0.3. Délimitation du sujet.
Dans le cadre de ce travail, notre étude couvrira
l'ancienne province de Léopoldville de 1888 à 1960.
Sur le plan spatial, le choix de la province de
Léopoldville est important du fait que dans cette province s'est
développée le centre urbain le plus important du Congo belge,
dans lequel on retrouva une forte concentration de la population,
particulièrement de la main-d'oeuvre provenant des autres régions
du Congo. Bien plus encore, cette province, tout en étant le
siège des institutions politiques et administratives du pays, regroupa
l'essentiel des ressources sanitaires du point de vue personnel,
infrastructures et budgets.
Sur le plan temporel, l'année 1888 marque
notre point de départ. C'est en effet à partir de cette
année que l'administration coloniale édicta les premières
mesures de la lutte contre les maladies transmissibles { l'intérieur de
la colonie. Et l'année 1960 constituant notre point d'arrivée
marque la fin de la période coloniale et le début d'une
nouvelle époque, l'ère des indépendances.
Cette date marque aussi la fin de la politique sanitaire belge au Congo, ce qui
impliqua la participation des Congolais eux-mêmes à la gestion de
leur propre pays, notamment dans le secteur sanitaire.
0.4. Méthodologie
Dans cette étude historique des maladies, l'approche
analytique est { la fois plus simple et plus féconde. Et les
états pathologiques au sein d'une population déterminée,
dans le temps et dans l'espace, forment un ensemble auquel une étude
particulière ne doit se dérober19. Ce qui veut dire
que la fréquence et la distribution de chaque maladie dépendent,
en plus de divers facteurs endogènes et écologiques, de la
fréquence et de la distribution de toutes les autres maladies. Ce qui se
traduit par des études des relations synchroniques des maladies et des
changements diachroniques des ensembles de ces maladies. Nous porterons donc un
regard attentif aux autres endémies pour mieux dégager
l'importance de notre recherche.
Les maladies endémiques ont une évolution lente
qui affecte le potentiel biologique d'une société bien plus
profondément et de manière plus durable. L'histoire des maladies
a souvent été étudiée d'une façon
analytique, c'est-à-dire en examinant le développement dans le
temps de chaque maladie, prise séparément. Cette
approche a cependant le défaut de laisser dans l'ombre des faits
concernant les influences réciproques de plusieurs maladies. Cette
tendance vers l'intégration de tous les phénomènes
morbides ayant trait à un lieu et à une époque
déterminée.
Nous allons donc utiliser la méthode historique qui est
une méthode de connaissance qui met en évidence l'exploitation
des données par leur analyse et interprétation20.
Cette méthode d'explication exploite en ce qui nous concerne deux
approches, quantitative et qualitative. Cependant, l»analyse quantitative
se heurte immédiatement comme le souligne D. Mirko GRMEK à trois
grands obstacles : l'ambiguïté de toute définition de
l'espace morbide, les difficultés pratiques d'un
19 GRMEK, M.D., Art.cit, pp 1473-1483.
20 TSHUND'OLELA, E.S., « Un impératif
épistémologique { revisiter et redéfinir l'histoire, son
domaine, sa méthode et son esprit », in SHOMBA KINYAMBA,
S., Les Sciences sociales au Congo-Kinshasa, Paris, l'Harmattan, 2007,
pp 63-97.
diagnostic correct et l'impossibilité d'un recensement
complet des malades21. C'est ainsi que nous ne pouvons
étudier que certaines tendances principales, et certaines
caractéristiques essentielles. Nous estimons les données
qualitatives et quantitatives auxquelles nous avons pu accéder,
suffisantes, pour entrevoir et saisir certaines structures. Sous cette
contrainte, il s'est imposé { nous l'analyse préliminaire du
vocabulaire médical. Nous avons donc pu établir des
fréquences statistiques résultant des données
historiques.
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