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Approche d'analyse sur la gestion de la communauté des fermiers de Bankana (COFEBA) par le projet d'implantation des fermiers de Kinshasa (PIFK) 1986-1990

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par Aubain Lusundji Biasala
Académie des sciences de développement Kinshasa - Licence en économie appliquée 2002
  

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III.2.4. Analyse sur l'organisation

Le PIFK est un projet de développement et nous avons énoncé que le projet de développement vise une rentabilité économique, c'est-à-dire, les avantages qu'il apporte à la collectivité. Dans le cadre du PIFK, la collectivité ne concerne pas seulement les fermiers de la COFEBA, mais également la population du milieu.

Il est admis que le travail de la terre est difficile et qu'il demande une certaine endurance et beaucoup de volonté. Il requiert aussi un profit proportionnel à la dépense d'énergie afin qu'il soit attrayant. L'organisation de la production, de la commercialisation et des finances appelle certaines considérations.

1. L'organisation de la production

La concession de la COFEBA est pauvre. Pour la rentabiliser, elle demande un emploi constant de matières fertilisantes. Pour combattre aussi les maladies et les insectes, il faut des produits phytosanitaires. La préparation du terrain demande l'utilisation des machines avec le concours des techniciens.

Tant que le PIFK existera, le problème ne se posera pas car c'est la Fondation HANNS-Seidel qui finance. La plupart des achats sont effectués en devises. Le personnel utilisé est payé par le Projet.

Les techniciens du Projet aident les fermiers dans l'utilisation judicieuse des engrais et aussi des produits phytosanitaires. Mais, le problème se posera sur l'après-projet.

Les indices de production de 1986 à 1989 ne poussent pas à l'optimisme. S'il faut établir un graphique simple, en prenant le nombre de fermiers qui est de 240 , la production moyenne par fermier a été successivement de 2.126,6 kg en 1986 ; 1.349,7 kg en 1987 ; 1.775,79 kg en 1988 et de 4.013,09 kg en 1989. Or, rien que pour le manioc, la production peut atteindre 20t/ha et 800 kg/ha pour le niébé. Ici, il faut compter aussi la production obtenue comme frais de minerval pour les écoles du Projet.

Dans le compte-rendu d'évaluation des activités de 1989, il est écrit : « Projets d'avenir : pour le manioc, maintenir 2 ha par fermier et par an, décourager la production de manioc jaune pour faciliter l'approvisionnement de l'usine. La production estimée si on atteint 20 ha est de : 9.594,40 t ; niébé avec 600 kg/ha est de 136.200 kg. Le traitement phytosanitaire se présente de la manière suivante :

- Quantité nécessaire  : 137 litres

- Quantité à prévoir  : 160 litres

- Quantité en stock  : 7 litres

- Quantité pour les autres spéculations : 30 litres

- Nombre d'appareils ULV  : 150

Source : Compte rendu de la réunion d'évaluation des activités du deuxième semestre 1989 et programmation pour l'exercice 1990, p.22

Nous remarquons, après cette constatation que le fermier de la COFEBA est loin d'atteindre cette production alors que théoriquement toutes les conditions sont réunies.

2. L'organisation de la commercialisation

La production commercialisée et connue est celle qui passe nécessairement par le service commercial du Projet sans compter la production autoconsommée et celle non déclarée. Beaucoup de points sont à relever dans le fonctionnement normal de ce service :

- Pour le manioc en cossettes, il faut surtout veiller à la durée de rouissage qui influe beaucoup sur la qualité. Le manioc qui permet au fermier de faire face à ses échéances mérite beaucoup d'attention ;

- Les cultures maraîchères quant à elles, sont tributaires du stockage et du conditionnement. Les produits doivent être vendus très frais et être de très bonne qualité ;

- Le système de transport, même s'il fonctionne bien risque d'être préjudiciable au fermier une fois que le Projet aura cessé d'exister. Le pourcentage tiré sur la vente pour le transport ne suffit pas à compenser son coût réel. Il est donc trop subventionné.

Pour nous rendre compte des dépenses d'exploitation auxquelles la COFEBA sera confrontée après le départ du Projet, voyons comment l'Ingénieur BOPINGI((*)1) énoncent les éléments qui entrent dans le coût de production dans une exploitation agricole :

a) La préparation du sol :

- amortissement tracteur + charrue + herses

- carburant pour tracteur

- lubrifiant pour tracteur, charrues, charrues et herses

- salaire et primes conducteur

- salaire personnel technique pour la supervision des travaux.

b) Coût de matériel végétal de propagation :

- coût de la poudre calcaire

- achat semences, boutures et plants

- frais de mission personnels

- amortissement véhicule

- achat carburant et lubrifiant.

c) Coût de la fertilisation du sol :

- coût de la poudre calcaire

- coût du transport fumier et compost

- achat des engrais chimiques en devises

- coût de ces engrais de Matadi-Kinshasa-Centre-champs

- amortissement tracteur ou camion

- achat carburant et lubrifiant pour camion ou tracteur + remorques

- salaire chauffeur.

d) Entretien des cultures :

- achat de l'appareil ULV (pulvérisateur pour maraîchers)

- achat produits phytosanitaires pour le maraîchage

- achats des engrais chimique d'entretien

- coût du transport de ces engrais chimiques de Matadi-Kinshasa-Centre-champs

- amortissement camions ou tracteurs + remorques

- achat carburant et lubrifiant camion + tracteur

- salaire chauffeur ou conducteur.

e) Récolte :

- achat sacs vides (ordinaires ou Midema)

- achat ficelles, cordes et aiguilles

- salaires personnels techniques

f) Stockage :

- achat matériaux de construction (ciment, fer à béton, bois, clous, tôles et autres)

- main-d'oeuvre (salaires personnels)

- achat matériel et produits de protection des récoltes

- salaires personnels techniques.

En analysant les différents éléments du coût de production, on se rend compte de l'attention que les fermiers devront accorder au service de commercialisation chargé de la vente de leurs produits.

3. L'organisation des finances

Nous avons vu que les finances de la COFEBA sont constituées du capital fixé à Z 250.000 (1987), du fonds de contrepartie (subventions) et des recettes réalisées sur la vente des produits. Si le fonds de contrepartie est soumis à une réglementation bien définie, nous pouvons nous pencher un peu sur les recettes des produits et le remboursement du crédit.

Les recettes réalisées dépendent largement de la production et cela quantitativement et qualitativement.

Quantitativement, nous avons vu que la production est très faible. Cette faiblesse est due en grande partie à la fragilité des structures mêmes de la COFEBA qui jusqu'à présent, ne se démarquent pas de celles du Projet. Dans son rapport d'activités, Monsieur NKOBA((*)1) propose d'atteindre les objectifs suivants :

- faire participer les fermiers aux structures de la COFEBA ;

- former les fermiers à mieux identifier les problèmes de leur organisation ;

- aider les fermiers à mieux cerner l'après-projet ;

- stimuler les leaders pour l'auto développement

Qualitativement, nous avons énoncé les différents paramètres qui sont déterminants pour que les produits soient vendus dans le temps et bien conservés.

Le remboursement du crédit constitue un goulot d'étranglement pour le fermier. Le crédit qui est accordé en nature : semences, engrais, boutures, transport, etc... est remboursable en étalon-manioc. Nous avons vu comment il fonctionne. Mais jusqu'à présent, les fermiers ne semblent pas bien saisir les implications de ce mécanisme de remboursement de crédit. Contracter un crédit de Z 5.000.000 par exemple pour payer Z 25.000.000 à la fin d'une campagne semble impensable à première vue. Pourtant, le remboursement du crédit permet de renflouer le fonds de contrepartie qui entre dans les ressources de la COFEBA.

Dans son rapport d'activités, Monsieur BILONGO((*)2) écrit : « LA COFEBA fonctionne sans prévisions budgétaires. Après six ans de fonctionnement, il est temps de commencer à prévoir notre activité économique malgré les effets de l'inflation ».

Par manque de statistiques au niveau du bureau de la COFEBA, traiter des finances reste un sujet difficile car il faut disposer de données chiffrées exactes pour effectuer une bonne analyse.

* (1) Propos recueillis auprès de l'Ingénieur BOPINGI, responsable du service technique

* (1) Mr NKOBA, Rapport d'activités, service de vulgarisation, PIFK, 1988, p.8

* (2) Mr BILONGO, Rapport d'évaluation et de structuration, service des finances, PIFK, 1989, p.2

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo