251658752
ECOLE ESPAGNOLE DE NEGOCIATIONS
INTERNATIONALES
EENI-THE GLOBAL BUSINESS SCHOOL
Tarragona
/Espagne
Thèse du master professionnel en Commerce
International Marketing Global et Affaires Internationales
Réalisé par :
Professeur encadrant :
TAÏTA Saga Mabel TURK
(Email:
taitasaga@gmail.com)
Novembre 2010
Tables des matières
REMERCIEMENTS
- 5 -
INTRODUCTION ET PROBLEMATIQUE
- 6 -
CHAPITRE I : APERÇU SUR LE BURKINA
FASO
- 8 -
I- ÉTYMOLOGIE
- 8 -
II- HISTOIRE
- 9 -
III- ORGANISATION POLITIQUE ET ADMINISTRATIVE
- 9 -
1) Organisation politique
- 9 -
2) Organisation administrative
- 10 -
IV- GEOGRAPHIE
- 11 -
1) Géographie physique
- 11 -
a) Relief
- 11 -
b) Hydrographie
- 11 -
c) climat
- 11 -
2) Géographie humaine
- 12 -
V- LANGUES ET RELIGIONS ET CULTURE
- 13 -
1) Langues
- 13 -
2) Religions
- 13 -
3) Culture
- 13 -
VI- ECONOMIE
- 14 -
VI- INFRASTRUCTURES
- 15 -
CHAPITRE II : STRUCTURE ECONOMIQUE ET
IMPACT DES IED
- 18 -
I- CADRE ECONOMIQUE ET ROLE DES IED
- 18 -
1) Structure de la production et IED
- 18 -
a) Cadre macro-économique
- 18 -
b) Secteur primaire
- 20 -
c) Industrie
- 22 -
d) Services
- 22 -
2) Secteur externe
- 23 -
II- POLITIQUES ECONOMIQUES ET STRATEGIE DES IED
- 25 -
1) Cadre stratégique de lutte contre la
pauvreté
- 26 -
2) Prospective «Burkina 2025»
- 27 -
3) Projet d'appui à la
compétitivité et au développement de l'entreprise
- 27 -
III- TENDANCES DES IED
- 28 -
1) Volume et performance des IED
- 28 -
2) Distribution par secteur et origine des
IED
- 31 -
3) Impact des IED
34
IV- BILAN
36
CHAPITRE III : CADRE
RÉGLEMENTAIRE DE L'INVESTISSEMENT
38
I- CADRE SPECIFIQUE DES IED
38
1) Entrée et établissement des
IED
38
2) Traitement et protection des IED
41
II- CADRE GENERAL DE L'INVESTISSEMENT
42
1) Intégration régionale
42
2) Fiscalité d'entreprise
44
a) Impôts sur les bénéfices
des sociétés
44
b) TVA
45
c) Droits de douanes et fiscalité de
porte
46
3) Droit commercial et des
sociétés
47
4) Régime des changes et transfert de
capitaux
48
5) Réglementation du travail
49
6) Emploi des étrangers
51
7) Accès au foncier
52
8) Réglementation environnementale
53
9) Système judiciaire et gouvernance
53
10) Réglementation de la concurrence
55
11) Propriété intellectuelle
55
13) Accords commerciaux
56
CHAPITRE IV : CADRE INSTITUTIONNEL DE
PROMOTION DES INVESTISSEMENTS
58
I- CADRE INTERNATIONAL ET TYPOLOGIE DES IED
58
1) Cadre international des IED
58
2) Typologie des IED
60
II- LES STRUCTURES EXISTANTES
61
1) La Maison de l'entreprise et le CEFORE
61
2) Le Centre des guichets uniques
62
3) L'Office national du commerce
extérieur
63
4) La Chambre de commerce et d'industrie
63
5) Les agences spécialisées
64
6) Le Conseil burkinabé des chargeurs
64
7) La rencontre annuelle Gouvernement - secteur
privé
65
8) Le Conseil économique et social
65
9) Le Conseil présidentiel pour
l'investissement
65
10) L'observatoire de la pratique des affaires
65
11) La Commission nationale des
investissements
66
12) L'Agence nationale de promotion des
investissements
66
13) La Société Financière de
Garantie Interbancaire du Burkina (SOFIGIB)
66
14) Les Ministères et directions
générales
67
14) Articulation et évaluation des
structures existantes
67
III. PROPOSITION DE CADRE INSTITUTIONNEL
INTEGRE
69
IV. L'AGENCE DE PROMOTION DES INVESTISSEMENTS
70
A. STRATEGIE, MANDATS, OBJECTIFS ET FONCTIONS
71
1) Stratégie
71
2) Fonctions
72
3) Structure fonctionnelle, outils de travail et
personnel
73
B- UN EFFORT NATIONAL DE PROMOTION DES
INVESTISSEMENTS
73
CHAPITRE V : CONCLUSIONS ET
RECOMMANDATIONS
75
I- AXE REGLEMENTAIRE
76
1) Entrée, établissement et
protection des IED
76
2) Un cadre fiscal et douanier efficace et
attractif
77
3) Une meilleure administration et gouvernance
78
4) L'intégration régionale et la
concurrence au service du développement
79
5) Contraintes générales au
développement des capacités de production
80
II- AXE INSTITUTIONNEL : MISE EN PLACE D'UN CADRE
INTEGRE
81
1) L'agence de promotion des investissements
81
2) Le conseil présidentiel pour
l'investissement
82
III. UNE STRATEGIE DES IED ET MAXIMISATION
D'IMPACT
83
Abréviations
85
Annexe : Carte du Burkina Faso
87
Table des illustrations
88
BIBLIOGRAPHIE et WEBOGRAPHIE
88
REMERCIEMENTS
Mes mots de gratitude et de remerciements vont
à l'endroit de Madame Mabel TURK, mon professeur encadrant qui, en
dépit de ses lourdes tâches, n'a ménagé aucun effort
pour me guider et me soutenir tout au long de cette formation.
Je tiens également à remercier du fond
du coeur Madame Susanna FERNANDEZ, Directrice des Relations Internationales de
l'EENI, de la sollicitude avec laquelle elle m'a toujours écouté
et apporté des réponses à mes différentes
interrogations d'ordre administratif et technique pendant toute la durée
de ma formation.
Mes remerciements s'adressent également
à l'ensemble du corps professoral et l'équipe technique de
l'EENI pour les sacrifices qu'ils ont consentis à mon égard
pendant toute la durée du master pour me faire réussir cette
formation.
INTRODUCTION ET
PROBLEMATIQUE
Dans les années 1950 et 1960, l'IED était
considéré avec beaucoup de méfiance et de suspicion. En
effet, sur des questions d'ordre politique, plusieurs pays considéraient
l'IED comme une menace réelle et un facteur de dominance pouvant porter
atteinte à la souveraineté nationale. De même, certains
économistes « nationalistes » de l'école de la
dépendance sont allés même à qualifier l'IED comme
un facteur nocif au développement économique. En exposant des
approches du type « centre-périphérie » qui
prônaient pour un développement autocentré basé sur
des politiques d'import -substitution et un rôle
prépondérant de l'Etat, des économistes tel que Myrdal
(1957), Hirchman (1958), Samir Amin et autres, ont contribué à la
création d'une attitude plutôt hostile à l'égard de
l'IED.
Aujourd'hui, la donne a changé, puisque la plupart des
pays se sont orientés vers l'attraction et la promotion de
l'investissement international. Il y a même presque un consensus
concernant les effets bénéfiques de l'IED sur les
économies d'accueil. En effet, plusieurs organismes internationaux, des
politiciens, et une large majorité des économistes,
présentent l'IED comme une sorte de remède miracle pour les
« problèmes chroniques » des PVD1(*). Son effet positif sur la croissance
économique, est presque devenu conventionnel, comme en témoignent
les efforts déployés par plusieurs pays pour attirer autant que
possible d'IED et la concurrence que se sont livrés ces mêmes pays
pour accaparer d'importants flux d'investissement international. Rien de
surprenant donc, à ce qu'à l'heure actuelle, pratiquement tous
les pays s'efforcent d'attirer des investissements directs étrangers.
Du moins sur le plan théorique, les effets
bénéfiques potentiels de l'IED sont considérés
comme substantiels. En effet, les bénéfices des IED se
concrétisent non seulement par des entrées de capitaux pour le
pays hôte, mais aussi, par un apport de technologie et de savoir faire
ainsi que par l'accès à de nouveaux marchés. Autrement
dit, grâce aux effets spillovers2(*) qui se manifestent à différents niveaux,
l'IED peut contribuer d'une façon active à la croissance et au
développement économique.
Dans le contexte actuel de la mondialisation qui prône
pour une plus grande ouverture économique, et en raison de
l'insuffisance des ressources disponibles pour financer son
développement à long terme, le BURKINA FASO, pays
sous-développé, n'est pas resté indifférent
vis-à-vis de l'IED. Même les pays qui sont
considérés autrefois comme les plus orthodoxes (tel que la
Syrie, l'Égypte, ou l'Algérie) ont essayé tout de
même d'adopter l'IED comme une composante principale de leurs efforts de
réformes économiques entamées depuis une dizaine
d'années. L'objectif commun est de se hisser à un niveau de
développement beaucoup plus élevé et de rattraper leur
retard vis-à-vis des pays du Nord3(*).
Bien que disposant à l'évidence d'atouts
réels tel que, la disponibilité d'une main d'oeuvre bon
marché, le Burkina Faso est resté en marge de l'afflux d'IED dont
a bénéficié la plupart des pays émergents. En
effet, entre 1987 et 2006, le Burkina n'a accueilli en moyenne annuelle que
1,71% 4(*) des flux d'IED
destinés aux pays de l'UEMOA5(*).
Face à cette problématique, le Burkina s'est
lancé depuis 2006 dans des efforts multiples et multiformes pour
améliorer son attractivité vis-à-vis des investisseurs
étrangers.
L'objectif de notre étude est de d'analyser les efforts
entrepris par l'Etat burkinabé pour améliorer le climat des
affaires au niveau national et vis-à-vis de l'international dans le but
d'attirer plus de capitaux étrangers.
Pour se faire, nous allons tout d'abord procéder
à une présentation du Burkina Faso. Ensuite nous ferons un
aperçu sur la structure économique et l'impact des IED. Ce qui
nous conduira à une analyse du cadre réglementaire de
l'investissement au Burkina puis le cadre institutionnel de promotion des
investissements. Cela nous conduira, pour terminer à formuler des
recommandations.
CHAPITRE I : APERÇU
SUR LE BURKINA FASO
Le Burkina Faso, littéralement « Pays des hommes
intègres », aussi appelé Burkina, en forme longue la
République démocratique et populaire du Burkina, est un pays
d'Afrique de l'Ouest sans accès à la mer, entouré du Mali
au nord, du Niger à l'est, du Bénin au sud-est, du Togo et du
Ghana au sud et de la Côte d'Ivoire au sud-ouest. La superficie du pays
est de 274 000 km² avec une densité de 44
habitants/km².
Ses habitants sont les Burkinabé (terminologie
officielle, invariable en langue foulfouldé6(*)). La capitale est Ouagadougou, située au centre du
pays. Le Burkina Faso est membre de l'Union africaine (UA), de l'Organisation
Internationale de la Francophonie (OIF) et de la Communauté Economique
des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), de l'Union Economique et
Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) et de plusieurs autres organisations
transnationales telle que l'ONU dont il est membre non permanent du Conseil de
Sécurité pour un mandat d'une année (2009-2010).
I- ÉTYMOLOGIE
Ancienne colonie française, la Haute-Volta obtient
l'indépendance en 1960. Le nom actuel du pays (Burkina Faso) date du 4
août 1984, sous la présidence du révolutionnaire Thomas
Sankara. Combinaison dans deux langues principales du pays, il signifie la
patrie des hommes intègres « Burkina » se
traduisant par « intégrité, honneur » en
mooré7(*)et Faso,
terme emprunté à la langue dioula, signifiant « territoire
ou terre ». Selon la Constitution nationale, les habitants sont
appelés les Burkinabé (mot invariable), où le suffixe
"bé" désignant l'habitant (homme ou femme) est en
foulfouldé, langue parlée par les Peuls, peuple d'éleveurs
nomades également présents dans de nombreux pays d'Afrique de
l'Ouest. Le choix de ce mélange de langues (fondé sur les trois
langues ayant le statut de langue nationales avec le français) dans la
dénomination du pays et de ses habitants traduit la volonté
d'unification d'une société multi-ethnique (plus de 60 ethnies).
En français, on utilise également les mots Burkinais ou
Burkinabés pour désigner les habitants.
On utilise Burkina, Faso ou Burkina Faso dans les usages
courants, et Burkina Faso dans les usages officiels. Le terme « Faso
» remplace le terme « République », il est donc fautif
d'utiliser "République du Burkina Faso". On parlera donc de la
République du Burkina et de président du Faso (ou
président de la République, pour les non Burkinabé).
II- HISTOIRE
On trouve peu de témoignages sur l'époque
précoloniale au Burkina Faso. Toutefois, une chronologie du
royaume Mossi8(*) existe.
Les Européens ont eu peu de contacts avec «le
Mossi», ainsi que l'on désignait ce territoire, et ils se sont
produits peu avant la colonisation. Le compte-rendu du voyage de
Louis Gustave
Binger (1856-1936, du Niger au Golfe de Guinée) relate son
séjour, en juin 1888, chez Boukary, frère du Mogho
Naba9(*) Kom de
Ouagadougou. Selon ce
compte rendu, Boukary devait devenir le Mogho Naba Wobgho qui résista
aux Français, avec des moyens bien limités devant leurs armes
modernes. Binger décrit un royaume organisé suivant un mode
féodal. En 1896, le royaume mossi de Ouagadougou devient un protectorat
français. En 1898, la majeure partie de la région correspondant
à l'actuel Burkina est conquise. En 1904, ces territoires sont
intégrés à l'Afrique Occidentale Française au sein
de la colonie du Haut-Sénégal-Niger.
Le 1er mars 1919, Édouard Hesling devient le premier
gouverneur de la nouvelle colonie de Haute-Volta. Celle-ci est
démembrée le 5 septembre 1932, le territoire est partagé
entre la Côte d'Ivoire, le Mali et le Niger. Le 4 septembre 1947 la
Haute-Volta est reconstituée dans ses limites de 1932. Le 11
décembre 1958, elle devient une république membre de la
communauté franco-africaine et accède à
l'indépendance le 5 août 1960.
III- ORGANISATION POLITIQUE
ET ADMINISTRATIVE
1) Organisation politique
Le président actuel, Blaise Compaoré, est au
pouvoir depuis le 15 octobre 1987 à la faveur d'un coup d'État au
cours duquel son prédécesseur et frère d'armes, Thomas
Sankara, a été tué. La période ayant suivi ce coup
d'État a été dénommée
«Rectification» par ses auteurs, en référence aux
dérives et à l'autoritarisme dont le président Sankara a
été accusé.
La Constitution du 2 juin 1991, adoptée par
référendum, a instauré un régime
semi-présidentiel ouvert au multipartisme :
- Le Président du Burkina Faso, élu par le
peuple pour cinq ans lors d'un scrutin à deux tours. Il ne peut
être réélu qu'une seule fois.
- L'Assemblée nationale est la seule instance
législative du pays. Elle peut être dissoute par le
président du Faso.
Il existe également une chambre constitutionnelle,
composée de dix membres et un conseil économique et social dont
le rôle est purement consultatif.
2) Organisation
administrative
Le territoire du Burkina Faso est divisé en 13
régions et subdivisé en 45 provinces, 350 départements,
359 communes de plein exercice dirigées par des maires élus et
8 000 villages environ.
La langue officielle est le Français. De nombreuses
langues nationales sont parlées dont les plus courantes sont le
Mooré10(*), le
Dioula11(*),
Gulmancéma12(*) et
le Foulfoulde13(*). Depuis
son indépendance en août 1960, le Burkina Faso a connu plusieurs
régimes politiques : État de droit et État
d'exception. À partir de 1991, le pays a opté pour un
système politique démocratique en adoptant une constitution par
voie référendaire et en organisant des élections
présidentielles et législatives.
Aujourd'hui, des institutions républicaines sont mises
en place :
· Les élections du premier et du deuxième
Président de la 4e République respectivement en 1991,1998 et
2005.
· Les élections législatives en 1992, 1997,
2002 et 2007.
· L'installation de la chambre des
représentants.
· La mise en place de l'appareil judiciaire.
· Il s'agit donc d'un État démocratique
à trois pouvoirs qui sont :
o le pouvoir exécutif assuré par le
Gouvernement,
o le pouvoir législatif composé d'une
Assemblée Nationale et d'une Chambre des Représentants
o le pouvoir judiciaire.
En outre, d'autres institutions viennent consolider
l'état de droit. Ce sont notamment :
· le
Médiateur
du Faso,
· le Conseil Économique et Social (CES),
· le Conseil Supérieur de l'Information (CSI),
· et la Commission Nationale de la
Décentralisation (CND)
IV- GEOGRAPHIE
1) Géographie
physique
a) Relief
Deux grands types de paysages existent au Burkina : La plus
grande partie du pays est couverte par une pénéplaine. Elle forme
un relief très légèrement vallonné avec par
endroits quelques collines isolées, ultimes vestiges d'un massif du
précambrien. C'est un paysage assez monotone, avec un sol le plus
souvent coloré en ocre par la latérite. La partie sud-ouest du
pays forme un massif gréseux. Le point culminant du pays s'y trouve : le
Ténakourou (749 m). Le massif est limité par des falaises
très escarpées atteignant 150 m de haut : Falaise de Banfora
, Pics de Sindou etc. L'altitude moyenne est de 400 m et le différentiel
entre les deux points extrêmes ne dépasse pas 600 m. Le Burkina
Faso est donc un pays plutôt plat, avec quelques accidents de terrain
localisés.
b) Hydrographie
Quoique peu élevé et relativement peu
arrosé, le Burkina a un réseau hydrographique assez important,
surtout dans sa partie méridionale. Les cours d'eau se rattachent
à trois bassins principaux : les bassins de la
Volta, de la
Comoé
et du
Niger. Le pays
devait son ancien nom de Haute-Volta aux trois cours d'eau qui le
traversent : le
Mouhoun
(anciennement
Volta Noire), le
Nakambé
(
Volta Blanche) et
le
Nazinon
(Volta Rouge). Le
Mouhoun est le
seul fleuve permanent du pays avec la
Comoé
qui coule au sud-ouest.
c) climat
Le Burkina Faso possède un climat tropical de type
soudano-sahélien (caractérisé par des variations
pluviométriques considérables allant d'une moyenne de 350 mm au
Nord à plus de 1 000 mm au Sud-ouest) avec deux saisons très
contrastées : la saison des pluies avec des précipitations
comprises entre 300 mm et 1 200 mm et la saison sèche durant laquelle
souffle l'harmattan, un vent chaud et sec, originaire du Sahara. La saison des
pluies dure environ 4 mois, entre mai-juin et septembre, sa durée est
plus courte au nord du pays.
On peut donc distinguer trois grandes zones climatiques :
* zone sahélienne au nord du pays : moins de 600 mm
de pluviométrie par an et amplitudes thermiques élevées
(15 à 45 degrés).
* zone soudano-sahélienne entre 11° 3' et
13° 5' de latitude Nord. C'est une zone intermédiaire pour les
températures et les précipitations.
* zone soudano-guinéenne au sud du pays : plus de
900 mm de pluie par an et des températures moyennes relativement
basses.
On distingue deux (2) saisons inégales :
* Une saison d'hivernage très courte de 3 à
4 mois (juin à septembre).
* Une saison sèche de 8 à 9 mois (octobre
à juin).
La rareté et la mauvaise répartition des pluies
provoquent des migrations de plus en plus fortes des populations principalement
du Nord et du Centre vers les villes, le Sud-ouest du Burkina Faso et les pays
de côte. La température varie de 16 à 45 degrés
Celsius ; l'évaporation moyenne annuelle est estimée à 3
000 mm et la recharge annuelle de la nappe souterraine à 40 mm.
2) Géographie
humaine
La population du Burkina se situe à un peu plus de 14
millions14(*) d'habitants
en 2006, pour une densité de 44 habitants au km². C'est une
population essentiellement rurale. Le taux d'urbanisation se situe autour de
20%. C'est un pays oú coexistent plus d'une soixantaine d'ethnies. Les
Lobi, les Gourounsis et les Sénoufo seraient parmi les premiers
habitants du pays. Les Mossi constituent la moitié de la population et
donnent au pays une cohésion culturelle et politique ; ils se sont
installés au cours de migrations anciennes ainsi que les Bobos, les
Gourmantchés et d'autres groupes de langue mandé. Les pasteurs
peuls vivent en symbiose économique avec les agriculteurs traditionnels.
Dans le Nord, les grands troupeaux des éleveurs touareg et peul
parcourent une steppe frappée par les sécheresses avant
d'être convoyés vers le sud pour nourrir les pays
méridionaux (Côte d'Ivoire, Ghana).
Ouagadougou, la capitale, est la plus grande ville,
Bobo-Dioulasso, le grand centre économique. L'espérance de vie
est estimée en 2009 à 51,04 ans pour les hommes et à 51,91
ans pour les femmes. Le taux de croissance de la population est de l'ordre de
2,68%. Le capital humain constitue une faiblesse critique du Burkina Faso et
une entrave à son développement économique. Le taux
d'alphabétisme est un des plus faibles au monde à moins de 24
pour cent de la population. Les femmes sont particulièrement
touchées par l'analphabétisme également. Bien que les
faiblesses du système éducatif restent critiques, des
progrès ont été enregistrés. Le taux de
scolarisation dans l'enseignement primaire a pratiquement doublé entre
1995 et 2006, pour passer à 72 pour cent en fin de période. Cela
a permis au taux d'alphabétisation du groupe d'âge 15-19 ans de
passer à 34 pour cent en 2005, comparé à 25 pour cent pour
le groupe d'âge 30-39 ans. Ce taux de scolarisation est cependant
loin de l'objectif du millénaire (éducation primaire pour
tous), et le taux de scolarisation dans le secondaire et l'enseignement
supérieur reste très faible. Dans le cas de l'enseignement
supérieur, l'offre de formation est limitée et pas toujours en
adéquation avec les besoins du marché du travail. De plus, la
capacité des centres de formation est très réduite. A cela
s'ajoute un problème de formation du corps enseignant.
V- LANGUES ET RELIGIONS ET
CULTURE
1) Langues
Il existe plus de 60 langues et dialectes dont les principales
sont : le mooré langue parlée par l'ethnie Mossi, le san
parlé par les Samos, le fulfuldé parlé par les Peuls, le
gulmancéma parlé par les Gourmantché dans l'Est du Burkina
Faso, le dagara parlé par les Dagaras, le dioula qui est une langue
commune à plusieurs pays d'Afrique de l'ouest (la Côte d'Ivoire,
le Mali, la Guinée etc...), le lobiri parlé par les lobis, le
marka, le bobo, le bwamu parlé par les bwabas, le senoufo, le Toussian
parlé par les Toussians, le kassena et le lyélé (langues
parlées par le peuple dit Gourounsi qui en réalité
s'appelle lui-même "NOUN", sud-est et centre ouest) et le bissa qui est
la langue parlée par l'ethnie des Boussancé appelé
couramment Bissas.
Comme la plupart des pays d'Afrique de l'ouest, le Burkina
Faso a pour langue officielle le Français.
2) Religions
Selon les données du CIA World Factbook de 2008,
l'islam est la principale religion du Burkina Faso (50%) alors que 40% de la
population est animiste. Les confessions chrétiennes sont
pratiquées par 10 % de la population. Parmi les chrétiens, les
catholiques sont majoritaires. Le recensement général de la
population en 1996 donnait à peu près les chiffres suivants:
(animistes: 47% ; islam 31%; christianisme : 21% ; autres : 1%) étant
donné que le recensement de 2006 ne s'est pas intéressé
à la question, la jugeant trop sensible, tout comme la composition des
groupes ethniques. Il semble difficile ici de valider les chiffres
publiés par CIA W. Factbook, au vu du grand écart, et de
l'inversion des chiffres en dix ans seulement.
3) Culture
Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, semble être la
capitale culturelle de l'Afrique.
En effet, le Festival Panafricain du Cinéma et de la
télévision de Ouagadougou (FESPACO), le plus grand festival de
cinéma africain sur le continent a lieu tous les deux ans à
Ouagadougou (février, années impaires).
Les Récréatrales, manifestation bisannuelle,
constituent depuis 2002 un évènement théâtral
culturel majeur du Burkina Faso, avec le Festival International de
Théâtre et de Développement (FITD).
Le SIAO, Salon International de l'Artisanat de Ouagadougou, a
lieu lui aussi tous les deux ans, principalement les années paires (fin
octobre - début novembre). C'est le plus grand salon de promotion de
l'artisanat africain.
A lieu également tous les deux ans à
Bobo-Dioulasso durant une semaine, la semaine nationale de la culture (SNC)
tremplin de la culture nationale, sous régionale et de la diaspora.
Le Festival Ciné Droits Libres pour les droits de
l'Homme et la liberté de la presse ; le festival International de
cultures urbaines Waga Hip Hop qui se déroule chaque année depuis
2000 ; le FITMO/Festival International de Théâtre et de
Marionnettes du professeur Jean Pierre Guingané ; le Festival Jazz
à Ouaga ; les Nuits Atypiques de Koudougou (NAK) ; Le festival
International de Théâtre pour le Développement (FITD) le
festival Dilembu au Gulmu (FESDIG) etc.
La presse culturelle tient une place de choix. On peut citer
L'Observateur Dimanche, Star Hebdo et Evasion. Depuis deux ans, une Association
de jeunes journalistes culturels du nom de Planète Culture couvre les
principaux festivals du pays.
Le secteur muséal est en pleine évolution. On
peut visiter les musées suivants :
- à Ouagadougou, le Musée de la musique qui
expose des instruments traditionnels de musique, le musée national, le
musée des forces armées, et dans les environs de la ville, le
musée de l'eau, le musée de Manéga
-à Bobo-Dioulasso, le musée
Sôgôssira SANOU, le musée de la musique d'hier et
d'aujourd'hui, le centre culturel sénoufo -à Gaoua, le
musée des civilisations du sud ouest -à Kaya, le musée de
Kaya, etc.
VI- ECONOMIE
Le Burkina Faso est un pays en voie de développement.
Une situation qui s'explique en partie par la faiblesse des ressources
naturelles, et de celles des prix de ces ressources naturelles sur le
marché mondial, l'aridité des sols et l'absence de mise en valeur
durant la période coloniale, la démographie. L'agriculture
représente 32% du produit intérieur brut et occupe 80% de la
population active. Il s'agit principalement d'élevage mais
également, surtout dans le Sud et le Sud-Ouest, de culture de sorgho, de
mil, de maïs, d'arachides, de riz.
Dominée par le coton, dont le pays est le premier
producteur en Afrique avec 700 000 tonnes en 2006 principalement
tournées vers l'exportation, l'économie résiste tant bien
que mal à la chute des cours mondiaux.
Le chômage entraîne un fort taux
d'émigration : par exemple, trois millions de Burkinabé vivent en
Côte d'Ivoire. Selon la Banque Centrale des États de l'Afrique de
l'ouest, ces migrants rapatrient chaque année des dizaines de milliards
de francs CFA au Burkina Faso. Depuis les expulsions du Ghana en 1967, cette
situation provoque également des tensions avec les pays d'accueil. La
dernière crise remonte aux événements de 2003 en
Côte d'Ivoire qui ont entraîné le retour ponctuel de 300 000
migrants. Le tiers de la population du pays vit en dessous du seuil de
pauvreté. L'aide internationale contribue également pour une
grande part à l'activité économique du pays. Il convient
par ailleurs de citer quelques productions minières : cuivre, fer, zinc
et surtout or dont la production s'intensifie depuis 2008 avec l'installation
de plusieurs entreprises minières canadiennes et américaines.
La monnaie est le franc CFA, divisible en 100 centimes,
émis par la Banque Centrale d'Afrique de l'Ouest (BCEAO). Il a
été dévalué de 50% en 1994. À la veille de
la dévaluation était créée à Ouagadougou
l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) groupant
le Bénin, le Burkina, la Côte d'Ivoire, le Mali, le Niger, le
Sénégal et le Togo, à laquelle s'est jointe la
Guinée-Bissau en 1997. Ces pays, qui visent à une
intégration régionale, ont abaissé leurs droits de douane
de 60% en 1997 sur un certain nombre de produits, contre 30% lors de la
création de l'UEMOA.
Le Burkina exporte surtout du bétail, du coton, des
noix de karité (beurre végétal qui entre notamment dans la
composition du chocolat) et de l'arachide. La balance commerciale est
déficitaire, car le pays importe tous ses produits pétroliers,
métalliques et ses machines. En rendant compétitifs ses produits
alimentaires et son bétail, la dévaluation du franc CFA a
favorisé le Burkina dans ses exportations vers la côte, et
même sur le marché international pour le coton et l'or. En 2001,
les importations étaient de 788,4 millions de dollars, contre 188,2
millions de dollars pour les exportations. La France, l'Italie, l'Allemagne et
la Côte d'Ivoire sont les principaux partenaires commerciaux.
Quelques données économiques :
* Produit Intérieur Brut PIB : $7,136 milliards
(2007 -Québec -Institut de la Statistique)
* Produit Intérieur Brut PIB par habitant : $483
(2007 -Québec -Institut de la Statistique)
* PIB en parité de pouvoir d'achat (PPA) : $1185
(2007 -Québec -Institut de la Statistique)
* Produit Intérieur Brut (PIB) - Taux de croissance
réelle : 3,50 % (2006)
* Taux d'inflation (indice des prix à la
consommation) :6,40 % (2006)
* Exportations: $835 millions (2007 -Québec
-Institut de la Statistique)
* Importations: $1745 millions (2007 -Québec
-Institut de la Statistique)
VI- INFRASTRUCTURES
La faiblesse des infrastructures est un des principaux
obstacles au développement du Burkina Faso et à sa
capacité d'attirer les investissements étrangers. La
problématique se pose en matière de qualité, de
coût, de fiabilité et de disponibilité des infrastructures
de transport, d'électricité, d'assainissement, d'eau et de
télécommunications. La position enclavée du Burkina Faso
impose également une problématique régionale, étant
donné que les marchandises transitent par les ports du Bénin, de
Côte d'Ivoire, du Ghana ou du Togo.
Le réseau routier a une longueur totale de 61 366
kilomètres (km), dont 2 868 km seulement sont bitumés. Des
investissements importants ont été faits ces dernières
années, ce qui a permis l'amélioration des routes et a
favorisé le développement du transport routier. Les grands axes
vers les principaux ports sur la côte ouest africaine et les autres
capitales de la région UEMOA sont donc relativement bien desservis. En
ce qui concerne le transport ferroviaire, la seule ligne est celle qui relie
Abidjan à Ouagadougou et Kaya. En 1995, la ligne a été
placée sous la gestion de la Société internationale de
transport africain (SITARAIL), dont l'entreprise française
Bolloré est le principal actionnaire. Après l'arrivée de
SITARAIL, qui avait prévu un investissement de CFA 40 milliards ($96
millions) sur la ligne, le trafic ferroviaire de marchandises a presque
doublé pour atteindre 760 000 tonnes en 2005, dont 81 pour cent sont des
importations en provenance de la Côte d'Ivoire. Malgré les
perturbations de trafic causées par le conflit en Côte d'Ivoire en
2002, le groupe Bolloré a consenti un apport financier de 1,5 million
pour sauver la société qui a repris le trafic en 2003.
Les infrastructures aéroportuaires sont peu
développées, aussi bien en ce qui concerne le transport de
passagers que le fret. L'aéroport de Ouagadougou a une capacité
limitée et enregistre un trafic annuel de passagers d'environ 140 000
personnes. Peu de compagnies aériennes desservent l'aéroport de
Ouagadougou, particulièrement en ce qui concerne les vols
transcontinentaux. Le fret embarqué n'était que de 1 500 tonnes
en 2006, avec un fret débarqué de 3 000 tonnes. L'aéroport
ne dispose pour le moment pas d'infrastructure d'entrepôt
frigorifié. Le gouvernement envisage la construction d'un nouvel
aéroport à Donsin à l'horizon 2011, avec une
capacité d'accueil de 1,5 millions de passagers par an. Une
deuxième phase d'extension est prévue entre 2015 et 2017 et
comporterait la construction d'une bretelle de voie ferrée, d'une zone
franche, l'érection d'un complexe hôtelier et de commerce, ainsi
que la réalisation d'études de faisabilité d'une
deuxième piste d'atterrissage.
Les infrastructures de télécommunications se
sont sensiblement améliorées ces dernières années
suite à l'ouverture du secteur à l'investissement privé et
à la privatisation de l'Office national des
télécommunications (ONATEL) en 2006. La téléphonie
fixe représente un total de près de 100 000 lignes, couvrant 251
villes et localités. Le coût d'un appel fixe-fixe a baissé
de CFA 142 ($0,34) par minute en 2000 à CFA 25 ($0,06) en 2008,
en-dessous du coût en Côte d'Ivoire et au Mali. Le prix des appels
internationaux est légèrement inférieur à ceux au
Mali et au Niger, mais reste de loin supérieur au tarif en vigueur au
Ghana.
La téléphonie mobile et l'accès Internet
se sont également bien développés ces dernières
années. Le Burkina Faso a accordé trois licences de
téléphonie mobile : une pour l'opérateur historique ONATEL
et deux pour les sociétés privées Airtel et Telecel. Des
améliorations technologiques ont également été
réalisées récemment, comme l'installation d'un
réseau de fibre optique entre le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire,
le Mali et le Togo ainsi que l'amélioration de la largeur de bande pour
la transmission de données. L'offre de produits Internet s'est
améliorée avec le lancement de services ADSL, et il existe
aujourd'hui sept fournisseurs d'accès aux particuliers.
Les investisseurs continuent de faire face à des
contraintes majeures en ce qui concerne les infrastructures électriques.
Selon l'évaluation du climat des investissements de 2006 de la Banque
mondiale, 62 pour cent et 72 pour cent des entreprises dans l'industrie et
l'hôtellerie estiment que la fourniture en électricité est
une contrainte majeure ou très sévère. Les
problèmes se posent tant au niveau des coupures de courant, qu'au niveau
des variations de tension et des prix élevés pour
l'électricité à usage industriel.
Le Burkina Faso dispose d'un potentiel hydro-électrique
faible, et la capacité totale installée est de 220
mégawatts (MW), ce qui est largement inférieur à la
demande. Pour compléter ses besoins, le Burkina Faso importe 20 pour
cent de sa demande totale d'électricité de la Côte d'Ivoire
et du Ghana. Une interconnexion des réseaux a été
réalisée en 2001 de la Côte d'Ivoire jusqu'à Bobo
Dioulasso. La ligne de haute tension devrait être prolongée sous
peu entre Bobo Dioulasso et Ouagadougou avec le soutien de la Banque
mondiale.
En dehors des principales zones urbaines,
l'électrification est extrêmement limitée et la grande
majorité des zones rurales reste sans aucun accès à
l'électricité. Le taux de couverture est actuellement d'environ
18 pour cent de la population. De même, la majorité des
opérateurs miniers opèrent exclusivement sur la base de leurs
propres systèmes de génération.
Le Burkina Faso, conscient de son retard économique,
s'est engagé dans un processus de réformes structurelles visant
à promouvoir le développement du secteur privé et des
capacités de production, en vue de réduire la pauvreté,
d'augmenter le niveau de vie et d'atteindre les objectifs de
développement du millénaire. Le potentiel existe pour attirer un
niveau plus élevé d'IED dans le futur et faire en sorte que
ceux-ci contribuent au développement durable du pays. Le Gouvernement a
lancé des réformes structurelles et institutionnelles dans cette
perspective. Les chapitres à venir se proposent d'examiner les efforts
d'amélioration du climat des affaires et d'attractivités des
capitaux étrangers ; cet examen sera assorti de recommandations.
CHAPITRE II :
STRUCTURE ECONOMIQUE ET IMPACT DES IED
Le Burkina Faso fait face à des défis et
contraintes majeurs dans sa lutte contre la pauvreté. Comme l'ensemble
des pays moins avancés (PMA), le Burkina Faso a de grosses
difficultés à retirer les bénéfices de la
mondialisation, et il reste en marge des flux d'investissements
générés par les grandes sociétés
multinationales. Le développement des capacités de production
dans un contexte de concurrence de plus en plus globale est
particulièrement difficile pour un pays enclavé au climat
semi-sahélien disposant d'infrastructures de base insuffisantes et d'un
capital humain limité.
Le Gouvernement est cependant déterminé à
relever le défi de la lutte contre la pauvreté. Un programme de
réformes structurelles, institutionnelles et réglementaires a
été mis en place en vue de dynamiser l'investissement
privé, principal vecteur du développement des capacités de
production et de la lutte contre la pauvreté. Le Burkina Faso cherche
également à promouvoir plus activement les IED afin que ceux-ci
contribuent au développement d'un secteur privé dynamique et
compétitif. En outre, le Gouvernement désire renforcer son
rôle dans le développement des infrastructures de base, y compris
avec le soutien de ses partenaires techniques et financiers et au moyen de
partenariats secteur public - secteur privé. Un tel renforcement est
effectivement nécessaire pour permettre au secteur privé de se
développer dans de bonnes conditions.
I- CADRE ECONOMIQUE ET ROLE
DES IED
1) Structure de la
production et IED
a) Cadre
macro-économique
A son indépendance en 1960, le Burkina Faso a
hérité d'une économie basée essentiellement sur
l'agriculture d'exportation et dépendante de la Métropole pour la
majorité des produits manufacturés. Le secteur industriel
était très limité et les infrastructures de base
(transport, électricité, système d'éducation) peu
développées. De 1960 au début des années 1990, le
Burkina Faso a adopté un modèle économique axé sur
le développement d'entreprises publiques dans de nombreuses
activités commerciales, laissant relativement peu de place à
l'initiative privée.
Durant la période 1960-1990, le pays a connu une
période de croissance relativement continue mais erratique,
caractérisée par des déséquilibres internes et
externes et quelques épisodes de récession (figure1). Le taux de
croissance réel du produit intérieur brut (PIB) a
été de 3,2 pour cent par an en moyenne sur la période, ce
qui n'a permis qu'une augmentation du revenu réel par habitant de 1 pour
cent par an en moyenne. Cette hausse a été insuffisante pour
réaliser des progrès significatifs dans la lutte contre la
pauvreté.
En 1991, le Burkina Faso s'est engagé dans un processus
d'ajustement structurel et de libéralisation économique, avec le
soutien des institutions financières internationales. Ce processus a
cherché et permis d'accroître le rôle du secteur
privé dans l'économie burkinabé, y compris au moyen d'un
programme de privatisations. La dévaluation de 50 pour cent du franc CFA
en 1994 a permis d'améliorer la compétitivité de
l'économie et de réaliser un ajustement des prix relatifs. Cet
ajustement était rendu indispensable par la parité du franc CFA
vis-à-vis du franc français restée inchangée
jusqu'alors et par le différentiel d'inflation et d'augmentation de
productivité.
Figure1 : Croissance du PIB et PIB par habitant,
1960-2007
Source : Banque mondiale, indicateurs du
développement dans le monde.
Le processus de réformes et la dévaluation du
franc CFA ont généré une croissance annuelle du PIB
réel de 5,8 pour cent en moyenne sur la période 1991-1999. Depuis
l'an 2000, le Burkina a également connu une croissance supérieure
à la moyenne de ses partenaires de l'Union Economique et
Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), avec une hausse du PIB réel de
5,2 pour cent par an. L'évolution de la croissance est aussi devenue
moins erratique au cours des dernières années, donnant plus de
stabilité au cadre macro-économique.
L'accélération de la croissance depuis
l'introduction du processus de réformes et la libéralisation de
l'économie a eu un impact positif sur le niveau de vie moyen de la
population et sur l'incidence de la pauvreté. Le PIB réel par
habitant a augmenté de 3 pour cent par an entre 1995 et 2007, pour
atteindre $430 à prix courants en 2007. En outre, le taux de
pauvreté a baissé de 54,6 pour cent de la population en 1998
à 46,4 pour cent en 2003. Le Burkina Faso reste malgré tout un
des pays les plus pauvres au monde, et l'impact positif de la croissance de la
dernière décennie sur le niveau de vie est encore insuffisant.
La structure économique n'a pas non plus
fondamentalement évolué au cours des dernières
décennies. L'économie burkinabé reste peu
industrialisée, peu diversifiée et vulnérable aux chocs
internes et externes. Le secteur primaire représentait 31,7 pour cent du
PIB en 2006, occupant plus de 80 pour cent de la population (figure2). Le
secteur secondaire représentait 24,5 pour cent du PIB en 2006, en
légère hausse par rapport à 1985 (20,5 pour cent du PIB).
Le secteur est encore insuffisamment développé pour
générer un nombre important d'emplois formels, et moins de 3 pour
cent de la population active sont employés dans l'industrie. Le secteur
tertiaire représentait 43,8 pour cent du PIB en 2006, en
légère baisse par rapport au niveau de 1985. L'administration
publique représente une part significative du secteur tertiaire, et
génère environ 65 750 emplois. Le secteur tertiaire dans son
ensemble, y compris dans le domaine informel, occupe environ 13 pour cent de la
population active.
b) Secteur
primaire
Le secteur primaire est dominé par les productions
vivrières et d'auto-subsistance et par le coton. La production agricole
est dépendante de la pluviométrie et des conditions climatiques,
étant donné le niveau
Figure 2. Composition du
PIB par secteur d'activité, 1985-2006
Source : PNUD, Rapport sur le développement
humain - Burkina Faso, 2007
très limité des infrastructures d'irrigation.
Les cultures vivrières représentent près de 80 pour cent
de la surface cultivée, alors que le coton représente environ 7
pour cent. La production agricole est générée
essentiellement par les petites exploitations familiales, qui disposent de
surfaces réduites et de moyens et connaissances techniques
limités.
Le Burkina Faso est un des principaux producteurs de coton
d'Afrique. Les plantations ont été lancées à
l'époque coloniale pour satisfaire les besoins de la Métropole,
et la majeure partie de la production reste exportée à l'heure
actuelle. Le taux de transformation et la valeur ajoutée locale sont peu
élevés, le Burkina Faso n'ayant pas réussi à
implanter une industrie textile compétitive. En 2001, l'entreprise
textile publique Faso Fani a dû être liquidée, aucune
société privée n'ayant indiqué
d'intérêt pour la reprise de l'activité. En dépit de
la baisse du cours du coton sur le marché international, la production a
été multipliée par 5 entre 1995/96 et 2006/07 pour
atteindre 760 000 tonnes sur une superficie cultivée de 570 000
hectares.
Comme pour l'agriculture vivrière, la production de
coton est réalisée majoritairement par des petites unités
familiales réunies en groupements de producteurs en vue de
défendre leurs intérêts. Jusqu'il y a peu, l'achat, le
transport, l'égrenage, la commercialisation et l'approvisionnement des
agriculteurs en intrants agricoles étaient du ressort exclusif de la
Société Burkinabé des Fibres Textiles (SOFITEX).
La SOFITEX a été créée à
l'indépendance comme une joint venture entre le Gouvernement (55 pour
cent du capital), des privés burkinabé (1 pour cent) et la
Compagnie française pour le développement des textiles (CFDT, 44
pour cent).Le capital de la SOFITEX a ensuite évolué pour
être détenu actuellement à raison de 35 pour cent par
l'Etat burkinabé, 30 pour cent par l'Union nationale des producteurs de
coton du Burkina, 1 pour cent par des banques burkinabé, et 34 pour cent
par Dagris (ex-CFDT). De son côté l'Etat français s'est
désengagé en 2008 de la société Dagris, dont les
opérations vont continuer sous le nom de Geocoton. Les investisseurs
étrangers sont donc présents au travers de la SOFITEX dans la
filière coton depuis l'indépendance. Ce n'est cependant que
depuis la privatisation de Dagris par l'Etat français que des
investisseurs étrangers privés sont impliqués en
partenariat avec le Gouvernement et le secteur privé burkinabé
dans la SOFITEX
La libéralisation de la filière coton en 2004 a
permis l'implication de deux autres groupes privés à capitaux
étrangers. La Socoma, détenue en majorité par Dagris, a
repris les actifs de la SOFITEX dans la zone Est du Burkina Faso. Ces actifs
seront dans le futur gérés par Geocoton. D'autre part, les
groupes suisse Reinhart et ivoirien Ivoire Coton détiennent ensemble 60
pour cent du capital de Faso Coton, qui a repris les actifs de la SOFITEX dans
la région du centre.
La SOFITEX, Socoma et Faso Coton assurent l'achat, le
transport, l'égrenage, la commercialisation et l'approvisionnement des
agriculteurs en intrants agricoles dans leur zone respective. Elles offrent de
l'appui technique aux producteurs (semences, engrais, pesticides) et
contribuent au financement de la filière. La Socoma dispose de trois
usines d'égrenage d'une capacité de 110 000 tonnes et emploie
près de 200 salariés permanents et génère environ
400 emplois saisonniers. De son côté, Faso Coton s'est
engagée dans un programme de promotion du coton biologique en 2002.
c) Industrie
Les principales activités du secteur secondaire sont la
manufacture et la production minière. La manufacture s'est peu
développée au cours des dernières décennies. Le
nombre de grandes unités industrielles au Burkina Faso est très
réduit et elles sont concentrées à Ouagadougou et Bobo
Dioulasso. Le secteur manufacturier n'occupe aujourd'hui que 1 pour cent de la
population active et se concentre principalement dans la transformation des
produits alimentaires, destinés majoritairement au marché
interne, la transformation métallique et la production de biens de
consommation courante pour le marché local. Brakina (Brasseries du
Burkina Faso) est un des principaux groupes industriels du Burkina Faso, et un
des principaux employeurs du secteur formel, autant en termes d'emplois directs
que d'emplois indirects. Le contrôle de Brakina a été
cédé en 1992 au groupe familial Castel, une des principales
entreprises françaises de production, négoce, embouteillage et
distribution de vins, qui s'est diversifiée sur l'ensemble des produits
de boisson. Le groupe Castel a consenti d'importants investissements dans
Brakina suite à son rachat, ce qui a permis son développement et
son extension.
En dépit de l'importante production de coton dans le
pays et dans la sous-région, l'industrie textile est très peu
développée. La valeur ajoutée locale dans la
filière coton est faible, et la transformation se limite principalement
à l'égrenage et la production de fibre. A l'heure actuelle, il
n'existe qu'une seule filature, la Filsah, dont les débouchés
sont principalement dans la sous-région. Le capital de Filsah est en
partie détenu par le fonds d'investissement Cauris Management,
basé au Togo et dont les fonds proviennent d'investisseurs
institutionnels de la région et d'Europe. Les exportations de textiles
ou de vêtements vers les Etats-Unis ou l'Europe sont inexistantes en
dépit d'un accès préférentiel à ces
marchés. A l'inverse de certains autres pays d'Afrique, le Burkina Faso
n'a pas été en mesure d'attirer les investissements
étrangers dans la confection de vêtements à destination de
ces deux marchés.
Les investissements étrangers ont permis de dynamiser
le secteur minier, suite à la libéralisation introduite par le
code minier de 1997, révisé en 2003. A l'heure actuelle, les
sociétés minières impliquées au Burkina Faso sont
toutes des sociétés « juniors », telles que Orezone
Resources, High River Gold Mines et Etruscan Resources. Aucune « major
» ne s'est encore impliquée suite à la découverte
d'un gisement par une des sociétés « juniors ». Les
gisements découverts et en cours de mise en exploitation restent de
taille relativement modeste, mais l'impact sur le développement du
secteur minier industriel et l'emploi est important à l'échelle
du Burkina Faso.
d) Services
Le secteur tertiaire, qui représente près de 44
pour cent du PIB, est plus diversifié que le secteur industriel, mais
reste fondamentalement centré sur le marché national. Les
entreprises de services centrées sur l'exportation sont rares et peu
importantes. Le secteur du tourisme est relativement peu
développé, bien que le Gouvernement désire promouvoir le
tourisme culturel et de conférences. Les investissements
étrangers dans le secteur sont le plus souvent de taille relativement
modeste, et le seul grand groupe hôtelier présent au Burkina Faso
est le groupe Accor, mais seulement en tant que gestionnaire et pas en tant
qu'investisseur.
Les investisseurs étrangers sont plus impliqués
dans le secteur financier, avec la présence de BNP-Paribas et de la
Société Générale dans la banque et des groupes AGF
(Allianz) et Colina (Côte d'Ivoire) dans les assurances. Des
sociétés étrangères telles que Maersk Sealand et
SDV Logistique (groupe Bolloré) sont également présentes
au Burkina Faso, bien qu'elles ne disposent pas d'infrastructures propres
importantes. Les télécommunications, quant à elles, ont
été un des principaux pôles d'attraction des IED ces
dernières années, et le secteur est actuellement dominé
par les investisseurs étrangers.
Un nombre relativement important d'investissements
étrangers de petite taille contribuent également à
dynamiser le secteur tertiaire, y compris dans la restauration,
l'hôtellerie, la distribution et le commerce de détail. Les
investisseurs d'origine française représentent une part
importante de ce type d'investissements. Suite à la crise récente
en Côte d'Ivoire, un nombre significatif d'investisseurs d'origine
libanaise établis dans le pays se sont aussi rendus au Burkina Faso pour
y investir dans le commerce et les boulangeries.
Pris dans son ensemble, le secteur formel au Burkina Faso
reste de taille limitée, peu diversifié et pourvoyeur d'un nombre
restreint d'emplois. Ceci est illustré par la liste des « grands
» contribuables de la Direction des grandes entreprises au sein de la
Direction générale des impôts. Les « grandes
entreprises » sont au nombre de 573 et représentent plus de 90 pour
cent des impôts directs. Cette liste comprend un nombre limité de
grandes entreprises privées, des entreprises publiques, et de nombreuses
petites entreprises familiales ou individuelles.
L'étendue et la nature de cette liste, de même
que l'importance que ces entreprises représentent en matière
d'impôts directs illustrent l'importance du secteur informel au Burkina
Faso. Celui-ci est présent dans toutes les activités
économiques, et plus particulièrement dans le commerce et
l'artisanat, où les entreprises « semi-formelles » sont
nombreuses. L'intégration progressive de ce secteur « semi-formel
» dans le domaine formel est importante pour le Burkina Faso, aussi bien
pour la gestion macro-économique et fiscale du pays que pour promouvoir
des conditions de concurrence saine et loyale au sein du secteur formel en
développement.
2) Secteur
externe
La capacité d'exportation du Burkina Faso est
extrêmement limitée et est concentrée principalement sur le
coton (brut ou en fibres) et les ressources minérales. Son aptitude
future à bénéficier de la mondialisation des
échanges et des chaînes de production, et à tirer parti de
son accès préférentiel aux principaux marchés des
pays industrialisés dépend donc du développement des
capacités de production et de l'augmentation de la
compétitivité de ses entreprises. En outre, le Burkina Faso est
très dépendant des importations pour une large gamme de produits,
ce qui a engendré un déficit persistant de la balance
commerciale.
La balance des services demeure également
déficitaire en raison des coûts de transport élevés
pour le commerce international. Ce déficit est partiellement
compensé par les transferts privés et publics, mais cela reste
insuffisant pour financer l'ensemble du déficit de la balance
commerciale. Les transferts privés proviennent principalement de la
Diaspora burkinabé en Côte d'Ivoire et, dans une moindre mesure,
ailleurs dans le monde. Il est estimé qu'environ 2,2 millions de
burkinabé résidaient en Côte d'Ivoire avant la crise de
2002. Près de 400 000 seraient rentrés au pays dans les
années qui ont suivi. Les transferts privés représentaient
CFA 29 milliards ($69,6 millions) en 1993 et ont augmenté au taux annuel
moyen de 5 pour cent jusqu'à la crise ivoirienne pour atteindre CFA 35,6
milliards ($85,4 millions) en 2000. La crise de 2002 a ensuite réduit
ces flux à CFA 22 milliards ($52,8 millions) en 2003.
Les exportations sont peu diversifiées et
dominées par le coton et l'or. Le coton représente à lui
seul près de trois quarts des exportations, principalement sous forme
brute et de fibre (figure 3). Les principaux pays de destination sont la Chine
et Singapour. La part des métaux précieux a diminué au
cours des dernières années pour représenter environ 7 pour
cent du total en 2005, pratiquement moitié moins qu'en 1999. La
découverte de gisements d'or ces dernières années devrait
cependant relancer fortement les exportations à partir de 2007.
Plusieurs mines sont passées en phase d'exploitation en 2007 et 2008.
Les exportations d'articles manufacturés sont minimes et ont perdu de
l'importance récemment, passant de 12 pour cent du total en 2002
à 4,5 pour cent en 2005.
Figure 3: Structure des
exportations, 1999-2005
Source : Institut national de la statistique et de la
démographie (INSD), annuaire statistique 2007
Les importations burkinabé sont beaucoup plus
diversifiées que les exportations, avec néanmoins une
prédominance des biens d'équipement et des biens
manufacturés (figure4). Les produits alimentaires représentent
également une part relativement importante des importations, ce qui
illustre la dépendance du Burkina Faso pour certains produits de base et
de consommation courante tels que le riz.
Figure 4 : Structure des
importations, 1999-2005
Source: INSD, annuaire statistique 2007
II- POLITIQUES ECONOMIQUES
ET STRATEGIE DES IED
Le Gouvernement burkinabé a initié dans les
années 1990 une réforme en profondeur de ses politiques
économiques au travers d'un programme d'ajustement structurel, qui a
représenté la fin de l'interventionnisme économique et la
libéralisation de l'économie. Le programme a engendré la
privatisation d'une partie des entreprises publiques, la libéralisation
de la plupart des secteurs commerciaux, la réforme du système
bancaire, un contrôle plus strict des dépenses publiques, un
programme d'augmentation des recettes fiscales, et des initiatives pour
encourager le développement du secteur privé.
Aujourd'hui le principal objectif du Burkina Faso est
d'atteindre une croissance durable qui engendre une réduction de la
pauvreté. Le Gouvernement s'est engagé à réformer
ses politiques économiques et sociales de manière à mieux
soutenir le processus de développement du pays en favorisant
l'émergence d'un secteur privé dynamique et compétitif et
en approfondissant l'intégration régionale. Bien que la politique
économique attribue une importance primordiale aux mesures visant
à promouvoir le développement du secteur privé, le
Gouvernement n'a pas encore réellement établi de stratégie
spécifique visant à promouvoir les IED et à maximiser leur
impact positif sur l'économie. Les autorités ont cependant
décidé de créer une agence de promotion des
investissements étrangers, même si ses contours et son
environnement stratégique restent à définir.
1) Cadre stratégique
de lutte contre la pauvreté
Le Burkina Faso a été un des premiers pays
à préparer un Cadre stratégique de lutte contre la
pauvreté (CSLP). Lancé en 2000 et mis à jour en 2003, le
CSLP détermine les objectifs prioritaires du Gouvernement en
matière de développement tout en assurant sa cohérence
avec les stratégies sectorielles. Lors de la révision du CSLP en
2003, le gouvernement burkinabé a décidé d'impliquer plus
activement au projet les différentes régions du pays. Treize CSLP
spécifiques aux besoins de chacune des régions administratives
ont ainsi été développés en juin 2005.
Les quatre piliers du CSLP, communs à toutes les
régions du pays, sont ;
§ activer la croissance à grande échelle;
§ promouvoir l'accès aux services sociaux
basiques;
§ augmenter le nombre d'activités
génératrices d'emploi et de revenu ; et
§ promouvoir la bonne gouvernance.
Un programme d'actions prioritaires articulé autour des
quatre piliers a été mis en place pour rendre le CSLP
opérationnel. On compte parmi les principales actions et objectifs :
Un programme d'actions prioritaires articulé autour des
quatre piliers a été mis en place pour rendre le CSLP
opérationnel. On compte parmi les principales actions et objectifs :
§ l'augmentation de la production agricole et la
sécurité alimentaire;
§ la promotion du secteur minier ;
§ la promotion de la production de fruits et
légumes;
§ l'accès à l'éducation;
§ l'amélioration de l'accès au
crédit ;
§ la réorganisation et le renforcement du
système judiciaire; et
§ la bonne gouvernance économique et la lutte
contre la corruption.
Le rôle et le besoin d'investissements privés
pour améliorer les infrastructures sont aussi prévus par le CSLP.
La poursuite du processus de privatisation, dans lequel les investisseurs
étrangers ont un rôle important à jouer, fait aussi partie
des objectifs du Gouvernement pour augmenter la compétitivité et
réduire ainsi les coûts des facteurs de production. Le CSLP ne
définit cependant pas de stratégie spécifique des IED, que
ce soit en matière de promotion, d'attraction ou de maximisation
d'impact.
2) Prospective «Burkina
2025»
En 1994, le Gouvernement burkinabé a commandité
la réalisation d'une étude prospective en vue de mieux orienter
les programmes pour le développement à moyen et long terme. Le
conseil national de prospective et de planification stratégique,
créé par décret en 1997, a remis une étude
complète en 2005. Selon l'étude «Burkina 2025»,
d'importantes faiblesses persistent dans l'économie burkinabé en
dépit des réformes des années 1990, comme la faiblesse des
ressources humaines, le manque de ressources naturelles, la faiblesse de
l'épargne et de l'investissement ainsi que la fraude et la
corruption.
Les principales faiblesses identifiées au niveau
sectoriel sont le secteur agricole encore très traditionnel, l'industrie
peu compétitive, les échanges commerciaux rendus difficiles par
l'enclavement et le faible taux de pénétration des nouvelles
technologies de l'information et de la communication. Parmi les
opportunités, l'étude signale la confiance renouvelée des
bailleurs de fond, l'impact des conférences régionales et
internationales ayant lieu au Burkina Faso, et les effets de
l'intégration économique sur les ressources humaines et le
développement des nouvelles technologies de l'information. Les
principales menaces identifiées sont la persistance des conflits dans
les pays voisins, la dépendance envers l'aide publique au
développement, la dépendance envers les cours mondiaux des
marchandises, le risque de délocalisation vers d'autres pays de la
sous-région dû aux coûts des facteurs de production ainsi
que la dégradation de l'écosystème.
Bien que la prospective « Burkina 2025 » offre une
analyse intéressante des capacités et du potentiel du Burkina
Faso, elle manque d'opérationnalité et ne présente pas de
mesures concrètes et spécifiques à mettre en place dans
les différents secteurs clés. En outre, bien que l'étude
souligne l'importance des investissements pour exploiter les forces et
opportunités du pays et pour les transformer en progrès
économique et social, elle n'aborde pas le rôle spécifique
que les IED pourraient jouer pour atteindre ces objectifs.
3) Projet d'appui à la
compétitivité et au développement de
l'entreprise
L'importance que le Gouvernement accorde au
développement du secteur privé se reflète dans la lettre
de politique pour le développement du secteur privé de 2002.
Cette lettre est une déclaration d'intentions sur les réformes
que le gouvernement veut adopter, en ligne avec la stratégie de
réduction de la pauvreté. Parmi ces réformes, on peut
signaler la libéralisation de l'économie avec l'ouverture de
plusieurs secteurs aux investissements privés tels que le secteur
minier, les télécommunications, l'énergie et le secteur
financier. La lettre prévoit aussi l'amélioration du cadre
réglementaire, juridique et fiscal des affaires ainsi que des mesures
pour le développement industriel et de l'artisanat.
En soutien de cette lettre et à partir d'une
étude sur la compétitivité et la croissance
économique, le Gouvernement a lancé le Projet d'appui à la
compétitivité et au développement de l'entreprise (PACDE)
en 2003 avec l'appui de la Banque mondiale. Le PACDE, qui a principalement un
rôle d'appui, agit sur deux aspects : (1) la mise en oeuvre des
différentes réformes ; et (2) le soutien au secteur privé
pour qu'il puisse bénéficier de ces réformes. Le PACDE
soutient différents ministères dans l'accomplissement des
objectifs annoncés dans la lettre de politique pour le
développement du secteur privé, principalement en les aidant
à trouver et financer les expertises requises. Le projet avait
été conçu pour une période initiale de quatre ans,
mais une prolongation de deux ans est prévue en vue de terminer la mise
en place des mesures et réformes initialement prévues.
III- TENDANCES DES IED
1) Volume et performance des
IED
Le Burkina Faso est resté en marge des flux d'IED
mondiaux jusqu'aux années 1980. Ce n'est qu'à partir du milieu
des années 1990, avec le lancement du processus de libéralisation
économique et le début du programme de privatisation, que les IED
ont entamé une tendance à la hausse (figure 5). Bien que fort
irrégulière, cette tendance s'est affirmée et
accélérée au cours des dernières années, en
particulier suite aux investissements dans le secteur minier. Dans l'industrie
et les services, la petite taille du marché domestique, les faiblesses
en matière d'infrastructures physiques et de capital humain,
l'enclavement, le coût élevé des facteurs, et les
faiblesses du cadre réglementaire constituent encore des freins
importants aux IED.
Figure 5 : Flux d'IED au
Burkina Faso, 1980-2007
Source : CNUCED, base de données
FDI/TNC
Les flux d'IED ont atteint en moyenne seulement $1,8 millions
par an entre 1980 et 1991, une période durant laquelle le Burkina Faso a
axé sa politique de développement économique
principalement sur la promotion des entreprises publiques, y compris dans les
activités purement commerciales. Durant cette période, l'Etat
était le principal investisseur dans les secteurs clés de
l'économie. En 1991, l'Etat était le principal ou unique
actionnaire dans 41 établissements publics à caractère
industriel ou commercial, 43 sociétés d'économie mixte,
deux entreprises publiques à caractère professionnel, et deux
sociétés d'Etat.
Le programme d'ajustement structurel de 1991 a lancé le
processus de libéralisation de l'économie et l'ouverture au
secteur privé. Il a aussi été à la base d'un
désengagement de l'Etat des activités à caractère
purement commercial au travers d'un programme de privatisations. Un total de 59
entreprises publiques a été identifié en plusieurs phases
pour être privatisées (ou liquidées) à partir de
1992. Une première vague d'opérations entre 1992 et 2001 a vu la
privatisation ou la liquidation de 37 entreprises. Brakina (brasserie) a
été cédée au groupe familial français
Castel, la CIMAT (cimenterie) vendue à la société suisse
Umar Holderbank et la SOSUCO (sucrerie) reprise par le groupe Agha Khan.
Les privatisations ont donc favorisé une augmentation
des flux d'IED dès le début des années 1990. La
libéralisation de l'économie, les réformes structurelles
et réglementaires, et la dévaluation du franc CFA en 1994 ont
également contribué à dynamiser les investissements
étrangers, y compris les investissements de petite taille par des
entrepreneurs étrangers et des PME. Malgré tout, les flux sont
restés irréguliers et dépendants d'opérations
ponctuelles telles les privatisations ou l'attribution de licences de
téléphonie mobile à des sociétés
étrangères. Le pic d'IED de 2000 peut ainsi être
expliqué par la vente de licences téléphoniques - et les
investissements d'infrastructures associés - à Celtel ($11
millions) et Telecel ($8 millions).
En moyenne, les flux d'IED sont donc passés de $1,8
millions par an en 1980-1991 à $10,2 millions par an en 1992-2001. La
Commission de la privatisation estime par ailleurs que les entreprises
privatisées ont reçu des injections de capital (hors coût
de privatisation) de CFA 35,3 milliards ($84,7 millions) entre 1995 et 2000,
principalement pour l'extension et le renouvellement de l'outil de
production.
Bien que le processus de privatisation ait connu un certain
ralentissement au début des années 2000, les flux d'IED ont
continué sur une phase croissante, pour atteindre $25,2 millions par an
en moyenne sur la période 2002-2006. Le renouveau des investissements
miniers, principalement dans la recherche et l'exploitation de gisements d'or,
expliquent une part importante de cette tendance à la hausse.
L'investissement étranger dans le secteur minier est en effet en pleine
expansion ces dernières années, suite à l'ouverture du
secteur aux investisseurs privés et à l'adoption d'un cadre
réglementaire attractif. Plus de 300 permis de prospection et de
recherche ont été attribués depuis la fin des
années 1990, et cinq entreprises étrangères sont soit
passées en phase d'exploitation, soit sur le point de commencer la
production.
En plus des IED dans le secteur minier, la poursuite du
processus de réformes structurelles a également suscité un
certain regain d'intérêt de la part d'investisseurs et
entrepreneurs étrangers. De plus, la cession de 34 pour cent des parts
de la SOFITEX au groupe français Dagris a permis une entrée
significative de capitaux en 2004.
En 2007, les flux d'IED ont atteint un pic exceptionnel de
$600 millions. Celui-ci s'explique en partie par la cession de 51 pour cent du
capital de l'ONATEL à Maroc Telecom pour CFA 144 milliards ($345
millions). L'opération couvre aussi bien la téléphonie
fixe (environ 100 000 abonnés) que la téléphonie mobile
(environ 400 000 clients au travers de la filiale Telmob). Si ce flux d'IED est
ponctuel, le pic de 2007 s'explique aussi par une forte augmentation des
investissements miniers. Plusieurs sociétés minières ont
en effet réalisé d'importants investissements pour passer en
phase d'exploitation en 2007 et 2008 suite à du travail d'exploration
initié au début des années 2000. Cette augmentation des
IED miniers devrait être durable étant donné les gisements
aurifères découverts ces dernières années et les
mises en exploitation programmée.
En dépit de la tendance à la hausse des IED au
cours de la décennie passée, le Burkina Faso reste toujours
largement derrière ses voisins et les PMA en termes de performance
relative. Les flux d'IED par habitant ont quadruplé de $0,4 par an en
moyenne en 1986-1990 à $1,6 en 2001-2006, mais ce niveau reste bien
inférieur à la moyenne de $11,4 par an dans les PMA, ou d'environ
$5 par an au Bénin ou au Sénégal. De même, les flux
d'IED par millier de dollars de PIB sont plus de trois fois inférieurs
au Burkina Faso que dans les pays de l'UEMOA, avec $4,7 par an en moyenne en
2001-2006. Cette tendance a bien entendu été renversée
partiellement suite au flux exceptionnel de 2007.
Il apparaît également que le Burkina Faso n'a pas
été en mesure jusqu'à présent d'attirer les
investissements étrangers à la recherche d'une implantation sur
le marché de l'UEMOA. Bien qu'il représente 12 pour cent du PIB
régional et 15,3 pour cent de la population de la zone, le Burkina Faso
n'a réussi à attirer que 3 pour cent en moyenne des IED de
l'ensemble des pays de l'UEMOA durant la période 1980-2006. Ce handicap
en termes d'attractivité par rapport aux pays de la zone semble
cependant se retrouver chez les autres pays enclavés, même si le
Mali est parvenu à attirer des investissements étrangers
importants à partir du milieu des années 1990, essentiellement
dans le secteur minier. Des perspectives d'investissements miniers importants
s'ouvrent également à présent au Burkina Faso.
Figure 6: Flux d'IED au
Burkina Faso et autres pays enclavés de la zone franc,
1980-2007
Source : CNUCED, base de données
FDI/TNC.
2) Distribution par secteur
et origine des IED
Etant donné son enclavement, la faiblesse de ses
infrastructures physiques et humaines, et le coût élevé des
facteurs, le Burkina Faso attire principalement des investisseurs
étrangers dont l'objectif est d'approvisionner le marché local.
En dehors du secteur minier et du coton, les entreprises
étrangères orientées vers l'exportation sont
extrêmement rares. Ceci explique également la taille relativement
modeste de la majorité des investissements étrangers au Burkina
Faso.
Dans les années 1990 et le début des
années 2000, les IED ont été relativement
diversifiés, dans la mesure où les investisseurs étrangers
ont participé au processus de privatisation qui a touché
l'ensemble des principaux secteurs productifs de l'économie. Des IED ont
ainsi été effectués au cours du programme de privatisation
dans le secteur agro-alimentaire (brasserie, sucre), la petite industrie
(cimenterie) et la finance, entre autres. Les plus grands flux d'investissement
ont cependant eu lieu dans le secteur du coton et des
télécommunications, avec l'attribution de deux licences de
téléphonie mobile et la cession de 51 pour cent des parts de
l'ONATEL. On peut ainsi estimer que le secteur des
télécommunications, y compris la privatisation de l'ONATEL,
représente environ 55 pour cent des entrées totales d'IED sur la
période 1992-2007.
Tableau 1 : Flux comparatifs
d'IED pour certains pays ou régions, 1991-2007
Le secteur minier représente depuis quelques
années le principal pôle d'attraction des investissements
étrangers, hors télécommunications. Le renouveau des
activités de prospection, de recherche et d'exploitation est en partie
dû à des investisseurs nationaux, mais l'impulsion principale dans
l'activité minière industrielle a été donnée
par des sociétés « juniors » d'Afrique du Sud,
d'Australie et du Canada principalement. A l'heure actuelle, aucune des «
majors » n'est présente au Burkina Faso. Selon les chiffres du
Groupement professionnel des miniers du Burkina, l'investissement (national et
étranger) dans le secteur minier a atteint CFA 150 milliards ($360
millions) sur les 15 dernières années.
Sept principales sociétés « juniors »
sont actuellement en phase avancée de recherche, de préparation
à l'exploitation ou en phase d'exploitation. High River Gold Mines est
passé en phase d'exploitation sur la mine de Taparko fin 2007,
après un investissement total de $71 millions. Etruscan Resources a
lancé l'exploitation de la mine d'or de Youga en mai 2008, après
un investissement total de $70 millions. Plus tard dans l'année, SEMAFO
et Cluff Gold ont commencé l'exploitation des mines d'or de Mana et
Kalsaka. Iamgold, qui a finalisé l'acquisition de Orezone Resources
début 2009, devrait dépenser environ $350 millions pour le
développement de la mine d'or Essakane, dont $220 millions en 2009.
En outre, Wega Mining prévoit de lancer la production
sur sa mine d'or d'Inata mi-2009. Le développement des autres minerais a
été plus affecté par la crise économique et
financière mondiale. Blackthorn Resources a ainsi mis le
développement du gisement de zinc de Perkoa en suspens jusqu'à
nouvel ordre suite à la baisse des cours mondiaux.
Depuis le début du programme d'ajustement structurel et
la libéralisation de l'économie, les petits investisseurs
représentent une autre source non négligeable de capital,
d'emploi et de création de valeur ajoutée. Bien que les montants
investis soient nettement inférieurs à ceux du secteur des
télécommunications et des mines, ces investissements sont
importants pour la diversification et le développement de
l'économie burkinabé. Ils touchent principalement la petite
industrie et les services, y compris l'agro-alimentaire, la distribution, la
restauration, l'hôtellerie et les services professionnels. Ce type
d'investissements étrangers émane dans de nombreux cas
d'entrepreneurs individuels ou de petites et moyennes entreprises de la
région.
Ainsi, 214 autorisations d'exercer la profession de
commerçant ont été attribuées à des
personnes morales (103 autorisations) et physiques (111 autorisations)
étrangères en 2007, pour un montant total d'investissement de CFA
12,6 milliards ($30,2 millions). L'Afrique représente 117 autorisations,
l'Europe 46, et l'Asie 45. A l'heure actuelle, la Chine n'est pas une source
significative d'investissements au Burkina Faso, contrairement à la
tendance qui prévaut dans beaucoup de pays d'Afrique.
La France a traditionnellement représenté une
source majeure d'investissements. Au cours des dernières années,
les pays source d'investissement se sont cependant diversifiés. Suite
à la privatisation de l'ONATEL, le Maroc représente environ 40
pour cent des flux d'IED au cours des 15 dernières années.
L'actionnariat de Celtel et de Telecel est lui aussi du Moyen-Orient et
d'Afrique. De même, l'Afrique du Sud, l'Australie et le Canada sont
devenus des pays source importants suite aux investissements miniers. En termes
de nombre de projets plus que de pourcentage du capital investi, les pays de la
région représentent également une source importante
d'investissement étranger au Burkina Faso.
3) Impact des
IED
Bien que les flux d'IED aient été relativement
modestes au cours des dernières décennies, l'impact de
l'investissement étranger est allé croissant au fur et à
mesure de la libéralisation de l'économie burkinabé. Alors
que les IED représentaient en moyenne seulement 0,6 pour cent de la
formation intérieure brute de capital fixe (FIBCF) dans les
années 1980, cette part a augmenté immédiatement
après le début du programme de réformes
économiques. La part des IED dans la FIBCF a évolué de
manière irrégulière depuis le début des
années 1990. Le niveau a oscillé entre 1 et 4 pour cent entre
1993 et 2006, et il s'est établi à 2,2 pour cent en moyenne en
2002-2006. Le pic d'IED de 2007 a ensuite poussé la part des IED dans la
FIBCF à près de 40 pour cent. Si ce taux n'est pas durable, la
part des IED dans l'investissement domestique devrait malgré tout rester
plus élevée dans les années à venir suite aux
investissements miniers.
Malgré que les données statistiques ne soient
pas disponibles pour établir un lien direct entre la relative bonne
tenue de la croissance économique depuis le milieu des années
1990 et les IED, il est probable que l'augmentation progressive des flux
investissements étrangers ait contribué à stimuler
l'activité économique et à stabiliser le niveau de
croissance. De même, le Burkina Faso ne collecte pas de données
sur la création d'emplois par les entreprises à capitaux
étrangers. Si le nombre d'emplois dans le secteur formel est très
limité, il n'en reste pas moins que des entreprises à capitaux
étrangers sont parmi les plus gros employeurs
du secteur privé formel.
La brasserie Brakina dispose d'environ 450 employés
permanents et génère un grand nombre d'emplois indirects dans la
filière boisson, ce qui en fait le premier employeur privé du
Burkina Faso. De plus, la direction indique que la société
mère Castel désire mettre en place un programme d'investissement
et de réinvestissement des bénéfices d'environ CFA 15
milliards ($36 millions) sur trois ans, après avoir investi CFA 6
milliards ($14.4 millions) en 2007. Le groupe Celtel (devenu Airtel en novembre
2010), quant à lui, emploie 317 personnes à temps plein. La
majorité de ces employés sont du personnel semi-qualifié
ou qualifié. Le personnel a une moyenne d'âge de moins de 30 ans,
et le salaire de base d'un commercial est de plus de CFA 200 000 par mois. Ceci
représente plus de sept fois le salaire minimum, et pratiquement le
double du salaire d'un fonctionnaire.
Bon nombre d'autres grands employeurs du secteur formel sont
également des entreprises à capitaux étrangers, tels que
l'assureur AGF et les banques BICIA-B et SGBB, la cimenterie CIMAT et la
sucrerie SOSUCO. Les sociétés minières, quant à
elles, fournissent relativement peu d'emplois permanents durant les phases de
prospection et de recherche. Par contre, elles deviennent de gros employeurs
une fois passées en phase d'exploitation, d'autant plus qu'elles
travaillent 24h/24h sur base de roulement. Les sociétés
minières vont donc devenir d'importants pourvoyeurs d'emplois - en zones
rurales qui plus est - dans les années à
venir suite au passage progressif aux phases d'exploitation.
Etruscan Resources prévoit de créer 350 emplois à temps
plein sur la mine de Youga, alors que High River Gold Mines prévoit 300
emplois sur la mine de Taparko. Le développement de l'emploi en zone
rurale est particulièrement important, à plus forte mesure dans
un pays où l'essentiel des investissements sont concentrés sur
deux villes.
Les entreprises étrangères sont également
parmi les plus actives en matière de formation et de transfert de
compétences. AGF exige une formation annuelle de tous ses
employés dans des domaines variés tels que la sensibilité
commerciale et les aspects techniques des produits d'assurances. Un certain
nombre de collaborateurs sont également envoyés dans les centres
de formation AGF à l'étranger. Celtel offre des cours de
formation en partenariat avec des partenaires tels que Ericsson et Nokia. Dans
le secteur hôtelier, le groupe Accor gère l'hôtel Mercure
Silmande en contrat de gestion et a contribué à la formation de
l'ensemble du personnel. Des formateurs du groupe Accor se sont rendus au
Burkina Faso dès le début du contrat de gestion, et un nombre
restreint d'expatriés continue d'assurer des tâches de gestion et
de formation du personnel. Jusqu'à fin 2008, le groupe Accor
gérait également l'hôtel Sofitel Ouaga 2000.
La Lybian Arab African Investment Company, propriétaire
de l'hôtel, a ensuite transféré la gestion de celui-ci
à la société Laico Hotels and Resorts Management Company
basée en Tunisie.
La contribution des IED au développement de la
technologie et des méthodes de production du Burkina Faso a
été limitée jusqu'à présent. L'impact le
plus important dans ce domaine tient probablement au développement du
secteur des télécommunications. L'attribution de licences de
téléphonie mobile en 2000 et la privatisation de l'ONATEL fin
2006 ont amené un développement rapide des services de
télécommunications, une hausse de la qualité et de la
diversité des services, et une baisse des prix au travers d'une
concurrence accrue.
La concurrence dans le secteur a également permis de
faire baisser le coût des communications téléphoniques. Le
prix d'un appel local fixe-fixe a baissé de CFA 142 par minute en 2000
à CFA 25 en 2008, en dessous du tarif fixé en Côte d'Ivoire
ou au Mali. Sur le réseau mobile, un appel mobile-mobile coûte
entre FCFA 1 et FCFA 1,5 par seconde en 2010. Cette tarification à la
seconde est appliquée par tous les opérateurs à fin
octobre 2010. La palette de services offerts dans le domaine des
télécommunications s'est également enrichie avec
l'installation d'un réseau de fibres optiques entre le Burkina Faso, la
Côte d'Ivoire, le Mali et le Togo. Ceci a permis une amélioration
de la largeur de bande pour la transmission de données et la connexion
au réseau optique mondial, via la Côte d'Ivoire.
Le Burkina Faso n'a pas été en mesure
jusqu'à présent d'attirer les IED orientés vers la
production de biens ou services destinés à l'exportation. On ne
peut donc pas dire que l'investissement étranger ait été
en mesure d'aider le Burkina Faso à surmonter ses handicaps structurels
pour participer plus activement au commerce mondial. Dans les années
à venir, les exportations d'or devraient cependant augmenter fortement
suite au passage en phase d'exploitation de plusieurs mines
développées par des investisseurs étrangers.
Le développement du secteur minier ces dernières
années est en effet dû en grande partie à des investisseurs
étrangers, qui ont apporté leurs connaissances techniques autant
que le capital nécessaire aux opérations de prospection, de
recherche et d'exploitation. Le secteur est encore dans sa phase initiale de
développement et le potentiel est important. Une exploitation des
ressources minières rationnelle et respectueuse de l'environnement est
susceptible de contribuer au développement économique et social
du Burkina Faso.
Les principaux bénéfices que le pays peut
espérer retirer de l'exploitation de ses ressources minières sont
: (1) une augmentation des recettes fiscales ; (2) la création d'emplois
directs et indirects, en particulier en milieu rural ; (3) le
développement des infrastructures et des industries associées au
secteur minier ; et (4) une augmentation des recettes d'exportation. Le Burkina
Faso devra cependant également être particulièrement
attentif à l'impact sur l'environnement et les communautés
locales.
IV- BILAN
Les investissements étrangers directs au Burkina Faso
n'ont véritablement débuté qu'une fois le processus de
réformes et de libéralisation économiques lancé au
début des années 1990. Le processus de privatisation a
attiré un certain nombre d'investisseurs étrangers, et leur
implication a permis de redresser et de développer des entreprises
publiques en difficulté. Les flux d'IED sont cependant restés
relativement modestes - y compris en comparaison avec d'autres pays
confrontés à des difficultés similaires - et
irréguliers, même si une tendance à la hausse est
clairement visible.
Etant donné leur étendue limitée, les IED
ont eu un impact relativement faible sur l'économie burkinabé,
quoique positif dans l'ensemble. S'ils n'ont pas permis au Burkina Faso de
surmonter ses handicaps structurels et de diversifier son économie au
travers d'un renforcement des secteurs industriels et des services, les
entreprises à capitaux étrangers n'en restent pas moins parmi les
principaux employeurs du secteur privé formel. Les salaires dans ces
entreprises ont aussi tendance à être largement supérieur
à la moyenne nationale, et le niveau de formation est sensiblement plus
élevé qu'ailleurs.
Les investissements étrangers ont également
permis un développement accéléré du secteur des
télécommunications, le principal pôle d'attraction des IED
ces dernières années. Ils sont également à la base
du développement rapide du secteur minier industriel, qui porte en lui
un potentiel de développement important, tant en termes de ressources
fiscales que de création d'emplois et de promotion des activités
associées.
La tendance des IED au Burkina Faso indique clairement le
potentiel de développement lié aux investissements sud-sud, et
aux investissements étrangers de taille modeste. Bien qu'ils
représentent une part mineure du montant des flux d'IED, les
investissements par les petites et moyennes entreprises de la région et
par des entrepreneurs individuels peuvent contribuer à la
diversification de l'économie et au développement du tissu
industriel et des services.
Le Gouvernement n'a pour l'heure pas établie de
stratégie spécifique en vue d'attirer les IED, même s'il a
décidé de mettre en place une agence de promotion des
investissements étrangers. Il affiche cependant clairement sa
volonté d'attirer les IED dans tous les secteurs de l'économie et
d'en maximiser les bénéfices en termes de développement.
Les défis structurels auxquels est confronté le Burkina Faso dans
son désir d'attirer les IED sont majeurs mais pas insurmontables. La
performance relative vis-à-vis d'autres pays dans des conditions
similaires indique que le potentiel d'attraction d'IED du pays reste
sous-exploité.
Si le secteur des mines semble être le plus porteur en
ce moment en termes d'IED, son essor devrait également permettre
d'enclencher une diversification de l'économie et de dégager les
ressources nécessaires au développement de certaines
infrastructures de base. Le soutien renforcé des partenaires techniques
et financiers du Burkina Faso, aussi bien en termes de financement des
infrastructures de base (éducation, routes, électricité)
qu'en termes d'appui technique, restera cependant essentiel pour permettre au
pays d'offrir un cadre général favorable à
l'investissement et l'initiative privés.
CHAPITRE III : CADRE
RÉGLEMENTAIRE DE L'INVESTISSEMENT
Les mesures de libéralisation économique
initiées dans les années 1990 dans le cadre des programmes
d'ajustement structurel ont permis au secteur privé d'occuper une place
croissante dans l'économie burkinabé. Les résultats en
termes de croissance durable et de réduction de la pauvreté sont
cependant mitigés. Le Burkina Faso est toujours parmi les pays les plus
pauvres au monde. Son économie reste peu diversifiée, peu
industrialisée et vulnérable aux aléas climatiques. De
plus, les contraintes d'infrastructure et d'enclavement sont toujours aussi
importantes.
De même, si les réformes engagées ces
dernières années ont amélioré le climat des
affaires et le cadre de l'investissement, les contraintes et barrières
réglementaires restent importantes dans la pratique. A l'instar de
nombreux pays de l'Afrique de l'ouest, le Burkina Faso souffre de lourdeurs
réglementaires et administratives excessives pour son stade de
développement, et peu propices au développement de l'initiative
privée. La classification en 165ème position sur 178
dans les indicateurs Doing Business 2007 15(*)a été un petit électrochoc pour
les autorités burkinabé. Malgré toutes les réserves
qui peuvent être émises envers un système de classification
rigide et basé principalement sur le nombre de réglementations,
le positionnement est révélateur des lourdeurs en place. En ce
sens, il a permis de donner un nouveau souffle aux efforts de réforme du
cadre de l'investissement. Au-delà des simplifications administratives
liées aux indicateurs Doing Business, une réflexion
stratégique reste encore à faire pour améliorer la
qualité des réglementations et pour réformer en profondeur
certains éléments clés du cadre de l'investissement et le
mettre au service de la stratégie de développement du Burkina
Faso.
I- CADRE SPECIFIQUE DES
IED
1) Entrée et
établissement des IED
Dans les faits, le Burkina Faso a adopté une politique
d'ouverture quasiment totale aux IED depuis le début de la mise en place
d'une économie de marché dans les années 1990. Dans les
textes toutefois, les restrictions et barrières potentielles aux IED
persistent toujours. Ceci reflète un manque de mise à jour de
textes relativement anciens plus qu'une volonté de conserver des
restrictions à l'entrée des IED. De même, certains
éléments liés aux conditions et procédures
d'entrée et d'établissement manquent de clarté, de
lisibilité ou de cohérence générale.
La Constitution consacre la liberté d'entreprise dans
le cadre des lois et règlements en vigueur, de même que le droit
de propriété privée. Le Code des investissements (1995,
amendé en 1997) s'applique à l'ensemble des «
investissements productifs », à l'exclusion des activités
purement commerciales et des entreprises minières. L'article 8 du Code
prévoit que les investissements sont effectués librement.
L'amendement de 1997 impose pourtant que les investisseurs se fassent
délivrer une autorisation préalable par le Ministre chargé
de l'industrie. Cette exigence s'applique aux investisseurs étrangers
aussi bien que locaux.
Le Code et ses décrets d'application sont flous et
insuffisamment précis en ce qui concerne plusieurs
éléments essentiels concernant l'autorisation préalable
:
§ Les éléments composant le dossier de
demande sont bien précisés, mais les conditions
d'attribution ou de refus de l'autorisation
préalable ne sont pas définies ;
§ Il n'est pas prévu qu'un éventuel refus
doive être motivé par le Ministre ;
Aucune procédure de recours administratif et
juridictionnel n'est prévue en cas de refus ;
§ Le Ministre chargé de l'industrie est
compétent pour approuver les dossiers relevant du domaine industriel. En
ce qui concerne le secteur des services, le Code prévoit que
l'investisseur doit produire toutes les autorisations requises et
délivrées par les ministères techniques compétents,
mais l'autorité compétente pour délivrer l'autorisation
préalable n'est pas définie.
Dans la pratique, l'autorisation préalable ne constitue
pas une barrière aux IED. Il n'en reste pas moins que cette exigence
rallonge les procédures d'établissement déjà
lourdes, et que des barrières arbitraires pourraient être
érigées dans le contexte du Code actuel. En plus de
l'autorisation préalable, tout investisseur est tenu d'obtenir une carte
de commerçant et/ou de s'enregistrer au registre du commerce, selon les
termes prévus dans l'ordonnance 81-26 de 1981 portant
réglementation de la profession de commerçant. Si l'obligation
d'obtenir une carte de commerçant a été levée
récemment pour les personnes morales, elle reste d'application pour les
personnes physiques. Les personnes morales quant à elles sont toujours
tenues de s'enregistrer au registre du commerce. L'ordonnance et ses textes
d'application prévoient de plus que toute personne physique ou morale
étrangère doit se voir attribuer une carte professionnelle - dite
« carte de commerçant étranger » - comme condition
préalable à l'obtention de la carte de commerçant ou
à l'inscription au registre du commerce. Il est précisé
que l'attribution d'une carte de commerçant étranger est soumise
à un engagement d'investir au minimum CFA100 millions ($240 000).
L'ordonnance interdit également l'investissement étranger dans le
commerce de détail, qui est réservé exclusivement aux
nationaux. Il faut noter cependant que si l'ordonnance n'a pas
été abrogée, ces dispositions ne sont pas
appliquées actuellement : aucun capital minimum n'est exigé des
investisseurs étrangers et ceux-ci sont libres d'investir dans le
commerce de détail.
L'ordonnance prévoit que le Ministre chargé du
commerce « statue sur l'opportunité de la délivrance de la
carte de commerçant étranger ». Il dispose de 45 jours pour
faire connaître sa décision, qui n'est pas motivée, et
aucun recours n'est prévu en cas de refus. Cette disposition permet donc
d'imposer une interdiction à tout investissement étranger, de
manière potentiellement arbitraire. La législation
burkinabé en matière d'entrée et d'établissement
des IED reflète donc un double visage.
D'une part, le Code des investissements - qui est
postérieur à la libéralisation entamée dans les
années 1990 - est libéral aussi bien dans son texte que dans son
esprit. D'autre part, la législation qui réglemente
l'accès aux activités de nature commerciale n'a pas
été modernisée et date d'une époque où
l'attitude vis-à-vis des IED était plus méfiante. Les
textes permettent de mettre en place une barrière à tout
investissement étranger sur simple décision ministérielle.
De même, les textes permettraient d'appliquer un capital minimum de $240
000 pour tout investissement étranger et d'interdire les IED dans le
commerce de détail.
La mise en application des textes par les autorités
burkinabé reflète cependant une approche libérale
vis-à-vis des IED. La carte de commerçant étranger est
délivrée sans véritable restriction. Questionnées
sur des cas de refus récents, les autorités n'ont pu citer que le
cas d'un investisseur chinois qui s'est vu refuser a carte pour un projet de
production de dolo, la bière traditionnelle à base de sorgho. De
même, l'exigence d'investir un minimum de FCFA 100 millions sur cinq ans
n'est pas contrôlée et le commerce de détail est
actuellement ouvert de fait aux investisseurs étrangers.
Conscientes de la lourdeur des procédures
administratives régissant l'établissement des investissements,
les autorités ont également cherché à simplifier ou
centraliser certaines démarches. Le centre de formalités des
entreprises (CEFORE) est ainsi devenu le passage obligé pour toute
création, reprise ou extension d'entreprise.
Le CEFORE ne dispose d'aucun pouvoir de décision, mais
facilite et centralise un certain nombre de démarches en vue de la
création d'entreprises : (1) l'immatriculation au registre du commerce ;
(2) l'obtention de la carte de commerçant pour les personnes physiques ;
(3) la déclaration d'existence fiscale ; et (4) l'affiliation au
système de sécurité sociale.
De plus, les autorités ont cherché ces
dernières années à simplifier ou accélérer
certaines démarches d'installation et de création des
entreprises. Le gouvernement suisse finance actuellement le programme «
Doing Business Better », qui cherche à améliorer le
classement du Burkina Faso dans les indicateurs Doing Business de la Banque
mondiale.
Un certain nombre de mesures ont déjà
été prises dans le cadre de ce projet, dont l'élimination
de la carte de commerçant pour les personnes morales et la
réduction des délais pour la création d'entreprises. Le
Gouvernement ne s'est cependant pas lancé dans une réelle
réflexion sur une refonte systémique des procédures
d'entrée et d'établissement des IED, même si une
révision du Code des investissements est envisagée. A l'heure
actuelle, ce projet de révision est essentiellement focalisé sur
les incitations fiscales à l'investissement, et elle n'aborde pas encore
la problématique spécifique aux IED posée par l'ordonnance
de 1981 portant réglementation de la profession de commerçant.
2) Traitement et protection des
IED
Le Code des investissements accorde un certain nombre de
garanties de traitement et de protection à l'ensemble des investisseurs,
aussi bien étrangers que nationaux. Le Code prévoit un
régime de droit commun et un régime d'agrément. Les
dispositions du régime de droit commun s'appliquent à toutes les
entreprises, à l'exception de celles qui exercent une activité
exclusivement commerciale et des compagnies minières, qui sont
réglementées par des textes spécifiques offrant des
garanties de traitement et de protection similaires .
Le régime d'agrément est accessible sous
condition aux entreprises opérant dans un nombre restreint
d'activités. Il porte principalement sur l'accès aux incitations
fiscales prévues par le Code. L'ensemble des garanties de traitement et
de protection sont donc du ressort du régime de droit commun et
s'appliquent à tous les investissements assujettis au Code. Le Code
dispose que les personnes physiques et morales régulièrement
établies au Burkina Faso « ne peuvent être soumises à
des mesures discriminatoires de droit ou de fait dans le domaine de la
législation et de la réglementation qui leur sont applicables,
quelle que soit leur nationalité ». Ceci indique que les
investisseurs étrangers bénéficient d'un traitement
identique aux nationaux une fois leur investissement réalisé. Il
est par ailleurs spécifié que les investisseurs étrangers
bénéficient de la même protection que les burkinabé
en matière de propriété commerciale et intellectuelle. En
tant que membre de l'organisation mondiale du commerce (OMC), le Burkina Faso
est tenu de respecter les règles de l'accord général sur
le commerce des services, de l'accord sur les mesures concernant
l'investissement et liées au commerce (MIC), et les aspects des droits
de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC).
Le Code garantit également la liberté de gestion
et d'organisation, la liberté d'embauche et de licenciement (dans le
respect des règles édictées par le Code du travail), le
libre choix des fournisseurs et prestataires de services, la liberté
commerciale et la liberté de disposer des actifs de la
société. Le droit de transfert des capitaux (y compris
liquidation et cession) et de leurs revenus est garanti aux investisseurs. Le
Code est cependant relativement restrictif, dans la mesure où la
garantie est accordée aux investissements financés par un apport
de devises, et dans la devise cédée au moment de
l'investissement. Les apports en nature (technologie, propriété
intellectuelle) ne sont pas couverts explicitement. Par contre, le Code
prévoit que les traitements et salaires des employés
expatriés peuvent être librement transférés à
l'étranger.
Le Code des investissements prévoit trois
procédures d'arbitrages pour le règlement des différends
avec l'Etat résultant de l'application des dispositions du Code,
indépendamment du recours administratif. Ces procédures ne sont
garanties par le Code que pour les entreprises agréées :
§ La constitution d'un collège arbitral, dont la
sanction est définitive et directement exécutoire. Cette
procédure est ouverte aussi bien aux investisseurs étrangers que
nationaux.
§ Le recours devant le Centre international pour le
règlement des différends (CIRDI).
§ Le recours à la Cour permanente d'arbitrage de La
Haye.
Le Burkina Faso est également membre de la convention
établissant l'Agence multilatérale de garantie des
investissements (AMGI), qui permet aux investisseurs étrangers de se
couvrir contre quatre types de risques liés au pays
d'établissement : (1) les restrictions en matière de transfert de
devises ; (2) l'expropriation ; (3) la guerre et les troubles de l'ordre public
; et (4) les ruptures de contrat. A fin août 2008, l'AMGI avait fourni
des garanties pour trois projets portant sur un total d'exposition au risque de
$47 millions.
Dix accords de promotion et de protection des investissements
(APPI) ont été ratifiés par le Burkina Faso en 2003 et
2004, même si tous n'ont pas encore été ratifiés par
le pays partenaire. Un accord de commerce, de protection des investissements et
de coopération technique avec la Suisse est également en vigueur
depuis 1969. De même, trois accords ont été signés
mais pas encore ratifiés, deux accords ont été
négociés mais pas encore signés, et des
négociations sont en cours avec 8 pays, dont la France, l'Espagne et
l'Italie.
Les APPI négociés et ratifiés par le
Burkina Faso contiennent l'ensemble des dispositions typiques du régime
de l'admission, aussi bien en termes de définitions (investisseur,
investissement, national vs. étranger) qu'en termes de couverture. Le
traitement accordé doit être « non moins favorable »
à celui accordé aussi bien aux investisseurs nationaux
qu'à ceux d'un Etat tiers, et doit être « juste et
équitable ». Les garanties habituelles sont offertes en
matière d'expropriation ou de nationalisation, et pour la liberté
de transfert de tous les paiements relatifs à l'investissement. Le
recours à l'arbitrage international (typiquement auprès du CIRDI)
en cas de différend avec l'Etat est possible et automatique à la
demande de l'investisseur, après tentative de règlement à
l'amiable au cours d'une période de six mois.
II- CADRE GENERAL DE
L'INVESTISSEMENT
1) Intégration
régionale
Le Gouvernement burkinabé désire axer sa
politique de développement sur l'intégration régionale.
Ceci lui permettrait de lutter contre certaines contraintes structurelles
liées à son enclavement et à la petite taille de son
économie. Trois principaux chantiers d'intégration
régionale sont en cours en Afrique de l'ouest, avec la participation
active du Burkina Faso.
L'UEMOA a été établie par le
traité de Dakar en janvier 1994, en approfondissant le processus
d'intégration lancé avec l'Union monétaire ouest africaine
créée en 1962. L'UEMOA comprend huit membres, et tant ses
objectifs que sa structure sont en de nombreux points inspirés de
l'Union européenne (UE). Les principaux objectifs tels
qu'énoncés par le traité de Dakar sont de :
· Renforcer la compétitivité des
économies dans le cadre d'un marché ouvert et concurrentiel et
d'un environnement juridique harmonisé ;
· Assurer la convergence des performances et politiques
économiques ;
· Créer un marché commun basé sur la
libre circulation des personnes et des travailleurs, des biens, des services et
des capitaux ;
· Instituer une coordination des politiques sectorielles
nationales (ressources humaines, industrie, transports,
télécommunications, agriculture, énergie, mines) ; et
· Harmoniser la législation nécessaire au
bon fonctionnement du marché commun, en particulier la fiscalité
d'entreprise.
Les décisions politiques de l'UEMOA sont prises au
niveau de la Conférence des chefs d'Etat et de Gouvernement,
appuyée par le Conseil des ministres. Le Parlement, la Commission, la
Cour de justice et la Cour des comptes composent les institutions de l'UEMOA,
auxquelles s'ajoutent les institutions spécialisées autonomes :
la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'ouest (BCEAO) et la Banque ouest
africaine de développement (BOAD).
En matière d'investissement, la Commission a à
plusieurs reprises tenté de lancer un projet de code communautaire de
l'investissement. Les Etats membres semblent cependant réticents
à se lancer dans cette direction. De même, la
libéralisation du commerce des services n'est pas réellement un
chantier en cours actuellement.
L'harmonisation du cadre réglementaire dans les pays de
l'UEMOA s'est également faite dans le contexte plus large de
l'Organisation pour l'harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA).
L'OHADA, qui regroupe huit pays en plus des membres de l'UEMOA, vise à
harmoniser le droit des affaires dans une acceptation relativement large et qui
inclut : (1) le droit des sociétés ; (2) le recouvrement des
créances et les sûretés ; (3) le redressement des
entreprises et la liquidation judiciaire ; (4) le droit de l'arbitrage ; et (5)
le droit du travail.
A la mi-2008, le Conseil des ministres de l'OHADA a
adopté huit actes uniformes, qui sont d'application directe et
obligatoire en droit interne. Les principaux actes touchent au droit commercial
général, au droit des sociétés, à la
comptabilité des entreprises et au droit de l'arbitrage. D'autres
projets sont en chantier, dont un Code du travail.
Le Burkina Faso est également membre de la
Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO),
qui regroupe tous les pays de l'UEMOA et sept autres pays de la région.
Les objectifs de la CEDEAO se chevauchent en de nombreux points avec ceux de
l'UEMOA. Ils visent à long terme l'établissement d'une union
économique et monétaire : marché commun (libre circulation
des biens, services, capitaux et personnes), coordination des politiques
nationales, et harmonisation de la législation, y compris au travers
d'un Code communautaire de l'investissement. Les progrès en vue de la
réalisation des objectifs de la CEDEAO sont néanmoins nettement
plus limités que dans le cas de l'UEMOA.
2) Fiscalité
d'entreprise
Le système fiscal burkinabé est basé sur
la méthode cédulaire, qui taxe différemment les revenus en
fonction de leur origine plutôt que de consolider les revenus et de taxer
selon la nature de la personne imposable. Ce système, inspiré du
régime français d'avant 1948, est excessivement lourd d'un point
de vue administratif pour la Direction générale des impôts
(DGI), et plus encore pour les entreprises burkinabé. Il donne
également lieu à une multiplicité d'impôts, qui rend
l'évaluation de la charge fiscale sur les entreprises plus complexe. Il
complique également l'évaluation des coûts et
bénéfices générés par les incitations
fiscales à l'investissement.
Le Gouvernement effectue actuellement un toilettage du Code
des impôts : les principaux textes fiscaux ont été
consolidés et en partie reformulés dans un nouveau Code, qui a
été transmis au Parlement pour adoption. Le Gouvernement
désire également entamer un réexamen du régime des
incitations fiscales à l'investissement, qui ne donne pas satisfaction.
Il est appuyé dans cette démarche par le Fonds monétaire
international (FMI), qui favorise également une refonte plus en
profondeur de la fiscalité d'entreprise.
a) Impôts sur les
bénéfices des sociétés
Les personnes morales sont assujetties à deux types
d'impôts assimilables à l'impôt sur les
sociétés : (1) l'impôt sur les bénéfices
industriels, commerciaux et agricoles (BIC) ; et (2) l'impôt sur les
bénéfices des professions non commerciales (BNC). A ceux-ci
s'ajoutent un certain nombre d'autres impôts et taxes, qui sont
analysés ci-dessous. Etant donné la base cédulaire de
l'impôt, les régimes du BIC et du BNC s'appliquent aussi bien aux
personnes morales qu'aux personnes physiques. Ils seront traités ici
dans le contexte de l'impôt sur les personnes morales uniquement.
· Le BIC s'applique à toutes les
entreprises ayant une activité industrielle ou commerciale, de
même qu'à toutes les sociétés par actions et
sociétés à responsabilité limitée, quel que
soit leur objet. Le taux du BIC a été baissé de 35
à 30 pour cent en 2008, après être passé de 45
à 35 pour cent en 2000. Les déclarations au titre du BIC se font
soit selon le régime du bénéfice réel - le seul
pertinent pour les investisseurs étrangers formels - soit selon le
régime simplifié d'imposition, qui s'applique aux entreprises
ayant un chiffre d'affaire inférieur à CFA 50 millions ou CFA 25
millions, en fonction du secteur d'activité. L'ensemble des dispositions
abordées ci-dessous sont celles qui s'appliquent au régime du
bénéfice réel.
· Le BNC s'applique aux
bénéfices des professions libérales au même taux que
le BIC (30 pour cent). Les dispositions en matière de
déductibilité des dépenses de fonctionnement et
d'amortissement sont similaires à celles du BIC, et les activités
de services sont imposées selon le régime du BIC pour autant
qu'elles aient lieu dans le cadre d'une société par actions ou
d'une société à responsabilité limitée. Le
BNC ne sera donc plus traité ci-dessous.
Les principaux impôts et taxes qui s'ajoutent au BIC
sont entre autres les suivants :
· L'impôt minimum forfaitaire sur les professions
industrielles et commerciales
· L'impôt sur le revenu des valeurs
mobilières (IRVM) et l'impôt sur le revenu des créances
(IRC)
· La taxe patronale d'apprentissage touche tous les
employeurs et s'applique au taux de 4 pour cent des sommes perçues
(traitements, salaires, indemnités et autres) par les employés
nationaux et 8 pour cent des sommes perçues par les expatriés.
· La taxe sur les plus-values immobilières
s'applique au taux de 15 pour cent, y compris sur les plus-values
réalisées suite à une expropriation.
· La patente comporte un droit fixe qui est fonction du
chiffre d'affaire, et un droit proportionnel
· La taxe des biens de mainmorte s'applique à
raison de 10 pour cent de la moitié de la valeur locative des
propriétés immobilières occupées.
Cette multiplication de taxes et impôts
cloisonnés impose un coût administratif élevé tant
pour les entreprises que pour l'administration publique. A cela s'ajoute un
certain nombre de prélèvements à la source telle la
contribution du secteur boisson, une retenue à la source de 5 pour cent
sur les prestations de services, et une retenue à la source de 2 pour
cent sur toute vente de marchandises par les grossistes, fabricants et
producteurs à des personnes assujetties au BIC-BNC. Ces retenues
à la source font l'objet de compensation au titre du BIC-BNC dû
par le prestataire de service ou l'acquéreur de marchandises, mais elles
alourdissent encore un peu plus les procédures de déclarations
fiscales.
Le Gouvernement réalise actuellement un toilettage du
Code des impôts et un texte consolidé et légèrement
modifié est en cours d'examen par le Parlement. Le nouveau Code
n'apporte pas de modifications profondes ou structurelles au système
existant, y compris en ce qui concerne les incitations fiscales. Un changement
est à noter cependant : les réinvestissements de
bénéfices ne pourront jouir des incitations que s'ils
dépassent CFA 10 millions, au lieu de CFA 500 000 à l'heure
actuelle.
b) TVA
Le Burkina Faso a introduit la taxe sur la valeur
ajoutée (TVA) en remplacement de la taxe sur le chiffre d'affaires en
1994. La TVA s'applique au taux unique de 18 pour cent, avec un certain nombre
d'opérations exonérées, dont les exportations de
marchandises et les ventes de produits alimentaires non transformés.
Contrairement à la pratique courante, il n'existe pas de taux 0 pour
cent, qui permet aux producteurs de biens tombant sous cette catégorie
d'obtenir le remboursement du crédit de TVA.
Le Code des impôts prévoit cependant que les
opérations d'exportations « donnent droit à déduction
dans les mêmes conditions que si elles étaient soumises à
la TVA ». De facto, les exportations sont donc soumises à un taux 0
pour cent et non exonérées. Contrairement à ce qui
prévaut dans l'immense majorité des pays, seules les exportations
de marchandises donnent lieu au remboursement de la TVA sur les intrants. Les
exportations de services sont spécifiquement exclues du remboursement
par le Code des impôts, ce qui handicape fortement le Burkina Faso dans
ses efforts d'attirer des IED dans le secteur des services.
De plus, le non remboursement de la TVA pour les exportateurs
de services est contraire à la Directive 02/98/CM de l'UEMOA portant
harmonisation des législations des Etats membres en matière de
TVA. Selon l'article 22.3 de la Directive, les « exportations de biens et
les services assimilés à des exportations » sont
exonérés de la TVA.
Les déclarations et paiements de TVA se font sur une
base mensuelle. Seules les entreprises exportatrices, les entreprises qui
perdent leur qualité d'assujetti et les sociétés de
crédit-bail sont autorisées à demander le remboursement
d'un crédit de TVA. Il n'est par conséquent pas possible pour les
entreprises en phase d'investissement de se faire rembourser un crédit
de TVA généré par les montants payés sur les biens
d'équipement.
Certaines opérations liées essentiellement aux
marchés publics et au secteur minier sont également
exonérées de la TVA. A l'occasion de ces transactions, le
fournisseur de bien ou de services doit cependant déclarer et verser le
montant de la TVA comme si elle avait été facturée au
client, alors qu'elle n'est pas perçue auprès de celui-ci. En
contrepartie, le fournisseur pourra obtenir un « chèque rose
», après vérification par l'administration fiscale de la
régularité de l'exonération de la transaction. Ce «
chèque rose » permettra ensuite au fournisseur d'imputer l'avance
faite sur ses paiements nets de TVA ultérieurs et d'obtenir le
remboursement par compensation. Il apparaît cependant que les
délais d'obtention des « chèques roses » sont
extrêmement longs et qu'ils génèrent un coût
élevé en termes administratifs. Le système de la TVA du
Burkina Faso comporte donc certains éléments qui méritent
d'être modifiés et mis en ligne avec les pratiques
internationales.
c) Droits de douanes et
fiscalité de porte
Les droits de douanes au titre du régime de la nation
la plus favorisée (NPF) ont diminué de manière
significative suite à la mise en place du tarif extérieur commun
(TEC) de l'UEMOA au 1er janvier 2000. Le TEC s'applique aux taux de 0 pour cent
(produits essentiels), 5 pour cent (produits de première
nécessité, matières premières de base et biens
d'équipement), 10 pour cent (intrants et produits intermédiaires)
et 20 pour cent (biens de consommation finale). Le tarif moyen
pondéré a ainsi baissé de 20,9 pour cent en 1999 à
13,2 pour cent en 2006. En plus du droit de douane, le Burkina Faso applique un
prélèvement communautaire de solidarité (UEMOA) de 1 pour
cent, un prélèvement communautaire (CEDEAO) de 0,5 pour cent, une
redevance statistique de 1 pour cent, et une contribution pour le programme de
vérification des importations de 1 pour cent.
Les réglementations et procédures
douanières sont déterminées à la fois par le Code
des douanes de l'UEMOA, qui est d'application directe en droit interne, et par
le Code des douanes du Burkina Faso de 1992. Les règles d'origine sont
déterminées par l'UEMOA, qui a adopté le système
harmonisé de classification des marchandises. Les procédures
d'importation exigent une déclaration préalable d'importation
pour toute transaction supérieure à CFA 500 000 ($1 200). De
plus, les importations d'un montant supérieur à
CFA 3 millions ($7 000) sont soumises à un programme de
vérification des importations.
A l'heure actuelle, le Burkina Faso impose une
vérification systématique des livraisons d'une valeur de plus de
CFA 500 000, y compris si elles ont été sujettes à
pré-inspection dans le pays d'origine. En conséquence, les
délais de dédouanement sont considérables et
fréquemment cités comme une contrainte importante par les
investisseurs. Le Burkina Faso a bien mis en place le système
d'informatisation des procédures douanières SYDONIA++16(*) de la CNUCED, mais la
Direction des douanes n'est pas encore en mesure de bénéficier de
toutes ses fonctionnalités pour des raisons techniques. En particulier,
le profilage et la sélectivité des contrôles ne sont pas
mis en oeuvre, ce qui porte préjudice aux importateurs réguliers
et qui agissent en conformité avec les règles. Les
opérateurs du secteur formel se plaignent également
fréquemment d'une part de la porosité des frontières aux
marchandises importées en contrebande, et d'autre part du niveau de
corruption relativement élevé dans l'administration des
douanes.
Par ailleurs, le Burkina Faso ne dispose pour l'instant pas de
zones franches destinées aux entreprises exportatrices, mais le Code des
douanes les autorise. Il prévoit également des régimes
d'entrepôt en douane, d'entrepôt industriel, d'admission
temporaire, d'exportation préalable et de drawback. Ces régimes
restent peu utilisés étant donné le nombre restreint
d'entreprises de transformation exportatrices au Burkina Faso.
3) Droit commercial et des
sociétés
Le droit commercial et des sociétés est le
domaine dans lequel l'harmonisation au niveau des pays de l'OHADA 17(*) est la plus poussée.
Des actes uniformes OHADA régissent les domaines suivants :
§ Le droit des sociétés commerciales ;
§ Le droit commercial général ;
§ La comptabilité des entreprises ;
§ L'organisation des procédures collectives
d'apurement du passif ; et
§ L'organisation des procédures de
recouvrement.
Quatre grands types de sociétés peuvent
être constituées : (1) la société en nom collectif
où tous les associés répondent indéfiniment et
solidairement des dettes sociales ; (2) la société en commandite
simple, dans laquelle coexistent des associés à
responsabilité limitée et illimitée ; (3) la
société à responsabilité limitée, qui peut
être uni- ou multi-personnelle et dont le capital social doit être
au minimum de CFA 1 million ($2 400) ; et (4) la société anonyme,
qui peut également avoir un actionnaire unique, et dont le capital
social minimum est fixé à CFA 10 millions ($24 000).
L'acte uniforme OHADA relatif au droit commercial
général se superpose au droit commercial burkinabé, qui
reste d'application dans la mesure où il n'est pas contraire à ce
premier. L'acte uniforme impose des obligations assez générales -
dont la tenue de la comptabilité et l'immatriculation au registre de
commerce et du crédit mobilier - et définit les droits et
obligations des acheteurs dans le cadre de transactions entre
commerçants. Comme indiqué ci-dessus, le droit commercial
burkinabé impose aux personnes physiques et morales
étrangères d'obtenir une « carte de commerçant
étranger », en supplément de la carte de commerçant
qui s'applique également aux nationaux.
Les pays de l'UEMOA ont élaboré et adopté
un plan comptable général commun (système comptable
ouest-africain, SYSCOA), qui est d'application depuis 1998. Le SYSCOA a par la
suite été repris intégralement - avec quelques ajustements
mineurs - dans le cadre de l'OHADA. Un acte uniforme portant organisation et
harmonisation de la comptabilité des entreprises a été
adopté en 2000, qui définit les exigences et normes comptables
qui s'appliquent à tous les pays membres. Trois niveaux d'exigence
comptable sont définies : (1) le système normal ; (2) le
système allégé, qui peut être utilisé par les
entreprises dont le chiffre d'affaires ne dépasse pas CFA 100 millions
($240 000) ; et (3) le système minimal de trésorerie, qui
s'applique aux très petites entreprises.
La mise en place du SYSCOA et sa reprise par l'OHADA ont
permis non seulement une harmonisation du système comptable dans la
région, mais également une modernisation des normes comptables.
Cela a également facilité la mise en place d'une centrale des
bilans au sein de l'UEMOA. Des efforts ont également été
réalisés au sein de l'OHADA pour fournir un cadre
réglementaire pour le recouvrement des créances et l'organisation
des redressements d'entreprises et faillites. Si le cadre est en place, sa mise
en application reste cependant problématique au Burkina Faso,
étant donné l'effectivité récente des chambres
commerciales et le manque de spécialisation des juges.
4) Régime des changes et
transfert de capitaux
Le Burkina Faso bénéficie, comme tous les pays
de la zone franc, d'une monnaie stable et convertible sans limitation. Le franc
CFA a été mis en place par la France durant la période
coloniale, et il a été conservé par les pays de l'UEMOA et
de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique
centrale (CEMAC) après les indépendances. Le franc CFA est
convertible en euros sans limite de montant, à la parité fixe de
€1 pour CFA 655,957. Avant l'introduction de l'euro, la parité du
franc CFA vis-à-vis du franc français était de CFA 100
pour FF 1. Cette parité avait été fixée en janvier
1994, suite à une dévaluation de 50 pour cent du franc CFA. Avant
cela, la parité était restée inchangée à CFA
50 pour FF 1 depuis 1958. La convertibilité illimitée du franc
CFA est garantie par le Trésor français au travers du compte
d'opération, qui est un compte à vue de la BCEAO auprès du
Trésor avec découvert illimité. En contrepartie de la
garantie de convertibilité, la BCEAO - qui centralise les
réserves de change des Etats de l'UEMOA - est tenue de déposer un
minimum de 50 pour cent de ses réserves de change sur le compte
d'opération. De plus, des mécanismes de sauvegarde ont
été mis en place pour s'assurer que le compte d'opération
ne reste pas durablement débiteur.
En tant qu'institut d'émission et gestionnaire de la
politique monétaire de la zone UEMOA, la BCEAO doit donc respecter un
certain nombre de contraintes, y compris en terme de concours aux
Trésors nationaux. De même, la politique monétaire
étant fixée au niveau de l'Union, les pays de l'UEMOA sont tenus
de respecter un certain nombre de critères de convergence
économique. La participation du Burkina Faso à la zone franc
garantit une grande stabilité du régime de change. Elle offre
également un nombre important de garanties en ce qui concerne la
liberté des transactions et l'absence de mesures de change
discriminatoires. Les résidents sont autorisés à
détenir des comptes en devises étrangères au Burkina Faso,
après autorisation du Ministère des Finances et de la BCEAO. Les
exportateurs sont tenus de rapatrier leurs recettes au maximum 30 jours
après la date de paiement, et les importations hors zone CFA de plus de
CFA 5 millions doivent obligatoirement passer par un intermédiaire
bancaire agréé.
Les opérations de compte courant, y compris paiements
d'intérêts et dividendes, sont opérées librement.
Les opérations de compte des capitaux sont entièrement libres
entre les pays de l'UEMOA, mais soumises à certaines restrictions quand
elles sont réalisées avec des pays hors zone. Les
résidents sont autorisés à emprunter librement à
l'étranger (hors zone), de même qu'à assurer le service de
ces dettes. Les investissements étrangers au Burkina Faso sont
totalement libres, mais les investissements à l'étranger (hors
zone UEMOA) par les résidents sont subordonnés à une
autorisation préalable du Ministère des finances et doivent
être financés au minimum à hauteur de 75 pour cent par des
emprunts à l'étranger.
5) Réglementation du
travail
Un nouveau Code du travail a été adopté
en mai 2008 qui abroge le code de 2004. Ce dernier penchait plus vers la
protection des droits et acquis sociaux des travailleurs que vers la promotion
de nouveaux emplois, malgré le nombre limité et largement
insuffisant d'emplois formels. Les rigidités et coûts en
matière de licenciement étaient tels que le Burkina Faso
était classé en 152ème position sur 178
à l'indice « employing workers » de l'enquête
Doing Business 2008 de la Banque mondiale. Conscient que certaines
rigidités du Code du travail de 2004 étaient excessives, le
Burkina Faso a donc adopté plus de souplesse et flexibilité dans
la gestion des relations de travail grâce au code de 2008. Ces
réformes ont permis au Burkina Faso de faire un bond dans le classement
« employing workers » de Doing Business 2009 en passant en
57ème position sur 181.
Le Code du travail de 2008 conserve les quatre grands types de
contrats de travail : (1) le contrat à durée
déterminée (CDD) ; (2) le contrat à l'essai ; (3) le
contrat à durée indéterminée (CDI) ; et (4) le
tâcheronnat. Le CDD peut être conclu pour une période
maximale de deux ans, renouvelable une fois. Le CDD ne peut être
utilisé pour pourvoir durablement un emploi lié à
l'activité normale de l'entreprise, et tout CDD de plus de trois mois
est soumis à autorisation après visite médicale du
travailleur. Le contrat à l'essai peut être conclu pour une
période maximale d'un mois (employés) ou trois mois (cadres) et
est renouvelable une seule fois pour la même durée. Il peut
être interrompu à tout moment sans préavis ni
indemnité par les deux parties. Contrairement au CDD, le CDI n'est pas
soumis à notification ou autorisation auprès des autorités
compétentes. Le tâcheronnat quant à lui consiste en un
contrat lié à l'exécution d'une tâche
spécifique moyennant un montant forfaitaire. La durée
légale du travail est fixée à 40 heures par semaine et
huit heures par jour. Les employés ont droit à 30 jours de
congés payés par an, et l'employeur est tenu d'inscrire ses
travailleurs auprès de la CNSS. Le Code du travail prévoit
également un salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), qui est
actuellement fixé à CFA 30 684 ($73) par mois. Ce niveau est
largement inférieur à ce qui est offert par la majorité
des entreprises à capitaux étrangers.
Les procédures de licenciement ont été
assouplies avec le nouveau Code mais continuent d'assurer une protection
adéquate aux employés. Tout licenciement pour motif
économique est soumis à consultation préalable avec les
délégués du personnel afin de trouver des alternatives au
licenciement, telles que la réduction des heures de travail, le temps
partiel ou le chômage technique. En cas de licenciement, l'employeur est
libre d'établir la liste des travailleurs à licencier selon des
critères et besoins qu'il définit lui-même. Si les
critères retenus doivent être communiqués aux
délégués du personnel pour observations, le Code de 2008
n'exige plus de prendre en compte des facteurs tels que l'ancienneté ou
les charges de familles. Comme cela était le cas auparavant, le Code de
2008 ne définit pas précisément les motifs acceptables de
licenciement pour faute de la part du travailleur. La validité des
motifs et la gravité de la faute sont laissés à «
l'appréciation de la juridiction compétente ». Le nouveau
Code apporte cependant une modification majeure en plafonnant les
indemnités accordées au travailleur lorsque le licenciement est
jugé abusif. Le plafond est à présent fixé à
18 mois de salaire, en plus des indemnités légales pour
licenciement. Ce plafonnement
est une amélioration majeure pour les investisseurs
dans la mesure où les licenciements individuels sont fréquemment
sujets à un recours auprès du tribunal de travail, et dans la
mesure où les indemnités avaient tendance à atteindre des
montants excessifs au regard du préjudice subi. Le Burkina Faso a une
culture syndicale forte et bien établie. Les syndicats constituent des
acteurs importants dans la vie socio-économique du pays, et leur pouvoir
de mobilisation dans les zones urbaines est élevé, comme
illustré lors des manifestations de début 2008 contre « la
vie chère ». Les syndicats ont été les instigateurs
d'un grand nombre de conventions collectives de travail négociées
sur base sectorielle. Un comité syndical peut être
constitué dans tout établissement comptant un minimum de 11
employés, et les syndicats doivent être consultés pour tout
différend du travail.
Les différends individuels sont sujets à une
tentative de règlement à l'amiable par l'inspecteur du travail.
En absence de conciliation, le différend est porté devant le
tribunal du travail, dont la décision est susceptible d'appel devant la
Cour d'appel. Les différends collectifs sont également soumis
à une tentative de conciliation par l'inspection du travail. En
l'absence d'accord, le différend est déféré au
conseil d'arbitrage, qui est composé du Président de la Cour
d'appel et de deux arbitres.
La réforme de 2008 a apporté des
améliorations majeures à la législation du travail en
apportant un meilleur équilibre entre le besoin de protéger les
travailleurs et la nécessité de promouvoir la création
d'emplois. Le cadre réglementaire pourrait être encore
amélioré en définissant de manière plus
précise les motifs acceptables de licenciement pour faute. Un meilleur
encadrement de ces motifs pourrait aisément se faire au travers des
arrêtés d'application du Code de 2008. De même, il est
important que le Burkina Faso pousse ses partenaires à adopter une
approche favorisant la création d'emplois lors de la rédaction du
Code du travail OHADA, qui est actuellement en chantier.
6) Emploi des
étrangers
Le Burkina Faso applique des règles distinctes en ce
qui concerne l'emploi de ressortissants étrangers selon qu'ils
proviennent de pays membres de l'UEMOA ou non. D'une part, les ressortissants
des pays de l'UEMOA bénéficient de la liberté de
circulation et d'établissement au sein de l'Union. D'autre part, les
ressortissants des pays hors UEMOA, doivent obtenir un permis de travail selon
des conditions relativement restrictives.
Le traité de l'UEMOA institue la libre circulation des
personnes, des services et des capitaux dans le cadre de l'établissement
d'un marché commun. La liberté de circulation et
d'établissement recouvre les principes suivants :
L'abolition de toute discrimination fondée sur la
nationalité en ce qui concerne la recherche et l'exercice d'un emploi
;
§ La liberté de déplacement et de
séjour ;
§ Le droit de continuer à résider dans un
Etat membre après y avoir exercé un emploi ;
§ La libre prestation de services dans les mêmes
conditions que celles imposées pour les ressortissants nationaux.
Le Conseil de l'UEMOA a adopté, sur proposition de la
Commission, un certain nombre de directives visant à promouvoir la libre
circulation effective des travailleurs au sein de l'Union. Ces directives
visent principalement la reconnaissance mutuelle des diplômes dans le
cadre de l'accès aux professions réglementées, telles que
la médecine et l'architecture. Un travail important reste cependant
à accomplir dans cette direction.
La liberté de circulation et d'établissement des
travailleurs au sein de l'UEMOA est malgré tout d'ores et
déjà effective et importante. Le nombre de burkinabé
établis en Côte d'Ivoire avant le début de la crise en 2000
était estimé à environ trois millions, avec une
présence extrêmement importante dans le secteur du cacao et du
café. De la même manière, le Burkina Faso est à
même de bénéficier, si nécessaire, d'un
réservoir de main d'oeuvre qualifiée beaucoup plus important que
s'il était limité aux seuls burkinabé. L'emploi de
ressortissants des pays hors UEMOA est quant à lui régi de
manière relativement restrictive. Le Code du travail de 2008
prévoit que les étrangers (hors UEMOA) ne peuvent être
recrutés que sur base de CDD, dont la durée maximale est de trois
ans. Ce contrat est soumis à autorisation préalable par l'Agence
nationale pour l'emploi (ANPE), qui vérifie qu'aucun burkinabé ne
répond aux exigences du poste. Une fois accordée, l'autorisation
ne porte que sur le contrat de travail et n'inclut pas de titre de
séjour, qui doit être obtenu séparément.
A l'heure actuelle, l'administration applique l'exigence de
non disponibilité d'un travailleur burkinabé de manière
relativement libérale, et le recrutement de travailleurs
étrangers (hors UEMOA) ne pose pas de réel problème aux
investisseurs. Le recrutement implique cependant un coût relativement
élevé, l'autorisation étant sujette à une charge
équivalente à un montant de 25 à 35 pour cent de la
rémunération brute mensuelle du travailleur.
7) Accès au foncier
L'accès à la propriété
foncière n'apparaît pas comme une des contraintes principales
auxquelles les investisseurs font face au Burkina Faso, et les investisseurs
étrangers ont accès à la propriété
foncière au même titre que les nationaux. Malgré tout, la
disponibilité de terrains industriels viabilisés est
extrêmement réduite et se cantonne aux zones industrielles de
Kossodo à Ouagadougou et à celle de Bobo-Dioulasso. A terme, le
développement industriel du Burkina Faso pourrait donc être
limité par la disponibilité de terres industrielles.
La propriété foncière est régie
par la loi portant réorganisation agraire et foncière de 1997. La
loi définit deux catégories de terres : (1) le domaine foncier
national, qui est de plein droit propriété de l'Etat ; et (2) les
terres détenues en propriété privée par des
personnes physiques ou morales. L'Etat peut céder la jouissance de
terres du domaine foncier national soit au terme d'un titre provisoire, soit au
travers d'une cession définitive en pleine propriété, qui
fait alors sortir les terres visées du domaine foncier national.
Aucune discrimination n'est prévue entre nationaux et
étrangers en ce qui concerne la propriété foncière.
Quatre titres de jouissance provisoire de terres de domaine foncier national
sont disponibles pour les investisseurs : (1) le permis d'occuper, qui est un
titre précaire réservé à des terres qui ne peuvent
être concédées en jouissance privative de longue
durée pour une raison ou l'autre ; (2) le permis urbain d'habiter, qui
est destiné aux parcelles urbaines destinées à
l'habitation et qui donne la possibilité d'aliénation
définitive ; (3) le permis d'exploiter, qui donne également la
possibilité d'aliénation définitive ; et (4) le bail, qui
peut aller jusqu'à une durée de 99 ans.
L'obtention de titres de jouissance provisoire est
associée à une obligation de mise en valeur des terrains dans un
délai de cinq ans. La vérification de mise en valeur est
réalisée par une Commission d'évaluation et de constat de
mise en valeur des terres constituée au niveau départemental ou
communal. De même, une Commission de retraits des terres statue sur les
cas de non valorisation de terrains dans le délai imparti de trois ans.
Dans les faits, il reste cependant difficile pour l'Etat de
récupérer les terres qui ne sont pas mises en valeur. Ainsi, un
pourcentage relativement élevé des parcelles des zones
industrielles de Kossodo et de Bobo-Dioulasso ne sont pas valorisées,
mais restent détenues par des investisseurs privés.
L'aliénation définitive de terres du domaine foncier national est
possible après attribution d'un titre provisoire et la mise en valeur du
terrain. Une des conditions est que le montant des investissements
réalisés soit égal au minimum à 30 fois la taxe de
jouissance pour les terrains à usage d'habitation, et 15 fois la taxe
pour les terrains à usage autre que d'habitation.
8) Réglementation
environnementale
L'environnement du Burkina Faso est fragile, et sa topographie
partiellement sahélienne rend les problématiques de la gestion de
l'eau et de la désertification particulièrement délicates
et importantes.
Conscient de l'importance de préserver son
environnement pour promouvoir le développement durable, le Burkina Faso
a adopté un cadre réglementaire protecteur avec le Code de
l'environnement de 1997. De plus, le Gouvernement a adopté une politique
nationale en matière d'environnement en 2007, et préparé
un programme d'action national de lutte contre la désertification.
Le Code de l'environnement de 1997 a mis en place un cadre
réglementaire satisfaisant, qui complémente les dispositions de
protection des ressources naturelles contenues dans différentes lois,
tel le Code forestier, le Code de l'eau ou la loi portant réorganisation
agraire et foncière. D'une part, le Code interdit l'importation ou le
transit de déchets dangereux, conformément à la Convention
de Bâle, dont le Burkina Faso est signataire.
D'autre part, le Code met en place des exigences
d'études ou de notices d'impact sur l'environnement pour certaines
catégories de projets. Les exigences sont clairement définies par
décret d'application, selon 18 catégories (eau, assainissement,
agriculture, mines, industrie, énergie, etc.). Le contenu des
études et notices d'impact est également clairement
précisé, de même que les procédures d'enquête
publique, d'examen et de suivi. La principale difficulté pour le Burkina
Faso consiste dès lors dans la mise en application effective du Code de
l'environnement et de sa politique de lutte contre la
désertification.
9) Système judiciaire et
gouvernance
Il ressort des enquêtes auprès des investisseurs
que les problèmes liés au système judiciaire, y compris sa
lenteur, représentent toujours une des contraintes majeures à
l'investissement au Burkina Faso. De même, la corruption dans son
ensemble représente un coût relativement important et une
barrière au développement du secteur formel. Selon une
enquête de la Banque mondiale auprès de 245 entreprises en 2006,
la corruption est une contrainte majeure ou très sévère
pour plus de 54 pour cent des entreprises aussi bien dans l'industrie que dans
les services (Banque mondiale, 2007).
Selon cette même enquête, le coût de la
corruption est également plus élevé au Burkina Faso que
dans les pays voisins, représentant environ 7 pour cent du chiffre
d'affaires des firmes manufacturières. Il faut cependant aussi noter que
le Burkina Faso s'est relativement bien situé dans le classement de
Transparency International au cours des dernières années,
évoluant entre la 70ème et 105ème place entre 2005 et
2008.
Le Burkina Faso a cependant engagé des efforts en vue
d'améliorer son système judiciaire et la gouvernance, avec le
soutien technique et financier de l'Union européenne. Une «
stratégie et plan d'action national pour la réforme de la justice
au Burkina Faso » a été adoptée en 2001. L'appui de
l'UE s'articule sur plusieurs grands axes d'intervention, essentiellement la
formation, la documentation, les infrastructures et l'équipement.
Les différends d'ordre civil sont
référés, en fonction du montant du litige, en premier
ressort soit au tribunal départemental ou d'arrondissement, soit au
tribunal d'instance, soit au tribunal de grande instance. La procédure
d'appel se fait au niveau juridictionnel immédiatement supérieur
(cour d'appel pour les tribunaux de grande instance). La formation des juges en
matière commerciale reste insuffisante, et le Burkina Faso ne dispose
pas pour le moment de tribunaux de commerce.
Un centre d'arbitrage, de médiation et de conciliation
(CAMCO) a été créé en 2007 auprès de la
Chambre de commerce et d'industrie à Ouagadougou, dans le but
d'améliorer et d'accélérer les procédures de
règlement des différends commerciaux. Le CAMCO n'existe pour le
moment que sur Ouagadougou, mais il est prévu d'établir des
antennes sur d'autres centres commerciaux, dont Bobo-Dioulasso. Il est
prématuré de juger l'efficacité du CAMCO étant
donné sa création récente. En 2007, 22 dossiers
d'arbitrage (cinq sentences rendues) et cinq dossiers de médiation ont
été enregistrés. Les procédures d'arbitrage sont
encadrées par l'acte uniforme OHADA sur le droit de l'arbitrage.
Celui-ci prévoit que le tribunal d'arbitrage est
constitué de un ou trois arbitres, au choix des parties. Les parties ont
également le choix de la loi applicable. La sentence arbitrale n'est pas
susceptible d'opposition ou d'appel, mais peut être l'objet d'un recours
en annulation sous certaines conditions. Selon l'acte uniforme OHADA, la
sentence arbitrale n'est susceptible d'exécution forcée que suite
à une décision d'exequatur rendue par un juge.
Au niveau de la lutte contre la corruption, le Burkina Faso a
adopté un « plan national de bonne gouvernance » en 1998. Ce
plan a été mis à jour en 2004 pour la période
2004-2008. Les progrès enregistrés sont faibles malgré la
création de la Haute autorité de coordination de la lutte contre
la corruption en 2003 et de la Cour des comptes en 2000. En 2007, une nouvelle
loi a fait disparaître la Haute autorité de coordination et a
transféré ses attributions à l'Autorité
supérieure de contrôle de l'Etat, qui dispose à
présent de pouvoirs autonomes pour engager des poursuites. Etant
donné le surcoût que le manque d'efficacité de la justice
commerciale et la corruption imposent aux investisseurs, il est essentiel que
le Burkina Faso intensifie ses efforts dans les deux domaines. La mise en place
d'un centre d'arbitrage est une étape importante, qui devrait être
complémentée par un renforcement des efforts de formation de
juges en matière commerciale. En matière de corruption, le
Burkina Faso pourrait adopter un cadre légal spécifique qui fait
défaut actuellement, et qui exigerait, entre autres, une transparence
accrue au niveau des avoirs des hauts fonctionnaires. Ce cadre devrait
également fixer des peines d'ordre pénal pour un certain nombre
d'infractions. La lutte contre la corruption passera également par une
simplification des procédures administratives, et par une utilisation
accrue de l'informatique.
10) Réglementation de la
concurrence
La problématique de la concurrence revêt une
importance accrue dans le contexte actuel de hausse des prix des produits
alimentaires et autres denrées de base. Elle est également
cruciale dans un marché régional comme celui de l'UEMOA où
le coût élevé des facteurs est un frein majeur aux
investissements. Comme de nombreux autres pays en Afrique et ailleurs, le
Burkina Faso a été touché en 2008 par des manifestations
contre « la vie chère ». En tant qu'importateur net de
denrées alimentaires de base, le Burkina Faso est très
vulnérable aux fluctuations des cours mondiaux, tandis que les prix
locaux sont influencés par les conditions de concurrence dans les
réseaux de transport, de vente en gros et de vente au détail. Les
politiques et réglementations de concurrence sont donc essentielles
à deux niveaux dans ce domaine. D'une part, elles permettent
d'éviter les prix artificiellement gonflés. D'autre part, des
règles et politiques de concurrence spécifiques au secteur
agricole peuvent être à même de renforcer la production
locale.
Le cadre réglementaire de la concurrence au Burkina
Faso est fixé principalement dans le contexte de l'UEMOA, et dans une
moindre mesure par la législation nationale. Les articles 88 à 90
du Traité de Dakar fixent les règles communautaires
générales, qui visent l'interdiction de plein droit de trois
types de pratiques : (1) les accords, associations et pratiques
concertées ayant pour objet ou pour effet de restreindre ou fausser le
jeu de la concurrence ; (2) les pratiques assimilables à un abus de
position dominante ; et (3) les aides publiques susceptibles de fausser la
concurrence en favorisant certaines entreprises ou certaines productions.
La Cour de Justice de l'UEMOA a émis un avis stipulant
que les dispositions des articles 88, 89 et 90 relèvent de la
compétence exclusive de l'Union, ce qui empêche les Etats
membres d'exercer même une partie de la compétence dans ces
domaines. Ce principe d'exclusivité n'est pas limité - comme
c'est le cas dans l'Union européenne - par la nécessité
d'avoir un impact sur le commerce communautaire. Dans la ligne de cet avis, le
conseil des Ministres de l'UEMOA a adopté trois règlements et
deux directives de 2002, qui précisent et complètent les articles
du Traité de Dakar. Ces textes définissent, entre autres, les
ententes anticoncurrentielles, les abus de position dominante, la notion de
position dominante, de marché en cause et autres concepts clés.
Ils précisent également les rôles et compétences
respectifs des autorités nationales de la concurrence et de la
Commission.
11) Propriété
intellectuelle
La problématique de la protection de la
propriété intellectuelle n'est pas à l'heure actuelle une
préoccupation importante des investisseurs étrangers au Burkina
Faso. En tant que PMA, le Burkina Faso bénéficie également
d'une dérogation aux règles de l'accord de l'OMC sur les ADPIC
jusqu'en juillet 2013.
Une deuxième dérogation aux règles ADPIC
s'applique jusqu'en 2016 sur les produits pharmaceutiques en ce qui concerne le
droit des brevets et la protection des renseignements non divulgués.
Pour bénéficier de ces dérogations aux règles de
l'OMC, il est cependant nécessaire que le Burkina Faso les traduise en
droit interne.
Malgré cela, le Burkina Faso dispose d'un cadre
conventionnel et réglementaire complet en tant que signataire de
l'accord de Bangui de 1977. Cet accord a institué l'Organisation
africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) et
élaboré un corpus juridique et institutionnel unifié pour
les 16 Etats membres.
L'accord de Bangui et ses annexes offrent un niveau
élevé de protection de la propriété intellectuelle,
y compris en ce qui concerne :
§ Les brevets d'invention, qui confèrent un droit
exclusif d'exploitation d'une durée de 20 ans ;
§ Les marques, qui bénéficient d'un droit
exclusif et une protection renouvelable de 10 ans
§ Les dessins et modèles industriels, qui
bénéficient d'un droit exclusif de cinq ans renouvelables deux
fois ;
§ Les indications géographiques ; et
§ Les droits d'auteur et les droits voisins, qui
disposent d'un droit exclusif et opposable à tous.
§ L'accord de Bangui permet cependant aux Etats membres
d'accorder, sous certaines conditions, des licences non volontaires et des
licences d'office. Cette disposition constitue un moyen utile de pression
à la disposition des autorités en cas de pratique de prix
excessivement élevés par le titulaire d'un droit
protégé.
L'accord permet également aux pays membres d'utiliser
l'OAPI comme office national de la propriété intellectuelle pour
l'enregistrement des brevets, marques et autres. Ceci est le cas pour le
Burkina Faso, dont l'organe de liaison avec l'OAPI est la Direction nationale
de la propriété industrielle du Ministère du commerce, de
la promotion de l'entreprise et de l'artisanat.
13) Accords commerciaux
L'intégration régionale au sein de l'UEMOA et de
la CEDEAO est un élément clé de la politique de
développement du Burkina Faso. Cette intégration s'étend
bien au-delà de la sphère commerciale au sein de l'UEMOA, et
reste plus limitée au sein de la CEDEAO, malgré des ambitions
à long terme similaires. L'enjeu principal de la politique commerciale
du Burkina Faso est donc l'avancement de ces deux processus
d'intégration, qui est également lié aux
négociations d'un accord de partenariat économique (APE) entre
l'Union européenne et la région Afrique de l'ouest (CEDEAO et
Mauritanie) en remplacement de l'accord de Cotonou.
L'UEMOA a fait des progrès importants dans la mise en
place d'un marché commun, mais le commerce intra-communautaire n'est pas
encore entièrement libre de droits d'importation. Les produits du cru et
de l'artisanat traditionnel sont exonérés de tous droits et taxes
à l'entrée depuis 1996. Une liste de produits industriels
agréés bénéficie également d'une
exonération des droits et taxes à l'entrée, dans la mesure
où ils sont également produits par des entreprises
agréées. L'exemption tarifaire pour les produits industriels
exige donc un double agrément (produit et entreprise) accordé par
décision de la Commission de l'UEMOA. Au niveau externe, l'UEMOA a
instauré un tarif extérieur commun en 2000. Les progrès
enregistrés au niveau de la CEDEAO sont sensiblement plus
limités, et il n'existe pas encore de tarif extérieur commun.
Le Burkina Faso bénéficie d'un accès
préférentiel au marché des Etats-Unis selon les termes de
l'AGOA. En outre, l'accès des produits burkinabé au marché
de l'Union européenne est entièrement libre de taxes, selon les
termes du programme « tout sauf les armes ». Le Burkina Faso est
également membre de l'OMC, alors qu'il avait adhéré au
« General Agreement on Tariffs and Trade » (GATT) en 1963. Les
mesures d'accès préférentiel dont le Burkina Faso
bénéficie auprès des principaux marchés des pays
développés n'ont pas été suffisantes en
elles-mêmes, comme c'est le cas pour la majorité des PMA, pour
surmonter les handicaps en termes de capacité de production et
d'exportation. Les exportations vers l'UE représentaient €36,2
millions en 2007, en forte baisse par rapport aux €69,7 millions de 2000
suite à la réorientation des exportations de coton vers d'autres
régions, principalement en Asie. De même, les exportations vers
les Etats-Unis étaient négligeables en 2007 à $1,5
millions.
Le Burkina Faso est actuellement engagé avec ses
partenaires de la région (pays de la CEDEAO plus la Mauritanie) dans la
négociation d'un APE avec l'Union européenne. L'ensemble des pays
d'Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP) et l'UE ont en effet entamé
la négociation d'accords de libre échange en vue de remplacer les
dispositions relatives au commerce de l'accord de Cotonou, celui-ci
n'étant pas conforme avec le principe de non-discrimination de l'OMC, et
la dérogation obtenue à ce principe expirant fin 2007.
Le développement des capacités de production au
Burkina Faso est un défi majeur autant qu'une nécessité
incontournable pour la lutte contre la pauvreté et l'amélioration
du niveau de vie. L'enclavement, les conditions géo-climatiques, le
manque d'infrastructures et la faiblesse des ressources humaines sont des
obstacles majeurs mais en aucun cas insurmontables. Une convergence de tous les
efforts du secteur public, du secteur privé et des partenaires
techniques et financiers est cependant indispensable.
Le secteur public, avec l'appui des partenaires techniques et
financiers, devra jouer un rôle primordial dans le développement
des infrastructures de base, y compris en terme d'éducation, de
transport et d'électricité. Les partenariats avec le secteur
privé pourront également s'avérer fructueux dans le
domaine des infrastructures physiques, comme c'est déjà en partie
le cas. Au-delà de la problématique liée aux
infrastructures physiques et humaines, le développement des
capacités de production demande une amélioration du cadre
réglementaire de l'investissement, et une convergence stratégique
de l'ensemble des politiques économiques.
CHAPITRE IV : CADRE
INSTITUTIONNEL DE PROMOTION DES INVESTISSEMENTS
I- CADRE INTERNATIONAL ET
TYPOLOGIE DES IED
1) Cadre international des
IED
Le Burkina Faso ne dispose à l'heure actuelle ni d'une
stratégie spécifique d'attraction des IED, ni d'une institution
chargée de la promotion du pays auprès des investisseurs
étrangers et de leur accueil. Le Gouvernement a cependant
décidé récemment de mettre en place une agence de
promotion des investissements (API), dont les objectifs principaux seront de
promouvoir l'image du pays à l'étranger, d'attirer les IED et de
maximiser leur impact sur le développement. Dans le même temps, il
a été décidé de mettre en place un conseil
présidentiel pour l'investissement (CPI), avec pour tâche
principale de favoriser l'amélioration du climat des affaires.
Au vu des choix qui s'offrent aux multinationales dans leurs
décisions de sites d'implantations, la vaste majorité des pays
ont mis en place des structures de promotion et d'accueil spécifiques
aux investisseurs étrangers. Ces structures ont pour tâches
principales la promotion de l'image globale du pays auprès de la
communauté internationale des investisseurs, le ciblage d'investisseurs
potentiels, l'accueil et le suivi.
Certaines ont des mandats plus étendus qui peuvent
toucher à l'amélioration du climat des affaires, la gestion de
zones franches, la promotion des exportations ou la gestion administrative de
certains aspects liés aux investissements étrangers (licences,
incitations).
En plus d'une agence nationale de promotion des
investissements, certains pays comme le Brésil, l'Ethiopie ou le Viet
Nam ont également mis en place des institutions de promotion des IED au
niveau des régions. Bon nombre de ces API sont membres de l'association
mondiale des agences de promotion de l'investissement (AMAPI), qui regroupe 228
membres dans 156 pays.
La volonté de la majorité des pays de mettre en
place des API reflète aussi bien la concurrence pour attirer les IED que
le potentiel de développement lié à ces derniers. Les
bénéfices escomptés des IED touchent à la
création d'emploi, au développement industriel et des services,
à la diversification de l'économie, aux transferts de technologie
et de savoir faire, à l'intégration dans le commerce mondial ou
encore au financement d'infrastructures. L'ensemble de ces
bénéfices ne sont cependant pas présents dans tous les
investissements étrangers, et des coûts liés aux IED
peuvent également se manifester, que ce soit pour l'environnement, la
concurrence ou le développement d'entreprises nationales.
Dans l'ensemble, les IED sont une source majeure de
développement économique et la quasi-totalité des pays du
monde cherchent à les promouvoir, de manière
générale ou sélective. En 2007, les flux mondiaux d'IED
ont atteint $1 833 milliards (tableau III). Une part importante de ces
flux représente des investissements entre pays industrialisés,
qui ont attiré $1 248 milliards d'IED, soit 68 pour cent du total. Les
économies en développement ont néanmoins
bénéficié de flux d'IED de $586 milliards. L'Asie reste la
principale destination parmi les pays en développement, alors que les
IED en Afrique ne représentaient que $53 milliards en 2007. Qui plus
est, les IED vers l'Afrique sub-saharienne ne s'élevaient qu'à
$30,6 milliards. Ceci représente moins de 2 pour cent du total, alors
que la région compte 11,5 pour cent des habitants de la planète.
Les PMA, de leur côté, avaient attiré $13,4 milliards d'IED
en 2007, soit 0,7 pour cent du total.
Tableau 2 : Flux
entrants d'IED par région, 2004-2007
Source : CNUCED
Si les flux d'investissements sud-sud ont pris de l'importance
au cours des dernières années (CNUCED, 2006), les pays
industrialisés restent la principale source de flux sortants d'IED, avec
85 pour cent du total en 2007. Les raisons qui poussent les entreprises et
entrepreneurs à investir à l'étranger sont nombreuses,
quoique toujours sous-tendues par la recherche de profit. Une
compréhension élémentaire de ces motivations est
nécessaire à une agence de promotion des investissements. Chaque
pays peut en effet espérer attirer certains types d'investissements plus
que d'autres en fonction de ses caractéristiques propres et de son stade
de développement. Le travail de l'API doit donc être adapté
aux circonstances nationales. Cette nécessité appelle donc une
typologie de base des IED, qui est proposée ci-dessous.
2) Typologie des IED
Au-delà de la recherche du profit, trois grandes
catégories de raisons économiques sous-tendent les
investissements étrangers directs :
· La recherche de compétitivité
globale : cette recherche peut se manifester par la segmentation des
chaînes de production et la localisation de filiales sur les sites
disposant du moindre coût de production. Elle peut également
prendre la forme d'une diversification du risque (lié aux devises,
à des facteurs politiques et sociaux ou à des facteurs
économiques). De même, la recherche de compétitivité
peut se faire par la localisation d'activités de recherche et
développement (R&D) dans des centres de compétences reconnus,
liés au développement dans un pays d'un savoir-faire
spécifique ou d'un « cluster » d'activités.
· L'accès aux marchés :
les IED peuvent être motivés par la recherche d'un meilleur
accès à un marché, qu'il soit national, régional,
ou formé par une zone de libre échange. Le besoin
d'approvisionner le marché par l'établissement d'une filiale peut
être justifié par des barrières commerciales, la
nécessité de produire des biens adaptés au marché
local, des coûts de transports, ou une combinaison de tous ces
facteurs.
· L'accès aux ressources :
certaines ressources ne sont disponibles que dans certains pays, et leur
exploitation exige des IED. Ces ressources peuvent aussi bien être des
matières premières, une localisation géographique
particulièrement adaptée aux besoins d'un investisseur, des
infrastructures, ou encore une main d'oeuvre suffisamment productive à
bas coûts.
Les structures engagées dans les opérations
d'investissements étrangers directs peuvent elles-mêmes être
classées dans quatre grandes catégories :
· Les multinationales globales
regroupent les grands groupes mondiaux dont les opérations et
filiales s'étendent sur plusieurs continents. Certaines sont des «
marques globales » comme Accor, Arcelor-Mittal, BNP Paribas, Coca-Cola,
Citigrade, General Electric, HSBC, Intel, Microsoft, Nestlé,
Procter&Gamble ou Sony. Elles opèrent aussi bien dans l'industrie
lourde que dans la manufacture ou les services. D'autres sont des
sociétés globales également, mais sont moins connues du
grand public et opèrent sur des niches plus spécifiques, telles
que Firmenich (fragrances et arômes), Lafarge (matériaux de
construction) ou Pulse (composantes électroniques).
· Les multinationales régionales
ont un champ géographique d'activités plus restreint
mais sont des acteurs importants sur leur zone. Elles portent aussi en elles le
potentiel pour devenir des multinationales globales. Parmi les multinationales
régionales en Afrique, on compte des sociétés comme Access
Bank (Nigéria), MTN (Afrique du Sud) ou Imperial Holdings (Afrique du
Sud).
· Les investisseurs transfrontaliers
sont principalement des sociétés de taille relativement
limitée qui n'ont pas l'ambition de devenir de grandes multinationales,
mais qui saisissent des opportunités d'investissement dans leur
voisinage géographique ou culturel immédiat. Le Burkina Faso
attire bon nombre d'investisseurs étrangers de cette
catégorie.
· Les entrepreneurs sont des
ressortissants étrangers qui désirent s'établir dans un
pays pour y créer une entreprise. Bien qu'ils apportent en
général un capital relativement modeste, ils peuvent être
porteurs de projets très bénéfiques au pays d'accueil. Ce
type d'investissements étrangers représente des montants
insignifiants au niveau global, mais peuvent être importants pour
dynamiser l'économie d'un PMA. La majorité des pays
industrialisés ont également mis en place des programmes
spéciaux en matière d'immigration pour accueillir ces
entrepreneurs.
Il est à l'heure actuelle illusoire de penser que le
Burkina Faso pourrait attirer les IED de multinationales globales ou
régionales qui ont pour objectif l'amélioration de leur
compétitivité. La participation du Burkina Faso dans les
chaînes de production globales n'est pas encore à l'ordre du jour.
Les destinations bénéficiant de ce genre d'IED sont des
économies comme la Chine, le Mexique, la Thaïlande ou le Viet Nam
où les infrastructures sont bien développées, la main
d'oeuvre relativement qualifiée et bon marché. Dans une mesure
encore limitée pour le moment, le Burkina Faso pourrait cependant
intéresser certaines de ces sociétés dans le contexte d'un
accès au marché national ou régional, et dans le contexte
d'un accès aux ressources - en particulier les mines et le coton.
A moyen et long terme, le Burkina Faso pourrait
également se positionner pour intégrer les chaînes de
production de multinationales régionales et devenir une destination de
diversification du risque. La participation du pays à l'UEMOA et
à la CEDEAO offre également la possibilité de devenir une
plate-forme d'accès au marché régional pour des
multinationales régionales ou globales.
II- LES STRUCTURES
EXISTANTES
Le Burkina Faso ne dispose actuellement pas de structure
spécifique visant à promouvoir et à attirer les IED. Un
certain nombre d'institutions exercent cependant des fonctions qui
coïncident ou se rapprochent de celles d'une agence de promotion des
investissements. Conscient des difficultés et lourdeurs administratives
auxquelles les investisseurs font face, le Gouvernement a par exemple mis en
place des structures de facilitation des démarches
d'établissement, tels que le CEFORE ou le Centre des guichets uniques.
L'environnement institutionnel dans lequel la future agence de promotion des
investissements et le Conseil Présidentiel pour l'Investissement devront
s'inscrire est décrit brièvement ci-dessous.
1) La Maison de l'entreprise et
le CEFORE
La Maison de l'entreprise est une structure
intégrée d'appui au secteur privé, gérée par
le secteur privé. C'est une association apolitique et sans but lucratif
qui regroupe des personnes morales de droit privé burkinabé. Elle
offre quatre types de services :
v Appui et conseil : les entrepreneurs
potentiels ou existants peuvent obtenir des informations et du conseil sur les
démarches à entreprendre pour créer une entreprise,
recevoir un diagnostic sommaire de leur projet d'investissement, ou encore
bénéficier de facilitation pour l'accès au
crédit.
v Facilitation pour les créations d'entreprises
: le CEFORE a été créé par décret
présidentiel en 2005 pour faciliter les démarches de
création d'entreprise. Il est une institution indépendante, dont
la gestion a été déléguée par l'Etat
à la Maison de l'entreprise. Le CEFORE est devenu le passage obligatoire
pour toute création, reprise ou extension d'entreprise. Il est une
interface entre les investisseurs et l'administration publique et ne dispose
à ce titre d'aucun pouvoir de décision. Quatre démarches
nécessaires à la création d'entreprises doivent être
réalisées au travers du CEFORE : (1) l'inscription au registre du
commerce et du crédit mobilier ; (2) la déclaration d'existence
fiscale et l'obtention du numéro d'identifiant financier unique ; (3)
l'affiliation au système de sécurité sociale ; et (4)
l'obtention de la carte de commerçant pour les personnes physiques. Les
services du CEFORE sont payants, à raison d'un maximum de CFA 20
000.
v Renforcement des capacités : la
Maison de l'entreprise met à la disposition des sociétés
un fonds de soutien à coûts partagés et des chèques
services. L'objectif est de favoriser le recours aux compétences
externes (audit, techniques commerciales, consultance, formation, etc.) et le
développement des capacités. Les taux de subvention varient de 50
à 90 pour cent.
v Information : diverses sources
d'information sur les marchés, le droit des affaires et accords
commerciaux internationaux sont mises à la disposition des
investisseurs.
La Maison de l'entreprise bénéficie du soutien
technique et financier de l'Etat, de la Chambre de commerce et d'industrie,
ainsi que de plusieurs partenaires techniques et financiers, dont l'Union
européenne, le PNUD et la Banque mondiale. La Maison de l'entreprise a
son siège à Ouagadougou et a établi trois antennes
régionales (Bobo Dioulasso, Ouahigouya et Koupéla). A terme,
l'objectif est d'établir une antenne dans chacune des 13 régions
du pays.
2) Le Centre des guichets
uniques
Bien qu'il fasse partie du système administratif de
l'Etat, le CGU a récemment été placé sous le
même toit que la Maison de l'entreprise afin de regrouper physiquement
les structures d'accueil et de soutien aux investisseurs. Des fonctionnaires de
diverses administrations sont dépêchés au CGU pour
accomplir certaines démarches sur place. Au total, une quinzaine de
démarches peuvent être entreprises au CGU, en matière
d'investissement et d'exercice de la profession de commerçant. Le
pouvoir de décision n'a été décentralisé au
CGU que pour certaines démarches, alors que pour les autres, le CGU
n'est qu'une interface entre l'administration et l'investisseur. En pratique,
bon nombre d'autorisations continuent de relever directement des
ministères techniques et une part importante de l'activité du CGU
consiste à attribuer les déclarations préalables
d'importation. Les principales démarches coordonnées par le CGU
sont :
· La déclaration préalable d'importation
;
· Les autorisations spéciales d'importation et
d'exportation ;
· L'autorisation d'implantation d'unité
industrielle ;
· La réception et l'étude des demandes
d'agrément au titre du Code des investissements ;
· Les constatations de démarrage des
activités des entreprises agréées ;
· La réception de la demande de carte
professionnelle de commerçant et de carte de commerçant
étranger ; et
· L'attribution de certificats d'origine.
3) L'Office national du
commerce extérieur
L'Office national du commerce extérieur (ONAC) est un
établissement public dont le mandat est de promouvoir les
échanges commerciaux entre le Burkina Faso et le reste du monde. Dans ce
cadre, il a également comme mission de promouvoir les IED. L'ONAC
effectue des missions de promotion des produits burkinabé, offre de
l'assistance technique aux exportateurs, centralise des informations
économiques et commerciales utiles aux exportateurs, effectue des
prospections de marchés et certifie la conformité des produits
aux normes nationales. En pratique, l'ONAC a concentré son action sur la
promotion du commerce extérieur et n'a pas réellement mis en
oeuvre sa mission de promotion des IED.
4) La Chambre de commerce et
d'industrie
Toute entreprise industrielle ou de services est membre
d'office de la CCI, qui est un organe très structuré disposant de
moyens relativement importants à l'échelle du Burkina Faso. La
CCI assure quatre missions principales :
· Mission consultative : la CCI
défend les intérêts du secteur privé auprès
des pouvoirs publics. Son avis doit être demandé sur :
(1) la règlementation relative aux usages commerciaux et industriels, de
même que sur toute réforme de la législation commerciale,
industrielle, douanière et fiscale ; (2) la fixation des droits et taxes
; (3) le régime du travail et l'organisation de la formation
professionnelle ; et (4) d'autres sujets liés à la
création de tribunaux de commerce, de bourses de commerce et de magasins
généraux. La CCI peut également émettre des avis de
sa propre initiative sur les changements projetés dans la
législation commerciale, douanière et économique, ainsi
que sur des moyens d'accroître la prospérité du commerce et
de l'industrie.
· Mission représentative : la CCI
siège au sein de plusieurs institutions et organismes, dont le Conseil
économique et social, la Commission de privatisation, et la Chambre
consulaire régionale de l'UEMOA.
· Mission administrative et de conseil :
la CCI possède et gère un certain nombre
d'infrastructures au Burkina Faso et à l'étranger afin de
promouvoir le développement du commerce et de l'industrie. Elle dispose
ainsi d'entrepôts dans différents ports qui desservent le Burkina
Faso, y compris au Ghana et en Côte d'Ivoire. La CCI gère
également un fichier exhaustif d'entreprises installées au
Burkina Faso, avec des informations concernant le secteur d'activité, la
raison sociale, les coordonnées et les actionnaires principaux. La CCI
apporte aussi un soutien aux opérateurs économiques et aux
créateurs d'entreprises au moyen de conseils et informations juridiques,
économiques et réglementaires. La CCI a également
l'obligation de tenir à jour le recensement des opérateurs
économiques, en coopération avec l'Institut national de la
statistique et de la démographie. A ce titre, elle détient
l'ensemble des fichiers qui permettent la connaissance des entreprises
installées au Burkina Faso. Son site internet (
www.ccia.bf) offre de nombreuses
informations sur le climat et l'environnement des affaires, sur les
opportunités d'investissement et sur les démarches
administratives. Les fonctions de la CCI offrent donc d'importantes synergies
avec le travail de la future API.
5) Les agences
spécialisées
Le BUMIGEB18(*) et l'Office national du tourisme du Burkina (ONTB)
ont, chacun dans leur secteur, un rôle de promotion de l'investissement.
Le BUMIGEB n'a pas comme vocation première de faire la promotion de
l'investissement dans le secteur minier, mais son rôle d'appui au moyen
de la production, la collecte, le stockage et la diffusion de données
géologiques et minières de base est essentiel. Il est un des
premiers points de contact et un passage obligé pour tous les
investisseurs miniers. Bien qu'une partie du BUMIGEB devrait être
privatisée d'ici peu, la partie focalisée sur la collecte et la
mise à disposition des données géologiques devrait rester
dans le secteur public. C'est cette partie qui devrait continuer de jouer un
rôle de promotion des investissements important dans le futur.
De son côté, l'ONTB exerce une activité
extrêmement limitée de promotion des investissements
étrangers dans le secteur du tourisme. Il dispose de moyens financiers
restreints qui lui permettent à peine de participer à quelques
foires internationales, le plus souvent sans même pouvoir obtenir un
stand propre.
Le Centre de facilitation des actes de construire (CEFAC) a
été ouvert en 2008 pour faciliter et accélérer
l'obtention du certificat d'urbanisme, du permis de construire, du permis de
démolir et du certificat de conformité. Un guichet unique du
foncier a également été créé.
6) Le Conseil burkinabé
des chargeurs
Bien qu'il ne soit pas impliqué directement dans le
processus de promotion des investissements ou de création d'entreprise,
le Conseil burkinabé des chargeurs (CBC) joue un rôle important
dans la facilitation du transport de marchandises et le commerce international.
Il rend plusieurs services, dont le suivi des marchandises dans les ports
d'embarquement et la mise à disposition d'informations concernant les
coûts et l'organisation du transport.
7) La rencontre annuelle
Gouvernement - secteur privé
Les rencontres annuelles Gouvernement - secteur privé
ont été lancées en 2001. Elles offrent un cadre de
concertation et formalisent le dialogue entre le secteur privé et le
Gouvernement en ce qui concerne les politiques économiques et
d'investissement. Elles cherchent à définir un programme
d'actions prioritaires pour le Gouvernement dans l'année à
suivre. La vérification du suivi des mesures adoptées est
assurée par un comité technique paritaire composé de six
membres du secteur privé et six membres de l'administration. Le
comité technique paritaire fait un rapport au comité
interministériel de supervision, de même qu'à chaque
rencontre annuelle.
8) Le Conseil économique
et social
Le Conseil économique et social (CES) est une structure
consultative composée de 90 membres issus de la société
civile et de l'administration, et dotée d'un secrétariat
permanent. Il a un rôle de réflexion et de proposition et peut
aborder des thèmes extrêmement larges, soit à la demande du
Gouvernement, soit de sa propre initiative.
9) Le Conseil
présidentiel pour l'investissement
Le Conseil présidentiel pour l'investissement a
été créé par décret en décembre 2007.
Sa mission est « d'organiser la réflexion et de formuler des
recommandations sur les questions se rapportant à la promotion
et au développement des investissements privés, publics,
nationaux et étrangers. » Le Conseil est présidé
par le Président lui-même, et il sera constitué de 30
membres disposant de mandats de deux ans renouvelables.
L'organisation, les objectifs spécifiques et les
méthodes de travail du Conseil n'ont pas encore été
définis, et les membres doivent encore être
désignés. Un Secrétaire a cependant été
nommé pour faire avancer la mise en place du Conseil.
10) L'observatoire de la
pratique des affaires
Le Premier Ministre a annoncé la mise en place d'un
observatoire de la pratique des affaires lors de son discours de clôture
de la 7e rencontre Gouvernement - secteur privé en septembre 2007. Les
contours de cet observatoire restent à définir, même si le
Premier Ministre a indiqué qu'il aura à la fois un rôle de
veille prospective et d'interpellation des parties prenantes (Gouvernement et
communauté des affaires).
11) La Commission nationale
des investissements
La Commission nationale des investissements est chargée
de l'étude des dossiers de demande d'agrément à l'un des
régimes privilégiés prévus par le Code des
investissements. Elle est également habilitée à examiner
tout problème rencontré dans l'application du Code et à
soumettre une proposition de solution au Gouvernement. La Commission
émet des avis non contraignants, et les demandes d'agrément sont
accordées par le Ministre en charge de l'industrie et le Ministre des
finances. Les huit membres de la Commission sont tous des hauts-fonctionnaires,
mis à part le Directeur général de la CCI.
12) L'Agence nationale de
promotion des investissements
En dépit de la confusion que peut susciter son
appellation, les mandats et fonctions de l'Agence nationale de promotion des
investissements (ANPI) ne sont en rien similaires à ceux
envisagés pour l'API. Le rôle de l'ANPI, créée en
Conseil des ministres en octobre 2008, est d'offrir une aide financière
aux petites et moyennes entreprises nationales. Il s'agit donc plus d'un fonds
de soutien que d'une agence de promotion. Afin d'éviter toute confusion
avec la future agence de promotion des investissements, il serait donc utile de
rebaptiser l'ANPI. Le nom de Fonds de soutien aux investisseurs nationaux
serait probablement plus approprié et éviterait toute
confusion.
13) La Société
Financière de Garantie Interbancaire du Burkina (SOFIGIB)
La Société Financière de Garantie
Interbancaire du Burkina est une société burkinabé de
droit privé mise en place en 2006 conjointement par l'Etat et les
établissements de crédit (banques et établissements
financiers). Son actionnariat est à plus de 90% privé. C'est une
société de gestion de fonds de garantie dont la mission
principale est de faciliter l'accès au crédit bancaire au petites
et moyennes entreprises (PME) en offrant une garantie financière aux
banques et établissements financiers pour les crédits
sollicités par ces PME. L'Objectif visé étant de favoriser
la création et le développement des PME quant on sait qu'au
Burkina Faso, comme dans les autres pays de l'UEMOA, l'absence constitue un
obstacle majeur au financement des PME. Les produits offerts par la SOFIGIB aux
PME sont de trois ordres : (1) rendre bancables leurs dossiers de demande
de crédit, garantir les crédits sollicités, suivre
l'investissement et l'exploitation du projet pendant toute sa durée.
La SOFIGIB est érigée au rand
d'établissement financier, donc sous le contrôle de la Commission
Bancaire de l'UMOA, depuis le 31 décembre 2007. Avec ce dispositif les
créations d'entreprises et d'emplois devraient s'accroître dans
les prochaines années. Le Burkina Faso est le premier pays de l'UEMOA
à avoir créé un tel dispositif.
14) Les Ministères et
directions générales
Si leur fonction est d'abord de nature réglementaire et
d'élaboration de stratégies et politiques, divers
ministères et directions générales ont également un
rôle important à jouer en matière de promotion des
investissements étrangers. Sans être exhaustif, il convient de
mentionner la Direction générale de la promotion du secteur
privé et la Direction générale du développement
industriel au sein du Ministère du commerce, de la promotion de
l'entreprise et de l'artisanat ; la Direction générale de la
coopération au sein du Ministère des finances et du budget ; et
la Direction général des mines, de la géologie et des
carrières au sein du Ministère des mines, des carrières et
de l'énergie.
14) Articulation et
évaluation des structures existantes
Bien qu'il n'ait pas de structure dédiée
à la promotion des investissements étrangers, le Burkina Faso
dispose d'un nombre relativement important d'organismes impliqués d'une
manière ou d'une autre dans la « chaîne » de promotion
des IED, allant de la stratégie d'image du pays à
l'établissement dans le pays des investissements étrangers et
à leur développement. Certaines fonctions essentielles ne sont
cependant couvertes, alors que d'autres le sont de manière très
imparfaite ou insuffisamment coordonnée.
Tableau 3 :
Articulations des structures actuelles de promotion et de soutien aux
investissements
Source : CNUCED
En ce qui concerne l'accueil et la facilitation, il y a au
contraire une démultiplication des institutions puisque pas moins de six
institutions sont potentiellement impliquées. Cette dispersion dessert
le Burkina Faso, dans la mesure où elle augmente le nombre
d'interlocuteurs face aux investisseurs, ne favorise pas les synergies, et
impose un coût supplémentaire en termes administratifs. Cette
organisation n'est donc pas à même d'optimiser la simplification
des démarches administratives, comme désiré par le
Gouvernement. Dans ce sens également, le Burkina Faso reste encore loin
du principe du guichet unique, tel qu'il est appliqué dans un nombre
croissant de pays en développement.
En ce qui concerne le suivi des investisseurs, le Burkina Faso
ne dispose pas réellement de structure appropriée,
particulièrement en ce qui concerne les investisseurs étrangers.
La vocation de la Maison de l'entreprise est d'accompagner les petits
investisseurs dans le renforcement de leurs capacités au moyen d'un
soutien financier ou technique. Son objectif n'est pas d'inciter les
investisseurs étrangers à réinvestir au Burkina Faso, ni
de répondre à leurs problèmes éventuels dans le
cadre d'un « service après-vente ». Le Burkina Faso a par
contre mis en place un mécanisme relativement élaboré en
ce qui concerne le dialogue entre la communauté des affaires et le
Gouvernement. La réunion annuelle Gouvernement - secteur privé a
prouvé son utilité en vue de permettre au monde des affaires de
présenter ses « doléances ». De même, la CCI
cherche de manière relativement active à formuler des
propositions afin d'améliorer le cadre de l'investissement. Dans le
futur, le Conseil présidentiel pour l'investissement et l'observatoire
de la pratique des affaires devraient également être en mesure de
formuler des recommandations concernant le climat des affaires. Le
problème qui se pose en matière d'advocacy19(*) touche essentiellement
à la mise en application des recommandations qui reste lacunaire. Une
problématique nouvelle va également se poser en termes de
coordination une fois le CPI et l'observatoire de la pratique des affaires
créés.
III. PROPOSITION DE CADRE
INSTITUTIONNEL INTEGRE
La coordination entre toutes les structures de promotion et
d'attraction des investissements étrangers est essentielle pour assurer
le succès des efforts du Burkina Faso. De même, toutes les
synergies doivent être réalisées dans les efforts
d'amélioration du climat des affaires. Ceux-ci doivent également
être sous-tendus par une vision stratégique aussi bien quant aux
types d'IED à cibler qu'aux réformes du cadre de l'investissement
à mettre en place. Ces stratégies, synergies et coordinations ne
sont pour l'instant pas définies ou pas suffisantes dans le contexte
institutionnel actuel. Le chapitre suivant propose une vision
stratégique de l'amélioration du climat de l'investissement
basée sur une clarification et rationalisation des procédures
d'entrée et d'établissement des IED, une grande réforme
fiscale, une amélioration du cadre de la concurrence, une simplification
des procédures administratives et des efforts de facilitation plus
poussés. La création de l'API et du CPI est l'occasion pour le
Burkina Faso de mettre en place un cadre institutionnel intégré
dont les objectifs seront de :
· Promouvoir l'image du pays, attirer les IED et en
retirer les bénéfices en termes de développement ;
· Améliorer les structures de soutien aux
investisseurs et ainsi favoriser l'investissement dans son ensemble
(investissement étranger et national) ; et
· Mettre en place un système d'amélioration
continue du climat des affaires.
L'API et le CPI seront les éléments
fédérateurs de ce cadre intégré, qui exigera la
participation active de tous les acteurs impliqués dans la
problématique de l'investissement. Les contours exacts de l'API et du
CPI, de même que la coordination avec les autres institutions en charge
de l'investissement sont proposés dans les sections D et E. De
manière synthétique, le cadre intégré pourrait
être représenté comme indiqué dans la figure III. Un
tel cadre intégré exigera non seulement la mise en place de l'API
et du CPI tel que recommandé ci-dessous, mais également certains
changements au niveau des institutions existantes. Le rôle central et
fédérateur de l'API dans les six étapes, de la promotion
à l'advocacy, est clairement illustré. Le rôle des agences
existantes est indiqué pour chacune des étapes également.
Le CPI et les réunions annuelles Gouvernement - secteur privé
interviennent dans les phases d'advocacy et de stratégie, avec le
support et la coopération de l'API. Une explication plus
détaillée de chacune des fonctions et du travail qu'elles
impliquent est fournie dans le IV.
Figure 7. Cadre fonctionnel
intégré de promotion des investissements
Source : CNUCED
IV. L'AGENCE DE PROMOTION
DES INVESTISSEMENTS
L'agence de promotion des investissements devra devenir
l'élément central et fédérateur des efforts de
promotion et d'attraction des IED. Les mandats et objectifs que l'API devrait
assumer sont décrits ci-dessous. Une structure fonctionnelle et des
outils de travail sont ensuite proposés pour la future agence.
Des recommandations sont également proposées en
ce qui concerne les statuts de l'API et ses sources de financement. Enfin, la
problématique de la coordination entre l'agence et les autres
institutions est abordée.
A. STRATEGIE, MANDATS,
OBJECTIFS ET FONCTIONS
1) Stratégie
Le travail de l'agence de promotion des investissements devra
s'inscrire dans le cadre d'une stratégie nationale de promotion des IED,
qui reste à définir au Burkina Faso. La définition d'une
telle stratégie pourrait constituer une tâche prioritaire pour le
Conseil présidentiel pour l'investissement. Ceci impliquerait un triple
travail, soit : (1) l'identification de secteurs disposant du plus fort
potentiel d'attraction d'IED ; (2) l'identification de mesures et politiques
sectorielles à même d'encourager les IED dans ces secteurs et de
maximiser leur impact positif sur le développement ; et (3)
l'identification de réformes visant à améliorer le climat
général des affaires et à appuyer les stratégies
sectorielles.
Cette stratégie devra également se baser sur la
stratégie de développement industriel de 1998. Celle-ci
définit 12 filières prioritaires de développement, dont le
coton, les fruits et légumes, la viande et les cuirs et peaux. Il est
essentiel que les secteurs des services reçoivent également toute
l'attention qu'ils méritent dans l'élaboration de la
stratégie nationale de promotion des IED. Une fois cette
stratégie nationale élaborée, l'API aura également
besoin de préparer une stratégie opérationnelle propre.
Celle-ci visera à identifier les moyens et efforts à mettre en
oeuvre afin de réaliser au mieux les objectifs de la stratégie
nationale. Dans les deux cas, il sera important d'adopter des objectifs
réalistes qui cadrent avec le potentiel d'attractivité des IED.
La typologie des IED proposée ci-dessus pourrait également aider
à identifier la principale « clientèle » potentielle de
l'API et à adapter la stratégie en fonction.
La définition des mandats, fonctions et objectifs de
l'API est un élément de départ essentiel. Au vu de
l'expérience des API dans divers pays en développement, deux
questions préliminaires méritent d'être posées :
§ L'API doit-elle s'occuper de la promotion des IED et
des investissements nationaux ou des seuls IED ?
§ Est-il préférable de regrouper en une
seule institution la promotion des investissements étrangers et la
promotion des exportations ?
Ces questions n'ont pas de réponse sans
équivoque pour tout pays et toute situation. Si la majorité des
API se concentrent sur les IED, d'autres tels la Malaysian Industrial
Development Authority ou le Economic Development Board à Singapour sont
en charge de la promotion des investissements étrangers et nationaux.
Dans le cadre du Burkina Faso, il est préférable
que le mandat de la future API soit limité à la promotion des
IED, et que l'investissement national reste en dehors de son ressort. D'une
part, les « besoins » des investisseurs nationaux et étrangers
sont souvent très différents, ce qui justifie la
séparation des fonctions.
D'autre part, il n'est pas désirable de donner un
mandat trop vaste à une seule organisation, qui risquerait ainsi de
perdre son centre d'attention. Ils n'en reste pas moins que certains services
de l'API pourraient être offerts aussi bien aux investisseurs nationaux
qu'étrangers, et que certaines tâches seront
bénéfiques à tous les investisseurs. Il devrait en aller
ainsi des fonctions de facilitation (voir ci-dessous) et d'advocacy.
Dans le contexte du Burkina Faso, il est donc
recommandé que le mandat de l'API soit limité à la
promotion des investissements étrangers directs, en laissant la
promotion des investissements nationaux et des exportations à la Maison
de l'entreprise et à l'ONAC. Etant donné ce mandat, l'API devrait
définir sa mission et ses objectifs généraux, ce qui doit
permettre de focaliser l'API, et ultérieurement d'évaluer ses
performances. Etant donné le mandat défini ci-dessus, la mission
et les objectifs généraux pourraient être
précisés comme suit :
· Mission : promouvoir les
investissements étrangers directs au Burkina Faso et maximiser leur
impact positif sur le développement économique et social
durable.
· Objectifs :
· Promouvoir le Burkina Faso comme destination de choix
des IED en Afrique de l'ouest, en particulier dans la zone UEMOA et la CEDEAO
;
· Attirer les IED afin de favoriser la création
d'emploi et de valeur ajoutée ; de promouvoir l'intégration du
Burkina Faso dans l'économie mondiale ; d'opérer des transferts
de compétences, de savoir-faire et de technologies ;
· Promouvoir les réinvestissements ;
· Promouvoir l'intégration des IED dans
l'économie locale ;
· Assurer un rôle de facilitation des
investissements ;
· Améliorer le climat des affaires.
2) Fonctions
Les fonctions de l'API du Burkina Faso devraient s'articuler
autour de cinq tâches principales. Ces fonctions détermineront le
travail et la structure opérationnelle de l'agence. Elles sont communes
à la majorité des agences de promotion des investissements de par
le monde. Les circonstances spécifiques de chaque pays exigent cependant
d'accorder un poids plus ou moins important à chacune de ces fonctions
au sein de l'API. Ces fonctions sont expliquées ci-dessous, de
même que l'importance relative qu'elles devraient prendre dans le cadre
de l'API du Burkina Faso.
La promotion et l'image cherchent à promouvoir l'image
générale du pays auprès de la communauté
internationale des investisseurs. Les campagnes de marketing peuvent
s'avérer particulièrement nécessaires pour des pays dont
l'image internationale est soit très peu marquée, soit
relativement négative ou focalisée sur des
événements défavorables. De telles campagnes peuvent
s'avérer extrêmement coûteuses, et leur impact sur les flux
d'IED n'est pas facilement mesurable.
Dans le cas du Burkina Faso, la fonction « promotion et
image » de l'API devra rester relativement modeste dans un premier temps,
aussi bien en terme de budget que de ressources humaines. Une grande campagne
d'image n'est pas nécessaire à ce stade et s'avérerait par
trop coûteuse et aléatoire en termes de résultats. Un ordre
de grandeur d'environ 10 pour cent des ressources (financières et
humaines) semble adéquat.
3) Structure fonctionnelle,
outils de travail et personnel
Sur la base des mandats, objectifs et fonctions
proposés pour l'API ci-dessus, il est souhaitable de l'organiser autour
de trois départements opérationnels, auxquels s'ajoute un
département administratif :
· Le département de la promotion, de l'image, du
ciblage et de l'accueil ;
· Le département de la facilitation et du suivi,
qui regroupe le guichet unique ;
· Le département de l'advocacy, qui opère
également comme le secrétariat du Conseil présidentiel
pour l'investissement.
Figure 8 : Structure
fonctionnelle de l'API
Source : CNUCED
Etant donné les missions et fonctions imparties
à l'agence, un personnel d'environ 27 personnes, non compris les
secrétaires, semble approprié. Un tel chiffre cadre
également avec le personnel engagé dans bon nombre d'API dans les
PMA. La taille de l'agence pourrait également évoluer dans le
futur en fonction des besoins et de l'évolution des flux d'IED.
B- UN EFFORT NATIONAL DE
PROMOTION DES INVESTISSEMENTS
Le Burkina Faso a engagé des efforts
d'amélioration du cadre de l'investissement depuis quelques
années. Ces efforts doivent être poursuivis et intensifiés
afin de favoriser le développement du secteur privé et des IED.
Au-delà des réformes réglementaires, il est important
également que le Burkina Faso mette en place les institutions
adaptées pour promouvoir l'investissement et les IED de manière
proactive. La concurrence globale en termes d'attraction des IED est telle
qu'un pays comme le Burkina Faso ne peut pas se contenter d'améliorer le
climat de l'investissement sans adopter dans le même temps une politique
proactive de communication et de facilitation des investissements.
La création de l'API et du CPI devrait permettre au
Burkina Faso de mettre en place une politique proactive de communication, de
promotion, de facilitation et de soutien des investissements étrangers
et nationaux, ainsi que de renforcer les efforts d'amélioration du
climat des affaires dans le cadre d'un dialogue constructif entre les secteurs
public et privé. Il est essentiel que la politique de promotion des
investissements (y compris les IED) et de l'amélioration du climat des
affaires s'inscrive dans le cadre d'une stratégie nationale et
coordonnée. Le rôle du CPI du point de vue de la définition
de cette stratégie globale sera essentiel.
Du point de vue opérationnel, la future API devra jouer
un rôle fédérateur et coordonner les efforts de tous les
agents impliqués dans la promotion des IED. Si elle devra prendre le
leadership en la matière, il est essentiel que l'effort de promotion
soit organisé de manière cohérente et coordonnée au
niveau national. Le travail de promotion et de facilitation, en particulier, ne
pourra être effectif et efficace que si toutes les administrations en
charge de réguler les activités d'investissement adoptent une
attitude de facilitation et pas uniquement de contrôle. De même,
l'API devra travailler en étroite collaboration avec le BUMIGEB, la CCI,
l'ONAC ou l'ONTB, entre autres. La coordination et la cohérence des
efforts de promotion des investissements demandent une certaine consolidation
des institutions existantes. C'est dans cet objectif que l'intégration
du CEFORE et de certaines fonctions CGU dans la future API est
recommandée. C'est également dans cette perspective que le
rapprochement de calendrier de réunions du CPI et de la réunion
annuelle Gouvernement - secteur privé et la fusion des groupes de
travail des deux structures est nécessaire.
CHAPITRE V :
CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
Le Burkina Faso a jusqu'il y a peu de temps attiré peu
d'investissements étrangers directs, dont une partie significative
liée au processus de privatisation. Ces investissements ont
été majoritairement de tailles modestes et orientées vers
la production de marchandises ou la fourniture de services pour le
marché local. Bien que les flux d'IED aient été
limités, leur impact a malgré tout été positif,
dans la mesure où les investisseurs étrangers ont
créé de l'emploi formel et de la valeur ajoutée locale.
Ces dernières années, les IED dans le secteur des
télécommunications ont également permis le
développement de services de téléphonie mobile et
d'Internet fiables et compétitifs au niveau régional.
Depuis quelques années, les IED dans le secteur des
mines ont également enregistré une forte tendance à la
hausse, dans un premier temps en termes de prospection et de recherche, et plus
récemment en termes d'exploitation. Cette tendance illustre à la
fois le potentiel minier du Burkina Faso, et la mise en place d'un cadre
réglementaire favorable au développement du secteur. Si les IED
dans les secteurs des télécommunications et des mines sont
à la base d'une forte augmentation des flux, ils n'en reste pas moins
que les investissements étrangers en dehors de ces deux secteurs restent
très limités. Les défis et contraintes structurelles
auxquels le Burkina Faso fait face restent également majeurs. Les
capacités de production sont limitées par les faiblesses en
termes d'infrastructures (transport, électricité, eau et
assainissement) et de capital humain. De même, l'enclavement impose un
surcoût pour toutes les opérations liées au commerce
international.
Malgré ces contraintes, le Burkina Faso dispose du
potentiel pour attirer des flux d'IED plus importants, pour diversifier leur
nature (au-delà des mines et télécommunications) et pour
augmenter leur impact sur le développement et la réduction de la
pauvreté. De tels résultats exigeront des efforts à
plusieurs niveaux. D'une part, il est essentiel que le Gouvernement intensifie
ses efforts pour améliorer le niveau d'éducation et de formation
de la population. La communauté internationale devra également
continuer son soutien au Burkina Faso dans le développement des
infrastructures physiques, dans la mesure du possible en recherchant les
partenariats secteur public - secteur privé.
D'autre part, il apparaît clairement que le potentiel
d'attraction du Burkina Faso est limité par la petite taille de son
marché et son enclavement. Il est donc essentiel que
l'intégration au sein de l'UEMOA et de la CEDEAO soit poursuivie et
intensifiée. La création d'un espace économique et
politique régional est sans conteste un des outils disponibles pour tous
les pays de la région en vue de dépasser le problème de
taille et d'enclavement.
Le potentiel de développement des IED est donc encore
insuffisamment exploité au Burkina Faso. Si les grandes contraintes
structurelles ne trouveront pas de solution complète à court
terme, un certain nombre de mesures pourraient être adoptées afin
d'attirer un surcroît d'investissements étrangers et de maximiser
leur impact sur le développement. Les mesures recommandées dans
ce rapport s'articulent autour de deux axes : premièrement, un axe
réglementaire, et deuxièmement un axe institutionnel. Ces deux
axes sont développés ci-dessous, et les principales
recommandations sont reprises sous forme matricielle et de plan d'action.
I- AXE REGLEMENTAIRE
L'amélioration de la réglementation du secteur
des mines ces dernières années et l'augmentation rapide des
investissements dans la prospection, la recherche et l'exploitation qui s'en
est suivie indique que des réformes d'ordre réglementaire peuvent
avoir des effets rapides et significatifs sur l'activité
économique dans des secteurs porteurs de potentiel. Sans s'attendre
à ce qu'elles génèrent de toute pièce du potentiel
économique, des réformes au cadre général de
l'investissement sont nécessaire pour favoriser l'éclosion d'un
secteur privé plus dynamique et florissant, appuyé par des flux
d'IED plus diversifiés et soutenus.
Les réformes réglementaires qui sont le plus
susceptibles d'avoir un impact significatif sur l'investissement et
l'attractivité du Burkina Faso en tant que destination pour les IED sont
les suivantes.
1) Entrée,
établissement et protection des IED
Le Burkina Faso a adopté une politique d'ouverture de
fait quasi-totale aux IED depuis plus d'une décennie. Il n'en reste pas
moins que des bases légales persistent qui permettraient au Gouvernement
d'ériger des barrières relativement arbitraires aux IED. De
même, certains éléments du Code des investissements
mériteraient d'être améliorés. La révision du
Code envisagée par le Gouvernement devrait être l'occasion de
mieux asseoir la base légale de la politique d'ouverture aux IED et
d'apporter ainsi plus de certitude aux investisseurs sur le long terme. Les
principales modifications à apporter sur le régime
d'entrée, d'établissement et de protection des IED devraient
porter sur les éléments suivants :
§ L'élimination de la procédure
d'autorisation préalable à l'investissement et son remplacement
par un système déclaratif. La réalisation de tout
investissement resterait bien entendu assujettie à l'obtention des
licences nécessaires (mines, télécommunication,
étude d'impact environnementale ou autres).
§ L'élimination de la « carte de
commerçant étranger » et de l'apport de capital minimum pour
les investisseurs étrangers. Cette dernière exigence n'est pas
appliquée et ne constitue pas un filtre efficace pour s'assurer que
l'investissement est bénéfique au développement du Burkina
Faso.
§ La définition de restrictions sectorielles
à l'entrée des IED que le Burkina Faso désirerait
conserver,en remplacement des barrières potentielles mises en place sous
le régime de la « carte de commerçant étranger
». Les secteurs éventuellement fermés devraient être
définis de manière claire et précise et être
relativement limités.
§ Le renforcement des dispositions du Code des
investissements touchant aux garanties de transfert de capitaux pour les
étrangers, le règlement des différends entre investisseur
et l'Etat, et les garanties de protection et de compensation contre les
expropriations et nationalisations.
2) Un cadre fiscal et douanier
efficace et attractif
La fiscalité d'entreprise et la mise en oeuvre du
régime douanier sont des barrières importantes à
l'attractivité du Burkina Faso. Ces éléments limitent non
seulement l'attractivité du pays pour les nouveaux investisseurs, mais
ne favorisent pas non plus le réinvestissement par les investisseurs
étrangers déjà présents au Burkina Faso. Deux
grands problèmes se posent au niveau de la fiscalité
d'entreprise. D'une part, le système fiscal ne permet pas d'assurer un
niveau de recettes fiscales satisfaisant pour le Gouvernement. D'autre part, il
n'est pas non plus suffisamment incitatif pour les investisseurs, en partie en
conséquence de sa complexité, de sa lourdeur administrative, et
de la mauvaise structuration du régime des incitations fiscales.
Ces faiblesses en matière de fiscalité
d'entreprise ont été reconnues par le Gouvernement, ce qui l'a
incité à adopter un document cadre de stratégie de
réforme fiscale fin 2008. Ce document indique une volonté claire
de simplifier la fiscalité d'entreprise, de rationaliser les incitations
fiscales et d'améliorer la gestion de l'impôt. Une refonte en
profondeur du Code des impôts est donc préconisée ici afin
de mettre en place un système qui soit à la fois attractif et
incitatif pour les investisseurs et qui permette au Gouvernement de collecter
un niveau raisonnable de recettes fiscales. Une telle refonte demanderait
à la fois une reformulation complète du régime de droit
commun, et une révision complète du régime des incitations
fiscales à l'investissement, qui ne donne pas satisfaction à
l'heure actuelle. Elle s'appuierait sur les éléments suivants
:
§ Un régime de droit commun (hors incitations)
attractif et compétitif au niveau régional.
§ Un régime d'incitations adapté aux
objectifs de développement du Burkina Faso, ciblé et sujet
à une analyse coût/bénéfice : les incitations ne
doivent pas « compenser » un régime de droit commun
défavorable, et ne méritent d'être adoptées que dans
la mesure où elles permettent la réalisation d'investissements
qui n'auraient pas lieu par ailleurs.
§ Une évaluation du régime fiscal et de son
attractivité dans son ensemble, et pas seulement basée sur un ou
deux indicateurs de taux : régime d'amortissement, report de pertes,
impact sur le cash-flow, complexité et lourdeur administrative.
§ Un régime clair, prévisible et
impartial.
Concrètement, la mise en place d'un régime
fiscal correspondant aux éléments définis ci-dessus
exigerait une refonte complète du Code des impôts et impliquerait
de :
· Mettre en place un impôt sur les
sociétés moderne en remplacement de l'actuelle méthode
cédulaire du calcul de l'impôt. L'impôt sur les
sociétés remplacerait aussi bien le BIC que le NC.
§ Eliminer l'IMF afin d'aider les entreprises à
améliorer leur cash-flow, ou à tout le moins permettre que si les
paiements au titre de l'IMF dépassent le montant dû au titre du
BIC, l'excédent soit reporté sur l'exercice fiscal suivant ou
fasse l'objet de compensation au titre d'un autre impôt.
§ Mettre en place un régime fiscal de droit commun
attractif et compétitif, ce qui impliquerait de :
o Baisser le taux de base de l'impôt sur les
sociétés à 25 pour cent ;
o Permettre un report de pertes illimité ;
o Permettre des amortissements plus rapides ; et
o Repenser le système des incitations fiscales. Le
régime des agréments pose problème essentiellement en
raison de sa nature potentiellement arbitraire, du lien ténu entre
incitation fiscale et décision d'investir, du rapport
coût/bénéfice, et de l'adéquation entre les
incitations et les objectifs de développement du Burkina Faso. Il
conviendrait en remplacement de mettre en place un système d'incitations
fiscales limitées et ciblées. Ces incitations devraient
être rendues aussi automatiques que possibles en étant
liées à la nature de l'opération.
o Rationaliser un certain nombre d'impôts et
éliminer certaines retenues à la source en vue de réduire
la charge administrative imposée aux entreprises et à la DGI.
o Introduire un taux de TVA de 0 pour cent, qui s'appliquerait
à toutes les opérations d'exportation, aussi bien de marchandises
que de services. Il conviendrait également de permettre le remboursement
des crédits de TVA pour les entreprises en phase d'établissement
ou d'expansion.
o Simplifier et réduire au maximum les
procédures nécessaires au paiement de l'impôt, y compris au
travers d'une informatisation plus poussée des services de la DGI.
Il est en outre important que le Burkina Faso améliore
sensiblement la gestion des douanes, tant sur le plan administratif
(informatisation et profilage) qu'en matière de respect des
barrières douanières (lutte contre la contrebande) ou au niveau
de la corruption. Ceci appelle donc une mise en application plus
complète du système SYDONIA développé par la
CNUCED.
3) Une meilleure administration
et gouvernance
Les lourdeurs administratives et la corruption constituent un
frein important aux investissements. Conscient de cela, le Gouvernement s'est
engagé dans un processus de simplifications administratives avec le
soutien de ses partenaires techniques et financiers au travers du programme
« Doing Business Better ». Cette initiative mérite
d'être perpétuée et renforcée au travers d'un large
programme d'identification des licences et/ou procédures administratives
redondantes, inutiles ou qui peuvent être simplifiées. Un groupe
de travail pourrait être établi avec un tel mandat.
A terme, il est important que le Burkina Faso s'engage
également dans la mise en place d'un programme de e-gouvernance. Un tel
programme devrait s'appliquer en priorité à l'administration des
impôts (impôt sur les sociétés et TVA) et aux douanes
- dont l'informatisation n'est encore que partielle - avant de toucher au
cadastre et aux autres administrations en rapport direct avec les
investisseurs. La CNUCED contribue actuellement à mettre en place un tel
système de e-gouvernance dans plusieurs pays, dont le Guatemala, le Mali
et le Viet Nam.
Il est important également que le Burkina Faso renforce
ses efforts de lutte contre la corruption, qui est une des contraintes majeures
à l'investissement, y compris dans la mesure où elle favorise une
concurrence déloyale entre le secteur formel et le secteur informel. La
e-gouvernance peut aider à lutter contre la corruption de faible
ampleur, tandis qu'une lutte efficace contre la corruption serait
favorisée par l'adoption d'un cadre légal spécifique
exigeant, par exemple, plus de transparence au niveau des avoirs des hauts
fonctionnaires et définissant des sanctions d'ordre pénal pour un
certain nombre de pratiques de corruption.
La mise en place de chartes client au sein des principales
administrations et services publics en rapport avec les investisseurs pourrait
également être utile. De telles chartes client ont
déjà été mises en place dans divers pays d'Afrique
avec l'assistance technique de la CNUCED. Elles permettent de promouvoir une
culture de service au sein de l'administration publique, d'établir un
standard de traitement, et de clairement afficher les coûts liés
à certains services ou licences.
4) L'intégration
régionale et la concurrence au service du développement
Le Burkina Faso est un marché trop limité pour
pouvoir attirer à lui seul des investissements étrangers à
la fois importants et diversifiés, en dehors de l'exploitation des
ressources naturelles. En conséquence, le renforcement de
l'intégration régionale au sein de l'UEMOA se doit de continuer
de figurer parmi les priorités du Gouvernement. La position du Burkina
Faso au sein et au centre géographique de l'UEMOA doit aussi constituer
un élément central des arguments de promotion du pays comme
destination pour les investisseurs étrangers.
La problématique de la concurrence revêt une
importance particulière dans un contexte de hausse des cours mondiaux
des denrées alimentaires de base et de lutte contre « la vie
chère ». Une politique de concurrence adéquate doit aussi
permettre d'optimiser l'impact des IED sur le développement
économique. Il est donc essentiel que le Burkina Faso mette en place une
politique et une réglementation de la concurrence en adéquation
avec ses besoins.
La majorité des compétences en matière de
concurrence ayant été transférée au niveau de
l'UEMOA, le Burkina Faso devra travailler avec ses partenaires régionaux
afin de réaliser ses objectifs en termes de politique et de
réglementation de la concurrence. D'un point de vue
réglementaire, les questions de concurrence relevant uniquement du
marché local et sans impact sur le commerce communautaire pourraient
être à nouveau décentralisées au niveau national,
afin d'éviter l'éloignement actuel entre l'autorité
compétente et les faits dont elle est saisie. Il pourrait
également être envisagé de mettre en place un régime
spécial de concurrence pour le secteur agricole afin de promouvoir le
développement des capacités de production de denrées
alimentaires au travers d'un soutien plus appuyé à
l'investissement dans le secteur. D'un point de vue institutionnel, il est
important que les capacités de l'autorité nationale et de la
Commission de l'UEMOA soient sensiblement renforcées. Le respect des
règles de concurrence dans des secteurs déterminants pour le
climat des affaires et les coûts de production dans la région
(transports routiers, aériens, logistique portuaire et
aéroportuaire, télécommunications) est essentiel au
développement des entreprises et du secteur privé. Un tel respect
exige une surveillance renforcée des marchés et des conditions de
concurrence.
5) Contraintes
générales au développement des capacités de
production
Les faiblesses en termes d'infrastructures physiques et
humaines constituent un frein majeur au développement des
capacités de production et à la compétitivité des
entreprises, comme dans de nombreux pays d'Afrique. S'il n'est pas du ressort
de cet examen de proposer des politiques générales dans ce
domaine, des pistes peuvent être lancées, y compris en ce qui
concerne le rôle potentiel joué par les investisseurs
étrangers.
D'une part, l'intégration régionale devrait
constituer un outil important de lutte contre les contraintes et surcoûts
imposés par l'enclavement. La simplification des procédures de
commerce et de transport au niveau régional peut apporter des
bénéfices réels et améliorer la
compétitivité du Burkina Faso. Le développement
d'infrastructures intégrées au niveau régional (transport,
électricité) offre également la possibilité de
solutionner certaines contraintes structurelles. Les IED ont déjà
largement contribué au développement des infrastructures de
télécommunications, et le potentiel futur est important, plus
particulièrement dans le domaine de l'accès à Internet et
aux télécommunications internationales. En termes
d'infrastructures de transport et d'électricité, le potentiel
d'attraction des IED est très limité et beaucoup plus
compliqué à mettre en oeuvre. Il convient cependant de poursuivre
les réformes du cadre réglementaire du secteur de
l'électricité pour permettre, à terme, l'introduction de
producteurs indépendants. Il importe également que le Burkina
Faso pense dès à présent au potentiel de
développement d'infrastructures que l'émergence d'un secteur
minier de taille importante pourrait apporter.
La viabilité économique et financière de
certaines infrastructures pourrait effectivement être assurée par
les besoins de certaines mines, et des partenariats secteur public - secteur
privé pourraient être envisageables dans le futur. Une
intégration régionale plus poussée devrait
également se concevoir comme une manière de diminuer les
contraintes en termes de capital humain. Si la libre circulation des personnes
et des travailleurs au sein de l'UEMOA est une chose acquise dans le principe,
des efforts supplémentaires sont nécessaires pour faciliter cette
libre circulation, y compris en termes de reconnaissance de diplômes et
de qualifications. A terme, il pourra aussi être utile que le Burkina
Faso révise les règles d'attribution de permis de travail pour
les étrangers hors UEMOA afin de faciliter au maximum l'accès aux
compétences non disponibles régionalement. Il n'en reste pas
moins que le développement des capacités humaines à long
terme passe avant tout par une politique d'éducation énergique et
en adéquation avec les besoins de l'économie (y compris la
formation technique et professionnelle).
II- AXE INSTITUTIONNEL :
MISE EN PLACE D'UN CADRE INTEGRE
L'augmentation des flux d'investissements étrangers, en
particulier en dehors du secteur des mines, exige non seulement une
amélioration du cadre de l'investissement, mais aussi une politique
proactive de promotion des IED. Conscient de cette double
nécessité de réformes du climat des affaires et de
promotion des investissements, le Gouvernement a décidé de mettre
en place un cadre institutionnel intégré. Celui-ci sera
articulé autour d'une agence de promotion des investissements et du
Conseil présidentiel pour l'investissement.
L'API aura comme rôle principal la promotion et la
facilitation des IED, alors que le CPI aura pour fonction de favoriser
l'amélioration du climat des affaires et de définir une
stratégie d'attraction des IED. Ces deux nouvelles structures devraient
travailler en étroite collaboration, et s'intégrer dans le cadre
institutionnel existant. Du point de vue opérationnel, il est
suggéré que l'API joue un rôle fédérateur et
de coordination des efforts de tous les agents impliqués dans la
promotion des IED au Burkina Faso.
Les efforts de promotion des IED devraient s'inscrire le long
de sept étapes principales : (1) la promotion et l'image ; (2) le
ciblage et l'accueil ; (3) la facilitation ; (4) les licences et la supervision
; (5) le suivi ; (6) l'advocacy ; et (7) la stratégie et la
politique.
1) L'agence de promotion des
investissements
En tant qu'institution fédératrice des efforts
de promotion des IED, l'API devra jouer un rôle primordial de
coordination des efforts de promotion entre les structures existantes, telles
que le BUMIGEB, la CCI, la Maison de l'entreprise ou l'ONAC. Il est
également utile qu'un certain degré de consolidation soit
opéré, notamment au travers de la création d'une fonction
de guichet unique au sein de l'API, qui regroupe et fusionne les fonctions
actuellement réalisées par le CEFORE et le CGU. Bien que l'API
serait focalisée sur les IED, la fonction de guichet unique serait
accessible aussi bien aux investisseurs nationaux qu'étrangers.
Il est recommandé que l'API soit structurée
autour de trois départements :
· Promotion et accueil : ce
département serait en charge de la politique de promotion et d'image
générale du Burkina Faso auprès de la communauté
internationale des investisseurs. Il serait également en charge du
ciblage et de l'accueil des investisseurs potentiels. Ce département
occuperait environ un quart des ressources de l'agence.
· Facilitation et suivi : ce
département comprendrait le guichet unique et une cellule de suivi. Le
guichet unique permettrait aux investisseurs aussi bien étrangers que
nationaux d'effectuer un nombre limité de démarches
nécessaires à la création d'une entreprise, y compris
celles centralisées au CEFORE à l'heure actuelle. En tant que
facilitateur, ce département serait également en charge d'aider
les investisseurs à obtenir les autorisations nécessaires
auprès des autres administrations. Une cellule de suivi offrirait aux
investisseurs étrangers déjà installés le soutien
dont ils pourraient avoir besoin et chercherait à promouvoir les
réinvestissements et expansions. Ce département occuperait un peu
plus de la moitié des ressources de l'agence.
· Advocacy et secrétariat du CPI :
ce département serait en charge de promouvoir
l'amélioration du climat des affaires en identifiant les
problèmes et en proposant des solutions. Il servirait également
de secrétariat au CPI, dont le rôle principal sera de proposer et
favoriser la mise en oeuvre de réformes au climat des investissements.
Ce département occuperait un peu moins du quart des ressources de
l'agence.
Il est souhaitable que l'API ait le statut d'agence publique
autonome. Ceci lui donnerait la flexibilité, la stabilité et
l'indépendance nécessaires à son travail. Il est
également souhaitable que l'agence soit supervisée par un conseil
d'administration. Les membres de ce dernier devraient émaner aussi bien
du secteur public que du secteur privé. Des représentants de la
Présidence, des principaux ministères techniques, du BUMIGEB, de
la CCI et de l'ONAC devraient siéger au sein du conseil d'administration
afin non seulement de promouvoir a cohérence et la coordination des
efforts de promotion des investissements, mais aussi d'assurer une ligne de
communication directe avec les organes en charge de diriger la politique
d'investissement du pays.
2) Le conseil
présidentiel pour l'investissement
Le CPI devra avoir un rôle moteur dans le processus
d'amélioration du climat des affaires et dans la définition de la
stratégie d'investissement du Burkina Faso. Au-delà d'un
mécanisme de dialogue entre le Président et le secteur
privé, l'utilité du CPI résidera principalement dans les
améliorations concrètes de la politique et du climat de
l'investissement qu'il pourra engendrer. Il est donc essentiel que le CPI soit
concentré sur des objectifs opérationnels clairs et
mesurables.
Dans cette perspective, il est recommandé que le CPI
mette en place des groupes de travail dont l'objectif principal sera d'assurer
la mise en oeuvre des recommandations élaborées par les
séances plénières. De tels groupes de travail exigeront un
soutien logistique et technique. Ce rôle devrait être assuré
par l'API, qui assumerait l'ensemble de la fonction de secrétariat du
CPI. L'API, grâce à ses contacts réguliers et
rapprochés avec la communauté des investisseurs devrait en effet
être idéalement placée pour assurer cette fonction, et pour
contribuer activement au processus d'advocacy.
Il est essentiel que le travail du CPI soit coordonné
avec celui réalisé dans le contexte des rencontres annuelles
Gouvernement - secteur privé. Etant donné la nature distincte de
ces deux structures de dialogues entre le secteur public et le secteur
privé, il est souhaitable qu'ils soient tous les deux
pérennisés. Dans le même temps, une cohérence doit
être assurée entre les plans d'action. Il est donc
recommandé que les réunions annuelles soient organisées
dans la foulée des réunions du CPI. Plus important encore, il est
recommandé que les groupes de travail du CPI et les comités
paritaires créés dans le cadre des rencontres annuelles soient
fusionnés.
Il est également souhaitable que le nombre de groupes
de travail soit relativement limité, chacun étant en charge d'une
thématique particulièrement importante pour la promotion des
investissements. Un certain nombre de thèmes principaux semblent pouvoir
se dégager, dont :
§ L'élaboration d'une stratégie
d'attraction des IED et de politiques sectorielles associées ;
§ La gouvernance ;
§ Les infrastructures ;
§ La fiscalité, les douanes et la concurrence ;
§ Les mines et l'agro-industrie.
III. UNE STRATEGIE DES IED
ET MAXIMISATION D'IMPACT
Le Burkina Faso ne dispose pas pour le moment d'une
stratégie spécifique de promotion des IED. Une telle
stratégie serait néanmoins utile pour encadrer le travail de la
future agence de promotion des investissements, dont la création a
d'ores et déjà été décidée par les
autorités (section B). Il appartiendrait à cette stratégie
de déterminer les secteurs clés qui feraient l'objet d'une
campagne de promotion proactive. Il y aurait lieu également de
définir certaines politiques sectorielles visant à promouvoir
l'investissement étranger, que ce soit au travers de mesures de
promotion, de ciblage, de soutien ou encore d'incitations fiscales.
Il est également important que le Burkina Faso engage
une réflexion quant à la manière d'optimiser l'impact des
IED sur le développement et sur la réduction de la
pauvreté. Une telle démarche est particulièrement
importante en ce qui concerne les investissements dans le secteur des mines,
qui ont récemment pris une importance majeure. Le potentiel de
développement de ces investissements miniers est important. Il convient
cependant d'adopter des politiques visant non seulement à
contrôler et éviter les impacts négatifs (sur les
communautés locales ou sur l'environnement), mais aussi à
favoriser l'éclosion des activités industrielles ou de services
associées. Le développement du secteur minier pourrait
également permettre de développer certaines infrastructures
(transport et électricité en particulier) en assurant leur
rentabilité. Il importe également que le gouvernement adopte des
politiques visant à diversifier et pérenniser les
activités dans les zones minières, de sorte que l'activité
économique ne cesse pas au moment de la fermeture de la mine.
ABREVIATIONS
ACP Afrique, Caraïbes,
Pacifique
ADPIC aspects des droits de
propriété intellectuelle qui touchent au commerce
AGOA African Growth and Opportunity
Act
AMAPI Association mondiale des
agences de promotion de l'investissement
AMGI Agence
multilatérale de garantie des investissements
ANPE Agence nationale pour
l'emploi
ANPI Agence nationale de
promotion des investissements
AOF Afrique Occidentale
Française
APE accord de partenariat
économique
API Agence de promotion des
investissements
APPI accord de promotion et de
protection des investissements
ARTEL Autorité nationale de
régulation des télécommunications du Burkina
BCEAO Banque centrale des Etats de
l'Afrique de l'ouest
BIC bénéfices
industriels et commerciaux
BNC bénéfices des
professions non commerciales
BOAD Banque ouest-africaine de
développement
BRAKINA Brasserie du Burkina
BUMIGEB Bureau des mines et de la
géologie du Burkina
CAMCO Centre d'arbitrage, de
médiation et de conciliation à Ouagadougou
CBC Conseil burkinabé des
chargeurs
CCI Chambre de commerce et
d'industrie
CDD contrat à durée
déterminée
CDI contrat à durée
indéterminée
CEAO Communauté
économique de l'Afrique de l'Ouest
CEDEAO Communauté économique
des Etats de l'Afrique de l'ouest
CEFAC Centre de facilitation des actes
de construire
CEFORE Centre de formalités des
entreprises
CEMAC Communauté économique
et monétaire de l'Afrique centrale
CES Conseil économique et
social
CFA Communauté
Financière Africaine
CFDT Compagnie française pour
le développement des textiles
CGU Centre des guichets uniques
CIRDI Centre international pour le
règlement des différends
CNCC Commission nationale de la
concurrence et de la consommation
CNI Commission nationale des
investissements
CNSS Caisse nationale de
sécurité sociale
CNUCED Conférence des nations unies
pour le commerce et le développement
CPI Conseil présidentiel
pour l'investissement
CSLP Cadre stratégique de lutte
contre la pauvreté
DGI Direction
générale des impôts
FIBCF formation intérieure brute
de capital fixe
FMI Fonds monétaire
international
FOB free on board
GAFI General Authority for
Investment and Free Trade Zones
GATT General Agreement on Tariffs and
Trade
GRC gestion de la relation
client
IDH indice de
développement humain
IED investissement
étranger direct
IMF impôt minimum
forfaitaire
INSD Institut national de la
statistique et de la démographie
IRC impôt sur le revenu
des créances
IRVM impôt sur le revenu des
valeurs mobilières
Km kilomètre
Km2 kilomètre
carré
MIC mesures concernant
l'investissement et liées au commerce
MW mégawatts
NPF nation la plus
favorisée
OAPI Organisation africaine de la
propriété intellectuelle
OHADA Organisation pour l'harmonisation en
Afrique du droit des affaires
OIF Organisation Internationale
de la Francophonie
OMC Organisation mondiale du
commerce
ONAC Office national du commerce
extérieur
ONATEL Office national des
télécommunications
ONTB Office national du tourisme du
Burkina
PACDE Projet d'appui à la
compétitivité et au développement de l'entreprise
PIB produit intérieur
brut
PMA pays moins avancé
PNUD Programme des nations unies pour
le développement
PVD : Pays en Voie de
Développement
R&D recherche et
développement
RIEPA Rwanda Investment and Export
Promotion Agency
SIREX Société
d'ingénierie et de réalisations à l'exportation
SMIG salaire minimum
interprofessionnel garanti
SOFIGIB Société
Financière de Garantie Interbancaire du Burkina
SOFITEX Société
burkinabé des fibres textiles
SONABEL Société nationale
d'électricité du Burkina
SYSCOA système comptable
ouest-africain
TEC tarif extérieur
commun
TVA taxe sur la valeur
ajoutée
UA : Union Africaine
UE Union européenne
UEMOA Union économique et
monétaire ouest-africaine
UIA Uganda Investment Authority
UIT Union internationale des
télécommunications
UMOA : Union Monétaire
Ouest-Africaine
Annexe : Carte du Burkina Faso
Table des
illustrations
Figure 2. Composition du PIB par secteur
d'activité, 1985-2006
- 20 -
Figure 3: Structure des exportations, 1999-2005
- 24 -
Figure 4 : Structure des importations,
1999-2005
- 25 -
Figure 5 : Flux d'IED au Burkina Faso,
1980-2007
- 28 -
Figure 6: Flux d'IED au Burkina Faso et autres pays
enclavés de la zone franc, 1980-2007
- 31 -
Tableau 1 : Flux comparatifs d'IED pour certains
pays ou régions, 1991-2007
32
Tableau 2 : Flux entrants d'IED par
région, 2004-2007
59
Tableau 3 : Articulations des structures
actuelles de promotion et de soutien aux investissements
68
Figure 7. Cadre fonctionnel intégré
de promotion des investissements
70
BIBLIOGRAPHIE et WEBOGRAPHIE
CNUCED, Examen de la politique
d'investissement du Burkina Faso (Genève, 2009).
136 pages. UNCTAD/DIAE/PCB/2009/4
www.cp-investburkina.bf,
novembre 2010
www.ccia.bf, site Chambre de
Commerce et d'Industrie du Burkina, novembre 2010
www.me.bf, novembre 2010
http://investir-bf.info/,
novembre 2010
www.izf.net , vestir en zone franc,
novembre 2010
www.unctad.org/, novembre
2010
www.wikipedia.org, novembre
2010
http://fr.wikipedia.org, novembre
2010
* 1 Pays en Voie de
Développement. Terme désignant le retard de développement
des « pays pauvres » par rapport au niveau actuel de
développement atteint par les pays occidentaux dits « pays
développés » ou « pays
industrialisés ». Autres appellations similaires : pays
sous-développés, Pays les Moins Avancés (PMA), pays du
tiers monde, pays émergents.
* 2 Retombées
économiques
* 3 Pays occidentaux, pays
industrialisés
* 4 Sources : CNUCED, base de
données FDI/TNC, et Banque mondiale
* 5 Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine (regroupe huit pays : le Burkina Faso, le
Bénin, la Côte d'Ivoire, le Mali, le Niger, le
Sénégal, le Togo et la Guinée-Bissau)
* 6 Langue des Peuls, une ethnie
du Burkina FAso
* 7 Langue des Mossé,
ethnie majoritaire au Burkina Faso
* 8 L'empire des Moss ou
territoire des Mossi; les Mossi sont une ethnie majoritaire au Burkina FAso
* 9 Terme signifiant
« roi des Mossi » ou « empereur des
Mossi »
* 10 Langue de l'ethnie
« Mossi »
* 11 Langue de l'ethnie
« Bobo »
* 12 Langue de l'ethnie
« Gourmatché »
* 13 Langue de l'ethnie
« Peul »
* 14 Institut National de la
Statistique et de la Démographie (INSD)
* 15 Banque mondiale,
www.doingbusiness.org . Le
Burkina Faso est passé au 161ème rang dans la classification de
2008 et au 148ème rang en 2009.
* 16 Système douanier
informatisé (SYDONIA) :
www.asycuda.org
* 17 Organisation pour
l'Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique
* 18 Le BUMIGEB assure
actuellement des services à caractère purement commercial et des
activités de services publics. Si les activités de nature
commerciale (analyses chimiques, forages, sondages miniers, dynamitages) seront
privatisées, les activités de services publics (production,
collecte, stockage et diffusion de données géologiques et
minières de base, inventaire du potentiel minier, contrôle de l'or
et des métaux précieux) resteront du ressort d'une agence
publique, qu'elle conserve le nom de BUMIGEG ou non.
* 19 Le terme anglais «
advocacy » est utilisé dans ce document étant donné
l'absence de terme français correspondant et satisfaisant. Le terme
désigne l'ensemble des efforts entrepris afin d'identifier des
problèmes, d'imaginer des solutions, et de promouvoir leur adoption par
les autorités compétentes.
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