UNIVERSITE DE LOME
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES
HUMAINES (FLESH) DEPARTEMENT D'HISTOIRE ET D'ARCHEOLOGIE
LA GESTION DU PARC AUTOMOBILE DE
L'ETAT ET LE DEPLOIEMENT
ADMINISTRATIF AU TOGO
(1937-1992)
MEMOIRE POUR L'OBTENTION DU DIPLOME DE
MAITRISE ES-LETTRES ET SCENCES HUMAINES
OPTION : HISTOIRE CONTEMPORAINE
Présenté et soutenu par : Sous la codirection de
:
Egbèssi Ahogla GBAMEHOSSOU Komlan KOUZAN,
Maître-assistant
à l'Université de Kara et
Koffi N. TSIGBE, Assistant
à l'Université de Lomé.
Lomé, décembre 2010.
DEDICACE
A toi ma mère Abla Hélène Djobo pour ton
vaillant courage à nos cotés et ton soutien
indéfectible,
A toi mon père Albert Abalo Essènoua Gbamehossou,
à qui la mort, très tôt, n'a pas offert l'occasion de
suivre et de soutenir notre évolution,
A toi ma soeur Béatrice Yayra Gbamehossou à qui ce
travail est une invite.
REMERCIEMENTS
Au terme de ce travail, nous tenons à exprimer notre
profonde gratitude à nos directeurs de mémoire MM. Komlan Kouzan,
de l'Université de Kara, et Koffi N. Tsigbé de
l'Université de Lomé, qui ont accepté de nous diriger
malgré leurs diverses occupations. Qu'ils trouvent ici l'expression de
notre profonde reconnaissance.
Nos profondes gratitudes vont également à tout
le corps enseignant du Département d'Histoire et d'Archéologie de
l'Université de Lomé.
Nos pensées vont également à Mme Ablavi
Amouzou qui nous a accompagné dans nos recherches.
Nos sentiments de profonde gratitude vont aussi à
Augustin Hato Gbanmehossou et sa femme Kafui Azianlé, Parfait Fagbedji
et sa femme Damienne Nayo pour tout ce qu'ils ont fait pour nous.
Nous n'oublions pas le personnel du Garage central pour sa
disponibilité à nous livrer des informations lors de nos
recherches. Nous pensons notamment aux sieurs Mamadou Assimiou, Yao Sisi
Balakindé et Aklesso. Awoussa.
Nous remercions très vivement nos camarades de
promotion notamment notre compagnon de route Dominique Kossi Ahossey avec qui
nous partageons joie et peine, Cila Amougnom, Jean Michel Adoboe, Honoré
Atandji, Afantchao Koudassé, Thérèse Soalinane Tchintchan,
Kokou Selom Ameteku, Kwami Agbévé, Jocelyne Johnson, et surtout
Sidoine Koudjodji Eloh pour son apport utile.
Nos remerciements vont également à l'endroit de
nos soeurs Jolie Akoda, Tanty Nabidon Akoda, Angèle Akoda, Nana
Yebinè Gbamehossou et Lucy Gbamehossou.
Nous n'oublions pas Thomas Fagbédji, Ayité Amen
Attiogbé, Francis Atavi Yenké, Délali Kofi Assiamoua,
Komlavi Gustave Yokor, Françoise Zanou, Edwige Hodalou Potchona,
Inès Bitori et Charlotte Amougnom pour leur soutien moral ou
matériel dans la réalisation de ce mémoire.
Nous témoignons enfin notre reconnaissance à
tous ceux qui de près ou de loin, ont contribué à notre
formation ou à la rédaction de ce document et leur prions de
trouver ici l'expression de nos meilleurs sentiments.
SIGLES ET ABREVIATIONS
ANT : Archives nationales du Togo.
APA : Affaires politiques et administratives.
BM : Banque mondiale.
CEET : Compagnie énergie électrique et du Togo.
F CFA : Francs de la communauté française
d'Afrique. CHU : Centre hospitalier universitaire.
DGCA : Direction du garage central administratif.
DRDR : Direction régionale de développement rural.
ENA : Ecole nationale d'administration.
FAT : Forces armées togolaises.
FED : Fonds économique européen.
FIDES : Fonds d'investissement pour le développement
économique et social. FMI : Fonds monétaire international.
OMS : Organisation mondiale de la Santé.
ONU : Organisation des nations unies.
OPT : Office togolais des phosphates.
PAM : Programme alimentaire mondial.
PAS : Programme d'ajustement structurel.
PNUD : Programme des nations unies pour le développement.
RAT : République autonome du Togo.
RMUT : Régie municipale des transports urbains.
RPT : Rassemblement du peuple togolais.
RT : République togolaise.
RTG : République togolaise-gouvernement.
SDN : Société des nations.
SGGG : Société générale de golfe de
Guinée.
SIP : Société indigène de
prévoyance.
SNT : Sûreté nationale togolaise.
SORAD : Société régionale pour l'action et
le développement. SOTOCO : Société togolaise de coton.
SPAR : Société publique d'action rurale.
SRCC : Société nationale pour la rénovation
et le développement de la cacaoyère et de la
caféière togolaise.
STAO : Société des transports de l'Afrique de
l'Ouest.
STOCA : Société togolaise de crédit
d'automobile.
TT : Territoire du Togo.
UNESCO : Organisation des nations unies pour l'éducation,
la science et la culture.
INTRODUCTION GENERALE
La mobilité traditionnelle, même dans les pays
les moins développés comme le Togo, bien que subsistante, a perdu
de son dynamisme avec la modernisation du secteur des transports. Si les
transports aérien, plus rapide, et naval, plus quantitatif, sont d'une
importance particulièrement vitale dans les déplacements
internationaux ou à longue distance, le transport terrestre est le plus
utilisé dans la mobilité à courte, sinon à moyenne
portée, surtout sa section routière en raison de sa
flexibilité et de sa facilité d'accès. Le transport
automobile contribue efficacement à l'organisation et à la
gestion d'un territoire.
Au Togo, l'Administration coloniale française,
consciente de l'importance de ce trafic, a pris des mesures pour
réglementer l'utilisation de ses véhicules devant efficacement
l'accompagner dans la gestion et la mise en valeur du territoire.
Mais, de nos jours, il n'est pas rare de constater que
l'automobile de l'Administration togolaise est déloyalement
utilisée par des autorités, des chefs de services publics et des
conducteurs. Et ceci en dépit, d'une part, des dispositions
constitutionnelles disposant l'inviolabilité des biens
publics1, l'aliénation et la gestion du domaine de
l'Etat2, et d'autre part, des règles juridiques de
réglementation en matière d'utilisation du matériel
roulant routier administratif. Ce dernier est souvent monopolisé et
utilisé aux heures et jours de service ou non à des fins
privées, pour se rendre aux funérailles, aux lieux de culte, aux
lieux de loisirs (au sport, aux invitations, etc.), au village, et pour le
transport lucratif des passagers et marchandises, etc. Aussi, l'automobile de
l'Etat est-elle, aux rebours des dispositions, plus d'une fois, conduite par
des agents publics autres que les conducteurs professionnels. Elle est souvent
réparée dans des garages privés sans autorisation,
entraînant des conséquences négatives, soit sur
l'état de l'engin, soit sur le budget du service de gestion du
matériel (du fait du montant des factures souvent exorbitant).
Par ailleurs, les ressources (carburants, lubrifiants,
pièces, etc.) indispensables au fonctionnement de l'engin font objet de
détournement et de commerce. Ce délit gonfle les dépenses
du Garage central administratif (service chargé de la gestion du parc
automobile de l'Etat) et des services publics, et par ricochet, le budget de
l'Etat. Le véhicule administratif est parfois garé aux domiciles
de son utilisateur comme une propriété privée. Or, selon
Balakindé3, en principe, il doit être garé au
parking du Garage central, ou tout le moins, pour des raisons
d'étroitesse d'espace, au parking du service public auquel il
est affecté. Des fois, l'automobile de l'Etat est carrément
immobilisée chez l'utilisateur pour une durée
1 Constitution de la IVe République
du Togo (1992), article 46, pp. 21-22.
2. Idem, article 84, p 42.
3 Y. S. Balakindé, entretien du 06/ 01/ 2010
dans son bureau au Garage central administratif.
indéterminée sans inquiétude. L'image
suivante est une preuve de la mauvaise gestion qui est faite du véhicule
administratif au Togo de nos jours.
Photo n° 1 : Une voiture administrative
immobilisée à Lomé devant la concession de son utilisateur
depuis les vacances (juillet-septembre) 2009
Cliché Gbamehossou, 16/ 11/ 2010.
L'état (pneus affaissés et couverts de sable)
dans lequel se trouve ce véhicule immatriculé en 2003 et
reimmatriculé en 20074, montre que son immobilisation n'est
pas récente. Selon un riverain5, elle remonte aux vacances
(juillet-septembre) 2009. L'utilisateur l'aurait laissé à la
devanture de sa maison lorsqu'il se rendait, sur affectation de service,
à Kara. Il s'agit d'une preuve de la mauvaise gestion des automobiles de
l'Etat au Togo. Cet engin, laissé sur la voie publique est exposé
à tous les dangers : intempéries et vol. Or, le Garage central
administratif est là pour réparer les véhicules de l'Etat
en cas de panne. Sa plaque d'immatriculation peut même servir à
des missions vicieuses des malhonnêtes individus.
Il est aujourd'hui clair que les voitures de l'Etat ne sont
plus utilisées exclusivement dans le cadre de la mission officielle qui
leur est assignée, servir l'intérêt public. Cet état
de chose choque la conscience d'honnêtes citoyens togolais. On convient
alors avec Y. S. Balakindé (2000) qu'il y a dérive dans l'usage
des automobiles administratives. A en croire cet auteur, cette pratique, qui
ressort de la pure gabegie, devenue quasi courante dans l'Administration
togolaise actuelle, remonte au tout début des années 1990 avec
l'ère de la démocratisation6.
4 Registre d'immatriculation du Garage central.
5 Entretien du 15/ 12/ 2010 à Lomé.
Cet informateur a requis l'anonymat pour raisons de
sécurité.
6 La perversion dans l'utilisation des voitures de
l'Etat à partir de cette période serait due à la
compréhension erronée que certains se font de la
démocratie. Selon eux, la démocratie est synonyme de `'chacun est
libre de
Il se pose alors un véritable problème de
gestion des automobiles des pouvoirs publics devant servir très
largement dans le transport administratif au Togo. Or, la mauvaise gestion du
matériel roulant routier de l'Etat contribue au mauvais fonctionnement
administratif.
On ne peut véritablement examiner et comprendre cet
aspect de la question qu'en s'inscrivant dans la moyenne durée. C'est
cette dimension historique qui légitime le choix de notre sujet
d'étude intitulé : « La gestion du parc automobile
de l'Etat et le déploiement administratif au Togo (1937-1992)
».
Qu'est ce qui justifie le choix de ce sujet? Les facteurs qui
ont motivé son choix sont à la fois personnels et
scientifiques.
Les premiers sont doubles. Primo, le transport automobile joue
un grand rôle dans le fonctionnement du dispositif administratif du Togo.
Secundo, ce sujet s'est imposé à nous par sa présence
constante dans notre environnement.
Ainsi, l'inspiration du sujet vient du constat quotidien de la
mobilité des agents et des matériels administratifs à
partir des véhicules de l'Etat togolais. A force d'une observation
permanente, nous avons choisi de connaître davantage le domaine. Cette
connaissance passe nécessairement par une étude approfondie.
A ces motivations premières s'ajoutent les inspirations
d'ordre scientifique.
Ainsi, les travaux scientifiques abordant le secteur du
transport automobile, s'ils ne sont pas rares, traitent très
partiellement de la question de l'organisation du transport automobile de
l'Administration au Togo et de son incidence sur le fonctionnement
administratif. C'est pour combler cette lacune que nous avons choisi de mener
cette étude qui porte sur le transport administratif au Togo et qui
s'inscrit dans la moyenne durée, à cheval entre la période
coloniale et celle postcoloniale (1937-1992). Comment se justifie alors le
choix de ces bornes temporelles?
L'année 1937, la borne inférieure, est celle de
l'organisation du Garage central et de la réglementation du service des
automobiles administratives (annexe I) dans le territoire du Togo.
Ainsi, cette structure étatique fut chargée
d'assurer, à bien des égards, la gestion des matériels
roulants du pouvoir colonial français et du transport administratif
conformément aux prescriptions en vigueur dans ce secteur.
faire ce qui lui plaît» en banalisation des
règles socio-juridiques. En conséquence, l'on peut se servir
à son gré des biens des pouvoirs publics puisque dit-on souvent
l'Etat c'est moi y compris les voitures administratives.
Enfin, la borne supérieure, 1992, profondément
marquée par les crises sociopolitiques qui ont eu cours au Togo, loin
d'être seulement une rupture majeure dans l'histoire
générale du Togo, est aussi significative dans l'évolution
du transport automobile administratif du pays. Ce choix se justifie par deux
raisons principales.
En premier lieu, pendant ces crises, les matériels du
Garage central furent la cible des pillards, et les voitures de l'Etat, mal
contrôlées furent plus abusivement utilisées
(Balakindé 2000). Une nouvelle ère s'ouvrit à la gestion
des véhicules de l'Etat togolais, celle de la dérive. La mauvaise
gestion était telle qu'elle n'a pas laissé indifférentes
les institutions impliquées directement ou non dans ce secteur des
transports.
Ainsi, dans la lettre n° 050/ CAB/ MEF/ DGCA du 24
octobre 1992, le Ministère de l'Economie et des Finances et la Direction
du garage central administratif condamnaient l'achat ou la réception des
véhicules administratifs sans l'aval de cette Direction7,
ayant la compétence en la matière. Cette situation perverse
affecta logiquement le bon fonctionnement des services publics.
En second lieu, la Constitution togolaise du 14 octobre 1992
protégeait le secteur du transport automobile administratif.
En effet, elle reconnaît aux députés la
compétence de légiférer, entre autres, en matière
de gestion des automobiles de l'Etat lorsqu'elle ordonne que «les
biens publics sont inviolables. Toute personne ou tout agent public doit les
respecter scrupuleusement et les protéger. Tout acte de sabotage, de
corruption, de dilapidation est réprimé dans les conditions
prévues par la loi. » Aussi, énonce t-elle en son
article 84 que la loi fixe les règles concernant «...
l'aliénation et la gestion du domaine de l'Etat, le régime des
transports et des communications » y compris les biens mobiliers dont
les automobiles. Sans doute, la perversion constatée dans l'utilisation
des matériels roulants routiers de l'Etat, et en général,
des biens publics à cette période, a influencé le contenu
de cette Constitution qui se veut régulatrice de la situation lors de sa
rédaction.
Toutefois, ces bornes chronologiques qui circonscrivent notre
champ d'étude ne sont pas rigides. Chaque fois qu'il est jugé
nécessaire et utile à la bonne compréhension du sujet, il
est évoqué des faits qui leurs sont soit antérieurs, soit
postérieurs.
7Lettre du 3 décembre 1996 du Ministère
de l'Economie et des Finances et de la Direction du garage central
administratif.
On nous a fait lire cette lettre au Garage central administratif,
section Reforme et Immatriculation, le 14/ 03/ 2010.
Par ailleurs, notre étude concerne toute
l'étendue du territoire togolais dont les frontières juridiques
furent fixées par les autorités coloniales franco-britanniques en
1919 et définitivement précisées entre 1927 et 1929.
Notre sujet, tel que libellé, contient quelques
concepts qu'il convient de définir afin d'éviter une confusion
sémantique. La définition de ces concepts permet de saisir leurs
contours du point de vue sémantique et permet d'éviter des
confusions et des incompréhensions. Ils sont au nombre de quatre.
Le premier est le concept gestion, le deuxième
un groupe de mots, parc automobile, le troisième est un
véritable concept, Etat, et le dernier également un
groupe de mots, déploiement administratif.
La gestion est, en général, la
manière ou l'action de gérer, d'administrer, de diriger,
d'organiser quelque chose (Petit Larousse illustré 2002). Celle-ci peut
être un intérêt, une entreprise, un ensemble de
marchandises, des informations, des données, un problème, etc.
Dans ce travail, il s'agit de l'organisation, de l'administration des
automobiles de l'Etat togolais, de leur acquisition jusqu'à leur
reforme, en passant par leur maintenance. Une telle organisation permettrait de
maintenir en bon état les automobiles.
Pour mieux cerner le sens du groupe de mot parc
automobile, il s'avère sine qua non de définir au
préalable séparément ses composantes.
Le parc désigne, selon le dictionnaire petit
Larousse illustré (2002 : 747), en général, l'ensemble
d'équipement, du matériel, d'installation de même nature
dont dispose un pays, une entreprise, etc. On distingue plusieurs types de
parcs. C'est le mot le suivant qui lui confère sa signification
accomplie. On a le parc national, le parc naturel régional, parc
industriel, parc de stationnement, le parc automobile, etc. Le sens de parc
étant appréhendé, il reste à savoir ce que c'est
que l'automobile.
L'automobile8 renvoie à un
véhicule routier léger à moteur, à quatre roues
servant essentiellement au transport des personnes (Petit Larousse 2002 : 101).
Elle est synonyme de voiture. Dans notre contexte, il est plus judicieux
d'élargir le concept d'automobile au camion qui désigne selon Y.
S. Balakindé (2000 :13), un gros véhicule automobile (camions
remorques, camions citernes,...) destiné au transport de lourdes charges
; à la camionnette ; bref quasiment à tous les matériels
roulants routiers impliqués dans le transport administratif. En
considération de toutes ces différentes notions, l'on peut
dégager une approche de définition du parc
automobile.
8 La circulation automobile est
réglementée en 1900 à Per Pignon dans
l'intérêt de la sécurité publique, au moment
où l'automobile est en plein progrès (Boullon et al. 1981 :
382).
Ainsi, ce concept désigne l'ensemble du matériel
roulant routier (voiture, camionnette, camion, etc.) que possèdent les
Administrations coloniale française et postcoloniale pour assurer le
transport automobile administratif.
La définition de l'Etat varie selon les
époques, les auteurs et les disciplines.
Au point de vue sociologique, l'Etat est « une
espèce particulière de société politique
résultant de la fixation sur un territoire déterminé d'une
collectivité humaine homogène régie par un pouvoir
institutionnalisé comportant le monopole de contrainte
organisée » (spécifiquement le monopole de la force
armée) (Guichard et Montagnier 2010 : 311). Cette définition de
l'Etat se rapporte à la notion de nation.
Karl Marx, F. Engels au XIXe siècle et
Lénine au XXe siècle, dans le cadre de la lutte
socialiste, considéraient l'Etat comme un organe d'oppression
d'une classe (prolétariat) par une autre (bourgeoisie). Ils
envisageaient un dépérissement inéluctable de
l'Etat avec l'instauration d'une société sans classe
(Lapierre 1977 : 367).
Sur le plan juridique, l'Etat est une personne morale
titulaire de la souveraineté (Guichard et Montagnier 2010 : 311). M.
Hauriou définit l'Etat comme une institution supérieure
aux autres, une institution qui s'est lentement formée à partir
de la communauté nationale.
Contribuant à la pose des fondements juridiques de
l'Etat moderne, R. C. Malberg définit l'Etat comme la
personnification juridique de la nation et possède une
souveraineté.
Le dictionnaire Petit Larousse illustré (2002 :
401-402) est un peu discret sinon moins explicite sur cette
souveraineté, considérée inaliénable à
l'Etat par les juristes.
En effet, selon ce document, l'Etat est une
entité politique constituée d'un territoire
délimité par des frontières, d'une population et d'un
pouvoir institutionnalisé. C'est ce dernier qui, selon le dictionnaire
Robert, est l'Etat.
Ainsi, est-il une autorité souveraine s'exerçant
sur un peuple et un territoire. Les méandres du concept Etat
étant explorés, on peut tenter sa définition contextuelle
pour en saisir la trame.
Dans cette étude, l'Etat se rapproche à
cette dernière définition. Il est une autorité
régnant sur un peuple et sur un territoire bien déterminé.
Ainsi dire que contrairement à la précédente, cette
autorité n'est pas forcement souveraine.
En effet, elle correspond à l'Administration coloniale
française au Togo et celle d'après indépendance ayant
géré ou gérant le territoire togolais dont les
frontières juridiques furent fixées à l'époque
coloniale.
Enfin, les notions déploiement administratif
méritent aussi d'être définies. Le déploiement
renvoie à l'action de déployer, qui consiste à
étendre largement, à ouvrir ce qui est plié, roulé
(Petit Larousse illustré 2002).
Quant à l'adjectif administratif, il est
relatif à l'Administration, assimilable au service public. Celle-ci est,
pour Ch. Debbasch (2002 : 5), une « structure créée par
l'Etat pour gérer les affaires publiques ». Elle est donc,
l'ensemble des services de l'Etat (Larousse 1988 : 15). Dans notre
développement, ce mot est utilisé selon cette dernière
définition.
Dans notre travail, on entend par déploiement
administratif, le fonctionnement de l'Administration togolaise (coloniale
comme indépendante), grâce à la mobilité
géographique de son personnel et de tous ceux qui sont à son
service, et à la circulation de ses biens, indispensables pour sa bonne
marche, son efficacité et la bonne gestion du territoire par l'entremise
de l'automobile de l'Etat.
Le secteur des transports, de par son importance, a de tout
temps suscité l'intérêt de nombre de chercheurs des
disciplines diverses. Nombreux sont les travaux réalisés dans ce
domaine. Pour peaufiner la problématique de notre étude portant
sur le parc automobile de l'Etat et le fonctionnement administratif au Togo de
1937 à 1992, nous avons fait le tour d'horizon de la littérature
abondante existante sur le transport routier togolais pour l'essentiel. Elle
porte sur les moyens et les structures de transport automobile,
nommément ceux appartenant à l'Etat et sur son trafic. Aussi,
avons-nous fait une revue des oeuvres écrites sur le système de
fonctionnement administratif au Togo et en France.
L'objectif de la colonisation était l'exploitation
aussi systématique que possible des ressources des colonies. Pour la
réussite d'une telle ambition, il s'avérait indispensable pour
les colonisateurs de développer dans les colonies le secteur des
transports.
Ainsi, au Togo, le trafic automobile a-t-il retenu l'attention
du pouvoir colonial français aux dépens du trafic ferroviaire. Il
fut encadré par des structures spécialisées d'alors. C'est
ce système de gestion que S. Y. Simtokena (1997) et K. N. Tsigbé
(2005; 2009) ont décrit dans leurs travaux respectifs. La
première auteure, en traitant de la question de transport et de ses
influences socioéconomiques dans l'entre-deux-guerres, a exposé
l'oeuvre des services de transport automobile au Togo, notamment la
Société des transports de l'Afrique de l'Ouest (STAO). Cette
dernière fut, à la suite d'un contrat avec l'autorité
coloniale française, chargée d'assurer le convoi des courriers
postaux, des matériels et du personnel administratifs dans les cercles
du Nord-Togo. Le second, Tsigbé (2005), est allé plus loin. En
analysant les réalisations en infrastructures routières et
ferroviaires au Togo
pendant les périodes coloniale française et
postcoloniale, il s'est penché sur l'évolution du parc automobile
du territoire togolais et sur l'oeuvre des structures de gestion du transport
administratif qui y ont tour à tour opéré. Il est revenu
sur son analyse dans sa thèse (2009) pour l'approfondir et
l'élargir.
En effet, en décryptant l'apport des infrastructures de
transport terrestre à la restructuration du territoire togolais et
à la mobilité des personnes entre 1920 et 1980, il s'est
intéressé à la gestion du trafic automobile administratif,
ses équipements et l'état de la mobilité du personnel et
des biens de l'Etat.
La valeur des travaux des deux auteurs pour notre étude
réside dans le fait qu'ils exposent les réalisations des
différents services en charge du transport administratif et montrent
l'évolution du patrimoine automobile togolais (Tsigbé
spécialement).
Toutefois, ils comportent assez d'insuffisances pour assouvir
notre soif.
Ainsi, ils ont manqué chacun de faire mention, non
seulement de la gestion des véhicules administratifs, mais
également du système de fonctionnement de l'Administration
d'alors. En conséquence, il n'est pas établi une liaison entre
ces deux sujets. C'est pour combler en partie ces insuffisances que nous avons
eu recours à d'autres travaux portant sur la gestion du patrimoine
automobile de l'Etat togolais.
La gestion des véhicules administratifs va de
l'acquisition des engins jusqu'à leur reforme en passant par leur
maintenance.
C'est à certains aspects de cette gestion que S. A.
Amegan (2000) et A. Attitso (2001) ont consacré entièrement leurs
études. Le premier, en étudiant la gestion du carburant et des
lubrifiants par la Direction du garage central administratif (DGCA), a
analysé les différents contours de la question tout en relevant
les difficultés qui la gangrène et auxquelles il a proposé
des remèdes. A. Attitso, pour sa part, s'est penché sur la
reforme des automobiles de l'Etat. Il y a abordé les divers contours de
cette reforme.
Certes, ces travaux sont utiles pour notre document mais, ils
sont limités dans le cadre de notre étude. Ils ne se sont
occupés chacun que d'un aspect spécifique de la gestion des
véhicules administratifs. Il s'agit de la gestion du carburant et de la
reforme des automobiles.
Les études de R. Tchitara (1995), T. B. Bayaro (1998),
S. Y. Balakindé (2000), A. Amedzame (2002) et S. Lawani (2005)
paraissent plus complets en la matière.
Ces auteurs ont analysé quasiment toutes les facettes
de la gestion des automobiles étatiques. Ils ont exposé plus ou
moins en détail les méandres de la question. Plus
intéressant encore, ils ont, à l'exception de Tchitara,
abordé le problème écoeurant de dérive, d'inflation
dans l'usage de ces matériels roulants à partir du début
des années 1990. Cette mauvaise
gestion des véhicules des pouvoirs publics s'ajoute,
selon eux, aux difficultés qui minent déjà le secteur du
transport automobile administratif.
Certes, notre étude est en partie redevable à
ces travaux dans la mesure où ils traitent de la gestion du patrimoine
roulant routier de l'Etat. Cependant, ils sont loin d'estomper notre ambition
de mener des recherches dans le domaine pour deux raisons principales.
Ainsi, au prime abord, sont-ils plus une analyse
d'ingénieur que d'historien. Ils manquent donc de profondeur historique,
même si Balakindé tente, par endroit, de prendre un peu de recul
dans le temps pour inscrire ses analyses dans la moyenne durée. Secundo,
ils n'ont pas abordé le second aspect de notre travail, le
système de fonctionnement de l'Administration togolaise, ni à la
période coloniale, ni au lendemain de l'indépendance.
C'est pour combler ces lacunes qui risquent de nous amener
à élaborer un travail partiel que nous avons fait une revue de la
littérature existante (des documents qui nous sont accessibles) sur le
fonctionnement administratif. Ch. Debbach (2002), Ph. Georges (1988) et C.
Agbodjan (1987) ont abordé la question dans leurs travaux.
Ainsi, les deux premiers ont montré le système
de fonctionnement de l'appareil administratif et institutionnel français
en exposant les contours du fonctionnement des structures des administrations
centrale, territoriale, etc. Leur analyse nous a beaucoup éclairé
du fait que le système administratif togolais est calqué sur
celui français à quelques exceptions après
l'indépendance. L'étude d'Agbodjan permet de déceler ces
exceptions dans la mesure où elle est spécifique au Togo.
L'auteur fait une analyse sur les institutions et l'organisation administrative
du Togo après son accession à la souveraineté
internationale.
Oeuvre de juriste à priori, ces travaux ont beaucoup
d'intérêt pour notre étude. Ils permettent d'établir
une liaison entre le parc automobile et le fonctionnement administratif.
Cependant, ils manquent de profondeur historique car, ils portent surtout et
presque tous sur la période d'après 1960.
Ces insuffisances ont été rétablies par
un groupe de chercheurs historiens de l'Université de Lomé qui,
dans une nouvelle approche historiographique, subaltern studies, a
retracé le passé général des Togolais, dans
l'Histoire des Togolais (2005), vol II, T1 et 2. Dans son travail, il
s'est intéressé aux structures institutionnelles et
administratives mise en place par le colonisateur pour la gestion du territoire
togolais, et leur système de fonctionnement. L'importance de ce travail
pour notre étude est indéniable.
Cependant, il reste insuffisant pour notre analyse. En effet,
il aborde très sommairement le transport automobile administratif et
n'établit pas une véritable corrélation entre le parc
automobile et la circulation du personnel et des biens de l'Administration.
D'une façon générale, la littérature
sur le transport routier au Togo est vaste.
En revanche, aucun chercheur n'a tenté l'aventure qui
est la notre, c'est-à-dire analyser la contribution de la gestion du
parc automobile de l'Etat au déploiement administratif au Togo pendant
les périodes coloniale et post coloniale.
Toutefois, ces travaux ne sont pas sans intérêt
pour notre étude. Ils nous ont permis de mieux situer et orienter notre
problématique.
L'un des secteurs clés de développement est le
transport, en témoignent les colossaux investissements qui y sont faits
aussi bien dans les pays du Nord que du Sud depuis l'époque coloniale.
Sa section routière est indispensable et efficace dans les
déplacements à courte distance.
Au Togo, l'intérêt accordé au trafic
routier, surtout automobile ne date pas d'aujourd'hui. Il remonte à la
période coloniale.
Ainsi, les autorités coloniales françaises,
contrairement à leurs prédécesseurs allemandes qui ont
fait la promotion du trafic ferroviaire, ont pris des initiatives de
développement du transport routier par la dotation du territoire en
infrastructures y afférentes. Il s'impose comme un outil «
...indispensable pour une bonne administration...» comme le disait
Albert Sarraut9. Il devait donc contribuer à la bonne gestion
du territoire togolais.
C'est dans cette logique que le pouvoir colonial
français créa, dans les années 1920, un patrimoine
automobile administratif. Les véhicules de l'Etat devaient jouer un
rôle impératif dans le fonctionnement du système
administratif sur le territoire togolais mal restructuré par les
infrastructures de transport ferroviaire. Ils devaient assurer un bon
fonctionnement des services publics et favoriser des liaisons rapides entre les
services centraux et extérieurs de l'Administration par la
mobilité de leur personnel et de leurs biens d'un point à un
autre du pays. Consciente que cette initiative ne serait un succès hors
d'un véritable système d'encadrement, l'autorité coloniale
moula le transport automobile administratif dans un maillage structurel et de
législations. Déjà en 1924, elle institua un cadre et une
école des conducteurs d'automobiles administratives pour alimenter ce
transport. Avec la création du Garage central en 1926, ces conducteurs
devaient y faire carrière. Cette structure devait assurer à bien
des égards, sous l'autorité du Service des travaux publics et des
transports, la gestion du parc automobile de l'Etat et de son trafic.
Organisé en 1937, date à laquelle le service des automobiles
administratives fut réglementé, cette structure administrative
a
9ANT-Lomé, 1 G Travaux publics, dossier 23,
note du ministre des colonies aux Commissaires de la République et
Gouverneurs (février 1932) cité par Tsigbé (2005 : 40).
survécu à la colonisation. Après
l'indépendance, elle continua sa mission, mais désormais avec des
attributions plus élargies10, et ce, jusqu'à nos
jours. Eu égard à tout ce qui précède, il est
nécessaire de poser la question : En quoi la gestion du
patrimoine automobile de l'Etat a-t-elle contribué au fonctionnement
administratif au Togo de 1937 à 1992 ? Cette interrogation
nécessite d'être structurée en ses éléments
de base prenant en compte ses différentes phases historiques.
Créé pendant la période mandataire, le
parc automobile administratif s'élargit au fil des années dans un
dispositif officiel d'encadrement. Les véhicules devaient permettre
à l'Administration coloniale française de bien se déployer
sur le territoire togolais structuré en pôles
politico-administratifs afin de bien le gérer, en assurant une jonction
entre ses différentes structures et avec les administrés. Quel
est alors l'apport des automobiles au fonctionnement du système
administratif colonial français au Togo depuis l'organisation du Garage
central et la réglementation du service des automobiles administratives
de 1937 à la veille de l'indépendance?
Devant l'imminence et l'irréversibilité de
l'accession du Togo à la souveraineté internationale, les
nouvelles autorités du pays devant l'administrer pensaient
déjà à une gestion plus rationnelle des véhicules
étatiques, paraissant être le meilleur moyen moderne de
déplacement des services administratifs à l'intérieur du
pays dans le cadre de leurs attributions. Ils devaient favoriser le bon
enracinement de la nouvelle Administration dans le pays qu'elle voulait
gérer avec dynamisme dans un nouvel ordre politique. Comment par le
transport, l'Administration togolaise a pu se déployer sur le territoire
dont elle a la gestion de 1959 à 1992 ?
C'est à toutes ces questions que nos recherches
essayent d'apporter des éléments de réponses.
L'objectif visé par cette étude est de mettre
à la disposition de la communauté scientifique en
général, et de la corporation historienne en particulier, un
outil d'analyse sur le fonctionnement administratif au Togo à travers
l'organisation du patrimoine automobile de l'Etat (colonial et post colonial)
entre 1937 et 1992.
De façon spécifique, elle vise à
étudier :
10 Par exemple, pendant la période
coloniale, l'immatriculation des véhicules administratifs ne relevait
pas de la compétence du Garage central comme c'est le cas après
l'indépendance, mais du Service des travaux publics et des
transports.
-La part des automobiles étatiques dans le
déploiement des structures et institutions de l'Administration coloniale
française au Togo de 1937 à 1959.
-L'apport de l'organisation des matériels roulants
routiers de l'Etat à l'application de la nouvelle politique de gestion
et d'administration du territoire togolais de la veille de
l'indépendance jusqu'au début des crises sociopolitiques des
années 1990.
L'approche méthodologique utilisée pour
l'élaboration de ce travail est bâtie autour de plusieurs
données. Il s'agit des hypothèses, des sources et bibliographie,
du traitement des données recueillies et des difficultés de
recherche et de leurs approches de solution.
Notre recherche repose sur deux hypothèses
fondamentales s'accordant avec les questions secondaires de notre
problématique et les objectifs spécifiques.
- Primo, le territoire togolais étant mal desservi par
les infrastructures ferroviaires, et le portage, déjà peu
quantitatif et moins rapide, y étant en decrescendo, on peut
conjecturer que l'Administration coloniale française devait l'essentiel
de son transport aux véhicules automobiles.
- Secundo, avec la déliquescence du transport
ferroviaire (surtout après l'indépendance), il est probable que
les automobiles de l'Etat eurent été de loin le principal moyen
de mobilité géographique11 du personnel et du convoi
des matériels nécessaires pour le fonctionnement et
l'enracinement administratifs de l'Etat togolais de la veille de
l'indépendance jusqu'aux débuts des années 1990.
Ces hypothèses seront naturellement confirmées
ou infirmées par les données recueillies des sources et des
ouvrages.
Nombreuses sont les sources qui ont servi à la confection
de notre travail.
Elles sont de trois ordres : les sources orales, les sources
archivistiques et les documents officiels. D'abord, les sources orales
utilisées dans cette étude, sont-elles un complément de
taille aux documents écrits, et partant, elles enrichissent et
diversifient les moyens d'analyse. Le personnel du Garage central administratif
; du Ministère de l'administration territoriale, de la
décentralisation et des collectivités locales; de la Direction du
matériel et du transit ; et du garage du CHU Tokoin, entre autres, a
été la cible de notre enquête orale.
11 Selon le Bureau international du travail (1983 :
92), la mobilité de la main d'oeuvre peut revêtir trois formes :
géographique (déplacement des travailleurs d'une région
à une autre du pays), professionnelle (changement de métier)
enfin sociale (passage d'une classe d'emploi à une autre).
Ensuite, les sources archivistiques ont été
d'une importance capitale pour la réalisation de cette étude.
Portant sur les périodes aussi bien coloniale que postcoloniale, elles
sont recueillies des rapports, des procès-verbaux, des circulaires, des
lettres, des notes de services, des télégrammes-lettres, des
télégrammes officiels, des contrats et accords officiels, etc.
Ces documents de première main sont collectés aux Archives
nationales du Togo (ANT) des séries 9 C (dossier Garage central relatif
au transport administratif), 1 G (Travaux publics) et 7 G (transport et
circulation, STAO). Les documents des séries 1 et 2 APA fournissent des
informations générales sur les cercles administratifs coloniaux.
Ceux des séries 1 G inhérente aux travaux publics, 3 C relative
au Service du matériel informent sur les tournées du Commissariat
de la République française au Togo, etc., ont aussi fait objet
d'analyse.
Les sources primaires de la Direction du garage central
administratif informent sur le système de gestion des automobiles
administratives surtout en matière d'acquisition, d'immatriculation et
d'affectation.
Enfin, les documents et publications officiels ont largement
contribué à la production de ce travail.
En effet, des rapports annuels envoyés par la France
à la SDN puis à l'ONU ont été consultés aux
Archives nationales du Togo (ANT-Lomé). Ces rapports rendent compte de
la gestion du territoire à ces organes internationaux. De là, ils
fournissent des informations sur le transport routier automobile togolais. Il
s'agit entre autres des rapports des années 1924, 1925, 1926, 1937,
1938, 1946, 1947, 1954, 1958, 1959. Ces rapports sont pour ces institutions un
instrument de contrôle de la gestion du Togo par la France.
Les journaux officiels du Togo n'ont pas été
négligés. Nous avons collecté quasiment tous les
décrets, arrêtés, circulaires, etc. relatifs au transport
automobile administratif voire ferroviaire contenus dans les journaux officiels
des années 1920, 1930, 1940, 1950, 1960, 1970, 1980 et 1990. Ces
documents donnent un aperçu sur la politique non seulement de la
puissance coloniale française mais également du Togo
indépendant en matière de transport terrestre en
général et routier en particulier.
La collecte de ces diverses données a suivi une
méthodologie qu'il n'est pas moins nécessaire d'exposer.
Réalisée uniquement à Lomé, elle a permis
l'élaboration de ce travail.
En effet, nous avons visité la Bibliothèque
nationale et les Archives nationales du Togo (ANT-Lomé) où nous
avons exploité nombres de publications officielles et /ou de documents
archivistiques portant sur les transports routiers en général.
Dans ces structures, il a été prises des photos d'archive pour
illustrer le travail. Nous avons ensuite focalisé notre attention sur la
Direction du garage central administratif où les documents relatifs
à la gestion
du patrimoine automobile administratif et à
l'organisation du transport y afférent, ont été
consultés. Nos recherches à l'Unité de recherche
démographique (URD) ont permis d'accéder à des ouvrages
généraux sur la période coloniale au Togo abordant plus ou
moins le transport automobile administratif. Dans les centres de documentation
de l'Université de Lomé, bibliothèque centrale,
bibliothèque de la Faculté des lettres et sciences humaines
(FLESH), bibliothèque de l'Institut national des sciences de
l'éducation (INSE), nombreux mémoires et thèses soutenus
et ayant un rapport plus ou moins direct avec notre sujet d'étude, ont
été consultés.
Quant à la collecte des informations orales, elle s'est
faite selon un choix aléatoire.
Ainsi, par rapport à nos moyens, bien que les personnes
ressources impliquées plus ou moins explicitement dans le transport
automobile administratif, ne soient pas introuvables à
l'intérieur du pays, seulement celles de Lomé ont
été interrogées.
Les informations recueillies ont été soumises
à une organisation rigoureuse.
La méthodologie adoptée pour le traitement des
informations collectées a eu pour assise, la méthode classique
des historiens, l'appareil critique.
Ainsi, les documents sont analysés pour s'assurer de
leur authenticité. Les données (y compris celles quantitatives)
dont la véracité s'avère douteuse sont purement et
simplement délaissées pour éviter de jeter du
discrédit sur notre travail. La partialité et les
contre-vérités qui entachent certaines informations sont
corrigées par une relecture attentive, une analyse et une confrontation
des faits pour tirer matière à histoire.
Par ailleurs, nous avons procédé à la
généralisation de certaines données surtout quantitatives,
lorsque par exemple, les chiffres concernant l'état du parc automobile
du territoire togolais ne distinguent pas les automobiles de l'Etat de celles
des privés. Cette stratégie n'est pas incohérente dans la
mesure où ces dernières furent plus d'une fois sollicitées
pour le transport administratif. Ce qui justifie en partie le fait que nous
avons assez fait mention du parc automobile privé dans cette
étude.
Comme tout travail scientifique, notre recherche a connu des
difficultés.
Les difficultés que nous avons rencontrées et
surmontées, sont multiples. D'abord, elles sont inhérentes
à l'accès aux sources.
En effet, nos efforts inlassables pour accéder
suffisamment aux documents de transport administratif automobile du Garage
central sont limités par la volonté de son personnel de maintenir
discrètes certaines informations. A titre illustratif, pour des
questions
de «secret administratif», nous a-t-on dit,
l'accès aux lignes budgétaires allouées audit service
(à partir des années 1990) pour son fonctionnement nous a
été impossible. Pour pallier en partie ces problèmes, nous
avons consulté des travaux de nos prédécesseurs abordant
plus ou moins la question de la gestion des véhicules étatiques
qui en donnent des précisions12. Aux archives, certains
documents sont mal classés ou carrément disparus. D'autres sont
illisibles parce que partiellement rongés, ou illisibles à cause
de la friabilité du papier ou de l'encre qui s'est
décolorée. Pour surmonter ces obstacles, non seulement nous nous
sommes donnés la peine de consulter le maximum de documents de ce centre
où quelquefois, nous avons trouvé certains documents
archivistiques en plusieurs exemplaires (ce qui nous permet de faire un tri).
Aussi, avons-nous utilisé les oeuvres écrites en rapport avec
notre sujet. Dans les cas extrêmes, les documents bien qu'importants,
sont carrément abandonnés.
En substance, vu les difficultés qui ont jalonné
notre recherche, c'est au prix de gros sacrifices et efforts que nous avons pu
élaborer ce travail selon un plan bipartite à raison de deux
chapitres par partie. Dans la logique de la problématique
soulevée par notre sujet, ce plan a suivi une démarche
chronologique. La première partie court de 1937 à 1959 et
comprend les deux premiers chapitres. Le premier allant de 1924 à 1945,
aborde les mesures prises par l'autorité coloniale française pour
développer le transport automobile administratif au Togo pour la bonne
gestion du territoire. Le second s'intéresse à la contribution
des véhicules au fonctionnement des structures administratives au Togo
sous la tutelle de 1946 à 1959. Dans la seconde partie, les
troisième et quatrième chapitres analysent le rôle
joué par les automobiles des pouvoirs publics dans le système de
fonctionnement administratif au Togo indépendant respectivement de 1959
à 1976 et de 1976 à 1992, à partir du système de
gestion de ce transport.
Il s'agit d'une analyse historique du fonctionnement
administratif au Togo de 1937 à 1992 à travers la gestion du parc
automobile de l'Etat.
12 Il s'agit des travaux de R. Tchitara (1995), T. B.
Bayaro (1998), S. A. Amegan (2000), Y. S. Balakindé (2000), A. Attitso
(2001), A. Amedzame (2002) et S. Lawani (2005)
PREMIERE PARTIE
LE PATRIMOINE AUTOMOBILE : UN OUTIL INDISPENSABLE AU
FONCTIONNEMENT ADMINISTRATIF AU TOGO SOUS COLONISATION FRANÇAISE
(1937-1959)
Après trente ans de colonisation allemande (1884-1914),
le Togo changea de maître à partir de 1914 lors de la
Première Guerre mondiale. Les Allemands furent contraints de laisser le
Togo dans les mains des vainqueurs franco-britanniques qui se
partagèrent et cogérèrent sa dépouille durant six
ans (1914-1920). Après cet intermède, le Togo français fut
placé juridiquement sous mandat de la Société des nations
(SDN) et confié à la France en juillet 1920 qui doit rendre
compte de la gestion du territoire à cette instance internationale. Si
le pouvoir colonial français a hérité de certains moyens
matériels de gestion du territoire, il devait en créer d'autres
irremplaçables pour la bonne marche de son système
administratif.
Ainsi, il créa, dans la première moitié
des années 1920, son parc automobile qu'il fit évoluer dans un
maillage législatif et structurel. En 1924, furent créés
le cadre et l'école des conducteurs d'automobile pour alimenter le
transport administratif au Togo. Ceux-ci devaient faire carrière au sein
du Garage central, créé en 1926 et chargé de la gestion du
patrimoine automobile de l'Etat à bien des égards. Il fut
organisé en 1937. Dans la foulée, le transport automobile
administratif fut aussi réglementé en vue de sa redynamisation.
Après le Second Conflit mondial, une avalanche de règles fut
éditée dans ce sens. Les véhicules des pouvoirs publics
devaient servir de moyen de mobilité pour aussi bien des agents que des
biens administratifs à travers le territoire dont la gestion rentable
était le souci primordial du pouvoir colonial français. Il
convient alors de poser la question : Quel rôle les automobiles de l'Etat
avaient joué dans le fonctionnement des structures, institutions et
services administratifs de gestion du territoire togolais de 1937 à la
veille de sa souveraineté internationale?
Répondre à cette question revient à
prendre en compte ses différents aspects historiques. Il convient
d'abord d'analyser dans cette partie, la contribution des véhicules au
fonctionnement administratif pendant la période mandataire avant de
montrer leur apport au déploiement administratif sous la tutelle.
PREMIER CHAPITRE
DES DISPOSITIONS OFFICIELLES DE GESTION ET
DE REDYNAMISATION DU SECTEUR DU TRANSPORT AUTOMOBILE ADMINISTRATIF AU
TOGO SOUS MANDAT FRANÇAIS (1924-1945)
Le territoire togolais perdu par l'Allemagne fut
cogéré par les Franco-britanniques entre 1914 et 1920. La partie
française issue du partage franco-britannique de 1919, fut juridiquement
placée, en 1920, sous le mandat de la SDN confiée à la
puissance qui la gérait. Dès lors, la France eu un droit de
gestion du territoire, bien évidemment sous un regard international.
L'organisation du territoire nécessite alors des
structures et équipements conséquents dont ceux de transport
terrestre. Si le transport routier fut presque dans un état embryonnaire
avant le mandat français, le transport administratif à partir des
automobiles appartenant à l'Etat fut inexistant. Il fut désormais
impératif pour le bon fonctionnement de l'Administration coloniale
française qui se voulait efficace pour répondre à la
logique coloniale sur un territoire mal desservi par les infrastructures
ferroviaires. C'est ainsi que durant cette période, elle avait mis sur
pied des mesures pour gérer le transport automobile administratif.
Après la création en 1924, du cadre et de l'école des
conducteurs automobile qui alimentaient ce trafic, il fut institué le
Garage central administratif en 1926, pour gérer à bien des
égards le parc automobile de l'Etat. Quelle situation prévalait
au niveau du transport routier togolais jusqu'à l'organisation du Garage
central et à la réglementation du service des automobiles
administratives en 1937? Quel impact cette nouvelle donne et autres mesures ont
eu sur le transport automobile administratif jusqu'à la fin du mandat?
Comment le parc automobile de l'Etat a-t-il contribué au fonctionnement
du système de l'Administration coloniale française pendant la
période mandataire?
Les réponses à toutes ces questions permettront
de saisir l'impact de la gestion des véhicules automobiles de
l'autorité coloniale française sur le fonctionnement
administratif au Togo sous mandat.
I- Le transport routier togolais en progression sous
mandat français (1924-1937)
Pendant le mandat français, au Togo, à la faveur
de la politique d'équipements dans le cadre de sa «mise en
valeur », une nouvelle ère s'amorça pour le trafic
routier tant sur le plan des infrastructures que sur celui des moyens et
structures de transport. Le trafic automobile se
développe dans un système de gestion
institutionnelle susceptible d'assurer au mieux l'essor du transport
administratif plus d'une fois renforcé par les véhicules
privés.
1- La réorganisation des équipements de
transport automobile
L'amélioration et l'édification des voies de
communication routière au Togo pendant la période mandataire a
pour corollaire l'essor du parc automobile.
1.1-Aménagement et construction des
infrastructures routières pour le fonctionnement de l'Administration
Le transport automobile n'est possible sans les voies de
communication routière. Elles rythment la circulation automobile (et
permettent d'apprécier son niveau sur un territoire), et par ricochet,
influencent dans une certaine mesure, la couverture administrative sur le pays.
Elles sont indispensables pour la mise en valeur d'un territoire. Les routes,
par leur souplesse, leur flexibilité et leur rapidité, assurent
sa bonne gestion par la circulation automobile. Elles sont indispensables pour
le fonctionnement administratif. Pour Gayibor (1997 : 140), les routes sont
à la fois « un instrument de développement, de
domination en permettant le contrôle des populations et
d'exploitation économique en rendant possible l'écoulement
des ressources agricoles.»
C'est ce que souligne aussi le ministre français des
colonies Albert Sarraut13 aux Gouverneurs généraux et
Commissaires de la République française déjà en
1932 en ses termes:
« Les routes constituent un des principaux facteurs
de l'expansion coloniale. Des liaisons sûres et rapides sont
indispensables pour une bonne administration... Un réseau routier bien
tracé et bien construit constitue un instrument économique de
premier ordre. Un tel réseau est seul capable d'assurer un
développement du trafic automobile, signe de l'activité
économique d'un pays »14.
Le principal réalisateur de cette politique au Togo fut
A. F. Bonnecarrère, Commissaire de la République française
au Togo de 1922 à 1931. Il aménagea et renforça les
infrastructures routières durant tout son gouvernorat de 10 ans
(1922-1931). De gros efforts furent fournis pour l'élargissement des
voies de 3 à 6 m, et leur aménagement. Ces routes furent
soutenues
13 Albert Sarraut est un éminent homme
politique français, gouverneur d'Indochine de 1911 à 1919. Il fut
ministre des colonies de 1920 à 1924 et de 1932 à 1933. Il
élabora un programme de mise en valeur des colonies en 1920 pour
permettre de relever son économie affaiblie par la guerre.
14ANT-Lomé, 1 G Travaux publics, dossier 23,
note du ministre des colonies aux Commissaires de la République et
Gouverneurs (février 1932) cité par Tsigbé (2005 : 40).
par des ponts solides en béton renforcés par des
barres métalliques15 pour supporter le poids des camions en
remplacement des ponts construits en bois pendant la période allemande
et facilement endommageables dénommés « ouvrages d'art
provisoire».
En 1930, le réseau routier togolais automobilisable au
Sud était estimé à près de 2 000 km (Tebie 2002 :
52). Au Nord, la priorité fut accordée au prolongement de la
route SokodéSansané-Mango passant par Alédjo, Bafilo et
Kara avec la construction d'un pont métallique sur la Kara au premier
semestre 192316. La construction de la route reliant Sokodé
à Kara (route de la main d'oeuvre) s'était imposée comme
une nécessité pour acheminer, par automobile, la main d'oeuvre du
pays Kabiyè-Losso vers le Sud pour la construction des routes et la mise
en valeur des plantations administratives. Le réseau routier des cercles
de Sokodé et de Mango comprenait 1 306 km (Tebié 2002 : 62).
En général, le territoire togolais était,
en 1930, sillonné par 3 239 km de routes carrossables en 1930 contre 1
745 en 1921 (Tebie 2002 : 62). Beaucoup de régions du territoire jadis
enclavées, furent dessertes. Il était alors moins difficile
à l'Administration d'y accéder par le transport automobile. Elle
dispose à cet effet dans chaque cercle un parc automobile. La carte
routière n°117 illustre à bien des égards
le niveau de désenclavement des régions du Togo et de circulation
des véhicules en 1933, et la répartition des parcs automobiles
administratifs dans le pays.
15 Parmi les ponts construits, on peut citer ceux de
Zébé (90 m) et d'Alounou (45 m).
16 Le pont métallique sur la Kara
remplaça celui construit par les Allemands en 1907 emporté par de
fort courant d'eau en 1917 (Kakou 2007 : 166).
17 Voir page 22.
Carte n° 1 : Reseau routier du Togo en 1933
Source : Gbamehossou à partir de Barandao (1987 : 644)
et ANT-Lomé, 9 C Garage central, dossier 7, correspondance avec le
Commissaire de la République sur les autorisations de circulation
demandées par quelques maisons de commerce, 1929-1931.
Cette carte montre que l'essentiel du réseau routier
togolais en 1930 était reparti entre la région située
entre Atakpamé-Lomé et celle comprise entre Sokodé
-Dapaong. La région s'étendant d'Atakpamé à
Sokodé traversée seulement par la route principale reliant ces
deux localités, était mal desservie par les infrastructures
routières. La circulation automobile y demeure encore assez
limitée même après la desserte de certaines zones telles
que le plateau de Danyi par le projet de tracé Kpalimé-Badou en
1934 et le pays Adelé. Les régions frontalières à
l'Est et à l'Ouest restèrent enclavées, une
conséquence de la crise économique des années 1930 (et
plus tard la Seconde Guerre mondiale18) qui bloqua, sinon, ralentit
les projets. Par ricochet, les automobiles ne pouvaient pas y accéder.
L'Administration avait donc recouru aux moyens de transports à deux
roues et au portage pour s'y déployer. Seulement entre 1921 et 1926, on
comptait 918 porteurs à son service dans les cercles d'Atakpamé
et de Sokodé (Assima-Kpatcha 2004 : 2004) mal restructurés par
des routes carrossables.
Au Togo sous mandat français, l'essor des
infrastructures de transport routier s'était accompagné d'une
évolution flagrante du parc automobile.
1.2- Un parc automobile bipolarisé
Dans les quatre premières années19 du
mandat français, le parc automobile togolais cessa d'être
exclusivement privé pour se bipolariser.
Ainsi, à côté du patrimoine automobile
privé, trouvait-on celui de l'Etat colonial.
Nombreuses étaient les sociétés
commerciales qui opéraient sur le territoire togolais. Il s'agissait de
la Société générale du golfe de Guinée
(SGGG), de John Holt, des sociétés Syrolibanaises, etc. Elles
disposaient chacune, pour la prospérité de leurs affaires
(exportations et importations des produits), des véhicules automobiles
destinés au transport des marchandises. Quelques autochtones et
fonctionnaires disposaient également des voitures privées.
Les automobiles, les motos et les vélos privés
furent souvent réquisitionnés pour le transport administratif
moyennant des remboursements d'indemnités réglementaires selon la
capacité du matériel et la distance parcourue20. Cet
état de chose s'explique par le nombre réduit des
véhicules dont disposait l'Administration.
18 Ce conflit a porté un coup dur aux
équipements de transport routier déjà vétustes ,
car ils ont souffert de manque de financements pendant cette crise qui a vu
l'essentiel des entreprises être dirigé vers l'effort de
guerre.
19 Les sources dont nous disposons ne nous
permettent pas de donner la date précise de création du parc
automobile administratif au mandat français. Le moins que nous puissions
dire est que le pouvoir colonial disposait des véhicules en 1924 dans la
mesure où il a été créé en cette
année un cadre et une école de conducteurs d'automobiles
administratives (confer JOT, 1924, arrêté n° 35 du 28
février 1924, pp. 94-96).
20 JOT, 1927, arrêté n ° 443 du 4
août 1927 allouant une indemnité spéciale et carburants et
lubrifiants nécessaires aux propriétaires d'une voiture
automobile à en affecter l'usage au service de l'Administration.
Toutefois, il faut signaler que le parc automobile
étatique avait connu une évolution au fil du temps.
Créé dans les quatre premières années de
l'Administration française, et composé de 51 véhicules
automobiles en 193221, il atteignit 59 véhicules en
février 193522. Un inventaire du 15 juin 1933 mentionnait que
34 véhicules administratifs étaient en service dans le cercle de
Lomé23.
Le patrimoine automobile du Togo sous mandat français
connut une évolution et ne cessa de s'élargir.
Ainsi, le nombre de véhicules (privés et
administratifs) en circulation sur le territoire togolais passa de 82 en 1925
(Tsigbé 2005 : 53) à 224 au 1er janvier 1926 puis
à 452 au 30 juin 1928 pour atteindre 645 au 1er mars
193024.
Le parc automobile administratif naissant s'est élargi
et le trafic routier togolais s'est accru. Cela nécessita la mise en
place des structures administratives de gestion du transport routier.
2- Les premiers services administratifs de transport
routier
Dans les premières années de sa prise de
fonction, le gouverneur A. F. Bonnecarrère, dans sa volonté de
développer le transport administratif automobile, créa en 1924
des structures spécialisées. Il s'agit du cadre et de
l'école des conducteurs d'automobile, et du cadre de surveillants de la
route.
2.1- Le cadre et l'école des conducteurs
d'automobile
Deux structures de conducteurs d'automobile furent
créées en 1924 par arrêté du 28 février
192425 pour alimenter le transport automobile administratif.
-Le cadre des conducteurs automobile
Les agents de ce cadre étaient placés sous
l'autorité du fonctionnaire responsable du garage du gouvernement
à Lomé, ou des Commissaires des cercles26.
21 ANT-Lomé, 9 C Garage central, dossier 7,
correspondance avec le Commissaire de la République sur les
autorisations de circulation demandée par quelques maisons de commerce,
1929-1931.
La date de l'élaboration de cet inventaire (des 51
véhicules) n'ayant pas été précisée, pour
fixer l'année (1932), il est procédé à une analyse
des dates d'entrée des automobiles et des dates probables de leur
reforme. Ainsi, cette année en constitue la date d'intersection,
c'est-à-dire la date extrême supérieure d'entrée et
la date extrême inférieure probable de la reforme des
véhicules.
22 Idem.
23 Idem.
24 ANT-Lomé, 9 C Garage central, dossier 2,
textes divers sur la réglementation de la circulation, 1927.
25 JOT, 1924, arrêté n° 35 du 28
février instituant un Cadre de conducteurs d'automobile au Togo et
créant une Ecole de conducteur d'automobile à Lomé, pp.
94-96.
Ces agents dont l'âge était compris entre 18 et
35 ans, étaient recrutés à l'issue d'un examen. Leur
mission était de conduire les véhicules du pouvoir colonial et
d'assurer leurs éventuelles réparations.
Le statut de l'autorité hiérarchique (le
responsable du garage du gouvernement à Lomé) de ses conducteurs
et leurs attributions montrent que jusqu'en 1924, il n'existait pas de
structure centrale de gestion des véhicules administratifs. Il s'agit
là d'un signe patent de la modicité du parc automobile
appartenant à l'Etat.
L'école de conducteurs d'automobile
Placée sous la direction de l'Agent principal du garage
gouvernemental et sous le contrôle du Chef du Secrétariat
général, l'école avait pour attribution, la formation des
conducteurs pour l'Administration. L'effectif maximal des élèves
qu'elle devait former pendant six mois fut porté, en 1926, à 15
pour une durée de formation d'un an27. Cet effectif modeste
confirme l'analyse faite précédemment relative à la
petitesse du parc automobile administratif. L'école alimentait le cadre
des conducteurs d'automobile de l'Etat. Ceux-ci, comme leurs collègues
du secteur privé, exerçaient leur fonction sous le regard
vigilant des surveillants de la voie publique.
2.2- Le cadre de surveillants de la route
Dans le cadre de la politique de la protection et de
règlementation de la circulation routière, il fut institué
un cadre de surveillants de la route 28.
Ces agents recrutés au terme d'un test, dont le plus
remarquable était la rédaction d'un rapport sur l'état
d'une route (Tsigbé 2009 : 169), étaient chargés de
diriger les manoeuvres permanents devant entretenir quotidiennement les routes.
Ils devaient aussi veiller au respect des règles de circulation et de
protection de la voie publique, par exemple la possession et le port du permis
de conduire, la conformité aux prescriptions en matière de
répartition de l'horaire de circulation sur les routes à sens
unique et la limitation des vitesses (25 km par heure au plus)29.
Aucun conducteur, privé ou administratif, n'échappa
à ces règles. En cas d'infraction, les sanctions varièrent
selon qu'on fût Européen, `'Assimilé» ou
`'Indigène».
26 Ibidem.
27 JOT 1926, arrêté n° 125 modifiant
et complétant l'arrêté n° 35 du 28 février 1924
instituant au Togo, un cadre de conducteurs d'automobile et créant une
école de conducteur, p. 141.
28 JOT du 1er mai 1924, arrêté
n° 79 du 18 avril, pp.160-161.
29 JOT, 1924, arrêté n° 80 du 18
avril 1924 complétant l'arrêté du 5 août 1921
réglementant la protection de la voie publique et la circulation des
véhicules de toutes sortes, p. 161.
Ainsi, la nature des sanctions fut déterminée
pour les Européens et Assimilés à une peine de simple
police et pour les Indigènes à une sanction disciplinaire de 1
à 15 jours d'emprisonnement et ou de 1 à 100 francs30
d'amande31. Les Indigènes subissaient donc les plus lourdes
sanctions. Cela n'a rien d'étonnant si on s'inscrit dans la logique
sociale coloniale qui considère ceux-là comme inferieurs
même en matière judiciaire. La politique de deux poids deux
mesures était alors de mise.
Avec l'essor du parc automobile, il fut institué des
structures de gestion et de transport administratif au sein desquelles les
conducteurs d'automobiles administratives devaient faire carrière.
3- Les services et sociétés de transport
automobile administratif
L'année 1926 ouvrit une ère nouvelle pour le
transport administratif.
En effet, des services de gestion et de transports
administratifs furent mis sur pied. Si le Garage central n'eut jamais
cessé de jouer son rôle depuis sa création, avec
évidemment des fortunes diverses, les autres s'étaient
succédés dans le temps pour défaut de performance.
3.1- Le Garage central, service administratif
chargé de la gestion des automobiles de l'Etat
L'augmentation sensible du nombre de véhicules
automobiles administratifs suscita la nécessité d'une
véritable structure pour les gérer.
Ainsi, Bonnecarrère institua en 1926, un Garage central
à Lomé32. Il a pour attribution la gestion du
matériel roulant routier du service local. Comment les voitures
administratives furent-elles gérées ?
Selon Y. S. Balakindé, la gestion débuta
dès l'entrée du matériel dans le domaine public de l'Etat
et continue jusqu'à sa sortie33. Elle suit un processus qui
va de l'acquisition jusqu'à la reforme des véhicules en passant
par la maintenance (Balakindé 2000 : 29).
Ainsi le Garage central réceptionnait les
véhicules (qu'il montait) des pouvoirs publics sur demande
adressée au Secrétariat général de l'Administration
qui la satisfait dans la mesure du possible, selon les disponibilités du
magasin général ou à défaut de celle-ci par achat
sur
30 Avant 1939, année où le franc CFA fut
adopté dans les colonies françaises d'Afrique, c'était le
franc français qui y était utilisé. En conséquence,
les montants que nous avons utilisés dans notre travail avant 1939 sont
en franc français et ceux après sont en franc CFA.
31 JOT du 1er mai 1924, arrêté
n° 79 du 18 avril, pp.160-161.
32 JOT, 1926, arrêté n° 235 du 29
juin créant un Garage central à Lomé, p. 265.
33 Y. S. Balakindé, entretien du 06/01/2010
dans son bureau au Garage central administratif.
place34. Il faut noter que la compagnie
française de l'Afrique de l'Ouest (Cie FAO) était
pendant longtemps l'une des principales maisons qui fournissait des voitures
audit Garage.
Il arrivait que cette compagnie écope des sanctions de
pénalités pour des raisons de retard de livraison.
En effet, en 1933, une amande initiale de 672,00 F lui a
été infligé par le Commissaire de la République
française au Togo, finalement réduit à 10 % sur
proposition du chef des travaux publics, Castarramone, suite à une
demande de levée des pénalités du directeur de ladite
compagnie35.
Après l'immatriculation (qui relève de la
compétence du Service des travaux publics), le véhicule
était mis à la disposition du service ou du fonctionnaire
nécessiteux sur ordre émanant exclusivement du cabinet du
Commissaire de la République à qui les demandes étaient
adressées36.
Les services ou sociétés privées qui
étaient au service de l'Administration recevaient aussi des
matériels du Garage.
Ainsi, au second semestre 1928, avait-il fourni à la
Société des transports de l'Afrique de l'Ouest (STAO), une
société privée coptée pour assurer le transport
administratif dans le Nord du Togo, 22 voitures et 14 camions ou tracteurs
dotés de matériels et ressources (pneus, pièces,
carburant, etc.). Avec respectivement 95 000 km et 811 100 km parcourus, ces
engins ont couté à l'Administration, 561 393, 83 et 675 325
F37.
Le Garage central réparait les véhicules
appartenant à l'Administration coloniale française au Togo. Pour
accomplir cette mission, elle disposait des moyens humains et matériels
dont des ateliers de réparation qui apparaissent sur la photo n°
238.
La reforme marqua la fin du processus de gestion technique des
automobiles. Elle consiste à sortir du domaine de l'Etat, le
matériel qui, pour des raisons techniques, n'est plus apte au transport
administratif. Elle est vendue aux enchères à titre privé.
A titre illustratif, par la note n° 570 du receveur de l'enregistrement,
adressée à l'Administrateur supérieur à
Lomé,
34 JOT, 1926, arrêté n° 235 du 29 juin
créant un Garage central à Lomé, p. 265.
35 ANT-Lomé, 9 C Garage central, dossier 11,
commande d'une batterie pour Renault TT 437. Règlement des services de
transport automobile dans le territoire (correspondances). Mise à la
disposition du service de santé la camionnette Peugeot et TT 362,
1934-1935.
36 JOT, 1926, arrêté n° 235 du 29 juin
créant un Garage central à Lomé, p. 265.
37 ANT-Lomé, 9 C Garage Central, dossier
n° 6, appel d'offre pour l'entreprise du transit à Dakar et hors de
Dakar, taux de remboursement des moyens de transport fournis par le Garage
central aux services du gouvernement, 1930.
38 Voir page 28.
signale que deux véhicules d'immatriculation TT 100 et TT
597, ont été vendus aux enchères aux prix principaux
respectifs de 4 150 F et de 1 550 F le 30 septembre 193539.
La gestion entière des automobiles administratives du
Chef-lieu était à sa charge. Cependant, celles de
l'intérieur, après leur affectation, l'était moins car,
les Commandants de cercles avaient à leur disposition un personnel
technique chargé d'assurer la réparation des voitures.
C'était seulement pour de grosses réparations qu'elles
étaient convoyées au Garage central.
Photo n° 2 : Les ateliers de réparation de
véhicule du Garage central à Lomé vers 1930
Source : ANT-Lomé, Fonds du Togo sous mandat vers 1930.
Placé depuis sa création sous le contrôle
du chef du Secrétariat général, le Garage central passa en
1932 sous l'autorité du chef du Service des transports
publics40qui devint désormais le fournisseur des
matériels dont ledit Garage a besoin pour servir le transport
administratif pour lequel d'autres services étaient également
accrédités.
39 ANT-Lomé, 9 C Garage central, dossier 12,
demande de pièces de recharge pour voitures Renault, 1935.
40 JOT, 1932, arrêté n°135
plaçant le Garage central sous la direction des services des travaux
publics.
3.2- Le Service de transports automobiles, une
structure administrative inefficace
En juillet 192641, A. F. Bonnecarrère
créa le Service de transports automobiles. Il comprenait le
réseau des cercles du Nord en correspondance avec le chemin de fer
LoméAtakpamé. Il avait pour mission, le transport administratif
aussi bien des fonctionnaires et de leurs bagages que des matériels et
marchandises de l'Administration, voire des particuliers. Le réseau
comprenait deux lignes : Atakpamé-Sokodé et Sokodé-Mango
via Lama-Kara, dirigées par le Commandant de cercle d'Atakpamé
assisté d'un personnel technique. Les Commandants des cercles de
Sokodé et de Mango participaient à la gestion de la seconde ligne
(Sokodé-Mango) dans leurs zones d'influence respectives. Le service
était alimenté en matériel par le Garage central. Ce
service a été supprimé après 11 mois
d'activité par l'arrêté local du 20 juin 1927 par A. F.
Bonnecarrère42.
Quel bilan faire du Service des transports automobiles à
la fin de ses activités en en juin 1927?
Un rapport du 1er mai 1927 mentionna qu'en un an de
service environ, cette structure avait transporté 1 532 voyageurs et 810
tonnes de marchandises contre 541,656 t au 1er semestre de la même
année (Simtokena 1997 : 51). L'essentiel de ces voyageurs étaient
composé du personnel au service de l'Administration à savoir, des
maçons, des surveillants de la route, des auxiliaires médicaux et
des PTT, des instituteurs qui se déplaçaient du Sud vers le Nord
pour s'y installer pour des motifs de travail (Assima-Kpatcha 2004 : 483).
La prestation de ce service semble être satisfaisante car,
après onze mois d'activité, son bilan financier est
excédentaire et chiffré à 104 000 F. C'est ce qu'illustre
le tableau n° 1.
Tableau n° 1 : Bilan financier du service des
transports automobiles en 1927
Recettes
|
582
|
000 F
|
Dépenses
|
478
|
000 F
|
Excédents des recettes
|
104
|
000 F
|
Source : Tsigbé 2009 : 172.
41 JOT, 1926, arrêté n° 234 du 29
juillet, relatif à la création d'un service de transports
automobiles, pp. 364-365.
Des informations concordantes tirées des sources et
ouvrages concernant les attributions, la zone d'activité et les
conditions de suppression et la succession du service de transports automobiles
prouvent qu'il n'est pas différent du «Service des transports
administratifs «qu'on retrouve dans certaines oeuvres et sources. Cela se
comprend encore plus aisément quand on sait que le service des
transports automobiles s'occupait du trafic administratif.
42 ANT-Lomé, 7 G Transport et circulation,
dossier 4, correspondances entre le Commissaire de la République et le
commandant de cercle d'Atakpamé relatives au fonctionnement du contrat
signé avec la Société des transports de l'Afrique
occidentale, 1927-1930.
A priori, les chiffres du tableau, en plus de ceux
donnés précédemment, sont encourageants et satisfaisants.
Cependant, ils souffriraient de crédibilité. A cet effet,
Barrillot, chef du Secrétariat général écrivait
:
« Il est difficile de donner un état exact et
précis des dépenses qu'a entraîné le fonctionnement
du service administratif en 1927, le rapport fourni par le Commandant du cercle
d'Atakpamé à l'époque, ne tenant pas compte volontairement
ou non de différents éléments donnait des chiffres
invraisemblablement bas... 43».
Barrillot estimait aussi que le service causa au Garage
central de lourdes dépenses de réparation. Ce qui fut
confirmé par le Commissaire de la République française au
Togo, A. F. Bonnecarrère dans une lettre adressée à
l'Inspecteur des colonies, Picanon, le 18 avril 1927.
En effet, en donnant les raisons qui ont motivé la
signature d'un contrat avec la STAO, faisant allusion au Service de transports
automobiles, disait-il que le rôle de l'Administration ne consiste pas
à « assumer des charges d'un service semblable
»44. Il est lucide que l'Administration taxait ce service
d'inefficacité et de gouffre budgétaire. Ceci justifiait son
remplacement par un service privé, la Société des
transports de l'Afrique de l'Ouest (STAO).
3.3- La STAO, une société privée
appelée à la rescousse
Cinq jours avant la suppression du Service des transports
automobiles par arrêté local du 20 juin 1927, un contrat fut
signé le 15 juin 1927 entre A. F. Bonnecarrière, pour le compte
du territoire togolais, et Peyrou, administrateur délégué
de la STAO45.
Si l'Administration ne comptait plus sur le service des
transports automobiles pour effectuer ses transports dans le Nord-Togo en
raison de ses signes de faiblesses, quelle garantie offrait la STAO pour
mériter sa confiance ?
L'observation faite par le gouverneur A. Bonnecarrère
au sujet de la signature d'un contrat avec la STAO dans sa lettre
adressée à l'Inspecteur des colonies, Picanon, le 18 avril 1927,
répondait bien à cette interrogation. Il observait que: «
La STAO semblerait offrir des garanties sérieuses, notamment ses
expériences passées et présentes en Côte d'Ivoire ;
également la qualité de l'importance de l'outillage et du
matériel de transport qu'elle possède d'ores et
déjà au Togo...46».
43 Idem.
44 ANT-Lomé, 7 G, dossier n° 4, rapport
de l'inspecteur des colonies, chef de mission, J.V Cazaux, sur la situation de
la STAO, au 23 janvier 1933. Contrat avec l'Administration. Relation avec les
cercles, etc. (1926- 1930 et 1933).
45 Idem.
46 Idem.
A ces garanties, on doit ajouter le capital de la
société concessionnaire. Il était à sa
création le 1er septembre 1926 de 800 000 F. Il passa
à 1 800 000 F en octobre 1926 puis à 3 200 000 F en octobre 1927
(Simtokena 1997 : 52) avant d'atteindre 15 000 000 F en 192947.
Selon les termes du cahier de charge, la STAO devait assurer
le transport administratif aussi bien du personnel au service de
l'Administration que de ses matériels et marchandises dans la partie
septentrionale à partir du terminus du chemin de fer
Lomé-Atakpamé. Pour son fonctionnement, l'Administration lui
avait loué, au début, des bâtiments et garages qui
étaient affectés auparavant au service de transports automobiles,
moyennant cinq milles francs (5 000 F) l'an. Il lui avait aussi
prêté dix mille francs (10 000 F), qui lui seront
remboursés après payement de l'achat des camions, une somme de
cent cinquante mille francs (150 000 F) après un an
d'activité.
Au 1er mars 1929, le matériel roulant de la
STAO était composé de 89 véhicules, dont 30 neufs et
l'effectif de son personnel européen était de 19 personnes dont 3
à Paris. Au même moment, 110 indigènes étaient
à son service (Tsigbé 2009 : 174). En 1932, elle exploitait 48
automobiles dont 25 en circulation (Gayibor 2005 : 419). Sur la photo n°
3, on peut apercevoir quelques véhicules de la STAO de cette
époque.
Photo n° 3 : Quelques voitures de la STAO à
Zébé (1928-1930)
Source : Gayibor 2005 : 506.
47 JOT, 1929, p. 388.
Il faut le rappeler, au second semestre 1928, le Garage
central a fourni à ladite société 22 voitures et 14
camions ou tracteurs accompagnés de leurs ressources nécessaires
pour fonctionner. Ils avaient, comme souligné
précédemment, respectivement parcouru 95 000 km et 811 100 km et
coûté à l'Administration 561 393, 83 F et 675 325 F.
Les sources dont nous disposons ne nous permettent pas
d'évaluer l'oeuvre de la STAO durant ces premières années
au Togo. Le moins qu'on puisse dire, est qu'elle avait, durant sa
période d'activité (1927-1932), transporté des
fonctionnaires et des matériels destinés aux travaux de
prolongement du chemin de fer. Le tableau n° 2 permet de suivre
l'évolution du nombre de voyageurs transportés, des distances
parcourues par les automobiles de la STAO et du montant du trafic.
Tableau n ° 2 : Evolution du trafic routier
assuré par la STAO au Togo entre 1929 et 1932
Désignation
|
Années
|
1929
|
1930
|
1931
|
1932
|
Total
|
Distance parcourue
en km/voiture
|
44 683
|
18 870
|
195 196
|
188 553
|
447 302
|
Distance parcourue
en km/camion
|
65 115
|
135 283
|
175 000
|
46 586
|
421 98
|
Nombre de voyageur
|
1 765
|
4 609
|
3 534
|
3 947
|
13 855
|
Bagage et matériel
en kg
|
46 289
|
146 353
|
140 905
|
36 013
|
369 560
|
Montant en francs
courant
|
286 286,25
|
241 230,03
|
973 883,87
|
594 709,96
|
2 096 110,1
|
Source : Tsigbé 2009 : 174.
Il ressort du tableau n° 2 que, de 1929 à 1932, la
distance parcourue par les voitures dépasse celle parcourue par les
camions. Durant les quatre ans, elle était de 447 302 km contre 481 984
km. Cela peut s'expliquer par la rapidité des voitures. La STAO avait
jusqu'en 1932 transporté 13 855 voyageurs alors que, selon les clauses
du contrat révisé, elle devait assumer la mobilité
géographique de 20 000 personnes à l'horizon 1932 (Tsigbé
2009 : 175).
Ce déficit montre les insuffisances de la STAO. Elle
fit les frais de la crise économique des années 1930. Son chiffre
d'affaire chuta de 973 883,87 F en 1931, à 594 709,96 F en 1932,
année où la crise commença par sévir au Togo.
En effet, cette crise entraîna la suspension des travaux
de construction du chemin de fer central dont dépendaient en partie les
activités de la STAO. Elle se vit refuser la demande de financement
qu'elle avait formulée à l'Administration qui estimait que «
si ses affaires avaient été bien gérées au
cours des années prospères, peut être aurait-t-elle pu
avoir des réserves lui permettant de s'adapter aux conditions nouvelles
» (Tsigbé 2009 : 177). Elle était surtout
accusée d'avoir effectué des transports gratuits48.
Le 4 octobre 1932, le passif financier de la
société était de 900 000 F tandis que l'actif était
d'environ 400 000 F (Simtokena 1997 : 56). Le déficit fut donc d'environ
500 000 F. Financièrement, la société ne tenait pas.
Elle fut alors mise en liquidation judiciaire le 7 janvier
1933. Il faut noter que, de 1927 à 1932, le territoire a payé
à la STAO 4 319 599,118 F (Simtokena 1997 : 54). Devant ces
difficultés, l'autorité coloniale a pris des dispositions pour
réglementer son trafic routier.
II- Les mesures rigoureuses de gestion du transport
administratif routier togolais (1937-1946)
Au Togo sous mandat, dans la deuxième moitié des
années 1930, l'Administration a pris, tout comme dans presque tous ses
secteurs, des dispositions pour gérer et réglementer son
transport automobile. Avant d'aborder ces dispositions et leurs
conséquences, il est intéressant d'analyser les facteurs qui y
ont conduit.
1- Les raisons de la prise des mesures
Elles sont pour l'essentiel de deux ordres : les raisons
budgétaires et celles liées à l'utilisation jugées
abusives des véhicules administratifs.
1.1- Les difficultés économiques
Vers la fin du gouvernorat d'A. F. Bonnecarrère
(1922-1931), commença, pour le territoire togolais, une période
de dures épreuves dans tous les secteurs en raison de la crise
économique des années 1930 qui affecta l'économie
togolaise. Dans le transport administratif, elle se manifesta par
l'insuffisance d'achat des véhicules nécessaires au Garage
central pour
48 La STAO avait transporté gratuitement 2479
kg composé essentiellement de vivres (Tsigbé 2009 : 176).
assurer sa mission pour la bonne circulation des personnes et
des biens administratifs. Le nombre de véhicules administratifs sur le
territoire était restreint par rapport aux besoins. Il était de
51 en 1932, 63 en 1933, 62 en 1934, 68 en 1935 et 67 en 193649. En
novembre 1937, Montagné décida «... en raison de la
modicité du nombre des voitures en service au Garage central, de
réduire au strict minimum les déplacements des automobiles
administratives50».
A cela s'ajoute la mauvaise utilisation des voitures de
l'Etat.
1.2- L'usage hors norme des véhicules
administratifs
Les règles de prescription en matière d'utilisation
des véhicules de l'Administration n'étaient pas bien
respectées.
En effet, aux rebours des dispositions, des
mécaniciens-conducteurs même voyageant avec l'autorité
qu'ils conduisaient, roulaient à une vitesse non réglementaire,
causant d'éventuels accidents de circulation qui gonflait les
dépenses de l'Etat par réparation onéreuse et achat du
matériel roulant et par soins médicaux. Par exemple, c'est
l'excès de vitesse (40 km/ h) qui a causé l'accident de la
voiture du Commandant de cercle de Mango le 20 août 193351.
Elle était tombée dans la rivière
d'Ossidizenam52 dont le pont provisoire était
emporté par les courants. Ce véhicule a été
nettoyé à Kara et réparé à l'Ecole
professionnelle de Sokodé53.
Aussi, les véhicules de l'Etat furent-ils souvent
utilisés par des fonctionnaires pour des besoins privés et
garés hors des garages règlementaires. Cela est d'autant plus que
le gouverneur L. Montagné regrettait que les dispositions prises en 1937
dans le cadre de la réglementation du transport automobile administratif
ne soit pas souvent appliquées54. Elles exigeaient que les
véhicules de l'Etat soient utilisés exclusivement pour des
questions de service, qu'ils soient garés dans les parkings des
cercles et que leurs ressources, carburants et lubrifiants, soient
régulièrement contrôlées. Cet état de chose
ne pouvait qu'alourdir les dépenses de l'Administration en maintenance
des automobiles et en dotation de carburant.
49ANT-Lomé, 9 C Garage central, dossier n°
7, correspondance avec le Commissaire de la République sur les
autorisations de circulation demandées par quelques maisons de commerce,
1929-1931, op. cit.
50 ANT-Lomé, 9 C Garage central, dossier
n° 14, sollicitation des moyens de transport, 1937.
51 ANT-Lomé, 9 C Garage central, dossier
n° 15, circulaire relative à la réduction de l'importation
du carburant, 1948.
52 Ossidizenam se trouve dans le Nord-Togo à
trois kilomètres au Nord de Tchautchau.
53 ANT-Lomé, 9 C Garage central, dossier n° 15,
circulaire relative à la réduction de l'importation du carburant,
1948.
54 JOT du 16 juin 1939, instruction n° 1153 du 16 juin 1939
à Monsieur l'Ingénieur des ponts et chaussées, Chef du
service des travaux publics et des transports du Togo à Lomé, pp.
268-269.
Cet état de fait ajouté aux difficultés
économiques que connaissait le Togo, amena L. Montagné à
prendre des mesures strictes de gestion du transport automobile administratif
pour réduire les dépenses publiques et pour mieux gérer le
territoire.
2- Les dispositions de gestion du transport administratif
et leurs conséquences
Elles touchaient aussi bien des services de gestion des
matériels roulants que les utilisateurs de voitures de
l'Administration.
2.1- Organisation du Garage central et
règlementation du service des automobiles administratives en 1937
Le Garage central fut organisé le 19 juin
193755. Dans la foulée, le service des automobiles
administratives fut réglementé sur le territoire
togolais56. Cette organisation n'avait pas profondément
modifié les attributions du Garage central.
Ainsi, il est toujours chargé d'assurer les fonctions
d'organisation des transports administratifs dans le Chef-lieu (Lomé) et
de réception et de montage des véhicules de l'Administration.
Cependant, la mission d'assurer l'école des conducteurs d'automobiles
administratives ne lui était plus dévolue.
La véritable réforme se situait au niveau de la
gestion du transport administratif. Tous les véhicules automobiles du
Chef-lieu devaient être obligatoirement garés au Garage central en
dehors de ceux de la première catégorie ci-dessous et, ceux de
l'intérieur, aux garages des cercles respectifs où ils
étaient affectés (un garage par cercle). Ces mesures permettaient
de contrôler l'entrée et la sortie journalière des
véhicules57.
Les voitures administratives du territoire togolais
étaient clairement classées en deux catégories par ce
décret, selon leur affectation. La première comprenait les
voitures qui avaient une affectation spéciale. Il s'agit de celles
affectées au Gouverneur des colonies, à l'inspection des affaires
administratives, à chacun des quatre Commandants de cercle du territoire
et au Médecin de l'hôpital de Lomé. Elles étaient
inspectées au moins une fois par mois. La seconde catégorie
était réservée aux voitures mises à la disposition
(sur ordre) du service général et des sociétés de
prévoyance. Des indications concernant les véhicules
étaient enregistrées journalièrement soit au Garage
central soit au garage des cercles. Les dépenses
55 JOT du 1er juillet 1937,
arrêté n° 325 du 19 juin 1937 portant organisation du Garage
central et réglementation du service des transports administratifs, pp.
287-288.
56 Voir Annexe 1.
57 JOT du 1er juillet 1937, arrêté
n° 325 du 19 juin 1937 portant organisation du Garage central et
réglementation le service des automobiles administratives, pp.
287-288.
sur les voitures avec leurs détails étaient
indiquées dans un registre déposé au service des finances
pour un contrôle périodique conformément aux
prescriptions58. Les voitures et camions étaient
affectés aux services du territoire par le Garage central sur ordre du
Commissaire de la République française au Togo.
Ces dispositions avaient permis de règlementer la
mobilité par automobile des personnes et des biens administratifs
à travers le territoire même si la situation n'était pas
totalement normalisée. Ce qui a entraîné la prise d'autres
mesures.
2.2- Autres mesures de réglementation du trafic
administratif (1938-1946)
Pour régulariser et redynamiser le secteur du transport
administratif au Togo, des dispositions adéquates s'imposaient.
C'est dans cette logique qu'elle avait sorti
l'arrêté du 10 juin 193859. Elle
réitérait certaines prescriptions de l'arrêté
n° 325 du 19 juin 1937 organisant et réglementant le service des
automobiles administratives notamment le contrôle des automobiles de
l'entrée à la sortie et de leur consommation en carburant et
lubrifiant et leur usage. L'obligation de garer tous les véhicules dans
un seul garage pour tous les cercles et l'utilisation des rails à chaque
fois que l'itinéraire est desservi par les chemins de fer était
également exigée.
Toutefois, Montagné faisait remarquer à
l'Ingénieur des ponts et chaussés, Chef du service des Travaux
publics et des transports, que ces prescriptions étaient souvent
restées lettre morte. En conséquence, Montagné lui
demandait à travers l'instruction n° 1 153 du 16 juin 1939, de
proposer un nouveau projet pour juguler les maux60.
Il faut noter que ces prescriptions susceptibles de
réduire les dépenses administratives et résoudre le
problème d'insuffisance des véhicules administratives
n'étaient pas totalement balayées de revers de la main. Elles
étaient prises en compte et avaient des impacts sur le transport
administratif dans une certaine mesure. Pour la circulation du personnel
administratif dans le Sud-Togo, les rails ont été
empruntés là où ils existaient.
En effet, lors de ses tournées et inspections en
octobre 1937 en vue d'effectuer une révision complète des
voitures administratives dans les cercles et de recenser celles qui
nécessitaient une reforme, le Chef du Garage central a utilisé
à la fois les rails et les routes :
- Par automobile du Garage central à Aného et
Palimé,
- Par train de Lomé à Atakpamé,
58 Ibidem.
59 JOT du 16 juin 1939, instruction n° 1153 du 16
juin 1939 à Monsieur l'Ingénieur des ponts et chaussées,
Chef du service des Travaux publics et des transports du Togo à
Lomé, pp. 268-269.
60 Ibidem.
- Par train d'Atakpamé à Blitta,
- Par voiture du cercle de Sokodé, de Blitta à
Sokodé61.
Aussi, une feuille de déplacement par train a
été remise le 17 novembre 1937 par Montagné au receveur de
l'enregistrement pour effectuer son déplacement de travail sur
Tsévié contre sa demande d'avoir une voiture automobile à
sa disposition. Il évoqua la raison de réduction au minimum des
déplacements des véhicules à cause de leur nombre
réduit au Garage central62. Ce genre de transport augmenta le
trafic administratif par train au détriment de celui automobile
(même s'il reste le plus utilisé). Aussi, alourdissait-il le
fonctionnement administratif, le transport ferroviaire n'étant pas bien
organisé et régulier au Togo.
Ainsi, la circulation des trains n'étant pas permanente
mais temporaire (à des heures précises), des retards ont
été observés dans le service administratif.
En 1939, l'arrêté n° 254 fixant les
attributions du Service des travaux publics et des transports du Togo, reconnut
à ce service la compétence de la gestion des affaires relatives
au trafic routier, en particulier, la gestion des garages administratifs et
l'organisation des transports routiers administratifs. Il devait aussi assurer
les relations avec les sociétés de transports
routiers63.
Sur proposition du chef du Service des travaux publics et des
mines, le commissaire de la République française au Togo (CRFT),
J. Delpech avait, en décembre 1941, fixé par le biais de
l'arrêté n° 637, les conditions dans lesquelles les garages
administratifs pouvaient mettre les véhicules à la disposition
des Sociétés indigènes de prévoyance
(SIP)64. Cette mise à disposition ne se faisait sans l'aval
du CRFT. Le payement des combustibles et des lubrifiants, l'usure anormale ou
un accident survenu pendant la location, l'assurance aux tiers, et la solde du
chauffeur étaient à la charge des SIP. En contrepartie de
l'amortissement des véhicules, de l'usure des pneus et des
réparations courantes, elles devaient payer mensuellement au budget du
territoire togolais, une prime forfaitaire. Celle-ci était fixée
au kilométrage à 2 francs pour les camions de 4 tonnes poids en
lourds, à 2 francs pour les camions de 3 tonnes de poids en lourd,
à 1 franc 50 pour les camions de 1 tonne 200 à 2 tonnes 500 de
poids, à 1 franc 20 pour les camionnettes de 0 tonne 500 à 1
tonne 800 de poids en lourd et à 1 franc pour les voitures touristes.
61 ANT-Lomé, 9 C Garage central, dossier 13,
correspondance A/S affectation des voitures, 1936-1937
62 ANT-Lomé, 9 C Garage central, dossier 14, sollicitation
des moyens de transport, 1937.
63 JOT du 1er juin 1939,
arrêté n° 254 du 13 mai 1939 fixant les attributions du
Service des travaux publics et des transports du Togo en ce qui concerne les
travaux routiers, p. 247.
64 JOT du 1er décembre 1941,
arrêté n° 637 du 19 novembre 1941 fixant les conditions dans
lesquelles les garages administratifs peuvent mettre des véhicules
à la disposition des SIP, p. 614.
Ces tarifs furent remaniés en 1943 par l'Administration
locale à travers l'arrêté n° 56 T. P. du 26
janvier65. Ainsi, le prix des transports effectués par les
véhicules administratifs à gazogène ou à alcool
pour le compte des services administratifs du Chef-lieu, cercle de
LoméTsévié, et SIP, fut fixé au kilométrage
à 4 francs 25 pour les voitures et camionnettes, et à 6 francs 65
pour les camions à partir de 2 tonnes de charge utile. L'Administration
supportait toutes les dépenses liées au fonctionnement des engins
(chauffeur, carburants, etc.).
Mais, peu avant le remaniement des prix, en 1942, en pleine
Seconde Guerre mondiale, période pendant laquelle il était
exigé aux colonies de participer à l'effort de guerre en faveur
de leurs métropoles, l'Administration coloniale française au Togo
prit l'arrêté n° 180 du 20 mars pour faciliter et
accélérer l'écoulement des produits vers la France.
En effet, cette disposition stipulait que les camions
gazogènes du Garage central et des garages annexes peuvent effectuer des
transports de produits destinés au ravitaillement de la métropole
sur autorisation du Commissaire de la République de France au Togo. Le
tarif des transports fut de 2 francs 56 par tonne de charge utile offerte par
véhicule et par kilomètre compté à la descente.
Quant au prix du trafic effectué à la montée, il se
faisait au prix cidessus réduit du tiers. Il était majoré
à 25 % en cas de cession aux particuliers. Les frais de combustibles et
de lubrifiants, et la solde du chauffeur incombait à l'Administration.
Les frais de dépenses inhérentes aux accidents éventuels
de toute nature (concernant les personnes et les marchandises) étaient
à la charge des commerçants.
L'organisation du Garage central et la réglementation
du Service des automobiles administratives en 1937, et les multiples
dispositions prises par les autorités coloniales françaises au
Togo, visaient à rendre efficace le transport automobile administratif
qui souffrait de manque d'équipements avant et pendant la Seconde Guerre
mondiale. Le fonctionnement administratif en avait fait les frais.
III- Le fonctionnement du système administratif
colonial français au Togo sous mandat redevable aux automobiles
L'Administration mandataire française au Togo devait
son fonctionnement à ses structures et à son personnel mobile,
une mobilité qui devait être inefficace sans les moyens de
transport automobile..
65 JOT du 16 février 1943, arrêté n° 56
T. P. du 26 janvier 1943, p. 139.
JOT du 1er avril 1942, arrêté n° 180
du 20 mars 1942 portant location des véhicules à gazogène
administratifs au commerce local, pp. 299-300.
1 - Gestion des structures administratives
Le territoire togolais sous mandat français
était dirigé par une autorité locale qui prenait appui sur
les chefs de services et de bureaux. Les différentes mesures prises
étaient appliquées par les chefs de divisions territoriales. Leur
mobilité géographique était assurée par des
véhicules de fonction.
1.1- Le Commissariat de la République
française au Togo
La plus haute structure de l'Administration coloniale
française au Togo était le Commissariat de la République
française. Il était dirigé par un Commissaire qui
était le Chef de la "haute administration locale". Il avait une
marge de manoeuvre lui permettant de prendre des mesures idoines de gestion qui
s'imposait au territoire dans l'intérêt de la France.
En rappel, en matière de transport routier, il
était le seul à qui les demandes d'affectation des
véhicules pour des besoins de service étaient adressées.
Il donnait en conséquence l'ordre de mettre à la disposition des
services ou des fonctionnaires nécessiteux des automobiles de service.
Il prenait des dispositions de gestion du transport automobile par
décrets, arrêtés, notes de service, etc. Pour la bonne
gestion du territoire, il observait "des déplacements
périodiques à l'intérieur du territoire" qui lui
offraient l'occasion d'entrer en contact direct avec ses administrés
(Gayibor 2005 : 188). Sur ce, il disposait en permanence des
véhicules66administratifs pour ses missions et
tournées. Pour mémoire, son véhicule était
classé dans la catégorie des voitures spéciales.
En effet, des états établis en 1932 et 1935
faisaient mention chacun de deux voitures (dont une familiale) mises à
la disposition des Commissaires67 d'alors. Il s'agit de R. De Guise
et L. Bourgine. Bien avant eux, A. Bonnecarrère (1922-1931), leur
prédécesseur, disposait d'un véhicule pour ses
déplacements. En témoigne la photo n° 468.
66 JOT du 1er juillet 1937, arrêté
n° 325 du 19 juin 1937 portant organisation du Garage central et
réglementation du service des transports administratifs, pp. 287-288.
67 ANT-Lomé, 9 C, dossier 7, correspondance
avec le Commissaire de la République sur l'autorisation de circulation
demandée par quelques de commerce, 1929-1931, op.cit.
68 Voir page 40
Photo n° 4 : Le gouverneur A. Bonnecarrère et
son épouse à coté de son véhicule en
1930
Source : Gayibor 1997 : 119.
Les véhicules du Commissariat de la République
française étaient alimentés en carburant par le Garage
central pour leur fonctionnement. Le tableau n° 369 fait
apparaitre le kilométrage effectué par ces véhicules au
temps de Montagné et la quantité d'essence qu'ils ont
consommée de janvier à avril 1937 à partir d'un
état établi par le Chef du Garage central le 22 mai 1937.
Selon les données du tableau n° 3, le
véhicule immatriculé T.T. 425 a parcouru 7 533 kilomètres
en quatre mois (janvier à avril) et a consommé 1 281 litres
d'essence et était le plus utilisé des quatre véhicules.
Il est suivi de la voiture T.T. 800. Mise à la disposition du Cabinet et
des bureaux du Gouvernement, cette dernière a parcouru 3 448
kilomètres pendant la même durée. Les véhicules T.T.
828 et T.T. 900 (voiture du Gouverneur) suivent avec respectivement 1 662 et
864 kilométrages et, 290 et 125 litres d'essence dépensés.
Le camion T.T. 828 servait de moyens de tournées au
Gouverneur70.
69 Voir page 41
70 ANT-Lomé, 9 C Garage central, dossier 14, sollicitation
des moyens de transport, 1937.
Tableau n° 3 : Etat des sorties effectuées
par les voitures du service du gouverneur Montagné de janvier à
avril 1937
Données
sur les
véhicu-
cules
Mois
|
Immatriculation T. T. 800
|
Immatriculation T. T. 425
|
Immatriculation T. T. 828
|
Immatriculation T. T. 900
|
Quantité d'essence consom- mée (en litre)
|
Nombre de kilo- mètres parcou- rus
|
Quantité d'essence consom- mée (en litre)
|
Nombre de
kilomè- tres
parcou- rus
|
Quantité d'essence consom- mée (en litre)
|
Nombre de
kilomè- tres
parcou- rus
|
Quantité d'essen-ce consom- mée (en litre)
|
Nombre
de kilo-
mètres parcou-
rus
|
Janvier
|
165
|
886
|
237
|
1553
|
440
|
220
|
---
|
---
|
Février
|
95
|
560
|
398
|
2789
|
---
|
---
|
---
|
---
|
Mars
|
221
|
1000
|
293
|
1339
|
800
|
445
|
---
|
---
|
Avril
|
165
|
1002
|
353
|
1852
|
166
|
997
|
125
|
864
|
Source: Gbamehossou à partir de ANT-Lomé, 3 C
Service du matériel, dossier n° 25, état des sorties
effectuées par les voitures du service le Gouverneur pendant les mois de
janvier à avril 1937.
La note de service n° 883 du 28 mai 1937 précisait
que la dotation mensuelle maximum en essence était fixée à
huit caisses pour la voiture (T.T. 900) du Gouverneur et à deux caisses
pour celle du Cabinet et des bureaux du Gouvernement (T.T. 800)71.
La même note mentionnait que l'essence utilisée par le camion T.T.
828 était fournie à chaque départ de tournées et la
quantité consommée étaient contrôlée à
chaque arrivée.
Le Commissariat de la République française au
Togo disposait d'un parking pour garer ses véhicules et des
mécaniciens-chauffeurs pour les réparer et les conduire. Ce qui
montre que cette instance disposait des moyens humains et matériels de
mobilité pour accomplir ses missions.
Neuf représentants français ont tour à tour
dirigé le Togo sous mandat français de 1920 à 1948. Il
s'agit de :
- Louis Woelffel (1920-1922).
- A. F. Bonnecarrère (1922-1931).
71 ANT-Lomé, 9 C Garage central, dossier 14,
sollicitation des moyens de transport, 1937.
- Robert De Guise (1931-1933).
- Léon Pêtre (1933-1934).
- Léon Bourgine (1935-1936).
- M. L. Montagné (1936-1941).
- Leonce Delpech et Pierre Saliceti
(1941-1943).
- Jean Noutary (1944-1948) (Gayibor 1997 :
188-124 ; APHIGETO et GRPDP72 2010 :
25).
Ils avaient pour collaborateurs directs les chefs de service et
de bureaux.
1. 2- Les bureaux et services administratifs
Au Togo sous mandat français, les plus hautes
responsabilités étaient confiées aux Européens.
Ainsi, les services et bureaux administratifs étaient
dirigés par des Français. On peut regrouper ces structures, pour
l'essentiel, en deux catégories : les services de l'Administration
générale et les Bureaux techniques. Par rapport aux sources que
nous disposons, il serait injuste et malhonnête de prétendre
donner une liste exhaustive de ces services et bureaux du moins pour la
période mandataire. Il s'agit ici d'en donner quelques exemples.
En effet, la première comprenait entre autres les
finances, la commune mixte (de Lomé), le service général,
le secrétariat général, la police et sûreté,
l'inspection des affaires administratives et le tribunal. Certains avaient des
véhicules pour leurs missions. Les forces de police disposaient de deux
camions affectés exclusivement au transport des troupes73.
Le second, services et bureaux techniques, comprenaient entre
autres, les travaux publics, chemin de fer et wharf, l'agriculture, Garage
central et douanes.
Il faut signaler que ces services et bureaux techniques
étaient déconcentrés ou non dans les cercles voire dans
les subdivisions selon les besoins et les moyens.
En dehors de ces deux catégories, il existait des
services de santé et d'enseignement dans tous les cercles. Ces deux
services recevaient en affectation des véhicules automobiles pour leur
fonctionnement.
L'arrêté n° 325 du 19 juin 1937
mentionné précédemment classait dans ce lot, seulement les
voitures affectées à l'Inspecteur des affaires administratives et
au Médecin-chef de l'Hôpital de Lomé dans la
catégorie des véhicules ayant une affectation spéciale. Il
fut
72 APHIGETO : Association des professeurs
d'Histoire-Géographie du Togo. GRPDP : Groupe de recherche et de
publication de documents pédagogiques.
73 JOT du 1er juillet 1938, décision
n° 464 portant affectation de moyens de transport, p. 379.
décidé le 16 juin 1938, de mettre à la
disposition de l'Hôpital de Lomé (tout comme le Service des
travaux publics et des transports) une automobile74. Cet
Hôpital faisait partie des rares structures du territoire togolais ayant
en permanence des véhicules de service. L'essentiel des véhicules
administratifs étaient à la disposition du service
général de chaque cercle et n'étaient sorties que sur
ordre du Commandant de cercle comme le précise l'arrêté
précédent. C'est au Garage central qu'incombait la mission de
mettre à la disposition des services du cercle de Lomé des
véhicules, sur ordre des autorités compétentes, pour des
besoins exclusifs d'intérêt public.
Le tableau n° 4 fait apparaitre les différents moyens
de transport dont possédaient les services de Lomé.
Tableau n° 4 : Moyens de transport des services et
bureaux à Lomé en 1938
Services et bureaux
|
Moyens de transport
|
Services généraux du Commissariat de la
République française
|
Une automobile
|
Cabinet
|
Une bicyclette
|
Bureau des affaires administratives et économiques
|
Une bicyclette
|
Bureau des finances et de la comptabilité
|
Une bicyclette
|
Service des travaux publics et du transport
|
Une automobile
|
Service de l'enseignement
|
Une bicyclette
|
Hôpital de Lomé
|
Une automobile
|
Service des douanes
|
Une motocyclette
|
Service du zootechnique
|
Une motocyclette
|
Direction de la police
|
Une motocyclette
|
Source : Gbamehossou à partir de JOT du 1er
juillet 1938, décision n° 464 portant affectation de moyens de
transport, p. 379.
Il ressort du tableau n° 4 que, des dix services et
bureaux, seulement trois disposaient d'automobile en 1938. Il s'agit des
services généraux du Commissariat de la République
française au Togo, du Service des travaux publics et du transport, et de
l'Hôpital de Lomé (La polyclinique de Lomé). Ce nombre
réduit de services dotés de véhicules est une preuve de
l'étroitesse du patrimoine automobile de l'Administration. Comme
souligné précédemment, les dispositions officielles en
vigueur les autorisaient à en réquisitionner auprès du
Garage central.
74 JOT du 1er juillet 1938, décision
n° 464 portant affectation de moyens de transport, p. 379.
Certains services et bureaux étaient installés dans
les unités administratives territoriales.
1.3- Les divisions territoriales
Le territoire togolais géré par la puissance
mandataire française, était découpé
administrativement en cercles, renforcés par des subdivisions. Les
cercles étaient dirigés par des Commandants secondés par
des Chefs de subdivisions. Pour l'examination de leurs cercles respectifs, ils
effectuaient des tournées fréquentes, de trois à douze
jours en moyenne par trimestre (Gayibor 2005 : 191). Pour exercer cette
fonction, il leur était affecté des véhicules
spéciaux comme nous l'avons souligné précédemment.
Mais, ils faisaient aussi des déplacements à pied ou en hamac
souvent au cas où la zone n'était pas desservie par des voies
carrossables. De six, les cercles étaient réduits à trois
en 1935 (cercles du Sud, du centre et du Nord) dans le cadre de la politique de
réduction des dépenses administratives provoquées par les
effets de la crise économique de 1929. Jusqu'en 1946, tous les cercles
étaient rétablis (Cercles de Lomé, d'Anecho,
d'Atakpamé, de Kloto, de Sokodé et de Sansanné-Mango).
Leurs missions avaient pour but de prendre contact avec les populations et de
recueillir des renseignements les concernant, de régler les litiges de
terrains, de procéder aux recensements et sondages
démographiques, de lever des impôts et de visiter les camps
pénaux et les chantiers (Gayibor 2005 : 191).
Ainsi, après avoir fait une tournée de service
du 13 au 20 août 1942 à Atakpamé et dans l'Akposso (Badou,
Dzogbégan, Todomé, Okou, Ekèto-Amlamé,...), Jean
Terrac, chef de la subdivision d'Atakpamé, adjoint principal des
services des colonies, avait effectué une mission de travail dans
plusieurs localités de sa région de contrôle du 6 au 12
octobre 194275. L'objet de ce dernier déplacement (qu'il a
fait, comme la première, à pied et à gazogène)
était le règlement des affaires de terrain à Amou-Daye,
l'examination des questions économiques (dont celles inhérentes
à la production palmiste et ricin) et politiques dans le canton
d'Akposso-Sud.
Par ailleurs, l'administrateur Guillon, commandant du cercle
du Centre, avait effectué une mission officielle du 1er au 6
mai 1944 dans le canton de l'Akposso-Nord pour faire sa
75 ANT-Lomé, 2 APA Cercle d'Atakpamé,
dossier 51, rapport de tournée effectuée par Jean Terrac, rapport
politique annuel, 1942.
reconnaissance. Lors de cette tournée, il avait
utilisé la locomotion naturelle sur environ 110 km et l'automobile sur
environ 25 km76.
Tous les cercles avaient au minimum une automobile pour le
service général77.
En substance, pour l'exécution des missions qui leur
étaient assignées, des premières autorités de
l'Etat colonial, comme nous l'avons montré, disposaient des
véhicules de fonction. Des automobiles étaient aussi
affectées dans les cercles pour le transport administratif dans les
services déconcentrés. Leur répartition en 1932 est
présentée dans le tableau n° 578.
Il ressort de ce tableau qu'en 1932, les services de
santé (du moins les principaux) de tous les cercles du territoire
togolais étaient dotés de véhicules pour assurer leurs
besoins de transport. Ceci montre l'intérêt accordé
à ce secteur par l'autorité coloniale française.
76 ANT-Lomé, 2 APA Cercle d'Atakpamé,
dossier 4, Administration générale, rapport de tournée
dans les localités suivantes : canton d'Atakpamé,
d'Adélé, d'Akebou-1923, d'Akposso-Nord, du Plateau-Akpossou, de
Litimé, d'Akebou-Blitta, 1919-1956.
77 Voir tableau n° 5 à la page 46.
78 Ibidem.
Tableau n° 5 : Liste des services
ou cercles utilisant des véhicules administratifs au Togo en
1932
Services et cercles
|
Nombre de Véhicules
|
Commissariat de la République
|
02
|
Secrétariat général
|
01
|
Garage central
|
04
|
Nuatja
|
01
|
Service général
|
07
|
Cercle de Lomé
|
06
|
Cercle d'Anécho
|
01
|
Cercle de Kloto
|
02
|
Cercle d'Atakpamé
|
01
|
Cercle de Sokodé
|
02
|
Cercle de Mango
|
02
|
Travaux publics
|
02
|
Service de santé Lomé
|
02
|
Service de santé Palimé
|
01
|
Service de santé Sokodé
|
01
|
Service de santé Anecho
|
01
|
Service de santé Kara
|
01
|
Service de santé Pagouda
|
01
|
Service de santé Mango
|
01
|
St Nuatja
|
02
|
Total
|
41
|
Sources : Gbamehossou à partir de ANT-Lomé, 9 C
Garage central, dossier 7, correspondance avec le Commissaire de la
République sur les autorisations de circulation demandées par
quelques maisons de commerce, 1929-193179.
La gestion du territoire togolais par les autorités
françaises était facilitée par la circulation des
automobiles, des biens et du personnel des services publics.
79 La source mentionne que certains véhicules
ne sont pas classés.
2- Fonctionnariat et mobilité
géographique
L'efficacité de l'Administration coloniale
française au Togo sous mandat relève en partie des moyens et de
la nature des déplacements de ses fonctionnaires.
2.1- Déplacements du personnel administratif
dans le cadre de ses attributions
Il s'agit des déplacements qu'observait le personnel de
l'Administration pour des questions de service. Il a été
mentionné précédemment que les premières
autorités administratives avaient à leur disposition des
véhicules automobiles pour effectuer leurs missions et tournées
d'intérêts publics. Les fonctionnaires devant effectués
leurs déplacements pour les mêmes raisons et dont les services
n'avaient pas en permanence des moyens de déplacement, en faisaient la
demande au premier responsable du pays qui ordonnait au Garage central de la
satisfaire si possible. Par rapport aux sources que nous disposons, ce serait
illusoire de prétendre dresser le tableau de toutes les missions de
travail que les véhicules avaient permis d'effectuer pendant la
période mandataire. Seulement quelques unes peuvent être
données à titre illustratif. Le 27 décembre 1932, un
camion a été laissé à la disposition de la mission
d'études de Van Ormelingen pour le transport de son matériel de
travail jusqu'à Okou (dans le cercle d'Atakpamé). Aussi,
l'Administrateur supérieur du territoire, Geismar, avait-il
demandé le 26 mai 1935 au Chef du Garage central de céder
à C. Duhamel, chef du service météorologique, un camion
pour une tournée à travers le territoire80. L'objet
d'une telle mission serait de recueillir des données temporelles dans
les différentes régions du pays.
Au moment où opéraient le Service de transports
automobiles (1926-1927) et la STAO (1927-1933), les fonctionnaires, lors de
leurs affectations du Sud vers le Nord du pays prenaient les véhicules
de transport de ces services chargés du transport administratif dans le
Nord en correspondance du chemin de fer central Lomé-Blitta. Au Sud et
au Centre, nombre de fonctionnaires utilisaient les rails lors de leur
déplacement si la région est desservie par les chemins de fer
comme nous l'avons souligné précédemment.
Pour l'exécution des travaux publics, le personnel
compétent était transporté sur les lieux. Ici, l'essentiel
des travaux était effectué par des Togolais sous le
contrôle du personnel européen. Il en était ainsi pour les
travaux de prolongement du chemin de fer central et de construction des routes
dans les cercles de Centre et du Nord, où la main d'oeuvre
kabiyèlosso avait payé une lourde tribu (Kakou 2007 : 161). Selon
Napo Ali (1997 : 74), du moment
80 ANT-Lomé, 9 C Garage central, dossier 12,
demande de pièces de recharge pour voitures Renault, 1935.
où la route atteignit Lama-Kara en 1926, le mode de
transport pour l'acheminement de ces travailleurs était l'automobile.
Les déplacements des fonctionnaires, aussi bien
européens qu'indigènes, pour des raisons de mission,
étaient indemnisés en fonction des postes occupés
(Assima-Kpatcha 2004 : 247). Comme nous l'avons mentionné
précédemment, certains hauts cadres de l'Administration
étaient autorisés d'utiliser leurs voitures personnelles pour des
besoins de service contre un taux de remboursement des dépenses par
kilométrage.
D'autres motifs étrangers au service amenaient aussi les
fonctionnaires à se déplacer.
2.2- Déplacements des fonctionnaires pour des
mobiles privés
Plusieurs mobiles indépendants des questions de service
amenaient les fonctionnaires (indigènes et européens) à se
déplacer. Pour Assima-Kpatcha (2004 : 247), le déplacement des
« indigènes » pour des questions d'intérêts
privés s'effectuait en cas de décès, de maladie, de
congés, de mariages, de cérémonies traditionnelles, etc.
Dans le cadre des déplacements privés, le fonctionnaire ne
percevait pas d'indemnité de déplacement. Le personnel
européen en congé se déplaçait de sa région
de travail vers une autre voire vers les colonies voisines. Ce type de
mobilité est autorisé, mais réglementée, dans ce
sens que les congés s'inscrivaient dans un délai.
Cependant, il n'est pas rare de constater des absences de
service pour une raison de retard de retour de permission, soit
carrément pour un déplacement sans permission. Cette situation
amena les gouverneurs à envoyer aux chefs des services et aux
commandants de cercle des circulaires et télégrammes interdisant
des déplacements illégaux.
Ainsi, le 16 février 1925, A. F. Bonnecarrère
leur rappelait dans sa circulaire n° 152, «...qu'il est interdit
aux fonctionnaires et agents de tous grades et de tous cadres de quitter le
cercle autrement que sur un ordre de service...». Ces dispositions
visaient à arrêter l'hémorragie ou du moins, la
ralentir.
En définitive, la gestion des structures
administratives par les autorités coloniales françaises qui
étaient aidés par les indigènes subalternes, était
facilitée par la circulation automobile.
Sous le mandat français, le trafic routier connut un
progrès sous l'impulsion de la politique d'équipement entreprise
par le pouvoir colonial français au Togo. Le parc automobile
administratif émergea pour servir l'Administration dans son
déploiement. Les
dispositions prises par les autorités locales pour
gérer le transport administratif automobile ont favorisé le
fonctionnement administratif par la circulation des fonctionnaires et
l'acheminement des matériels de service de l'Etat sur le territoire. En
1924, il était institué un cadre et une école des
conducteurs d'automobiles de l'Etat colonial pour alimenter ce trafic. La
charge de gestion des automobiles administratives et du transport automobile y
afférent, était à bien des égards confiée au
Garage central créé en 1926 et organisé en 1937. Il a
permanemment assuré sa mission et ce conformément aux
prescriptions en vigueur.
Il a alimenté les services de transport qui, pour
insuffisance d'efficacité, s'étaient succédés sur
le territoire togolais. Il s'agit du Service de transports automobiles
(structure administrative) et de la STAO (société concessionnaire
privée) qui avaient tour à tour assuré le transport
administratif dans les régions septentrionales du pays en correspondance
de la voie ferrée centrale Lomé-Blitta entre 1927 et 1933.
La crise des années 1930 a favorisé la prise des
décisions rigoureuses de gestion du transport automobile administratif
dans la logique de réduction des dépenses publiques. Cette crise
et les effets de la Seconde Guerre mondiale ont freiné le progrès
observée dans ce trafic depuis son apparition. Il avait manqué
d'infrastructures et de moyens.
Cependant, la contribution du parc automobile administratif,
souvent renforcé par celui privé, au fonctionnement des
structures administratives (services, bureaux, cercles, subdivisions et
commissariat de la République) du territoire ne fut pas moins grande. La
période de tutelle (1946-1960) apportera un nouveau coup de pousse au
transport administratif au Togo.
DEUXIEME CHAPITRE
L'APPORT DU PARC AUTOMOBILE AU FONCTIONNEMENT
ADMINISTRATIF AU TOGO SOUS TUTELLE (1946-1959)
Le second conflit, qui a secoué le monde entier six ans
durant (1939-1945) a, par sa complexité, ses exigences et ses
dégâts matériels et moraux, accouché le 24 octobre
1945 d'une nouvelle organisation mondiale de maintien de la paix, l'ONU. Cette
institution succéda à la Société des nations (SDN)
et hérita de bon nombre de ses attributions et de ses organes. Ainsi, le
Togo, sous mandant de la SDN, passa sous la tutelle de l'ONU en
194681et confié à la même puissance tutrice, la
France, qui tenait, devant cette organisation, la gestion comptable du
territoire. Cette métropole qui voulait toujours paraître comme la
meilleure puissance colonisatrice du Togo, par sa bonne gestion administrative,
a défini dès 1946, un plan de développement
économique et social (FIDES) du pays qui prenait en compte l'urgence des
moyens humains et matériels de travail conséquents.
On n'en comptait les matériels roulants de transports
routiers impératifs pour l'organisation efficace du pays indigent de
moyens de trafic ferroviaire. Ainsi, les automobiles devaient être
soumises à une bonne gestion et jouer, plus que par le passé, un
rôle de taille dans le système de fonctionnement de l'appareil
administratif, en assurant la mobilité géographique du personnel
au service du pouvoir colonial et le convoi des matériels
d'intérêt public d'un point à un autre du territoire
à développer. Comment ont-ils joué ce rôle de 1946
jusqu'à la veille de l'indépendance du Togo?
La réflexion qu'il convient de mener dans ce chapitre
de notre travail, revient d'abord à exposer les réalisations en
matière d'équipements de transport routiers au Togo dans le cadre
du FIDES, ensuite à analyser le système de gestion du trafic
automobile administratif et, enfin à montrer l'apport de celui-ci au
fonctionnement de l'Administration coloniale française au Togo sous
tutelle.
81 Cette année (1946), le décret du 3
janvier détacha politiquement le Togo de l'AOF pour le placé sous
la responsabilité du Ministère de la France d'outre -Mer, le
Gouverneur général gardait, avec le titre de Haut Commissaire de
la République, un oeil sur le Togo (Gayibor 2005 : 186).
I- Quelle place pour le transport routier dans les
plans de financements du FIDES? (1946-1959)
Les effets de la crise économique des années
1930 ayant suscité la politique de réduction des dépenses
publiques, n'étaient pas propices à la poursuite de la politique
de dotation des colonies d'équipements entreprise dans les années
précédentes. Déjà insuffisantes et vétustes,
ceux-ci avaient fait les frais de la Seconde Guerre mondiale au cours de
laquelle la quasi-totalité des entreprises économiques dans les
colonies était menée dans la logique de l'effort de guerre. En
conséquence, au Togo comme partout ailleurs, ces équipements, au
terme du conflit, étaient à la limite de l'usure. Il fallait les
rétablir pour accroître leur capacité de production. Dans
cette logique, dès la fin de la guerre, la France mis sur pied dans ses
territoires d'outre-mer un plan d'équipement et de développement
économique et social, connu sous le nom de FIDES.
Une place considérable fut accordée aux
équipements routiers (infrastructures et matériels roulants) dans
les financements de ce plan. Dès lors, le parc automobile togolais
devait s'agrandir au même moment que s'améliorait le réseau
routier.
1- Un aperçu sur les réalisations
routières, jauge du niveau de desserte et de circulation automobile sur
le territoire
Le développement économique et social d'un
territoire n'est possible si les gouvernés sont coupés des
gouvernants. Pour ce faire, les derniers doivent apporter aux premiers un
encadrement régulier de proximité. La réussite d'une telle
initiative passe inexorablement par une bonne restructuration du territoire par
les infrastructures de communication devant permettre une circulation
aisée, ou tout le moins acceptable. Auquel cas, la couverture
administrative serait limitée sur le territoire.
C'est ainsi que dans la politique de développement du
Togo entreprise après le Second Conflit mondial, le réseau
routier en situation chaotique, a grandement retenu l'attention de
l'autorité coloniale dans les plans de financement du
FIDES82. Créé en 1946, il devait fonctionner selon un
plan décennal (période de 10 ans). Lancé en septembre
1947, après un an d'exécution, il subit un échec en 1948,
conduisant ainsi à l'initiation de deux plans
quadriennaux83.
82 Le FIDES étaient alimenté à la
fois par le budget métropolitain à hauteur de 55 % et par les
budgets locaux à 45 %, Tsigbé (2005 : 70) citant Jean Suret -
Canale (1977 : 103).
83 Pour Goeh-Akue et Kouzan (2005 : 462), le
changement de plan suite à l'échec est inhérent au manque
d'ouvriers qualifiés aux difficultés de transport de
matériels de construction à la lourdeur de l'administration et
à l'impossibilité de vérification des travaux
effectivement effectués, in Gayibor 2005, vol 1, tome 1.
Selon Tsigbé (2005 : 73), sur un crédit total de
2 348 000 000 F CFA accordé au Togo dans le premier plan (1948-1952),
26,2 % étaient consacrés aux seules infrastructures
routières (routes et ponts) et 21,8 % dans le second (1954-1958), sur un
crédit global de 2 879 700 000 F CFA . L'année 1953 était
transitoire. Ces crédits avaient rendu possible le bitumage des routes
allant d'Aflao à Hillacondji (55 km) et de Zébé à
Anfoin. Elles devaient désormais supporter les véhicules de plus
de 25 tonnes. Plusieurs voies ont été construites dont celles
d'Anié-Colocopé et Tsévié-Alokouégbé.
Des ponts ont été édifiés comme ceux sur le Zio et
Chra.
Le Nord du territoire togolais, qui était devenu depuis
1930 une région économique de taille pour l'Administration (pour
son intégration économique et sociale), bénéficia
de la réfection des réseaux Sokodé-Bassari-Soudou et
Sokodé-Bassila, surtout que l'Administration évacuait les
produits agricoles de ces régions. Pour supporter le passage des
véhicules de plus de 25 tonnes, un pont de 72 m fut construit en 1949
sur la rivière Kara, et dix autres entre Sokodé et Lama-Kara
(Tsigbé 2005 : 75-77).
Le réseau routier togolais fut donc
amélioré avec les financements du FIDES. Il était de 4 472
Km à la fin du second plan (Tsigbé 2005 : 79) avec plusieurs
routes praticables sur toute l'année. Toutefois, malgré cet
effort, des régions restèrent encore enclavées surtout
entre Atakpamé-Sokodé et dans le Grand Nord. Cet état de
fait y limitait à bien des égards la circulation automobile. Les
biens d'équipements destinés à ces régions
étaient, par ricochet, transportés à tête d'homme
(Gayibor 1997 : 140) et au mieux par des engins à deux roues
(Vélos et motos). Le nombre de ceux-ci s'était augmenté
tout comme les véhicules automobiles avec la politique
d'équipements du FIDES.
2- Agrandissement du patrimoine automobile togolais
La politique d'équipements routiers entreprise par
l'autorité coloniale pendant la période de tutelle dans le cadre
du FIDES donna une bouffée d'oxygène au parc automobile du
territoire togolais qui fut victime de la politique de réduction des
dépenses publiques après la crise des années 1930 puis des
efforts de guerre.
Les travaux de bitumage, de réfection et d'extension des
voies de communication nécessitaient des matériels roulants.
Ainsi, au cours de la première année
(1947-1948)84 d'exécution du programme FIDES, pour
insuffisance de financements, seulement trois camions d'une valeur totale de
695 328 F CFA furent achetés sur huit prévus. Des crédits
d'une valeur de 256 932 FCFA étaient consacrés à leurs
réparations et entretiens (Goeh-Akue 1992 : 493-494)85.
D'importants matériels routiers furent commandés
de l'étranger, des Etats-Unis d'Amérique nommément. Ils
étaient composés de trois tracteurs Caterpillar
équipés en Bulldozer, de scaper, de motorgraders, d'automoteur,
de niveleuses, de scarificateurs, de camions bennes et rouleaux à
recharges et d'outillage de bord pour chacun de ces engins86.
A la fin du premier plan, soit de la première phase
d'exécution du plan décennal, la totalité des
matériels constituant le parc mécanique du Génie civil du
territoire togolais (contenus dans le tableau n° 687)
était payée à partir des financements du FIDES.
Au nombre de 63 au total, ces matériels devaient servir
sur les chantiers des différents secteurs d'activité du pays
(santé, éducation, réseau routier, etc.).
Par ailleurs, des véhicules avaient été
acquis sur les crédits accordés au secteur social pour le
transport des biens et des personnes. Ainsi, à titre d'exemple, pour
l'exercice 1948, il a été acheté deux ambulances et une
camionnette à une valeur de 600 000 FCFA pour le service
d'hygiène de Lomé (Kouzan 2006 : 166).
Tous les matériels roulants acquis dans le cadre des
financements du FIDES entraient dans le parc automobile de l'Administration qui
s'agrandi.
Parallèlement, le patrimoine automobile privé
qui fut souvent réquisitionné par les pouvoirs publics
s'élargi aussi avec l'amélioration du réseau routier
rendant moins difficile et moins lent la circulation. Cet essor était
également dû à l'amélioration des conditions de vie
des Togolais, chez qui le goût de posséder une voiture
s'était accru, et au prix des véhicules au Ghana voisin à
la portée de bourse togolaise. Le patrimoine roulant routier
privé était constitué des engins des particuliers, des
sociétés commerciales et de transport opérant sur le
territoire togolais dont la SGGG et Jonquet-Prades.
84 Elle correspond à la seule année
d'exécution du plan décennal du FIDES ayant
échoué.
85 Cité par Tsigbé (2009).
86 Rapport annuel de la France à l'ONU (1948
:158).
L'utilisation de ces engins nécessita des professionnels.
C'est ainsi que deux mécaniciens avaient été
envoyés à Douala au Cameroun où l'usage des bulldozers
était fréquent. Ils devaient au retour instruire d'autres en la
matière (Grunier 1951 : 524) cité par Tsigbé (2005 :
78).
87 Voir page 54.
Tableau n ° 6 : Composition du parc
mécanique du Génie civil du Togo en 1952
Genre de matériels
|
Nombres
|
Tracteurs TD.17 avec bulldozer
|
2
|
Tracteur DW.10.
|
2
|
Scraper 70.
|
2
|
Scraper 10
|
2
|
Rooter le tourneau
|
1
|
Rouleaux à 13 pneumatique 67 w
|
2
|
Rouleaux à pieds de Mouton.
|
2
|
Rouleau Huber 5 tonnes
|
2
|
Rouleau Huber 10 tonnes
|
5
|
Maintener
|
3
|
Monotorgrader MG.12
|
3
|
Tracteurs BW. Deere
|
2
|
Faucheuses
|
2
|
Groupes concasseurs-cribleur G.M.
|
2
|
Groupes compresseurs Ingersoll Rand
|
2
|
Camions citerne GMC
|
2
|
Camions citerne Citroën
|
3
|
Camions berne 5 tonnes
|
3
|
Camions berne 3,5 tonnes
|
2
|
Camions berne Citroën
|
5
|
Camions berne Renault
|
3
|
Camions
|
2
|
Pick-up GMC
|
3
|
Pick up Dodge
|
1
|
Pick up Ford
|
3
|
Remarque coder 20 tonnes
|
1
|
Foreuses sondeuses Benoto
|
1
|
TOTAL
|
63
|
Source : Rapport annuel de la France à l'ONU, 1948, p.
158.
Au 31 juillet 1958, le parc automobile du territoire togolais
comptait 3 600 matériels roulants, toutes marques et catégories
confondues (Tsigbé 2005 : 53). Ils étaient composés de 1
113 véhicules touristes (871 pour les privés contre 241 pour
l'Administration), de 958 camionnettes, de 1 553 camions (205 administratifs et
1 353 privés) et de 39 autocars (dont seulement 4 pour le pouvoir
colonial) (Tsigbé 2009 : 234). L'Administration coloniale ne disposant
pas de parc automobile avant les années 1920, il va sans dire que la
totalité de ses matériels roulants, à la veille de
l'indépendance, était acquise dans l'entre-deux guerre et pendant
la période du FIDES.
Le programme de développement économique et
social entrepris au Togo à la période de tutelle (1946-1959) a
permis de doter le territoire d'équipements routiers sans
précédent.
Ainsi, le réseau routier fut amélioré et
était estimé à la veille de l'indépendance à
4 472 km soutenus par des ouvrages d'art résistants. Des régions
auparavant difficiles d'accès étaient alors ouvertes à la
circulation et à l'impulsion de l'Administration.
Cependant, il existe encore des régions
enclavées par insuffisance de financements. Quant au parc automobile, il
comptait 3 600 véhicules en 1958 et 4 500 au début de 1960
(Gayibor 1997 : 140). Cet essor devait donner du tonus au trafic routier qui
mérite d'être bien encadré.
II- La gestion du transport automobile administratif au
Togo sous tutelle (1946-1959)
Apparu dans les années 1920, le trafic administratif
à bord de voiture, pour sa promotion, avait été dans ses
différents aspects géré administrativement et
juridiquement par le pouvoir colonial mandataire. Il avait intérêt
car, son efficacité en dépendait. Pendant l'époque de
tutelle, l'autorité publique dont le souci primordial était le
développement économique et social du territoire togolais, ne
pouvait en faire moins si elle tenait à la réussite de son
projet.
Ainsi, le transport administratif via l'automobile, paraissant
être le moyen de mobilité le plus efficace, par sa
flexibilité, pour une bonne gestion territoriale du Togo dont les
limites en équipements ferroviaires étaient criardes, fut
réglementé et confié à des structures
spécialisées.
1- Cadre institutionnel et juridique
Le trafic automobile administratif au Togo pendant la
période de tutelle était régi par des règles de
gestion élaborées par les autorités compétentes.
Les prescriptions devaient faire l'objet d'une rigoureuse application par les
différents services ou institutions impliqués dans sa gestion.
1.1- Les mesures de réglementation
L'Etat pour son dynamisme, doit veiller à la bonne
marche de tous les secteurs de développement. Pour y arriver, les
autorités administratives et politico-juridiques définissent et
établissent des règles qui doivent régir chaque domaine et
veillent à leur application.
Ainsi, au Togo, pendant la seconde phase de la colonisation
française (1946-1960), plusieurs dispositions juridiques et
administratives avaient été prises pour réglementer le
secteur du transport automobile administratif à travers des
décrets, arrêtés, lois, circulaires, notes de service, etc.
Elles devaient empêcher la gestion odieuse de ce trafic sur toute sa
ligne procédurière et contribuer efficacement au fonctionnement
des servies publics afin que le développement du territoire tant
clamé soit effectif. Elles confirmaient, rappelaient ou rapportaient les
règles éditées dans la période
précédente ou en créaient selon les situations qui se
présentaient.
En 1947, une série de règles fut mise sur pied par
Jean Noutary88réglementant implicitement ou explicitement le
transport automobile administratif.
Ainsi, dans la circulaire n ° 1 644 du 12 décembre
1947, le Commissaire rappelait les termes de sa circulaire 368/ F du 6 mars
1946 se rapportant aux demandes de réquisitions de transport. Il
demandait à tous les services, bureaux et cercles de l'intérieur
(Lomé exclue) de « prendre toutes les dispositions utiles afin
que sauf cas d'urgence exceptionnelle, les demandes de l'espèce
parviennent au Bureau des finances la veille du jour du déplacement
avant midi89». Si on s'en tient au contenu de
cette prescription, il est clair qu'aucune demande de réquisition hors
urgence provenant de l'intérieur du territoire ne peut être
satisfaite si elle n'est parvenue au moins 12 h avant le jour du
déplacement. Sans doute, le bien fondé de cette mesure
réside dans la volonté de Jean Noutary de faire analyser par le
service en charge des finances les demandes avant l'accord de
réquisition. L'objectif ne présente aucune
ambiguïté,
88 Jean Noutary fut commissaire de la République
française au Togo de 1944 à 1948.
89 ANT-Lomé, 3 C Service du matériel,
dossier n° 27, circulaire relative aux demandes de réquisitions
de
transport, à l'attribution de matériaux,
circulaire relative aux factures relatives à des achats de fournitures,
1947-1948.
il s'agit d'éviter de faire supporter au budget local, des
dépenses inutiles et partant, réaliser le développement
économique et social du territoire comme projeté après la
guerre.
En outre, la même année, il promulgua la loi
n° 47-1684 du 3 septembre 1947 rétablissant et réglementant
le Conseil supérieur des transports90. Celui-ci était
habilité à donner son point de vue sur toutes les questions de
transport qui lui étaient «soumises par le Ministre des travaux
publics et des transports », ou sur celles dont il a
été avisé de sa propre initiative par le truchement d'une
demande faite par l'un de ces membres. Sa compétence couvrait en
conséquence, le secteur des transports automobiles administratifs.
Enfin, toujours en 1947, par arrêté n° 277
du 15 avril, Jean Noutary modifia, les heures de travail des services publics
en abrogation de l'arrêté n° 565 du 31 octobre
193991. En effet, à compter du 19 avril 1947, la durée
de travail dans les services du territoire togolais devait désormais
être de quarante-cinq heures par semaine à raison de huit heures
par jour hormis les samedis. Chaque jour ouvrable (lundi au Vendredi)
était divisé en deux séances, matin (7 h à 12 h) et
l'après midi (14 h à 17 h). Les samedis, les services ouvraient
les portes de 7 h à 12 h et l'après midi et les dimanches matins.
Une permanence était assurée dans les services et bureaux. Les
caisses publiques restaient ouvertes tous les jours, dimanches et jours
fériés inclus (mais jusqu'à 16 h).
Cependant, les services en rapport direct avec le public (Douane,
PTT, sport) demeuraient régis par des horaires particuliers.
Implicitement, une telle disposition d'ordre
général, règlementait la circulation des véhicules
des services publics.
En effet, si ces moyens de transport devaient assurer la
mobilité géographique des agents et matériels des services
administratifs et que ces derniers étaient régis par des horaires
bien précis, ils devaient donc circuler au rythme des heures de travail
de leurs services d'appartenance.
L'Administration pensa également à
l'établissement du régime des déplacements de son
personnel.
Ainsi, par arrêté n° 643-51/ F du 11
septembre 1951 du Commissaire de la République française au Togo,
Y. Digo (1950-1952), il était accordé à tout fonctionnaire
ou agent public se déplaçant dans le cadre de service, un droit
de remboursement des dépenses
90 JOT, 1947, p. 922.
91 ANT-Lomé, 2 APA Bassar, dossier 13,
fonctionnement des Bureaux, services et ateliers (arrêtés et
circulaires du Commissaire de la République, 1937-1947.
supplémentaires occasionnées par son
déplacement92. Les frais de transport proprement dit,
comportaient les dépenses du fonctionnaire, dans certains cas de celles
de sa suite (femme, fils jusqu'à la majorité, filles jusqu'au
mariage, et enfants utérins et adoptifs voire domestiques) et des
bagages dans les limites de la charge autorisée. Les frais accessoires
de déplacement concernaient la nourriture, le logement et d'autres
dépenses.
Pour les tournées de service à
l'intérieur du territoire, un plafond temporel était fixé
pour empêcher les agents de prolonger exagérément leur
séjour ou d'en inventer dans le but de bénéficier des
frais de missions conséquents.
En effet, l'arrêté n° 696-53/ F du
1er octobre 195393 limita à cinq jours par mois la
durée des tournées administratives effectuées à
l'intérieur du territoire ayant droit au frais de déplacement.
Elle fut portée et limitée à dix jours par mois en janvier
195494. Mais, cette mesure n'a pas fait long feu puisqu'elle fut
abrogée en avril 195495.
Des dispositions étaient également prises pour
réglementer l'acquisition des véhicules.
Ainsi, dans la circulaire n° 4/ cir-54/ C en date du 7
janvier 1954, le Commissaire de la République d'alors, L. Pechoux,
faisait savoir au Secrétaire général, aux chefs de
services et aux chefs de circonscriptions, qu'il se réservait
expressément dès lors de signer toutes pièces d'achat de
véhicules, de délégation de crédits valables pour
les budgets ou comptes du territoire96. Ces mesures permettraient
à la plus haute autorité de l'Administration locale de prendre
connaissance des contenus des pièces d'achat des matériels
roulants et de dépenses liées aux prolongements de la voie
ferrée centrale, et de décider des opérations. Il s'agit
là encore des dispositions pour réglementer et assainir les
dépenses publiques.
Certaines prescriptions relatives à la gestion des
matériels roulants subissaient les verdicts de la situation politique du
pays. La création de la République autonome du Togo (RAT) en 1956
par le décret du 24 août (Gayibor 1997 : 212), a eu pour
conséquence, la modification de la marque d'identification des
véhicules appartenant au territoire. Ainsi, désormais par
arrêté n° 19/ MTP/ TP, pour tous les véhicules
immatriculés au Togo, le
92 ANT-Lomé, 2 APA, dossier 108,
Secrétariat du Commandant de Cercle, télégrammes
officiels, (départ du 22 novembre 1951 au 31 décembre 1956).
93 93 JOT du 16 octobre 1953, arrêté n° 696-53/
F du 1er octobre 1953 limitant la durée des tournées
administratives, p. 730.
94 JOT du 1er février 1954,
arrêté n° 31-54/ F du 13 janvier 1954 modifiant
l'arrêté n° 696-53 /F du 1er octobre 1953 limitant
la durée des tournées administratives, pp. 65-66.
95 JOT du 1er mai 1954,
arrêté n° 332-54/ F du 3 avril 1954 rapportant
l'arrêté n° 696/ - 53/ F du 1er octobre 1953
limitant des tournées administratives et l'arrêté n°
31-54/ F du 13 janvier 1954 modifiant l'arrêté n° 696/ - 53/
F précité, pp, 393-394.
96ANT-Lomé, 1 G Direction des travaux
publics, dossier 55, Circulaire du Commissaire de la République
(17août 1954) relative aux dispositions à prendre par le
Commandant de Cercle pour l'exécution des nouveaux travaux de
construction de bâtiments, ponts, radier. Circulaire du 7 janvier 1954
relative à la signature des pièces concernant achats de
véhicules, crédits pour la Société Travaux neufs,
etc., 1954.
numéro sur les deux plaques d'immatriculation est
précédé des lettres RT97 en remplacement des
lettres TT98. Les indications étaient portées sur ces
plaques en caractères blancs sur fond noir. Pour distinguer les
automobiles administratives des privées, il était peint sur leurs
plaques d'identité précédant les lettres RT, un insigne
représentant l'emblème de la République Autonome. Tous les
véhicules appartenant aux pouvoirs publics devaient en porter.
Comme nous l'avons souligné dans le chapitre
précédent, l'immatriculation des véhicules des pouvoirs
publics relevait de la compétence du Service des travaux publics et des
transports qui avait sous son autorité le service spécifique du
transport administratif.
1.2- Le Garage central, toujours dans sa mission
d'organisation des déplacements routiers administratifs
Le Garage central a toujours gardé ses attributions en
matière de gestion des matériels roulants et du transport
administratifs sous l'autorité du Service des travaux publics et des
transports. Rappelons-le, il assurait sa mission de trafic administratif du
Chef-lieu (Lomé) et, de réception, de montage et de
réparation des véhicules appartenant à l'Administration du
territoire togolais. Il les contrôlait et les dotait de carburants et de
lubrifiants.
Par ailleurs, il servait de garage à l'essentiel des
automobiles du Chef-lieu, celles du Commissaire de la République
française au Togo exclues.
Pendant la période de tutelle, le Garage central a
aussi servi de centre d'apprentissage à nombre de mécaniciens.
Ils rentraient d'abord comme apprentis et étaient ensuite promus,
après un examen professionnel, aide-ouvriers une fois qu'ils aient
acquis une connaissance technique suffisante99. Il n'était
pas la seule structure dans ce domaine.
Notons que les écoles professionnelles de Sokodé
et de Lomé formaient aussi des réparateurs d'engins
routiers100. Les mécaniciens formés servaient
d'aide-ouvriers dans les ateliers de réparations de véhicules du
Garage central. Le manque d'ouvriers pour l'exécution des travaux sur
les chantiers de constructions d'équipements socio-économiques a
pesé de tout son poids dans la création du Collège
technique de Sokodé en 1946-47 en lieu et place de l'Ecole primaire
professionnelle (Adogli 2009 : 29).
97 JOT du 16 octobre 1956, arrêté n°
19/ MTFP/ TP du 8 octobre 1956 portant modification de la composition des
planques d'identité des véhicules immatriculés au Togo, p.
41.
98 Territoire du Togo.
99 Rapport de la France à l'ONU, 1953, p.
15.
100 Ibidem.
En substance, un train de règles a été
mis en place au Togo entre l'après Seconde Guerre mondiale et
l'indépendance pour régulariser le trafic automobile
administratif, assuré dans une large mesure par le Garage central
secondé par des sociétés privées
spécialisées.
2- Les sociétés concessionnaires
privées de transport routier au service de l'Administration
Le Garage central était chargé d'assurer la
gestion des véhicules de l'Etat colonial français (surtout du
chef lieu) et du transport administratif à bien des égards. Ses
avatars en matériels roulants étaient l'élément
principal ayant poussé l'autorité coloniale locale à
s'attacher le service des sociétés privées pour prendre en
charge en partie, le transport de son personnel et de ses biens de service.
Après la STAO (1927-1933) ce fut le tour d'autres sociétés
pendant la période de tutelle.
2.1- Le renfort de la SGGG
Plusieurs sociétés commerciales
étrangères opéraient sur le territoire togolais, au rang
desquelles retrouvait-on la Société générale du
golfe de Guinée (SGGG). Principale société de transport au
Togo, elle était coptée en 1953 par le pouvoir colonial d'alors
pour assurer partiellement son trafic automobile. Elle était titulaire
à la suite d'une adjudication publique d'un marché de transport
pour le courrier postal sur les bureaux des postes et le personnel
administratif (en mutation temporaire ou définitive) pour les
localités du Nord à partir du terminus du chemin de fer central
Lomé-Blitta101. Elle devait ainsi, desservir les
différents cercles de la région septentrionale deux fois par
semaine dans les deux sens. Elle assurait ce trafic à partir de deux
matériels roulants, un car Renault pour les personnes, et un camion pour
le courrier postal et les bagages102. Pour ce courrier, indique le
rapport, ladite société a investi 6 000 000 de F CFA.
Aussi, la SGGG assurait une fois par semaine la correspondance
de la voie ferrée centrale de Blitta à Sokodé
uniquement.
Le nombre de fois (une ou deux fois seulement par semaine) que
cette société de transport desservait ces différentes
localités et le nombre de véhicules (deux) qu'elle disposait pour
mener à bien sa mission, nous fait dire qu'une lenteur était
observée dans son service à l'Etat et en conséquence, dans
le fonctionnement administratif. Cela était vrai aussi bien dans sa
région d'intervention qu'au niveau local en général.
101 Le transport de Lomé jusqu'à Blitta pouvait se
faire par les rails.
102 Rapport de la France à l'ONU sur le Togo, 1952, p.
153.
Ainsi, autant des ordres, notes et correspondances de service
de l'administration centrale parviendraient moins rapidement aux services et
autorités déconcentrées des cercles du Nord en vue d'une
exécution conséquente, autant les comptes rendus
nécessitant une notification n'arriveraient pas vite aux pouvoirs
publics centraux. Aussi, tout comme les courriers postaux, les bagages
administratifs et le personnel du secteur public en mutation temporaire ou
définitive du Sud vers le Nord et vis-versa, devaient aussi suivre
obligatoirement et soigneusement le calendrier hebdomadaire de transport de la
SGGG rythmé seulement par deux véhicules. Il est aussi
évident que la fréquence de transport pourrait être encore
allongée en cas de panne d'un engin.
Certes, ce trafic permettait déjà de ne pas
isoler les administrés des cercles du Nord des gouvernants, mais les
moyens insuffisants de travail de la SGGG n'étaient pas favorables
à une liaison rapide dans le système de fonctionnement
administratif.
Cependant, le fait que l'autorité coloniale n'ait pas
rompu le contrat avec cette société qui a continué sa
mission même après l'indépendance, nous fait dire qu'elle
était satisfaite de son service.
La SGGG n'était pas la seule entreprise privée
de transport apportant son service à l'Administration coloniale
française au Togo. Il existait également une
société britannique, Jonquet-Prades.
2.2- La société Jonquet-Prades
Société privée anglaise, Jonquet et
Prades, était la seconde entreprise de transport qui offrait
officiellement son service aux pouvoirs publics pendant la tutelle.
Contrairement à la zone géographique d'action de
la SGGG, Jonquet et Prades opérait sur une ligne du Sud-Togo. Il
n'était pas question pour elle de ne desservir que le chemin de fer.
Ainsi, cette société, avec un investissement
total de l'ordre de 10 000 000 de F CFA, acheminait le courrier postal et
assurait le déplacement du personnel au service de l'Administration de
Lomé à Cotonou (Tsigbé 2005 : 80). Ce qui signifie que non
seulement elle distribuait les courriers postaux sur les bureaux des postes du
cercle d'Aného mais également entre les Administrations centrales
locales du Togo et du Benin. Aussi, les agents des services publics en
déplacement pour des motifs de service dans ledit cercle d'une part et
ceux en mission au Benin d'autre part, pouvaient se faire transporter par les
véhicules de Jonquet et Prades.
Le parc automobile, dont elle disposait pour assurer les
transports administratifs et publics mixtes voyageurs et marchandises sur la
ligne était composé de deux autocars et de plusieurs
camions103.
La SGGG et Jonquet-Prades, deux sociétés
privées de transport, avaient servi l'Administration dans le convoi de
ses biens de services et le transport de ses agents respectivement de Blitta
à Dapaong et de Lomé à Cotonou.
Les autorités compétentes en charge de la
gestion du territoire togolais entre 1946 et 1960 avaient pris une avalanche de
mesures pour dynamiser le transport administratif qu'assuraient les
sociétés concessionnaires privées, SGGG, et Jonquet et
Prades, aux côtés du Garage central, la structure administrative
principale et spécialisée. Cette dernière s'occupait sous
le couvert du Service des travaux publics et des transports, l'essentiel du
trafic automobile des institutions administratives du Chef-lieu.
III- La place des véhicules dans le
fonctionnement des structures administratives au Togo sous tutelle
(1946-1959)
Au Togo, l'Administration française sous la tutelle
comme à l'époque mandataire, était placée sous la
responsabilité directe du Commissaire de la République
française assisté de ses collaborateurs aux différents
niveaux de la vie administrative : unités territoriales, bureaux,
services et autres structures. Ce système ne pouvait pas bien
fonctionner, sur le territoire togolais, défaillant en
équipements ferroviaires, sans les moyens de transport routier
automobile qui permettent par leur flexibilité de faire circuler aussi
bien le personnel et les biens du secteur public d'un point à un autre
(proche ou lointain et dans plusieurs sens) du pays plus aisément.
1- Le Commissariat de la République française
au Togo
Au Togo, la Haute Administration locale, le Commissariat de la
République française, était dirigée par le
Commissaire. Il était habileté à prendre toutes les
initiatives susceptibles de lui permettre de maintenir l'ordre, de commander et
de s'imposer sur le territoire. Il tenait la clé technique voire
administrative de gestion du pays, avec pour mission d'information à
l'égard de l'ONU. La bonne gestion d'un territoire ne se faisant pas
seulement au bureau, le
103 Rapport de la France à l'ONU, 1952, p. 153.
Commissaire de la République française faisait
des déplacements périodiques (Gayibor 2005 : 188) à
l'intérieur du pays pour entrer en contact direct avec ses
administrés, constater et contrôler l'état des
activités de l'administration du territoire. C'était pour
satisfaire ses besoins de mobilité qu'il recevait depuis 1937, comme
soulevé précédemment, en affectation des voitures
spéciales tout comme les Inspecteurs de travail104.
Depuis lors tous les représentants français qui avaient
occupé ce poste de 1946 à 1960 en disposaient pour leur
déplacement. Il s'agit de Jean Noutary (1944-1948), Jean Cedile
(1948-1950), Yves Digo (1950-1952), Laurent Elysée Pechoux (1952-1954)
et Georges Spenale (1958-1960) (Gayibor 2005 : 187). Ils étaient
à la tête d'une administration dont voici l'organigramme.
104 L'Inspecteur de travail s'occupait de tout ce qui
concernerait le travail sur le territoire togolais.
Figure 1 : Schéma de la structure de
l'administration générale du territoire togolais sous tutelle
française
Source : Gayibor 2005 : 192.
Le schéma de l'organisation administrative du Togo
montre que le Commissaire de la République française, dans la
gestion du territoire, prenait appui sur les bureaux et des services (dont les
chefs étaient ses collaborateurs directs) organisés sur le plan
local.
2- Les divisions territoriales
Pendant la période de tutelle, le territoire togolais
était, comme à l'époque mandataire, structuré en
unités administratives.
Ainsi, existaient toujours les cercles (dirigés par les
Commandants), qui par rapport à leur étendue pouvaient comporter
une ou plusieurs subdivision(s) (dirigés par des chefs). Après le
Second Conflit mondial, les unités territoriales s'étaient
multipliées. On comptait de nouveaux cercles comme ceux de Lama-Kara
(août 1950), de Tsévié et de Dapaong (novembre 1952), et de
Bassar (avril 1954). Au total, on dénombrait 17 unités
administratives à la fin de la tutelle française (Gayibor 2005 :
189).
Elles étaient dotées de moyens humains et
matériels pour le service public, dont les engins de transport routier.
Rappelons-le, depuis les années 1920, il était affecté aux
cercles et subdivisions des véhicules de service pour les
déplacements d'utilité publique qui s'y faisaient sentir. Ces
dispositions officielles étaient toujours en vigueur à
l'époque de tutelle. Ces unités disposaient ainsi des
matériels roulants routiers avec une dotation en carburants et
lubrifiants. En 1947, dans sa lettre n° 1 557 TP. du 26 novembre, le
Service des travaux publics et des transports, section Production industrielle,
limitait à compter du 1er décembre 1947, cette
dotation des cercles à «...2 100 litres d'essence, 180 litres
d'huile à moteur et 21 kilogrammes de graisses
consistantes...»105. Elle ne concernait que les
véhicules des cercles, ceux des services étaient directement
dotés par le Service de la production industriel. Les Commandants de
cercle pouvaient en dehors de cette allocation mensuelle, payer 1 000 litres
d'essences pour les tournées des fonctionnaires de leurs
collectivités.
Ils avaient intérêt à en tenir une
comptabilité régulière. Nous ne pouvons établir la
liste exhaustive de la composition des parcs automobiles de tous les cercles.
Ici, il est seulement question de faire l'état des matériels
roulants du cercle d'Atakpamé.
En effet, ledit cercle disposait de 22 véhicules,
probablement en 1956106 (pas avant du moins), dont presque la
totalité était moins vétuste (mise en service entre 1949
et 1956) et en bon état. Ils étaient repartis dans les postes
stratégiques et zones du cercle. Parmi ces matériels roulants, on
notait ceux du Commandant de cercle (d'immatriculation RT 4772), et des
Chefs
105 ANT-Lomé, 2 APA Cercle d'Atakpamé-add,
dossier n° 109 parc automobile, retrait des permis de conduire,
immatriculation des véhicules automobiles et engins routiers, fixation
du nombre de plaques CD et CC à attribuer aux véhicules
automobiles des ambassadeurs et consulats, réglementation de circulation
et location du carburant et lubrifiant, 1947-1965.
106 ANT-Lomé, 2 APA Atakpamé-add, dossier 109 parc
automobile; retrait de permis de conduire; immatriculation de véhicules
automobiles et engins routiers; fixation, nombre de plaques CD et CC à
attribuer aux véhicules automobiles des ambassades et consulats;
réglementation de circulation; location du carburant et lubrifiant,
1947-1965.
des subdivisions d'Atakpamé (immatriculé RT 3715)
et d'Akposso (immatriculé en RT 4130).
C'est depuis l'époque mandataire que les Commandants de
cercles étaient dotés de véhicules spéciaux sur
décret (en 1937), comme nous l'avons déjà vu. Ces moyens
de transport devaient leur permettre d'assurer les fréquentes
tournées, de trois à douze jour en moyenne par trimestre, comme
le disait Gayibor (2005 : 191), dans le cadre de l'examen de la situation
générale du territoire relevant de leur compétence,
etc.
Des tournées régulières devaient
être faites aussi par les Chefs de subdivisions. Ils en feraient
même plus que leurs supérieurs hiérarchiques
immédiats, les Commandants de cercle, à qui ils devaient adresser
mensuellement des rapports de tournées. En témoigne le
compterendu n° 48 daté du 1er mai 1954 des
déplacements du mois d'avril 1954 effectués par l'Adjoint au
Commandant de cercle de Tsévié en fonction au poste administratif
de Kévé et envoyé à son supérieur
hiérarchique direct107. Dans ce seul mois d'avril, il a
effectué des déplacements pendant dix-neuf jours sur trente dans
différentes zones de son unité pour des raisons diverses.
Les Commandants de cercles et les Chefs de subdivisions
devraient visiter et contrôler les chantiers entrepris dans le cadre des
réalisations des programmes de développement du FIDES, aller au
contact des populations pour recueillir les diverses informations les
concernant et contrôler les services publics dans le ressort de leurs
unités territoriales respectives.
Ils autorisaient les réquisitions de transports dans
leurs unités administratives. Aucun véhicule ne sortait du parc
automobile de leurs structures administratives sans leur approbation. Ils
étaient garés au parking des cercles ou des
subdivisions. Le Chef de garage était chargé de contrôler
les véhicules et d'assurer leurs petites réparations. En cas de
grosses pannes, ils étaient acheminés vers le Garage central de
Lomé, chargé de la réparation de tous les engins routiers
administratifs du territoire togolais.
Les cercles et les subdivisions assuraient donc en partie, la
gestion décentralisée de leurs matériels roulants de
service grâce aux moyens de maintenance (carburants, lubrifiants, garage
et personnel de réparation, etc.) qu'ils disposaient. Cela permettait
à ces unités avec les différents services techniques qui
s'y étaient établis de ne pas souffrir de système de
concentration en la matière.
ANT-Lomé, 2 APA Tsévié, dossier 42,
problème de chefferie dans les villages d'Assahoun, d'Edji, de
Kevé, de Yometchin, d'Atti-Apedokoé, koudassi. Problème de
Poste administratif d'Assahoun, correspondances, diverses, 1958-1966.
3- Les services publics, parapublics et autres
structures
Dans les unités administratives du Togo sous tutelle,
les services techniques étaient organisés en bureaux suivant les
nécessités et placés sous l'autorité des Chefs de
subdivision ou des Adjoints aux Commandants de cercles et des Commandants de
cercles (hiérarchiquement) selon l'organisation de ces structures
territoriales. Au niveau administratif local, ils étaient sous la
tutelle du Secrétariat général. Le schéma n° 1
de la structure administrative établi précédemment le
montre suffisamment. Il existait donc sur le territoire togolais neuf bureaux.
Il s'agit des Travaux publics, du chemin de fer et Wharf, de l'agriculture, des
eaux et forêts, de l'élevage, des PTT, du Météo, de
la Radio et des Douanes (Gayibor 2005 : 192).
Les sources que nous disposons ne nous permettent pas
d'affirmer que tous les services techniques organisés dans les
unités territoriales disposaient de véhicules propres ou en
recevaient en affectation permanente. Ce qui ne nous paraît pas aussi
évident vu l'étroitesse du patrimoine automobile de
l'Administration. Le moins que l'on puisse dire, est que tous pouvaient en
réquisitionner au besoin et selon la disponibilité, au parc
automobile des cercles et subdivisions sur l'approbation des responsables de
ces unités territoriales.
L'inventaire dressant la liste des véhicules (22 au total)
du cercle d'Atakpamé et précisant leur affectation108,
en est une preuve.
Ainsi, seuls les Travaux publics d'Atakpamé auraient en
affectation permanente des camions (2 au total) parmi les services techniques
du cercle109. Cela se comprend aisément quand on sait la
mission que devait remplir ce service. La réalisation de l'ambition de
dotation du territoire togolais d'équipements (de transport, etc.)
nourrie par les autorités coloniales dans le cadre du FIDES pour le
développement socio-économique du pays, nécessitait
d'équiper les Travaux publics déconcentrés dans les
unités territoriales, de matériels roulants, notamment les
camions. Nombreux étaient les engins lourds achetés sur les
dotations du FIDES et qui devaient servir dans la réfection et la
construction des routes, etc. L'arsenal du parc mécanique du
Génie civil dont nous avons dressé le tableau
précédemment en dit assez (voir tableau n° 5)
108 ANT-Lomé, 2 APA Tsévié, dossier 42,
problème de chefferie dans les villages d'Assahoun, d'Edji, de
Kevé, de Yometchin, d'Atti-Apedokoé, koudassi. Problème de
Poste administratif d'Assahoun, correspondances, diverses, 1958-1966.
109 Certes, le document précise des affectations de
véhicules à certaines localités comme Nuadja, Anié
sans toutefois préciser leurs missions. Mais, notre analyse demeure
évidente dans la mesure où la ville d'Atakpamé, chef-lieu
du cercle est susceptible d'abriter plusieurs services et que seuls les Travaux
publics en avaient.
La structure de l'administration générale du
territoire togolais ne classe pas la santé et l'enseignement,
placés sous l'autorité directe du Secrétariat
général, parmi les services techniques.
Toutefois, ils demeurent des structures, des services
fondamentaux dans un pays. Leur importance dans la gestion d'un territoire
n'est pas moindre. Ils sont indispensables l'un et l'autre soit dans la
formation des cadres110, soit dans le maintien en bonne santé
du personnel et des populations, donc de la main d'oeuvre du pays. A la vue de
leurs missions, ils avaient besoin de moyens de transport modernes.
Ainsi, les hôpitaux ou centres de santé en ont
impérativement besoin pour l'évacuation des malades et pour les
déplacements de leurs agents de service. C'est dans cette logique qu'en
1948, comme nous l'avons déjà mentionné, le Service
d'hygiène de Lomé fut doté de deux ambulances et d'une
camionnette à partir des financements de l'exercice (1947-1948) du
FIDES. En témoignant de ses conditions de travail dans le nouvel
Hôpital du CHU-Tokoin entre 1949 et 1954, Emmanuel Agboka après
avoir souligné que le personnel arrivait «...d'abord à
pied puis à vélo... », qu'il n'y avait pas de
vélomoteurs et que les voitures étaient rares, reconnait que
«...l'ambulance circulait entre l'hôpital et la ville
» (Marguerat et Péléi 1992 : 119-120) cité par
Gayibor (2005 : 404). L'ambulance servait à transporter les malades et
les victimes d'accident ou d'incident vers l'hôpital et peut-être
dans le sens inverse pour évacuer les dépouilles mortelles.
Le personnel du secteur de la santé avait besoin aussi
de moyens de transport. En rappel, depuis 1937, il était affecté
au Médecin-Chef de l'Hôpital de Lomé, sur
arrêté, une voiture spéciale (comme les
Commandants de cercles et les Commissaires de la République
française) pour ses déplacements liés à ses
attributions. Cette disposition n'étant pas abrogée, tous ceux
qui occupaient ce poste étaient dotés de véhicule de
fonction.
Les services parapublics utilisaient aussi des
véhicules pour faire tourner leurs appareils centraux et secondaires sur
le territoire. Ils étaient pour l'essentiel des organes d'encadrement
rural. Il s'agit entre autres des Sociétés indigènes de
prévoyance (SIP) installées dans chaque cercle et
coordonnées par un organe central à Lomé. Celles-ci
possédaient des engins pour le transport des produits agricoles des
centres agricoles vers les unités industrielles et assurer le
déplacement de leur personnel vers les zones rurales pour prodiguer des
conseils aux paysans et mener d'autres activités d'encadrement. Ces
véhicules appartenaient au service local, donc, à l'Etat comme le
stipule l'article 2 de l'arrêté n° 325 du
110 C'est dans ce cadre que l'Ecole nationale d'Administration
(ENA) fut créée au Togo en 1959. Elle devait fournir des cadres
pour l'Administration du territoire dont l'indépendance était
irréversible et imminente.
19 juin 1937 portant organisation du Garage central et
réglementant le service des automobiles administratives dans le
territoire du Togo111. A ce titre, ils étaient garés
au Garage central (du moins ceux du cercle de Lomé).
Les SIP et les services administratifs pouvaient louer des
véhicules administratifs. La fixation du prix tarifaire était
fonction de la distance parcourue.
Ainsi, en 1947, Jean Noutary, commissaire de la
République française au Togo d'alors, par arrêté
n° 282 TP du 18 avril 1947112, fixa les prix des transports
effectués par les véhicules administratifs pour le compte des
divers services administratifs, S.I.P et, éventuellement, les
particuliers. Ils étaient arrêté à « 10
francs le kilomètre pour les voitures touristes et camionnettes et
à 14 francs le kilomètres pour les camions à partir de 2
tonnes de charge utile113».
Ces tarifs étaient portés respectivement à
14 francs et à 23 francs CFA en 1948114 par J. H. Cedile,
commissaire de la République française au Togo de 1948 à
1950.
Cet arrêté ne changea pas les autres dispositions
du précédant. Au cas où le véhicule n'est pas
ramené au Garage dans les délais, sauf en cas de panne, le
montant du transport est majoré de 200 francs par journée
d'absence après les premières 24 heures. Toutes ces dispositions
et prix ne concernaient que les services administratifs du Chef-lieu, cercle de
Lomé-Tsévié et les SIP115.
L'arrêté précise que dans les cercles de
l'intérieur, les services utilisateurs supportent les dépenses de
fonctionnement des véhicules réquisitionnés sur les
crédits mis à leur disposition à cet effet, les primes
kilométriques exclues.
Les services avaient donc intérêt à
utiliser à bon escient les véhicules pour ne pas grossir leurs
dépenses et épuiser leur budget avant échéance. A
ce propos, le commandant du cercle du Centre, M. Jury, Administrateur de la
FOM, dans sa note de service n° 868, datée du 8 septembre 1953,
avertissait les chauffeurs des véhicules administratifs qu'ils recevront
«...chaque mois un contingent d'essence, qui ne pourra, en aucun cas
être dépassé : ils devront veiller à limiter au
strict minimum les dépenses de carburants...»116.
Cette disposition ne vient qu'allonger la kyrielle de mesures prises par les
autorités pour réduire les
111 JOT du 1er juillet 1937, pp. 287-288.
112 JOT du 1er mai 1947, arrêté n°
282 TP. du 18 avril 1947.
113 Toutes les dépenses liées au fonctionnement
(chauffeur, carburant, etc.) étaient à la charge du service
local.
114 JOT du 1er avril 1948, arrêté n°
309 T.P. du 31 mars 1948, p. 453.
115 Les tarifs dans le cas de cession à des particuliers,
étaient majorés à 25%.
116 ANT-Lomé, 2 APA cercle d'Atakpamé-add,
dossier n° 112, Service des travaux publics, réglementation sur la
circulation automobile dans le territoire et dans le cercle, retraits de permis
de conduire, procès-verbaux d'enquêtes sur les accidents de
circulation : arrêtés, décisions, circulaires et notes
diverses, 1950-1960.
dépenses publiques à partir d'une bonne gestion et
une utilisation réglementée des véhicules des pouvoirs
publics.
Toutefois, la gestion des véhicules de l'Etat
n'était pas saine pendant la tutelle comme c'était
déjà le cas dans la période précédente. Des
dérapages étaient observés dans l'utilisation des
véhicules administratifs par les services publics causant ce que
redoutaient l'Administration, la hausse des dépenses publiques. La
situation était telle que le Premier Ministre togolais, Sylvanus Olympio
a soulevé en 1959 le problème de mauvaise utilisation des
véhicules de l'Etat en abordant la question de dépenses publiques
abusives lors de la Conférence des Commandants de cercle et des Chefs de
circonscription du 8 septembre 1959 tenue à Atakpamé 117.
La place du parc automobile dans le fonctionnement des
différentes structures et institutions administratives était
indéniable. Certes, les véhicules des pouvoirs publics
étaient insuffisants face à l'immensité de la tâche
des services et leurs besoins de transport, mais ils avaient contribué
à faire tourner l'appareil administratif.
Ainsi, ils avaient assuré la mobilité des
différents Commissaires de la République française qui
s'étaient succédés au Togo entre 1946 et 1960, et de leurs
proches collaborateurs (Inspecteur de travail, Secrétaire
général, Commandants de cercles et leurs Adjoints, Chefs de
subdivisions, etc.), et dans les Cercles et subdivisons. Les
déplacements des autorités déconcentrées au niveau
des unités administratives (cercles et subdivisions) étaient
également tributaires des automobiles. Ces unités territoriales
ont vu aussi une grande partie de leurs besoins de transport terrestre moderne
être assouvie par les véhicules administratifs (que par les
trains).
Le programme de développement socio-économique
du territoire togolais initié dans le cadre du FIDES pendant la
période de tutelle a permis de le desservir par des voies de
communication plus étendues. Cependant, les efforts de
désenclavement ont encore de beaux jours devant eux car, beaucoup de
régions restaient encore non dessertes. Le réseau routier
était estimé à 4 472 km à la veille de
l'indépendance, avec des ouvrages d'art de franchissement plus
résistants et dont une grande partie pouvait désormais supporter
le passage des véhicules de plus de 50 tonnes. Cette amélioration
fait bon ménage avec
117 ANT-Lomé, 2 APA cercle d'Atakpamé, dossier 195,
procès verbal de la conférence des commandants de cercle et des
chefs de circonscription, 1959.
l'élargissement du patrimoine automobile togolais qui
était composé de 3 600 matériels roulants publics et
administratifs en 1958.
Cette situation favorable faisait les affaires du pouvoir
colonial qui réglementa dans la foulée, son trafic automobile
à travers un long chapelet de mesures administratives et juridiques en
vue de le redynamiser afin de lui permettre de bien gérer le territoire
togolais indigent en équipements de transport ferroviaire. Plusieurs
structures étaient impliquées dans le transport administratif en
cette période.
En effet, deux sociétés privées de
transport, SGGG et Jonquet-Prades, coptées par le pouvoir colonial,
assuraient le transport du personnel en déplacement et du courrier
postal administratif respectivement à partir de Blitta vers les
régions septentrionales du pays et sur la ligne Lomé-Cotonou. Le
Garage central, placé sous la tutelle du Service des travaux publics et
des transports qui assurait la gestion centrale des activités de
transport, avait la compétence de gérer le trafic administratif
automobile à bien des égards surtout dans le cercle de
Lomé.
Les véhicules automobiles avaient grandement
apporté au fonctionnement du Commissariat de la République
française, de l'administration locale organisée autour des
Commandants de cercle et des Chefs de subdivisions qui dirigeaient les services
et bureaux implantés dans leurs divisions territoriales. Ils avaient
contribué à l'acheminement des biens de service et à la
mobilité géographique du personnel administratif dans le
territoire togolais. Cependant, cette circulation était limitée
dans le pays par le manque de fiabilité du réseau routier dans
certaines zones causant leur enclavement et par l'insuffisance du nombre de
véhicules administratifs.
Au terme de cette première partie, il convient de se
prononcer sur l'état de la mobilité à bord d'automobile
dans le secteur administratif vers la fin de la colonisation française
au Togo.
En effet, depuis son apparition dans les années 1920,
le trafic automobile administratif a globalement connu un progrès au
niveau des éléments de bases de ce trafic. Ainsi, le
réseau routier a connu une amélioration avec l'édification
de plusieurs ouvrages de franchissement. Il était passé de 3 239
km en 1930 à 4 472 km à la fin du second plan du FIDES. Des
régions jadis fermées à la circulation furent donc
ouvertes. Cet essor s'était toujours accompagné de l'augmentation
du patrimoine automobile togolais. Comprenant 224 automobiles en janvier 1926,
il passa à 645 au 1er mars 1930 pour finalement atteindre 3
600 véhicules en 1958. Cette situation favorable offrit à
l'Administration de plus en plus de moyens modernes de déplacement pour
faire fonctionner son système sur le territoire togolais.
Les véhicules de l'Etat ont contribué, avec
l'appui des automobiles privées, à faire tourner le dispositif
administratif colonial français au Togo. Ils ont assuré la
mobilité dans le secteur public. Ainsi, ils avaient facilité la
circulation des biens et du personnel des structures administratives à
savoir, le Commissariat de la République française au Togo, les
cercles et subdivisions administratives pendant les périodes mandataire
et de tutelle. Cette oeuvre doit sa réussite au système de
gestion de ce trafic par les autorités à travers des structures
et des législations. Le Garage central, placé sous la direction
du Service des travaux publics et des transports, était chargé
à bien des égards du transport administratif automobile. Il fut
soutenu par des sociétés privées de transport dans cette
tâche. Il s'agit de la STAO (1927-1933) et de la SGGG (à partir de
1953) qui assuraient le transport administratif dans les cercles du Nord,
après le Service des transports automobiles (administratif) entre 1926
et 1927. La société Jonquet-Prades, elle, offrait ses services
à l'Administration de Lomé à Cotonou dans les
années 1950.
Soulignons que le transport automobile administratif
était à bien des égards limité sur le territoire
togolais en raison d'une part, de l'existence des poches de régions
enclavées et quasiment fermées à l'Administration et
d'autre part, de l'étroitesse du parc automobile des pouvoirs publics.
C'est cette insuffisance que les tenants de la souveraineté,
déjà confrontés à des difficultés de tout
genre, devaient combler après l'indépendance.
DEUXIEME PARTIE
QUELLE PLACE POUR LES AUTOMOBILES DE
L'ETAT DANS LE FONCTIONNEMENT DE L'ADMINISTRATION AU TOGO INDEPENDANT
? (1959-1992)
La machine de la décolonisation en branle depuis la
Conférence de Brazzaville de 1944, fut accélérée
sur fond de revendication dans les années 1950 avec des étapes
décisives au Togo comme la République Autonome (RAT) en 1956 et
surtout la victoire des nationalistes aux élections législatives
du 27 avril 1958. Grâce à la synergie des voix anticolonialistes
qui s'élevaient, les Indigènes togolais étaient de plus en
plus associés à la gestion de leur territoire aux cotés
des Français au cours de ce processus. C'est cette victoire qui consacra
la volonté de la majorité des Togolais de gérer d'ores et
déjà, eux-mêmes, les affaires de leur pays.
L'administration du territoire imposait des moyens humains et
matériels.
Parmi ceux-ci, figurent solidement les moyens de transport
modernes routiers, sans lesquels aucun développement n'est possible.
Pendant la période coloniale française, le parc automobile
s'était imposé comme meilleur et plus efficace patrimoine roulant
des pouvoirs publics. Après l'indépendance, les véhicules
devaient, par la flexibilité qu'offre leur trafic, aider
l'Administration, avide de développent socioéconomique, à
gérer avec dynamisme l'ensemble du territoire, dont elle a la charge,
par le transport de son personnel et de ses matériels de service et
à y bien s'enraciner. Comment ont-ils alors contribué à la
gestion du territoire togolais par l'Administration de la veille de la
souveraineté internationale du Togo à 1992.
Répondre à cette question, revient à
montrer au prime abord, dans cette partie, comment les véhicules de
l'Etat, soumis à un système de gestion, ont-ils permis à
ce dernier de se déployer sur le territoire togolais de 1959 aux milieux
des années 1970. Secundo, il sera analysé l'apport du parc
automobile au fonctionnement des institutions et structures administratives au
Togo pendant la période qui s'écoule entre le début du
troisième plan quinquennal et 1992, une année marquée par
des crises multiformes.
TROISIEME CHAPITRE
VEHICULES ETATIQUES, UN HERITAGE COLONIAL
DE TRANSPORT POUR UNE BONNE GESTION DU TERRITOIRE TOGOLAIS SOUVEVERAIN
(1959-1976)
Le système colonial, par sa nature et ses objectifs,
maintenait à l'écart les `'indigènes» des postes de
décisions concernant la gestion de leur territoire. Cependant, au Togo
(comme sur plusieurs autres cieux), quelques années avant
l'indépendance, les autochtones à travers leurs élites
contrôlaient à bien des égards des secteurs de
développement de leur territoire confiés aux départements
ministériels, et ce, dans le contexte de l'imminence de sa
souveraineté. Par son poids dans le développement
socio-économique et administratif, le secteur des transports retenait
l'attention de ces nouveaux dirigeants, surtout sa section automobile
administrative héritée de la colonisation.
Ainsi, la gestion des véhicules de l'Etat a fait
l'objet d'une réflexion lors de la Conférence tenue le 8
septembre 1959 et réunissant les Commandants de cercles et Chefs de
circonscriptions sous la présidence du Premier ministre d'alors,
Sylvanus Epiphanio Olympio. Les automobiles, grâce à leur bonne
gestion, devaient permettre à l'Administration indépendante de
bien circuler sur le territoire et d'établir son contrôle sur tous
ses points, en vue de sa bonne gestion et de son développement
harmonieux. Mais, la réussite d'une telle mission exige d'abord un
réseau routier fiable et un parc automobile assez garni. Comment se
portaient alors les équipements liés au trafic automobile au Togo
de la veille de l'indépendance au début du troisième plan
quinquennal, où en principe les résultats des efforts entrepris
dans le cadre des programmes de développement socio-économiques
devaient déjà être perceptibles? Comment le transport
administratif à bord de véhicule a-t il été
gère pendant cette période? Ce système de gestion a-t-il
permis aux véhicules administratifs de remplir pleinement leur mission
de transport des personnes et des biens des institutions et structures de
l'Etat togolais?
Ce chapitre 3, qui va de 1959 à 1976, fait le point sur
les réalisations en matière d'infrastructures routières et
l'état du patrimoine automobile au Togo. Il aborde aussi le
système d'encadrement du transport automobile administratif. Enfin, elle
analyse la contribution des automobiles de l'Etat au déploiement
administratif.
I- Les équipements de transport automobile au
Togo : de la léthargie à la relance (1959 - 1976)
L'accession à la souveraineté internationale du
Togo a eu lieu dans un contexte très critique tant sur le plan interne
qu'international. Les impacts sur le transport routier sont énormes. Ce
secteur fut, à bien des égards, handicapé et n'a connu un
renouveau qu'avec les deux premiers plans quinquennaux.
1- Une ère difficile pour le trafic routier dans un
contexte socio-économique national et international critique
(1959-1966)
Les difficultés économiques internationales,
l'indépendance du Togo et la situation politique interne n'ont
été guère favorables au développement du transport
routier.
Sur le plan national, le Togo était secoué par une
crise politique et socio- économique.
Ainsi, Sylvanus Olympio essuyait de vives critiques de la part
de ses opposants au moment où une préoccupante crise
économique frappait le pays. Il finit par laisser sa peau le 13 janvier
1963 à la suite d'un coup d'Etat militaire. Son successeur N. Grunitzsky
a consacré un bon temps pour aplanir les crises politiques, et ce, au
détriment des secteurs de développement.
Sur le plan international, la situation vacillait entre
brouille diplomatique et crise économique.
En effet, la victoire des nationalistes aux élections
législatives du 27 avril 1958 avec 60 % des voix, signifie que la
majorité des Togolais a opté pour l'indépendance
immédiate. Ce nouveau statut suppose que le territoire togolais devait
supporter à ses propres frais, sa gestion tant sur le plan
institutionnel que structurel donc, aussi en matière
d'équipements de transport routier. La France, métropole et
principale partenaire économique du Togo, ne se sentait plus mêler
dans ses affaires. A la même période, en 1958, la croissance
économique céda la place aux difficultés
économiques en Europe voire dans monde. Cette situation internationale
influença les financements de la France au Togo qui ne pouvait que
souffrir du manque d'équipements routiers, même si quelques
actions étaient menées dans ce sens.
Le troisième plan du FIDES (1958-1962) n'était
pas concrétisé. Il fut remplacé par le Fonds d'aide et de
coopération (FAC) par la Constitution française de 1958
(Tsigbé 2009 : 291). La dotation du Togo sur les ressources de ce fond
au titre de l'exercice 1959-1960 était de 317,3 milliards de FCFA dont
39,6 millions pour le secteur de la santé et 48,5 millions pour
l'aménagement des routes (Tsigbé 2009 : 293). Elle est maigre par
rapport à celle du
FIDES. Ces fonds servaient, non seulement à la
construction des routes et infrastructures socio-collectives, mais
également à l'achat des matériels roulants de transports
nécessaires pour l'exécution des travaux et pour le transport des
biens et personnels des services sociaux (ambulance, etc.)
A cette période d'autres travaux d'édification
des infrastructures routières ont débuté avec l'aide des
Etats-Unis qui ont fait des dons de véhicules au Togo.
Ainsi, dans son discours de fin d'année 1961, le
président de la République, Sylvanus Olympio, faisait observer
qu' « afin de nous aider à faire face aux importantes
dépenses d'entretien, le gouvernement des Etats unis d'Amérique a
gracieusement mis à notre disposition 36 engins neufs dont 10 camions et
une quantité importante de pièces de rechange
118».
Ces matériels acquis sur don et sur payement pour
effectuer les travaux, renforçaient le parc automobile de l'Etat. Ce
dernier était aussi alimenté par les Nana-benz qui mettaient
gracieusement à la disposition de l'Administration des véhicules
pour les besoins de service, autour de 1960, où l'Etat en
difficulté économique n'arrivait pas à en payer, du moins
suffisamment.
Les difficultés étaient si cruciales que, S. E.
Olympio lors de la Conférence des Chefs de circonscriptions et des
commandants de cercles et des Ministres qui a lieu le 8 septembre 1959,
demandait une bonne gestion et utilisation des véhicules des pouvoirs
publics pour contribuer à réduire les dépenses
publiques119.
Tout compte fait, les difficultés économiques,
politiques et diplomatiques ont beaucoup limité les réalisations
en matière d'équipements de transport routier (véhicules
et routes) au Togo entre 1959 et 1966. En conséquence, le trafic
automobile administratif en a assez souffert. Il faut donc attendre les plans
quinquennaux pour voir un véritable changement.
2- Un renouveau pendant les deux premiers plans
quinquennaux (1966-1976)
Pendant les deux premières phases (1966-1970 et
1971-1975) des programmes de développement économique
élaborés par le gouvernement Grunitzsky avec l'appui financier
des partenaires économiques, une place de choix était
accordée au transport routier.
118 Mally Théophile, recueil des discours prononcés
par le président Sylvanus Olympio au cours de l'année 1961, p. 71
cité par Tsigbé (2009 : 311).
119 ANT-Lomé, 2 APA cercle d'Atakpamé, dossier 195,
procès verbal de la conférence des commandants de cercle et des
chefs de circonscription, 1959.
2.1- Priorité accordée à
l'amélioration du réseau routier pour faciliter la circulation
des véhicules
La limite à bien des égards de la
mobilité tous azimuts des personnes et des biens par insuffisance ou par
délabrement des voies de communication, comme c'était le cas
entre 1959 et 1966, constitue un frein au développement. Elle
entraîne la lourdeur dans la circulation routière donc, dans le
système administratif et économique.
Autant l'Etat ne peut atteindre, par les moyens modernes de
transport routier, tous les coins du territoire pour y apporter ses impulsions,
et avoir une mainmise sur toute l'étendue du pays, autant les organismes
parallèles lui venant en aide ne peuvent y opérer leurs actions
humanitaires et de développement.
Conscients de cette réalité, les gouvernements
de N. Grunitzky (1963-1967) puis d'E. Gnassingbé120 ont
entrepris à partir de 1966, de gros efforts de réfection des
routes et de désenclavement des régions.
Pendant le premier plan quinquennal (1966-1970), les 36 % des
4.101 millions de F CFA prévus pour les travaux de réfection des
routes, de désenclavement et d'édification d'ouvrages de
franchissement et pour l'achat des engins roulants nécessaires
(Tsigbé 2005 : 104) ont permis la réalisation de quelques
travaux.
Ainsi, furent bitumées les routes Anfoin-Tabligbo,
Tabligbo-Tsevié, Lomé-Badou, Lomé-Kpalimé,
Adeta-Dzogbegan. Le réseau bitumé passa donc de 170 km à
635 km. A ce chiffre s'ajoute 1 065 km de routes d'Etat non bitumées et
5 300 km de routes de circonscriptions. A la fin du premier plan quinquennal,
le réseau routier togolais est estimé à 7 000 km
(Tsigbé 2005 : 105) avec plus de routes praticables sur toute
l'année.
Les ambitions pour l'amélioration du réseau
routier furent encore nobles dans les projets du deuxième plan
quinquennal (1971-1975). Mais, seulement, 170 km de routes ont
été réfectionnés et construits (Tsigbé 2005
: 108). En 1976, il fut porté donc à 7 170 Km. Certes, le
Nord-Togo en a aussi bénéficié, mais, tout comme la zone
d'Atakpamé, son désenclavement est loin d'être
satisfaisant. Il faut attendre d'autres projets notamment ceux du Fond
économique et de développement (FED) pour voir ces régions
être acceptablement structurées par des routes carrossables et
ouvertes à la circulation routière.
La relance des infrastructures de communication a
entraîné l'essor du patrimoine automobile du territoire
togolais.
120 Eyadema Gnassingbé a assuré la
présidence du Togo de 1967 à 2005.
2.2 - Agrandissement du parc automobile togolais
Le mauvais état du réseau routier est un facteur
défavorable à l'accroissement sensible des matériels
roulants l'utilisant. Son amélioration entre 1966 et 1976 a eu pour
corollaire l'essor du parc automobile du territoire togolais.
La mauvaise gestion documentaire et la volonté
manifeste des autorités de maintenir discrets certains documents, n' a
pas permis d'avoir une idée très nette et évolutive du
nombre des véhicules appartenant à l'Etat pendant cette
période. Les statistiques les confondaient aux matériels roulants
routiers privés qui étaient souvent réquisitionnés
par l'Administration en raison de l'étroitesse de son parc de
véhicules, pour ses besoins de transport d'intérêt public.
Le parc automobile du Togo a fait un pas de géant à la fin des
deux premiers plans quinquennaux. Le nombre de véhicules
immatriculés sur le territoire en est une illustration.
Ainsi, avant 1967, on comptait au total, 7 262 automobiles.
Mais, à partir de 1967, chaque année, au moins près de 1
300 véhicules étaient enregistrés. Les détails sur
le patrimoine roulant du territoire entre les débuts des premier et
troisième plans quinquennaux sont contenus dans le tableau n°
7121.
Selon les données de ce tableau, on est passé de
7 262 véhicules immatriculés avant 1967 à 13 876 à
la fin du premier plan quinquennal (1970) puis à 19 990 au début
du troisième (1976). Impressionnants encore, sont les chiffres
concernant les engins lourds à savoir les semi-remorques, les tracteurs
routiers, les grues sur roues et les tracteurs agricoles.
En effet, avant 1967, le nombre total de ces matériels
catalogués était de 262. En quatre ans (en 1970), il est
passé à 485 avant d'atteindre 1 322 en 1976 soit 223 engins
lourds immatriculés entre 1967 et 1970 et 837 de 1971 à 1976.
Cela s'explique par l'intérêt porté d'une part aux travaux
d'amélioration du réseau routier qui en nécessitaient et
d'autre part, au secteur agricole où les tracteurs sont indispensables
pour la culture et d'autres engins pour l'évacuation des produits
(coton, café-cacao, etc.).
121 Voir page 80.
Tableau n ° 7 : Etat des immatriculations au Togo de
1967-1976
Annees
|
Voitures communes et particulieres
|
Camionnettes
|
Autocars
|
Vehicules de 3 A 6 T
|
Vehicules 7 A9 T
|
Vehicules de 10 A 2 T
|
Vehicules de plus de 12T
|
Vehicules speciaux
|
Semi-remorques
|
tracteurs routiers
|
Tracteurs agricoles
|
Grues sur roues
|
Total 4 roues
|
Engins deux roues de c11.111G11GT
|
Engins de 25 cm3
|
Total 2 roues
|
Totaux
|
Avan t
1967
|
3860
|
731
|
39
|
500
|
|
386
|
17
|
45
|
50
|
124
|
39
|
4
|
7262
|
436
|
494
|
93 0
|
8192
|
1967
|
870
|
238
|
4
|
23
|
15
|
96
|
12
|
14
|
4
|
-
|
8
|
4
|
1285
|
52
|
157
|
20
|
1494
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
9
|
|
1968
|
886
|
28
|
10
|
61
|
51
|
17
|
2
|
10
|
4
|
5
|
13
|
6
|
1340
|
64
|
119
|
18
|
1523
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
3
|
|
1969
|
1147
|
379
|
4
|
21
|
19
|
164
|
28
|
7
|
27
|
14
|
22
|
6
|
1836
|
64
|
142
|
20
|
2042
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
6
|
|
1970
|
1399
|
413
|
0
|
56
|
6
|
180
|
24
|
35
|
15
|
5
|
20
|
4
|
2153
|
62
|
148
|
21
|
2363
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0
|
|
1971
|
434
|
429
|
8
|
48
|
14
|
20
|
3
|
16
|
65
|
23
|
3
|
0
|
2198
|
229
|
265
|
49
|
2692
|
|
|
|
|
|
9
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
4
|
|
1972
|
479
|
386
|
6
|
40
|
18
|
12
|
1
|
30
|
12
|
16
|
4
|
0
|
2104
|
151
|
209
|
36
|
2494
|
|
|
|
|
|
8
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0
|
|
1973
|
1567
|
317
|
10
|
21
|
5
|
117
|
13
|
12
|
16
|
3
|
12
|
0
|
2093
|
152
|
282
|
43
|
2527
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
4
|
|
1974
|
325
|
333
|
4
|
20
|
81
|
29
|
0
|
15
|
15
|
20
|
3
|
0
|
1845
|
153
|
370
|
52
|
2368
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
3
|
|
1975
|
545
|
465
|
27
|
18
|
10
|
22
|
0
|
45
|
24
|
29
|
19
|
0
|
2295
|
174
|
389
|
56
|
2858
|
|
|
|
|
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
3
|
|
1976
|
1804
|
515
|
30
|
25
|
10
|
60
|
85
|
42
|
80
|
77
|
15
|
5
|
2841
|
231
|
530
|
76
|
3602
|
|
|
|
|
|
3
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1
|
|
Source : Direction générale des transports,
répertoire du 16/ 12 / 02 cité par Tsigbé (2009 : 366).
L'accroissement très net des véhicules communs
et particuliers témoigne, selon Tsigbé (2009), du souci des
Togolais ayant les moyens, surtout les fonctionnaires, de posséder leurs
propres moyens de transport. La réalisation de ces ambitions au niveau
des agents du secteur public est aussi favorisée par les crédits
que l'Etat leur octroyait depuis 1962 sous forme de prêt pour s'acheter
des véhicules. L'avance accordée, prélevée sur les
fonds hors budget, ne pourrait excéder les 3/4 de la valeur du
véhicule à acheter, ni dépasser 300 000 F CFA et ne
pourrait être consentie pour une durée de 2 ans122. La
même disposition officielle qui accordait ces crédits, autorisait
certains agents de l'Etat, par rapport à leur fonction et poste,
à utiliser leurs voitures personnelles pour des besoins de service
contre des indemnités. Ce qui fait dire que les véhicules
privés, par réquisition, servait l'Etat.
L'intérêt accordé au transport routier
pendant les deux premiers plans quinquennaux a entraîné
l'amélioration du réseau routier togolais et l'essor du
patrimoine automobile du territoire. Globalement, les équipements de
transport routier togolais, entre 1959 et 1976, ont connu deux phases. Pendant
la première, qui va de 1959 à 1966, marquée par des crises
politiques, diplomatiques et socioéconomiques, le transport automobile
était limité par l'état délabré du
réseau routier. C'est au cours du second, qui couvre les deux premiers
plans quinquennaux (1966-1975), que le trafic automobile a reçu une
bouffée d'oxygène avec l'amélioration des infrastructures
routières et l'augmentation des véhicules automobiles. Compte
tenu de son importance, le transport routier fut régularisé par
les autorisés.
II- Cadre institutionnel de la gestion du transport
automobile au Togo indépendant (1959-1976)
L'Etat togolais a confié le transport routier
administratif à des structures de gestion spécialisées et
l'a quadrillé par les dispositions juridico administratives.
1- Création et reconduction des structures de trafic
automobile
Après l'accession à la souveraineté
internationale du Togo, ses nouveaux dirigeants, loin de balayer de revers de
la main l'ordre préétabli dans le domaine des transports routiers
en guise de révolution contre l'ordre colonial, ont plutôt
reconduit l'essentiel des services de gestion tout en y apposant une emprunte
nouvelle, avant d'en créer d'autres.
122 JOT du 16 mai 1962, décret n° 62- 75 du 4 mai
1962 réglementant l'utilisation des véhicules administratifs
ainsi que l'octroi des indemnités pour l'achat de véhicule, pp.
292-294.
1.1- La SGGG ou la survivance d'une
société privée de transport au service des pouvoirs
publics
L'incapacité de l'Administration coloniale à
gérer seule le transport de son personnel et de ses matériels de
travail sur toute l'étendue du territoire togolais, l'avait conduit
à copter des sociétés concessionnaires privées
spécialisées pour assurer ce rôle dans certaines zones du
territoire, spécialement le Nord. Comme il a été
souligné précédemment, après la STAO,
c'était avec la SGGG, une société anonyme, que l'Etat
colonial a signé en 1953, un accord pour assurer le transport
administratif dans la partie septentrionale du territoire à partir du
terminus du chemin de fer central, Lomé-Blitta.
Cette société, dont le capital était de
300 000 000 F CFA à l'accession à la souveraineté
internationale du Togo, a poursuivi la mission qui lui était
dévolue dans la même zone géographique par la nouvelle
Administration indépendante. Cependant, il était
procédé à un réajustement tarifaire des transports
administratifs (du personnel et des matériels) assurés par la
SGGG, le 8 juillet 1960123.
Ainsi, le tarif voyageur sans bagages fut fixé à
2,80 F CFA le kilomètre et celui des bagages à 16,40 F CFA la
tonne kilométrique. Quant au prix forfaitaire des courriers postaux, il
était arrêté à 16,40 F CFA par kilomètre pour
un poids maximum de 500 kg. Au-delà de ce poids, il était
appliqué aux courriers, le tarif des bagages. Enfin, les colis postaux
étaient soumis à un prix forfaitaire, uniquement établi
par fraction de cinq kilogrammes de 9,60 F CFA quelle que soit la
distance124.
La SGGG a rendu un `'loyal» service à
l'Administration en acheminant les courriers postaux et en assurant le
transport du personnel administratif en service ou en affectation dans le Nord
et des élèves boursiers, au moins jusqu'à la fin des
années 1960125. Si la SGGG date de l'époque coloniale,
c'est après l'indépendance que d'autres structures de transport
routier ont vu le jour.
123 JOT du 1er août 1960, arrêté
n° 6 du 8 juillet 1960 portant réajustement des tarifs des
transports administratifs dans le Nord du Togo, assurés par la
Société générale du golfe de Guinée, p.
495.
124 Ibidem.
125 ANT-Lomé, 2 APA Cercle d'Atakpamé, dossier 188,
demande de réquisition de transport adressée au Chef de
circonscription, 1966-1970.
1.2- Le Service des transports routiers : quelle
relation avec le Garage central?
Le 23 juin 1969, il a été créé par
décret présidentiel, un service des transports routiers,
placé sous l'autorité du ministre des travaux publics, mines,
transport, postes et télécommunication126. Il est
chargé d'organiser, de coordonner, d'harmoniser, de règlementer,
de surveiller et de contrôler les trafics routiers sur le plan national
et sur celui des relations interafricaines et internationales. A ce service,
revenaient aussi l'immatriculation des véhicules dans la série
ordinaire et la délivrance des cartes grises. Il recevait enfin,
l'examen, le contrôle, l'établissement des titres de permis de
conduire jusqu'à 1976. Sa mission est plus tirée vers le
transport privé.
Cependant, il entretient avec le Garage central, une relation
technique voire administrative par endroit en matière de contrôle,
d'immatriculation et de reformer des véhicules étatiques.
Ainsi, le Service des transports routiers recevait
périodiquement, les visites techniques des automobiles des pouvoirs
publics que la Direction du garage central administratif (DGCA) gère
conformément à l'article 3 de l'arrêté qui l'a
créé.
Mais, bien avant, un premier lien s'établit entre les
deux structures lors de l'immatriculation des véhicules
administratifs.
En effet, selon Kokou Ntaré, après
l'établissement de la carte grise provisoire des voitures de l'Etat, le
Garage central envoie les papiers techniques d'immatriculation et l'engin au
Service des transports routiers pour l'achèvement de
l'établissement de la carte grise définitive127. Le
matériel est ainsi enregistré dans le patrimoine automobile
togolais.
En outre, le Service des transports routiers fabriquait des
plaques d'immatriculation privées de véhicule au Garage central.
Ils sont utilisés lors des missions secrètes, inopinées et
temporaires des services d'enquête et de renseignement de l'Etat.
Enfin, des procédures techniques et administratives
lient les deux services lors de la reforme (vente) des véhicules de
l'Administration.
Ainsi, après le «bon à
enlever» obtenu par l'acquérant de l'engin à reformer,
le matériel et les papiers l'accompagnant sont envoyés au Service
des transports routiers pour établir la mutation, son immatriculation
dans la série ordinaire, pour le sortir du patrimoine de l'Etat.
L'opération réussit si les données d'identité du
matériel sont identiques à celles cataloguées lors de
l'établissement de la carte grise. Dans le cas contraire, selon
126 JOT du 1er août 1969, décret n°
69-130 du 23 juin 1969 portant création d'un Service des transports
routiers, pp. 415-416.
127 Kokou Ntaré, entretien du 14 / 05 / 2010 dans son
bureau au Garage central administratif.
Aklesso Awoussa, le document est renvoyé au Garage
central pour son ok avant l'achèvement des
formalités128. On peut donc dire que le Service des
transports participe en partie à la gestion technique des automobiles de
l'Etat aux côtés de l'institution spécialisée et
accréditée.
1.3- Le Garage central administratif, une structure de
gestion du transport administratif reconduite
Créé en 1926 et organisé en 1937, le
Garage central administratif a reçu la bénédiction des
dirigeants du Togo indépendant. Les sources que nous disposons ne
confirment pas ou ne reconduisent pas cette structure dans le rôle qui
lui était assigné depuis l'époque coloniale, après
l'indépendance, à travers directement un décret, une
circulaire ou un arrêté comme ce fut le cas antérieurement,
mais cela est évident et réel.
Ainsi, le décret n° 62-75 du 4 mai 1962 stipulait
en son article 2 que « le Garage central administratif dispose des
véhicules dont les services centraux ont besoin pour leurs inspections
et tournées129». Cette disposition est
rappelée dans d'autres législations ultérieures. Il
apparaît alors clair que cette structure a survécu à la fin
de la colonisation et tient toujours son rôle d'organisation du transport
des autorités, des agents publics et des matériels de l'Etat
après l'indépendance et ce, jusqu'à nos jours. Cela passe
par une bonne gestion des véhicules étatiques.
2- La gestion des véhicules automobiles
administratifs, un véritable processus juridico-administratif et
technique
Comme tout bien de l'Etat, les véhicules des pouvoirs
publics au Togo indépendant, sont soumis à une gestion technique
et administrative assurée par la DGCA, conformément aux
prescriptions en vigueur. Elle débute dès l'acquisition des
matériels roulants et prend fin par leur reforme en passant par leur
maintenance. Globalement, elle ne présente pas des
spécificités fondamentales dans les grandes étapes par
rapport à l'époque coloniale. Toutefois, le changement de statut
du Togo et son organisation en ont apposé leur emprunte à chaque
niveau.
128 A. Awoussa, entretien du 02 / 06 / 2010 dans son bureau au
Garage central administratif.
129 JOT du 16 mai 1962, décret n° 62- 75 du 4 mai
1962 réglementant l'utilisation des véhicules administratifs
ainsi que l'octroi des indemnités pour l'achat de véhicule,
op.cit., pp. 292-294.
2.1- L'acquisition : de la réception à la
mise à disposition
L'acquisition des véhicules de l'Etat se fait en trois
phases : la réception, l'immatriculation et la mise à
disposition.
-La réception
Les véhicules de l'Etat togolais indépendant
sont acquis, soit sur le budget général, soit sur celui des
départements ministériels, des services (y compris le Garage
central), des sociétés publiques et des collectivités
locales, soit sur les fonds des organismes internationaux à travers des
dons, ou encore sur saisie.
Chaque Ministère dispose des crédits pour
l'achat et l'entretien de ses véhicules. Ces crédits sont
partagés sur les budgets des services qui sont sous sa tutelle selon les
besoins exprimés et les moyens de l'Etat. Selon A. K. Amedodzi, au
moment de l'évaluation prévisionnelle des dépenses
annuelles de l'Etat, la Direction du garage central administratif adresse ses
besoins au Ministère de l'économie et des finances130.
Une fois approuvés, une ligne budgétaire conséquente lui
est allouée pour alimenter son parc en matériels de
transport131.
A en croire cet informateur, cette Direction qui devait
être impliquée dans toute opération d'acquisition de
véhicules administratifs, a toujours procédé par appel
d'offre132 pour l'achat de ses engins au cas où le prix
dépasse 15 000 000 F CFA. Elle précise dans un document les
caractéristiques des produits qu'elle a besoin, que les soumissionnaires
payent. La société fournisseuse ayant proposé le prix le
plus bas, enlève le marché. Plusieurs sont les
sociétés d'automobiles auprès desquelles étaient
payés les véhicules administratifs. On peut donc citer,
Hamelle-Afrique, Renault-Afrique, la DTG. (Mercedes-Benz), SCAO, UAC
(Land-Rover) et Mitsubishi133.
Le Ministère chargé des finances et des affaires
économiques doit interner tout achat de véhicules administratifs
avant le début des processus de réception. Tous les
départements ministériels doivent s'en remettre au Garage central
après l'accord d'achat pour le remplissage des formalités
techniques et administratives d'acquisition (Tchitara 1995 : 11). Il en est de
même pour les collectivités et les sociétés d'Etat
et parapubliques.
130 A. K. Amedodzi, entretien du 06/ 05/ 10 dans son bureau au
Garage central administratif.
131 La Direction du garage central gère tous les
véhicules de l'Etat et le Responsable du parc gère seulement les
matériels roulants du Garage central, destinés aux missions et
tournés des autorités.
132 Un appel d'offre est une procédure de passation de
marché public par laquelle l'Administration met publiquement des
candidats à la concurrence.
133 Registres d'immatriculation du Garage central
administratif.
Des dons de véhicules sont aussi faits à des
départements ministériels, des services et des
collectivités secondaires par des pays amis au Togo, des organismes
internationaux, etc. Ils sont faits en nature ou en espèce.
Les dons en nature proviennent généralement des
pays en relation amicale avec le Togo (Espagne, France, Etats-Unis, etc.) et
sont souvent réceptionnés par le Ministre des affaires
étrangères (Douti 2005 : 8)
Quant aux dons en espèce, ils sont reçus des
organisations internationales telles que le Fond monétaire international
(FMI), la Banque mondiale (BM), l'Organisation des nations unies (ONU) à
travers ses institutions spécialisées comme l'UNESCO, l'OMS et
l'UNICEF. Ainsi, cette dernière a offert gracieusement au Togo, trois
voitures Peugeot de 5 places le 16 / 06 / 1975 et affectées au
Ministère de la santé134.
Enfin, certains véhicules ont intégré le
patrimoine de l'Etat par saisie judiciaire135 ou douanière. A
titre illustratif, une voiture de 5 places d'immatriculation RTG : 6312 est
devenue propriété de l'Etat le 10 juin 1985 sur saisie
douanière suivant la lettre de confiscation n° 205 du 2 avril
1984.
Quelque soit la voie d'acquisition des véhicules, avant
d'intégrer définitivement le patrimoine de l'Etat, ils doivent
être immatriculés.
-l'immatriculation
C'est une opération qui consiste à enregistrer
et à attribuer un numéro au véhicule acquis.
L'immatriculation des véhicules administratifs a évolué
dans le temps. Rappelons-le, à partir de 1956, avec la République
autonome du Togo (RAT), le numéro d'ordre des automobiles de l'Etat
était précédé des lettres RT avec un insigne de la
RAT porté avant lesdites lettres. C'était cet insigne qui met une
distinction entre ces véhicules et ceux privés. La composition
des lettres et la forme des numéros d'ordre étaient identiques.
Il faut attendre 1976 pour voir les automobiles administratives être
immatriculées dans une série spéciale, RTG ou SNT (pour
celle de la Sûreté nationale et les Forces de l'ordre).
L'immatriculation consacre l'entrée des
véhicules dans les biens publics de l'Etat. Cette phase donne la
possibilité de mettre les véhicules à la disposition des
services administratifs pour leurs divers besoins de transport.
134 Registre d'immatriculation du Garage central administratif,
n° 31, 1975, p. 00493.
135 La saisie judiciaire peut intervenir quand une tierce
personne doit à l'Etat mais se trouve dans l'incapacité de payer
sa dette ou son dommage.
-La mise à disposition
Selon Balakindé (2000 : 1), la mise à
disposition constitue la dernière étape de l'acquisition du
véhicule automobile de l'Administration. Relevant de la
compétence du Garage central, elle s'effectue de deux façons.
Ainsi, après l'immatriculation, les véhicules sont
affectés aux différents départements ministériels
ou au parc automobile du Garage central.
L'affectation des matériels roulants aux
Ministères peut être temporaire ou définitive. Elle est
temporaire quand les véhicules ne sont mis à disposition que pour
une durée plus ou moins longue, généralement des nouveaux
Ministres. L'affectation définitive concerne les véhicules de
fonction et de service. Les premiers sont mis à la disposition de
certaines autorités comme les Ministres et Préfets pour leurs
tournées et missions dans le cadre de leur fonction. Quant aux seconds,
ils sont destinés aux transports des Directeurs et Attachés de
cabinet, d'autres agents et des matériels pour assurer de façon
régulière le fonctionnement administratif (Bayaro 1998 : 26)
La Direction du garage central administratif affecte à
son parc pour assurer la mobilité géographique des
autorités administratives ou diplomatiques en mission pour le compte de
l'Etat (à partir des véhicules de luxe) et la
circulation des matériels (grâce aux camions).
L'article 2 du décret n° 62-75 du 4 mai 1962
autorisait les services centraux à acquérir sur demande, des
véhicules auprès de cette structure pour leurs tournées et
inspections136.
L'automobile affectée après son immatriculation
dès sa réception, doit être maintenue afin d'assurer
pleinement et efficacement le rôle qui lui est dévolu pour
éviter sa précoce reforme.
2.2- La maintenance et la reforme
L'une détermine la durée de vie du matériel
roulant dans le patrimoine de l'Etat et l'autre consacre sa sortie.
- La maintenance
Le maintien en condition de fonctionnement des véhicules
englobe leur dotation en carburant et lubrifiants et leur réparation.
Une ligne budgétaire est accordée au Garage central
administratif en vue d'assurer l'alimentation annuelle des véhicules des
divers services d'Etat en carburant et lubrifiants
136 JOT du 16 mai 1962, décret n° 62- 75 du 4 mai
1962 réglementant l'utilisation des véhicules administratifs
ainsi que l'octroi des indemnités pour l'achat de véhicule, pp.
292-294.
(Balakindé 2000 : 31)137. Ils sont servis en
fonction des besoins et des crédits disponibles. Selon Lawani (2005 :
10), le carburant est offert soit en nature à partir des cuves du
service ou en ticket de bon d'essence. Dans tous les cas, la limite de dotation
mensuelle doit être respectée. Une fois la consommation mensuelle
épuisée, le carnet de livraison est bloqué jusqu'au mois
suivant138. Les services sont tenus d'en faire usage
contrôlé. Comme les opérations d'achat de véhicules,
le ravitaillement de cette structure en carburant se fait par appel
à la candidature (Amegan 2000 : 8).
Les lubrifiants sont destinés aux vidanges des moteurs,
des ponts et des boites de vitesses des automobiles en vue d'assurer leur bon
fonctionnement. En cas de panne, elles sont réparées. Pour
l'entretien et la réparation des véhicules des pouvoirs publics,
le Garage central dispose depuis sa création des moyens humains et
matériels pour mener à bien cette mission.
En effet, il est doté de personnel technique
composé des mécaniciens d'électriciens, de conducteurs,
etc.
Sur le plan matériel, il possède un grand
atelier de réparation équipé de matériels
appropriés. Il est desservi par un magasin de pièces courantes et
spécifiques de rechange pour faciliter les entretiens et les
réparations, et réduire le plus possible les temps
d'immobilisation des véhicules (Balakindé 2000 : 32) afin
éviter de priver durablement les services de moyens de transport
déjà insuffisants.
-La reforme
La reforme des biens publics recouvre plusieurs notions.
Ainsi, selon l'instruction n° 547 / MEF / CAB du 6 avril
1990 portant réglementation sur la comptabilité
générale des matériels de l'Etat, reformer un bien, c'est
le rétablir dans une forme économiquement meilleure par rapport
à la finalité initiale à laquelle il ne répond plus
en demandant soit son reclassement, soit sa vente, sa destruction ou sa
démolition (Attitso 2001 : 3).
En effet, d'abord, le reclassement est le changement de
classement du bien. Ensuite, la démolition d'un véhicule consiste
par exemple, à en récupérer les pièces utiles pour
la réparation d'autres engins au cas où celui-là est
irrécupérable, souvent à la suite d'un accident. Enfin, la
vente d'un véhicule administratif intervient dans le cas où il
est frappé
137 Après les crises sociopolitiques des années
1990, chaque département détenait et gérait ses
crédits d'achats de carburant et de lubrifiant.
138 Ekué-Hettah Ayi, entretien du 06 / 05/ 2010 dans son
bureau au Garage central administratif.
d'obsolescence ou s'il constitue un gouffre budgétaire
par des dépenses onéreuses en réparation qu'il engendre ou
peut causer.
Plusieurs services ou institutions sont impliqués dans
le processus de vente aux enchères publics des matériels roulants
routiers étatiques à travers des commissions. Il s'agit entre
autres du Ministère chargé des finances et des affaires
économiques (qui s'adjuge habituellement la présidence), du
Service des douanes, du Ministère du plan et du Garage central
administratif (Attitso 2001 : 5).
Par rapport aux sources que nous disposons, nous ne pouvons
établir le tableau exhaustif des véhicules administratifs
reformés. Ici, il ne sera donné que des cas à titre
illustratif.
En effet, il était décidé la reforme de 7
véhicules de la circonscription administrative d'Atakpamé le 12
août 1963 par une commission formée à cet
effet139. Aussi, une ambulance immatriculée en RT-5403 C et
réimmatriculée en RTG-0621 affectée à la
subdivision sanitaire de Kloto le 18 mars 1975 payée à 2 150 000
F CFA le 25 février 1975, était reformée à 90 000 F
CFA le 13 décembre 1985140, soit seulement 4,18 % de son prix
d'achat. La chute de la valeur financière à la vente de ce
matériel à un peu plus de 95% témoigne de son degré
de dégradation après avoir servi une décennie durant le
transport administratif. Enfin, le 15 octobre 1982, une camionnette
d'immatriculation RT-6201 C et acquis le 3 juillet 1975 à 738 000 F CFA
fut reformée à 100 000 F CFA suivant le bon à
enlever du 15 octobre 1982 du Garage central141. La
différence entre le prix d'achat et celui de vente est de 638 000 F CFA,
ainsi dire que le véhicule a perdu à la vente 6,38 fois sa valeur
économique à l'achat.
Après « le bon à enlever » le
véhicule est immatriculé en série ordinaire pour assurer
la mutation. Il sort définitivement du patrimoine de l'Etat. La manne
financière issue de la vente aux enchères publiques des
matériels est versée au Trésor public.
En substance, la gestion des véhicules administratifs
assurée par la DGCA est un long processus qui court de la
réception du matériel, marquant le début des
procédures d'immatriculation pour son intégration dans le
patrimoine de l'Etat, jusqu'à sa reforme
139 ANT-Lomé, 2 APA Atakpamé- add, dossier n°
126, contrat d'assurance d'Arokossimé Adam, transporteur à
Sokodé. Commission de reforme de véhicules administratifs hors
d'usage. Contrat de vente de voiture avec Sommialin. Carnet de route et feuille
de déplacement, 1963.
140 Registre d'immatriculation du Garage central, n° 31, p.
00239.
141 Ibidem.
consacrant sa sortie des biens de l'Etat après avoir subi
de multiples opérations de maintenance qui le gardait en état de
servir au transport administratif.
III- Place des véhicules des pouvoirs publics
dans le fonctionnement des structures administratives au Togo (1959- 1976)
Peu avant l'indépendance du Togo en 1960,
l'organisation de l'appareil administratif changea avec des institutions
républicaines pour une gestion conséquente du territoire. Pour
que celle-ci soit efficace dans ce pays, mal restructuré par le
réseau ferroviaire, d'ailleurs en crise, les pouvoirs publics doivent se
servir de véhicules automobiles. La flexibilité de leur trafic
permet d'établir des liaisons plus rapides entre l'administration
centrale et les représentants de l'Etat à l'intérieur du
territoire.
1- La mobilité du personnel et des biens des organes
de l'administration centrale
Pour assurer le rôle exécutif qui leur
était assigné, les structures de l'administration
centrale du Togo, avaient utilisé des automobiles de l'Etat peu
avant son indépendance jusqu'en 1976.
1.1- La Primature puis la Présidence de la
République
Ces deux instances se succédèrent dans le temps au
Togo. Ils disposaient des véhicules administratifs pour accomplir leurs
missions.
-La Primature
L'existence de la Primature au Togo date de 1956 avec la
République Autonome. En 1958, Sylvanus Epiphanio Olympio devenait le
second premier ministre du Togo suite aux élections législatives
du 27 avril de la même année remportées par sa mouvance
(nationaliste). Il occupa ce poste jusqu'en 1961142. En tant que
Chef de l'exécutif, il coordonnait et dirigeait les activités du
Gouvernement. Il effectuait des tournées et missions périodiques
à l'intérieur du pays grâce aux automobiles de
commandement143qu'il disposait pour se rapprocher des
administrés et connaître leurs réels besoins. En 1961, S.
Olympio devient le premier président du Togo.
142 Il faut attendre la période de transition
démocratique pour que la Primature réapparaisse au Togo en
1991.
143 Ces automobiles seraient mises à sa disposition par
les Nana-Benz de Lomé.
-La Présidence de la République
Au Togo, la Constitution du 9 avril 1961 transforma le
régime parlementaire issu de l'indépendance en régime
présidentiel fort. Le premier ministre d'alors, S. E. Olympio
devint président de la République, le premier de l'histoire du
pays. Il succomba à un coup d'Etat militaire le 13 janvier 1963 et fut
remplacé par N. Grunitzky. Ce dernier céda le fauteuil à
Kleber Dadjo en 1967, année où le sergent Eyadema
Gnassingbé s'empara du pouvoir pour plusieurs décennies. Chacun
de ces présidents qui s'étaient succédés avait en
affection des véhicules de commandement144pour leurs divers
besoins de déplacement de service. L'institution qu'ils
présidaient était constituée entre autres d'un Cabinet et
d'un Secrétariat général. Autant le président de la
République a besoin de véhicules, autant les différentes
structures de son instance ont l'impérieuse nécessité de
disposer des moyens de transport automobile de service pour assurer la
circulation de leur personnel et de leurs matériels. A partir de 1962,
seul le Cabinet de la Présidence recevait en affection permanente des
véhicules (camions et camionnettes) de service145. L'article
2 dudit décret autorisait ces services centraux à
acquérir, pour leurs tournées, missions et inspections, des
matériels roulants auprès du Garage central, sachant que les
véhicules payés par leur instance sur son budget étaient
insuffisants. Certaines dispositions prises dans ce domaine pouvaient permettre
de limiter la lourdeur que pouvaient causer la durée des
formalités de réquisition des automobiles, aussi insuffisantes au
Garage central, dans le fonctionnement de la Présidence.
Ainsi, le décret susmentionné autorisait
certaines autorités de cette instance à utiliser leurs engins de
transport privés pour les besoins d'intérêt
général contre des indemnités. Il s'agit du Directeur de
l'assistance technique et du plan, du Chef de l'Inspection mobile et permanente
des services administratifs et financiers, du Directeur de l'africanisation des
cadres et du Chef du protocole. A cette liste s'ajoutent les Chefs des services
de l'information et de la radio diffusion et de la presse. Cette liste a subi
de multiples modifications dans les années suivantes selon les reformes
et la formation des gouvernements qui entraînent des rattachements et
détachements des services de la Présidence. Celle-ci partage
l'administration centrale avec les départements ministériels.
144 Mamadou Assimiou, entretien du 20/ 10 / 2010 dans son bureau
au Garage central administratif.
145JOT du 16 mai 1962, décret n° 62- 75 du
4 mai 1962 réglementant l'utilisation des véhicules
administratifs ainsi que l'octroi des indemnités pour l'achat de
véhicule, op. cit., pp. 292-294.
1.2- Les Ministères
Selon Philipe George (1988 : 70), l'appellation
générique de ministre est utilisée pour «
désigner les membres du Gouvernement quel que soit leur statut
». Au Togo comme partout ailleurs, ils disposent d'un certain nombre
de compétences qu'ils exercent individuellement en tant que responsable
d'un département ministériel ou collectivement en tant que
membres du Gouvernement présidé par le premier ministre s'il
existe ou par le Président. Ils sont donc à la fois des
autorités politiques et administratives. Ils ont pour mission
essentielle, la direction politique et administrative de leur Ministère.
A en croire M. Assimiou, c'est pour mener à bien cette tâche
qu'ils sont dotés de véhicules de commandement146.
Ils assurent à partir de ces moyens de transport leurs
déplacements liés aux affaires d'intérêt public pour
se rendre dans les services extérieurs techniques pour constater
l'évolution des activités sur le territoire et rencontrer au
besoin, les gouvernés dans les limites de leurs attributions.
Ainsi par exemple, du 25 au 29 juillet 1960, le Ministre de la
Santé d'alors a effectué une tournée d'inspection
technique dans la région méridionale et l'ayant conduit à
Kpalimé et à Atakpamé. Ce déplacement a vu la
réfection de la piste de Nyamassila-Akaba et des ponts sur cette route
en vue de faciliter le passage de la mission147.
Les ministres sont accompagnés le plus souvent dans
leurs missions par un cortège composé des membres de leur
département (membres du Cabinet, du Secrétariat, des services
centraux etc.). Dans ce cas, la délégation utilise les
automobiles de leur Ministère ou celles réquisitionnées
auprès du Garage central pour la tournée comme l'autorisent les
dispositions des articles 2 des décrets n° 62-75 du 4 mai
1962148 et n° 66-132 du 17 avril 1966149.
Ces moyens permettaient aussi aux personnes des services
centraux des départements ministériels d'établir une
liaison avec leurs services extérieurs à l'intérieur du
territoire
Parmi les collaborateurs des ministres, seuls les conseillers
étaient dotés de véhicules de fonction par ce
décret de 1962.
Mais, rapidement, ils perdaient ce privilège à la
suite des remaniements apportés par le décret n° 66-132
mentionné précédemment.
146 M. Assimiou, entretien du 19 / 10 /2010 dans son bureau au
Garage central administratif.
147 ANT-Lomé, 2 APA Cercle d'Atakpamé, dossier
n° 140, tournée d'inspection du Ministre de la santé et de
quelques membres du gouvernement, circulaire a / s déplacements des
Ministres, 1960.
148 JOT du 16 mai 1962, décret n° 62- 75 du 4 mai
1962 réglementant l'utilisation des véhicules administratifs
ainsi que l'octroi des indemnités pour l'achat de véhicule, op.
cit., pp. 292-294.
149 JOT du 31 août 1966, décret n° 66-132 du 17
août 1966 réglementant l'usage des véhicules administratifs
ainsi que l'octroi d'indemnités compensatoires, pp. 13-15.
Dans le cadre des relations de coopération qui lient le
Togo à l'extérieur, les Ministères recevaient l'appui des
partenaires dans leurs secteurs d'activités. Pour effectuer des visites
et sorties sur le terrain, ils s'attachaient le service des véhicules
administratifs pour le transport des délégations. En effet, une
mission agricole de la République de Chine en visite au Togo et
composée de cinq membres, accompagnée de deux
représentants du Ministère de l'agriculture, a effectué
une tournée de travail à travers le territoire, du Sud au Nord,
du 11 au 21 novembre 1960150 avec les automobiles
administratives.
Les besoins de déplacement des Ministères sont
énormes, raison pour laquelle chaque année, il leur était
affecté des véhicules.
Ainsi, par exemple en 1975, 3 voitures reçues de
l'UNICEF le 16 juin, ont été affectées au Ministère
de la santé publique151.
En clair, les véhicules de l'Etat ont beaucoup servi au
déploiement des structures de l'administration centrale togolaise, la
Primature puis la Présidence de la République et les
départements ministériels dont l'un a la responsabilité de
l'administration du territoire national.
2- Le déploiement de l'administration
territoriale
L'organisation et la gestion de l'Administration du territoire
togolais étaient confiées au Ministère de
l'Intérieur. Il avait sous sa tutelle des collectivités
territoriales qui étaient dotées de moyens de transport
automobile.
2.1- L'administration centrale
Le Ministère de l'Intérieur est «
chargé de l'administration générale du territoire
ainsi que la mise oeuvre de l'orientation administrative et territoriale
conformément aux lois et règles en vigueur
»152. Il est l'autorité centrale de l'administration du
territoire. Il représente, selon Agbodjan (1987 : 66), le pouvoir
central, le gouvernement, centre de décision et d'orientation politique
de l'Administration et veille à la mise en oeuvre dans les
circonscriptions, de la politique intérieure déterminée
par le Chef de l'Etat. Tout comme les autres Ministres, celui de
l'intérieur disposait des véhicules de commandement pour
150 ANT-Lomé, 2 APA Cercle d'Atakpamé, dossier
n° 140, tournée d'inspection du ministre de la santé et de
quelques membres du gouvernement, circulaire a / s déplacements des
ministres, 1960.
151 Registre d'immatriculation du Garage central administratif,
n° 31.
152 JOT du 16 juin 1967, décret n° 67 /114 du 18 mai
1967 portant attribution du Ministère de l'Intérieur et
réorganisation du Ministère de l'Intérieur, pp.
285-286.
l'exécution de sa mission qui imposait des
déplacements aussi bien à Lomé qu'à
l'intérieur du pays.
Comme nous l'avons souligné précédemment,
chaque année, tous les Ministères avaient des crédits
d'achat de matériels roulants routiers pour assurer leurs besoins de
transport. Le Ministère de l'Intérieur dotait alors les
différentes structures qui le composaient de moyens de transport
automobile. Il s'agit du Cabinet, du Secrétariat général,
de la Direction de la police et de la sûreté nationale, et du
Corps des gardiens de circonscription153. Ces sections se partagent
les affaires inhérentes à la politique, aux élections, aux
cultes et aux associations, à l'état des personnes, à
l'administration pénitentiaire et à la police
générale.
Les véhicules mis à la disposition de chacune de
ses structures ou qu'elles ont réquisitionnés auprès du
Garage central, leur permettaient d'assurer leurs missions respectives
nécessitant des moyens de transport.
Aussi, le personnel en charge des collectivités locales
(régions, circonscriptions, postes administratifs et communes) devait
s'y rendre pour des missions de services.
De même, la Direction de la police et de la
sécurité nationale disposait des automobiles devant permettre
à ses agents de circuler et de maintenir la sécurité sur
toute l'étendue du territoire national grâce à ses
différents postes annexes. Elle figurait parmi les services que l'Etat a
dotés de véhicules utilitaires (camions et camionnettes) en
permanence à Lomé depuis 1962 à travers une disposition
décrétale154. Dans la foulée, le même
décret mettait désormais à la disposition du Directeur de
la sûreté et des Commissaires, tout comme les Commandants de la
Gendarmerie et de la Garde togolaise, des véhicules de fonction pour
leurs déplacements d'intérêt public.
2.2- Les collectivités locales
Le territoire togolais indépendant est structuré
en 1960, en unités territoriales placées sous la tutelle du
Ministère de l'Intérieur. Elles fonctionnaient à base des
moyens, dont les automobiles mis à leur disposition par l'Etat ou
qu'elles ont acquis sur leur propre budget.
153 JOT du 16 juin 1967, décret n° 67 /114 du 18 mai
1967 portant attribution du Ministère de l'Intérieur et
réorganisation du Ministère de l'Intérieur, op. cit., pp.
285-286.
154 Ibidem.
-La région
La réorganisation administrative du Togo
indépendant en 1960 par la loi n° 60-4 du 10
février155 accoucha de quatre Régions (Maritime, des
Plateaux, Centrale et des Savanes). Il s'agit là d'une touche des
nouvelles autorités ayant la compétence de la gestion du pays.
Chacune de ses structures territoriales était contrôlées
par un Inspecteur. Les attributions des quatre inspecteurs de région
étaient fixées par le décret n° 60-37 du 7 mars
1960156.
Ainsi, ils étaient chargés de contrôler le
fonctionnement et la gestion des services techniques et financiers des
circonscriptions et des communes dans les limites de leurs divisions
territoriales respectives. Ils étaient à ce titre, les
représentants directs de chacun des ministres dans leurs régions.
Ils pouvaient en outre, être chargés d'enquêtes et de
missions. L'énormité de leurs tâches sur des zones
géographiques étendues amena l'Etat à leur donner en
affectation permanente à partir de 1962 des véhicules de
fonction157. Ils effectuaient, comme l'exigeaient leur cahier de
charge, des tournées dans leurs régions pour contrôler les
activités des services administratifs et des organes territoriaux
(circonscriptions et postes administratifs) qui étaient sous leur
tutelle. Il arrivait que ceux-ci, en cas de besoins, s'attachent le service des
véhicules dont disposaient les Inspections de région.
En effet, le Chef de circonscription d'Atakpamé a
réquisitionné l'automobile d'immatriculation RT. 0829-A de
l'Inspection d'Atakpamé en début de l'année 1965, au
moment où la sienne était en panne158.
-Les circonscriptions et postes
administratifs
Dans les derniers mois précédant
l'indépendance du Togo le 27 avril 1960, le Gouvernement décida
de rebaptiser les unités territoriales du Togo.
Ainsi, les appellations de cercle et de subdivision datant de
la période coloniale française furent respectivement
replacées par les dénominations de circonscription et poste
administratif par la loi du 10 février 1960. On comptait
désormais, dix-sept circonscriptions
155 JOT du 1er mars 1960, loi n° 60-4 du 10
février portant réorganisation administrative de la
République du Togo, pp. 159-160.
156 JOT du 1er avril 1960, décret n° 60-37
du 7 mars 1960 fixant les conditions de nomination et les attributions des
Inspecteurs de régions et de Chefs de circonscriptions, pp. 243-244.
157 JOT du 16 mai 1962, décret n° 62- 75 du 4 mai
1962 réglementant l'utilisation des véhicules administratifs
ainsi que l'octroi des indemnités pour l'achat de véhicule, op.
cit., pp. 292-294.
158 ANT-Lomé, 2 APA Atakpamé add., dossier 109,
retrait de permis de conduire, immatriculation des véhicules et engins
routiers, fixation, le nombre de plaques CC et CC à attribuer aux
véhicules automobiles des Ambassades et Consulats, réglementation
de circulation, location du carburant et lubrifiant, 1947-1964.
au Togo. Lors de la Conférence des Commandants de cercle
et chefs de circonscription en août 1958, il était
décidé d'accorder une décentralisation en faveur des
circonscriptions159.
En effet, le chef de circonscription devenait le conseiller
technique et le contrôleur financier dans cette unité
gérée par les populations elles-mêmes. Cette
décentralisation aurait été limitée par les
attributions des Comandants de cercles (exécution de la politique
définie par le Gouvernement) qui étaient dévolues au chef
de circonscription à partir de 1960 avec la renomination des
unités administratives. Les déplacements que faisaient les Chefs
de circonscription160 dans le cadre de leurs missions étaient
assurés par les véhicules de fonctions mis à leur
disposition à partir de 1962 sur décret
présidentiel161. Tous ceux qui étaient nommés
à ce poste en recevaient pour leurs tournées et missions. En
matière de transport, ils étaient habiletés à
recevoir et à autoriser les demandes de réquisition de moyens de
transport automobile ou ferroviaire administratifs y compris même celles
de la SGGG, dans les limites de leurs unités géographiques
respectives. En témoigne une avalanche de demandes adressées aux
Chefs de circonscription d'Atakpamé et les feuilles de
déplacements établies dans les années
1960162.
Chacune de ces structures territoriales avait son budget sur
lequel elle opérait ses dépenses de déplacement. Il
était décidé à la Conférence des Commandants
de cercle et Chefs de circonscription du 8 septembre 1959 et dirigée par
le premier ministre Olympio, d'accorder des indemnités de
déplacement aux membres du comité exécutif (élus)
des circonscriptions du territoire togolais163. Certaines
circonscriptions, du fait de leur étendue ou importance, étaient
renforcées par des postes administratifs dirigés par des Chefs.
Ceux-ci jouaient le rôle de Chef de circonscription dans leurs
unités.
Les Chefs de postes administratifs étaient eux aussi
dotés de véhicules de fonctions depuis 1962 comme leurs
supérieurs hiérarchiques immédiats. Représentants
l'Etat, ils devaient veiller à l'application des décisions et
mesures du gouvernement, surveiller les différents services à
travers des tournées et visites de travail dans le ressort de leurs
collectivités respectives.
159ANT-Lomé, 2 APA cercle d'Atakpamé,
dossier 195, procès verbal de la conférence des commandants de
cercle et des chefs de circonscription, 1959.
160 En circulation routière dans leurs unités
administratives respectives, les Chefs de circonscription faisaient flotter le
drapeau national placé au devant de leur automobile, ce qui
n'était pas permis aux Chefs de postes administratifs, M. Assimiou,
entretien du 19/ 10/ 2010 dans son bureau au Garage central administratif.
161JOT du 16 mai 1962, décret n° 62- 75 du
4 mai 1962 réglementant l'utilisation des véhicules
administratifs ainsi que l'octroi des indemnités pour l'achat de
véhicule, op. cit., pp. 292-294.
162 ANT-Lomé, 2 APA cercle d'Atakpamé, dossier 188,
demandes de réquisition de transport adressées au Chef de
circonscription, 1962-1969.
163ANT-Lomé, 2 APA cercle d'Atakpamé,
dossier 195, procès verbal de la conférence des commandants de
cercle et des chefs de circonscription, 1959.
A chaque poste administratif étaient accordés
des crédits annuels de fonctionnement et de maintenance des
véhicules assurant la mobilité de ses biens et de ses agents de
service. En exemple, de 1963 à 1965, le poste administratif de
Kévé était doté sur son budget pour effectuer ces
dépenses, d'un crédit total de 340 000 F CFA soit 120 000 F CFA
en 1963, 120 000 F CFA en 1964 et 100 000 F CFA en 1964. Quant à sa
ligne budgétaire en matière de déplacement, elle
était, pour ces trois ans, respectivement de 60 000; 48 000 et 55 000 F
CFA164.
Les Chefs de circonscription et les Chefs de postes
administratifs pouvaient utiliser leurs véhicules privés pour les
besoins de service contre des indemnités, à condition de renoncer
à leurs automobiles de fonction conformément aux dispositions de
l'article 7 du décret n° 62-75 du 4 mai qui les en avait
doté. La situation est loin d'être la même au niveau des
collectivités essentiellement urbaines.
-Les communes
Depuis l'époque coloniale mandataire, il existait des
communes au Togo. Contrairement aux autres collectivités, elles
n'avaient pas connu de changement d'appellation. Elles étaient
administrativement dirigées par un Conseil élu. Elles disposaient
de leur propre budget annuel sur lequel étaient effectuées leurs
dépenses y compris celles de transport.
Ainsi, les communes payaient des véhicules pour le
transport de leur personnel et pour désengorger les villes des ordures
ménagères, donc pour assurer la voirie.
Elles menaient d'autres initiatives liées au trafic
routier. Dans cette logique, le Conseil municipal de la plus importante des
communes du Togo, commune de Lomé, avait-il créé le 22
octobre 1960, par délibération n° 12, la Régie
municipale des transports urbains (RMTU) Losso (2008 : 125). A en croire cette
auteure, cette société publique de transport était souvent
réquisitionnée par l'Administration lors des manifestations
officielles, alors qu'elle devait assurer exclusivement le transport quotidien
des citadins. Ce détournement de la RMTU de son champ d'action a
contribué à sa dissolution en 1982, pour inefficacité.
Contrairement aux régions, circonscriptions et postes
administratifs, les communes prenaient en charge presque entièrement le
transport lié à leur fonctionnement.
164 ANT-Lomé, 2 APA cercle de Tsevié, dossier
n°42 : poste administratif de Kewé, canton de l'Awé,
problème de chefferie dans les villages,...,1958-1966.
Les véhicules ont joué un rôle
déterminant dans la bonne marche de l'administration territoriale au
Togo indépendant, assurée par le Ministère de
l'Intérieur, département de tutelle des collectivités
"décentralisées". Qu'elle soit effective ou théorique, la
décentralisation doit être accompagnée de la
déconcentration des services pour une gestion ou administration de
proximité.
3- Le transport dans les services techniques
déconcentrés
Sur le territoire togolais indépendant opéraient
des services aux actions diversifiées appartenant à l'Etat ou aux
institutions internationales.
3.1- Les services et sociétés
étatiques ou parapublics
Si l'on peut gouverner de loin, on ne peut efficacement
administrer que de près. C'est pourquoi, il est plus qu'impératif
pour les nouvelles autorités en charge du Togo indépendant
d'assouplir la centralisation par le système de déconcentration
pour une bonne gestion du territoire. Selon O. Barrot, c'est « le
même marteau qui frappe mais un marteau dont on a raccourci la distance.
», cité par Agbodjan (1987 : 74). Le manque ou l'insuffisance
de déconcentration entraîne forcement la lourdeur du
fonctionnement de l'Administration car, les gouvernants sont
éloignés des administrés et les actions seront
nonchalantes. Prenant la mesure de la chose, le Gouvernement togolais a
implanté dans les collectivités secondaires, des services
techniques et des sociétés publiques ou para administratives, qui
constituent les services extérieurs des services centraux des divers
départements ministériels. Ils sont dotés de moyens
humains et de matériels de travail. Parmi ces derniers, une place
confortable est réservée aux véhicules pour les
déplacements de service.
Les services techniques disposent des crédits d'achat
et de maintenance des moyens de déplacement par le truchement du budget
de leurs Ministères de tutelle respectifs. Ces derniers
acquièrent, chaque année, des matériels roulants avec
l'approbation du Ministère de l'économie et l'implication du
Garage central, et qui sont affectés aux services nécessiteux,
nous dit M. Assimiou165. Les registres d'immatriculation du Garage
central précisant les lieux d'affectation des véhicules
confirment ses propos.
En effet, à titre illustratif, trois voitures Peugeot
acquis le 16 juin 1975, ont été affectées, sous le couvert
du Ministère de la santé, au Centre de santé primaire de
Kandé166.
165 Mamadou Assimiou, entretien du 07/ 05/ 2010 dans son bureau
au Garage central administratif.
166 Registre d'immatriculation du Garage central administratif,
n° 31.
Déjà en 1962, à travers le décret
n° 62-75 du 4 mai, l'Etat a pris des dispositions pour réglementer
l'usage de ses matériels roulants routiers167. L'annexe II
dudit décret, établit la liste des services et
établissements de Lomé ayant en affection permanente des
véhicules utilitaires (camions et camionnettes). Il s'agit de
l'Assemblée nationale, du Cabinet de la Présidence de la
République, des Services de la Justice, de la Sûreté, des
postes et télécommunication, des douanes, topographiques, du
Garage central administratif, de l'élevage, des eaux et forêts, de
l'enseignement, des Travaux publics, de la Direction du CFT, des affaires
sociales, d'information, de la radiodiffusion, de santé, de
météorologie et aéronautique civile.
Ces engins dont ils disposaient en permanence, leur
permettaient d'effectuer leurs opérations de transport de service. Par
la même disposition officielle, l'Etat mit à la disposition des
représentants dans les circonscriptions des services centraux, des
véhicules de fonction, ainsi que des Commissaires de police du Togo,
pour les déplacements de service. Au rang de ces représentants,
retrouve-t-on des responsables de sociétés publiques et services
parapublics. Les premières ont un caractère industriel ou
lucratif et font rentrer des fonds importants à l'Etat. Il s'agit entre
autres de la CEET, du Port autonome de Lomé (inauguré en 1967),
de la Régie nationale des eaux du Togo (RNET), de l'EDITOGO, de l'OPTT,
de la Loterie nationale togolaise (LONATO) et de TOGOGRAIN. Les seconds ont la
particularité d'être créés sur une initiative
conjointe de l'Etat et d'autres nations ou institutions internationales et sont
souvent des structures d'encadrement rural (SPAR, SORAD, SRCC, etc.). Dans tous
les cas, ils étaient aussi dotés de crédits de
fonctionnement sur le budget des Ministères auxquels ils appartenaient.
Ils acquéraient aussi sur leur budget, des véhicules pour le
transport de leur personnel et de leurs matériels et produit d'un point
à un autre du territoire. Ils en recevaient aussi sur don ou à
travers des projets des organismes internationaux. Sur les 20 véhicules
au total que possédait la SORAD des plateaux le 19 septembre 1969, 5
étaient payés sur son propre budget et six lui étaient
donnés par le projet FED168.
Toutefois, il faut signaler que nombre de ces services et
sociétés, par rapport à leurs zones d'intervention,
étaient limités par le niveau d'enclavement de certaines
localités par faute de réseau routier fiable dans les plateaux et
surtout dans le Nord du Togo jusqu'aux années 1970 au moins. Il en
résulte alors une défaillance prononcée dans la
couverture
167 JOT du 4 mai 1962,op. cit., pp. 392-394.
168 ANT-Lomé, 2 APA Atakpamé- add., dossier 109,
retrait de permis de conduire, immatriculation des véhicules et engins
routiers, fixation, le nombre de plaques CC et CC à attribuer aux
véhicules automobiles des ambassades et consulats, réglementation
de circulation, location du carburant et lubrifiant, 1947-1964.
gouvernementale dans ces régions par manque ou
insuffisance d'infrastructures socio- collectives et de structures
d'encadrement rural.
Ainsi, Tiwomé (2009) disait qu'en raison de
«...l'enclavement des localités de la zone FED/ savane à
cause du manque d'infrastructures, l'encadrement administratif était
faible dans la zone...Il ne permettait pas de recevoir les impulsions
gouvernementales devant favoriser sa réelle participation au
développement national...». Cet état de fait constitue,
selon lui, «...un handicap sérieux à la facilité
de circulation des encadreurs agricoles. Ce qui ne permet pas d'atteindre les
villages et hameaux au bon moment pour prodiguer des conseils aux
exploitants...». Les paysans étaient alors mal encadrés
et étaient presque laissés à eux mêmes dans cette
région enclavée. Plus loin, il écrivait que
«...ce n'est qu'à de rares occasions que les véhicules
d'encadrement rural comme la BDA, la SORAD y arrivaient pour des
tournées pour le ramassage des produits agricoles stockés dans
les magasins GAP... ». Cela ne surprend guère dans ce sens que
plus tôt, l'auteur disait : «...des renseignements relatifs aux
transports dans la région de Tone recueillis en 1984, par les services
techniques de la place montrent que par semaine, entre 0 et 1 véhicule
arrive à Warkambou et entre 1 et 2 véhicule (s) à Nano
à partir de la ville de Dapaong ». La statistique ne
précise pas que ce petit nombre de véhicule arrivant
hebdomadairement dans cette région appartenait aux privés ou
à l'Administration. Si Tiwomé affirmait
précédemment que rarement les automobiles étatiques y
arrivaient, il va sans dire que dans certaines semaines les populations de
cette région ne voyaient pas le moindre véhicule administratif,
même des ONG.
3. 2- Les organismes internationaux
La décolonisation fut l'un des facteurs ayant
intensifié les relations internationales dans ce sens que les nouveaux
Etats indépendants agissent sur le plan international non plus à
travers leurs métropoles mais directement, avec les institutions et les
autres Etats. Leur premier réflexe après l'accession à la
souveraineté, est d'adhérer à l'Organisation des nations
unies (ONU) pour faire reconnaître leur nouveau statut.
Ainsi, après son indépendance le 27 avril 1960,
le Togo intégra t-il, le 20 septembre de la même année,
l'ONU. La voie fut alors balisée pour intégrer ces structures
spécialisées à savoir l'UNESCO, l'UNICEF, le PAM et l'OMS.
Celles-ci devenaient alors opérationnelles au Togo. Grâce aux
divers moyens y compris ceux roulants routiers qu'elles disposaient,
appuyaient-elles le Gouvernement togolais dans ses actions à travers des
projets. Une
camionnette acquise le 5 décembre 1974 et
immatriculée dans le compte de PNUD-Togo, était affectée
au PNUD - projet d'assistance à l'ODEF.
Les moyens de déplacement permettaient de convoyer les
matériels nécessaires pour la réalisation de leurs actions
et de faire circuler le personnel au service de ces institutions dans le cadre
de leur mission de développement et humanitaire.
En dehors de ces structures de l'ONU, d'autres comme celles de
l'Union européenne intervenaient aux cotés de l'Etat togolais en
finançant aussi des projets. Elles avaient des moyens de
déplacement routiers qui facilitaient leurs tournées et missions
de visite pour constater l'effectivité des activités de leurs
projets.
Au terme des projets, les matériels roulants
intégraient le patrimoine de l'Etat comme nous l'avons souligné
précédemment.
Mais, signalons que tout comme au niveau de services
étatiques, la mobilité du personnel et des biens des institutions
internationales à bord d'automobile était limitée par
l'insuffisance de désenclavement avant les années 1980.
En substance, les véhicules permettant d'assurer une
liaison plus ou moins rapide entre différents points
géographiques ont été d'un grand apport au fonctionnement
de l'administration centrale, des collectivités territoriales et des
institutions étatiques ou non. Cependant, la circulation automobile est
limitée sur le territoire togolais pour les raisons
évoquées précédemment.
De la veille de l'indépendance au début du
troisième plan quinquennal, les équipements de transport routier
ont connu deux phases. La première, allant de 1958 à 1966,
était caractérisée par une crise du fait du contexte
socioéconomique et politique défavorable. La seconde, qui va de
1966 à 1976, était marquée par un essor du trafic
automobile grâce aux deux premiers plans quinquennaux.
En effet, le réseau routier s'était
amélioré avec 7 170 km en 1976. Cette amélioration a eu
pour corollaire, l'évolution sensible, sans précédent, du
parc automobile togolais avec environ 19 990 véhicules
immatriculés entre 1967 et 1976. Les services de transport disposaient
donc, plus que par le passé, de moyens matériels pour mener
à bien leurs activités. Le trafic automobile administratif
était assuré à la fois par des sociétés
privées et par les structures étatiques. Ainsi, la SGGG, une
société privée ayant survécu au terme de la
colonisation, assurait-elle comme par le passé, le transport du
personnel et des matériels et
courriers de l'Administration dans le Nord-Togo en
correspondance du chemin de fer central, Lomé-Blitta. De son
côté, le Garage central administratif continuait de gérer
le parc automobile de l'Etat, de l'acquisition des matériels roulants
jusqu'à leur reforme. Il mettait à la disposition des services
publics et parapublics, temporairement des véhicules pour leurs missions
et inspections et leur en affectait pour les besoins de service
général.
Ces moyens de transport ont contribué à tourner
l'appareil administratif togolais. En effet, ils ont permis aux institutions de
l'administration centrale de l'Etat (la Primature puis la Présidence
à partir de 1961 et les Ministères) d'assurer des
déplacements de leur personnel et de convoyer leurs biens dans le cadre
de leurs attributions. Ses agents joignaient par les véhicules leurs
services techniques déconcentrés, unités de tutelle et
structures décentralisées (régions, circonscriptions,
poste administratifs et communes). Les services et les collectivités
s'attachaient les services des véhicules pour accomplir aussi les
missions qui leurs étaient assignées.
Toutefois, il faut signaler que la circulation automobile
administrative était limitée sur le territoire par manque de
fiabilité du réseau routier par endroit jusqu'aux années
1970 enclavant ainsi certaines régions. Celles-ci restaient en marge des
encadrements et des impulsions réguliers de l'Etat.
QUATRIEME CHAPITRE
DE LA REIMMATRICULATION DES VEHICULES DE L'ETAT A
LA DETERIORATION DU PARC AUTOMOBILE ADMINISTRATIF
(1976-1992)
Le développement socioéconomique du territoire
togolais a toujours été le défi prioritaire des plus
hautes autorités depuis son accession à la souveraineté
internationale. Elles ont élaboré à partir de 1966, un
programme de développement à travers quatre plans quinquennaux
pour déboucher sur le décollage économique du territoire
à l'horizon 1985. Par ses exigences, cette noble ambition a permis de
développer pendant les deux premiers plans, le transport routier
togolais en infrastructures et en matériels roulants. Les
véhicules, dont le nombre ne cesse de croître, ont
contribué à la gestion du territoire par les autorités
administratives. Les projets pour ce transport étaient encore nobles
dès le troisième plan (1976-1980).
Tout porte à croire que l'Etat misait encore sur le
trafic automobile pour faire tourner son système administratif sur le
territoire togolais. Les véhicules administratifs, soumis à un
nouveau système de gestion en matière d'immatriculation à
partir de 1976, devaient servir de moyens de transport au personnel et aux
biens des pouvoirs publics dans le cadre de leurs missions
d'intérêt public. Le transport automobile administratif togolais,
tout comme les autres secteurs du pays, a traversé les dures
péripéties incontournables du Programme d'ajustement structurel
(PAS) à partir des années 1980 et des crises multiformes qui ont
eu cours au Togo dans les années 1990. Devant de telles situations, il
est opportun de se poser la question : En quoi les véhicules de l'Etat
ont-ils joué leur rôle de transport dans le cadre du
fonctionnement des services administratifs au Togo de 1976 à 1992?
Pour répondre à cette interrogation, il
s'avère nécessaire dans ce chapitre, de s'intéresser
d'abord aux équipements et structures de gestion du transport
automobile, avant d'analyser la contribution des véhicules au
fonctionnement administratif pendant cette période, tout en ressortant
l'impact des efforts entrepris par le Togo pour corriger les
déséquilibres macroéconomiques sur le secteur
administratif et le trafic automobile y afférent.
I- La situation du trafic automobile togolais en
matière d'équipements et de gestion du début du
troisième plan quinquennal à 1992
S'imposant comme préalable à tout
développement, tant socioéconomique qu'administratif, les
équipements de transport routier (infrastructures et matériels
roulants) s'étaient frayés un chemin dans la politique
économique indépendantiste des autorités togolaises.
Sortis grandis des deux premiers plans quinquennaux, ils devaient être
soutenus et propulser dans cette dynamique par le troisième et
être gérés efficacement afin d'offrir à
l'Administration des voies et moyens de transport au beau fixe en vue d'une
bonne gestion territoriale du Togo.
1- Les équipements routiers, instruments
indispensables pour un meilleur développement administratif
Un réseau routier bien développé et un
parc automobile en point sont une arme acquise à la faveur du
développement intérieur d'un territoire aussi bien sur les plans
socio- économique qu'administratif. C'est donc pour ces mobiles que
l'Etat togolais a consacré de gros efforts pour ce secteur
déjà en progression, avec le soutien des partenaires
étrangers, à partir du troisième plan quinquennal.
1.1- Les régions mal équipées en
réseau routier et d'accès difficile pour les véhicules,
cibles des financements de réfection et de désenclavement
Il est quasiment impossible sinon pénible aux services
administratifs ou tout autre structures d'accéder à une
région pour y opérer si celle-ci est mal desservie par des voies
carrossables. Au Togo, dans la deuxième moitié des années
1970, nombre de localités étaient encore enclavées par
faute de routes. D'autres avaient un réseau routier déplorable.
Cet état de chose y raréfiait ou limitait les actions de
l'Administration et des Organisations non gouvernementales (ONG).
C'est dans le souci de rendre aisée la circulation
automobile dans le territoire togolais en vue de son développement
harmonieux que l'Etat, soutenu par des partenaires extérieurs comme la
Banque mondiale (BM) et la Communauté économique
européenne (CEE), a procédé au renforcement des routes et
au désenclavement des régions.
A la fin du troisième plan (1976-1980), le
réseau routier du territoire togolais était de 7 850 km repartis
en routes d'Etat (2 750 km : 1 500 km bitumés et 1250 km de routes en
terre), en routes de circonscription (5 100 km) Tsigbé
(2005 : 110), soit : 680 km de routes construites entre 1976 et 1980.
Ainsi, beaucoup de pistes rurales étaient donc
édifiées dans plusieurs zones grâce à l'action
ponctuelle des organes agricoles. Ceux-ci avaient intérêt car, le
transport de leurs produits en dépendait. La SRCC s'était
illustrée dans l'Ouest de la Région des Plateaux avec 195 km de
pistes construits entre 1974 et 1980, la SORAD169 dans la
Région Centrale (Tsigbé 2009 : 358), etc.
Les actions s'étaient poursuivies dans le quatrième
plan quinquennal (1981-1985).
En effet, dès le début des années 1980,
la SOTOCO a fait la promotion de 498 km de pistes rurales dans les
Régions des Plateaux (223 km), Centrale (83 km), de la Kara (133 km) et
des Savanes (60 km) (Tsigbé 2009 : 358-359)170. Pendant ce
même temps, la Communauté européenne venant en soutien
à l'Etat dans le domaine, multipliait ses activités. Ainsi, la
région FED/ Savane, a-t-elle connu la construction et la
réfection de 3 337,3 km de pistes entre 1980 et 1994 grâce au
projet FED (Tiwone 2009 : 10) rendant effectif le désenclavement de
ladite région jadis fermée à l'impulsion
gouvernementale.
A la veille des crises multicolores des années 1990, le
réseau routier togolais comprenait environ 1 600 km de routes
revêtues, 2600 km de routes non revêtues et 500 km de pistes
rurales (Tsigbé 2009)171.
Il était arrivé à un niveau de
développement satisfaisant, avec le désenclavement acceptable de
plusieurs régions. L'essentiel était donc fait en matière
d'infrastructures routières, pour permettre aux pouvoirs publics et aux
ONG de mieux se déployer sur quasiment toute l'étendue du
territoire national togolais. Leurs divers services pouvaient désormais
atteindre par le transport à bord d'automobile, plusieurs
contrées et mener des actions administratives, humanitaires et
économiques.
L'essor du réseau routier entraîna
l'élargissement du patrimoine automobile du Togo.
1.2- L'état du parc automobile togolais
Au Togo, comme partout ailleurs, l'évolution sensible
du réseau routier s'était toujours accompagnée d'un
accroissement flagrant du parc automobile. Lancé sur une bonne dynamique
par les deux premiers plans quinquennaux (1966-1975), il a été
consacré par plusieurs facteurs à partir du troisième plan
(1976-1980). Une telle progression s'explique
169 La SORAD est devenue de nos jours la Direction
régionale du développement rural (DRDR).
170 Citant Lucien Brun et Pillet-Schwartz.
171 Citant Talla (1998 : 478).
pour l'essentiel, par la place de choix accordée au trafic
routier dans les programmes de développement élaboré par
les autorités togolaises.
Ainsi, l'édification et la réfection des routes,
la construction des bâtiments administratifs et des équipements
socio collectifs (centres de santé, établissements scolaires, les
projets de développement agricole, etc.) entre autres,
nécessitaient des matériels roulants de transport routier. Le
parc automobile administratif n'en demandait pas mieux pour s'agrandir. Les
véhicules étaient acquis soit sur financement de l'Etat, soit des
partenaires externes. Cette évolution explique en grande partie la
décision de l'Etat de procéder à la
réimmatriculation de ses automobiles en 1976 pour éviter donc une
répétition des données d'identification.
La situation des immatriculations des véhicules
automobiles toutes catégories confondue au Togo de la deuxième
moitié des années 1970 à la fin des années 1990
figure dans le tableau n° 8172.
En fait, ces chiffres ne traduisent pas fidèlement
l'état du parc automobile opérant sur le territoire togolais en
raison des retraits, des changements de classification et d'immatriculations
qui n'étaient pas souvent signalés, et du refus
d'enregistrement173. En revanche, ils peuvent servir de base
d'analyse valable. A en croire les données du tableau n° 8, le parc
automobile togolais n'a pas connu une tendance régulière.
En effet, celui des pouvoirs publics a connu un essor
considérable avant 1981, soit dans le troisième plan quinquennal
ayant mobilisé l'achat de beaucoup de matériels roulants pour la
réalisation des projets de relance économique.
Ainsi, 2 164 véhicules automobiles administratifs
avaient été immatriculés entre 1976 et 1980 avec un record
jamais égalé de 560 immatriculations en 1977. Au même
moment, le nombre de matériels roulants privés augmentait. Cet
essor imprima un rythme croissant à l'ensemble du patrimoine automobile
du Togo avec un total de 17 518 véhicules immatriculés de 1976
à 1980. L'évolution fulgurante des engins privés est en
partie due à l'octroi des crédits d'achat de véhicules par
la Société togolaise de crédit d'automobile ( STOCA)
créée en avril 1963 avec un compte initial de 15 000 000 de F CFA
et dont les activités atteignaient un haut niveau en 1977. Elle a
financé en cette année, 23 % des véhicules achetés
au Togo, soit 7 000 véhicules sur environ 3 000174.
172 Voir page 107.
173 Notons aussi qu'à partir des années 1990, avec
les crises, certains services ne faisaient plus immatriculer leurs
véhicules dans la série administrative.
174 Togo-dialogue, Mensuel du Golf du Bénin, n° 32,
septembre1978, p. 15, in Tsigbé (2009 : 369).
Tableau n° 8 : Etat des immatriculations des
automobiles au Togo de 1975 à 1998
Années
|
Véhicules automobiles de
l'Etat
|
Automobiles totales (privées et
étatiques)
|
1975
|
284 175
|
2295
|
1976
|
450
|
2841
|
1977
|
560
|
3419
|
1978
|
386
|
3923
|
1979
|
348
|
3644
|
1980
|
428
|
3691
|
1981
|
270
|
3964
|
1982
|
249
|
3834
|
1983
|
152
|
3430
|
1984
|
418
|
3325
|
1985
|
342
|
4094
|
1986
|
418
|
4378
|
1987
|
131
|
4220
|
1988
|
298
|
4164
|
1989
|
246
|
5336
|
1990
|
217
|
5493
|
1991
|
363
|
5636
|
1992
|
281
|
3371
|
1993
|
79
|
4239
|
1994
|
74
|
7957
|
1995
|
145
|
8174
|
1996
|
207
|
9914
|
1997
|
166
|
10072
|
1998
|
221
|
11004
|
Sources : Gbamehossou à partir des sources
d'immatriculation des automobiles administratives du Garage
central administratif et des informations tirées de
Tsigbé (2005 : 143) concernant les automobiles totales.
175 Ce chiffre est trop bas, il devait certainement augmenter,
avec peut-être celui de 1976, si nous avions retrouvé les
registres d'immatriculation des véhicules de l'Etat togolais des
années précédentes car, avant 1986, les enregistrements ne
respectaient pas rigoureusement la chronologie. Les interférences
étaient fréquentes même plus d'une fois avec les engins
à deux roues à moteur.
Pour cette raison, nous avons procédé à
un décompte de ces automobiles, unité par unité, registre
par registre, année par année pour avoir les chiffres qui se
trouvent dans la deuxième colonne de notre tableau (automobiles de
l'Etat). Cependant, il n'est totalement pas exclu que de petites erreurs se
soient glissées lors du décompte.
Cette augmentation sensible des véhicules
immatriculés s'explique aussi par l'afflux des voitures d'occasion moins
coûteuses (Videha 2003). Elle n'était plus jamais estompée
même avec la crise des années 1990, comme le montrent les
données du tableau n° 8.
La tendance est loin d'être la même au niveau des
automobiles administratives. Cellesci, dépendant très largement
des finances publiques, avaient sans doute subies la loi de la crise
pétrolière de 1979-1980 aux conséquences multiples, dont
l'insuffisance chronique des financements avec le PAS.
En effet, de 1 428 véhicules immatriculés en
1980, on est descendu à 270 en 1981 puis à 152 en 1983. Une nette
amélioration est constatée entre 1984 et 1986. Pendant cette
dernière année, le nombre de matériels roulants routiers
catalogués atteignait 418. Le 13ème Sommet
France-Afrique organisé par le Togo du 13 au 15 novembre 1986 en
était pour quelque chose.
Ainsi, plusieurs véhicules ont été acquis
par le Garage central pour assurer la mobilité des autorités
présentes à cette Conférence nous disait Y. S.
Balakindé176 et par la Sûreté nationale
togolaise (38 automobiles étaient affectées à la
Sûreté nationale togolaise seulement entre le 5 et le 12 novembre
1986)177.
Après cette année, ce chiffre n'était
plus jamais atteint. Les deux années qui ont suivi les crises
sociopolitiques en 1992, enregistraient les pires statistiques (respectivement
seulement 79 et 74 véhicules immatriculés dans la série
administrative). L'essor enregistré peu avant, en 1991 (363) et 1992
(281), s'explique en partie par les dons en moyens de transport offerts au Togo
par des pays amis pour assurer la sécurité lors des crises
sociopolitiques. A titre illustratif, la France a fait don de 23 Mini-Bus au
Togo affectés à la Sureté nationale
togolaise178.
Au vue des chiffres du tableau, on peut dire que d'une
façon générale, contrairement aux véhicules
privés qui n'ont cessé d'augmenter avec l'amélioration du
réseau routier, le PAS et les troubles sociopolitiques ont frappé
de plein fouet le parc automobile administratif togolais dont la gestion
était dévolue à une structure
spécialisée.
2- Cadre institutionnel de gestion du transport
administratif
La redynamisation et l'organisation du transport routier a
été un souci permanent de l'Etat. Ainsi, la section
administrative du trafic était soumise à des dispositions de
réglementation et quadrillée par des structures
étatiques.
176 Y. S. Balakindé, entretien du 19/ 04/ 2010 dans son
bureau au Garage central administratif.
177 Registre d'immatriculation du Garage central administratif, n
° 47.
178 Ils étaient acquis entre le 1er septembre
et le 16 octobre 1992.
Registre d'immatriculation du Garage central administratif, n
° 55.
2.1- Le Garage central administratif, un organe
permanent de gestion du trafic automobile étatique
Le Garage central, chargé de la gestion du patrimoine
automobile administratif et du transport y afférent à bien des
égards depuis 1926, n'a jamais cessé d'assurer cette mission
même avec l'indépendance qui ouvrit la voie à une nouvelle
gestion du territoire. Les processus de gestion sont quasiment identiques
à celle décrite précédemment.
Cependant, en 1976, avec le nombre croissant des
matériels roulants routiers des pouvoirs publics, il a dû
procéder au remaniement de son système de gestion en
matière d'immatriculation à la suite d'une disposition
officielle.
Ainsi, les véhicules appartenant à l'Etat, aux
collectivités secondaires et aux organismes publics ou parapublics
étaient, en application du décret n° 75-234 du 18
décembre 1975, immatriculés dans les séries
spéciales à partir du 1er février
1976179. Il était alors procédé à une
reimmatriculation de tous les engins préexistants concernés qui,
jusque là, ne portaient aucune spécificité par rapport aux
matériels roulants routiers privés au niveau de lettres et
chiffres d'identité180. Les véhicules des pouvoirs
publics, des collectivités secondaires et des organismes publics ou
para- publics étaient depuis lors, immatriculés en série
G. Leur numéro était composé des lettres RT, de la lettre
G181, de la série et du numéro d'identité
interne, avec un fond vert et un caractère rouge182.
Les véhicules appartenant aux Forces armées
togolaises et à la Gendarmerie nationale, étaient
immatriculés en série FAT suivie de leur numéro
d'identification interne183. Pour différencier les engins de
ces deux corps, le symbole d'une grenade est griffé sur la plaque
après le numéro de ceux de la Gendarmerie184. Quant
aux matériels roulants de transport de la Police, ils étaient
immatriculés en série SNT, suivie du numéro
d'identification185. Rappelons que pour passer inaperçu lors
des missions inopinées, les services de renseignement et d'enquête
(SNT, Gendarmerie, etc.) utilisent des véhicules immatriculés en
série ordinaire (par le Service des transports routiers).
179 JOT du 16 janvier 1976, décret n° 75-234 du 16
décembre 1975 portant reimmatriculation et utilisation des plaques
réflectorisées des véhicules automobiles et remorques, pp.
50-52.
180 A titre d'exemple, un véhicule administratif
immatriculé en RT- 5088-C a été reimmatriculé en
RTG-0435 Registre d'immatriculation du Garage central administratif, n°
31.
-Voici le numéro d'identification d'un véhicule
privé : RT 2348 A ; in JOT du 16 mai 1963, pp. 320-321.
181 RT : République togolaise.
G : Gouvernement.
182 Exemple : RTG-0435.
183 Exemple : FAT-153.
184 JOT du 16 janvier 1976, décret n° 75-234 du 16
décembre 1975 portant reimmatriculation et utilisation des plaques
réflectorisées des véhicules automobiles et remorques, pp.
50-52.
185 Exemple : SNT 0354.
L'établissement des immatriculations des
véhicules administratifs est soumis à un droit de payement au
Garage central qui commande les plaques minéralogiques de
l'étranger. Seules les automobiles affectées au parc du Garage
central sont exempts de payement, nous confiait Aklesso
Awoussa186.
Outre l'immatriculation qui n'est qu'un aspect de la gestion
des engins des pouvoirs publics, la Direction du garage central se vit
rattacher la même année (1976), par décret du
président Eyadema Gnassingbé, la section des permis de conduire
confiée depuis 1969 au Service des transports routiers187.
Ainsi, à compter du 1er octobre 1976, il
reçoit dans ses attributions, l'examen, le contrôle et
l'établissement des titres de permis de conduire nationaux et
internationaux.
Cette mission ne l'empêche pas de toujours recruter sur
concours ses chauffeurs qui devaient conduire les autorités en mission
à l'intérieur du pays. Après admission, cette structure
reformait les conducteurs188 en leurs inculquant la maîtrise
des caractéristiques et contours techniques des véhicules qui
évoluent au rythme de la technologie contemporaine.
Le Garage central connut en 1986, une réorganisation.
Elle concerne l'aspect technique et organisationnel des divisions et sections
du service, avec un partage des charges avec le rattachement de la division des
permis de conduire. Il détenait toujours le cahier de charge de la
gestion du parc automobile de l'Etat et du transport administratif.
En 1991, cette division des permis de conduire est
détachée du Garage central et confiée à nouveau au
Service des transports routiers. Ce qui signifie que chacune de ces deux
institutions gardent ses structures d'avant 1976.
Le Garage central garde le monopole d'organisation et de
gestion du trafic automobile administratif au Togo. Il entretient par endroit,
des relations avec une autre structure de transport.
2.2- La Direction du matériel de transit : quel
rôle dans le transport administratif?
Les biens de l'Etat sont inviolables et doivent faire l'objet
d'une bonne gestion. Etant de natures diverses, ils sont gérés
par différentes structures à savoir le Garage central (pour
les
186 De nos jours, ce payement s'élève à 15
000 F CFA.
A. Awoussa, entretien du 02/ 06/ 2010 dans son
bureau au Garage central administratif.
187 JOT du 1er décembre 1976, décret
n° 76-186 du 13 octobre 1976 modifiant le décret n° 69-130 du
23 juin 1969 portant création d'un Service des transports routiers, p.
620.
188 Tout comme les conducteurs des véhicules des
organismes internationaux et des corps diplomatiques, ceux des véhicules
étatiques étaient classés dans la catégorie B.
JOT, 1991, décret n° 91-88 du 29 mai 1991 relatif au
permis de conduire des véhicules automobiles.
véhicules), la Direction du contentieux (pour le
foncier, etc.), la Direction du matériel et du transit (pour les
bâtiments, les mobiliers, les fournitures de bureaux et les diverses
imprimés administratifs). Cette dernière, organisée en
1986 par le décret n° 86-111 du 5 juin, et placée sous
l'autorité du Ministère de l'économie et des finances,
possède en son sein une division des transports189. Elle
était scindée en deux sections : transit et déplacement.
La première se charge de l'import et de l'export des biens de l'Etat y
compris ses véhicules par voie terrestre et maritime.
En effet, la section transit se charge de l'enlèvement
des automobiles administratives commandées de l'étranger
directement par les Ministères, le Garage central et services au Port
autonome de Lomé (PAL) et au niveau des postes douaniers, nous disaient
Essodjélina Takoda et Agnoro Kokoloko190. Elles sont remises
à la Direction de la douane, qui se chargeait de les mettre à la
disposition de l'ayant droit pour les formalités administratives
d'immatriculation. Elles étaient exonérées de tout droit
de douane. La seconde s'occupait du transport des fonctionnaires en mission ou
en affection, des étudiants et divers groupes scolaires ou sportifs du
Togo devant se rendre à l'extérieur par voie aérienne.
Elle se charge des billets d'avion des agents administratifs.
Ainsi, en octobre 1992, était-il mis à la
disposition de cette Direction, un crédit de 10 000 000 de F CFA
imputable au budget général au profit du Ministère du plan
et de l'aménagement du territoire pour l'achat de titres de transport
devant assurer les déplacements de ses collaborateurs qui devaient
observer une mission de travail à l'étranger au cours du second
semestre 1992191.
La Direction du matériel et du transit gérait donc
le transport administratif aérien international au côté du
Garage central qui s'occupait du trafic automobile administratif.
Au reste, l'amélioration sensible du réseau
routier togolais entre le troisième plan quinquennal et la
période des crises sociopolitiques des années 1990, a
entraîné l'essor du parc automobile togolais en
général. Le patrimoine de l'Etat en matière de
matériels roulants battait de l'aile à partir de 1983 pour
finalement laisser assez de plumes avec les crises multiformes des
années 1990. La conjoncture défavorable influence longuement la
prestation des véhicules des pouvoirs publics dans le déploiement
administratif.
189 JOT du 16 septembre 1986, décret n° 86-111 du 5
juin 1986 portant organisation et attributions de la Direction du
matériel et du transit, p. 796.
190 E. Takoda et A. Kokoloko, entretien du 26 /10/2010 dans leur
bureau à la Direction du matériel et du transit.
191 JOT, 1992, décision n° 1141/ MEF/ FCS du 12
octobre 1992, p. 796.
II-La contribution du parc automobile au fonctionnement
des institutions et structures administratives au Togo (1976-1992)
Les véhicules ont toujours été depuis
l'époque coloniale française jusqu'à la fin du
deuxième plan quinquennal en 1975, un moyen de transport moderne
prioritaire pour l'Administration qui se voulait dynamique et
omniprésente sur tout le territoire togolais. C'est donc réaliste
si l'Etat compte sur ses automobiles pour continuer de faire tourner l'appareil
administratif togolais à partir du troisième plan dans la
dynamique du décollage économique à l'horizon 1985 au
moment où la crise structurelle du transport ferroviaire
n'échappe plus a aucun oeil. Dans cette logique, toutes les institutions
oeuvrant directement ou non dans l'intérêt des pouvoirs publics
politiquement monocolores ont plus que jamais besoins de matériels
roulants routiers pour assurer la circulation de leurs agents et biens.
1 - Le déploiement des structures de
l'administration centrale de L'Etat
Dans les crédits budgétaires alloués
annuellement aux institutions de l'administration centrale togolaise, une ligne
était réservée à l'achat et à la maintenance
des automobiles devant assurer le transport de leurs matériels et
personnel. Elle est composée seulement de la Présidence de la
République et des Ministères car, la Primature n'existait plus au
Togo depuis 1961192.
1.1- La Présidence de la République,
instance suprême de l'Etat
La plus haute institution de l'Etat togolais était la
Présidence. Elle avait à sa tête depuis 1967, le
général Eyadema Gnassingbé qui incarne le parti unique
(RPT) institutionnalisé en 1981.
L'instance qu'il préside est composée des
services centraux à savoir, le Cabinet, le Secrétariat et le
Cabinet militaire. Chacun d'eux a besoin de matériels roulants routiers
pour assurer la circulation de ses agents dans le cadre de ses attributions.
Ils recevaient en dotation des véhicules acquis sur le budget de la
Présidence, parfois sur le budget général ou sur dons. Ils
appartenaient donc, à cette institution.
Deux voitures Berline d'immatriculation RTG : 1990 et 1991
acquis le 5 novembre 1986 dans le cadre du 13eme Sommet
France-Afrique étaient affectées aux Présidences de
Lomé et de Kara193.
192 La Primature fut supprimée par la Constitution de 1961
transformant le régime parlementaire sorti de la colonisation en
régime présidentiel.
193 Registre d'immatriculation du Garage central administratif,
Lomé, n° 47.
En cas de besoin d'automobiles pour des missions, elle adresse
au Ministère de l'économie une demande, et qui ordonne si
nécessaire, le Garage central de la satisfaire si possible selon M.
Assimiou194. Une fois la mission achevée, les voitures sont
réintégrer au parc de ce service. Etant le premier responsable du
pays et détenant la plénitude du pouvoir exécutif, le
président Eyadema Gnassingbé, avait à sa disposition des
véhicules de commandement à en croire M.
Assimiou195afin d'assumer ses déplacements de service. Il
effectuait sporadiquement des tournées à l'intérieur du
pays pour prendre contact avec la population et des déplacements lors
des manifestations officielles ou traditionnelles.
Par ailleurs, la mobilité géographique de ses
homologues en visite officielle de travail ou de courtoisie, ou encore en
sommet, était assurée par les automobiles de luxe du parc du
Garage central196.
Ainsi, cette structure a mis à la disposition des 39
personnalités197(dont 20 chefs d'Etats y compris
François Mitterrand, président français) présentes
à Lomé lors du 13ème Sommet des Chefs d'Etats
de France et d'Afrique, que le Togo a organisé du 13 au 15 novembre
1986. Les automobiles disponibles au parc du Garage central étant
insuffisantes, M. Assimiou nous confiait que les véhicules des
Ministères ont été
réquisitionnés198. A. EkueHettah renchérissait
que des automobiles ont été aussi louées auprès de
certaines Agences de location de Lomé 199.
La prise en charge du transport des délégations par
l'Etat togolais débute dès leur arrivée à
l'aéroport. La photo n° 5 en dit long.
194M. Assimiou, entretien du 07/05/2010 dans son
bureau au Garage central administratif.
195M. Assimiou, entretien du 07/05/2010 dans son
bureau au Garage central administratif.
196 Y. S. Balakindé et M. Assimou, entretiens respectifs
du 06/01/2010 et du 07/01/2010 dans leurs bureaux au Garage central
administratif.
197 Http : www. diplomatie. gouver.fr/ fr/ pays-zone-geo_833/
afrique_1063/ sommet-Afrique-France326/ un plan Marshall pour l'Afrique,
document consulté le 05/ 10/ 2010 à 18h 05 minutes.
198M. Assimiou, entretien du 03/06/2010 dans son
bureau au Garage central administratif.
199 A. Ekue-Hettah, entretien du 06/05/2010 dans son bureau au
Garage central administratif.
Photo n ° 5 : Image d'une délégation
présidentielle transportée par un véhicule
présidentiel à l'occasion du 13ème Sommet
Afrique-France
au Togo en novembre 1986
Source : Togo presse n ° 2128 du 13/ 11/ 1986. Ces
présidents étrangers (Hassan Gouled du Djibouti et Abdou Diouf du
Sénégal), après être accueillis à
l'aéroport, par Eyadema Gnassigbé, sont transportés par
véhicule présidentiel du Togo vers leurs lieux de logement
respectifs.
Au cours de ce Sommet, le grand débat a tourné
autour de la mise en place d'un « plan Marshall pour soutenir
l'Afrique dans ses difficultés économiques »,
suggéré par Eyadema Gnassingbé et approuvé par
François Mitterrand. La question de terrorisme international fut, pour
la première fois dans ce genre de Conférence, abordée, et
pour cause, le Togo a subi un attentat terroriste le 23 septembre 1986, peu
avant le Sommet. Selon Agbobli (1987), ce fléau visait à
déstabiliser le pouvoir du président Eyadéma
Gnassingbé et son gouvernement
1.2- Ministères et Secrétariats
d'Etat
Les Ministères et Secrétaires d'Etat sont sous
l'autorité directe du chef de l'Etat et exercent des fonctions à
la fois politiques et administratives. Ils sont dotés de
véhicules de commandement et ce, durant leur mandat200 en vue
de leur déplacement dans le cadre de la coordination des
activités du secteur administratif qu'ils dirigent. Au terme de
l'organisation
200 M. Assimiou, entretien du 19/ 10/ 2010 dans son bureau au
Garage central administratif.
ministériel de 1982, tout département
ministériel comprenant un cabinet et des services. Il en était de
même pour les Secrétariats d'Etat qui sont chargés, soit de
la Direction d'un groupe de services, soit des services que les Ministres
auxquels ils sont rattachés leur confient (Agbodjan 1987 : 63). Les
services sont constitués des services centraux (structure interne).
Ces différentes structures disposent des moyens de
travail, dont les moyens de transport. Autant les Directeurs de cabinet,
veillant à l'exécution des directives du ministre ou du
secrétaire, et son service en ont besoin pour la réussite de la
mission qui leur est confiée, autant les services en nécessitent
pour leurs tournées.
Ainsi, les services centraux dans leurs missions de mise en
oeuvre de la politique du gouvernement, utilisent-ils des automobiles du
département pour leurs besoins de déplacement interne et pour
assurer des liaisons avec leurs services extérieurs dont ils coordonnent
les activités sur le territoire voire à l'étranger. Il
faut le rappeler, depuis 1962, il était établie une liste des
services de Lomé devant avoir à leur disposition des
véhicules utilitaires (camionnettes et camions) et
légèrement remaniée en 1966. A quelques exceptions
près, ils étaient tous sous l'autorité des
Ministères. Les sources d'immatriculation du Garage central de 1975 aux
années 1990, mentionnent une kyrielle de véhicules
affectés aux Ministères et à leurs services techniques
toujours sous leur couvert. S'il est vrai que l'essentiel des services ou
structures de l'Etat est placé sous l'autorité du Gouvernement,
il est donc évident que la grande partie des plus de 5 757
véhicules administratifs immatriculés entre 1976 et
1992201 était affectée aux Ministères et
Secrétariats d'Etat avec leurs services202.
A titre d'exemple, en septembre 1988, 7 voitures
fourgettes vitrées, acquises le 29 avril de la même
année, ont été affectées au Ministère des
sociétés d'Etat, section CEET 203. Ces
véhicules sont acquis sur le budget des départements ou sur
dons.
Notons qu'avec la politique de réduction des
dépenses imposée par le PAS qui a causé le
rétrécissement de l'assiette financière
(déjà insuffisante) qui était allouée aux services
pour l'achat et la maintenance des automobiles, les départements
gouvernementaux ne pouvaient pas s'en procurer assez .
Les crises sociopolitiques des années 1990, fatales au
secteur administratif et au parc automobile étatique mal
géré, compliquèrent leur situation de déficit de
moyens de transport.
201 Voir tableau n° 8.
202 Cela est d'autant plus vrai quand on sait que seuls les
véhicules de quelques institutions comme la Présidence,
l'Assemblée nationale et son personnel, les organismes internationaux et
le RPT, parti unique, sont à retirer de ces chiffres.
203Registre d'immatriculation du Garage central
administratif, n° 49.
Il était alors évident qu'une lenteur soit
observée dans le service des Ministères minés par la
corruption.
Certes, le patrimoine de l'Etat togolais a connu de dures
épreuves avec le PAS dans les années 1980 et les crises
sociopolitiques des années 1990.
Cependant son rôle n'était pas négligeable
dans le déploiement des agents et des biens des structures de
l'Administration centrale, dont le Ministère de l'Intérieur
chargé de l'administration territoriale.
2 - Fonctionnement de l'administration territoriale
Le Ministère de l'Intérieur était
chargé de l'administration territoriale du Togo depuis les années
1960 et avait sous sa tutelle les collectivités locales.
2.1- L'administration centrale
Au Togo, l'administration générale du territoire
ainsi que l'organisation territoriale étaient confiée au Ministre
de l'Intérieur. Il traite des questions relatives aux affaires
politiques et électorales, aux associations, à l'administration
pénitentiaire, aux cultes, à l'état des personnes et
à la police générale204. L'exécution de
cette tâche colossale est confiée à des structures
compétentes du département. Il s'agit du Cabinet, du
Secrétariat général, de la Direction de la police et de la
Sûreté nationale, et le Corps des gardiens de circonscription
(devenu le Corps des gardiens de préfecture à partir de 1981).
Chacune de ces structures, pour accomplir la tâche qui
lui est dévolue, avait besoin de moyens de déplacement. En effet,
les membres du Cabinet se déplaçaient pour établir les
rapports et les contacts du ministre avec le public (Agbodjan 1987 : 68) pour
suivre l'évolution des affaires politiques et celles liées
à la sécurité nationale.
Sur le plan administratif, les agents du Secrétariat
général, pour éviter de faire un travail malhonnête
et inefficace, circulaient à travers le territoire pour constater
l'évolution des activités et établir des rapports
conséquents au ministre. Il en va pour l'Inspecteur des affaires
administratives qui se rendait dans les préfectures et communes pour
exécuter les ordres du ministre et faire les contrôles
nécessaires (Gadegbekou 1992 : 8-9). Aussi, des tournées et
missions s'imposaient pour le règlement des questions
électorales, associatives et financières.
204 JOT du 16 juin 1967, décret n° 67 /114 du 18 mai
1967 portant attribution du Ministère de l'Intérieur et
réorganisation du Ministère de l'Intérieur, pp.
285-286.
En outre, les automobiles dont disposait ledit
Ministère ou celles réquisitionnées au Garage central,
servaient à joindre les collectivités
décentralisées à savoir les régions, les
circonscriptions et postes-administratifs devenues respectivement les
préfectures et sous- préfectures en 1981 et les communes pour
raison de service.
Il est tout à fait logique de dire que cette structure
était mal équipée en véhicules avec la restriction
suivie de la dégradation du parc automobile dans les années 1980
et 1990.
Vu la délicatesse de sa mission et surtout dans un
contexte d'insécurité, et les moyens de transport qui lui sont
affectés, il va sans dire que la division du service de
sécurité aurait été celle qui avait plus
bénéficié des véhicules au Ministère de
l'Intérieur (même s'ils restent insuffisants).
Selon Agbobli (1987 : 91-99), après l'attentat
manqué de Sarakawa le 24 janvier 1974, les complots des mercenaires en
octobre 1977, la série d'attentats à la bombe à
Lomé en 1985, c'était l'attaque terroriste du 23 septembre 1986
qui confirma les actions internes et externes de déstabilisation du
président E. Gnassingbé. Face à ces menaces, les moyens de
sécurité étaient renforcés y compris ceux de
transport routier.
Ainsi, après l'attentat du 23 septembre
1986205, nombre de véhicules étaient mis à la
disposition de la Sûreté nationale pour renforcer ses moyens de
sécurité dans la fièvre du 13ème Sommet
Afrique-France qui s'était tenue à Lomé du 13 au 15
novembre 1986. Elle a reçu affectation seulement entre le 5 et le 12
novembre, 38 voitures de 5 places206. Les véhicules ont
toujours été convoyés à la Sûreté
nationale. Elle en bénéficiait même de la part des pays
amis au Togo surtout pendant les troubles sociopolitiques du début des
années 1990 où elle a plus besoins de moyens de travail pour
rétablir l'ordre. En 1992, 23 voitures minibus acquises le
1er septembre et le 16 octobre 1992 sur don de la France, ont
été mises à sa disposition207.
Certes, elle a reçu en affectation nombre de
matériels roulants routiers, mais elle a vu plusieurs être
détruits lors de ces troubles.
Le Ministère de l'Intérieur avait, sous sa tutelle,
les collectivités locales.
205 Cet attentat a planté le décor de la
thématique nouvelle du terrorisme international lors de ce Sommet,
jamais abordée à l'occasion des conférences
précédentes.
206 Registre d'immatriculation du Garage central administratif,
n° 47.
207 Registre d'immatriculation du Garage central administratif,
n° 55.
2.2- L'administration territoriale locale
Le territoire togolais est divisé en collectivités
secondaires placées sous l'autorité du Ministre de
l'Intérieur.
. Les collectivités dirigées par une
autorité déconcentrée
S'il est possible de gouverner de loin, on ne peut bien
administrer que de près, raison pour laquelle l'Etat togolais a
placé ses représentants à la tête de certaines
collectivités décentralisées.
-La région
Elle est la plus grande structure territoriale du Togo. De 4
en 1960, le nombre de régions fut porté à 5 208
au terme de l'organisation territoriale du 23 juin 1981209. Chacune
était dirigée par un Chef non plus par un Inspecteur.
Dépositaire de l'Etat, délégué du gouvernement dans
sa région, il était le représentant direct de chacun des
ministres. Il était donc une autorité déconcentrée
dans sa collectivité avec des attributions politiques et
administratives. Grâce aux automobiles de fonction mises à sa
disposition3, il effectuait des tournées pour superviser et
coordonner «...les activités des services de l'Etat dans le
ressort de sa région... » (Agbodjan 1987 : 75). Aussi,
contrôlait t-il les actions des préfets et leur donne des
instructions d'exécution des décisions gouvernementales.
Théoriquement, la région est une
collectivité décentralisée mais, cela n'est pas effectif
par faute d'élections pour élire les conseillers
régionaux. Ce qui fait dire à Vinyenko Kogno que « La
région n'est pas encore opérationnelle sur le plan de la
décentralisation au Togo 210».
-Des circonscriptions et postes administratifs aux
préfectures et sous-préfectures Les régions
étaient depuis 1960, structurées en circonscriptions et
postes- administratifs ayant à leur tête, des chefs. En rappel,
ceux-ci étaient dotés en permanence d'automobiles de fonction
à partir de 1962 sur décision décrétale et
autorisaient les réquisitions de transport dans le ressort de leurs
structures. Cette compétence montre que ces collectivités
possédaient des engins de transport pour les besoins de service. Au
terme d'une
208 Il s'agit des Régions Maritime, des Plateaux,
Centrale, de la Kara et des Savanes.
209 JOT, 1981, loi n° 81-8 du 23 juin 1981 portant
organisation territoriale, pp. 2-4.
210 V. Kogno, entretien du 17/08/2010 dans son bureau à la
Direction de la décentralisation.
loi en 1981211, les 21 circonscriptions et les 9
postes administratifs étaient respectivement rebaptisés en
préfectures et sous-préfectures (annexe 2). Les dispositions
officielles en matière de transport n'ont pas fondamentalement
changées avec cette dénomination.
Ainsi, l'Etat mettait à la disposition des
préfets et sous- préfets des véhicules de
commandement212pour effectuer des tournées
régulières de travail auprès des populations et des
services techniques dans les limites de leurs compétences.
Les préfectures surtout étaient dotées de
véhicules (que les sous-préfectures réquisitionnaient)
pour les besoins de transport de service.
En effet, en 1990, 11 camions acquis le 18 juillet, ont-ils
été affectés aux préfectures de Tone, de l'Ogou,
des Lacs, de Doufelgou, de Tchaoudjo, de Vo et de Zio213.
Tout porte à croire que ces collectivités
secondaires ont aussi fait les frais de la crise qui a frappé le
patrimoine automobile, dans les années 1980 et 1990. Elles
étaient aussi insuffisamment dotées de véhicules pour
assurer les déplacements nécessaires dans le cadre de leurs
attributions.
Tout comme les régions, les préfectures sont
limitées sur le plan décentralisation par faute
d'élections régulières214. Cette situation
renforce sur elles, la tutelle de l'Etat, le système de
déconcentration a donc le vent en poupe.
Les régions, les circonscriptions et
postes-administratifs puis les préfectures et sous- préfectures,
et leurs dirigeants étaient dotés respectivement de
véhicules de service et de fonction à partir du budget de l'Etat
ou des dons. La situation est loin d'être identique au niveau des
collectivités gérées par les populations elles-mêmes
à travers leurs élus.
. Les communes
Contrairement aux collectivités secondaires
susmentionnées, les communes ont en principe pour premier responsable,
une autorité élue, le Maire. Ce dernier exerçait à
l'issue de la loi n° 81-8 du 23 juillet 1981, le pouvoir de police
administrative dans la commune. Il est le chef des services municipaux
(Agbodjan 1987 : 106). L'administration de la commune est aux mains d'un
Conseil municipal élu. Dotée d'une autonomie financière
(et d'une
211 On l'a vu, depuis 1962, les inspecteurs de région
étaient dotés de véhicules de commandement. Cette
disposition n'étant pas abrogée, leurs successeurs aussi en
recevaient.
212 M. Assimion et L. Legonou , entretiens respectifs des 07
/05 et 17/08/2010 dans leurs bureaux au Garage central administratif et au
Ministère de l'administration territoriale, de la
décentralisation et des collectivités locales.
213 Registre d'immatriculation du Garage central, n° 51.
214 A en croire V. Kogno, depuis 1987, les élections
préfectorales et communales n'ont plus lieu au Togo, entretien du 17/
08/ 2010 dans son bureau à la Direction de la
décentralisation.
personnalité morale), la commune alimente son budget
à partir de ses recettes. Elle effectue sur ses propres fonds ses
dépenses, y compris celles inhérentes à l'entretien et
l'achat des véhicules de la voirie, du Maire, etc., selon Edoh et L.
Legonou215. Elle bénéficiait aussi grâce
à ses relations coopératives avec l'extérieur, des dons de
matériels roulants routiers. De quelle qu'origine que ce soit, ces
moyens de transport doivent en principe être immatriculés dans la
série administrative.
Ainsi, un véhicule acquis à 885 000 F CFA au nom
de la commune de Tsévié le 28 avril 1975 était
réimmatriculé plus tard en RTG
0667216conformément aux dispositions en vigueur. Les
matériels de transport des communes sont aussi la
propriété de l'Etat. En 1984, selon Agbodjan, comptait-on au
Togo, 9 communes de plein exercice et 12 communes de moyen
exercice217. Ces dernières étaient dirigées par
des Préfet-maires.
En matière de transport, la différence entre la
commune, et les régions, circonscriptions et postes administratifs puis
préfectures et sous préfectures est que, les seconds
bénéficient de moyens de transport de la part de l'Etat.
En somme, les collectivités
décentralisées dirigées par des autorités
déconcentrées ou non, disposaient des véhicules (mais
insuffisamment) pour leur fonctionnement. Elles servent de cadre
d'implantations pour des services.
3- Fonctionnement des services techniques
Quels que soit leur nature et moyens, les services techniques ne
pouvaient efficacement exercer leurs activités sans les moyens routiers
de mobilité géographique.
3.1-Les services et sociétés d'Etat ou
parapublics
Chaque Ministère comprend, en dehors de ses structures
internes, des services extérieurs. Ceux-ci sont les prolongements de
leurs services centraux au niveau régional, local et à
l'étranger. Ils sont ou non organisés en institutions ou
structures régionales, préfectorales et locales selon leur
nature.
215 Edoh et L. Legonou, entretien du 17/ 08/ 2010 dans leurs
bureaux au Ministère de l'administration territoriale, de la
décentralisation et des collectivités locales.
216 Registre d'immatriculation du Garage central administratif,
n° 31,op. cit., p. 00397.
217 Les communes de plein exercice étaient celles de
Lomé, d'Aného, de Tsévié, de Kpalimé,
d'Atakpamé, de Sokodé, de Kara, de Bassar et de Dapaong. Les
communes de moyen exercice étaient celles de Tabligbo, Vogan,
Amlamé, Badou, Notsè, Sotouboua, Tchamba, Bafilo, Pagouda,
Niamtougou, Kandé et Mango.
Ainsi, on a, des directions ou centres nationaux,
régionaux, préfectoraux de santé, d'agriculture, de
l'enseignement, de la CEET, de la SRCC, de la SORAD, de la SOTOCO, de la
LONATO, etc. Ils sont dotés ou non de moyens de transport routiers
(automobiles, motos, vélos) selon leurs besoins et importance, par leurs
Ministères de tutelle ou à partir de leurs propres fonds ou
directement par l'Etat, pour le transport de leur personnel et de leurs biens
de travail.
A partir de 1962, comme nous l'avons souligné
précédemment, l'Etat a pris la décision de mettre dormais
à la disposition des représentants des services centraux dans les
circonscriptions, donc plus tard dans les préfectures, des
véhicules de fonction. Ils joignaient grâce à ces moyens,
les services dont ils coordonnaient les activités. Quant aux
institutions qu'ils dirigeaient, elles disposaient des véhicules de
service pour les besoins d'utilité publique. Le tableau exhaustif des
affectations de véhicules aux services ne pouvant être ici
dressé, nous ne donnerons que des cas isolés à titre
illustratif.
En effet, d'abord en 1976, la SRCC a reçu en
affectation à une certaine période, 10 camions
bâchés218. La nature de ses engins montre qu'ils
étaient destinés à des missions comme, la distribution des
intrants et matériels aux différentes sections de cette structure
et l'évacuation des produits des zones de production pour l'exportation.
Ensuite, au minimum, 88 véhicules (27 remorques, 26 camionnettes et 35
camions) ont été affectés à la SOTOCO seulement en
avril et novembre 1986219. Ils devaient servir aussi bien au
transport des agents qui étaient au service de cette
société qu'à celui de ses biens (coton, intrants, etc.).
Enfin, 14 voitures acquises le 29 avril 1988 au nom du Ministère des
sociétés d'Etat, ont été convoyées à
la section CEET220pour ses besoins de déplacement. Les
services pouvaient en distribuer à leurs sections à
l'échelle du pays. Le transport administratif était effectif dans
plusieurs zones ou régions du territoire dans les années 1980.
En effet, Kezie (2001 : 158) reconnaît que les
véhicules des services publics et sociétés d'Etat (Forces
de sécurité, services de secours sanitaire, SOTOCO, TOGOTELECOM,
etc.) transportaient le personnel administratif dans la région urbaine
de Kara.
La circulation des automobiles était moins
limitée avec l'amélioration du réseau routier togolais
dans les années 1970, avec l'action salvatrice du FED qui a
intensifié ces activités de désenclavement surtout dans le
Nord-Togo.
218 Registre d'immatriculation du Garage central administratif,
n° 33.
219 Idem, n° 46.
220 Idem, n° 49.
Ainsi, Tiwome (2009) clamait que les interventions publiques
directes d'encadrement rural du DRAEP, de la SOTOCO, de l'ICAT, etc. atteignent
désormais les localités autrefois isolées dans l'Ouest de
la Région des Savanes désenclavée par le projet FED dans
les années 1980.
Certes, la desserte devait intensifier et élargir
l'action de ces services surtout sociaux, mais il faut relever qu'ils
étaient limités en moyens matériels, dont ceux de
transport automobile dans les années 1980 avec le PAS. La situation est
allée de mal en pire dans les années 1990 avec les crises
sociopolitiques qui ont marqué cette période au Togo. Aussi, ils
manquaient de personnel avec le gel de recrutement de fonctionnaires depuis
1984 (Banque mondiale 1996).
La brèche laissée par le Gouvernement togolais est
en partie comblée par les organismes non gouvernementaux.
3.2- Les organisations internationales
Plusieurs sont les organismes internationaux qui viennent en
soutien à l'Etat togolais. Il s'agit entre autres des organismes
spécialisés des Nations unies (UNICEF, PNUD, OMS, etc.). Leur
champ d'action touche essentiellement les aspects humanitaires et de
développement. Ils agissent à travers des projets pilotés
par leur structure en place en synchronisation avec le Ministère ou
l'institution étatique ayant fait la demande de financement du projet.
Ils disposent d'un arsenal de moyens humains et matériels pour
l'exercice de leurs tâches. Parmi ces moyens, figurent les engins
automobiles pour assurer les déplacements de leur personnel et de leurs
biens de service.
En 1988, par exemple, deux véhicules
immatriculés en RTG 7333- OMS et RTG 7334 pour le compte de PNUD-TOGO,
le 10 mars, étaient respectivement affectés au Programme
alimentaire mondial (PAM) et à l'Enseignement du premier degré
dans le cadre du projet TOG/ 86/ 005 sous le couvert de DIFOP221.
Les ONG ont multiplié leurs actions humanitaires
à l'endroit des populations au moment où l'Etat faiblissait avec
les crises économiques puis sociopolitiques des années 1980 et
1990. Le désenclavement des zones leur a permis de joindre, par les
moyens modernes de transport qu'ils disposent (automobiles, motos et
vélos), les milieux reculés pour porter assistance aux couches
sociales déshéritées. Leur rôle a pris une grande
ampleur particulièrement dans les prestations des services au niveau
communautaire. Les dépenses des
221 Registre d'immatriculation du Garage central administratif,
n° 49.
ONG (y compris les organisations religieuses) ont
dépassé 3,9 milliards de F CFA en 1994 soit mieux que l'Etat au
titre de développement rural (Banque mondiale 1996 : XIII).
Les ONG, grâce à leurs moyens matériels
(véhicules y compris), ont comblé en partie les avatars des
services techniques de l'Etat et parapublics souffrant d'insuffisance de moyens
dans les années 1980 et 1990.
Au Togo, certes, les véhicules administratifs ont
traversé des périodes de dures épreuves dans les
années 1980 et surtout 1990, toutefois, ils n'ont pas joué un
rôle effacé dans le transport des agents et des matériels
des structures de l'administration centrale, des collectivités
territoriales, des services et sociétés qu'ils soient
étatiques ou parapublics et même des organes du parti unique
RPT222.
III- Le Programme d'ajustement structurel et, le
secteur de
l'administration et son transport automobile au Togo
(1983-1992)
Encouragé par les revenus importants de l'exploitation
du phosphate, l'augmentation du prix des café-cacao sur le marché
international et le dynamisme commercial, le Gouvernement togolais
s'était lancée vers le milieu des années 1970, dans un
ambitieux programme d'investissement public en vue d'une modernisation et d'une
industrialisation de son économie par la création d'entreprises.
La conjoncture, devenue défavorable, ces investissements, devant
l'improductivité des entreprises, éléphants
blancs, créés sur emprunts extérieurs, apparaissent
clairement comme une jetée de fond et constituent un gouffre
budgétaire. Une situation qui approfondit la dette de l'Etat
togolais223. Incapable de rembourser ces emprunts, le Gouvernement
était obligé d'entreprendre dans les années 1980, sous la
pression des partenaires financiers, la FMI et la Banque mondiale
particulièrement, de gros efforts d'ajustement destinés à
corriger les déséquilibres macroéconomiques. Les mesures
qu'impliquait la nouvelle donne, ont concouru à plonger progressivement
plusieurs secteurs, dont ceux social, politique, administratif et du transport
dans une crise profonde.
222Plusieurs véhicules étaient
affectés au RPT dans les années 1980, comme c'était
déjà le cas dans les années précédentes.
Registres d'immatriculation du Garage central administratif.
223 Le service de la dette du Togo était passé de
11 % de recette de l'Etat en 1973 à 76 % en 1981 (Banque mondiale
1996).
1- Le PAS : quelles conséquences administratives et
sociopolitiques?
L'ajustement économique de grande envergure que le Togo
a tâché d'opérer à partir de 1983 afin de redresser
le déficit économique et promouvoir la croissance à moyen
et à long terme, imposait certaines mesures qui, progressivement,
étaient devenues fatales aux institutions du pays et à la
société.
1.1- La réduction du personnel des services
publics, une politique de redressement économique fatal au
fonctionnement de l'Administration
La réduction des dépenses de l'Etat était
un point clé du PAS. Cela passe
nécessairement par une diminution des agents au service
des pouvoirs publics.
L'Etat togolais a gelé le recrutement des fonctionnaires
depuis 1984 alors que la population augmentait à 3,1%, (Banque mondiale
1996).
Ainsi, beaucoup de licenciements étaient
observés dans le secteur public et parapublic (la privatisation
était aussi passée par là). C'était le cas au
niveau de la SRCC en 1992. Cette politique de réduction du personnel des
services paralysa le secteur administratif et grossit les autres secteurs
d'activités. En 1983, selon la Banque mondiale (1996)224, 72
% de la population active était employée dans le secteur
agricole, 21 % dans le secteur informel et seulement 7 % dans le secteur
moderne. Cette stratégie de réduction des dépenses
étatiques par le rétrécissement du personnel
entraîna inexorablement une insuffisance d'employés dans les
services (y compris les chauffeurs de véhicules et le personnel
gérant le transport administratif) pour faire tourner l'appareil
administratif a bon escient, surtout quand on sait l'impact négatif du
cumul exagéré de fonctions . Le Garage central a souffert de
manque de personnel (Amedzamé 2002 : 13-14).
Que peuvent entraîner les licenciements, l'arrêt
de recrutement de fonctionnaires et l'excès de chômage? Tout porte
à croire que les conséquences des mesures qu'imposait le PAS
préparaient une implosion sociale dans une situation économique
difficile et dans un pays soumis à un monolithisme politique.
1.2-Les crises sociopolitiques et institutionnelles,
opium de la bonne marche administrative
Progressivement, à travers les mesures draconiennes
impopulaires de restriction des agents des secteurs publics et parapublics, au
bout de huit ans d'application, le PAS a
224 La Banque mondiale (1996 : 1) estimait le taux de change du
Togo en 1991 entre 16 et 18 %.
contribué à une crise sociale dans un pays en
crise politique qui ne disait pas son nom avec un système de parti
unique contraignant. Plusieurs citoyens togolais se retrouvant sans emploi et
gangrenés par la misère ambiante, associés aux tenants du
multipartisme oxygénés par le vent de l'Est,
étaient montés au créneau pour se faire entendre.
Après la Conférence nationale souveraine d'avril 1991, de
troubles violents étaient relevés au Togo, même au rang des
soldats, amenant les trois principaux partenaires financiers (la France,
l'Allemagne et les Etats-Unis d'Amérique) à supprimer leur aide
au territoire (Banque Mondiale 1996 : 6). En 1992, les syndicats et les partis
d'opposition ont lancé un mot d'ordre de grève
général, ayant duré neuf mois et paralysant tout le
secteur moderne.
Sur presque toute l'étendue du territoire,
l'insécurité s'aggravait, les services publics et le commerce ont
connu un sérieux fléchissement225. Par voie de
conséquence, l'économie nationale était tombée bas,
les revenus ont bougé de plus de 52 % et les dépenses
d'investissements d'environ 60 %. La Banque mondiale (1996) exprimant le
déficit fiscal global, les dons exclus, à 15,2 % du PIB. Dans
cette situation, le fonctionnement administratif ne peut que s'alourdir et se
dégrader étant donné que les services souffraient du
manque de financement.
Les périodes comprises entre 1991 et 1993 ont
été au Togo, marquées par de violentes émeutes de
rues et d'agitations civiles généralisées dans une
situation de crise économique et de chômage ambiant. Pendant ces
temps tous les symboles de l'Etat, les biens étaient attaqués y
compris les automobiles et dont le nombre s'amenuisait depuis
déjà plusieurs années.
2- Le PAS et le transport automobile administratif
Tous les services publics ont souffert d'une manière ou
d'une autre de la politique de réduction des financements de l'Etat
imposée par le PAS. Leur ligne budgétaire pour leur dotation en
matériels de transport automobile s'est rétrécie,
ralentissant du coup l'évolution observée dans le parc automobile
étatique qui s'enlisa finalement avec la crise des années
1990.
225 Sauf le secteur agricole connut une amélioration.
Selon la Banque mondiale (1996 : 79), la production agricole augmenta d'environ
11 % entre 1991 et 1993. Cela c'explique par la récolte de 1992
exceptionnellement bonne grâce aux conditions climatiques favorables
d'une part et par l'augmentation de la main d'oeuvre qui s'était
repliée sur les campagnes d'autre part.
2.1-Restriction et détérioration du parc
automobile de l'Etat
Au Togo indépendant, il était constaté un
essor inédit dans le patrimoine automobile de l'Etat. Nous l'avons assez
vu, les véhicules des pouvoirs publics étaient acquis soit sur le
budget général de l'Etat ou des départements
ministériels, soit sur les financements étrangers, sur don ou sur
saisie douanière. Avec les efforts de grande envergure entrepris par
l'Etat à partir des années 1980 dans le cadre de la politique de
réduction des dépenses en vue de corriger les
déséquilibres macro-économiques, l'assiette
financière accordée aux services publics pour l'achat et la
maintenance de leurs véhicules s'est considérablement
rétrécie. Les ressources financières allouées au
Garage central sous le couvert du Ministère de l'économie et des
finances, étaient assez maigres pour s'offrir suffisamment de
véhicules pour assurer sa mission. Les statistiques du tableau n° 9
sont illustratives.
Tableau n° 9 : Récapitulatif des
différents crédits accordés au Garage central par rapport
au budget général entre 1990 et 1992 en milliers de francs pour
la gestion des automobiles
Années
|
Budget général
|
Crédit d'chat de véhicules
|
Pourcen- tage
|
Crédit d'entretien
|
Pourcen- tage
|
Crédits
d'achat
des carburants
|
Pourcen- tage
|
1990
|
92 490 000
|
300 000
|
0,32 %
|
200 000
|
0,22%
|
250 000
|
0,27%
|
1991
|
88 464 654
|
300 000
|
0,33 %
|
200 000
|
0,23%
|
300 000
|
0,34%
|
1992
|
93 636 324
|
Néant
|
Néant
|
250 000
|
0,27%
|
350 000
|
0,37%
|
Source : Bayaro 1998 : 54.
En se référant aux chiffres du tableau n°
9, nous pouvons dire que les crédits d'achat, d'entretien de
véhicules et ceux destinés à leur alimentation en
carburant et lubrifiant alloués au Garage central étaient
très faibles et insuffisants. En aucun moment, la valeur des
financements d'achat des matériels roulants n'a dépassé
300 000 000 F CFA, or les besoins de déplacement s'accroit. On peut se
demander combien de véhicules ces fonds peuvent servir à payer?
Sans doute pas suffisamment s'il faut se procurer des engins confortables
résistants de luxe, très couteux, dont ce service a besoin pour
le déplacement des autorités. Pire encore, en 1992, aucun
crédit n'était alloué au Garage central pour l'achat des
véhicules. De facto, on connaît l'origine des 281 véhicules
administratifs immatriculés en cette année par ce
service226. Ils étaient donc acquis sur le
budget d'autres structures étatiques et paraétatiques voire
internationales.
En outre, l'augmentation des crédits d'entretien et
d'achat de carburant et de lubrifiant montre les besoins croissants et
colossaux des engins en matière de maintenance227. C'est un
signe de vétusté de ces matériels. Scientifiquement, il
est prouvé que plus les véhicules vieillissent plus ils
nécessitent des réparations et plus ils consomment de
carburant.
Le nombre de véhicules administratifs
immatriculés par le Garage central montre à bien des
égards la restriction du patrimoine de l'Etat en matière de moyen
de transport. Globalement à partir de 1981228, il a
diminué de près de 160 automobiles en 1981, soit respectivement
428 contre 270. Ce chiffre a dégringolé à 249 contre en
1982 pour tomber à 152 en 1983, la première année
d'application effective de l'ajustement structurel. Après un
réveil entre 1984 et 1986, une chute abrupte est observée en 1987
avec seulement 131 automobiles immatriculées.
Si la politique de réduction de l'enveloppe
financière aux services publics pour se doter de moyens de transport a
eu pour conséquence, le rétrécissement du patrimoine
automobile de l'Etat dans les années 1980, à partir de 1990, elle
a trouvé un complice coupable, les crises sociopolitiques.
La période comprise entre 1990 et 1993, marquée
par des troubles sociopolitiques, a été chaotique pour le parc
automobile des pouvoirs publics. Etant un symbole de l'Etat, les voies
publiques et les véhicules administratifs étaient attaqués
par des grévistes. Ils étaient pillés et détruits.
La destruction touchait surtout ceux des forces de sécurité.
Ainsi, une camionnette de marque Peugeot 504
bâchée acquise et immatriculée le 5 février 1988 en
RTG 7703 et une voiture Break de marque Renault acquise le 5 novembre 1986
d'immatriculation RTG (SNT) 6971 affectée à la
Sûreté nationale étaient brûlées lors des
événements du 5 octobre 1990229.
226 Voir tableau n° 8.
227 La dette de l'Etat togolais auprès de ses fournisseurs
de carburant s'élevait en 1998 à 2 600 000 000 de F CFA Bayaro
(1998 : 55). Elle a entrainé la rupture de livraison de carburant.
228 Voir tableau n° 8.
229-Registre d'immatriculation du Garage central
administratif, n° 45.
- Un auditeur qui aurait vécu les
évènements, témoignait sur la Radio Légende FM au
cours de l'émission A vos bics rouges du 6 octobre 2010 portant
sur le bilan de la lutte démocratique au Togo, 20 ans après, que,
ce véhicule Peugeot 504 fut brulé devant la préfecture du
Golfe.
- Le 5 octobre 1990, le régime du feu Eyadema
Gnassingbé et son armée ont fait face, pour la première
fois à un soulèvement populaire. Tout a commencé avec
l'irruption des soldats dans la salle du Palais de justice de Lomé
où se déroulait le procès de certains étudiants
accusés d'avoir distribué des tractes de déstabilisation
du pouvoir .
En 1990, le patrimoine automobile administratif togolais
était composé de 4 000 véhicules toutes qualités
confondues (Lawani 2005 : 18) alors qu'il était en pleine progression
depuis le début des plans quinquennaux jusqu'en 1983, année de
l'application effective du PAS. Sa restriction s'est
accélérée à partir des années 1990 dans un
contexte de crise sociopolitique laissant libre cours à la mauvaise
gestion.
2.2- Perversion dans la gestion des véhicules
administratifs dans les années 1990
La mauvaise gestion du parc automobile de l'Etat à
partir de 1990, sous entend sa bonne organisation dans la période
antérieure. A en croire Y. S. Balakindé, M. Assimiou et A.
Awoussa, tout allait pour le mieux dans la gestion des véhicules
administratifs avant 1990230. Les procédures et
formalités étaient globalement respectées. Dans son
mémoire, Balakindé (2000) laissait lire qu'avant
l'avènement de la démocratie, les automobiles des pouvoirs
publics obéissaient d'une façon générale à
un régime de gestion rigoureuse tant au niveau de leur acquisition
qu'à celui de leur utilisation, même s'il laissait
apparaître que des insuffisances et dérapages isolés
étaient constatés.
Ainsi, le Garage central était associé aux
opérations d'achat des véhicules sur les budgets des services
publics. A l'entrée comme à la sortie, les engins de cette
structure destinés aux missions, étaient soumis à un
contrôle technique sérieux. Il en était ainsi pour ceux de
l'intérieur, dans les préfectures. Il poursuit en martelant que
les voitures administratives ne circulaient qu'aux heures de services (7 h 00
à 12 h et 14 h 30 a 17 h 30, exceptionnellement au plus à 12 h 30
et 18 h231. Seules les automobiles de certains services
spécialisés comme la santé, la régie pouvaient
circuler en dehors de ces horaires, mais avec une autorisation de
circuler.
Les exhortations du RPT, parti unique d'alors, à la bonne
utilisation des matériels du domaine public, ont aussi contribué
à leur bonne gestion en ces périodes.
En effet, en 1978, le troisième Conseil national du RPT
disait :
230 Y. S. Balakindé, M. Assimiou et A. Aklesso; entretiens
respectifs des 06/ 01; 07/ 05 et 02/ 06/ 2010 dans leurs bureaux au Garage
central administratif.
231 Ces propos sont à nuancer car, avant 1990, même
si la situation était meilleure, l'utilisation des véhicules de
l'Etat connaissait aussi des dérapages. Cela transparaît dans un
communiqué daté du 9 novembre 1970 sorti par le ministre de
l'économie et du plan dans lequel il « rappelle une
dernière fois les prescriptions relatives à l'utilisation des
véhicules administratifs » suite au constat fait de leur
mauvais usage, circulation « en dehors des heures de service
».
ANT-Lomé, 2 APA Atakpamé-add., parc automobile,
retrait de permis de conduire, immatriculation des véhicules
administratifs,...,1947-1964.
« Le bon militant doit gérer, en bon
père de famille, le matériel mis à sa disposition.
L'utilisation des véhicules administratifs devrait être faite avec
beaucoup de précaution. Ces véhicules doivent être
utilisés à des fins de l'Etat. Aucun véhicule ne doit
être utilisé à des fins personnelles ou familiales. Chaque
militant doit veiller à la bonne gestion de tout engin (véhicule
ou moto) qui lui a été remis. »232.
Les dispositions prises par les différentes
institutions impliquées directement ou non dans la gestion du patrimoine
automobile administratif ont été globalement respectées
(à cause de sanctions appliquées plus ou moins rigoureusement par
les autorités compétentes) même s'il existait des
dérapages comme souligné précédemment.
Cependant, l'ordre idyllique fut renversé avec le vent
de l'Est et la crise sociopolitique à partir de 1990.
C'est une ère de gabegie qui s'ouvrit au parc
automobile de l'Etat togolais. Le système de gestion devient
désormais défaillant. On assiste à des acquisitions
unilatérales des véhicules par des services administratifs sans
impliquer le Garage central, seule structure possédant les
compétences administratives et techniques de choix et d'immatriculation
des véhicules des pouvoirs publics. Ce phénomène prenait
de l'ampleur au point qu'une lettre datée du 24 octobre 1992 condamnait
l'achat ou la réception des véhicules par des chefs de services
publics ou parapublics sans l'aval ou l'association du Garage
central233. Par ricochet, cette acquisition
irrégulière ouvre la voie à l'immatriculation de ces
engins en série ordinaire qui échappent donc à tout
contrôle administratif. Sans doute, cette stratégie de
banalisation doit son explication dans la volonté d'utiliser les
matériels d'intérêt général à des fins
privées ou simplement de les détrôner. Or, les
numéros banalisés (temporaires) sont exceptionnellement
réservés aux services de renseignement pour leurs missions
d'urgence et de discrétion. La réglementation en vigueur
précisant «...aux agents de l'Etat de se rendre de leur
domicile à leurs lieux de travail (et vis versa) par leurs propres
moyens ...234» est tombée en
désuétude à bien des égards à partir du
début des années 1990. Faisant l'objet d'utilisation
malhonnête, les véhicules étaient souvent garés aux
domiciles de leurs utilisateurs. Les responsables de service conduisent eux
mêmes leurs voitures de services au mépris des textes en vigueur
qui prévoyaient leur conduite par un chauffeur professionnel du Garage
central.
232 Troisième Conseil national du RPT, 1978, p. 4.
233 Il s'agit de la lettre n° 050/ CAB/ MEF/ DGCA du 24
octobre 1992, in Lettre du 3 décembre 1996 du ministre de l'Economie et
des Finances, et de la Direction du garage central administratif.
234Cette réglementation est rappelée aux
agents du secteur public par le ministre de l'Economie et des Finances, in
Balakindé (2000 : 41).
Leur réparation dans les garages privés sans
autorisation, le pillage de leurs pièces et des lubrifiants
étaient fréquents.
La gestion des matériels roulants routiers des pouvoirs
publics était telle que, le ministre de l'Economie et des Finances
d'alors, Barry Moussa Barké, dans sa lettre datée du 3
décembre 1996235 regrettait que les mesures de la lettre
n° 050/ CAB/ MEF/ DGC du 24 octobre 1992 ne soient pas respectées.
Il rappelait à la même occasion que seul le Garage central avait
la compétence en matière d'acquisition, d'immatriculation, de
gestion technique et comptable du matériel roulant de l'Etat et de ses
démembrements.
Peine presque perdue pour les autorités car, cette
perversion n'a jamais cessé.
L'impact du PAS sur l'Etat et la société togolaise
est indéniable.
Ainsi, la politique de réduction des dépenses
qu'il implique a entraîné des licenciements et le gel de
recrutement d'agents du secteur public pendant un bon moment.
L'élévation du niveau de chômage dans un contexte
économique critique a poussé les gens dans la rue au moment
où les tenants du multipartisme avaient reçu un bouffé
d'oxygène avec la chute du mûr de la honte (mûr de
Berlin). Tous les ingrédients étaient au rendez-vous
pour les inévitables troubles sociopolitiques entre 1990 et 1993. Ils
ont enfoncé le parc automobile de l'Etat, déjà malade du
PAS, dans l'abîme. Les véhicules étaient mal
gérés et étaient la cible de malhonnêtes citoyens
qui en faisaient leurs choses au détriment de l'intérêt
général.
Au cours du troisième plan quinquennal et pendant les
années 1980, le réseau routier togolais s'était beaucoup
amélioré avec le désenclavement effectif de plusieurs
régions. Au début des années 1990, il était de 4
700 km. Il s'en était suivi, un essor du parc automobile togolais aussi
bien privé (surtout) qu'administratif. Ce dernier, géré
par le Garage central, s'était vu freiner dans son élan par les
exigences du Programme d'ajustement structurel entrepris par l'Etat sous la
pression des bailleurs de Fonds (FMI et BM).
Ainsi, la politique de réduction des dépenses
publiques pour corriger les déséquilibres
macro-économiques a eu pour corollaire, le rétrécissement
de la ligne budgétaire d'achat de véhicules administratifs. Par
ricochet, le patrimoine automobile étatique s'était
rétréci (4 000 véhicules toutes qualités confondues
en 1990). Il s'était détérioré avec les crises
235 On nous a fait lire cette lettre au Garage central
administratif, section Reforme.
sociopolitiques qui ont eu cours au Togo dans les années
1990 avec désormais une perversion dans sa gestion.
Dans les années 1980 et surtout 1990, la situation du
parc automobile n'a pas été rose. Les services étaient
alors limités en moyen de transport automobile. Toutefois, il n'a pas
joué un rôle effacé. Ainsi, immatriculés en 1976,
les véhicules automobiles, meilleur moyen de transport dont disposent
les pouvoirs publics, ont participé au fonctionnement de l'appareil
administratif en assurant la mobilité géographique des agents et
la circulation des biens de l'Etat. La Présidence d'Eyadema
Gnassingbé s'en était servie pour faire tourner sa structure. Ils
ont permis aux départements ministériels de satisfaire leurs
besoins de déplacement interne et de joindre leurs services
extérieurs techniques qui s'en étaient aussi servis pour
accomplir les missions qui leur étaient dévolues. Le
Ministère de l'Intérieur a aussi fait des automobiles, un moyen
de déplacement important pour assurer l'administration territoriale du
Togo à travers les tournées et visites de travail qu'il
effectuait dans les collectivités secondaires (Régions,
circonscriptions et postes administratifs puis préfectures et sous
préfectures, et communes) qui en disposaient également pour leur
fonctionnement. Ces moyens de transport n'ont jamais été
suffisants.
Au terme de cette partie, il s'avère nécessaire
de faire le point sur le transport automobile administratif au Togo de la
veille de l'indépendance aux débuts des années 1990
marquées par des crises multiformes.
Après une léthargie entre 1958 et 1966, le
transport routier en général, connut une relance à partir
de 1966 avec les plans quinquennaux. Il a bénéficié de
l'amélioration de ses équipements de base. Ainsi, le
réseau routier s'est étendu et comptait 7 170 km de routes
carrossables en 1976 avec plus de zones désenclavées et ouvertes
à la circulation automobile. Il était arrivé à un
niveau assez satisfaisant à la veille des années 1990. Cet essor
a eu pour corollaire, l'augmentation sensible des véhicules
opérant sur le territoire. Contrairement à celui privé, le
patrimoine automobile de l'Etat a reçu du plomb dans l'aile à
partir des années 1980 dans un contexte économiquement difficile
dans le cadre du PAS. Sa situation se compliqua à partir des
années 1990 avec les crises sociopolitiques qui ont eu cours au Togo. En
1990, il comprenait seulement 4 000 automobiles toutes qualités
confondues. Or, il était en pleine croissance depuis le début des
plans quinquennaux.
Gérés par le Garage central, les
véhicules de l'Etat ont contribué à tout moment au
fonctionnement du système administratif au Togo indépendant.
Ainsi, ils avaient favorisé la mobilité des agents et le convoi
des matériels aussi bien de l'administration centrale (Primature,
Présidence et Ministère) que celle territoriale. Ils avaient
beaucoup apporté au transport d'utilité publique dans les
différentes unités territoriales (circonscriptions, postes
administratifs puis préfectures et sous préfectures à
partir de 1981, et communes) et dans les services qui s'y trouvaient. C'est en
partie grâce aux véhicules que des liaisons étaient
établies entre les pouvoirs publics d'une part et avec les
administrés d'autre part, à travers des tournées et
visites. Pendant au moins une décennie après
l'indépendance, la SGGG a assuré en partie le transport
administratif dans les cercles du Nord-Togo.
Toutefois, il faut signaler que la circulation automobile a
connu des limites diverses selon les périodes. Ainsi, de la veille de
l'indépendance jusqu'à la lisière des années 1980,
c'est l'enclavement de certaines zones par faute de réseaux routiers
automobilisables qui constituaient un frein à cette circulation. A cela
s'ajoute l'insuffisance des véhicules pour satisfaire tous les besoins
de transport des services. A partir des années 1980, si la desserte du
territoire togolais était assez avancée, c'est plutôt la
restriction du parc automobile étatique qui posait plus problème.
Elle était due à la politique de réduction des
dépenses dans le cadre du PAS et à partir des années 1990,
à la mauvaise gestion des véhicules étatiques. Les
services ont par ricochet assez souffert de l'insuffisance de moyens de
transport. Ces différentes contraintes ont limité la couverture
administrative sur le territoire.
CONCLUSION GENERALE
Dans notre travail, nous avons voulu savoir si la gestion du
patrimoine automobile de l'Etat a-t-il contribué au fonctionnement
administratif au Togo de 1937 à 1992. Avons-nous su le faire? Les
résultats à suivre nous permettront de le dire.
Au Togo sous mandat français, la politique
d'équipement entrepris par le gouverneur A. F. Bonnecarrère
(1922-1931) après sa prise de fonction dans la logique de sa mise en
valeur, a développé le transport routier du territoire. Le trafic
automobile administratif qui émergea dans les années 1920 a
bénéficié de l'amélioration du réseau
routier estimé à 2 000 km de voies carrossables en 1930 et de
l'essor du parc automobile du territoire pour s'accroître. Le nombre de
véhicules (privés et administratifs) en circulation sur le
territoire togolais passa de 224, au 1er janvier 1926, à 452
au 30 juin 1928, pour atteindre 645 au 1er mars 1930. Le patrimoine automobile
de l'Etat était composé de 51 matériels en 1932 et 59 en
février 1935. Ces moyens de transport, repartis dans les chefs-lieux des
cercles, renforcés à plus d'une fois par les véhicules
privés à travers des réquisitions, ont assez
apporté dans la mobilité des agents et des biens des services
publics d'un point à un autre du territoire.
Le transport automobile administratif fut géré par
plusieurs structures, aussi bien étatiques que privées, dans des
normes législatives (pour le réglementer).
Ainsi, en 1924, deux structures furent créées
pour alimenter ce trafic. Il s'agit du cadre et de l'école des
conducteurs d'automobiles administratives. Cette école fut
intégrée au Garage central dès sa création en 1926.
Ces conducteurs devaient faire carrière au sein de cette structure
chargée d'assurer à bien des égards, la gestion des
véhicules de l'Etat colonial français et du transport y
afférent. En 1937, le Garage central fut organisé. Dans la
foulée, le service des automobiles administratives fut
réglementé sur le territoire togolais. Ce transport fut
réglementé aussi bien dans le chef-lieu que dans les cercles.
En effet, les véhicules du Commissaire de la
République française au Togo (CRFT), de l'Inspecteur des affaires
administratives, du médecin de l'Hôpital de Lomé et des
commandants de cercles furent-ils classés dans la première
catégorie, celle des voitures ayant une affectation spéciale. Les
automobiles du service général et celles des
sociétés de prévoyance furent classées dans la
deuxième catégorie. Dans les cercles, aucun véhicule
administratif n'entrait en circulation sans l'approbation de leurs
commandants.
Si le Garage central assura en permanence son rôle de
gestion du parc automobile de l'Etat et du trafic y afférent à
bien des égards, les autres services s'étaient
succédés dans le temps pour faute d'efficacité.
Ainsi, le Service de transports automobiles (juillet 1926-juin
1927) et la Société des transports de l'Afrique de l'Ouest (STAO)
(1927-1932) avaient, tour à tour, assuré le trafic des personnes,
courriers postaux et autres biens de l'Etat dans les cercles du Nord du pays en
correspondance du chemin de fer central Lomé-Blitta. Les effets de la
crise économique des années 1930 et de la Seconde Guerre mondiale
(1939-1945) freinèrent la croissance enregistrée dans le
transport automobile administratif (comme le trafic routier en
général) qui s'appauvrit en matériels. Les
autorités en charge du pays édifièrent des
législations pour redonner vitalité à ce secteur et
réduire les dépenses publiques par une bonne gestion des
véhicules qui connut des dérapages.
Ainsi, en 1938, Montagné rappelait-il l'obligation de
garer les véhicules administratifs dans les parkings des
cercles; de contrôler leurs entrées, sorties, dotations en
carburant et utilisation. Il fut aussi exigé aux fonctionnaires en
mission dans le territoire, de faire leurs déplacements par train
à chaque fois que les régions traversées furent desservies
par les chemins de fer.
Après la Seconde Guerre mondiale, les programmes de
développement socioéconomique du territoire togolais
initiés dans le cadre du FIDES relancèrent le transport routier
dans son ensemble. Grâce à ses financements, les
équipements de ce transport s'étaient améliorés. Le
réseau routier s'étendit à 4 472 km à la veille de
l'indépendance avec le désenclavement de certaines
localités jadis fermées par faute de voies de communication
fiables. Quant au parc automobile du territoire, il comprenait 3 600
matériels roulants (privés et administratifs). Nombreux furent
les véhicules acquis sur les fonds du FIDES pour la réalisation
des infrastructures routières, socio-collectives et administratives, et
pour le transport des biens et personnes des services de l'Etat colonial
français. La totalité des matériels (63) composant le parc
mécanique du Génie civil du Togo en 1952 fut payée dans le
cadre du FIDES. Ces moyens de transport ajoutèrent un plus au patrimoine
de l'Etat qui connut une augmentation. Comprenant seulement 59 véhicules
en 1935, il était constitué au 1er juillet 1958 de 485 engins
(véhicules touristes, camions et autocars), les camionnettes
exclues236, sur les 3 600 véhicules du
territoire togolais. Ces engins, dont le nombre a accru, ont contribué
à améliorer l'état de la mobilité des personnes et
des biens des pouvoirs publics sur un territoire s'ouvrant de mieux en mieux
à la circulation automobile.
L'Etat colonial français, durant la tutelle
(1946-1960), moula le transport automobile administratif dans un ensemble de
législations et confia sa gestion à des structures
spécialisées qui, comme pendant la période mandataire,
étaient sous la tutelle du Service des transports et des travaux
publics.
Sur le plan législatif, nombreuses furent les mesures
prises pour régulariser ce transport. A titre illustratif, en 1946, J.
Noutary demanda dès lors aux services, cercles et bureaux de prendre des
dispositions pour que les demandes de réquisition de transport
parvinssent au Service des finances la veille du jour de déplacement
avant midi, sauf en cas d'urgence. Aussi, en 1951, fut-il accordé
à tout agent public en déplacement à l'intérieur du
territoire togolais pour une mission d'intérêt public, un droit de
remboursement des dépenses supplémentaires occasionnées
par son déplacement. Pour éviter que les fonctionnaires
prolongent exagérément les séjours, afin de
bénéficier des frais de missions conséquents, la
durée des tournées administratives fut fixée à dix
jours en 1953 avant d'être supprimée un an plus tard.
Sur le plan de structures, à côté du
Garage central qui poursuivit sa mission, on retrouve des
sociétés privées coptées par le pouvoir colonial
pour s'occuper en partie de son transport à bord d'automobile.
Ainsi, dans les années 1950, la Société
générale du golfe de Guinée (SGGG) et la
société Jonquet et Prades assuraient la mobilité des
agents du secteur public et des courriers postaux et autres biens
administratifs respectivement dans les cercles du Nord en correspondance du
chemin de fer Lomé-Blitta et sur la ligne Lomé-Anécho.
Le système de gestion du parc automobile et du
transport étatiques contribua à faire tourner l'appareil
administratif colonial sous la tutelle, et partant, à la gestion du
territoire togolais. Les véhicules, meilleurs moyens de transport de
l'Etat d'alors devant les trains en crise, ont favorisé le
déploiement des biens et personnel des structures et institutions
administratives comme à l'époque mandataire. En effet, Le
Commissariat de la République française au Togo et les structures
étant sous sa responsabilité directe, en eurent fait leurs
236 En 1958, on dénombrait au Togo 958 camionnettes
(privées et administratives).
moyens de tournées et missions à travers le
territoire. Ils avaient contribué au fonctionnement de l'Administration
locale organisée autour des Commandants de cercle et Chefs de
subdivision qui supervisaient les services et bureaux
déconcentrés en lui servant de moyens de déplacement.
Certes, la place des automobiles dans les déplacements administratifs
était indéniable à cette époque coloniale.
Cependant, l'acheminement des biens et la mobilité du
personnel administratifs était limitée. Pour cause, le patrimoine
automobile de l'Etat était assez étroit par rapport aux besoins
de transport des services. Moins nombreux étaient ceux qui disposaient
de véhicules de service propres pour s'en servir le plus rapidement
possible en cas de besoin. La situation n'était pas non plus meilleure
au niveau du personnel. Ils devaient remplir des formalités pour les
acquérir auprès des garages de leurs cercles respectifs ou au
Garage central. De plus, le réseau routier, même
amélioré, restaient moins fiable dans beaucoup de
localités. Cet état de chose raréfiait les actions
administratives dans ces régions surtout que l'utilisation du portage ne
pouvait pas, en raison de ses insuffisances (sur les plans quantitatif et
temporel), substituer le transport automobile.
C'étaient ces maux qui minaient le transport automobile
administratif que les tenants de l'indépendance internationale du Togo
devaient corriger. Mais, ceux-ci étaient déjà, peu avant
1960, confrontés à des crises économiques et
sociopolitiques. Dans cette situation de récession économique,
les autorités togolaises avaient décidé à la
Conférence des Chefs de circonscriptions et des Commandants de cercles
tenue le 8 septembre1959 sous la présidence du premier ministre S. E.
Olympio, de régulariser l'utilisation des véhicules de l'Etat
pour réduire les dépenses publiques.
La crise sociopolitique et économique qui
prévalait au Togo à cette période, n'était pas
favorable à l'amélioration de la mobilité sur le
territoire jusqu'au début des plans quinquennaux en 1966. Ces programmes
de développement socioéconomique avaient imprimé un
nouveau rythme au trafic routier togolais. Le réseau routier
s'était amélioré et porté à 7 170 km de
routes automobilisables. Cet essor faisait bon ménage avec
l'élargissement très sensible du parc automobile.
Ainsi, de 7 262 véhicules immatriculés avant
1967, on était passé à 27 252 en 1976, soit 19 990
immatriculations entre 1967 et 1976. Cette montée fulgurante redynamisa
le trafic automobile aussi bien privé qu'administratif.
La gestion des matériels roulants de l'Etat togolais
indépendant était à la charge de la Direction du garage
central administratif. Elle a désormais, une plus grande marge de
manoeuvre en la matière. Elle s'occupe de cette gestion dès
l'acquisition des véhicules jusqu'à leur reforme en passant par
leur maintenance.
Au sortir de la colonisation, la SGGG offrait toujours son
service à l'Administration mais avec un réajustement tarifaire de
son transport administratif à parti de 1960.
Les véhicules, en plus grand nombre, avaient, plus que
par le passé, contribué au fonctionnement du système
administratif du Togo indépendant. Ils ont beaucoup apporté
à la mobilité des personnes et des biens des structures de
l'administration centrale à travers le territoire dans le cadre de leurs
attributions. Il s'agit de la Primature (1956 à 1961), de la
Présidence à partir de 1961 et des ministères.
L'administration territoriale devait aussi, en partie, son fonctionnement aux
automobiles étatiques.
En effet, chacune des collectivités secondaires :
régions, circonscriptions, postes administratifs et commune, en
disposaient pour effectuer leurs besoins de transport. Plus qu'aux trains,
c'est aux véhicules automobiles qu'on doit l'établissement des
liaisons entre les divers services du territoire. La redynamisation du
transport automobile administratif au cours de cette période ne doit pas
masquer les vieux avatars du secteur. La circulation automobile n'était
pas totale sur toute l'étendue du pays par faute de fiabilité des
voies de communications dans certaines régions. Aussi, même
augmenté, le nombre des véhicules était toujours
insuffisant pour satisfaire tous les besoins de déplacement des
services, dont nombreux n'en disposaient pas en permanence.
L'augmentation du nombre de véhicules administratifs
dans le cadre des plans quinquennaux de développement, a grandement
contribué à leur reimmatriculation dans les séries
spéciales à partir de 1976.
Ainsi, les véhicules des pouvoirs publics, des
collectivités secondaires et des organismes publics ou parapublics sont
immatriculés dans la série RTG. Quant à ceux des forces de
l'ordre et de la Gendarmerie, ils sont immatriculés dans la série
FAT, avec le symbole d'une grenade griffé sur la plaque des
véhicules de la Gendarmerie. Enfin, les automobiles de la Police sont
immatriculées en série SNT.
L'amélioration du transport automobile administratif
continua jusqu'en 1980. Après cette date, une crise frappa ce secteur.
Elle est perceptible à travers la restriction du nombre de
véhicules administratifs immatriculés. En effet, de 428
immatriculations en 1980, (2164 entre 1976 et 1980), on était descendu
à 270 en 1981 et à 152 en 1983. La tendance fut globalement
négative jusqu'à la fin des années 1980. Cette situation
était due aux effets draconiens du PAS, dans une situation
économique difficile, qui ne permettaient pas l'achat suffisant des
matériels pour alimenter le parc automobile de l'Etat, qui se
rétrécit. Il finit par connaître une dégradation
avancée à partir de 1990 avec les crises sociopolitiques qui
sévirent au Togo et paralysèrent le secteur administratif comme
plusieurs autres. Il ne comptait que 4 000 véhicules (toutes
qualités confondues) en 1990.
Les automobiles ont contribué au déploiement
administratif en assurant la circulation des biens et des agents du secteur
public, mais de façon assez limitée et moins dynamique. Les
institutions de l'Administration centrale (la Présidence et surtout les
Ministères) étaient insuffisamment dotées de
véhicules de services par insuffisance de financement. Partant, le mal
atteignit les structures de l'administration territoriales : régions,
préfectures, souspréfectures et communes (même si celles-ci
effectuaient leurs dépenses de transport sur leur propre budget). Les
services ont vu le nombre de leurs automobiles être réduit.
Dans les années 1980 et 1990, ce n'est plus tant le
phénomène d'enclavement des localités qui constituait un
frein à la circulation automobile administrative, donc au
déploiement administratif sur le territoire mais, c'est plutôt la
restriction du patrimoine automobile de l'Etat, doublée de sa mauvaise
gestion à partir de 1990 qui posait problème dans un contexte de
crises sociopolitiques.
Celles-ci ont contribué à dissiper le parc
automobile administratif déjà souffrant d'insuffisance de
financements dans un contexte de crise non enviable. Selon les résultats
d'une commission de recensement des véhicules de l'Etat
réalisé en janvier 1996, sur les 3 091 automobiles
recensées, seulement 1 326, soit la moitié était en bon
état. Le reste était soit en instance de réparation (546),
soit reformé et vendu (864), soit disparu (153) ou encore saccagé
et épavé (202) (Bayaro 1998 : 56).
Au total, 355 véhicules étaient victimes des
crises sociopolitiques. Il est clair que le patrimoine automobile administratif
a perdu assez de plumes dans cette situation et est allé en
decrescendo. Ainsi, selon Lawani (2005 : 18), le nombre de
véhicules administratifs a chuté
de 4 000 en 1990 à 3 091 en 1996 avant de descendre
plus bas à 2 376 en 2004. Grave encore, ces chiffres prennent en compte
les engins hors d'usage. Cette situation se présente au moment où
les besoins en matériels roulants s'accroissent dans le secteur
administratif.
En effet, de 13 Ministères vers la fin des
années 1980, était-on passé à 19 en 1996 pour
atteindre 26 en 2004. Cette hémorragie qui est constatée dans le
secteur de transport automobile administratif largement tributaire d'un
laisser-aller dans sa gestion n'est pas arrêtée. La mauvaise
gestion des véhicules de l'Etat continue de nos jours. Cela influe
négativement sur le fonctionnement des structures et des institutions
administratives togolaises.
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
I-SOURCES
1-SOURCES ORALES ET ARCHIVISTIQUES 1.1-SOURCES
ORALES
Nom et
prénoms
|
Age
|
Qualité de l'interviewé
|
Date et lieu de l'interview
|
AMEDODZI Komi Apelete
|
Environ 50 ans
|
Chef comptable du Garage
central administratif.
|
06 /05/10 dans son bureau au
Garage central administratif.
|
ASSIMIOU Mamadou
|
59 ans
|
Technicien automobile, Chef
parc automobile du Garage central.
|
06/05/10, 03/ 06/ 2010 et 20/ 10/ 2010 dans son bureau au
Garage central administratif.
|
AWESSO Papeki
|
46 ans
|
Chauffeur au PNLC.
|
26/ 10/ 2010 au garage du CHU de Tokoin.
|
AWOUSSA Aklesso
|
27 ans
|
Chauffeur et agent au service d'immatriculation du Garage
central administratif.
|
02/ 06/ 2010 dans son bureau au Garage central administratif.
|
BALAKINDE Yao Sisi
|
50 ans
|
Attaché d'administration au
Garage central.
|
06/01/10 et 19/04/10 dans son
bureau au Garage central administratif.
|
BATONOU A. Choisi
|
50 ans
|
Ex infirmier d'Etat.
|
26/ 10/ 2010
au garage du CHU de Tokoin.
|
EDOH
|
46 ans
|
Chef de la division du budget et de comptabilité au
Ministère de l'administration territoriale, de la
décentralisation et des collectivités locales.
|
17/ 08/ 2010 dans son bureau au Ministère de
l'administration territoriale, de la décentralisation et des
collectivités locales.
|
EKUE- HETTAH Ayi
|
50 ans
|
Chef section carburant au
Garage central administratif.
|
06/05/10 dans son bureau au
Garage central administratif.
|
KOKOLOKO Agnoro
|
32 ans
|
Transitaire à la Direction du matériel et du
transit.
|
26/ 10/ 2010 dans son bureau à la Direction du
matériel et de transit.
|
LEGONOU Luc
|
35 ans
|
Comptable au Ministère de
l'administration territoriale, de la décentralisation
et des collectivités locales.
|
17/ 08/ 2010 dans son bureau au Ministère de
l'Intérieure, de l'Administration territoriale et de la
décentralisation.
|
N'TARE Kokou
|
49 ans
|
Chef section immatriculation et reforme au Garage central
administratif.
|
14/ 05/ 2010 dans son bureau au Garage central administratif.
|
TAKODA Essodjelina
|
34 ans
|
Transitaire à la Direction
du matériel et du transit.
|
26/ 10/ 2010 dans son bureau à la Direction du
matériel et du transit.
|
KOGNO Vinynko
|
30 ans
|
Chargé d'étude à la Direction de la
décentralisation.
|
25/ 08/ 2010 dans son bureau à la Direction de la
décentralisation.
|
1.2- SOURES ARCHIVISTIQUES
1.2.1- ARCHIVES NATIONALES DU TOGO (ANT-LOME)
SOUS-SERIE 7 APA (AFFAIRES POLITIQUES ET
ADMINISTRATIVES)
Dossier 13 : Organisation du territoire,
cercles, subdivisions. Nomenclature des Services administratifs.
SOUS SERIE 2 APA (AFFAIRES POLITIQUES ET
ADMINISTRATIVES)
Dossier 4 Cercle d'Atakpamé :
Administration générale, rapport de tournée dans les
localités
suivantes : canton d'Atakpamé, d'Adélé,
d'Akebou-1923, d'Akposso-Nord,
du Plateau-Akpossou, de Litimé, d'Akebou-Blitta,
1919-1956.
Dossier 13 Bassar : Fonctionnement des bureaux,
services et ateliers (arrêtés et circulaires du Commissaire de la
République), 1937-1947.
Dossier 42 Tsévié :
Problème de chefferie dans les villages d'Assahou, d'Edji, de
Kévé, de Yometchin, d'Atti-Apedokoe, Koudassi. Problème de
poste administratif d'Assahoun, correspondances diverses, 1958-1966.
Dossier 51 Cercle d'Atakpamé : rapport de
tournée effectuée par Jean Terrac, rapport politique annuel,
1942.
Dossier 109 Atakpamé- add. : Retrait
de permis de conduire, immatriculation des véhicules automobiles et
engins routiers, fixation du nombre de plaque CD et CC à attribuer aux
véhicules automobiles des ambassades et consulats, réglementation
de circulation, location du carburant et lubrifiant, 1947-1965.
Dossier 112 Atakpamé- add. : Services
des Travaux publics : circulation, réglementation sur la circulation
automobile dans le territoire et dans le cercle. Retrait de permis de conduire.
Procès-verbal d'enquêtes sur les accidents de circulation :
arrêtés, décisions, circulaires et notes diverses,
1950-1960.
Dossier 126 Atakpamé- add. : Transport
routier; contrat d'assurance d'Arokossimi Adam, transporteur à
Sokodé; commission de reforme de véhicules administratifs hors
d'usage; contrat de vente de voitures avec Sommialin; carnet de route et
feuille de déplacement, 1963.
Dossier 188 Atakpamé : demande de
réquisition de transport adressée au Chef de circonscription,
1966-1970.
Dossier 195 Atakpamé : Procès
verbal des Commandants de cercle et des Chefs de circonscription tenue dans la
salle des délibérations du premier ministre, 1959.
SOUS-SERIE 1G : DIRECTION DES TRAVAUX PUBLICS
Dossier 45 : Correspondance et rapport relatif
à la délivrance des permis de conduire par le Chef du service des
travaux publics, 1930-1935.
Dossier 55 : Circulaire du Commissaire de la
République (17 août 1954) relatives aux dispositions à
prendre par les Commandants de cercles pour l'exécution des nouveaux
travaux de construction de bâtiments, ponts, radiers. Circulaire du 7
janvier 1954 relative à la signature des pièces concernant achats
de véhicules, crédits pour la société des travaux
neufs, etc., 1954.
SOUS-SERIE 7 G : TRANSPORT ET CIRCULATION
Dossier 1 : Textes et correspondances,
1924-1931.
Dossier 4 : Correspondances entre le
Commissaire de la République et le commandant de cercle
d'Atakpamé relatives au fonctionnement du contrat signé avec la
société des Transports de l'Afrique occidentale, 1927-1930.
Dossier 17 : Relation avec la STAO, proposition
de prix par la société, 1933.
Dossier 18 : correspondance relative à la
liquidation de la STAO, 1993-1934.
SOUS SERIE 3 C : SERVICE DU MATERIEL
Dossier 25 : Etat des sorties effectuées
par les véhicules du service du gouverneur en avril 1937.
Dossier 27 : Circulaire relative aux demandes
de réquisition de transport, attribution de matériels,
circulaires relatives aux factures relatives à des achats de
fournitures, 1947-1948.
SOUS-SERIE 9 C : GARAGE CENTRAL
Dossier 1 : Etat des véhicules en
circulation au territoire du Togo placé sous mandat de la France,
renseignements et statistiques 1926-1929.
Dossier 2 : Textes divers sur la
réglementation de la circulation 1927.
Dossier 7 : Correspondance avec le Commissaire
de la République sur l'autorisation de circulation demandée par
quelques maisons de commerce, 1929-1931.
Dossier 8 : Appel d'offres pour l'entreprise
du transit à Dakar et hors de Dakar. Taux de remboursement des moyens de
transport fournis par le Garage aux services du gouvernement 1930.
Dossier 11 : Commande d'une batterie pour
Renault TT 437. Règlement des services de transport automobile dans le
territoire (correspondances). Mise à la disposition du service de
santé de la camionnette Peugeot et TT 362, 1934-1935
Dossier 12 : Demande de pièces de
recharge pour voitures Renault, 1935.
Dossier 13 : Correspondances A/S affectation des
voitures, 1936-1937.
Dossier 14 : Sollicitation des moyens de
transport, 1937.
Dossier 15 : Circulaire relative à la
réduction de l'importation de carburant, 1948.
1.2.2- DIRE CTION DU GARAGE CENTRAL
ADMINISTRATIF-LOME
Registres d'immatriculation des véhicules automobiles
administratifs du n° 31 au
n° 57.
2- PUBLICATIONS OFFICIELLES -Rapports annuels
de la France à la SDN sur le Togo : années 1924, 1925, 1926,
1930,1937, 1944, 1945.
- Rapports annuels de la France à l'ONU
sur le Togo : années 1946, 1947, 1954.
- Journaux officiels du territoire togolais
:
. Sous-mandat de la France : de 1924 à
1945. . Sous tutelle de la France : de 1946 à 1959.
. Après l'indépendance : de 1960
à 1993. -Togo presse n° 2128 du 13/ 11/ 1986.
3- Webographie
Http : www. diplomatie. gouver.fr/ fr/ pays-zone-geo_833/
afrique_1063/ sommet-Afrique- France326/ un plan Marshall pour l'Afrique,
document consulté le 05/ 10/ 2010 à 18 h 05 min.
II-BIBLIOGRAPHIE
ADOGLI S. K., 2009 : Les structures administratives du
système éducatif togolais de1922 à
2007, mémoire de maitrise d'Histoire,
Université de Lomé, 210 p. AGBOBLI E. K., 1987 :
Vingt ans avec le General Eyadema 1967-1987, Histoire
économique du Togo, Trévise, 239 p.
AGBODJAN C., 1987 : Institutions politiques et
administratives du Togo, 247 p.
ALI-NAPO P., 1997 : Histoire des travailleurs manoeuvres et
soldats du Nord Togo au temps colonial : 1884-1960, PUB, Lomé, 170
p.
ALI-NAPO P., 1998 : Le chemin de fer pour le Nord Togo n'est
pas encore à son terminus, PUB, Lomé, 162 p.
AMEDZAME A., 2002 : Organisation, fonctionnement et
gestion des biens de l'Etat à la Direction du Garage central
administratif, rapport de fin de formation, cycle I, Finances et
Trésor, ENA, 20 p.
AMEGAN S. A., 2000 : La gestion des carburants et
lubrifiants par la Direction du Garage central administratif, rapport de
fin de formation, cycle I, Finances et Trésor, ENA, 17 p.
ASSIMA-KPATCHA E., 2004 : Travail et salariat au Togo
français dans l'entre-deuxguerres 1914-1939, thèse de
doctorat d'Histoire, Université de Lomé, 599 p.
ASSOCIATION DES PROFESSEURS D'HISTOIRE-GEOGRAPHIE DU TOGO ET
GROUPE DE RECHERCHE ET DE PUBLICATION DE DOCUMENTS PEDAGOGIQUES,
2010 : Si le 27 avril 1960 m'était conté, La
Fraternité, Lomé, 59 p.
ATTITSO A., 2001 : La reforme des véhicules
automobiles administratifs usagés du Togo,
rapport de fin de formation, cycle I, Administration
générale, ENA, 20 p. BALAKINDE Y.S., 2000 : L'utilisation des
véhicules automobile de l'administration
togolaise, mémoire pour l'obtention du
diplôme de l'Ecole
nationale d'administration, cycle II, 65 p.
BANQUE MONDIALE, 1996 : Togo sortir de crise sortir de
pauvreté, IPC., Cotonou, 133 p. BARANDAO K., 1987 : Mise en
valeur et changement social au Togo dans l'entre-deux-
guerres (1914-1940), thèse de doctorat
d'Histoire, Université de
Paris I, 644 p.
BAYARO T. B., 1998 : La gestion des véhicules
administratifs : cas du Garage central administratif de Lomé,
mémoire, cycle III, Administration générale, 71 p.
BOUILLON J. et al., 1981 : Le XIXè
siècle et ses racines, Bordas, Paris, 382 p.
BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL, 1983 : Introduction à
l'économie, Service de
publication, 169 p.
DEBBASCH, Ch., 2002 : Droit administratif, Economica,
Paris, 883 p.
GADEGBEKOU A., 1992 : L'Inspection des affaires
administratives du ministère de l'Administration territoriale et de la
sécurité, rapport de fin de formation, cycle I,
Administration générale, ENA, 17 p.
GAYIBOR N. L. (ss.dir.), 1997 : Le Togo sous domination
coloniale de 1984 à 1960, PUB, Lomé, 241 p.
GAYIBOR N. L. (ss.dir.), 2005 : Histoire des Togolais de 1884
à 1960, PUB, Lomé, vol. II, T. I, 754 p.
GAYIBOR N. L. (ss.dir.), 2005 : Histoire des Togolais de 1884
à 1960, PUB, Lomé, vol. II, T. I, 606 p.
GUINCHARD S. et MONTAGNIER G. (ss.dir.), 2010 : Lexique des
mots juridiques, 17ème
édition, Dalloz, 769 p.
KAKOU C. N., 2007 : Conquête coloniale et
intégration des peuples : cas des Kabyè au Togo
(1898-1940), L'Harmattan, Paris, 347 p.
KENOU A., 1993 : Le Secrétariat
général du Ministère de l'Administration territoriale et
de la sécurité, rapport de fin de formation, cycle I,
Administration générale, ENA, 26 p.
KEZIE P., 2001 : Organisation et contribution des
transports collectifs dans le développement socio-économique de
la communauté urbaine de Kara (région de la Kara Nord-Togo),
mémoire de maîtrise de Géographie, Université de
Lomé, 123 p.
KPATCHA S. 2007 : Etude géographique d'un service
de transport : la Direction des transports routiers (DTR) Lomé,
mémoire de maîtrise de Géographie, Université de
Lomé, 107 p.
KOUZAN K., 2006 : Infrastructures sociales et
capacités africaines d'appropriation au Togo
(1946-1966), thèse de doctorat d'Histoire,
Université de Lomé, 594 p. LAWANI S., 2005 :
Réflexion sur la gestion des véhicules automobiles
administratifs du
Togo, rapport de fin de formation, cycle I, Finances et
Trésor, ENA, 24 p. LOSSO Y., 2008 : La gestion de la commune de
Lomé (1932-2001), mémoire de maîtrise en
Histoire, Université de Lomé, 233 p.
GEORGES P., 1998 : Organisation constitutionnelle et
administrative de la France, Sirey, Paris, 233 p.
POYODA B. M., 2001 : Transport et développement :
impacts du réseau routier sur la vie socio-économique des
populations du canton de Tcharé (Préfecture de la Kozah),
mémoire de maîtrise de Géographie, Université de
Lomé, 134 p.
SIMTOKENA S. Y., 1997 : Les transports au Togo et leurs
incidences socio-économiques dans l'entre-deux-guerres (1920-1439),
mémoire de maîtrise d'Histoire, Université de
Lomé, 119 p.
TCHITARA R., 1995 : Gestion du matériel appartenant
à l'Etat, mémoire, cycle II, Finances et Trésor, ENA,
45 p.
TEBIE M-A., 2002 : Le réseau routier togolais : du
mandat français à l'indépendance (1920- 1960),
mémoire de maitrise d'Histoire, Université de Lomé,
124 p.
TIWOME Y., 2009 : Transport et désenclavement :
l'exemple de la partie ouest de la région des savanes (Nord-Togo),
mémoire de maîtrise de Géographie, Université de
Lomé, 204 p.
TOMBITE A., 2001 : La gestion du matériel de l'Etat
dans les services publics au Togo : le mobilier et l'immobilier,
mémoire, cycle III, Administration générale, ENA, 92 p.
TSIGBE K. N., 2005 : Routes et chemins de fer au Togo
(1946-2002), mémoire de maîtrise d'Histoire,
Université de Lomé, 188 p.
TSIGBE K. N., 2009 : Infrastructures de transport
terrestres et mobilité au Togo (1920-
1980), thèse de doctorat unique en Histoire,
Université de Lomé, 595 p. VIDEHA G. Y. I., 2003 : Structure
des importations de biens d'équipement par le port
autonome de Lomé : la question du marché
d'occasion (1980-2000),
mémoire de maîtrise en Histoire, Université
de Lomé, 144 p.
ANNEXES
Annexe n° 1 : Organisation du
Garage central et réglementation du service des automobiles
administratives en 1937
ARRETE N° 325 portant organisation du garage central et
réglementant le service des automobiles administratives dans le
territoire du Togo.
LE GOUVERNEUR DES COLONIES,
OFFICIER DE LA LÉGION D'HONNEUR, ADMINISTRATEUR
SUPÉRIEUR DU Togo,
Vu le décret du 23 mars 1921 déterminant les
attributions et les pouvoirs du Commissaire de la République au Togo;
Vu le décret du 19 septembre 1936 portant réduction
des dépenses administratives du Togo;
Vu l'arrêté du 29 juin 1026 créant un
garage central à Lomé, et les arrêtés du 22 novembre
1927, 6 décembre 1929, 25 août 1930, 30 octobre 1933 y apportant
des modifications;
ARRETE:
ARTICLE PREMIER. -- Il est créé à
Lomé à partir du premier juillet 1937, un garage central qui aura
pour attributions
1° Le service des transports administratifs du chef-lieu;
2° -- Le service de réception, de montage et de
réparation des véhicules appartenant au service local.
TITRE PREMIER
Service des transports administratifs du chef-lieu ART. 2. -- Le
service du garage sera unique pour toutes les voitures du service local
utilisées au chef- lieu. Les voitures du service local se subdiviseront
en 2 catégories
Ire catégorie: -- Voitures ayant une affectation
spéciale savoir
a) Voiture du gouverneur des colonies, administrateur
supérieur.
b) Voiture affectée à l'inspection des affaires
administratives.
c) Voiture affectée à chacun des 4 commandants de
cercle du Territoire.
d) Voiture affectée au médecin-chef de
l'hôpital de Lomé.
2e catégorie.' -- Voitures du service
général et des sociétés de prévoyance.
ART. 3. Les voitures de la 1ère
catégorie de Lomé sont inspectées au moins une fois par
mois ·par le chef du garage.
Tous les voitures et camions de la 2e catégorie seront
garés au garage central et devront être entre tenus et
examinés par le personnel affecté au service des transports. Ces
voitures et camions ne devront être mis à la disposition des
services que sur ordre.
ART. 4. -- Le chef du garage central devra tenir ou faire tenir
les livres suivants
1° -- Un carnet matricule attaché à chaque
voiture, qui devra comporter le numéro de la voiture, sa date de mise en
service, son type.
Sur ce carnet devront être portées les mentions
suivantes
e) Quantité d'essence délivrée,
b) Quantité d'huile.
e) Nombre de kilomètres parcourus.
d) Pneus délivrés.
e) Chambre à air.
f) Réparations effectuées avec leur prix.
Un état récapitulatif en double exemplaire
indiquant le numéro du véhicule, le nombre de kilomètres
parcourus, la quantité d'essence et d'huile dépensée et la
moyenne aux cent kilomètres devra être transmis mensuellement au
bureau des finances pour contrôle.
2° -- Un registre du service de garage où seront
inscrites journellement les indications suivantes
a) Listes des véhicules en état d'être
utilisés dans la journée.
b) A réception de chaque ordre de transport,
numéro et date de l'ordre de transport, numéro et type du
véhicule mis à la disposition du fonctionnaire, destination,
quantité d'huile et d'essence au départ.
Au retour du véhicule, nombre de kilomètres
parcourus, essence et huile consommées. Mensuellement les indications
portées sur ce registre seront récapitulées par service,
et ce relevé en double exemplaire sera transmis au service des finances
pour remboursement par les services intéressés, sur leurs
crédits de transport, le cas échéant, des dépenses
ainsi effectuées.
ART. 5. -- Le chef du garage central tiendra pour les voitures
en service tin registre matricule où chaque voiture sera portée
avec son numéro, sa date d'acquisition, le nombre de kilomètres
parcourus au moment de l'inscription. Mensuellement ces renseignements seront
complétés
a) Par le nombre de kilomètres parcourus.
b) Par l'indication sommaire des réparations
effectuées.
e) Par l'indication des dates de remplacement des pneus et
chambres à air.
d) Par l'indication des dates de remise à l'atelier de
réparation et la date de rentrée au garage.
TITRE Il
Atelier de réparations
ART. 6. L'atelier de réparations fonctionne sous le
contrôle du chef du service des travaux publics.
Ses attributions sont les suivantes
o) Réception et montage de tous les véhicules
automobiles reçus pour le service local du Territoire.
b) Grosses réparations aux véhicules en service
en dehors du chef-lieu, qui en raison de leur
importance, ne peuvent être effectuées dans
l'intérieur.
c) Réparation des véhicules en service au
chef-lieu. ART. 7. Le chef du garage central est responsable, des
matières, du matériel et de l'outillage dont il est effectivement
détenteur et qui doivent obligatoirement faire l'objet de recensements
périodiques opérés en présence du chef du bureau
des finances ou de son délégué.
ART. 8. -- A l'entrée de chaque véhicule
à l'atelier de réparations, il sera ouvert un bon de travail sur
lequel devront obligatoirement figurer les renseignements suivants
a) Au recto : numéro d'ordre et numéro
d'attachement.
b) Numéro de la voiture, type, date d'achat, nombre de
kilomètres parcourus au jour de l'entrée.
c) Nature de la réparation à effectuer avec
indication de pièces principales à changer.
d) Journées d'ouvriers.
e) Au verso : matériel et matériaux fournis.
Les renseignements portés sur cette feuille de travail
seront intégralement reportés au jour le jour sur un registre
spécial « attachement travaux ».
En dehors de cette comptabilité spéciale de
l'état civil des voitures, le chef du garage central devra tenir les
livres de comptabilité suivants
1' Un livre d'inventaire en quantité et en valeur du
matériel des machines et machines outils et de l'outillage qui par son
importance ou ses caractères, ne doit pas figurer parmi le petit
outillage inscrit sur le registre faisant l'objet du paragraphe n° 3
ciaprès;
2° -- Un livre journal des entrées et sorties en
quantités et en valeur sur lequel le détail de chaque
pièce justificative sera inscrit sous une série annuelle de
numéros et par ordre chronologique. A chaque sortie le numéro de
la voiture à laquelle la pièce ou la matière est
destinée sera mentionné.
Le numéro de sortie de toute pièce sera
obligatoirement porté sur la feuille de travail vis-à-vis de la
pièce employée.
3° -- Un livre de petit outillage en service.
4° Un registre des pièces usagées, tenu par
catégories de pièces
Toutes les pièces retirées des voitures seront
portées en entrée avec indication du numéro de la voiture
d'où elles proviennent. Toutes les pièces en sortie devront
comporter une indication du numéro de la voiture à laquelle elles
sont destinées.
3° -- Un registre inventaire des ingrédients et
pneu- matiques.
Ces registres seront contrôlés
périodiquement par le chef du bureau des finances ou son
délégué et devront être toujours à jour.
TITRE III
Transport dans les cercles
ART. 9. -- Seuls les commandants de cercle ont une voiture
spéciale à leur disposition. Toutes les voitures du cercle ou de
la subdivision en dehors de celles ainsi spécialement affectées
doivent être à la disposition du service général.
Une décision déterminera le nombre de véhicules mis
à la disposition des cercles ou subdivisions.
ART. 10. -- Toutes les voitures devront être
garées dans un seul garage, et aucune sortie ne pourra être
effectuée sans un ordre de service du commandant de cercle ou du chef de
subdivision suivant les cas. ART. 11. Chaque voiture dans les cercles devra
être munie d'un carnet de route qui comportera au commencement un certain
nombre de pages libres sur lesquelles seront inscrites au jour de l'application
du présent arrêté
a) Le numéro de la voiture.
b) -Son type.
c) Le nombre de kilomètres déjà
parcourus.
d) Toutes les réparations et les pièces
changées à partir de ce moment y compris les pneus et les
chambres à air.
Les pages suivantes seront consacrées aux sorties du
véhicule.
A chaque sortie les indications suivantes devront être
portées
a) Numéro de l'ordre de sortie.
b) Destination.
c) Nombre de kilomètre
s parcourus.
d) Quantité d'essence et d'huile consommés. Une
copie in extenso de ces indications en double exemplaire devra être
transmise mensuellement au chef du bureau des finances avant le 10 de chaque
mois.
ART. 12. -- Il sera tenu dans chaque cercle ou subdivision un
registre matricule des voitures en service où seront reportées
toutes les indications susvisées. Toute pièce utilisée sur
une voiture devra passer en entrée et en sortie sur le livre journal des
matières du cercle ou de la subdivision. Une mention devra
obligatoirement indiquer la voiture à laquelle elle est destinée,
le numéro de sortie de la pièce employée devra être
porté sur le registre matricule visé à l'article 10 ainsi
que le carnet de route.
ART. 13. -- Toutes les voitures envoyées en
réparation au chef-lieu devront être munies de leur carnet de
route avec un rapport succinct indiquant les motifs de la réparation
à effectuer.
ART. 14. -- Le présent arrêté qui abroge
toutes dispositions contraires et notamment l'arrêté du 29 juin
1926 et tous actes modificatifs subséquents visés dans les
considérants ci-dessus sera applicable pour compter du premier juillet
1937.
Lomé, le 19 juin 1937.
Montagné.
Annexe n° 2 : Liste des circonscriptions et
préfectures érigées respectivement en préfectures
et sous préfectures par la loi n°81-9du 23 Juin 1981 portant
organisation administrative
2.1- Les 21 circonscriptions rebaptisées en
préfectures
Régions
|
Anciennes appellations
|
Nouvelles appellations
|
Chefs lieux
|
Maritime
|
Circonscription administrative de Lomé
|
Préfecture du Golfe
|
Lomé
|
Circonscription administrative d'Aného
|
Préfecture des Lacs
|
Aného
|
Circonscription administrative de Tabligbo
|
Préfecture de Yoto
|
Tabligbo
|
Circonscription administrative de vogan
|
Préfecture de Vo
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Vogan
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Circonscription administrative Tsévié
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Préfecture du Zio
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Tsévié
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Plateaux
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Circonscription administrative d'Atakpamè
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Préfecture de l'Ogou
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Atakpamé
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Circonscription administrative de Klouto
|
Préfecture de Kloto
|
Kpalimé
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Circonscription administrative d'Amlamé
|
Préfecture d'Amou
|
Amlamé
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Circonscription administrative de Badou
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Préfecture de Wawa
|
Badou
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Circonscription administrative de Nuadja
|
Préfecture de Haho
|
Notsé
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Centrale
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Circonscription administrative de Sokodé
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Préfecture de Tchaoudjo
|
Sokodé
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Circonscription administrative de Sotouboua
|
Préfecture de Sotouboua
|
Sotouboua
|
Circonscription administrative de Bassari
|
Préfecture de Bassar
|
Bassar
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Circonscription administrative de Tchamba
|
Préfecture de Nyala
|
Tchamba
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Kara
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Circonscription administrative de Bafilo
|
Préfecture d'Assoli
|
Bafilo
|
Circonscription administrative de Lama-kara
|
Préfecture de la Kozah
|
Kara
|
Circonscription administrative de Pagouda
|
Préfecture de Binah
|
Pagouda
|
Circonscription administrative de Niamtougou
|
Préfecture de Doufelgou
|
Nimtougou
|
Circonscription administrative de Kanté
|
Préfecture de la Kéran
|
Kandé
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Savanes
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Circonscription administrative de Mango
|
Préfecture de l'Oti
|
SansannéMango
|
Circonscriptions administrative de Dapaong
|
Préfecture de Tone
|
Dapaong
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2.2-Les 9 postes administratifs érigés en
sous préfectures
Anciennes appellations
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Nouvelles dénominations
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Chefs -Lieux
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Poste administratif de kévé
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Sous- préfecture de l'Avé
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Kévé
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Poste administratif d'Agou
|
Sous- préfecture d'Agou
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Agou-Gdzépè
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Poste administratif de Dayes
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Sous- préfecture de Danyi
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Danyi-Apéyéme
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Poste administratif de Tohoun
|
Sous- préfecture du Moyen Mono
|
Tohoun
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Poste administratif d'Elavagnon
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Sous- préfecture de l'Est- Mono
|
Elavagnon
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Poste administratif de Blitta
|
Sous- préfecture de Blitta
|
Blitta
|
Poste administratif de Guérin-
Kouka
|
Sous- préfecture de Dankpen
|
Guérin-Kouka
|
Poste administratif de Madouri
|
Sous- préfecture de Kpendjal
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Mandouri
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Poste administratif de Tandjouré
|
Sous- préfecture deTandjiouaré
|
Tandjouaré
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LISTE DES TABLEAUX ET DES
ILLUSTRATIONS
I-LISTE DES TABLEAUX
Tableau n°1 : bilan financier du service des transports
automobiles en 1927 29
Tableau n° 2 : Evolution du trafic routier assuré par
la STAO au Togo entre 1929 et 1932 32
Tableau n° 3 : Etat des sorties effectuées par les
voitures du service du gouverneur
Montagné de janvier à avril 1937 41
Tableau n° 4 : Moyens de transport des services et bureaux
à Lomé en 1938 43
Tableau n° 5 : Liste des services ou cercles utilisant des
véhicules administratifs
au Togo en 1932 . 46
Tableau n° 6 : Composition du parc mécanique du
géni civil du Togo en 1952 54
Tableau n ° 7: Etat des immatriculations au Togo de
1967-1976 80
Tableau n° 8 : Etat des immatriculations des automobiles au
Togo de 1975 à 1998 ....107
Tableau n° 9 : Récapitulatif des différents
crédits accordés au Garage central par
rapport au budget général entre 1990 et 1992 en
milliers de francs
pour la gestion des automobiles 126
II-LISTE DES ILLUSTRATIONS
Photo n° 1 : Une voiture administrative immobilisée
à Lomé devant la concession
de son utilisateur depuis juillet-septembre 2009 .3
Photo n° 2 : Les ateliers de réparation de
véhicule du Garage central à Lomé vers 1930 28
Photo n° 3 : Quelques voitures de la STAO à
Zébé (1928-1930) 31
Photo n° 4 : Le gouverneur A. F. Bonnecarrère et son
épouse à coté de son véhicule
en 1933 ....40 Photo n ° 5 : Image d'une
délégation présidentielle transportée par un
véhicule administratif
à l'occasion du 13ème Sommet
Afrique-France au Togo en novembre 1986 114
Carte n ° 1 : Réseau routier du Togo en 1933 22
Figure n ° 1 : Schéma de la structure de
l'administration générale du territoire togolais sous tutelle
française 64
V- TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION GENERALE 1
PREMIERE PARTIE : LE PATRIMOINE AUTOMOBILE : UN OUTIL
INDISPENSABLE AU FONCTIONNEMENT ADMINISTRATIF AU TOGO SOUS COLONISATION
FRANÇAISE (1937-1959)
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17
|
PREMIER CHAPITRE : LES DISPOSITIONS OFFICIELLES DE GESTION ET
|
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|
DE REDYNAMISATION DU SECTEUR DES TRANSPORTS ADMINISTRATIFS
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AU TOGO SOUS MANDAT (1924-1945)
|
|
19
|
I- Le transport routier togolais en progression sous mandat
français (1924-1937)
|
|
.19
|
1-La réorganisation des équipements de transport
automobile
|
|
20
|
1.1-Aménagement et construction des infrastructures
routières pour le fonctionnement de l'Administration
|
20
|
|
1.2- Un parc automobile bipolarisé
|
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23
|
2- Les premiers services administratifs de transport routier
(1924)
|
|
24
|
2.1-Le cadre des conducteurs d'automobile et l'école de
conducteur d'automobile
|
|
24
|
2.2- Le cadre de surveillants de la route
|
|
25
|
3-Les services et sociétés de transport automobile
administratif
|
|
26
|
3.1-Le Garage central, service administratif chargé de la
gestion des automobiles
de l'Etat
|
|
.26
|
3.2-Le service de transports automobiles, une structure
administrative inefficace
|
|
29
|
3.3-La STAO, une société privée
appelée à la rescousse
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30
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II- Les mesures rigoureuses de gestion du transport administratif
routier togolais
|
|
|
(1937-1946) 33
1- Les causes de la prise de ces mesures 33
1.1-Les difficultés économiques 33
1.2-Usage hors norme des véhicules administratifs 33
2- Les dispositions de gestion du transport administratif et
leurs conséquences 34 2.1-L'organisation du Garage central et
règlementation du service des
automobiles administratives 35
2.2-Autres mesures de réglementation du trafic
administratif (1938-1946) 36
III- Le fonctionnement du système administratif colonial
français au Togo sous mandat
redevable aux automobiles 38
1- Gestion des structures administratives 39
1.1-Le Commissariat de la République française au
Togo 39
1.2- Les bureaux et services administratifs 42
1.3-Les divisions territoriales 44
2- Fonctionnariat et mobilité géographique 47
2.1- Déplacements du personnel administratif dans le cadre
de ses attributions 47
22-Déplacements des fonctionnaires pour des mobiles
privés 48
DEUXIEME CHAPITRE : L'APPORT DU PARC AUTOMOBILE
AU FONCTIONNEMENT ADMINISTRATIF AU TOGO SOUS TUTELLE
(1946-1959) 50
I- Quelle place pour le transport routier dans les plans de
financement du FIDES ? (1946-1959) 51 1-Un aperçu sur les
réalisations routières, jauge du niveau de desserte et de
circulation
automobile sur le territoire 51
2-Agrandissement du patrimoine automobile togolais 52
II- La gestion du transport automobile administratif au Togo
sous tutelle 55
1-Cadre institutionnel et juridique 56
1.1-Les mesures de réglementation 56
1.2-Le Garage central, toujours dans sa mission d'organisation
des déplacements
routiers administratifs 59 2- Les sociétés
concessionnaires privées de transport routier au service
de l'Administration 60
2.1-Le renfort de la SGGG 60
2.2-La société Jonquet-Prades 61
III- La place des véhicules dans le fonctionnement des
structures administratives au
Togo sous tutelle 62
1- Le Commissariat de la République française au
Togo 62
2- Les divisions territoriales 65
3-Les services publics, parapublics et autres structures 67
DEUXIEME PARTIE : QUELLE PLACE POUR LES AUTOMOBILES DE L'ETAT
TOGOLAIS DANS LE FONCTIONNEMENT DE L'ADMINISTRATION AU TOGO INDEPENDANT ?
(1959-1992) 73
TROISIEME CHAPITRE : VEHICULES ETATIQUES, UN HERITAGE COLONIAL
DE TRANSPORT POUR UNE BONNE GESTION DU TERRITOIRE TOGOLAIS SOUVERAIN
(1959-1976) 75
I - Les équipements de transport automobile au Togo : de
la léthargie à la relance
(1959 - 1976) 76 1 - Une ère difficile pour le trafic
routier dans un contexte socioéconomique national et
international critique (1959 - 1966) 76
2- Un renouveau pendant les deux premiers plans quinquennaux
(1966 - 1976) 77
2.1-Priorité accordée à
l'amélioration du réseau routier pour faciliter la circulation
des
véhicules 78
2.2-Agrandissement du parc automobile togolais 79
II - Cadre institutionnel de la gestion du transport automobile
au Togo indépendant (1959-
1976) 81
1/ Création et reconduction des structures de gestion
81
1.1 - la SGGG ou la survivance d'une société
privée de transport au service des pouvoirs
publics 82
1.2 - Le service des transports routiers : quelle relation avec
le Garage central? 83
1.3- Le Garage central administratif, une structure de gestion
du transport administratif confirmé 84 2- la gestion des
véhicules automobiles administratifs, un véritable processus
juridico-
administratif et technique 84
2.1 - L'acquisition : de la réception à la mise
à disposition 85
2.2- La maintenance et la reforme 87
III- Place des véhicules des pouvoirs publics dans le
fonctionnement des
structures administratives au Togo (1959- 1976) 90
1- La mobilité géographique du personnel et des
biens des organes de l'administration
centrale 90
1.1-La Primature puis la Présidence de la
République 90
1.2- Les Ministères 92
2- Le déploiement de l'administration territoriale 93
2.1 - L'administration centrale 93
2.2- Les collectivités locales 94
3- Le transport dans les services techniques
déconcentrés. 98
3.1-Les services et société étatiques ou
parapublics 98
3.2- Les organismes internationaux 100
QUATRIEME CHAPITRE : DE LA REIMMATRICULATION DES VEHICULES DE
L'ETAT A LA PERVERSION DU PARC AUTOMOBILE ADMINISTRATIF (1976- 1992) 103 I- La
situation du trafic automobile togolais en matière d'équipements
et de gestion du début du troisième plan quinquennal à
1992 104 1- Les équipements routiers, instruments indispensables pour un
meilleur développement administratif 104 1.1- Les régions mal
équipées en réseau routier et d'accès difficile
pour les véhicules, cibles
des financements de réfection et de désenclavement
104
1.2- L'état du parc automobile togolais 105
2 -Cadre institutionnel de gestion du transport administratif
108
2.1-Le Garage central administratif, un organe permanent de
gestion du trafic
automobile 109
2.2-La Direction du matériel de transit : quel rôle
dans le transport administratif ? 110
II-La contribution du parc automobile au fonctionnement des
institutions et structures
administratives au Togo (1976-1992) 112
1- Le déploiement des structures de l'Administration
centrale de l'Etat 112
1.1-La Présidence de la République, instance
suprême de l'Etat 112
1.2- Ministères et Secrétariats d'Etat 114
2- Fonctionnement de l'Administration territoriale 116
2.1 - L'administration centrale 116
2.2-L'administration territoriale locale 118
3-Fonctionnement des services techniques 120
3.1-Les services et sociétés d'Etat ou parapublics
120
3.2-Les organisations internationales 122
III- Le Programme d'ajustement structurel et, le secteur
de l'Administration et son transport
automobile au Togo (1983-1992) 123
1- Le PAS : quelles conséquences administratives et
sociopolitiques? 124 1.1-La réduction du personnel du service public,
une politique de redressement économique fatal au fonctionnement de
l'Administration 124 1.2-Les crises sociopolitiques et institutionnelles,
opium de la bonne marche
administrative 124
2- Le PAS et le transport automobile administratif 125
2.1-Restriction et détérioration du parc automobile
de l'Etat 126
2.2-Perversion dans la gestion des véhicules
administratifs dans les années 1990 128
CONCLUSION GENERALE 133
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE 141
ANNEXES 149
LISTE DES TABLEAUX ET DES ILLUSTRATIONS 153
TABLE DES MATIERES 155
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