II.1.2. L'entente comme obligation
En se plaçant au centre des problèmes qui
préoccupent la prénomination, nous pouvons mesurer un
problème délicat qui dépend beaucoup plus de l'entente
entre deux parents. Un sentiment tient la volonté des parents
géniteurs d'aboutir à un prénom issu d'une entente pour
arriver à un sentiment consensuel, qui leur permettra d'éviter
des prénoms plus répandus. Ce phénomène est
considéré comme un des premiers moyens qui a permis aux parents
de prénommer leurs enfants en tenant compte de l'histoire vécue,
la plupart des prénoms tournent pratiquement autour d'un
phénomène de crise comme la guerre civile,
souvent les enfants nés au cours de cette période
peuvent porter les prénoms qui se prononcent de la même
manière, mais s'écrivant de façon différente. C'est
le cas de "Ça-Ira" et "Sayira" qui est un cri d'espoir qui veut dire
même si aujourd'hui ça ne marche pas, l'avenir réserve des
bonnes et grandes choses.
Partant des changements brutaux qui surgissent dans le
système de prénomination, nous constatons l'apparition des
nouveaux prénoms qui servent de comparaison aux anciens. Cette
différence nous la faisons par rapport au système du passé
qui nous a offert la possibilité de mieux visualiser le nouveau
système de prénomination. Un autre problème pour les
parents est celui qui vise à situer les phénomènes qui
servent de prénomination dans un contexte plus long, à la fois
religieux et générationnel.
II.1.3. L'influence des prénoms
chrétiens
Pendant la période coloniale, le nouveau-né
portait au moins deux noms. De ces noms, il y avait toujours un qui symbolisait
soit la lignée, soit le vécu ou le ressouvenir; ce nom
était lié à la tradition des géniteurs.
Le nom qui jouait le second rôle celui que nous appelons
prénom, était typiquement étranger, notamment
chrétien. La colonisation comme l'évangélisation
étaient des moyens qui ont permis aux blancs d'imposer leurs
prénoms aux autochtones par le biais du baptême. Au cas où
il s'agissait d'un nouveau-né, ces prénoms étaient
attribués beaucoup plus par ceux qui sont issus des mariages
chrétiens. La croissance et le développement du christianisme
dans la société congolaise, ont modifié ce comportement.
Ces prénoms n'étaient plus l'apanage des couples ayant fait des
mariages religieux, mais de tous. Dans les représentations congolaises
d'autrefois, même d'aujourd'hui dans une certaine mesure, porter le
prénom chrétien signifie non seulement que la famille à
laquelle on est issu où appartient le nouveau-né est une famille
qui connaît et qui respecte les valeurs religieuses, mais aussi une
manière devenue comme référentielle pour les Congolais car
les prénoms chrétiens sont avant tout européens.
.Il faut reconnaître que ce système de
prénommer a vu le jour grâce au contact qu'il y a eu entre
l'Européen et l'Africain. A travers la signification de ces
prénoms, nous lisons l'influence de l'évangile comme celle de la
culture occidentale. Les entretiens que nous avons eus avec certains individus
ayant la connaissance de l'histoire coloniale ou qui ont vécu à
cette époque, nous révèlent que le prénom
chrétien jouait un rôle protecteur qui était assuré
par le Dieu, le Père, le créateur. Par contre, les autochtones
non chrétiens qui acceptaient de donner les prénoms
chrétiens à leurs enfants les " auraient exposé aux
malédictions" et subissaient des injures auprès des
missionnaires. Autrefois, ce climat était entretenu par le missionnaire
qui rendait obligatoire le baptême, la conversion au christianisme avant
de donner un prénom chrétien à l'enfant.
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