I.6. Les obstacles à l'utilisation des services
de CDV du VIH
1' Les obstacles liés aux services :
Pour les différents auteurs que nous avons
consultés, ces obstacles sont:
Pour Family Health International (juin 2001) dans le cadre de
la mise en oeuvre d'un projet de prévention et de soins, les obstacles
liés au CDV dans les pays en développement sont dus au manque de
personnel qualifié, au manque de respect de la confidentialité,
à l'ignorance des clients potentiels concernant l'existence des services
de CDV et au manque des ressources
TULIZANA NAMEGABE Bertrand, L2
Santé Publique ; Mémoire ; UOB, 2010-2011
financières pour couvrir le fonctionnement des services.
(Family Health International (juin 2001) : Conseil et
dépistage volontaire du VIH, Cadre stratégique, 15 pages
11)
Une étude réalisée par DAMESYN et al. En
1998 portant sur des jeunes couples en zone rurale du Kenya occidentale a
montré que 95% des participants accepteraient le test s'il était
gratuit. S'ils devaient payer le service, 31 à 40% ont indiqué
qu'ils paieraient le montant demandé. (ONUSIDA (2002),
Impact du conseil et test volontaire: aperçu à
l'échelle mondiale des avantages et des difficultés,
Genève, 101 pages. 13)
L'analyse du rapport coût-efficacité a montré
que le CDV présente des avantages en particulier dans le domaine de la
prise en charge et de la qualité de la vie.
En effet, SWEAT et al. en 1998 et 2000 utilisant une cohorte
de dix mille (10 000) personnes fréquentant le CDV, ont estimé
que l'intervention avait permis d'éviter 1104 infections à VIH au
Kenya et 985 infections en République Unie de Tanzanie.
Le coût du CDV par client a été de 29 USD
en Tanzanie et de 27 USD au Kenya. Le montant par infection
évitée a été en moyenne de 346 US Dollars en
Tanzanie et de 249 US Dollars au Kenya. (ONUSIDA (2002),
Impact du conseil et test volontaire: aperçu à
l'échelle mondiale des avantages et des difficultés,
Genève, 101 pages. 13)
Des études ont montré que lorsque les individus
peuvent obtenir les résultats de leur test VIH en quelques heures
grâce aux techniques simples/rapides, les taux de fréquentation
des centres de dépistage s'améliorent.
En effet, selon le résultat d'une étude
réalisée au Malawi par MSOWOYA et al. en 2000 sur la
fréquentation des centres de CDV, celle-ci était au départ
faible mais a quadruplé quand les tests simples/rapides ont
été introduits. (ONUSIDA (2002), Impact du
conseil et test volontaire: aperçu à l'échelle mondiale
des avantages et des difficultés, Genève, 101 pages.
13)
1' Les obstacles liés à la
communauté :
De la lecture des ouvrages, il ressort que la
stigmatisation/discrimination associées au VIH/SIDA est le seul obstacle
lié à la communauté qui explique la faible utilisation des
services de CDV.
La stigmatisation plonge ses racines dans le passé.
Elle a été décrite comme une caractéristique qui
« discrédite significativement» un individu aux yeux des
autres. A ce titre, le sociologue américain Erving Goffman soutient que
l'individu soumis à la stigmatisation est une personne à
l'identité « altérée » qui est « rendue
indigne» aux yeux des autres.
Une bonne part de la stigmatisation associée au VIH
s'appuie sur des pensées négatives déjà
implantées et les renforce.
Les PV/VIH SIDA sont considérées comme celles
qui ont mérité ce qui leur arrive car elles ont fait quelque
chose de mal. Les hommes infectés peuvent être
considérés comme des clients des prostituées, les femmes
comme étant de moeurs légères ou comme des
prostituées.
TULIZANA NAMEGABE Bertrand, L2
Santé Publique ; Mémoire ; UOB, 2010-2011
La stigmatisation que s'infligent à elles-mêmes
les PV/VIH ou la honte qu'elles ressentent lorsqu'elles intériorisent
les réactions des autres sont aussi manifestes. Cette forme de
stigmatisation peut entraîner la dépression, le repli et des
sentiments d'inutilité. Elle réduit au silence des individus et
des communautés déjà diminuées et pousse les gens
à se sentir responsable de leur situation.
La discrimination, quant à elle se produit lorsqu'on
fait une distinction entre des personnes, qui a pour effet que ces individus
soient traités de manière inégale et injuste parce qu'ils
appartiennent à un groupe particulier. Les causes de la
stigmatisation/discrimination.
Pour l'ONU SIDA, elles sont provoquées par toutes
sortes de facteurs notamment une mauvaise compréhension de la maladie. A
celle-ci s'ajoutent les mythes concernant la transmission du VIH, les
préjugés, l'insuffisance de traitement, le fait que le SIDA soit
incurable, les craintes sociales concernant la sexualité, les peurs
liées à la maladie et à la mort. (ONUSIDA
(2003a) : Cadre conceptuel et base d'action ; Stigmatisation et
discrimination associées au VIH / SIDA, Genève, 23 pages
14)
L'impact de la stigmatisation/discrimination sur la
prévention.
La stigmatisation/discrimination compromet l'action de la
prévention en ce sens que les gens par crainte d'avoir à les
subir, ont peur de connaître leur statut VIH et reculent face à
l'adoption des mesures préventives.
Cette crainte de la discrimination empêche les gens de
consulter pour bénéficier d'un traitement contre le SIDA. Ils
peuvent être dissuadés de recourir aux services de CDV piliers des
programmes de prévention, de traitement et de soins. Les PV/VIH peuvent
ainsi se retrouver isolées, privées de soins et de l'appui qui
pourrait atténuer l'impact de l'épidémie.
L'Association SIDA Info Service a réalisé un
sondage du 20 octobre au 07 novembre 2003 auprès de 166 personnes
séropositives habitant les régions Iles de France Provence,
Alpes-côte d'Azur et Aquitaine en France, et a obtenu les
résultats suivants :
La majorité des personnes 63% ont été
victimes des discriminations. Dans la moitié des cas, celles-ci sont
survenues dans les relations amoureuses (conjoints, partenaires sexuels) soit
50% et amicales 50% des cas. L'environnement familial avec 38,2% et le
voisinage 25% des cas sont également évoqués par nombre de
personnes qui considèrent que, finalement, dans ce contexte, ne pas
dévoiler sa séropositivité demeure la seule solution pour
ne pas être rejetées.
C'est le même résultat qui a été
obtenu par BAGGALEY et al. En 1998 en Zambie dans une étude où
sur 465 jeunes interrogés sur l'intérêt porté au
test, la majorité d'entre eux ne tenaient pas à se décider
pour le test par crainte d'être séropositifs. (ONUSIDA
(2002), Impact du conseil et test volontaire: aperçu à
l'échelle mondiale des avantages et des difficultés,
Genève, 101 pages.)
26
TULIZANA NAMEGABE Bertrand, L2
Santé Publique ; Mémoire ; UOB, 2010-2011
Odette ROUAMBA, dans son étude a montré que 52,7%
des enquêtées pensent qu'elles seront rejetées en cas de
séropositivité.
Pour elle, la peur du rejet social qui se traduit par la perte
du respect dont jouissait le séropositif et même jusqu'à sa
mort où il n'aura pas les honneurs dus à une personne de
respectable, la perte du foyer conjugal pour les femmes séropositives
est l'un des obstacles au test de dépistage. (Odette
ROUAMBA, (1994), Dépistage du VIH et remise des résultats au
Burkina Faso, Mémoire de Maîtrise des Sciences et Techniques
de Santé Publique, Université de Bordeaux II, UFR de Santé
Publique, 29 pages)
Nous constatons à la lumière des points de vue
les auteurs que nous avons pu consulter que les facteurs pouvant expliquer la
faible utilisation des services de CDV du VIH existent et sont variés.
Ce sont l'ignorance de l'existence de ces services, leurs avantages, le prix du
test, le manque de confidentialité dans les prestations de CDV, Le
délai d'obtention des résultats, l'insuffisance de la
disponibilité et de l'accessibilité de la prise en charge des
PV/VIH/SIDA, la stigmatisation/discrimination associées au VIH/SIDA.
Plusieurs obstacles au CDV sont imputables aux populations
mais il n'en demeure pas moins que certains aspects lié à
l'organisation et au fonctionnement des services entravent l'utilisation des
services de santé en général et des services de CDV en
particulier.
|