ci. S'ajoute à cela la technique d'administration de l'injection qui se pratique la plupart du temps dans la fesse. Je me suis demandé quelle incidence ceci pouvait avoir sur ces patients. Le choix de ce site d'injection implique la plupart du temps une position allongée sur le ventre. Ainsi installé, le patient ne peut voir le soignant. Cela majore-t-il l'angoisse d'un patient se sentant déjà persécuté ? Qu'en est-il de cette position lorsque le patient est atteint d'hallucinations cénesthésiques à caractères sexuels qu'il vit comme des viols ? C'est une position qui touche aussi à la pudeur ; qu'en est-il de la pudeur du schizophrène ? Comme je l'ai cité précédemment, un nouveau site d'injection est dorénavant proposé aux patients et aux soignants pour le Risperdal consta®13(*) ; il s'agit du muscle deltoïde. La possibilité de proposer au patient le choix du site peut-il être un atout pour l'alliance thérapeutique ? Ce site sera-t-il préféré à l'injection dans la fesse par les patients ? Pour quelles raisons ? N'ayant pas trouvé de réponses à mes questions dans mes recherches théoriques, l'enquête sur le terrain allait me permettre d'approfondir certaines réflexions. * 12 ANZIEU D. Le Moi-Peau. Paris : Dunod, 1995. 276 p. Collection Psychismes. * 13 GONGUET B. «Quand l'injection fait lien ». Santé mentale, Février 2011, n°155, pp. 10-13. |
|