2- Mesures spécifiques :
Les mesures spécifiques concernent celles relatives
à chaque filière. Il est important de noter que la gestion par
filière implique tous les acteurs des maillons de la chaîne, de la
production à la commercialisation. En effet, la filière relative
à un produit constitue l'ensemble des activités y
afférentes, jugées rentables pour les acteurs qui les exercent et
génératrices de croissance et d'emplois. Les filières
à développer sont les suivantes :
- la filière textile : elle demeure celle dont le
développement urge au regard de la place du coton dans l'économie
nationale et des difficultés y afférentes, de la faiblesse du
niveau de transformation ( moins de 1%) et surtout du rôle de locomotive
des unités textiles en matière d'industrialisation. . Il s'agira
principalement à court et moyen termes de promouvoir l'implantation des
filatures et à long terme celle des unités de tissage et de
confection. Ces différentes réalisations s'inscrirons dans le
cadre de l'exploitation des facilités de l'AGOA. Pour relancer cette
filière, une des mesures incitatives à prendre à court et
moyen termes est l'octroi d'une facilité visant à compenser le
peu de compétitivité de nos coûts des facteurs de
production ;
- la filière sucre : la 3ème
sucrerie en cours de réalisation à Markala est à la phase
des essais variétaux de canne. Le projet poursuit ses activités
de recherche d'investisseurs pour sa réalisation. Cette nouvelle
sucrerie constituera un véritable pôle de développement
dans sa zone d'implantation. En effet, il est attendu du projet sucrier de
Markala, le plus gros investissement agro-industriel avec 120 à 150
milliards F CFA, la création de 3.000 à 8000 emplois et le
développement de plusieurs activités connexes pourvoyeuses
d'emplois ruraux. Il s'agit par la réalisation de ce projet de
satisfaire les besoins locaux et d'offrir une opportunité réelle
de pénétration des marchés des pays voisins ;
- la filière riz : elle est inscrite dans les
priorités en matière agricole avec l'aménagement de 50.000
hectares sur la période 2003-2007. Le programme quinquennal
d'aménagement hydro - agricole met un accent particulier sur la
maîtrise totale de l'eau pour l'irrigation. Il a été
conçu pour satisfaire les besoins de notre pays en riz à
l'horizon 2007. Pour une population estimée à environ 12 millions
en 2007, ces besoins sont évalués à 528 000 tonnes,
soit 765 217 tonnes de paddy (dont 10% pour les semences). A ce jour, 70%
des financements nécessaires pour exécuter le programme sont
acquis.
Cette croissance de la production doit s'accompagner d'un
tissu industriel de transformation de cette céréale dans le but
de le substituer aux importations mais également de le mettre sur le
marché sous régional. Les mesures spécifiques consisteront
à améliorer la qualité du riz des décortiqueuses
privées, la réhabilitation des rizeries de l'Officie du Niger et
de l'Office Riz de Ségou et de Mopti ;
- la filière bétail/viande : elle doit
être développée en vue de l'exportation de la viande sur le
marché sous-régional et dans les pays de la
Méditerranée. Ceci nécessitera en amont un élevage
de qualité. Au plan industriel, il s'agira pour l'Etat de promouvoir
les investissements dans ce secteur. Le développement de cette
filière s'accompagnera de la valorisation des cuirs et peaux dont la
transformation en produits vestimentaires et en chaussures demeure une
opportunité à promouvoir parallèlement ;
- la filière des oléagineux : elle sera
axée à court et moyen termes sur la valorisation du karité
qui recèle de beaucoup d'opportunités d'exportation. Une
promotion efficace de ce produit est nécessaire en vue de son
exportation aux Etats-Unis dans le cadre de l'AGOA ;
- la filière des fruits et légumes : elle
doit être renforcée vers les marchés notamment de l'Union
Européenne. En la matière, l'expérience de l'Agence pour
la Promotion des Filières Agricoles (APROFA) doit être
capitalisée. Les actions à entreprendre porteront sur la
tracabilité des produits de cette filière ainsi que la mise en
oeuvre des indications géographiques. Egalement, une attention
particulière sera accordée aux questions de qualité,
notamment en matière phytosanitaire ;
- les projets d'autres filières comme la cimenterie,
les engrais en cours de promotion actuellement, pourront être
concrétisés à travers la coopération avec certains
de nos partenaires au développement.
II- Matrice de la mise en oeuvre de la politique
d'industrialisation
(Voir l'annexe pour les tableaux)
Cette matrice fait ressortir au 31 décembre 2006 le point
de la mise en oeuvre de la politique industrielle de notre pays adoptée
par le Gouvernement le 17 novembre 2004.
A- Les composantes de la politique
industrielle :
Toutes les actions contenues dans la matrice de mise en oeuvre
de la politique industrielle visent à mettre à la disposition des
intervenants dans le secteur un environnement saint afin de promouvoir les
investissements dans les domaines porteurs de croissance. L'accent est aussi
mis sur le maintient de l'existant par la réhabilitation des entreprises
en difficulté.
Les principaux objectifs visés sont :
1- Réalisation d'unités industrielles
compétitives et porteuses de croissance rapide et de création
d'emplois durables ;
2- Mise à niveau des entreprises existantes et
réhabilitation des entreprises en difficultés.
B- L'analyse de la politique
industrielle :
L'industrialisation du pays, telle que souhaitée par
les autorités, exige comme préalable la mise à disposition
d'infrastructures et des facteurs de production les plus compétitifs. A
l'état actuel des choses ce préalable est loin d'être
réalisé :
Ø La non disponibilité de
l'électricité pour les entreprises et son cout
élevé ;
Ø Le cout de revient des consommations
intermédiaires élevé à cause de la
continentalité du pays ;
Ø Et la faiblesse de l'investissement.
Dans la matrice, les investissements sont surtout
orientés vers les secteurs ayant connu des difficultés ou qui
sont entrain de vivre des jours difficiles. C'est le cas de certaines
unités du textile (COMATEX ,l'ITEMA, la CMDT) ;
sucrières (SUKALA) , les usines de Diamou, de Bourem...
Des études approfondies sur le degré de
compétitivité dans ces secteurs doivent être menées
avec minutie avant tous nouveaux investissements pour ne pas connaître
les mêmes sorts.
L'administration doit avoir une véritable culture de
développement industriel. L'Etat doit se charger de
l'amélioration des infrastructures et des incitations nécessaires
à l'industrialisation. Le rôle du secteur privé national ou
étranger consistera à mobiliser le financement nécessaire
à la réalisation des projets industriels. Dans le contexte actuel
où les facilités accordées aux pays en
développement s'amenuiseront au fur et à mesure, une
industrialisation rapide autour de produits manufacturés destinés
à l'exportation paraît la voie la mieux indiquée. Cela
permettra au Mali de ne pas être uniquement un marché de
consommation pour les autres pays. Pour y arriver, le maître mot demeure
le développement de l'esprit d'efficacité contributive de
chaque intervenant pour la compétitivité de la
filière.
Pour conclure cette deuxième partie du thème,
nous dirons que les questions d'infrastructure dont souffrait
le secteur industriel malien depuis ses 1ères heures sont
toujours d'actualité. Une solution rapide doit être
apportée à cette question pour que l'industrie malienne pusse
être plus compétitive sur le marché régional et
mondial. L'exploitation judicieuse des accords bilatéraux et
multilatéraux (AGOA, NEPAD, la CEDEAO et l'UEMOA...) dépendra de
la mise oeuvre de ces infrastructures.
La politique volontariste qui a prévalue jusque
là doit céder la place à une politique d'investissement
orientée vers les secteurs où les branches ayant une
véritable chance de s'imposer dans le commerce mondial, car la vente
doit couronner l'action de toute entreprise qui veut survivre.
|