Conclusion partielle
La politique coloniale de lutte contre le paludisme a
consisté à interrompre la propagation de la maladie au Congo
belge. Grâce aux services d'hygiène publique, qui avait la lutte
antipaludique dans leurs attributions, l'administration coloniale a pu mettre
en place des mesures sanitaires appropriées pour sauvegarder la
santé des populations vivant au Congo. Il a été ainsi
question de combattre cette maladie soit en empêchant les vecteurs
d'infecter la population grâce aux mesures prophylactiques, soit en
détruisant le plasmodium dans l'organisme grâce aux actions
curatives prônées par le gouvernement. Une étroite relation
existe entre les premières mesures et les secondes, aussi il a fallu
commencer par les premières pour finir par les secondes.
Conclusion générale
Au terme de notre recherche, il nous faut conclure. Nous avons
cherché à étudier la Politique coloniale de lutte
contre le paludisme. Cas de l'ancienne province de Léopoldville, de 1888
à 1960. Cette étude nous a permis de nous rendre compte de
l'importance du paludisme dans notre pays et dans le monde entier.
Nous avons essayé de mettre en lumière les
différents problèmes qu'a posés le paludisme au Congo
belge. En effet, cette maladie avait suscité de nombreuses
préoccupations au sein du pouvoir colonial, qui voyait en elle un
obstacle à la pénétration et { l'exploitation du Congo. De
même, nous nous sommes efforcée de mettre en évidence la
politique élaborée par l'administration coloniale afin
d'éradiquer cette maladie.
Il se dégage que cette maladie, du fait de sa large
propagation pendant la colonisation, fut rendue responsable non seulement de la
forte mortalité des Européens et des Congolais, mais aussi elle a
constitué un handicap { l'exploitation économique de la colonie.
En fait, il est nettement établi que depuis la mise en place du
système colonial jusqu'{ l'accession du pays { l'indépendance, le
Congo a subi les effets de cette maladie, avec un rythme variable selon le
temps. A cet égard, durant les premières années de la
colonisation, ainsi que durant les deux guerres mondiales, on constata
l'accentuation de la morbidité et de la mortalité due { cette
maladie.
Etant donné que cette maladie fut mortelle tant pour la
population blanche que pour la population congolaise, les différentes
stratégies initiées par l'administration coloniale visaient
l'éradication totale de la maladie. Il est cependant admis que les
différentes mesures de lutte ainsi que leur application n'ont pas eu les
mêmes priorités pour les deux populations. Il s'agissait
premièrement de sauvegarder la santé de la population
européenne en la défendant contre les effets du paludisme,
ensuite la santé de la population congolaise qui devait être
secourue en raison de son importance, en tant que main-d'oeuvre, pour le
développement de la colonie.
De même, si l'administration coloniale a pu
réduire considérablement certaines maladies (comme la maladie du
sommeil, la variole), elle fut cependant impuissante face au paludisme.
Celui-ci fut la maladie la plus grave et la plus fréquente tant chez les
Européens que chez les Congolais surtout dans les zones rurales, non
parce que les règles de prophylaxie antipaludique ne furent suffisamment
pas connues ou respectées, mais en réalité en raison du
fait que les mesures de lutte à prendre exigent une mise en application
{ très grande échelle, d'où des coûts très
élevés. Les campagnes sérieuses n'ont été
possibles que dans les centres urbains et industriels, mais elles
étaient plus difficiles à étendre en zones rurales. Ce qui
veut dire aussi que l'environnement dans lequel vit la population a
été déterminant dans le développement de cette
endémie. C'est pourquoi, toute la lutte contre cette maladie a
consisté { l'assainissement de l'environnement, essentiellement dans les
centres urbains et industriels, lieu de concentration d'une population
abondante. Il nous faut aussi retenir que le paludisme a provoqué une
mortalité excessive chez les enfants.
Suite { d'énormes difficultés constatées
durant cette lutte, l'administration coloniale a admis que l'éradication
du paludisme n'était plus envisageable sur tout le territoire congolais.
Ainsi des nouvelles dispositions furent prises pour rétrocéder le
paludisme de façon considérable. Cependant ces nouvelles
dispositions ont permis de rétrocéder la maladie au sein de la
population européenne mais cela ne fut pas le cas pour la population
congolaise, qui avait vu cette maladie s'accroitre jusqu'{ la fin de la
colonisation.
Certes, nous avons pu disposer des données historiques
sur la morbidité et la mortalité qui nous ont permis de mieux
découvrir les dimensions multiples de cette endémie, mais nous
pensons que les recherches sur les perceptions de cette maladie par les
populations congolaises seraient une perspective qui enrichirait davantage les
connaissances historiques de cette endémie. Ce serait là une
nouvelle orientation de la recherche susceptible d'être
exploitée.
Par ailleurs, au moment où l'Afrique en
général et la République Démocratique du Congo en
particulier sont confrontés au problème du paludisme, diverses
stratégies de lutte sont engagées. C'est ainsi que nous avons
pensé, en guise de perspective, donner
quelques indications qui évoquent le Programme National de
Lutte contre le Paludisme élaboré par le gouvernement de la
RDC.
Politique nationale de lutte contre le paludisme en
RDC
La RDC figure parmi les pays où non seulement le
paludisme est en état endémique sur toute l'étendue du
territoire, mais aussi où l'on constate que cette maladie est la
première cause de morbidité et de mortalité
enregistrée au sein de la population ; il a fallu mettre en place un
programme fiable capable de venir à bout de cette
maladie302.
C'est ainsi qu'en 1998, il ya eu la création du
Programme National de Lutte contre le Paludisme, par l'Arrêté
ministériel n° 1250/CAB./MIN./S.P./008/1998 du 22 juillet 1998
portant création, organisation et fonctionnement du Programme National
de Lutte contre le Paludisme303.
Ce programme avait comme mission la mise sur pied des
méthodes et stratégies de lutte antipaludique appropriées,
il devait assurer la technique et la logistique aux différentes zones de
santé en rapport avec la prévention et le traitement du
paludisme, ainsi que la mise au point et en application des stratégies
garantissant aux habitants de la RDC, particulièrement les enfants de
moins de 5 ans et les femmes enceintes, une vie avec un moindre risque de
contracter ou de décéder du paludisme et de contribuer ainsi
à la réduction des pertes socio-économiques attribuables
à cette endémie.
De même les objectifs qu'il s'est assigné est la
réduction de la morbidité et de la mortalité dues au
paludisme au sein de la communauté et en particulier chez les enfants de
moins de 5 ans ; la réduction de la morbidité et de la
mortalité dues au paludisme chez les femmes enceintes ; ainsi que la
réduction du fardeau socio-économique dû au paludisme.
- De 1998 à 2000, fut la période de Structuration
et d'organisation de la direction centrale.
302 MATINDII, A. B., Politique Nationale de Lutte contre le
Paludisme en République Démocratique du Congo, Colloque sur
le Paludisme, Kinshasa, 0ctobre 2005, p. 9.
303 Idem, p. 11.
- La période de 2000 à 2005 fut celle du
développement du programme en termes de définition de politique
nationale de lutte contre le paludisme en RDC, la détermination des
directives et normes du programme, l'élaboration du plan
stratégique 2002 - 2006, la mobilisation des ressources humaines,
matérielles, et financières, la structuration et l'organisation
des services provinciaux de lutte antipaludique.
- A partir de 2006, ce fut le lancement de l'implantation { large
échelle des interventions de lutte antipaludique.
Ainsi les stratégies de lutte élaborée
contre le paludisme par le PNLP furent les suivantes :
a) En matière de prévention :
- La Promotion de l'utilisation de la moustiquaire
imprégnée d'insecticide aux enfants de moins de 5 ans et aux
femmes enceintes ;
- Un traitement préventif intermittent chez la femme
enceinte au cours des CPN: 2 doses de Sulfadoxine pyriméthamine aux
16ème et 28ème semaines ;
- La pulvérisation intra domiciliaire d'insecticide {
effet rémanent ;
- L'assainissement péri et intra domiciliaire.
b) Prévention et gestion des
épidémies dues au paludisme :
- Surveillance épidémiologique, grâce au
système d'information pour la surveillance de la maladie, de
l'efficacité thérapeutique des antipaludiques, du comportement du
vecteur.
- Détection précoce et riposte rapide aux
épidémies dues au paludisme
c) Renforcement des capacités institutionnelles,
grâce à la formation du personnel, { la création des
infrastructures, { l'achat des équipements et aux frais de
fonctionnement ;
Le plan de 2002-2006 prévoyait que : au moins 80% des
personnes avec fièvres présumées paludisme simple et cas
de paludisme grave auront accès à un traitement adéquat
dans un délai de 24 heures ; au moins 60% des personnes à risque,
surtout les
enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes dormiront
sous la MII ; au moins 60% des femmes enceintes auront
bénéficié d'un traitement antipaludique intermittent
conformément à la politique nationale.
Tenant compte du développement de la lutte
antipaludique au cours de l'année 2008, le plan stratégique
2007-2011 a été revisité et s'est mué en plan
stratégique 2009-2013. Le but de ce nouveau plan est de contribuer {
l'amélioration de l'état de santé de la population de la
République Démocratique du Congo par la réduction du
fardeau humain et socio-économique dû au paludisme. L'objectif
visé est de réduire de 50% la morbidité et la
mortalité spécifiques dues au paludisme d'ici 2013.
Au regard des problèmes que continue de poser le
paludisme en RDC et suite aux difficultés rencontrées dans la
lutte contre cette maladie, quelques suggestions se profilent { l'issue de
cette présente étude : Premièrement, dans le
cadre des stratégies de prévention et de lutte contre le
paludisme, un accent devra être mis sur des recherches approfondies sur
cette maladie, à savoir l'identification des vecteurs, des recherches
sur l'écologie et le comportement des espèces déj{
identifiées, afin d'envisager un traitement à long terme.
Deuxièmement, le gouvernement devra se concentrer sur la
formation d'un personnel qualifié, à savoir des ingénieurs
hygiénistes, des débrousseurs, qui seront capables de localiser
les différents gîtes des anophèles et de les
détruire. Et enfin, l'amélioration des conditions de vie
des populations, qui vivent pour la plupart dans un environnement insalubre et
propice { l'extension du paludisme. Que les services d'hygiène publique
soient dotés de moyens matériels et financiers nécessaires
à l'exécution des travaux d'évacuation des déchets,
de drainage des eaux et au contrôle de la salubrité dans les
milieux tant urbains que ruraux.
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