4 Les quatre logiques de solidarité de Guy
Bajoit
« Les individus qui choisissent la (mes)
même(s) logique(s) d'échange ont souvent (mais pas toujours)
tendance à se reconnaître réciproquement dans l'action, et
à construire des liens de solidarité entre eux. Examinons la
nature de ces liens, en analysant le `'ciment» qui attache les individus
les uns aux autres : qu'est-ce qui les fait s'entraider ? Nous distinguons
quatre grandes logiques de solidarité, en nous inspirant, en partie, de
la typologie des formes de l'action selon Max Weber71.
»
4.1 La solidarité conditionnelle
Elle est fondée sur une condition sociale commune :
« même s'ils ne s'aiment pas, s'ils ne croient pas aux
mêmes valeurs et s'ils n'ont pas les mêmes intérêts,
les gens peuvent être solidaires entre eux, simplement parce qu'ils
partagent la même condition sociale : ils font partie d'une famille, d'un
clan, d'une ethnie, d'une région, d'un pays, sont du même sexe, du
même âge ou occupent la même place dans une organisation
sociale72. »
Exemple :
La majorité des participants de la CAS sont des acteurs
locaux. Ils partagent le même environnement social louvièrois, le
même public cible, les mêmes difficultés face au
décrochage scolaire. Les acteurs scolaires, communaux, judiciaires et
issus du milieu associatif sont solidaires les uns vis-à-vis des autres
parce qu'ils «vivent» dans un même contexte. La situation
sociale détermine les relations sociales.
4.2 La solidarité contractuelle
Elle est fondée sur les intérêts.
L'individu se fixe un objectif et détermine les moyens les plus
efficaces pour y parvenir. Les moyens mis en oeuvre sont adaptés aux
buts recherchés. Les gens sont solidaires parce qu'ils recherchent un
intérêt personnel c'est-à-dire un bien qui ne peut venir
que d'un autre.
71Bajoit, G. (2003). Le changement social :
Approche sociologique des sociétés occidentales
contemporaines (p. 137). Paris: Armand Collin.
72Ibid.
Exemple :
Concrètement, les différents acteurs de la CAS
doivent répondre aux exigences de leur institution. Les exigences se
traduisent sous forme d'objectifs à atteindre. Pour ce faire, les
travailleurs sociaux vont élaborer des stratégies de travail en
prônant la collaboration avec d'autres services. Cela peut se traduire de
plusieurs façons : par une orientation vers un service pouvant
répondre à la demande du jeune ; par une participation des
acteurs à un projet dans lequel ils trouveront un avantage pour leur
organisation. Aussi, certaines missions des acteurs viseront à
réunir autour d'une table les travailleurs sociaux dans le but de
coordonner les ressources locales.
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