Section1 : Processus de développement du tourisme
durable à la Pendjari
Dans cette section, on vérifiera d'abord l'existence
d'une stratégie adéquate de développement du tourisme
durable puis le mécanisme d'intégration de la conservation
durable des ressources naturelles et enfin, la maximisation des avantages du
développement du tourisme durable.
Paragraphe 1 : Existence d'une
stratégie de développement durable du tourisme
La mise en place de certaines structures touristiques n'ayant
pas abouti à valoriser tout le potentiel économique du secteur,
une mise en commun des activités de l'ensemble des acteurs de la RBP, a
permis d'avoir cinq lignes stratégiques de développement du
tourisme à la RBP à savoir :
ð Améliorer les infrastructures touristiques et la
capacité d'accueil ;
ð Diversifier les produits touristiques en vue de combler le
vide d'activité de la basse saison touristique ;
ð Améliorer la notoriété et renforcer la
promotion de la réserve;
ð Créer des structures et outils pour promouvoir et
gérer efficacement le tourisme dans la réserve.
ð Améliorer la qualité des prestations.
Cette stratégie écotouristique appliquée
à la RBP vise à faire participer l'ensemble des acteurs dans les
processus de promotion, de développement et de gestion de
l'activité touristique. C'est une stratégie des sous-secteurs du
tourisme qui peuvent être importants pour rendre l'ensemble du tourisme
plus durable dont l'objet est de déterminer ce qui se passe sur le
terrain et de définir les politiques et instruments qui permettront de
créer des conditions favorables au tourisme durable. Cette
stratégie de développement de l'écotourisme a permis de
créer des produits touristiques alternatifs au safari en voiture,
d'augmenter l'efficacité de la promotion et de la gestion du tourisme
dans la réserve, et de trouver un marché
aux produits touristiques qui y sont offerts. Le grand nombre
d'activités témoigne du potentiel qui existe déjà
au niveau des acteurs. Ainsi, ces lignes stratégiques répondent
aux normes d'élaboration d'une stratégie de développement
du tourisme durable mentionnées dans le premier chapitre. Ce qui manque,
c'est la communication et la coordination entre les acteurs pour avoir la
synergie à tous les niveaux.
Aussi, ces lignes stratégiques ne peuvent aboutir
à un développement du tourisme durable sans intégrer la
conservation durable des ressources naturelles qui, notons-le, est la condition
sine quoi none de la durabilité du développement touristique.
Paragraphe 2 : Intégration de la conservation
durable des ressources naturelles
La faune et la flore de la RBP sont loin d'être
entièrement reconnues. Certaines zones devront donc être
réservées à la préservation des biotopes sans
mesures d'aménagement et de gestion et à la recherche ainsi qu'au
suivi écologique (considéré comme une fonction productive)
sans autre forme d'utilisation. Ce suivi écologique a pour objectifs,
d'une part, d'éclairer les décisions de gestion et
d'aménagement de la réserve en fournissant des informations sur
l'état de son écosystème et l'évolution de celui-ci
; et d'autre part de satisfaire les besoins d'information de la
communauté nationale et internationale. Il a été entendu
qu'il fallait écarter le risque de faire de cette fonction une fin en
soi et prévenir les tendances à générer des
données tous azimuts. C'est dans cet esprit que quatre principaux sites
ont été identifiés comme aires centrales ou Zones
Intégralement Protégées (ZIP) sur la base d'une carte de
végétation de la RBP et d'autres documents de
référence.
Les différentes formations végétales
formées le long de la rivière Pendjari sont
protégées au même titre que les aires centrales ci-dessus
définies. Un classement de ces formations végétales en
aires centrales s'est fait avec les autorités burkinabès pour
protéger la Pendjari et ses deux rives sur au moins 25 % de sa longueur
commune. Tout autour ou au voisinage des aires centrales, des sites ont
été identifiés permettant de les désigner comme
Zone Tampon (ZT). Selon la définition du MAB les ZT jouxtent ou
entourent les aires centrales. Elles sont utilisées pour des
activités d'exploitation compatibles avec des pratiques
écologiquement viables et l'utilisation rationnelle des ressources. Ces
activités sont soumises à des restrictions spéciales ; et
les sites gérés pour une exploitation touristique et de chasse
sportive se trouvent dans la ZC de la Pendjari et celle de
l'Atacora tout comme les sites utilisés pour les
activités de coopération compatibles aux pratiques
écologiquement viables.
Ainsi, un appui est porté à la conservation des
aires naturelles, des habitats, de la faune et de la flore sauvages, limitant
le plus possible les dommages qu'ils peuvent subir et garantissant par
conséquent une pureté de la nature.
Paragraphe 3 : Maximisation des avantages du
développement du tourisme durable
Pôle d'attraction à la fois économique,
culturelle et écologique, la RBP accueille annuellement une moyenne de
7500 touristes de vision et de la chasse sportive. Le potentiel par rapport au
tourisme local est fortement présent non pas seulement à cause de
la réserve en tant qu'attraction touristique de portée
internationale, mais aussi à cause des facilités touristiques
développées et d'une multitude d'acteurs disponibles pour servir
les touristes ainsi que la disponibilité de matériaux locaux
artisanaux pour la transformation en produits touristiques. Tout ce potentiel
est à exploiter en profondeur par rapport au développement
durable de micro-entreprenariat ainsi qu'un renforcement institutionnel du
secteur en général.
Û Sur le plan économique et socioculturel
:
L'appui au développement de micro-entreprenariat ne
consiste qu'à un renforcement de capacités. Il s'agit notamment
d'un renforcement par rapport aux capacités de gestion d'entreprise
complété si nécessaire, par un renforcement technique. La
stratégie du développement local vise à faciliter la
promotion d'un marché de produits locaux. Pour ce faire, le ProCGRN est
intervenu sur les trois axes suivants :
« mobiliser le potentiel, facilite la création et
renforce la performance de micro-entreprises par rapport au tourisme local, la
production agricole et la transformation de produits locaux. En effet, le
ProCGRN a aidé à renforcer l'offre de produits locaux en tenant
compte de la viabilité économique d'affaires à promouvoir
afin d'assurer la durabilité de micro entreprenariat comme partie
prenante du développement local;
« promouvoir les opportunités du marché par
rapport à la demande. Les interventions visent à la
publicité de produits locaux ainsi qu'à la mise en place des
liens durables entre les micros entrepreneurs renforcés et centres
d'achat en intégrant ces micros entrepreneurs dans le
système de renforcement ;
« améliorer le cadre et le climat d'affaires
approprié et l'environnement favorable pour la mise en place durable de
micro-entreprises économiquement viable afin que le développement
local puisse créer des endroits et occasions de l'ensemble de l'offre et
de la demande de produits locaux et de la création de nouvelles
possibilités d'affaires.
Ainsi, on assiste à un encadrement et un suivi des ME
des segments de la restauration, de l'hébergement et des
activités de loisirs et recréation dans un écotourisme
communautaire respectueux et visant la préservation du patrimoine
culturel.
Û Sur le plan environnemental :
Le respect et l'intégration de la diversité de
la nature, l'exigence de la sauvegarde de l'environnement pour assurer la
viabilité des exploitations touristiques ont conduit à un suivi
écologique de l'aménagement et de la gestion des zones
d'attraction touristique. Ainsi, au cours des dernières années,
des techniques agricoles sédentaires, notamment celle de culture des
bas-fonds a été promue réduisant la pression sur la
réserve et sera encore à soutenir dans le cadre de la promotion
de la filière de riz du programme ProCGRN. Néanmoins, en
considérant la démographie galopante et les réserves en
terre quasi absentes, des alternatives durables à la production agricole
sont à rechercher et à développer notamment dans le cadre
de la transformation, la commercialisation, l'artisanat et des services ainsi
que des opportunités relevant de la réserve comme attraction
touristique.
Section2 : Appréciation du modèle de
la Pendjari et recommandations pour l'action
Cette section appréciera la stratégie de
développement du tourisme durable, ses avantages, et donnera des
recommandations d'action pour un développement harmonieux et durable du
tourisme dans les destinations d'accueil.
Paragraphe 1 : Prise en compte de la
stratégie de développement du tourisme durable
Dans le cadre de l'appréciation de la stratégie
de développement de l'écotourisme appliquée à la
RBP, un diagnostic participatif visant une auto évaluation des
activités touristiques s'est faite avec pour objectifs de retenir une
47
vision réaliste et commune à tous les acteurs
touristiques de la Réserve. Suivant les critères qui ont servi
à faire cette auto-évaluation, chaque acteur à
décliné sa vision pour sa structure et la réserve à
l'horizon 2013. Ce diagnostic est d'abord un diagnostic de la stratégie
du développement du tourisme durable de la RBP, avec pour but de veiller
à l'application continue de cette stratégie des soussecteurs du
tourisme. Ainsi, ce diagnostic a révélé des forces comme
des faiblesses et des opportunités comme des menaces liées
à cette stratégie de développement du tourisme durable
appliquée à la RBP comme l'illustre le tableau
ci-après.
Tableau N°V : Diagnostic de la
stratégie de développement du tourisme durable de la
RBP
Forces
|
Faiblesses
|
|
|
-Position géographique par rapport aux
|
-Manque de coopération et de synergie entre les
|
capitales des pays limitrophes et proximité au parc,
à la montagne et au pays Somba ;
|
acteurs touristiques ;
|
|
-Non-stabilité et manque de qualification du
|
-Notoriété internationale de la réserve /
bon standard de cogestion ;
|
personnel;
|
|
-Manque de promotion touristique, surtout au
|
-Diversité de paysage (savanes, montagnes, rivière,
chutes, grottes etc.) ;
|
niveau MCAT, DDCAT et Commune;
|
|
-Manque de matériel de travail (jumelles, livres
|
- Diversité culturelle et bonne qualification et
connaissance des cultures locales;
|
etc.) ;
|
|
-Prise d'alcool par certains guides locaux
|
-Combinaison de plusieurs offres de qualité
(hébergement / restauration, pâtisserie).
|
portant atteinte au guidage.
|
Opportunités
|
Menaces
|
|
|
-Bon espace politique et économique
|
-Manque de moyens financiers et d'élan pour
|
CEDEAO, existence d'un Visa de l'espace
|
le tourisme national;
|
Entente ;
|
-Déficits de formation / manque de qualité des
produits et des prestations dans la sous région;
|
-Paix dans la sous région / atmosphère de bon
voisinage ;
-Sécurité acceptable au Bénin ;
|
-Pénurie de nourriture et de boissons dans l'Atacora
(sucreries, pommes de terre, volaille) ;
|
-Proximité de Burkina Faso (pays de culture);
|
-Faible qualité d'hébergement et de restauration
dans la sous région;
|
-Existence des sociétés de transport qui desservent
Cotonou - Natitingou/Tanguiéta ;
-Bonnes infrastructures routières et
réhabilitation des routes en cours.
-Surexploitation de la rivière Pendjari par les
Burkinabés ;
-Elargissement des villages riverains vers le parc.
Ce diagnostic montre que cette stratégie de
développement écotouristique de la RBP est propice au
développement du tourisme durable, mais nécessite
d'intégrer les dimensions de sensibilisation, de formation et d'appui
aussi bien logistique que financier.
Paragraphe 2 : Prise en compte des avantages
du développement du tourisme durable
Le développement touristique de la Réserve de
Biosphère de la Pendjari est étroitement lié non seulement
aux conditions externes dont la puissance de la concurrence, mais aussi aux
facteurs internes comme : les atouts et les faiblesses. Selon les acteurs
intervenant dans le cadre du diagnostic participatif, le Parc Régional
du W (surtout la partie nigérienne) est la destination la plus
concurrentielle à la Pendjari (Cosme KPADANOU et Matthias KUNERT,
2008,). De façon secondaire, le Parc Nazinga (Burkina Faso), la zone de
Girafes (Niger) et le Pays Dogon (Mali) sont aussi cités. Ainsi, les
effets induits par le tourisme durable à travers l'aménagement
écotouristique de Tanongou sur le développement local, peuvent
être perçus sur les plans économiques, financiers,
socioculturels et éducatifs, environnementaux et architecturaux :
v Sur le plan économique
Le développement écotouristique du terroir
villageois de Tanongou a permis aux populations locales et notamment aux
animateurs des différents segments intervenant de façon directe
ou indirecte dans l'activité écotouristique d'obtenir des
devises. Les activités touristiques locales autour de la cascade et du
tourisme chez l'habitant (B & B), ont favorisé la promotion du
développement économique local dans le village. En effet, depuis
le démarrage des activités sur le terrain, du 15 Décembre
2008 au 31 octobre 2010 les rendements n'ont cessé de s'accroître.
Durant ces deux années le chiffre d'affaire a atteint un montant de
10.082.050 francs de CFA. Le résultat de l'évaluation
entière des deux (02) saisons touristiques traversées, autour du
tourisme chez l'habitant (B & B), et des circuits sont
résumés dans le tableau ci-après :
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Tableau N°VI : Recettes
réalisées sur les différents segments du tourisme
local
Segments
|
Total réalisé
|
Cascade
|
6.219.500 F CFA
|
Hébergement
|
1.322.400 F CFA
|
Restauration
|
1.376.750 F CFA
|
Circuits
|
354.000 F CFA
|
Danse
|
563.900 F CFA
|
Taxe sur nuitée
|
245.500 F CFA
|
Ensemble des Segments
|
10.082.050 F CFA
|
SOURCE: Karelle GUEDOU
2009-2010 MEMOIRE DE FIN DE FORMATION EN LICENCE PROFESSIONNELLE :
IMPACTS DE L'ECOTOURISME COMMUNAUTAIRE SUR L'ECONOMIE LOCALE DE
L'ECO-VILLAGE DE TANONGOU,
v Sur le plan financier
Sur le plan financier, on observe aussi de bonnes
performances. Des emplois sont créés au bénéfice
des populations locales. Les femmes et les jeunes ont
bénéficié de la formation entrepreneuriale et de gestion
des ressources financières et naturelles du terroir. Ainsi, les
populations locales utilisent ces ressources financières fournies par le
tourisme pour subvenir à leurs besoins. Dans le cas du terroir
villageois de Tanongou, les populations atteignent de plus en plus la
sécurité alimentaire, et valorisent mieux leur patrimoine
culturel et satisfont les exigences des clients sans pour autant entacher les
valeurs traditionnelles propres à la communauté
Gourmantché.
v Sur le plan environnemental et
architectural
Sur le plan environnemental, les populations prennent de plus
en plus conscience de la nécessité de protéger, de
conserver et de valoriser les ressources naturelles de la localité. Sur
le plan architectural, l'aménagement écotouristique a
permis aux populations de mettre en valeur le patrimoine local
à travers la manière de construire les cases et de les disposer
sur le terroir. Chez les hébergeuses, de nouvelles techniques de
décoration sont employées qui mettent davantage en valeur le
cadre traditionnel. Ce qui démontre clairement une prise en compte des
appréciations portées par les demandeurs par rapport aux atouts
et faiblesses du développement touristique de la RBP. Ces
appréciations sont présentées dans le tableau
ci-après, par regroupement de certains acteurs et le chiffre entre
parenthèse indique le nombre de fois que le critère est
mentionné.
Tableau N°VII : Atouts et Faiblesses selon
les demandeurs
ATOUTS
Bonne densité et visibilité de la faune et la flore
de la Reserve (3)
|
FAIBLESSES
Manque de notoriété de la destination (3)
|
Diversité du paysage, rivière Pendjari, cascades et
Chaîne de l'Atacora
|
Manque d'hébergement de qualité
|
Possibilité de combiner la visite des sites touristiques
naturels et culturels
|
Manque de promotion sous-régionale
|
Matérialisation de l'approche de
l'écotourisme / tourisme durable
|
Absence d'accès aérien
|
Bon service d'hébergement et
personnel bien avisé et formé
|
Manque de documents sur le parc et de carnets de vision
|
SOURCE: Strategie de developpement
de l'ecotourisme de la RBP, version Decembre, Cosme KPADANOU et Matthias
KUNERT, 2008
Il a donc été mis en place un écotourisme
communautaire respectueux de l'environnement naturel et visant la
préservation du patrimoine culturel. Il convient de noter aussi que mis
à part les sites des segments écotouristiques, peu de soins en
terme d'assainissement de l'habitat sont accordés aux rues et autres
places publiques du terroir.
|