2.3.2. Les principales politiques de régulation
2.3.2.1. Le prix à la production
Le soutien des prix à la production est entamé
en 1988 corrélativement à la promulgation du décret
N° 88-1535. D'une façon
générale, le schéma de fonctionnement du secteur
céréalier repose, depuis 2000, sur la politique des prix
administrés mis en oeuvre par les pouvoirs publics. Cette politique
s'inscrivait dans le contexte plus global des politiques alimentaires qui se
donnaient pour objectif fondamental la maîtrise et la stabilisation des
prix des produits céréaliers à la consommation sur
l'ensemble du territoire. L'évolution de ces politiques de prix
connaîtra plusieurs phases indicatrices de la lenteur dans la prise de
conscience du caractère structurel du déficit
céréalier.
À la lecture du tableau 9, relatif à la
période 2000 à 2005, les prix garantis resteront stables pour les
blés. Cette stabilité des prix à la production sur le
marché intérieur a été dictée par la
tendance à la baisse des prix sur les marchés mondiaux,
contrairement à ceux de l'orge et de l'avoine qui ont connu une
légère augmentation à partir de 2003. Pour la
période 2006/2008, on remarque une augmentation de prés de 50%
pour le prix des blés au niveau intérieur (Cf. Graphe 6
ci-après). Ceci est expliqué par Le renchérissement des
prix à l'importation et l'essor des volumes importés conduiront
l'Etat à recourir de plus en plus aux prix comme moyen exclusif
d'incitation à l'accroissement de la production locale.
Tableau 9 : Évolution des prix des
céréales : prix à la production (y compris prime de la
collecte) pour la période 1995/2008.
Unité : DA/Ql.
Espèce
|
Blé dur
|
Blé tendre
|
Orge
|
Avoine
|
1995 à 2002
|
1.900
|
1.700
|
1.000
|
1.100
|
2003/2005
|
1.900
|
1.700
|
1.400
|
1.500
|
2005/2006
|
2.000
|
1.800
|
1.500
|
1.600
|
2006/2007
|
2.100
|
1.950
|
1.500
|
1600
|
2007/2008
|
4.500
|
3.500
|
2.500
|
1.600
|
Source : à partir des données de
L'ITGC, 2009.
5 Cf. Décret N° 88-153 du 26 juillet fixant les
prix et les modalités de paiement e t les conditions de stimulation de
la production des céréales et des légumes secs et
réglementant les relations entre les différents opérateurs
pour la période allant du 01/08/1988 au 31/09/1990.
Graphe 6 : Algérie, filière
blé, évolution des prix nationaux et internationaux entre
1990/2008 . (En dinars courant)
Source : Élaboré par le
CIHEAM-IAMM à partir des différentes bases de données :
prix importation (COMTRADE, 2008) prix nationaux (JO RADP, Experts), taux de
change (Banque Mondiale) 2.3.2.2. L'intégration des
céréaliculteurs au marché
Il est évident que l'intégration au
marché est devenue de plus en plus forte pour l'ensemble des
céréaliculteurs, leurs comportements étant dictés
par les signaux provenant du marché cela a eu des effets directs quant
à la répartition des cultures céréalières
dans l'espace ainsi que sur les systèmes de production et les
stratégies des agriculteurs. Il est vrai qu'un examen de
l'évolution des quantités collectées par les CCLS montre
qu'elles restent relativement modestes par rapport à la production
céréalière domestique, soit, en moyenne, 47% pour les
blés et prés de 12,5% pour l'orge et l'avoine. Le niveau maximum
a été réalisé au cours de l'année 2000, la
collecte ayant atteint 52% et 62% de la production moyenne pour les blés
dur et tendre (Cf. Tableau 10). Le niveau de collecte pour les
céréales secondaire a atteint au cours de l'année 2004,
mieux de 16% et 10.5% de la production moyenne pour l'orge et l'avoine (Cf.
Tableau 11). Toutefois, l'objectif affiché par les CCLS de collecter
toute la production n'a jamais été sérieusement
approché (Chehat.2006).
Tableau 10 : Évolution de la production
et de la collecte de blés entre 2000/2008.
Unité : 1000T
Période
|
Blé dur
|
Blé tendre
|
Production(1)
|
Collecte(2)
|
(2)/(1)%
|
Production(1)
|
Collecte(2)
|
(2)/(1)%
|
2000
|
486,3
|
252,9
|
52
|
274
|
172,2
|
62,84
|
2001
|
1238,9
|
497,5
|
40,16
|
800,3
|
377,8
|
47,2
|
2002
|
951
|
225,9
|
23,76
|
550,8
|
178,6
|
32,43
|
2003
|
1802,3
|
671,9
|
37,28
|
1162,6
|
508,6
|
43,75
|
2004
|
2001,7
|
685,2
|
34,23
|
729
|
302,8
|
41,53
|
2005
|
1568,7
|
320,1
|
20,4
|
846
|
121,9
|
14,4
|
2006
|
1772,8
|
401,1
|
22,63
|
915,1
|
151,7
|
16,58
|
2007
|
1806
|
350,6
|
19,42
|
946
|
173,9
|
18,38
|
2008
|
935
|
365,9
|
39,14
|
343,7
|
116,8
|
33,97
|
Moyenne
|
710,7
|
309,4
|
45,57
|
308,9
|
144,5
|
48,41
|
Source : à partir des données de
L'ITGC, 2009.
Pour les seuls blés (dur et tendre), la collecte porte
en moyenne sur presque la moitié de la production (47%). La part de la
production domestique échappant à la collecte par les CCLS est
plus grande s'agissant des céréales secondaires destinées
à l'alimentation du cheptel (orge et avoine) et dépassent souvent
les deux tiers de la récolte. (Chehat.2006).
Tableau 11 : Évolution de la production
et de la collecte des céréales secondaires entre 2000/2008.
Unité : 1000T
Période
|
Orge
|
Avoine
|
Production(1)
|
Collecte(2)
|
(2)/(1)%
|
Production(1)
|
Collecte(2)
|
(2)/(1)%
|
2000
|
163,3
|
3,18
|
1,95
|
8,2
|
0,20
|
2,42
|
2001
|
574,7
|
9,74
|
1,69
|
43,7
|
0,68
|
1,55
|
2002
|
416,1
|
3,67
|
0,88
|
33,5
|
0,18
|
0,54
|
2003
|
1222,0
|
192,38
|
15,74
|
77,5
|
5,85
|
7,55
|
2004
|
1211,6
|
197,11
|
16,27
|
89,0
|
9,36
|
10,52
|
2005
|
1032,8
|
17,17
|
1,66
|
77,5
|
0,99
|
1,28
|
2006
|
1235,9
|
34,88
|
2,82
|
59,0
|
0,90
|
1,52
|
2007
|
1419,0
|
49,75
|
3,51
|
129,0
|
2,58
|
2,00
|
2008
|
387,3
|
22,54
|
5,82
|
34,0
|
1,28
|
3,76
|
Moyenne
|
275,3
|
12,86
|
3,88
|
21,1
|
0,74
|
3,09
|
Source : à partir des données de
L'ITGC, 2009.
En définitive, les quantités de
céréales non commercialisées et destinées à
la consommation humaine sont relativement marginales puisque les exploitants
ont plutôt intérêt à vendre leur production et
acquérir semoule et farine sur le marché, vu le
différentiel de prix. Les prix à la
production proposés aux céréaliculteurs
par les CCLS étant des prix fixés par décret et qui
n'encouragent guère le stockage à la ferme par un système
de primes adéquat comme cela se pratique dans de nombreux pays à
production abondante, les agriculteurs ont plutôt intérêt
à livrer immédiatement après la récolte les
quantités de céréales qu'ils considèrent comme
excédant leurs besoins. Très vite, l'essentiel de la collecte de
la production domestique se concentrera entre le 1er juin et le 31
août de chaque année. Cela aura pour conséquence positive
de permettre aux CCLS de faire plus aisément un stockage des
importations. (Chehat.2006).
|
|