2.5.3. Les IDE peuvent-ils transférer la
technologie et la connaissance ?
La diffusion peut être délibérée,
par exemple lorsque la filiale cède une licence à une entreprise
locale. A titre d'exemple, on citera le cas d'une multinationale qui renforce
le capital technologique des entreprises traitant avec elle pour leur permettre
de satisfaire aux spécifications technologiques qu'elle leur impose.
23 Marouane Alaya (2004) : « IDE et croissance
économique : cas de la Tunisie » p.p 2-5.
La diffusion technologique peut aussi prendre la forme de
retombées technologiques et l'on parle de retombées
technologiques horizontales lorsque, par exemple, la filiale a une technologie
nouvelle qui est ultérieurement copiée ou assimilée par
les entreprises concurrentes. Il existe au contraire des retombées
verticales, lorsque la filiale transfère, à titre gratuit, une
technologie aux entreprises qui fournissent des intrants ou des services en
aval (distribution ou vente au détail par exemple).
Le capital technologique des entreprises locales peut donc
s'améliorer lorsque des entreprises multinationales prennent pied sur le
marché. Ces dernières possédant un avantage comparatif en
terme de technologies nouvelles et de nouveaux modes d'organisations et de
distributions, fournissent une assistance technique à leurs fournisseurs
et clients locaux, et forment des travailleurs et des cadres qui seront peut
être ultérieurement recrutés par les entreprises locales.
Ces externalités vont alors améliorer le taux de croissance de la
productivité globale des facteurs (PGF) de ces pays.
Les filiales locales peuvent elles-mêmes faire de la
recherche et développement pour adopter les nouvelles technologies mises
au point par la société mère aux conditions locales. Il
est manifeste que l'IDE favorise plus les contacts avec les étrangers et
la découverte de nouvelles façons de procéder que ne le
fait le commerce.
Dans la plupart des cas, il s'avère que les
technologies transférées aux filiales sont en moyenne plus
récente que celles que sont cédées à des tiers par
le jeu de licences ou dans le cadre de coentreprises(OMC 1996)24.
D'autre part, ID et augmentation de la connaissance dans le pays d'accueil
jouent très important dans la croissance économique soutenue est
maintenant connue dans la théorie de la croissance endogène.
L'accumulation de connaissances sous forme de
«technologie» [Romer (1990)] ou de «capital humain» [Lucas
(1988)] : Le niveau de connaissance est intégré à la main
d'oeuvre et non au capital physique] est généralement
associée au concept de progrès technique que l'on peut
définir comme étant «l'accroissement de la connaissance que
les hommes ont, des lois de la nature appliqué à la
production». Ce progrès technique peut prendre plusieurs formes
selon qu'il accroît la productivité des facteurs, et permet
l'émergence de nouveaux produits
24 O.M.C (1996) "Rapport annuel 1996, Volume I et II, Dossier
spécial: le commerce et l'investissement étranger
direct"(Genève)
l'amélioration de certains produits (Demurger
1997)25 ou de la productivité d'intrants
intermédiaires.
Dans l'approche d'Arrow, la connaissance est traitée,
dans la théorie de la croissance endogène soit comme un bien
public accumulable dont l'acquisition passe par l'apprentissage et permet
l'augmentation de la productivité de travail et par conséquent
l'extension des possibilités de production d'une économie: la
connaissance ne reçoit aucune rémunération, ce qui
écarte la possibilité que les firmes fassent des investissements
en R&D.
Pour Romer, l'accumulation des connaissances fait l'objet
d'une activité spécifique et rémunérée,
résultant d'un comportement de maximisation du profit des entreprises en
concurrence monopolistique, produisant des biens différenciés
imparfaitement substituables. Grâce à la rente des monopoles,
elles vont financer des activités de R&D qui permettront une
activité volontaire d'accumulation des connaissances.
Du fait de leur nature non rivale et partiellement non
exclusive, les connaissances technologiques et managériales
incorporées dans l'IDE d'une firme étrangère peuvent
générer des effets externes à l'intérieur des
frontières nationales. Ainsi, la nature cumulative de l'IDE lui permet
d'être une source d'externalité intertemporelle se trouvant au
coeur de la croissance économique. Chaque amélioration ou
innovation contribue à l'augmentation du stock de connaissances
disponibles pour les générations futures. «La connaissance
peut être transmise au reste de l'économie via la formation du
travail, l'établissement de liens entre les entreprises locales et
étrangères ou un processus d'apprentissage par observation,
« learning by watching ».
Findlay (1978)26souligne que la présence
d'entreprises étrangères, plus efficaces sur le territoire
national peut favoriser par un effet de «contagion », l'accroissement
du taux de progrès technique du pays d'accueil. L'augmentation de la
connaissance dans le pays hôte est d'autant plus importante que les
activités des entreprises étrangères disposant d'une
technologie supérieure se développent dans l'économie.
Elle s'accentue lorsque les contacts
25 Demurger S.(1997), « Ouverture et croissance : le cas de
la République de Chine ». Thèse de doctorat de sciences
économiques de l'Université de Paris I-Panthéon
Sorbonne.
26Findlay, R.(1978), « Relative backwardness,
direct foreign investment, and the transfer of technology : a simple dynamic
model », Quaterly journal of Economic, Vol.92(1), p1-16. « Some
aspects of technology transfer and direct foreign investment »American
Economic Review, Vol.68 (2), p275-279.
personnels établis entre ceux qui ont déjà
une connaissance de l'innovation et ceux qui pourraient la copier, est assez
grande.
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