Les déterminants de l'inflation en RDC( Télécharger le fichier original )par Béridabaye Ndilkodje ISSEA - Ingénieur d'application de la statistique 2007 |
3.2. Évolution de la masse monétaireLa masse monétaire M2 (monnaie scripturale, monnaie fiduciaire et quasi-monnaie) a connu une croissance plus forte au cours de ces dernières années par rapport à sa tendance au cours des années d'après les indépendances ; ce que confère la figure 3 ci-dessous. Figure 3 : Évolution de la masse monétaire (M2) au cours de la période 1960-2006 Source : WDI et BEAC nationale L'évolution de 1979 à 1993 a été amorcée principalement par les flux des emprunts des capitaux étrangers mais aussi, par les assistances financières du FMI et de la BAD pour la réduction des déséquilibres économiques dont souffrait le pays. À partir de 1994, la croissance de la masse monétaire est accentuée grâce à la dévaluation qui a permis le rapatriement des capitaux et l'augmentation des avoirs extérieurs nets provenant de l'accroissement des exportations. Elle a cru de 58,5 % de décembre 1999 à décembre 2000. Elle est due essentiellement à la croissance de la monnaie fiduciaire tirée par la bonne orientation de la conjoncture économique générale. Mais, elle sera suivie d'une baisse relative de 22,8 % en décembre 2001 traduisant ainsi l'impact de la liquidation de l'UCB (Union Congolaise des Banque) qui a entraîné une forte contraction de l'encours des dépôts à vue (-48,8 %). Liquidation intervenue suite au processus de restructuration bancaire au Congo. En décembre 2005, la masse monétaire du Congo a augmenté de 24,7 % par rapport à décembre 2004. Elle est passée de 449 à 663 milliards de franc CFA en 2006, soit une hausse relative de 48,4 %. Cette hausse résulte de l'augmentation constatée au niveau de toutes ses composantes : monnaie fiduciaire (+36,5%), monnaie scripturale (+65,9 %) et quasi-monnaie (+33,6 %)8(*). 3.3. Évolution de l'IPC et de l'inflationLe graphique 4 ci-dessous retrace l'évolution de l'indice général des prix à la consommation au Congo. Cet indice est, en fait une composite des indices des prix à la consommation des deux principales villes du pays : Brazzaville et Pointe Noire. En effet, cet indice a été obtenu en consolidant les indices des prix à la consommation en base 100 de janvier 1996 des ces deux métropoles. Il faut noter que ces derniers ont étés calculés suivant la formule de Laspeyres, autrement dit, ce sont des moyennes pondérées des indices des grands groupes de produits consommés par les ménages dans ces deux grandes villes. Figure 4 : Évolution de l'indice des prix à la consommation au cours de la période 1977-2006 Source : CNSEE En observant le graphique 4, on peut remarquer deux phases dans cette évolution : la première allant de 1985 à 1993 et la deuxième, de 1993 à 2006. La première phase est caractérisée par une évolution quasi constante tandis que la deuxième est marquée par une forte flambée des prix. Cette évolution, croissante jusqu'aujourd'hui, marque une nouvelle tournure de l'économie après la dévaluation du franc CFA de 1994. Il faut noter par ailleurs qu'il y a au total 232 produits appelés variétés et ventilés entre 7 fonctions et 31 groupes de consommation qui entrent dans le calcul de l'IPC. Le tableau 1 ci-après présente les différentes fonctions de consommation et les grands groupes de produits concernés. Cette présentation est celle du COICOP (The classification of individual consumption by purpose) adaptée à l'économie congolaise. Tableau 1 : Fonctions et groupes de la nomenclature des produits
Source : CNSEE À l'aide de l'IPC général, nous avons calculé le taux d'inflation en glissement annuel et son évolution dans le temps est donnée par la figure 5 ci-après. Figure 5 : Évolution de l'inflation du Congo au cours de la période de 1977-2006 Source : CNSEE De la figure 5, on constate une évolution très irrégulière de l'inflation marquée par un grand pic en 1994. De -3,72 % en 1992, le taux d'inflation au Congo est passé à 7,77 % en 1993 puis à 42,37 % en 1994. Ce dernier niveau reste le plus élevé de l'inflation dans l'économie congolaise et met en évidence l'effet de la dévaluation du franc CFA intervenue en janvier 1994. En effet, la dévaluation a multiplié par deux les prix des biens importés tout en réduisant le pouvoir d'achat des ménages. Le pays dépendant fortement de l'extérieur en matière de biens de consommation, on peut conclure que c'était une situation inévitable. Ce niveau d'inflation va chuter jusqu'à 9,04 % en 1995 puis remonter à 11,31 % en 1996 et il s'élève jusqu'à 12,65 % en 1997. Ce dernier a été tiré particulièrement par le niveau d'inflation élevé dans la ville de Brazzaville suite à la guerre civile de 1997. Depuis 1998, avec le retour au calme et à la relance économique, la tendance est plutôt en baisse. On a même enregistré des taux d'inflation les plus bas en 2000 (0,51 %) et 2001 (0,86 %). l'évolution de l'indice de prix a connu des fortes variations entre 2001 et 2004. d'après le ministère congolais de l'économie, les tensions inflationnistes observés en 2002 (2,98 %) sont imputables aux prix des produits alimentaires, du carburant et d'hygiène santé. Celles de 2004 (3,68 %) s'expliquent par les indices des groupes « Habillement », « Dépenses de maison», « Hygiène, santé» et « Transport ».La progression très sensible du niveau général des prix au cours de l'année 2006 est imputable principalement à la vigueur de la demande intérieure de céréales (particulièrement le riz et le maïs) et au renchérissement des matériaux de construction (notamment le ciment, dont le prix du sac de 20 kg est passé de 6 000 à 9 500 francs CFA) et de l'énergie. En somme, il nous apparaît dans ce chapitre que l'économie congolaise, sortie des crises socio politiques qui l'ont secouée à plusieurs reprises entre 1997 et 2003, a commencé à renouer avec la croissance dans tous les sens. En général, d'après les différentes présentations faites dans ce chapitre, l'économie congolaise a crû de façon satisfaisante au cours de ces dernières années et la conjoncture économique paraît favorable du fait de l'augmentation du prix international du pétrole brut, principale source de recette de l'État. À cela s'ajoute la découverte de nouvelles réserves, qui laisse croire que la production du pétrole augmentera encore dans les années à venir. Cette croissance semble être accompagnée de la hausse des prix impliquant une tendance inflationniste. * 8 Banque de France |
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