4- Le domaine démographique :
a) Histoire de peuplement de Ghomrassen:
Grâce à son site original, défensif, en
plein centre de Jebel Demmer éloigné tant de la plaine que du
désert, l'occupation humaine a été très ancienne
à Ghomrassen. L'homme préhistorique a occupé les lieux
depuis des milliers d'années. Ses traces sont toujours visibles sur le
plateau qui entoure le site de Ghomrassen et dans ses ravins (Des éclats
de silex, des tumulus, des dolmens, des peintures rupestres...).
Cette occupation humaine a continué durant
l'Antiquité préromaine et romaine. Cette présence à
l'époque antique est attestée par différents vestiges
berbères, villages de crete, habitats troglodytes et installations
romaines dans le cadre du Limes tripolitanus constitué de monuments
défensifs (des fermes agricoles, des installations hydrauliques...).
Avec la régression de la domination romaine, les
Berbères ont reconquis leur liberté jusqu'à la
conquête arabe au VIIe siècle ap J.C qui a entraîné
en premier lieu le refoulement des Berbères vers les montagnes et la
création de villages de crête tels que Ghomrassen, Guermessa,
Chenini, Duiret. En second lieu, il y a eu développement au niveau de
l'hab itat troglodyte autour de ces villages et une mise en valeur des
vallées du Jebel par la maîtrise de l'eau de ruissellement grace
à un système agricole adapté aux reliefs (Jessour).
La population de cette région s'est convertie à
l'Islam ; mais pour se démarquer des Arabes conquérants, elle a
préféré la secte Kharijite Ibadite. Elle a fait partie du
royaume Ibadite du Tahert en Algérie.
L'invasion hilalienne survenue au XIe siècle a
entraîné l'arabisation progressive de ces Berbères, leur
acculturation et leurs descentes de leurs refuges montagneux pour occuper les
vallées et les plaines. Ils ont adopté, avec leur alliance arabe,
le semi-nomadisme raison pour laquelle ils ont construit les Ksour de montagne
suivis plus tard des Ksour de plaines.
A cause de la colonisation française, à la fin
du XIXe et au début de XXe siècle, la population de Ghomrassen a
dû occuper une partie de la plaine de la Jeffara en vue de la mettre en
valeur et de cultivent des oliviers dans ses Jessour .
A cause de ces conditions naturelles difficiles la ville de
Ghomrassen a connu d'importantes vagues l'émigration depuis le Moyen Age
vers Tunis et vers les autres villes du pays.
b) Population et ménages : un fort risque de
dépeuplement :
Ghomrassen compte 18 335 habitants en 2004 ce qui
représente 12,78 % de la population totale du gouvernorat
(143 524 hab.)
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Graphique.2 : Population en 2004
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Pendant la décennie 1994-2004 Ghomrassen est
caractérisée par un taux d'accroissement démographique
négatif de -1,23% contre un taux d'accroissement démographique de
0,56 au niveau du gouvernorat.
Ce recul peut s'expliquer par l'émigration massive
enregistrée dans la ville pendant cette décennie et par la chute
du taux de natalité.
On note également que les cinq dernières
années de cette décennie ont enregistré le grand
pourcentage d'émigration dans cette ville.
Période 1999-2004 :
Population en 1999 : 19 508 personnes. Population en 2004 : 18
355 personnes. Avec un taux d'accroissement démographique négatif
de -1 ,23 % 4 - 1153 personnes.
L'accroissement démographique = L'accroissement naturel +
L'accroissement migratoire
= (36) + (-1189)
= - 1153 personnes
La diminution du nombre d'habitants dans cette ville n'a pas
influé sur l'augmentation du nombre de ménages qui était
de 3895 ménages en 1994 et passe à 4186 ménages en
2004.
Tableau 2 : L'évolution du nombre de
logements et de ménages à Ghomrassen
-Le nombre de personnes par ménages a aussi
diminué, de 5,32 personnes/ménages en 1994 à 4,5
personnes/ménages en 2004.
- En 2004 et concernant le nombre des étudiants de
l'enseignement supérieur, Ghomrassen a enregistrée un pourcentage
de 12,8% (19-24 ans), un pourcentage important par rapport aux autres
délégations de sud tunisien.
-La ville enregistre un déséquilibre
démographique et saisonnier dû au retour d'un grand nombre
d'émigrés au cours des vacances d'été et des
périodes de fêtes. (La population de la ville double voire
triple)
4 Avec l'importance du phénomène de
l'émigration qui a influé sur l'évolution
démographique dans la ville, on note aussi la réussite de la
politique du planning familial qui a réduit le nombre de personnes par
ménages.
c) La migration : Un fort taux d'émigration:
La ville de Ghomrassen est caractérisée par le
phénomène d'émigration qu'on peut repartir en trois types:
l'émigration au niveau régional (vers Médenine,Jarzis),
émigration au niveau national ( vers Tunis, Sousse) et une
émigration au niveau international (vers la France et
l'Algérie).
Le motif essentiel d'émigration de la population
Ghomrassen est la recherche du travail et surtout le travail dans le
commerce.
Graphique. 3 : Solde migratoire
négatif
Graphique.4 : Ghomrassen présente plus
1/4 du solde migratoire négatif du gouvernorat
Migration intérieure (1999-2004)
Cette émigration a produit ses effets
démographiques sur des les villes qui ont accueilli cette population. On
note la naissance d'une communauté de migrants dans certains quartiers
notamment la cité de Stade à Mednine, le quartier de Bab Ejdid et
Bab Elfala à Tunis et le quartier Barbès à Paris.Les
changements sont bien perçus dans la ville de Ghomrassen au niveau du
cachet architectural et des pratiques sociales.
Graphique .5 : Solde migratoire
négatif
Graphique.6 : Le part de Ghomrassen dans le
solde migratoire (négatif) du gouvernorat
Migration extérieure (1999-2004)
Les émigrés originaires de Ghomrassen
représentent 38% de la population émigrée dans le
gouvernorat de Tataouine et ils représentent 44,2% des actifs à
l'étranger par rapport au gouvernorat en 1998.
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
Tataouine Nord Tataouine Sud Ghomrassen Remada
Dhibet
Smar
Bir Lahmar
Graphique.7 : Répartition des actifs
à l'étranger par délégation en 1998
Source : Office des Tunisiens à l'Etranger
4L'émigration de la population de Ghomrassen a garantit
l'amélioration du cadre de vie d'une bonne partie de la population mais
aussi elle a favorisé l'émergence de mauvaises pratiques sociales
et économiques tel que la consommation à outrance surtout en
été.
L'émergence de mauvaises pratiques sociales et
économiques en relation étroite avec la Migration :
- On note l'existence depuis longtemps des marchés
clandestins de change de devises (marché noir) dispersés dans
toute la ville et dirigés surtout par les commerçants de la
ville.
- Depuis 1998, on a observé l'émergence d'un
nouveau phénomène lié à l'émigration vers
l'Europe et surtout vers la France : c'est le trafic de VISA dirigé par
des Hommes originaires de Ghomrassen et des responsables dans l'Ambassade de
France.
A partir de notre enquete le prix `'d'achat» du VISA
clandestin a évolué à travers les années comme suit
:
L'évolution de prix du Visa en DT
18000 16000 14000 12000 10000 8000 6000 4000 2000 0
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Prix du Visa DT
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1998. 2002. 2004. 2008. 2010.
Graphique.8 : L'évolution de prix du Visa
en DT
Source : Entretien avec la population
- Egalement, il y a un autre phénomène de trafic
qu'on appelle `'le mariage Blanc `', qui a comme objectif d'avoir les papiers
de résidence en France.
-Et finalement, plusieurs jeunes de Ghomrassen ont choisi
l'émigration clandestine par la mer vers l'Italie comme dernière
solution pour atteindre l'Europe.
4 Notons donc les effets négatifs de ce
phénomène sur les pratiques socio-économiques à
savoir la prolifération du marché clandestin de devises.
4 L'émigration massive dans cette ville a produit aussi
un changement radical de la composition ethnique de la population de Ghomrassen
: d'une majorité originaire de la ville vers une majorité
originaire des agglomérations avoisinantes (Hwaya , Matmata ,Twazine
...)
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