Section II : Modalités des
prénoms
Les prénoms se développent dans un
environnement où l'un des traits majeurs de la réalité
sociale était la pratique de la guerre civile sur de multiples formes de
violence. Notre objectif ici est d'analyser les modalités des
prénoms qui surgissent dans la société en tenant compte de
la réalité de guerre civile qui émerge dans la
société. Le cas de certains prénoms comme Guervi
mérite d'être étudié en corrélation avec les
réalités présentes parce qu'il demeure important, à
certains égards assez étonnants, puisqu'en pleine période
de guerre, plusieurs parents ont prénommé leurs enfants "Guervi",
prénom composé de l'abréviation des termes "guerre" et
"vie". L'exemple de ces prénoms tendrait à confirmer les rapports
entre les prénoms et la guerre. Le prénom permet aux parents de
se libérer de ce qu'ils ont à coeur. Avec la guerre et
l'évolution du système de prénommer les enfants, il
s'introduit et se développe des prénoms pouvant expliquer toute
une tragédie des réalités vécues par des parents.
Avant, les prénoms n'expliquaient pas les réalités de
guerre, mais pendant la guerre, nous avons constaté les habitudes des
hommes changées contre certains actes que les parents expriment à
partir de la manière de prénommer leurs enfants. Plusieurs
prénoms se multiplièrent pour exprimer le souhait des parents.
L'existence de ces prénoms est aussi liée à la croyance en
"Dieu", c'est à travers le système religieux que ces
prénoms ont connu un progrès. Les prénoms donnés
aux enfants à cette époque sont vus comme un
élément historique qui nous montre la situation vécue par
les parents. La plupart des prénoms sont fondés sur des
croyances, les arguments des parents s'orientaient vers les prénoms de
leurs enfants. La croyance dans les prénoms qu'ils donnaient à
leurs enfants résolvait quelques difficultés, et ces
prénoms paraissaient comme une attaque efficace contre les situations
inattendues : c'est le cas de "Vainqueur". Le prénom était
un élément qui exprimait la pensée, il était
perçu comme protecteur. Les parents ayant donné les
prénoms à leurs enfants pendant la guerre civile
témoignent aujourd'hui un intérêt pour Dieu parce qu'il
serait à l'origine des idées qui les ont poussées à
donner des prénoms aux enfants et à les protéger contre un
"mauvais vent" de la guerre.
II.1. Contraintes socio - culturelles
Nous définissons la contrainte sociale comme
étant une obligation morale qui limite et influence la volonté
d'une personne ou d'un groupe social. Ainsi, par rapport à notre
étude, nous faisons allusion aux différentes sources
contraignantes ayant poussé les parents à prénommer leurs
enfants. Il s'agit entre autre du calendrier, de l'entente, de l'influence
chrétienne et de celle des rapports sociaux sur la nouvelle
prénomination.
II.1.1. Le calendrier comme
référence de la prénomination
Le calendrier a pour objectif de signaler les manifestations
présentes et à venir qui portent sur divers aspects. Il facilite
des rencontres entre les membres de plusieurs groupes. Il permet d'ajouter des
rendez-vous et ainsi avertir tous les membres d'un groupe. Il est
également possible de modifier, déplacer ou effacer des
rendez-vous. Le calendrier qui est un moyen propre appartenant à la
culture occidentale a permis aux autochtones de prénommer leurs enfants
à travers la date, le mois, auquel est né l'enfant. C'est le cas
de certains enfants nés pendant la fête de Noël ou de
Toussaint à qui on attribue le prénom Noël ou Toussaint. Le
prénom dit chrétien se donnait en prenant comme
référence les prénoms écrits sur le calendrier
correspondant à la date, au mois de naissance de l'enfant ; ainsi,
un enfant né le 10 décembre peut recevoir comme prénom
Romaric, et celui né le 25 décembre peut recevoir comme
prénom Noël. Les prénoms écrits sur le calendrier
sont représentés comme symbole qui fait véhiculer la
culture occidentale en milieu africain. Ce qui est à retenir pour le
sociologue, attribuer le prénom des blancs à l'enfant pendant la
période coloniale, était une façon de justifier que
l'intéressé est noir de peau, mais s'identifiait aux blancs. La
première image que les populations ont à travers ces
prénoms qui surviennent dans notre société, c'est qu'ils
sont bons, rares.
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