CHAPITRE II : L'ATTACHEMENT A L'INTEGRITE.
L'intégrité du personnage féminin va
au-delà des responsabilités familiales puisqu'en
général, elle le rend juste et humble. La femme africaine, fort
de son statut de mère de l'humanité et de pourvoyeuse de la vie
et du bienêtre, est très encline à la justice et à
l'équité.
II.1- L'être juste.
La femme, contrairement à l'homme, tient toujours
à ses promesses et sait garder un secret. Le frère
aîné de Halla Njokè a suivi une initiation chez les
pygmées. Comme tout acte de ce genre, il nécessite la
discrétion et le secret . L'initié est tenu de ne pas dire aux
profanes ce qu'il a vu ou ce qu'il a entendu pendant son initiation. Or
l'aîné de Halla, même s'il ne trahit pas finalement le
secret, est toujours animé par l'intention de le révéler.
Si tout acte posé est la matérialisation d'une pensée,
toute pensée est en elle-même la conceptualisation et le signe
avant coureur de l'acte posé ou à poser. En plus, le frère
de la narratrice est très bavard. Il vit dans la même maison que
Tante Roz41.
Il faut dire que tous, parents, grands-parents, fils et
petits-fils vivent dans la concession familiale de Grand Pa Helly. La chambre
du frère aîné est attenante à celle que partage
Tante Roz et son mari Ratez. Le jeune garçon, animé par des
idées perfides, a percé un trou discret sur le mur mitoyen. Il le
bouche soigneusement à l'aide d'une pierre. Ce trou lui permet de
lorgner les occupants voisins lorsque les bruits de leurs ébats sexuels
lui parviennent. Au lieu de garder ce secret, il le diffuse auprès de
ses puînées :
« Il me semblait que mon frère était
devenu plus intelligent que mes soeurs et moi : depuis qu'il était
revenu de chez les pygmées, il en savait des choses. D'abord, il
habitait désormais dans une chambre dans la maison de notre tante. Il
avait élargi un trou dans le mur entre sa chambre et celle de Tante Roz
et de son mari Ratez. Il nous y invitait, ma puînée et moi, pour
soi-disant nous raconter ses aventures pygmées. Mais en fait,
c'était pour l'assister dans sa nouvelle activité. Il regardait
par le trou en tremblant, y collait son oreille et reproduisait par sa bouche
les bruits qu'on entendait » (M.A., 36).
Le garçon n'est pas seulement indiscret. Il a aussi des
attitudes incestueuses. Il vient d'entrer dans l'adolescence c'est pourquoi il
a suivi l'initiation qui consacre l'accession à cette classe
d'âge. Il vit dorénavant seul, signe d'une certaine
maturité et d'une certaine responsabilité qu'il devrait assumer
en posant des actes dignes. Au contraire, il semble plutôt perverti. Ses
soeurs sont devenues pour lui des terrains d'expérimentation de tout ce
qu'il voit : « Il nous demandait alors de relever nos robes et de
jouer à la pêche aux digues en remuant les fesses et en
reproduisant le même bruit » (M.A., 36). La pêche aux
digues est une pratique réservée aux femmes : « Il n'y a
jamais d'homme pendant cette pêche et cette danse. C'est une danse
réservée aux seules femmes » (M.A., 37).
En plus de son dévergondage, le garçon est
imprudent. Il sait qu'espionner ses parents est un acte dangereux : «
Il nous prévient que c'est dangereux » (M.A., 38). Mais il le
fait et y invite même les autres. L'homme est donc à l'origine de
la perdition et du malheur dans l'environnement africain. C'est à cause
de lui que les trois seront châtiés après la
découverte du manège :
« Un jour [...], il nous appelle immédiatement
dans sa chambre où ma soeur et moi nous précipitions sur le
trou... Tante Roz se bat contre son mari Ratez qui s'enfonce entre ses
jambes... Elle pousse des hurlements qu'il étouffe en lui
enfonçant sa langue dans sa bouche. Il lui fait avaler sa salive ma
parole ! Une grosse nausée me prend. Le mari ratez se lève et la
retourne. Une mousse blanchâtre a envahi les poils sur son basventre. Je
n'ai pas le temps de me retourner, un gros jet de vomissure
s'échappe de ma gorge et mon frère laisse
échapper la motte de terre trafiquée qui fermait le trou. Le
regard du mari Ratez nous surprend et il pousse un cri de fureur... On nous a
donné une fessée monstre à tous les trois, on nous a
versé du piment entre les jambes et l'on nous a fait coucher sur une
natte au soleil » (M.A., 38).
Les ébats sexuels de Tante Roz et son mari ont
plongé Halla Njokè dans la désolation. Bien que petite et
naïve, la femme ne supporte pas l'impudeur. Son indignation se mêle
à sa colère lorsqu'elle réagit contre l'accusation de son
frère qui la rend responsable de leur malheur : « Quel coeur
as-tu donc pour supporter la vue de telles laideurs, [lui dit-elle],
sincèrement surprise et profondément écoeurée
» (M.A., 38).
A l'opposé de l'homme, la femme est plutôt
très réservée. Après le rite de la «
transfusion du sang »42 qui consistait en réalité
à l'accomplissement de l'acte sexuel entre Njokè et sa fille,
celle-ci est restée muette. La substitution de l'enfant de Halla
à l'hôpital a pour but de garder ce secret. Car personne n'aurait
compris comment une jeune fille de onze ans (M.A., 106) a pu concevoir. Elle
qui marche « toujours à demi nu parmi les garçons »
(M.A., 89), qui n'a « aucune réelle conscience de la
sexualité » (M.A., 90). Malgré cette jeunesse, Halla a
fait preuve de beaucoup de maturité et de responsabilité
contrairement à son frère, pourtant son aîné :
« Je n'ai pas fait le moindre rapport entre ce qui
venait de m'arriver et ce que je croyais savoir de la sexualité à
travers Tante Roz et son mari Ratez, Grand Pa Helly et Grand Madja [...].
N'ai-je pas consacré tout mon temps à la prière et au
recueillement jusqu'au tribunal où l'on
42 - Naja accuse Njokè de l'avoir
abandonnée. Elle demande le divorce « aux torts exclusifs
» ( M.A., 83) de ce dernier. Mais elle perd le procès puisque
les torts exclusifs retournent contre elle : c'est Njokè qui doit garder
les enfants. Pour se venger, elle intente un autre procès où la
paternité de son ex-mari est remise en cause. Dans le but de ne pas
perdre sa fille qu'il aime tant parce qu'elle est l'homonyme de sa mère,
il décide de lui transfuser traditionnellement son sang : « Je
ne veux pas courir le moindre risque, au moins, te concernant. Toi, tu es ma
mère, mon âme, ma fierté de vivre, mon vrai espoir de
survie. Les autres enfants, je ne les connais ni ne les sens comme toi. Je
pourrais peut-être me consoler si l'on me sépare d'eux, mais pas
de toi. Alors, j'ai trouvé une solution : je vais ajouter mon sang dans
ton corps, pour que les tests soient forcément positifs. Bien sûr,
cela devra rester un secret entre nous deux » (M.A., 91).
dépouille les résultats. Dieu ne pouvait ne
pas m'exaucer : j'avais obéi à mon père » (M.A.,
97).
Jusqu'à la dernière minute du procès
où l'avis de Halla constitue le coup de grâce ou pas pour son
père, la narratrice s'est montrée fidèle à ses
engagements malgré le fait que tous ses frères et soeurs ont
choisi d'être encadrés par leur mère. Le résultat
des tests révèle que sur sept enfants, trois parmi lesquels Halla
Njokè ont un sang qui s'accommode avec celui du père. Le tribunal
décide donc de confier à celui-ci « les enfants dont le
sang est concordant avec le sien » (M.A., 98) et les autres à
la mère. Mais cette dernière s'oppose à cette
décision en criant « comme un chien hurle à la mort
» (M.A., 99), confondant le juge. Celui-ci, « ne sachant
plus quoi faire, demande qu'à part les deux derniers-nés, les
enfants plus grands désignent avec lequel des deux parents ils
préfèrent vivre. Tous choisissent [la] mère, sauf [Halla],
bien sûr » (M.A., 99). La narratrice raconte les circonstances
dans lesquelles elle a donné sa réponse et c'est-là que
transparaît son loyalisme et sa fidélité :
« Je me rappelle que je suis tout pour toi, mon
père, tu me l'as dit avant le début du procès. Je ne
trouve pas le courage de t'abandonner. Pourtant, j'ai une subite et très
forte envie de m'aligner sur l'opinion de tous mes frères et soeurs, de
changer ainsi de lieu de vie et surtout de retrouver ma mère dont
quelque chose me dit qu'elle ne reviendra plus jamais avec toi. La
dernière interrogée, je déclare péremptoirement :
je veux rester avec mon père et personne ne pourrait ni ne saurait m'en
empêcher » (M.A., 99).
Une autre preuve du caractère juste de la femme est le
fait qu'elle soit la gardienne du trésor familial. Elle établit
le budget familial et en assure la répartition entre les
différentes charges et les divers membres qui sont concernés.
Dans la société du texte, l'homme est le principal pourvoyeur des
biens matériels et financiers. Nous distinguons deux catégories
de personnages masculins qui ravitaillent la famille : les citadins et les
traditionnels. Parmi les
citadins, on peut citer le père de Halla qui travaille
dans une grande plantation industrielle. Ce statut fait dire à la
narratrice qu'il est un « homme providence » (M.A., 163).
Racontant le rythme de travail de son père, Halla renseigne sur la
manière chaotique avec laquelle il gère ses revenus :
« On ne le voit plus que les week-ends. Il arrive en
même temps que tous les commerçants venant des villes. Il apporte
des tonneaux d'huiles, des ignames et gibier dans sa voiture de service. Il
écoule le tout en un temps trois mouvements, achète ce qui lui
plaît d'amener à la maison comme sa quote-part. Il semble vraiment
ravi de jouer au maître de maison qui arrive comme la providence avec des
morceaux de provisions : paquets de morues, conserves à la mode
(corned-beef, maquereaux, sardines, lait concentré sucré, et des
pains pour les petits déjeuners de toute la semaine » (M.A.,
162).
Cette gestion est égoïste dans la mesure où
c'est le père qui ravitaille la maison en denrées alimentaires
alors que ce n'est pas lui qui fait la cuisine. Cette tâche incombe
à la femme dans les sociétés africaines. Njokè est
aussi égoïste parce qu'il « achète ce qui lui
plaît ». Nous avons affaire à un « maître
de maison » qui ne tient pas compte des goûts des siens. Il se
comporte en véritable maître qui a en face de lui des esclaves.
Sa gestion est chaotique en ce sens qu'il dépense
presque inutilement car les produits achetés n'intéressent
guère les membres de la maison. Halla parle « des morceaux de
provisions » pour relever l'insatisfaction de la famille. A quoi sert
de faire consommer aux gens des produits auxquels les appétits
alimentaires ne sont pas adaptés ? Nous sommes dans un environnement
traditionnel qui a ses préférences. Il est donc normal que
certains produits importés déplaisent aux consommateurs locaux
:
« Adieu, nos petits-déjeuners traditionnels
d'ignames sucrées, de morceaux de manioc de la veille
réchauffés sur la braise avec des fruits du safoutier bien noirs,
braisés jusqu'à la dorure. Adieu les restes de repas repris en
gratin, et les marmites qu'on se dispute pour racler les
croûtes du fond. La tendance est désormais de
jeter les restes » (M.A., 162).
Le ton lyrique qui se dégage de ce discours traduit la
nostalgie et l'admiration pour les repas de la veille, les
petits-déjeuners traditionnels. Il traduit en conséquence la
désolation de la narratrice face à l'adoption des nouvelles
habitudes. La dénonciation faite connote l'arbitraire institué
dans la consommation. Fort de son nouveau statut, le maître de maison
oblige les membres de la famille à se conformer aux goûts de
luxe.
Werewere-Liking fustige-là une pratique très
courante dans les sociétés africaines de cette ère : le
snobisme. Un Africain qui, hier, menait une vie tranquille avec les moyens
modestes que lui procurait son activité, se met
généralement à maudire son passé dès qu'il
trouve un emploi mieux rémunéré. Pourtant sa vie
antérieure ne le désolait pas vraiment dans la mesure où
il parvenait à tenir le cours. La condition ayant changé, il
trouve subitement que la vie qu'il menait est dépassée,
désuète et archaïque. Il s'engage dans un snobisme à
outrance, dilapidant sans contrôle son revenu. Kum'a Ndoumbé III
dénonce cette attitude car il estime qu'elle fait des Africains
« les esclaves culturels des autres »43. Il
illustre son propos par un témoignage qui s'achève sur une note
satirique :
« J'avais été invité à
manger un jour chez des gens bien, comme on dit. C'était à Douala
en 1970. La maîtresse de maison servit un menu typiquement
français, depuis l'entrée jusqu'au fromage. Puis, elle apporta
des pommes et s'empressa d'ajouter : `'Ces pommes viennent directement de
Paris, elles ont été débarquées par le dernier
avion». La papaye du pays n'aurait-elle pas pu faire l'affaire ? Et puis,
je ne savais pas que l'on plantait des pommes à Paris
»44.
43 - Kum'a Ndumbe III, L'Afrique relève le
défi, Yaoundé, Douala, Editions AfricAvenir, 1985, p. 13.
44 - Kum'a Ndumbe III, Ibid, p. 15.
Le snobisme est une gangrène que les Africains
d'aujourd'hui devraient combattre avec la même hargne, sinon plus, qu'on
déploie contre le Sida, le cancer et le diabète car c'est lui qui
est à l'origine de ces maladies. Le snobisme tue. Il est le
véritable cancer social dans l'Afrique actuelle. Il ruine les Etats
parce qu'il suscite le détournement des fonds publics et la corruption.
Il accable les familles en provoquant des dépenses piteusement inutiles.
Le drame c'est que ce sont les Africains dits modernes ou évolués
à qui malheureusement la destinée de l'Afrique est confiée
qui le pratiquent. Si on considère la modernité comme un
état de perfectionnement, en quoi les attitudes de gaspillage, de
dilapidation et de ruine constituent-elles la perfection ? Les
sociétés dites traditionnelles, c'est-à-dire
archaïques pour bon nombre de personnes, ne sontelles pas devenues des
sociétés plus modernes ? Ces sociétés ayant
intégré les valeurs d'ailleurs qu'elles jugent indispensables
pour leurs peuples tout en maintenant le cordon avec ce que Fernando D'Almeida
appelle l'« humus natal »45.
Halla Njokè est l'incarnation de cette tradition
modernisée. En même temps qu'auprès de ses grands-parents
elle s'instruit des savoirs cosmogoniques de son terroir, elle s'abreuve aux
connaissances occidentales où elle aspirait aller plus loin. Rappelons
qu'elle a un Certificat d'Etudes Primaires (C.E.P.) et que c'est son
père qui freine ses ardeurs en refusant de la faire continuer au
secondaire. Il est vrai qu'après son accouchement, elle renonce à
son projet de ressembler aux femmes blanches en allant le plus loin possible
à l'école occidentale. Encore-là, se manifeste le souci de
la femme de traquer le superflu et de se limiter à l'essentiel. Face aux
dépenses désinvoltes de son père, elle se rappelle un des
enseignements de sa grand-mère au sujet de l'économie :
« Les ancêtres punissent le gaspillage. Il y a
toujours quelqu'un à qui l'on peut offrir la nourriture que les esprits
nous font la grâce de nous
accorder. Le jeter est un signe de négligence, de
paresse et d'égoïsme inadmissible. Mettez toujours votre
créativité en marche pour pouvoir nourrir la vie comme la vie
vous nourrit » (M.A., 163).
Le monde traditionnel est économe et «
répugne les masques grotesques dont se prévaut l'homme
versé dans le dérisoire, le simulacre »46.
L'économie familiale est gérée par la femme parce qu'elle
a de la mesure et elle est juste. Le sage africain ne gère pas
lui-même son revenu. Grand Pa Helly fait entièrement confiance
à sa fille aînée à qui il confie la gestion de ses
revenus :
« Grand Pa Helly est [...] très riche. Mais en
fait, il n'a jamais d'argent. Pour des raisons que j'ignore, il refuse toujours
d'en avoir, et même d'y toucher. Tout l'argent de la vente des produits
sert à nourrir et à soigner la famille. Tante Roz est
chargée de partager l'argent entre les différentes maisons et
elle procède toujours de la même façon : d'abord elle remet
la part de la maison du chef de famille Grand Pa Helly à Grand Madja qui
la gère. Ensuite la part allouée aux besoins de la maison de mes
parents, mon frère, ma puînée et moi est remise à ma
mère quand elle est là » (M.A., 31).
Dans le partage que fait Tante Roz, rien n'est remis aux
hommes. La part du chef de famille est remise à son épouse. Au
lieu de remettre la part des enfants de Njokè à lui-même,
Tante Roz la remet à sa belle-soeur. Ceci montre la confiance totale
qu'on fait aux femmes dans l'Afrique traditionnelle. On se souvient que dans
nos sociétés traditionnelles au Cameroun, au temps où
chaque homme devait marcher avec son coupon d'impôt, comme sa carte
nationale d'identité, ce sont les femmes qui allaient acheter
l'impôt de leur mari. C'est encore elles qui le gardaient de même
que les autres pièces personnelles de celui-ci. Ce dernier cas est
encore en vigueur. Dans les villages, ce sont généralement les
femmes qui gardent la carte d'identité de leurs époux. Une
étude faite sur la société traditionnelle
rwandaise montre et confirme que c'est la femme qui s'occupe de la bourse
familiale dans toute l'Afrique traditionnelle :
« Dans le domaine agricole, la femme participait aux
travaux de labour parfois plus que l'homme. Elle ensemençait les champs,
sarclait, récoltait et engrangeait les produits. Après le
versement de la quote-part du ménage à l'autorité
lignagère ou à l'autorité politique locale, c'est encore
la femme qui jugeait si le ménage avait le nécessaire pour
partager le surplus avec quelque parent ou voisin en mauvaise posture
»47.
Malheureusement, le colonialisme a investi l'Afrique,
déstructurant la mentalité des Africains, leurs us et coutumes,
imprimant de nouveaux paradigmes socioculturels et de nouvelles visions du
monde tels que l'individualisme, l'égoïsme, la méfiance et
par-dessus tout, la phallocratie. La femme qui, jadis, trônait au
firmament, est désormais ravalée au rez-de-chaussée de la
pyramide sociale. Et nombreux sont ceux qui ne distinguent plus les pratiques
allogènes de celles véritablement autochtones. Ils continuent de
croire que ce ravalement est inhérent au destin de la femme africaine et
que celle-ci est en conséquence à l'origine du pourrissement
social. Pourtant en réalité, elle est très humaine.
|