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Décrochage scolaire: du contrôle social aux logiques de solidarité entre les différents intervenants

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par Antonio Rizzo
Université catholique de Louvain  - Master en sciences de l'éducation 2010
  

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Conclusion générale

Dans la présente étude, nous avons tenté de démêler l'écheveau des aides multiples en matière de décrochage scolaire sur le territoire louvièrois.

Nous avons vu que l'Etat Social Actif légitime des dispositifs dont le but est «d'activer» les «décrocheurs sociaux» ; l'idée étant de leur donner toutes les chances d'entrer dans le marché de l'emploi, devenant ainsi des agents actifs contribuant aux ressources de financement traditionnelles de la sécurité sociale.

Pour répondre aux problèmes sociaux locaux, le Ministère de l'Intérieur finance les Contrats de Sécurité et de Prévention pour d'une part, être plus «proche» (pour plus de contrôle et de sécurité) du citoyen et des réalités de terrain des opérateurs traitant le décrochage scolaire et, d'autre part, créer une solidarité entre les différents acteurs sociaux autour d'une problématique commune.

Pour saisir les différents leviers de cette solidarité socio-professionnelle qui lie spécifiquement les acteurs que nous avons rencontrés, nous avons mobilisé la typologie des logiques de solidarité du sociologue Guy Bajoit, elle-même inspirée en partie de la typologie des formes de l'action selon Max Weber. Nous avons construit des outils méthodologiques pour confirmer ou infirmer notre hypothèse de départ, à savoir : les perceptions de la gestion du décrochage scolaire et les logiques de solidarité des acteurs scolaire, communal, judiciaire et issu du milieu associatif sont influencées par l'organisation à laquelle ils appartiennent.

Pour répondre à notre hypothèse, nous avons récolté des données qualitatives (entretiens semi-directifs auprès des acteurs interviewés) pour ensuite analyser et traiter les résultats à l'aide d'une matrice conçue pour l'occasion. Ceci nous a permis de dégager les perceptions de la gestion du décrochage scolaire et les logiques de solidarité des différents acteurs scolaires (l'école et le CPMS), communal (l'AAS du PSSP), judiciaire (SJF de la Police) et issu du milieu associatif (l'AMO). Les résultats soumis à notre analyse nous ont d'abord permis d'observer que les perceptions de la gestion du décrochage scolaire et les logiques de solidarité des acteurs sont influencées par l'organisation à laquelle ils appartiennent. Ces différentes observations vont dans le sens d'une confirmation de notre hypothèse.

Revenons à la question du contrôle social évoquée plus haut. Nous avons relevé que le Pass scolaire mobilise bon nombre de partenaires. Le succès de cet outil révèle bien toute l'ambiguïté (prévention vs répression ; solidarité sociale vs contrôle social) vécue par des travailleurs sociaux guidés par une logique de contrôle, de moins en moins déguisée, d'une population stigmatisée (décrochage scolaire, précarité...).

En somme, les logiques de solidarité entre les acteurs que nous avons interviewés ont renforcé le contrôle social des «jeunes en difficultés». Sur ce point, un des acteurs, toutefois, fait exception : en effet, l'AMO, qui prône les Droits des jeunes, s'isole par rapport aux écoles soucieuses de protéger leur réputation et aux autres acteurs s'inscrivant davantage dans le contrôle social. Il est plus facile pour les écoles de collaborer avec l'acteur communal ou judiciaire car celui-ci répond sur-le-champ à la demande (renvoyer le jeune au sein de l'école ou l'orienter vers des services compétents pour des suivis socio-éducatifs). Dès lors, l'acteur issu du milieu associatif s'inscrit et collabore dans des projets qui correspondent (l'acteur communal rencontre un nombre important de jeunes pour participer à des activités sportives...) au mieux à ses objectifs tout en justifiant ses actions auprès de sa hiérarchie.

Pour terminer, ce travail nous laisse perplexe quant à la manière d'agir sur le problème du décrochage scolaire. En effet, si l'on tient compte des difficultés et de l'aveu d'impuissance face au décrochage scolaire formulés par les acteurs interrogés, il nous est permis de nous interroger sur l'efficacité de ces différentes collaborations.

Ainsi, nous rejoignons le point de vue du directeur de l'établissement scolaire que nous avons questionné, considérant qu'il serait plus pertinent d'octroyer des ressources financières et humaines aux écoles pour y accrocher le jeune plutôt que de créer une multitude de services périphériques qui, in fine, sont dépassés par la problématique et, de surcroît, tendent non seulement à soustraire à l'école une part de son pouvoir d'action mais également à « grignoter le coeur de son métier » : l'apprentissage165.

Cette étude nous a permis de soulever l'influence des réunions de concertation gérées par le Plan Stratégique de Sécurité et de Prévention de la Ville de La Louvière ainsi que ses limites. En tant qu'agent de l'Antenne Accrochage Scolaire, nous sommes en position de réfléchir à l'orientation de la Commission Accrochage Scolaire et aux sujets qu'elle aborde avec les intervenants sociaux.

165Le lecteur peut revenir sur la critique émise sur la construction du décrochage scolaire dans notre premier chapitre, p. 17-18.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote