REPUBLIQUE DU CAMEROUN
Paix - Travail - Patrie
UNIVERSITE DE YAOUNDE II
Faculté des Sciences
Economiques et de Gestion
BP : 1365 Yaoundé
REPUBLIC OF CAMEROON
Peace - Work - Fatherland
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II
Faculty of Economics
and Management
P.O. BOX 1365 - Yaoundé
NOUVEAU PROGRAMME DE TROISIEME CYCLE INTERUNIVERSITAIRE
(NPTCI) en Economie
REFORMES FINANCIERES ET RENTABILITE DU SYSTEME BANCAIRE
DES PAYS DE LA CEMAC
1ière PROMOTION
Mémoire présenté et soutenu publiquement en
vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies / Master (DEA/MA) en
Sciences Economiques
Option : Macroéconomie Appliquée
Spécialité : Finances Publiques
Par : Bruno Emmanuel ONGO NKOA
Titulaire d'une Maîtrise en Sciences Economiques
Option : Monnaie-Banque-Finance
Tel +237 75 19 40 49 email :
ongoema@yahoo.fr
Sous la direction de :
Professeur Désiré AVOM
Agrégé de Sciences Economiques
Mention TRES BIEN
Année académique 2008-2009
REFORMES FINANCIERES ET RENTABILITE DU SYSTEME BANCAIRE
DES PAYS DE LA CEMAC
SOMMAIRE
Sommaire............................................................................................................i
Avertissement......................................................................................................ii
Dédicace...........................................................................................................iii
Remerciements.....................................................................................................iv
Résumé.............................................................................................................v
Abstract...............................................................................................................v
Liste des
abréviations..............................................................................................vi
Liste des
graphiques............................................................................................viii
Liste des
tableaux................................................................................................viii
Liste des
annexes.................................................................................................ix
INTRODUCTION
GENERALE..............................................................................1
PREMIRE PARTIE : LES REFORMES
FINANCIERES EN ZONE CEMAC COMME UNE
REPONSE A LA
CRISE BANCAIRE...
...........................................10
INTRODUCTION A LA PREMIERE
PARTIE..........................................................11
CHAPITRE I : Les facteurs de la crise du
système bancaire de la
CEMAC.........................12
Section 1 : Les causes de la crise
bancaire....................................................................13
Section 2 : Les manifestations et les
conséquences de la
crise.............................................20
CHAPITRE 2 : Les réformes
financières en zone CEMAC et la résolution de la
crise.........27
Section 1 : Le contenu des
réformes
financières.............................................................27
Section 2 : L'héritage des
réformes
financières...............................................................38
CONCLUSION DE LA PREMIERE
PARTIE...........................................................46
DEUXIEME PARTIE : EFFET DES REFORMES
FINANCIERES SUR LA RENTABILITE
DU SYSTEME
BANCAIRE DES PAYS DE LA CEMAC..................47
INTRODUCTION A LA DEUXIEME
PARTIE.........................................................48
CHAPITRE 3 : Impact des réformes
financières sur la rentabilité des actifs des banques
de
la sous-région
CEMAC.....................................................................49
Section 1 : Aperçu
théorique sur la rentabilité des
actifs...................................................49
Section 2 : Validations
empiriques..............................................................................54
CHAPITRE 4 : Influence des réformes
financières sur les marges d'intérêt bancaires en
zone
CEMAC................................................................................65
Section 1 : Les contours
théoriques de la notion
d'intérêt.................................................65
Section 2 : Réformes
financières et marges d'intérêt bancaires : un test
empirique....................71
CONCLUSION DE LA DEUXIEME
PARTIE..........................................................81
CONCLUSION GENERALE ET
ENSEIGNEMENTS................................................82
AVERSTISSEMENTS
L'Université de Yaoundé II n'entend donner
aucune approbation ou improbation aux opinions contenues dans ce
mémoire. Celles-ci doivent être considérées comme
propres à l'auteur.
DEDICACE
A mes chers parents, monsieur et madame NKOA qui m'ont toujours
encouragé sur le chemin du travail.
A ma chère tante et maman, NBONO Marie Joséphine
qui m'a toujours soutenu dans mes efforts.
REMERCIEMENTS
Je vais commencer par remercier le Professeur AVOM
Désiré, qui a accepté la direction de ce mémoire.
Sa rigueur, son suivi méticuleux, ses conseils et sa
disponibilité m'ont beaucoup marqué.
Mes remerciements vont également à l'endroit du
Professeur KOBOU Georges, Doyen de la FSEG et du Pr. KAMGNIA DIA Bernadette,
coordonnatrice des Programmes du NPTCI, pour leurs conseils et
encouragements.
Je remercie aussi tous les professeurs de l'Université
de Yaoundé II-Soa, qui ont assuré directement ou indirectement ma
formation.
Je ne peux pas oublier de remercier les Directions
Générale et Nationale du Nouveau Programme de Troisième
Cycle Interuniversitaire (NPTCI), pour m'avoir sélectionné dans
ce programme d'excellence africaine en économie.
J'envoie de grandes amitiés à tous les
aînés de la faculté, ainsi qu'à tous mes camarades
de la 1ème promotion du NPTCI : Campus d'Abidjan ;
Campus de Cotonou ; Campus de Dakar ; Campus de Kinshasa ;
Campus de Libreville ; Campus de Ouagadougou et Campus de Yaoundé
II.
Ma famille a été d'un très grand apport
dans la réalisation de ce mémoire, notamment mes parents, mes
frères (MENYU Michel, ONANA Victor, ATANGANA Benoît) et ma petite
soeur ANDELA Marie. Je joins également mes grands parents ONANA Victor
Hugo et ZAM NGONO Félicitée ; mes oncles et tantes
paternels, BENGONO Jean Marie, NTSAMA Alexis, NKOA Tobie, OBAMA Ludivine,
MELINGUI Marie Anne, BANDOLO Clémentine, BENGONO Martine, ESSOMBA
Vincent et ESSOMBA Hélène. Aussi, je tiens à remercier mes
cousins et cousines NAMA Vincent, FOUDA Etienne, FOUDA Nadine, FOUDA
Céline, ZAM NGONO Félicitée et TSOGO Maurice. Je remercie
ma famille maternelle notamment mon oncle ONANA Oscar et son épouse
ONANA Marie née EMBOLO, ainsi que ma cousine OVAH Catherine et mes
cousins ATANGANA Vincent de Paul, MENYOU Armand et EKAE Etienne.
Je remercie enfin mesdemoiselles MAKANE Charity ; ATEBA
Alice et MBALLA Sophie ; mes amis MELACHIO TAMEKO André, BILONG
Josué Armand, MOODJOM Roland, NDZANA Martial et tout ceux qui, de
près ou de loin, ont contribué à la réalisation de
ce mémoire, et dont les noms ne figurent pas sur cette page, mais qui se
reconnaîtront.
RESUME
L'étude de la rentabilité bancaire se fonde de
nos jours sur deux mesures principales : la
rentabilité des actifs et les marges d'intérêt bancaires.
Dans la zone CEMAC, la rentabilité des banques s'est
considérablement réduite lors de la crise bancaire qu'a connue la
sous-région. La présente étude se propose de
déterminer l'effet des réformes financières sur la
rentabilité du système bancaire des pays de la CEMAC. Ainsi, nous
dressons le bilan desdites réformes sur le système bancaire des
pays membres de la CEMAC. En plus, la technique d'analyse des données de
panel est utilisée pour l'estimation d'un modèle
économétrique prenant appui sur le paradigme
Structure-Comportement-Performance. Il découle alors de cette
étude trois principaux résultats. Le premier montre que les
réformes stabilisent le système bancaire de la sous
région. Le second indique que les réformes financières
améliorent la rentabilité des actifs bancaires en zone CEMAC. Le
troisième quant à lui soutient que l'impact des réformes
sur les marges d'intérêt demeure positif malgré une
évolution non constante de ces dernières. Ces résultats
appellent quelques enseignements allant de la poursuite desdites
réformes au renforcement des institutions sous-régionales et
débouchant sur l'optimalité temporelle de la réussite
d'une réforme.
Mots clés : réformes
financières, rentabilité des actifs, marge
d'intérêt, gradualisme, concentration.
ABSTRACT
Nowadays, two measures are considered on the issue of banking
profitability. It is about the returns to assets and the interest gap of
banking. In the CEMAC zone, the returns to assets are reduced during banking
crises. The objective is to examine these issues in the CEMAC zone, which goes
to integrate the role of financial reforms subdivided into banking, monetary
and institutional reforms. Bringing out the balance sheet of these reforms in
the banking system of the six CEMAC countries and system of the panel data
analysis, the estimation of an econometric model based on the
structure-behavior-performance model attained three major results. Firstly, the
reforms stabilise the banking system of the sub region. Secondly, financial
reforms ameliorate the returns to assets of banks in the CEMAC zone. Thirdly,
the impact of reforms on the interest gap is positive despite an evolution in
the saw-teeth of the reinforcement of subregional institution and end with
temporal optimaty of the success of reform.
Key words: financial reforms, returns to
assets, interest gap, gradualism, concentration.
LISTE DES ABREVIATIONS
BCD Banque Camerounaise de
Développement
BGD Banque Gabonaise de
Développement
BCEAEC Banque Centrale des Etats de
l'Afrique Equatoriale et du Cameroun
BCN Banques Créatrices de
Monnaie
BEAC Banque des Etats de l'Afrique
Centrale
BM Banque Mondiale
BVMC Bourse de Valeurs Mobilières
d'Afrique Centrale
CEA Commission Economique pour
l'Afrique
CEMAC Communauté Economique et
Monétaire de l'Afrique Centrale
COBAC Commission Bancaire de l'Afrique
Centrale
COSUMAF Commission de Surveillance du
Marché Financier de l'Afrique Centrale
DSCN Direction de la Statistique et de la
Comptabilité Nationale du Cameroun
FCFA Franc de la
Coopération Financière en Afrique Centrale
FMI Fonds Monétaire
International
IHH Indice d'Herfindhal-Hirschman
MCO Moindres Carrés Ordinaires
MDS Milliards
NEIO New Empirical Industrial
Organization
PAS Programme d'Ajustement Structurel
PIB Produit Intérieur Brut
PLS Pooled Least Squares
PNB
Produit
Net Bancaire
ROA Return on Assets
ROE Return on Equity
SCP Structure Comportement Performance
SRC Société de
Recouvrement des Créances
SYSCO Système automatise de
cotation des établissements de crédit
TIAO Taux d'Intérêt d'Appel
d'Offre
TIPP Taux d'Intérêt des
Prises en Pension
TIPS Taux d'Intérêt sur
les Placements des Banques
TP Taux de Pénalité aux
banques
UDEAC Union Douanière et
Economique de l'Afrique Centrale
UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine
UMAC Union Monétaire de l'Afrique
Centrale
ZF Zone Franc
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique 1.1 : Créances de
l'Administration centrale dans les banques commerciales (en
milliards de
FCFA)...........................................................................13
Graphique 1.2. : Evolution des taux de
rentabilité du système bancaire de la CEMAC 1990-
1994............................................................................................21
Graphique 2.1 : Evolution de la gestion
du capital du système bancaire de la CEMAC entre
1994 à 2000 (données en
milliers de FCFA)..............................................37
Graphique 2.2 : Evolution des fonds propres
des banques dans la CEMAC ..........................39
Graphique 2.3 : Répartition de la
structure du capital par pays..........................................42
Graphique 2.4 : Evolution du
crédit au secteur privé (en millions de francs
CFA)..................43
Graphique 2.5 : Répartition du
Crédit en zone CEMAC au 31 Déc.
2005)............................44
Graphique 3.1 : Description et
cheminement du paradigme SCP........................................55
Graphique 4.1 : Equilibre sur le
marché des fonds
prêtables.............................................67
Graphique 4.2 : Evolution des conditions
de banques de la BEAC 1990-2005 (en %)...............69
Graphique 4.3 : Evolution des marges
d'intérêt du système bancaire des pays de la CEMAC
en milliards de francs
CFA...............................................................73
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1.1. : Evolution du taux de
crédit au secteur
privé...............................................25
Tableau 2.1 : Etat de recouvrements des
banques en liquidation dans la zone CEMAC en
1996.............................................................................................30
Tableau 2.2 : Structure
simplifiée du système bancaire de la CEMAC au terme de la
première
Restructuration...............................................................................32
Tableau 2.3 : Ratio de liquidité
des banques pour cinq pays de la CEMAC en fin 2003 (en %)....40
Tableau 3.1 : Estimation de la
rentabilité des actifs avant les
réformes.................................61
Tableau 3.2 : Estimation de la
rentabilité des actifs après les
réformes.................................62
Tableau 3.3 : Synthèse des
résultats des deux sous-
périodes.............................................62
Tableau 4.1 : Variable dépendante
et variables indépendantes dans la modélisation des
marges d'intérêt
bancaires...................................................................75
Tableau 4.2 : Synthèse des
résultats des deux
sous-périodes.............................................79
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1.1 : Prises de participation de
l'Administration Centrale dans le capital social des
banques en % de 1988 à
1994..................................................................94
Annexe 1.2. : Banques fermées suite
aux premières restructurations au Cameroun en 1989.........94
Annexe 1.3. : Les différents types
de rationnement de
crédit.............................................95
Annexe 2.1 : Les différentes normes
prudentielles appliquées par la COBAC.....95
Annexe 2.2 : Banques créatrices
de monnaie des six pays de la CEMAC au terme de la
deuxième restructuration bancaire en
2005 .................................................96
Annexe 2.3 : Situation des ratios
prudentiels des huit principales banques commerciales au
Cameroun (février
1998-février
2000)........................................................97
Annexe 3.1 : Un bilan bancaire
typique.....................................................................98
Annexe 3.2 : Estimation de la
rentabilité des actifs période
pré-réformes..............................98
Annexe 4.1 : Comportement des
résidus dans l'estimation de la marge d'intérêt
après les
réformes.......................................................................................101
INTRODUCTION GENERALE
Dans la plupart des économies en voie de
développement, les décennies 80 et 90 ont été
marquées par des crises économiques et bancaires diverses. Au
milieu des années 80 en zone CEMAC1(*), la crise économique s'est fait ressentir dans
tous les secteurs (économique, social, politique et financier) des
Etats. En ce qui concerne l'économie réelle, cette crise fut
caractérisée par une baisse de la production, une chute drastique
du taux de croissance réel, une accumulation des déficits publics
et un accroissement de l'activité informelle. Dans le secteur financier,
on enregistrait un assèchement de la liquidité, un accroissement
des asymétries d'information, une augmentation des créances
douteuses.
Pour résoudre cette crise, une grande vague de
réformes à la fois macroéconomique et macro
financière a été entreprise. Ainsi, les Programmes
d'Ajustement Structurel (PAS) signés avec les bailleurs de fonds avaient
pour clause fondamentale la libéralisation de l'économie, la
réduction des dépenses étatiques, bref le
rétablissement des grands équilibres (Touna Mama, 1999). Dans ce
climat morose, les banques ne pouvaient plus mener à bien leur
rôle d'intermédiaire d'autant plus qu'elles étaient
fortement affectées et ont vu leur rentabilité s'amenuiser. Les
capitaux propres de certaines banques étaient entièrement
absorbés par les pertes. En 1990, l'UDEAC présentait des besoins
de financement liés au système bancaire se chiffrant à
527,4 Milliards de FCFA (Adam Madji, 1997). Les capitaux propres de certaines
banques étaient entièrement absorbés par les pertes. On
assistait ainsi à une crise généralisée et
même systémique (Edward et Tara, 1998). En dépit du fait
que ces banques étaient un héritage de la colonisation, et
étaient de nature commerciale, plusieurs causes de cette crise sont
soulevées notamment : les erreurs de gestion, le faible
degré d'approfondissement financier, le manque de concurrence,
l'omniprésence de l'Etat (Mathis 1992, Peyrard 1992, Pelletier 1993 et
Peyrard 1992). Les manifestations et conséquences de cette crise
étaient multiples : les fortes tensions de trésorerie,
l'importance des créances douteuses et irrécouvrables2(*), l'accumulation des
déficits budgétaires. En plus, le système bancaire a connu
une crise de confiance réduisant ainsi les montants des
dépôts au profit des tontines (Nzemen, 1997 et Hugon,
1996).
On note cependant que malgré cette crise, le rôle
du système financier dans le financement de la croissance et du
développement restait fondamental au regard de la fonction
d'intermédiaire qu'il assume. Dans les pays de la CEMAC, la banque
dispose du monopole d'intermédiation financière auprès des
agents économiques. Ce rôle d'intermédiaire financier
demeure le socle de son existence3(*).
Pour réaffirmer ce rôle, les réformes
étaient nécessaires. Par définition, une réforme
est un changement en vue d'une amélioration. C'est un ensemble de
mécanismes et d'objectifs visant une transformation positive d'une
situation. Associée à l'adjectif financière, on retient
que c'est un ensemble de mutations monétaires, bancaires et
institutionnelles. Les réformes financières intervenues dans le
système bancaire de la CEMAC visaient du fait trois objectifs principaux
: assainir le secteur bancaire de la zone ; diminuer les conditions et
mécanismes de fonctionnement des banques en réduisant par exemple
l'implication de l'Etat dans ce secteur, et enfin inciter la croissance
économique de la zone au regard de l'importance du financement bancaire
des investissements. Quatre principales mesures étaient
adoptées : la privatisation des banques, la libéralisation
du contrôle du taux d'intérêt, la création du
marché monétaire en 1994, la programmation monétaire et
les réformes institutionnelles : création de la COBAC, de la
CEMAC (Bekolo-Ebe, 1998). Ainsi, la carte bancaire de la sous-région a
connu une profonde mutation après la mise en oeuvre de ces mesures qu'on
peut explorer sous trois angles : financier, monétaire et
juridico-institutionnel4(*).
Sur le plan bancaire, les établissements de
crédit fortement compromis ont été liquidés. On
dénombrait 10 au Cameroun, 3 en République Centrafricaine, 8 au
Gabon, 2 au Congo, 2 au Tchad et 1 en Guinée5(*). Les dépôts et
encours des Etats auprès de certains établissements de
crédits ont été abandonnés. Plusieurs banques
commerciales ont obtenu de la BEAC des rééchelonnements de leurs
dettes. L'apurement du passif des banques maintenues en activité ainsi
que l'indemnisation des épargnants furent très coûteux.
Près de 600 Milliards de FCFA étaient nécessaires pour
cette opération.
Sous l'angle monétaire, la politique monétaire
directe liée aux plafonds globaux de réescompte aux banques et
à des taux d'intérêt administrés montrait de plus en
plus ses limites. Elle donnait trop de privilèges aux Etats pour le
financement de certains projets. Or, du fait de la crise économique, les
Etats de la CEMAC sont devenus moins liquides. Le niveau des exportations a
baissé et les créances de l'administration centrale dans les
banques commerciales ont considérablement augmentées ;
passant de 31,1 Milliards en 1975 à 231,2 Milliards de FCFA en 1985
(Avom et Eyeffa, 2007). Ainsi, pour pallier à ces insuffisances, il a
été mis en oeuvre la programmation monétaire le
1er septembre 1991 au Cameroun et 4 mois plus tard dans les autres
Etats et le 1er juillet 1994, le marché monétaire de
la sous-région débute ses activités. Le bien-fondé
de la programmation monétaire est de rendre plus dynamique la politique
monétaire par l'établissement des prévisions sur un an des
agrégats monétaires et d'estimer les montants maximums des
refinancements de la BEAC.
Enfin, sur le plan juridico-institutionnel, une nouvelle
politique du taux d'intérêt a été adoptée
lors du conseil d'administration extraordinaire de la BEAC du 16 octobre
19906(*). Elle a
porté sur une gestion plus souple et plus flexible du loyer de l'argent
de façon à ce que celui-ci soit plus attractif (Bekolo-Ebe,
2001). Ainsi, il a été recommandé que les taux
d'intérêt soient désormais fixés par le Gouverneur
de la Banque Centrale en fonction de la situation financière et
économique des pays de la zone et de la conjoncture internationale. Les
normes prudentielles ont été harmonisées et la Commission
Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC) a été créée
pour contrôler les banques en vue d'éviter les
irrégularités du passé7(*).
Outre cet aspect empirique des réformes en zone CEMAC,
l'analyse théorique des réformes financières s'inscrit
à deux niveaux : sur le plan de la restructuration bancaire et sur
le plan de la libéralisation financière. Depuis les travaux de
McKinnon (1973) et Shaw (1973) sur les principes de la libéralisation
financière, les stratégies économiques des pays en
développement ont été bouleversées suite aux
nouvelles politiques de réformes adoptées et qui tenaient compte
des principales idées avancées par ces deux auteurs.
Trois grandes vagues de réformes ont vu le jour. La
première vague a été conduite durant la décennie
soixante-dix par les pays de l'Amérique latine et quelques pays
asiatiques. La deuxième vague des années quatre vingt et quatre
vingt-dix était principalement africaine alors que la troisième
vague des années fin quatre vingt-dix était constituée,
notamment, de pays arabes (Bentahar, 2002). La politique de
libéralisation a été appliquée différemment
par ces pays. Certains ont choisi des réformes graduelles
développées par McKinnon (1991) et Jhonston (1998)8(*) (pour les pays du Sud-Est
Asiatique), d'autres, des réformes rapides (pays de l'Amérique
latine notamment) alors que d'autres encore ont préféré
tenir compte de la conjoncture économique en présence, afin de
choisir les réformes les plus adaptées à leur cas (pays
asiatiques, africains et arabes). A ce niveau le débat sur le timing de
réformes demeure important.
Bien que l'analyse des réformes bancaires ait
débuté dans les années 70, elle requiert une forme
particulière dans les années 80 et 90 avec pour cause la
persistance des crises bancaires survenues dans la plupart des pays en
développement (Anne Joseph, 2000). Ce qui a nécessité des
réglementations diverses. Une réglementation se justifie par
l'existence des externalités9(*) positives ou négatives (Guerrien, 1996).
Appliquées dans les crises bancaires, ces externalités
s'expliquent par le fait que les coûts sociaux de la faillite d'une
banque de taille importante sont supérieurs aux coûts
privés (Scialom, 2006).
Pour la zone franc (ZF) en général et la zone
CEMAC en particulier, l'analyse des origines et conséquences de la crise
du système bancaire et financier des pays de la CEMAC a fait l'objet
d'une littérature abondante (Peyrard, 1992 ; Pelletier, 1993 ;
Tamba et Tchamambe, 1995 ; Anne Joseph, 1997 et 2000 ; Bekolo-Ebe,
1998 ; Nembot, 1997 et Mengue, 2002). Celle-ci a
abouti sur l'apport des réformes sur la stabilité des banques.
Les aspects empiriques de la relation entre réformes
financières et rentabilité bancaire sont étudiés
par Arshadi et Lawrence (1987) qui utilisent pour leurs travaux le
modèle Structure-Comportement-Performance (SCP) emprunté à
l'économie industrielle et dont Bain (1951)10(*) fut le pionnier. Arshadi et
Lawrence (1987) ont analysé sur la base des données empiriques le
comportement de la performance de nouvelles banques installées aux
Etats-Unis. D'autres études ont été
réalisées par Bourke (1989), Molyneux et Thornton (1992), Yusuf
(1994) et Tanimoune (2001), appréciant pour les uns les
déterminants de la rentabilité bancaire en Amérique latine
et pour les autres, l'influence des réformes sur cette variable. Nembot
et Ningaye (2007) mettront l'accent sur la profitabilité des banques des
pays de la CEMAC. Leur étude aboutit à plusieurs résultats
: (i) le retrait des Etats de la CEMAC du capital des banques a eu un impact
positif sur la rentabilité des actifs des banques ; (ii) la
liquidité et la solvabilité ont été
rétablies. Cependant, ces deux auteurs ne distinguent pas les mesures de
la rentabilité des banques (rentabilité des actifs et marge
d'intérêt). Mansouri et Afroukh (2008) ont étudié
les déterminants de la rentabilité bancaire au Maroc et arrivent
aux résultats suivants : (i) le mouvement de concentration et de
regroupement bancaire, comme variable macro-financière, est favorable au
rendement des actifs (profitabilité) des banques au Maroc ; (ii)
les marges d'intérêt semblent répondre positivement au
renforcement des économies d'échelle mesurées par le
logarithme népérien de l'actif bancaire ; (iii) la
croissance économique et l'inflation semblent affecter positivement le
rendement des actifs des banques de leur échantillon ; (iv) le
volume des crédits distribués est favorable à la
profitabilité des banques et les fonds propres ont un effet
négatif sur la rentabilité des actifs.
Les travaux cités ci-dessus rentrent dans les trois
grandes réformes engagées au volet financier dans la CEMAC :
les réformes monétaires avec les mutations de la politique
monétaire ; les réformes bancaires liées aux
liquidations, fusion-acquisitions ont conduit dans la majorité aux
privatisations des banques et les réformes institutionnelles qui
visaient la création de la COBAC en 1990, de la CEMAC en 1994 et
d'autres institutions et unions11(*). A travers l'approche gradualiste de celles-ci, il
est possible de capter leur influence sur la rentabilité bancaire. Par
définition, la rentabilité d'une entreprise est le rapport entre
un revenu obtenu ou prévu et les ressources employées pour
l'obtenir. La notion s'applique notamment aux entreprises mais aussi à
tout autre investissement. C'est le rapport existant entre les sommes
engagées dans l'achat et l'entretien d'un bien immobilier et les loyers
encaissés. Mises en mal par la crise, les banques de la
sous-région ont enregistré une baisse drastique de leur
rentabilité.
Au regard des développements et de la
problématique ci-dessus, la question principale de cette étude
est la suivante : en quoi les réformes
financières améliorent-elles la rentabilité du
système bancaire des pays de la CEMAC ? En d'autres termes, comment
les réformes bancaires, monétaires et institutionnelles
agissent-elles sur la rentabilité des actifs et les marges
d'intérêt du système bancaire des pays de la
CEMAC ?
Cette question posée présente pour la zone CEMAC
un intérêt à trois niveaux :
1. au niveau théorique, il
s'agit de porter l'analyse au-delà des mesures de la rentabilité
bancaire en zone CEMAC. La présente étude, comme celle de Nembot
et Ningaye (2007) cherche plutôt à capter l'effet des
réformes financières sur la rentabilité bancaire. L'apport
fondamental ici est d'une part l'introduction des marges
d'intérêt bancaires et d'autre part l'influence des variables
macro-financières et macro-économiques dans l'élaboration
des réformes financières ;
2. au niveau méthodologique,
il s'agit à partir d'une approche économétrique
(modèle s'appuyant sur le paradigme SCP) et statistique (analyse des
tableaux et des graphiques), de tester les hypothèses ci-dessous. Il
convient de noter que le paradigme Structure-Comportement-Performance quoique
schématique, permet d'expliquer le fonctionnement de l'organisation.
L'originalité à ce niveau est l'utilisation d'un modèle
économétrique emprunté à Mansouri et Afroukh
(2008), qui précise l'importance des marges d'intérêt. En
plus, nous captons l'apport des réformes financières en estimant
des modèles (un premier avant les réformes et un second
après). Cette conception enrichit l'approche statique utilisée
par Nembot et Ningaye (2007), qui consiste à étudier sur toute la
période le comportement des réformes sur la
rentabilité ;
3. au niveau de la politique
économique enfin, ce travail apporte des
compléments aux actions entreprises par les autorités pour
combler tout écart pouvant exister dans la compréhension de
l'influence des réformes financières sur la rentabilité du
système bancaire, et sur les économies de la CEMAC qui subissent
les affres de la crise financière actuelle.
Au regard de la problématique retenue, la
présente étude se charge d'évaluer la
contribution des réformes financières sur la rentabilité
du système bancaire des pays de la CEMAC. Plus
spécifiquement, il s'agit de :
1. dresser le bilan des réformes
financières sur la stabilité du système bancaire des pays
de la CEMAC ;
2. capter l'influence des réformes bancaires,
monétaires et institutionnelles sur la rentabilité des actifs des
banques en zone CEMAC ;
3. mettre en évidence l'impact desdites
réformes sur les marges d'intérêt bancaires des pays de la
CEMAC.
Pour atteindre les objectifs ci-dessus, l'étude retient
comme hypothèse principale : Les réformes
financières des années 90 ont un impact positif sur la
rentabilité du système bancaire des pays de la
CEMAC.
Cette hypothèse principale est éclatée en
trois hypothèses spécifiques :
H1 : l'influence des réformes
financières sur la stabilité des banques est positive en zone
CEMAC ;
H2 : les mutations dans les secteurs bancaires,
monétaires et institutionnels améliorent la rentabilité
des actifs des banques en zone CEMAC ;
H3 : l'effet des réformes
financières sur les marges d'intérêt bancaires est positif
dans la sous-région CEMAC.
Toutes ces hypothèses seront testées par une
méthodologie qui prendra deux formes et utilisera principalement deux
outils empiriques (statistique et économétrique).
En ce qui concerne le bilan des réformes
financières, il sera fait recours à l'analyse documentaire des
publications de la CEMAC, de la BEAC, de la COBAC, de la Banque Mondiale et
d'autres organismes connexes. Il sera aussi fait recours à l'outil
statistique (graphiques et tableaux).
L'impact spécifique des réformes
financières sur la rentabilité bancaire se fera à partir
de l'estimation d'un modèle économétrique qui va
au-delà du modèle schématique (paradigme SCP :
Structure-Comportement-Performance). Ce paradigme fut pour la première
fois utilisé par Bain (1951). Il se prête
aisément à la compréhension du fonctionnement de
l'organisation à travers la description du marché, le mode de
gestion et la profitabilité. Les premiers a l'avoir transposé en
économie bancaire furent Ho et
Saunders (1981), Benston et al
(1982), Bourke (1989). Ce modèle fut enrichi par
Tanimoune (2003), Mansouri et Afroukh (2008). Le modèle
économétrique retenu ici s'inspire de ces deux dernières
études. Il présente comme variables
dépendantes la rentabilité des actifs d'une part, et les
marges d'intérêt d'autre part. Les variables
indépendantes quant à elles seront regroupées en
variables managériales (la structure du capital social,
la gestion du capital, la proportion des crédits bancaires dans l'actif
et le ratio des dépenses d'exploitation), variables
macro-financières (l'indice de risque, la taille du
secteur bancaire et l'indice de concentration) et variables
macroéconomiques (la croissance économique,
l'inflation et la masse monétaire au sens de M2).
Dans le cadre de cette étude, la
population utilisée est constituée des
Banques Créatrices de Monnaie (BCN) du système bancaire de la
CEMAC qui, au regard du volume de leurs activités ont le quasi-monopole
d'intermédiation financière dans la sous-région. Les
données disponibles en 2005 montraient que les banques détenaient
86,7% des activités financières totales du système. La
CEMAC comptait au cours de la même période 33 banques secondaires
reparties ainsi qu'il suit : Cameroun 11 banques, Gabon 5, Tchad 5, Congo
5, République Centrafricaine 5 et Guinée équatoriale 2,
banques. Le taux d'incidence des banques étrangères est
élevé : elles contrôlent environ ¾ des
activités financières totales du système bancaire (CEA,
2006 et FMI, 2006). Les données de nature consolidée seront
obtenues des sources citées ci-dessus.
Pour ce qui est de l'horizon
temporel, elle couvre la période de 1990 à
2005.Cette limitation temporelle s'appuie sur le caractère
homogène et sur la disponibilité des données
utilisées. Dans la zone CEMAC, la crise du
système bancaire débute au milieu des années 80. Le 16
octobre 1990, le Conseil d'Administration de la BEAC se réunit et adopte
une série de mesures visant à réformer le système
bancaire de la sous-région. Cependant, ces mesures n'entreront en
vigueur dans leur majorité qu'à partir de janvier 1994. Ainsi, la
première sous-période est 1990-1994 et la seconde
1995-2005. Le découpage temporel demeure un complément important
à l'étude de Nembot et Ningaye (2007) dans la mesure où
celle-ci s'est arrêtée à l'année 2000. Il est donc
question de vérifier si leurs résultats sont restés
immuables six (6) ans après leurs conclusions. En outre, l'année
1994 marque aussi l'année de la dévaluation du franc CFA,
période qui modifia les mécanismes économiques des pays de
la zone.
Pour mener à bien cette étude, deux parties sont
développées. La première analyse la
nécessité des réformes financières dans le
système bancaire des pays de la CEMAC. Elle a pour
titre : LES REFORMES FINANCIERES EN ZONE
CEMAC COMME UNE REPONSE A LA CRISE BANCAIRE. Le but
est de montrer par une littérature analytique et statistique, la
nécessité des réformes financières. Cette partie
est divisée en deux chapitres. Le premier présente les facteurs
de la crise du système bancaire de la CEMAC. Il retrace les
différentes étapes de la crise et précise pourquoi et
surtout comment on en est arrivé là. Dans le second chapitre, les
réformes financières en zone CEMAC et la résolution de la
crise seront évoquées. Si l'un des objectifs était de
redonner confiance au système bancaire, il n'en demeure pas moins que
celle-ci devait passer à travers la maîtrise du risque de
crédit et de la rentabilité bancaire liée aux
réformes. La deuxième partie montre l'effet des réformes
financières sur la rentabilité du système bancaire des
pays de la CEMAC. Cette rentabilité est observée sous deux
aspects : la rentabilité des actifs et la marge
d'intérêt. Cette deuxième partie a pour titre :
EFFET DES REFORMES FINANCIERES SUR LA RENTABILITE DU SYSTEME BANCAIRE
DES PAYS DE LA CEMAC. Il est question d'évaluer l'apport des
réformes financières sur la rentabilité du système
bancaire. D'une part l'on s'interroge sur l'impact des réformes
financières sur la rentabilité des actifs des banques (chapitre
3) et d'autre part, l'influence des réformes financières sur les
marges d'intérêt bancaires (chapitre 4).
PREMIERE PARTIE :
LES REFORMES FINANCIERES EN ZONE CEMAC COMME UNE
REPONSE A LA CRISE BANCAIRE
INTRODUCTION A LA PREMIERE PARTIE
L'analyse des réformes financières s'inscrit
dans une double dimension : celle de la restructuration bancaire d'une
part, et celle de la libéralisation financière d'autre part. Le
processus de restructuration bancaire débute pendant la crise bancaire
qu'a connue la sous-région CEMAC. A la fin des années 80, la
CEMAC présentait un système bancaire sinistré en plein
d'énormes difficultés, incapable de financer les projets
innovants pouvant inciter une croissance de long terme. Les
caractéristiques principales de cette situation étaient les
suivantes : forte présence des créances douteuses,
problèmes de liquidité, risque de crédit
élevé, problèmes de gestion (mal gouvernance des
établissements de crédit) et trop de laxisme des Etats.
Pour ce qui est de la libéralisation financière,
elle est une conséquence directe de la nouvelle politique
monétaire en vigueur dans la zone depuis les années 90. Cette
libéralisation tire ses origines des analyses de Mckinnon (1973) et de
Shaw (1973) portant sur la répression financière et qui a
longtemps permis aux différents Etats de la CEMAC de maintenir les taux
d'intérêt bas afin de bénéficier d'un capital moins
coûteux. Cette nouvelle étape a fondamentalement changé la
politique monétaire dans la sous-région. En outre, il faut noter
que la libéralisation des économies de la CEMAC était
l'une des mesures préconisées par les Programmes d'Ajustement
Structurel (PAS) initiés par la Banque Mondiale et le Fons
Monétaire International. Or, ces solutions qui ont été
inspirées de l'extérieur n'ont pas significativement
redressé les équilibres macroéconomiques et surtout
macro-financiers. Car, la crise bancaire a perduré faisant subir au
système bancaire une perte de confiance considérable de la part
de la clientèle. Il fallait alors réaffirmer les réformes.
Les chefs d'Etat de la sous-région s'engagent ainsi dans un vaste
programme de réformes à la fois macroéconomique et
macro-financier. Plusieurs secteurs de l'économie ont été
considérés par ces réformes, d'où leur
caractère multidimensionnel. Cette partie se donne ainsi pour objectif
d'analyser les réformes en zone CEMAC et la résolution de la
crise (chapitre II) ; tout en présentant au préalable les
facteurs de la crise du système bancaire de la CEMAC (chapitre I).
CHAPITRE I: LES FACTEURS DE LA CRISE DU SYSTÈME
BANCAIRE DE LA CEMAC
Introduction
Le système bancaire de la CEMAC a traversé une
période de stabilité avant la décennie 80. Au cours de
cette période, l'environnement économique général
était favorable. Certains pays tels que le Cameroun et le Gabon
enregistraient des PIB en volume de 3 896 milliards de F CFA et de 1553,9
milliards respectivement ; pour une population de 10,17 millions pour le
Cameroun et de 990 mille12(*) pour le Gabon. Ce système bancaire se
composait d'une Banque Centrale : la BEAC et des banques commerciales et
spécialisées. La BEAC fut créée le 22 novembre 1972
en remplacement de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique Equatoriale et du
Cameroun (BCEAEC) par deux conventions de coopération
monétaire :
- la première signée le 22 novembre 1972 entre
les cinq Etats membres d'Afrique Centrale fondateurs à savoir le
Cameroun, la République Centrafricaine, le Congo, le Gabon et le Tchad.
La Guinée Equatoriale devient membre de la BEAC le 1er
janvier 198513(*) ;
- la deuxième signée le 23 novembre 1972 entre
la France et les cinq Etats fondateurs, institue le compte
d'opération14(*) et
précise l'objectif de la BEAC qui était de façon
générale le financement du développement (Touna Mama,
2002).
Mais, la dégradation de la situation conjoncturelle
durant la crise, les insuffisances de gestion interne des banques et
l'inefficacité de l'encadrement des autorités monétaires
ont contribué à fragiliser la plupart des banques,
réduisant ainsi leur rentabilité et leur capacité à
financer le développement.
Ce chapitre visite les causes de la crise bancaire (section1)
et analyse ses manifestations et conséquences (section 2).
SECTION 1 : LES CAUSES DE LA CRISE BANCAIRE
De 1960 à 1985, le système bancaire de la CEMAC
a connu une réelle stabilité et une rentabilité toujours
en augmentation. Mais, la dégradation de la situation économique
et financière a conduit à l'augmentation des créances
douteuses, la liquidation ou la fermeture de certaines banques commerciales et
la privation des autres. Avant d'analyser les causes de la crise,
présentons d'abord le système bancaire de la CEMAC avant cette
crise.
I.1.1. LE SYSTÈME BANCAIRE AVANT LA CRISE
Avant la crise, l'activité bancaire de la CEMAC a
été ponctuée par deux générations de banques
et a bénéficié d'un encadrement de la part des
autorités monétaires.
I.1.1.1. LES DEUX GÉNÉRATIONS DE BANQUES
DANS LA CEMAC
Jusqu'au milieu des années 80, la sous-région
CEMAC connaissait déjà deux générations de
banques.
- La première génération bancaire
regroupe les premières banques établies dans la
sous-région à l'époque coloniale. Elles étaient des
filiales des banques occidentales15(*). Elles dépendaient de leur maison mère
et étaient rigoureusement gérées. Cependant, celles-ci ne
s'impliquaient pas activement au processus de développement des
économies de la communauté. Face à cette situation, des
politiques volontaristes avaient été mises en place dès
les indépendances. Durant les années 70 en effet, la
communauté a connu un boom des produits de base. De 1975 à 1987,
le taux de croissance moyen annuel des exportations de marchandises atteignait
10,68 % pour les six pays de la CEMAC16(*) avec des pics de 22,9 % au Congo et 18,2 % au
Cameroun. Cette croissance vertigineuse des exportations des marchandises a
provoqué une euphorie qui s'est traduite par des programmes
d'investissements ambitieux avec des projets mal conçus et des dotations
trop généreuses à des entreprises publiques devenues des
organismes budgétivores. Au Cameroun et au Tchad par exemple, l'Etat a
injecté près de 1550 milliards et 129,76 milliards de FCFA
respectivement aux entreprises publiques en difficulté. Ce qui
expliquait la volonté de développement des Etats de la CEMAC en
cette période. Pour soutenir l'envolée, une importante
réforme avait été engagée dès 1973. Celle-ci
traduisait le renforcement de la tutelle de l'Etat sur les banques à
travers des prises de participation dans le capital social des banques (voir
annexe 1.1). Quelques banques de développement voient le jour avec
notamment l'aide des bailleurs de fonds. On avait alors la Banque Camerounaise
de Développement (BCD) créée en 1960, la Banque Gabonaise
de Développement (BGD) en 1977 en autres.
- La deuxième génération bancaire, celle
de la deuxième moitié de la décennie 70, pratiquait des
taux d'intérêt négatifs et différenciés en
faveur de certains secteurs pour aider des politiques industrielles
sélectives. Les lignes de crédit ouvertes permettaient aux
bailleurs de fonds de financer le secteur privé et des investissements
comme le logement social ou les équipements à des taux
concessionnels. Mais lorsque les prix des produits de base en dehors du
pétrole ont baissé à la fin des années 70 et
début des années 80, la majorité des gouvernements n'ont
pas voulu réduire leurs programmes d'investissement. Ils ont
plutôt continué à emprunter auprès des banques
désireuses de recycler l'argent du pétrole. La production
pétrolière du Cameroun et du Congo avait en moyenne
doublé, atteignant 81,5% de la production sous régionale pour le
Cameroun et 12,2% pour le Congo (Tamba et Tchamambe, 1995). Par ailleurs, les
banques ont pratiqué des opérations non-conformes à leur
vocation de départ. Ceci étant dû au fait que les
dirigeants nommés par les pouvoirs publics étaient moins
qualifiés. Des crédits étaient accordés sous la
pression des hommes politiques influents (Mathis, 1992), des hauts
fonctionnaires ou des membres de sa tribu (Sandretto et Tiani, 1993). Les
prêts étaient signés en blanc, c'est-à-dire sans
contre partie et le plus souvent sans une étude préalable de la
rentabilité du projet.
Cette omniprésence de l'Etat s'est également
traduite par le fait que le secteur public détenait une part importante
de dépôts dans les banques et une proportion croissante des
crédits. Les dépôts ont augmenté de 21,3 milliards
de FCFA pour la zone en 1975 à 253,1 milliards en 1985 ; même
constat sur les créances du secteur public comme le montre le graphique
1.1 ci-dessous.
Graphique 1.1 : Créances
de l'Administration centrale dans les banques commerciales
(en milliards de FCFA)
Source : construction par l'auteur à partir du
rapport d'activité de la COBAC, 2003.
Les créances douteuses du Cameroun par exemple ont
continué à augmenter jusqu'à se chiffrer à 253
milliards de FCFA au 30/06/1988. Ces pratiques ont provoqué un
surendettement des Etats et les entreprises publiques financièrement
déséquilibrées ont bénéficié des
concours bancaires afin d'assurer leur survie.
Dans la même période, on a aussi noté un
encadrement défaillant de l'activité bancaire par les
autorités monétaires.
I.1.1.2. LA SUPERVISION BANCAIRE ET LA POLITIQUE
MONÉTAIRE DE LA BEAC AVANT LA DÉCENNIE
1990
Avant 1990, la supervision bancaire et la politique
monétaire de la BEAC ont encadré l'activité bancaire.
- La supervision bancaire
On peut considérer la supervision bancaire comme
l'ensemble des actions des autorités visant à définir,
réguler et contrôler l'activité des banques (Thoraval et
Duchateau, 2003). Cette définition est confirmée par les quinze
premiers principes du Comité de Bâle sur le contrôle
bancaire. Mais dans ce domaine, les autorités bancaires de la CEMAC ont
pendant longtemps eu recours à des mécanismes moins
élaborés qu'aujourd'hui.
L'idée d'harmoniser les conditions d'exercice et de
contrôle de la profession bancaire existe depuis 1972, lorsque les chefs
d'Etat d'Afrique Centrale ont décidé de confier à la BEAC
des compétences en la matière. Or, la mise en place du
système de contrôle sur document était très
limitée et la cellule de contrôle des banques créée
en 1979 était inefficace à cause de la réticence des Etats
à céder à la BEAC un pan de leur souveraineté sur
le contrôle bancaire. C'est pourquoi avant 1990, la surveillance
incombait conjointement à la BEAC pour la conduite des enquêtes
sur place et le contrôle sur pièce, et aux Commissions Nationales
de Contrôle des Banques pour la prise de décision. Les
différents pays de la sous-région disposaient chacun d'un corps
de texte régissant l'activité bancaire. De 1960 à 1990,
des lois, des ordonnances et des décrets, souvent d'inspiration
française ont été publiés sur le problème
dans ces pays. Ces textes sont demeurés sommaires et souvent divergents
quant à la disposition d'ordre prudentiel (Ikori, 2004). Donc,
l'efficacité de ce dispositif supposait que les constats dressés
par la BEAC donnent lieu à des sanctions justifiées par la
gravité des anomalies et autres infractions relevées.
- La politique monétaire de la BEAC de 1973 à
1990
Durant cette période, l'objectif final de la politique
monétaire n'était pas explicitement énoncé dans les
statuts de la BEAC. En effet, les statuts de la BEAC de 1973 ne
définissaient pas clairement l'objectif final de la politique
monétaire. Mais, de la lecture desdits statuts, on déduit que
l'objectif de cette politique était le développement
économique. Ceci se justifie par le fait que la conduite de la politique
monétaire de cette époque tournait autour de deux
préoccupations : élargir la responsabilité des Etats
membres dans la détermination de la politique monétaire et dans
la distribution du crédit et mettre la monnaie et le crédit
au service du développement économique des pays (Engone, 2004).
La politique du crédit mise en oeuvre s'est
inspirée de trois considérations fondamentales à
savoir :
- favoriser la promotion des entreprises
contrôlées par les nationaux et le développement des zones
géographiques déshéritées ;
- maintenir des taux d'intérêt sélectifs
et modérés tout en participant à des actions ayant pour
but la fixation et l'accroissement de l'épargne locale ;
- élargir l'intervention de l'institut
d'émission dans le financement des investissements.
Cette politique visait en général deux objectifs
à savoir agir indirectement sur le volume global du crédit d'une
part, et grâce aux différents taux d'escompte, sur les mouvements
de capitaux avec l'extérieur d'autre part. Par le contrôle
quantitatif du crédit, les autorités monétaires de la BEAC
voulaient contenir la masse monétaire dans les limites compatibles avec
le développement économique des Etats membres. La limitation des
avances aux Trésor des Etats membres17(*), la fixation des plafonds de réescompte aux
banques18(*), le recours
à l'encadrement du crédit et l'application du système de
réserves obligatoires19(*)ont été les principaux instruments
utilisés par la BEAC dans ce domaine. Différentes mesures
étaient mises en oeuvre pour le contrôle qualitatif du
crédit à savoir : la sélectivité des taux
d'intérêt, la sélectivité des plafonds de
réescompte20(*)et
le coefficient d'emploi des dépôts en crédit non
remboursables21(*).
Les instruments utilisés par la BEAC entre 1973 et 1990
ci-dessus cités, peuvent être regroupés en trois
catégories selon qu'il convient d'agir sur les taux
d'intérêts, qu'ils affectent directement le volume global du
crédit ou qu'ils tendent à l'orienter vers les opérations
économiques et les secteurs jugés prioritaires par les pouvoirs
publics.
De façon générale, la politique
monétaire pré-réforme n'a pas été efficace
au sens de Bakkus et Driffil (1985)22(*). Elle n'a pas eu les effets escomptés ou du
moins, a commencé à présenter des signes de faiblesse en
particulier sur l'objectif final de développement économique. En
effet, le taux de croissance du PIB/tête se situe sur le période
1985-1989 autour de -0,98%23(*) dans la sous-région avec des taux respectifs
de -2,23, -2,7, -3,56, -1,09 et -1,86 au Cameroun, Gabon, Congo, RCA et en
Guinée Equatoriale. La politique des taux d'intérêt
pratiquement administrée s'est révélée peu souple
par rapport aux fluctuations incessantes du marché intérieur de
la liquidité et des marchés monétaires et financiers
extérieurs auxquels les économies de la zone sont
connectées. La politique sélective de crédit n'a pas eu
les effets escomptés. Elle a plutôt introduit des distorsions au
niveau de l'allocation des ressources.
Il faut aussi noter qu'entre 1973 et 1990, la politique
monétaire de la BEAC repose théoriquement sur les postulats de la
répression financière. Selon la théorie de la
répression financière développée par Gurley et Shaw
(1970), les économies doivent encourager une politique de taux
d'intérêt administrés et de faible coût de la
liquidité pour favoriser certains investissements entraînant ainsi
un processus de croissance économique. Cette thèse est vivement
critiquée par McKinnon (1973) et Shaw (1973). L'idée de ces
auteurs est que la politique de la répression crée des
distordions dans l'allocation des ressources favorisant des secteurs peu
rentables à l'instar du secteur public ; ce qui favorise
l'apparition d'importants déficits internes et externes.
S'agissant de l'aspect pratique, Bekolo-Ebe (2001) fait quatre
constats ayant caractérisé le fonctionnement de la politique
monétaire de cette période. Le premier est ce que l'auteur
appelle le statisme de la politique monétaire. Celui-ci a eu pour
objectif de développer une économie de production de culture de
rente ou d'exploitation minière et de favoriser les importations des
produits manufacturés. Le second fait référence au
contrôle de l'activité des banques et des établissements de
crédit dont les mécanismes s'avèrent inefficaces
caractérisés par un manque d'indicateurs permettant
d'évaluer la santé des banques. Le troisième constat
concerne le poids important de l'Etat dans les ressources des banques
commerciales dont la conséquence directe a été de graves
tensions de trésorerie et des baisses sévères de la
rentabilité enregistrées par ces dernières au fur et
à mesure que les tensions de liquidité se faisaient sentir au
niveau des finances publiques. Le quatrième constat enfin est relatif
à la structure des créances de l'économie dominée
par des activités d'intermédiation et de spéculation au
détriment des activités de production.
Pour comprendre davantage cette crise bancaire, un
aperçu de ses causes demande d'être exposé.
I.1.2. LES CAUSES DE LA CRISE BANCAIRE : LES
MÉFAITS DE LA RÉPRESSION FINANCIÈRE
La littérature sur la firme bancaire laisse
apparaître plusieurs facteurs explicatifs des crises bancaires. Calomiris
et Mason (1997) et Dermirgüç et Detragiache (1998) soulèvent
comme facteurs explicatifs des crises bancaires : la situation
d'asymétrie d'information entre les banquiers et les épargnants,
la détérioration des avoirs bancaires, la fraude et la mauvaise
gestion des banques, un faible taux de croissance économique, des
taux d'intérêts réels élevés, un taux
d'inflation élevé, un accroissement des taux
d'intérêts internationaux, la chute des prix des actifs et la
détérioration des termes de l'échange.
Dans la zone CEMAC, ces causes sont subdivisées en deux
groupes : les causes exogènes et les causes endogènes.
I.1.2.1. LES CAUSES EXOGÈNES : LA
DÉGRADATION GÉNÉRALE DES ÉCONOMIES
Au cours de la première moitié de la
décennie 80, les pays de la zone CEMAC ont connu une crise de
liquidité créée par la baisse du prix des produits de base
exportés et sur lesquels était construite toute leur
stratégie de développement. Pour les pays exportateurs de
pétrole comme le Cameroun, la chute des cours des hydrocarbures a
amplifié la crise. La détérioration des finances publiques
qui en découla a eu des conséquences dramatiques sur la situation
des banques.
En matière de ressources, les dépôts de
l'Etat et des organismes publics ont fortement baissé, entraînant
une déperdition de trésorerie des banques. L'accumulation des
arriérés sur la dette intérieure a pour sa part,
contribué à réduire le niveau des dépôts
privés.
En ce qui concerne les emplois, l'Etat et ses
démembrements ne pouvaient plus faire face à leurs engagements.
De même, les arriérés intérieurs ont conduit
à l'immobilisation des concours à la clientèle alors
qu'augmentait parallèlement la proportion des créances
compromises. On note ici une baisse générale du taux de
croissance de tous les pays de la sous-région. Au Cameroun, on passe de
20,4% en 1985 à -6,7% en 1990 ; au Tchad de 26,7% à -4,7%;
en RCA de 2,8% à -2,1%, (Avom et Gbetnkom, 2003). Le retournement de la
conjoncture sur le front des matières premières, du fait d'avoir
entraîné le resserrement de la trésorerie des Etats,
principaux opérateurs économiques, était donc à la
base de l'assèchement de la liquidité bancaire et de la
dégradation de la qualité des créances portées sur
le secteur public.
A côté de cette « responsabilité
passive », l'Etat a aussi une « responsabilité
active » : la représentation de l'Etat au conseil
d'administration des banques et les pressions contestables sur la gestion et
l'orientation de la politique d'octroi de crédit des banques.
En outre, l'Etat actionnaire, même minoritaire, a eu
tendance, en qualité de puissance publique, à peser sur le
management, en imposant ses hommes à la direction des
établissements de crédit. Le contrôle du capital s'est
alors trouvé déconnecté de l'exercice des
responsabilités, ce qui a entraîné des conséquences
fâcheuses : relâchement dans la gestion, acceptation de
mauvais risques et alourdissement du poids des emprunteurs publics sur le
volume de crédits distribués.
Outre les causes exogènes, plusieurs facteurs internes
peuvent expliquer l'origine de la crise.
I.1.2.2. LES CAUSES ENDOGÈNES : LA
RESPONSABILITÉ DES BANQUIERS ET LE MANQUE DE VÉRITABLE
SUPERVISION
Pour ce qui est de la responsabilité des banquiers, on
relève :
1. une mauvaise gestion d'un point de vue technique qui se
manifeste par :
- l'inadéquation ressources-emplois qui consiste
à accorder des crédits dont les échéances sont
largement supérieures à celles des dépôts ;
- l'inefficacité des procédures de recouvrement
des créances et une évaluation trop optimiste des perspectives
des emprunteurs ;
- l'absence de contrôles internes qui demeure une des
causes les plus importantes des prises de risques bancaires
inconsidérés lorsqu'elles concernent les procédures
d'examen des crédits. Cette situation se manifeste par une absence de
comptabilité fiable dans certains établissements, une
organisation administrative non performante, un personnel peu qualifié
et enfin un manque de dispositif d'alerte tel que le contrôle de
gestion ;
2. une gestion de type maquillage qui consiste à
dissimuler les pertes passées ou présentes pour gagner du temps
et conserver ainsi le contrôle de l'établissement en retardant
l'adoption des solutions adéquates. On assiste ainsi à :
- un maquillage de la qualité du portefeuille.
Lorsqu'un banquier veut adapter les dotations aux provisions à un niveau
donné des bénéfices et des dividendes, il ne classe pas
les mauvaises créances comme telles. Il rééchelonnera
automatiquement le crédit en question sur de longues périodes et
les intérêts feront l'objet d'un refinancement. Il faut noter que
cette pratique est très répandue dans la zone CEMAC, ce qui
explique le fait que les montants des concours classés
en « douteux » lors d'enquêtes sur place soient
toujours largement supérieurs aux chiffres déclarés par
les banques ;
- la comptabilisation des produits fictifs. En
présentant comme produits des intérêts échus mais
irrévocables à percevoir sur les créances gelées,
le banquier ne fait que comptabiliser et distribuer des crédits
fictifs ;
3. la concentration excessive. Ce phénomène est
encore présent dans 18 établissements de crédits de la
zone BEAC. Il traduit le manque de concurrence dans le secteur ;
4. la répression financière. Comme
soulevé plus haut, le maintien des taux d'intérêt bas en
vue de favoriser les crédits étatiques s'est traduit par une
perte de rentabilité excessive. L'interventionnisme de l'Etat exerce des
effets pervers sur les marchés financiers dont les conséquences
sont le rationnement du crédit par le système financier, la
prépondérance des financements à court terme et de
certains secteurs jugés prioritaires ou stratégiques, des taux
d'intérêt réels faibles. Pour remédier à
cette situation il a été développé la
libéralisation financière.
En ce qui concerne le dispositif de surveillance, il
était presque inexistant. Il était institué par la BEAC
qui se contentait soit des enquêtes sur place, soit des enquêtes
sur pièces. Or, cette pratique présentait à la base une
inefficacité certaine. Car les documents présentés ne
reflétaient pas toujours le fonctionnement réel des institutions
financières.
Après avoir présenté les causes de la
crise bancaire, nous analysons à présent les manifestations et
les conséquences de cette crise.
SECTION 2 : LES MANIFESTATIONS ET LES
CONSÉQUENCES DE LA CRISE
Dans un premier temps les manifestations de la crise sont
présentées et dans un second, ses conséquences.
I.2.1. LES MANIFESTATIONS DE LA CRISE BANCAIRE EN ZONE
CEMAC
Cette crise s'est manifestée par un écroulement
général du système bancaire, mais certains pays furent
plus criblés que d'autres.
I.2.1.1. UNE VUE SYNOPTIQUE DE LA CRISE
A la veille de son éclatement, la situation devenait
presque insupportable. Tous les signes montraient l'imminence d'un
dénouement inévitablement douloureux.
- L'imminence de la crise
Tout allait bien dans les pays de la CEMAC jusqu'en 1985. La
production du pétrole y augmentait, les prix en dollars étaient
favorables et le dollar augmentait par rapport au franc CFA. De 1979 à
1985, les PIBs combinés du Cameroun et du Congo augmentaient de 10% par
an et les recettes gouvernementales liées au pétrole
décuplaient en franc CFA courant au Congo. Mais cette situation s'est
brusquement retournée entre 1986 et 1989 : la production stagnait,
les prix en dollars avaient brutalement chuté, avec notamment une baisse
de 55% du prix du pétrole exprimé en dollar entre le dernier
trimestre 1985 et le deuxième trimestre 1986 et le franc CFA
était en forte hausse par rapport au dollar.
Avec ce bouleversement, les recettes publiques étaient
en nette diminution. Au Cameroun par exemple, elles étaient
passées de 63% en 1985/86 à 25% en 1992/9324(*). Ne pouvant plus emprunter
ailleurs car devenus peu crédibles, les gouvernements ont
sacrifié les dépenses non salariales et ont accumulé des
arriérés de paiement. Impayés à temps, les
fournisseurs du gouvernement devenaient incapables de rembourser aux
banques.
- Les manifestations proprement dites
Le système bancaire au matin de la crise était
caractérisé par de fortes tensions de trésorerie,
l'accumulation des soldes déficitaires de gestion, ainsi que
d'importantes créances douteuses et irrécouvrables25(*) (Nembot, 1997). Plus de la
moitié des banques étaient en état de faillite
réelle. Même les banques de développement qui
bénéficiaient des fonds venant de l'extérieur pour assurer
le financement des projets nécessaires au développement
économique, n'ont pas résisté au désastre.
Plusieurs d'entre elles s'étaient retrouvées en situation
d'illiquidité totale (LeNoir, 1989). Leur rentabilité a
drastiquement diminué comme l'illustre le graphique 1.2 ci-dessous.
Graphique 1.2. : Evolution des taux de
rentabilité du système bancaire de la CEMAC
1990-1994
Source : construction par l'auteur à partir du
rapport d'activité de la COBAC, 2002.
On constate dans l'ensemble une évolution
négative de ce taux. Ce qui justifie le climat morose de la situation
bancaire.
En résumé, la situation globale du secteur
bancaire en 1990 était critique. Sur les 40 banques que comptait la
zone, 9 avaient suspendu leurs activités ; parmi celles encore
fonctionnelles, une seule respectait l'ensemble des normes
réglementaires en vigueur ; 14 présentaient des
équilibres précaires et 16 étaient totalement insolvables
(Adam Madji, 2002).
Cependant, cette crise ne s'est pas manifestée de la
même façon dans les différents pays de la zone.
I.2.1.2. LES CARACTÉRISTIQUES DE LA CRISE DANS
LES SIX PAYS DE LA CEMAC
La crise bancaire qui secoua de façon
générale les pays de la sous-région a cependant
présenté quelques particularités entre les Etats. Les
rapports de la BEAC en 1990 sont arrivés aux conclusions
suivantes 26(*):
- le système bancaire camerounais était le plus
grand en termes de nombre de banques et était le plus
dévasté. Il affichait un besoin de financement de 490,4 milliards
(Mds) de franc CFA dont 185,1 Mds FCFA pour les banques à liquider et
305,3 Mds FCFA pour les banques à restructurer ;
- suivait le Congo qui présentait un besoin de 17,5Mds
FCFA ; il devait servir à hauteur de 15 Mds FCFA pour les
liquidations des banques irrécupérables et de 2,5 Mds FCFA pour
les restructurations de celles jugées encore viables ;
- la République Centrafricaine était le
troisième du classement. Le besoin de financement s'élevait
à 10,1 Mds FCFA : 2,5 Mds FCFA réservés aux banques
à liquider et le reste, soit 7,6 Mds FCFA, étaient
destinés aux banques à réhabiliter ;
- quant au Tchad les besoins de financement atteignaient 6
Mds ; ces besoins renfermaient près de 1,8 Mds FCFA pour les
banques à liquider et environ 4,2 Mds FCFA pour les
établissements à réhabiliter ;
- le secteur bancaire équato-guinéen
était l'avant dernier. Son besoin de financement était d'environ
3,5 Mds pour l'ensemble des banques devenues inactives ;
- le secteur bancaire gabonais était le plus sain avec
le besoin de financement le moins élevé soit 1,3 Mds FCFA pour la
totalité des établissements bancaires à liquider.
Cette crise a présenté des conséquences
importantes dans les sphères réelles et financières des
économies.
I.2.2. LES CONSÉQUENCES DE LA CRISE
La crise bancaire qu'a connue la zone CEMAC a
présenté plusieurs conséquences. Celles-ci peuvent
être regroupées en deux catégories : Les faillites
bancaires et l'accroissement du rationnement de crédit d'un part, et
l'essor des activités de la micro finance ainsi que du secteur financier
informel d'autre part.
I.2.2.1. LES FAILLITES BANCAIRES ET L'ACCROISSEMENT DU
RATIONNEMENT DU CRÉDIT
Au début des années 90, plusieurs banques
présentaient des bilans critiques. Certaines étaient
marquées par une insuffisance notoire des fonds propres et
étaient de ce fait en violation des normes de solvabilité. Les
besoins de financement cumulés du système bancaire
s'élevaient à 528,8 Mds FCFA. Incapables de rembourser leurs
dettes, les banques ont été pour la plupart liquidées. En
conséquence, sur 31 banques en activité dans la
zone 27(*):
- 11 présentaient une situation relativement saine en
respectant l'ensemble des normes prudentielles ;
- 11 avaient des équilibres financiers fragiles, soit
parce que les niveaux de fonds propres, bien que positifs étaient
insuffisants, soit en rapport avec leur situation de liquidité
très étroite ;
- 9 étaient dans une phase critique, avec des fonds
négatifs, en violation de toutes les normes prudentielles28(*). Au Cameroun par exemple, la
première restructuration en 1989 a vu la fermeture ou la scission de 12
banques (voir annexe 1.2).
Pour ce qui est du rationnement de crédit, il traduit
le fait qu'une banque refuse de prêter à un emprunteur potentiel
aux conditions demandées (quantités et taux
d'intérêt). Les banques de la sous-région ont
manifesté un rationnement de crédit de type 2 dans lequel
certains emprunteurs obtiennent le crédit tandis que d'autres qui
présentent les mêmes caractéristiques se voient refuser
ledit crédit (voir annexe 1.3. pour les détails liés au
rationnement crédit). Au Cameroun par exemple, l'enquête
menée par la Direction de la Statistique et de la Comptabilité
Nationale du Cameroun (DSCN) a montré que pour l'exercice 1990-1991, 85%
des industries de 20 employés et plus avaient besoin d'un crédit
pour financer leurs investissements. Parmi celles-ci, 70% rencontraient des
difficultés dans l'obtention. Le coût du crédit est
évoqué par 28% des industries et le fait que les banques
prêtent difficilement par 42%. Les crédits octroyés au
secteur privé ont ainsi diminué comme l'indique le tableau 1.1
ci-dessous.
Tableau 1.1. : Evolution du taux de crédit
au secteur privé
Années
Pays
|
1980
|
1984
|
1988
|
1992
|
1996
|
1997
|
Cameroun
Congo
Gabon
Tchad
RCA
|
29
23
16
-2
50
|
27
24
15
9
11
|
-9
-10
-7
-10
-7
|
-8
-46
-3
-33
-5
|
4
14
-2
8
0
|
-10
9
41
-3
4
|
Source : construction par l'auteur à partir de
World Bank Data, 2005.
Ce tableau présente une négativité
générale des taux de crédit entre 1988-1992. Ceci explique
la profondeur de la crise qui nécessitait un mutation même au
niveau des taux d'intérét. Une autre conséquence de cette
crise fut le développement de la microfinance et l'essor d'un secteur
financier informel.
I.2.2.2. LE DÉVELOPPEMENT DE LA MICROFINANCE ET
L'ESSOR D'UN SECTEUR FINANCIER INFORMEL
L'une des conséquences les plus attendues fut le
développement de la microfinance qui est restée embryonnaire
jusqu'en 1990, en dépit de quelques expériences mennées au
Cameroun, au Congo, au Tchad et en Centrafrique. L'expression microfinance
vient de microcrédit qui désigne des crédits de faible
montant offerts aux exclus du crédit bancaire, faute de garanties
nécessaires ou parfois même d'idéologie culturelle,
sociologique et d'analphabétisation. L'histoire du microcrédit a
commencé en 1974 lorsque M. Mohammad Yunus29(*) alors professeur
d'économie à l'université de Chittagong au Bangladesh
prêta 27 dollars à chacun des paysans de 42 familles et les sortit
ainsi de la pauvreté. La microfinance serait alors l'ensemble des
services financiers (services d'épargne et services de credit) et non
financier offerts à des petits opérateurs économiques des
zones rurales et du secteur informel des milieux urbains et périurbains.
Suite à la faillite des banques dans la sous-région et au regard
de la perte de confiance installée chez les clients, ceux-ci se tournent
alors vers une nouvelle forme de financement. Les faillites bancaires ont en
outre provoqué des licenciements massifs, notamment de cadres de banques
plus ou moins expérimentés qui se sont lancés dans la
création sans contrôle des structures de microfinance.
De plus, en se restructurant pour échapper à la
crise, les banques classiques restées en survie ont durci les conditions
d'accès à leurs services et redimensionné leur
réseau. Cette évolution a eu pour conséquences la
marginalisation d'une plus grande tranche des populations par rapport à
l'accès aux services bancaires et une aggravation de la
sousbancarisation, surtout dans les zones rurales. C'est pourquoi les
entités de microfinance se sont révélées de plus en
plus attractives par leur proximité, la simplicité de leur
approche commerciale et leur capacité d'adaptation
présumée. En fin février 2008, la CEMAC comptait 677 EMF
agrées donc 444 au Cameroun, 59 au Congo, 14 en Centrafrique, 4 au
Gabon, 0 en Guinée Equatoriale et 156 au Tchad.
En outre, au cours de la même période, on a
assisté au développement d'un secteur financier informel qui
regroupait des associations tontinières, des organisations de
crédit rotatif reposant sur des communautés d'adhésion,
des prêteurs et banques non officiels ou usuriers et des institutions
communautaires reposant sur des groupes d'appartenance (clans, lignages,
réligieux) (Hugon,1996). Mais, de tous ces types d'associations, la
tontine est l'organisation informelle (du fait d'un manque de ligislation
administrative et financière étatique) du système
financier informel le plus représentatif. Quelques traits permettent de
décrire la tontine : l'appartenace à un groupe pour se
valoriser, le besoin de solidarité pour combler certains déficits
et valoriser ses excédents, la participation aux actions collectives
afin de donner un sens à sa vie dans la communauté, la
disposition d'assistance sociale pour stabiliser ses forces matérielles
et morales en cas d'évènements heureux ou malheureux,
l'incitation à l'effort pour progresser davantage dans la vie et un
placement pour l'épargne afin de réaliser un projet et
sécuriser l'avenir (Nzemen, 1997). En plus, on peut ajouter l'ouverture
de possibilité d'accès à un crédit pour faire face
à des nécessités présentes, la disposition d'atouts
pour la facilité de mobilisation de masse dans sa vie associative,
professionnelle, politique et autres, l'aquisition de l'esprit d'entreprise
auprès des membres de la tontine qui font des affaires et par le partage
des leçons d'échecs et de succès dans la gestion ou la
création des entreprises.
Malgré ces nombreux atouts, on reproche à ces
organisations clendestines d'appauvir davantage les populations.
Car, nombreux sont les cas où les dirigeants de celles-ci s'en vont avec
toute l'épargne laissant les membres dans un désarroi
inexplicable. La perte de confiance des populations envers le système
financier s'est amplifiée ; d'autant plus que celles-ci
mélangent banques, totines, assurances et usure dans le même
panier.
Les autorités monétaires ont alors pensé
qu'il fallait réformer le système bancaire afin que ce dernier
retrouve sa stabilité, favorise la rentabilité des banques et
permet le financement de l'économie.
conclusion
Entre 1960 et 1980, le système bancaire de la zone
CEMAC est resté stable enregistrant même une rentabilté
remaquable. Il a financé les multiples projets de développement
des Etats membres de la sous-région.
Mais, de 1982 à 1985, quelques signes avant-coureurs
indiquaient des lendemains dificiles pour les banques de la sous-région
(chute des cours du petrôle, ralentissemnt de la croissance, acumulations
des impayés de la part des Etats, le manque de respect des ratios
prudenciels...). Ainsi, entre 1985 et 1989, tous les indicateurs de la crise
étaient réunis et lorsque la crise éclate, elle se
manifeste par des faillites bancaires, d'énormes crédits douteux,
des pertes d'emplois et autres. Sur le plan social par exemple, les faillites
et liquidations des banques ont occasionné près de 135 000
emplois supprimés dans l'ensemble des pays de la sous-région. Ce
chiffre s'est amplifié du fait de la fermeture des entreprises qui se
sont retrouvées dans l'incapacité d'accéder à leur
trésorerie confiée aux banques. Il fallait à tout prix
réformer le sytstème bancaire de la sous-région dans
l'espoir d'une sortie de crise. C'est dans ce sillage que les autorités
monétaires ont institué des réformes à la fois
monétaire, bancaire et institutionnelle en vue de retrouver la
stabilité du sytème financier.
CHAPITRE II : LES RÉFORMES
FINANCIÈRES EN ZONE CEMAC ET LA RÉSOLUTION
DE LA CRISE
Introduction
La résolution de la crise a nécessité
plusieurs actions. Celles-ci ont tourné autour d'un vaste programme de
restructuration bancaire qui a nécessité deux phases. La
restructuration bancaire est une opération qui a pour but non seulement
de résoudre les difficultés présentes du système
bancaire, mais aussi de prévenir les risques de fragilisation
ultérieure. Cela consiste d'une part à liquider les banques
insolvables et irrémédiablement compromises pour assainir le
système, et d'autre part à restaurer durablement la
solvabilité, la liquidité voir la stabilité des banques
restant en activité à travers les fusion-acquisitions (Mengue,
2002).
En 1990, parmi les réformes financières qui ont
été engagées, la supervision bancaire et la
restructuration ont pris une place importante. On a aussi noté des
mutations monétaires avec notamment la mise sur pied d'une nouvelle
politique monétaire caractérisée par la programmation
monétaire d'une part, et le marché monétaire d'autre part.
Le but principal de ces mesures était de stabiliser le système
bancaire en vue de renouer avec les équilibres macro-financiers.
Ce chapitre vise comme objectif de justifier le
bien-fondé des réformes sur la stabilité du système
bancaire. Ce qui nous permettra de vérifier l'hypothèse une
(H1 : l'influence des réformes financières sur
la stabilité des banques est positive en zone
CEMAC). Ainsi, la première section du chapitre
retrace les différentes réformes bancaires, monétaires et
institutionnelles engagées par les six Etats de la CEMAC. La
deuxième fait une analyse de l'héritage des réformes
financières sur la stabilité bancaire.
SECTION 1. LE CONTENU DES RÉFORMES
FINANCIÈRES
Dans l'ensemble des réformes financières
engagées par les Etats de la CEMAC, les mutations bancaires
marquées par le renforcement du dispositif de supervision bancaire et
les deux vagues de restructuration entreprises ont permis de retrouver la
stabilité du système bancaire de la sous-région. Ces
réformes visaient aussi la dynamisation de la politique monétaire
qui a bénéficié de deux innovations importantes : la
programmation monétaire et la création du marché
monétaire.
II.1.1. LE CONTUENU DES RÉFORMES BANCAIRES
L'analyse des réformes retient comme fondement
théorique l'approche gradualiste et la thérapie des chocs. Dans
le secteur bancaire, elle s'oriente au plan pratique vers un ensemble de
mécanismes visant à moderniser ce secteur : la
restructuration bancaire.
II.1.1.1 LES FONDEMENTS THÉORIQUES DES
RÉFORMES : L'APPROCHE GRADUALISTE ET LA THÉRAPIE DES CHOCS
DANS LA LIBÉRALISATION FINANCIÈRE
L'approche gradualiste des réformes s'appuie sur les
changements progressifs et appropriés des structures institutionnelles
à la fois d'ordres macroéconomique et microéconomique
(Avom et Eyeffa, 2007). McKinnon (1991) posait comme préalable à
la réussite de toute politique de restructuration bancaire et
financière, l'obtention de la stabilité macroéconomique.
Cette approche gradualiste s'inscrit aussi dans l'explication et dans les
fondements de la libéralisation financière.
La libéralisation financière est un processus
qui vise la flexibilité des taux d'intérêt,
l'intervention plus dynamique des banques dans le processus de financement de
l'économie. Fry (1997) établit cinq pré-requis
indispensables pour qu'une libéralisation financière
réussisse : (i) une supervision et une régulation
prudentielle des banques commerciales adéquates, (ii) un degré
raisonnable de stabilité des prix, (iii) une discipline
budgétaire de stabilité des prix, (iv) un comportement des
banques commerciales orienté vers la maximisation du profit et un
système fiscal neutre concernant l'activité
d'intermédiation.
Le gradualisme peut être spatial ou temporel. La
réforme gradualiste spatiale renvoie à l'intégration
progressive des entités liées à leur géographie.
Dans la sous-région CEMAC, cette approche n'a eu aucune influence dans
les politiques entreprises puisque la régionalisation l'avait
déjà précédée. L'approche gradualiste
temporelle est celle adoptée par les chefs d'Etat des pays de la
sous-région. Les décisions votées sont toujours suivies
d'un calendrier leur permettant une meilleure application. Cette méthode
décèle un avantage majeur : un cadre stratégique
évolutif en fonction des besoins et spécificités des pays.
La lenteur des procédures est un inconvénient majeur. Mais
l'inconvénient peut être le laxisme des chefs d'Etat si un
contrôle n'est pas effectué.
La thérapie des chocs quant à elle est la
deuxième catégorie de réformes. Elle consiste à
modifier à la fois toutes les structures ou secteurs et ce, de
façon brusque. Elle est abondamment utilisée par les pays
européens. Elle nécessite une très bonne maîtrise
des mécanismes de fonctionnement des économies et surtout des
moyens à la fois matériels, humains et financiers pour sa mise en
oeuvre (Saint-Etienne, 1987). Pour Baneth (1997), le débat sur le choix
de la réforme est improductif. Car il soutient que quel que soit le type
de réforme entrepris, l'essentiel est l'atteinte des objectifs
fixés.
A l'appui de ces fondements théoriques, un ensemble
d'instruments empiriques a été mis sur pied.
II.1.1.2. LES GRANDS AXES DE LA RÉFORME
BANCAIRE : LES DEUX RESTRUCTURATIONS BANCAIRES
Ces axes tirent leur contenu des deux vagues de
restructurations bancaires qu'ont connues les pays de la CEMAC au cours de la
décennie 90. La première menée entre 1990 et 1996 a
présenté un bilan négatif ce qui a poussé les
autorités à entreprendre une deuxième restructuration
jusqu'à 2006. Cette dernière a présenté des
résultats quelque peu satisfaisants.
1. Le bilan de la prémière restructuration
bancaire
Pour ce qui est de cette restructuration, plusieurs objectifs
étaient visés:
- le remboursement par les structures de liquidation des
créanciers privés, la solution retenue consistant à
priviliger les petits déposants et à les dédommager dans
un délais relativement court ;
- l'appui des Etats sur le montant de la totalité du
refinancement consenti par la BEAC aux banques à liquider ou d'une
fraction dudit financement, en fonction de l'ampleur des besoins de la
banque30(*) ;
- la restauration de la solvabilité, de la
rentabilité et de la liquidité des banques en activité
à travers des fusion-acquisitions. Cette restauration devait passer par
le respect des normes prudentielles qui, dans leur majorité visent
à contenir un risque de crédit minimal.
La première restructuration a connu des
résultats peu satisfaisants liés notamment aux dificultés
rencontrées dans la mise en oeuvre des objectifs ci-dessus
mentionnés. Comme difficultés on a :
- le dénouement difficile des opérations de
liquidation
Au constat de l'inexistance d'un mécanisme de garanties
de dépôts dans la zone CEMAC, le désintéressement
des déposants, en cas de sinistre d'une banque, reste intimement
lié à la gestion des liquidations bancaires. Deux raisons
principales sont évoquées pour expliquer l'échec des
opérations de liquidation des banques au cours de ces restructurations
bancaires (Bekolo-Ebe, 1998).
D'une part, on relève l'état de
délabrement avancé des banques en liquidation. Il
est évident qu'en cas d'absence d'un plan crédible de
restructuration et surtout lorsque l'établissement n'arrive plus
à faire face au passif exigible avec les actifs disponibles, la mise en
liquidation est non seulement inévitable, mais même souhaitable
pour éviter que la banque « ne mange sa
trésorerie ». Elle doit être prononcée afin de
préserver les intérêts des créanciers (Pastré
et Gaël De Pontbriand, 2003). Ceci n'a pas été le cas dans
la zone CEMAC où l'on a observé qu'il s'est écoulé
plusieurs exercices entre le moment du constat de la cessation de paiement et
la mise en liquidation effective. C'est ainsi que la caractérisque
commune aux banques en liquidation, à l'ouverture de celle-ci, est le
délabrement avancé de la structure financière avec
à l'exception du Tchad, une insuffisance d'actifs assez
importante : 222 Mds de FCFA pour le cameroun, 21,6 Mds de FCFA pour le
Gabon, 19,9 Mds de FCFA pour le Congo, 2,1 Mds de FCFA pour la
République Centrafricaine et 3,7 Mds de FCFA pour la Guinée
Equtoriale.
D'autre part, cette restructuration a connu comme autre
défaillance, la gestion décevante des liquidations
bancaires marquée par la réalisation insuffisante
des actifs et le coût élévé desdites liquidations.
En décembre 1996, on dénombrait 24 banques en liquidation dans la
zone CEMAC: 11 au Cameroun dont 8 gérées par la
Société de Recouvrement des Créances (SRC), 3 au Gabon, 2
au Congo, 4 en Centrafrique, 2 au Tchad et 2 en Guinée Equatoriale. Le
processus de recouvrement desdites créances a été mal
mené et de ce fait, il a été recouvré moins de la
moitié du montant prévu comme l'illustre le tableau
ci-dessous.
Tableau 2.1 : Etat de recouvrements des banques
en liquidation dans la zone CEMAC en
1996
Pays
|
Montant à recouvrer en Millards de
FCFA
|
Montant effectivement recouvré en Milliards de
FCFA
|
Camroun
|
500
|
15.7
|
Congo
|
36
|
2.7
|
Repub. Centr.
|
10
|
0.6
|
Tchad
|
6
|
1
|
Guinée Equato.
|
3.5
|
0.6
|
Gabon
|
1.8
|
0.5
|
Source : construction par l'auteur à partir d'Adam
Madji, 1997.
A la lecture de ce tableau, on pouvait déjà
prévoir une réussite difficile de cette restructuration. Car,
évaluée à quelques 536,2 Mds de FCFA des pertes soit
96,21%31(*) du montant
attendu, il était alors plus difficile pour les banques de continuer
à soutenir le financement des activités économiques.
- le coût élevé des liquidations
bancaires
L'essentiel de la mission du liquidateur est comme le
précise Pelletier (1993), de réaliser les actifs et d'apurer le
passif. Ce qui n'est pas toujours facile surtout lorsque les banques à
restructurer présentent un actif lourdement effondré. Telle
était la situation qui prévalait dans la zone CEMAC en 1996. Il
faut bien noter que l'objectif était tel qu'à court terme, il
fallait indemniser les déposants et préserver le système
bancaire contre une éventuelle crise systémique provoquée
par la panique des déposants et à long terme, ramener la
confiance des épargnants. Compte tenu de la modicité des recettes
recouvrées et du coût de fonctionnement de la liquidation, le
montant théoriquement disponible et susceptible d'affectation à
l'indemnisation des déposants et autres créanciers ne
représentait que 11,3 Mds de FCFA soit environ 1,51% du passif
cumulé à épuration (près de 746,3 Mds) et seulement
9,51% des dépôts du secteur privé (118,8 Mds). Tels
étaient les résultats médiocres pour les moyens
(honoraires, effectifs, matériels) dont disposaient les liquidateurs
(Madji, 1994).
De façon générale, la réussite
d'une restructuration bancaire se mesure à la solidité du
système à l'issue de la période de restructuration et au
retour de la confiance des déposants vis-à-vis du système.
A contrario, l'échec de la restructuration se mesure à la
fragilité du système, notamment en terme de besoins en fonds
propres et à la méfiance sinon la défiance des
déposants. Comme précisé ci-dessus, l'un des objectifs
majeurs de la première vague des restructurations était de
restaurer durablement la solvabilité, la rentabilité et la
liquidité des banques restant en activité. Or, en décembre
1996, la situation de ces banques était moins luisante. Le niveau de
fonds propres n'a pas augmenté ; les besoins de financement
cumulés des différents systèmes bancaires
s'élevaient à 102 Mds de FCFA. Ces besoins sont
inégalement répartis : Cameroun 75,5 Mds ; Congo 13
Mds ; Gabon 5 Mds ; RCA 5 Mds ; Tchad 4 Mds et Guinée
Equatoriale 0,3 Mds. Le tableau 2.2 ci-dessous représente la structure
simplifiée des différents systèmes bancaires de la
sous-région au terme de cette première restructuration.
Tableau 2.2 : Structure simplifiée du
système bancaire de la CEMAC au terme de la
première
restructuration
Pays
|
Nombre de banques en activité
|
Nombre de banques en situation confortable
|
Nombre de banques ayant une situation
fragile*
|
Ratio de couverture de risque (<5%) **
|
Ratio de liquidité
(<100%) **
|
Cameroun
|
9
|
2
|
7
|
10%
|
196%
|
Congo
|
3
|
1
|
2
|
9%
|
333%
|
RCA
|
3
|
1
|
2
|
10%
|
258%
|
Gabon
|
9
|
6
|
3
|
9%
|
152%
|
Tchad
|
5
|
2
|
3
|
12%
|
162%
|
Guinée Eq.
|
2
|
1
|
1
|
8%
|
150%
|
* Insuffisance des fonds propres. ** Minimum COBAC entre 1994
et 2000
Source : construction par l'auteur à partir
d'Adam Madji, 1997.
Ainsi, sur les 31 banques en activité, 18
étaient dans une situation moins luisante et même parmi les 13 qui
présentaient une situation confortable, seulement 3 respectaient les
normes prudentielles (une au Cameroun : la Société
Générale, une au Gabon : la Banque Gabonaise et
Française Internationale et une au Congo : la Banque Gabonaise et
Française Internationale-Congo).
Cette fragilité est aussi liée à
l'environnement macroéconomique qui a entravé le
rétablissement de la situation financière. Les rumeurs
persistantes de la dévaluation du franc CFA nourries d'ailleurs par la
dégradation de la situation économique ont contribué
à aggraver le processus de restructuration bancaire en ruinant, par des
demandes de transfert sur l'extérieur, la trésorerie et la
rentabilité des banques.
En somme, le système bancaire de la CEMAC restait
fragile au terme de cette restructuration.
2. Les ajustements de la deuxième vague de
restructuration bancaire
Entamée dès la fin de l'année 1996, la
seconde restructuration visait comme objectif : la restauration de la
solidité du système bancaire qui devait passer par la
maîtrise du risque de crédit, le retour d'une stabilité
durable et le financement des économies de la sous-région.
Cette restructuration s'appuyait sur les enseignements tirés de celle
qui s'achevait et ses résultats ont été plus satisfaisants
au regard de la stabilité du système.
Les enseignements tirés de la première
restructuration contenaient trois idées principales (Bekolo-Ebe,
1998) :
- la première était que la restructuration
bancaire ne pouvait constituer un objectif isolé de l'ajustement
macroéconomique. Les autorités ont d'abord engagé des
programmes d'ajustement macroéconomique. Ceux-ci comportaient un volet
d'assainissement du secteur bancaire et financier ;
- la deuxième idée était de coupler
restructuration financière et restructuration bancaire interne. Pour
qu'une banque demeure solvable, il fallait qu'elle ait une capitalisation
suffisante pour lui permettre de faire face à des évolutions
défavorables et à sa rentabilité ;
- la troisième idée était le
désengagement des Etats du système bancaire. Avec le temps, la
part des Etats dans le capital des banques devait sensiblement baisser. Ces
idées constituaient les principales mesures adoptées pour cette
deuxième restructuration.
Ainsi, les principaux résultats de cette
restructuration étaient les suivants :
- la liquidation des banques restées en activité
et dont la situation s'était fortement compromise depuis la
première restructuration ;
- la liquidité des établissements de
crédit a été retrouvée. On assiste même de
nos jours à une surliquidité bancaire mais qui contraste avec le
manque d'engagement dans le financement de l'économie (Avom, et
Eyeffa, 2007) ;
- les progrès du processus de privatisation
liés notamment au retrait des Etats du capital des banques. La structure
du capital social a évolué en faveur du secteur privé.
Ainsi, les évolutions de cette structure sont les suivantes : 43,6%
à 56,4% au Cameroun entre 1990 et 2000 ; 18,8% à 54% au
Congo ; 48% à 53% au Gabon ; 43,5% à 74% en
Guinée Equatoriale ; 48,5% à 58% en République
Centrafricaine et de 40,2% à 60% au Tchad d'où l'importance de la
libéralisation du secteur bancaire ;
- l'accroissement de la rentabilité des actifs
lié à l'augmentation du résultat net des banques;
- le respect des normes prudentielles. Sur les 31 banques
figurant dans le champ de l'analyse prudentielle de la COBAC. En fin juin 2004,
27 étaient en conformité avec les dispositions relatives à
la représentation du capital minimum, 25 présentaient un ratio de
couverture de risque supérieur ou égal au minimum de 8%, 25
parvenaient à respecter la limite globale en matière de division
de risque.
Suite donc à toutes ces réalisations qui ne sont
pas exhaustives, l'on a enregistré un retour à la
stabilité du système bancaire : 33 banques sont
restées en activité dans la zone CEMAC (annexe 2.2). Il importe
aussi de noter le cas le plus récent de restructuration bancaire au
Cameroun : la restructuration d'Amity Bank Cameroon. Débutée
en 2007, elle vise à terme le rachat de Amity Bank Cameroon par la
Banque Atlantique une banque marocaine. La banque camerounaise connaît
depuis 2006 un effondrement de son passif et des problèmes de
liquidité importants.
Ces mutations bancaires se sont aussi accompagnées par
des changements monétaires et institutionnels importants.
II.1.2. LES RÉFORMES MONÉTAIRES ET
INSTITUTIONNELLES INTERVENUES DANS LA CEMAC
Ces mutations ont porté sur la reformulation des
objectifs et des instruments de la politique monétaire d'une part et
l'instauration d'un nouveau dispositif de supervision bancaire d'autre part.
II.1.2.1. UNE NOUVELLE POLITIQUE MONÉTAIRE
DEPUIS LA DÉCENNIE 1990
La réforme de la politique monétaire de la BEAC
s'est appuyée sur la précision de son objectif, les changements
intervenus dans ses instruments d'une part, et sur l'instauration de la
programmation et du marché monétaire d'autre part (Avom,
2003).
Pour ce qui est de l'objectif, il est clairement défini
dans l'article 1er des statuts de la BEAC que : « La
Banque Centrale émet la monnaie de l'Union Monétaire (UM) et en
garantit la stabilité. Sans préjudice de cet objectif, elle
apporte son soutien aux politiques économiques générales
élaborées dans l'Union »32(*). Le contrôle de la
stabilité monétaire va plus loin, pour s'étendre au
système bancaire comme le stipule l'article 20 : « La
Banque Centrale participe à la mise en oeuvre des actions visant
à la stabilité et au contrôle du système bancaire et
financier et des moyens de paiement. Par ailleurs, dans le cadre de la
politique monétaire, le Comité de Politique Monétaire
(CPM) de la Banque Centrale33(*) peut prendre toutes dispositions pour imposer aux
établissements de crédit la constitution de réserves
obligations ». Sur le plan théorique, la stabilité des
prix est définie par deux conditions à savoir l'absence
d'incertitude quant à l'évolution à long terme et un taux
d'inflation anticipé nul (Ireland, 1993) et en raison des
problèmes soulevés pour mesurer correctement la hausse des prix,
une valeur légèrement positive du taux d'inflation
anticipé (à mesure qu'elle soit jugée à peu
près constante) est qualifiée de suffisante (Bordes et Clerc,
2004). Il faut aussi noter que cette notion de stabilité des prix est
l'un des fondements de la théorie monétariste.
La réforme des instruments de cette politique s'est
appuyée sur la politique des taux d'intérêt marquée
par une libéralisation de leur contrôle. Elle permet un arrimage
des taux au contexte économique. Elle vise la promotion de
l'épargne financière et le développement du secteur
financier. Comme mutations, certains taux ont alors été
supprimés. On peut citer le taux d'escompte préférentiel,
le taux d'escompte normal, les taux privilégiés et
bonifiés et le relèvement progressif du taux des avances aux
trésors. Ils ont laissé place aux seuls taux directeurs
appliqués par la BEAC. Soit, le taux d'intérêt d'appel
d'offres positif (TIAO), le taux d'intérêt sur les placements des
banques (TIPS), le taux d'intérêt des prises en pension (TIPP) et
le taux de pénalité aux banques (TP).
Les plafonds globaux de réescompte aux banques ont
aussi été supprimés pour laisser place à la
programmation monétaire instituée en janvier 1994. C'est un
mécanisme qui permet à la BEAC de procéder à
l'élaboration et au suivi des normes de progression des agrégats
monétaires retenus comme objectif intermédiaire et indicateur de
la politique monétaire. Autrement dit, les normes de progression
monétaire de la liquidité au sens de M2 et les concours à
l'économie sont désormais définies par des anticipations
de croissance et du niveau général des prix. Il s'agit
concrètement pour ce mécanisme d'arrêter les objectifs de
croissance de la masse monétaire.
L'une des grandes réformes monétaires
était l'instauration du marché monétaire en 1994 dont
l'objectif est la modification et l'amélioration des conditions de
financement des banques secondaires en mettant de plus en plus la BEAC en
arrière-plan de façon à lui conférer une
indépendance grandissante (Bekolo-Ebe, 2001 et Artus, 2008). Dans ce
marché sont ouverts deux guichets : le guichet A par appel d'offres
à l'initiative de la BEAC pour une durée de 7 jours et le guichet
B auprès duquel sont refinancés les anciens crédits
à moyen terme irrévocables.
De façon générale, toutes ces
réformes monétaires influencent la rentabilité des banques
à travers la politique des taux d'intérêt directeurs dont
la marge d'intérêt est un déterminant de cette
rentabilité. Les banques ont en outre bénéficié
d'un encadrement lié à une nouvelle supervision bancaire.
II.1.2.2. LA COBAC COMME NOUVEAU DISPOSITIF DE
SUPERVISION BANCAIRE
A sa création en 1990, la Commission Bancaire de
l'Afrique Centrale (COBAC) a été dotée des pouvoirs forts
sur les plans administratifs, de réglementation, de contrôle et de
sanction. Sur le plan administratif, elle est la seule habilitée
à accorder les agréments aussi bien pour l'ouverture que pour la
fermeture des banques ; elle donne également un avis sur le
récrutement des dirigeants malgré l'approbation définitive
qui est faite par le ministre en charge des finances. Elle comprend un organe
de décision : la Commission bancaire, présidée par le
Gouverneur de la BEAC, et un organe d'exécution, le Secrétariat
Général dont le personnel et les moyens sont fournis par la BEAC.
Avec son pouvoir réglementaire, la COBAC a toutes les compétences
pour définir le plan et les procédures comptables applicables aux
établissements de crédit. Ainsi, elle définit les normes
prudentielles de gestion qui sont au nombre de cinq : le ratio de fonds
propres qui peut être positif, le ratio de solvabilité (minimum
5%), de liquidité (minimum 100%), de transformation à long terme
(minimum 50%), de couverture des immobilisations par les ressources permanentes
(minimum 100%) (pour plus de détails voir l'annexe 2.1). Elle est
également habilitée à établir la liste, la teneur
et les délais de transmission des documents et des informations que les
assujettis sont tenus de lui adresser.
Par son pouvoir de contrôle, la COBAC organise et exerce
la surveillance sur place et sur pièces des établissements de
crédit. Elle est habilitée à diligenter toutes les
vérifications décidées par la Commission ou
commandées par l'urgence. D'après le pouvoir de sanction, la
COBAC est également un organisme juridictionnel et peut intervenir
à titre disciplinaire, sans préjudice des sanctions que pourront
prendre du même chef les autorités judiciaires nationales. Ainsi,
lorsqu' un établissement n' est pas déféré à
une injonction ou tenu compte d' une mise en garde ou a enfreint gravement la
réglementation, et après que ses dirigeants aient
été invités à formuler leurs observations, la COBAC
peut prononcer l'une des sanctions suivantes : avertissement, blâme,
interdiction d'effectuer certaines opérations ou toute autre limitation
dans l'exercice de l'activité bancaire, suspension ou révocation
des Commissaires aux comptes, suspension ou démission d'office des
dirigeants responsables, retrait d'agrément de
l'établissement34(*).
En outre, il importe de préciser que le concept et le
contenu des fonds propres sur lesquels repose l'ensemble des ratios ci-dessus
soulevés ont été redéfinis pour se rapprocher des
normes fixées par le second Comité de Bâle. Ce second
Comité appelé Comité MAC DONOUG distingue les fonds
propres réglementaires et les fonds propres économiques35(*). Les fonds propres
réglementaires comprennent : les fonds propres de base (capital
social+réserves) ; les fonds propres complémentaires (plus
value) ; les fonds propres sur complémentaires (emprunts
subordonnés). Pour les fonds propres économiques, ils sont
définis par chaque établissement de crédit et prennent en
compte la nature du crédit afin d'évaluer le type de risques
courus. Dans certains pays comme le Cameroun fortement touché par la
crise, la situation des ratios prudentiels des huit principales banques
commerciales s'est nettement améliorée comme l'indique
l'annexe 2.2.
S'agissant des normes qualitatives, la COBAC a veillé
également sur les aspects de la gestion des établissements de
crédit en mettant l'accent sur la gestion du capital mesurée par
le ratio Capitaux Propres sur Total Actif. Le système automatisé
de cotation des établissements de crédit (SYSCO) voit le jour. Il
est basé sur une évaluation de la santé individuelle des
banques, qui s'appuie sur le calcul des scores et cotes permettant
d'apprécier périodiquement la situation de chaque
établissement de crédit par rapport au respect des normes
réglementaires et des dispositifs de gestion interne. Ainsi, cette
gestion a connu depuis le fonctionnement de la COBAC, en 1994, une relative
amélioration dans la plupart des pays de la zone comme l'indique le
graphique 2.1 ci-dessous.
Graphique 2.1 : Evolution de la gestion du
capital du système bancaire de la CEMAC
entre 1994 à 2000
(données en milliers de FCFA)
Source : construction par l'auteur à partir des
données de la BEAC, 2002.
De cette figure se dégage un constat
général : la gestion du capital a connu une amélioration
significative. Au Gabon par exemple, elle est moyennement supérieure
à 200 pour1000. Ceci confirme l'état presque sain du
système bancaire gabonais qui avait nécessité seulement
1,3 Mds de FCFA pour besoin de financement. Cependant, un contraste se
dégage entre l'évolution de la gestion du capital camerounais et
congolais. Certes, le Cameroun avait besoin de 490,4 Mds de FCFA pour
reléver son système bancaire et le Congo 16,1Mds de FCFA, mais,
cette gestion a connu une évolution positive et remarquable au Cameroun
qu'au Congo. Ceci peut s'expliquer par la nature des banques congolaises trop
étatiques ; pays marqué par l'instabilité politique
et la corruption.
A côté de la COBAC, la Bourse des Valeurs
Mobilières d'Afrique Centrale (BVMAC) a vu le jour. Elle vise à
faciliter le financement des économies à long terme à
travers les actions et obligations : c'est la projection d'une
transformation de ressources en emplois longs. Pour assurer son fonctionnement,
la Commission de Surveillance du Marché Financier de l'Afrique Centrale
(COSUMAF) fut créée. Mais, il faut noter que ces structures
traînent à prendre leur envol du fait peut-être d'un faible
degré d'intégration des marchés de la zone. Au cours de la
même période, l'Union Monétaire de l'Afrique Centrale
(UMAC) et l'Union Economique de l'Afrique Centrale (UEAC) furent
créées. Elles reposent, en outre, sur un ensemble de
règles de coopération monétaire entre les pays membres.
Elle a pour objectif, à travers la Banque des Etats de l'Afrique
Centrale (BEAC), de garantir la stabilité intérieure et
extérieure de la monnaie. Dans cette institution, le nombre de
directions est passé de 9 à 12.
De façon générale, cet ensemble de
réformes a non seulement permis aux économies de la
sous-région de renouer avec la croissance, mais aussi a orienté
le système bancaire vers une stabilité soutenue malgré son
caractère mitigé lié notamment aux résultats
enregistrés dans chaque pays.
SECTION 2. L'HÉRITAGE DES RÉFORMES
FINANCIÈRES
L'objet de cette section est de retracer l'héritage des
réformes. Cet héritage est ambivalent : on a d'une part le
retour à la stabilité bancaire et d'autre part, l'implication
médiocre des banques au processus de croissance.
II.2.1. UNE STABILITÉ BANCAIRE RETROUVÉE
La stabilité bancaire est une situation au cours de
laquelle le système bancaire est solide. Plusieurs critères
permettent de caractériser la stabilité des banques : la
solvabilité, la liquidité et la rentabilité. La
solvabilité d'un établissement se définit comme sa
capacité à assumer les pertes qu'il peut subir, en raison soit de
la défaillance de certains de ces clients, soit en raison de pertes
consécutives à des évolutions défavorables des
marchés. Quant à la liquidité, elle se mesure par la
capacité à mobiliser sans délai des avoirs en monnaie
centrale pour faire face à ses obligations de règlement ou de
constitution de réserves (Thoraval et Duchateau, 2003).
A la fin de la deuxième vague de restructuration
bancaire, un constat général se dégage : les banques
sont devenues plus liquides, plus solvables et évidemment plus stables.
Deux grands groupes de facteurs sont énumérés pour
expliquer la stabilité bancaire retrouvée : les facteurs
internes et les facteurs externes.
II.2.1.1. LES FACTEURS INTERNES DE LA STABILITÉ
BANCAIRE
Ils sont liés notamment à l'évolution des
fonds propres, à la maîtrise du risque, au processus de
privatisation des banques et au retour à la liquidité.
En ce qui concerne l'évolution des fonds propres,
ceux-ci ont connu une nette augmentation dans la sous-région en
général comme l'illustre le graphique 2.2 ci-dessous.
Graphique 2.2 : Evolution des fonds propres des
banques dans la CEMAC
Source : construction par l'auteur à partir des
données de la BEAC, 2002.
Deux raisons principales expliquent cette évolution.
D'une part le retour des capitaux des particuliers après la
dévaluation et d'autre part, le respect de normes prudentielles
imposées par la COBAC et surtout les sanctions prévues.
La maîtrise du risque a fait l'objet de plusieurs
débats avant son application. Ces débats portaient en
majorité sur le niveau minimum de certains ratios (Adam Madji, 1997).
Certains avaient estimé que 5% comme solde minimum du ratio de
solvabilité était très faible ce qui ne leur donnait pas
une manoeuvre assez grande pour octroyer des crédits. D'autres pensaient
le contraire. Mais le consensus a été vite trouvé. Il
était basé sur l'arrimage aux normes internationales
c'est-à-dire 8% d'après Bâle II en 2003. Dans la zone, on
est passé de 5,5% en 1996 en moyenne à plus de 10,56% en 2004.
Le processus de privatisation quant à lui s'est
poursuivi et a permis au secteur privé de bénéficier des
parts relativement importantes du capital social des banques. Comme
précisé ci-dessus, les implications excessives des Etats dans le
capital des banques leur conféraient d'énormes pouvoirs. Ce qui
leur permettait de s'engager démesurément envers les banques
traînant des créances douteuses importantes. En moyenne, le
secteur privé détient à ce jour 60,05% du capital des
banques. On enregistre même des taux de 74% comme en Guinée
Equatoriale et 62,5% en République Centrafricaine.
Pour ce qui est de la liquidité, le tableau 2.3
ci-dessous donne pour cinq pays de la CEMAC, le ratio de liquidité tel
que défini dans le dispositif réglementaire. Ainsi, le constat
général fait ressortir un retour à la liquidité qui
excède même 100% dans certains pays.
Tableau 2.3 : Ratio de liquidité des
banques pour cinq pays de la CEMAC en fin 2003
(en %)
Pays
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
Tchad
|
|
196,3
|
221,1
|
239,8
|
242,4
|
303,4
|
205,4
|
220,4
|
280,7
|
204,8
|
203,9
|
Guinée E.
|
|
246,7
|
265,6
|
238,4
|
229,9
|
186,1
|
212,8
|
143,8
|
272,9
|
262,5
|
284,1
|
Gabon
|
117
|
167,7
|
154,7
|
200,5
|
135,9
|
134,3
|
135,6
|
140,5
|
128,9
|
133,5
|
183,1
|
RCA
|
175
|
239,9
|
204
|
207,3
|
211
|
195,6
|
175,6
|
181,1
|
139,6
|
96,45
|
100,9
|
Cameroun
|
46
|
116,4
|
110,9
|
107,9
|
141,5
|
122
|
136,7
|
152,7
|
178,8
|
206,2
|
204
|
Source : Avom et Eyeffa, 2007, d'après la COBAC,
2003.
Certes, cette liquidité marque bien l'effet des
réformes sur la constitution des actifs, mais décrit aussi une
situation de rationnement de crédit qui contraste avec le besoin de
financement des économies de la CEMAC.
D'autres facteurs dits externes ont contribué au
renforcement de la stabilité du système bancaire de la CEMAC.
II.2.1.2. LES FACTEURS EXTERNES DU RENFORCEMENT DE LA
STABILITÉ BANCAIRE
Deux grandes raisons peuvent être
énoncées : le retour aux grands équilibres
macroéconomiques et la poursuite du processus d'intégration sous
régionale.
Entre 1994 et 2002, les économies de l'Afrique Centrale
ont renoué dans leur majorité avec la croissance
économique. Le taux de croissance du PIB a considérablement
augmenté passant de 11,5% en 1994 en moyenne à 58,2% en 2002. Des
politiques intra-pays ont été mises sur pied pour modifier les
structures productives. La reprise du développement agricole a permis
une contribution plus poussée de ce secteur dans le PIB.
Avec l'accroissement des exportations, les pays de la CEMAC
ont vu leur balance de paiement s'équilibrer passant ainsi d'un
déficit en 1994 à un excédent en 2002. Cet
équilibre du solde extérieur est aussi un des effets positifs de
la dévaluation intervenue dans les six pays de la
sous-région. Dans le même mouvement, le ratio solde
budgétaire primaire sur PIB s'est nettement amélioré
passant de -9,00% en 1990 pour le Cameroun, à 3,2% en 2001 ; de
-6,9% à 10,6 pour le Congo ; de -1,7% à 11,8% pour le Gabon
et de -2,2 % à 13,4% pour la Guinée Equatoriale (Avom et
Gbetckom, 2003). Ceci traduit la réduction de la dette intérieure
dans chaque pays. Cet ensemble de facteurs et surtout l'intervention des Etats
ont permis un retour de confiance des populations envers les banques. Certaines
sont entrées dans leurs fonds jadis perdus augmentant ainsi leur
capacité à octroyer les crédits.
Tous ces résultats ont été obtenus dans
le cadre du mécanisme de surveillance multilatérale qui demeure
un ensemble de critères de l'intégration économique sous
régionale.
Le processus d'intégration des pays de la CEMAC a
véritablement pris corps avec le début des activités de
cette Communauté. La zone CEMAC tout comme la zone UEMOA ont d'abord
connu une intégration monétaire avant d'entamer le processus
d'intégration économique. Or, Balassa (1962) présente les
étapes d'une intégration des économies qui demeure un
processus graduel : on part de l'économie réelle à
l'économie monétaire. Si dans la zone franc en
général ce gradualisme n'est pas respecté, c'est sans
doute à cause de la spécificité de cette zone qui reste
fortement liée aux accords et traités coloniaux (Avom, 2003).
La volonté politique de promouvoir un système
bancaire stable, rentable et surtout engagé dans le financement de la
croissance, se manifeste par le truchement continuel des taux directeurs de la
Banque Centrale. L'intégration monétaire influence alors la
stabilité bancaire en ceci qu'on retrouve les mêmes filiales
bancaires dans presque tous les pays de la CEMAC car ceux-ci partagent la
même monnaie. Les filiales de City Bank par exemple sont présentes
au Cameroun, en Guinée Equatoriale et au Gabon. Le secteur bancaire de
la sous-région se voit renforcer dans la mesure où chaque filiale
vise comme objectif la réduction des risques, l'évolution des
fonds propres, une solvabilité certaine et une rentabilité
croissante.
En somme, les réformes financières ont
contribué positivement au retour de la stabilité des banques des
pays de la CEMAC. Cependant, au regard des résultats individuels, ces
réformes cachent un caractère moins luisant.
II.2.2. LE CARACTÈRE MITIGÉ DES
RÉFORMES FINANCIÈRES SUR LA STABILITÉ BANCAIRE
Au 31 Décembre 2005, tous les indicateurs
macro-financiers présentaient une situation relativement acceptable. Le
caractère relatif de cette situation découle du fait que certains
pays ont obtenu une stabilité assez rapide de leurs banques que
d'autres. Les problèmes liés à l'implémentation et
au timing sont de ce fait soulevés. A côté de ceux-ci, les
effets des réformes sur le financement de l'économie restent
incertains.
II.2.2.1.LES CAUSES DU MITIGE :
L'IMPLÉMENTATION ET LE TIMING DES RÉFORMES
La mise en oeuvre d'une réforme nécessite le
respect d'un canevas qui se déroule en étapes : la
définition des objectifs, la mise sur pied des mesures adoptées,
le suivi et l'évaluation des résultats obtenus. C'est dans la
phase de l'évaluation qu'on peut appliquer des sanctions lorsque les
mesures adoptées n'ont pas été respectées.
En 1990, lorsque les différentes mesures sont
adoptées, un engagement total a été relevé par les
différents chefs d'Etat des pays de la CEMAC. Mais, puisque la crise
avait touché de façon différente ces pays, un nombre
d'années relativement long a été constaté avant la
mise en oeuvre desdites mesures. Mais de façon générale,
c'est en 1994 que la majeure partie des réformes entre en application.
Au Cameroun, le processus de privatisation est entamé en janvier 1994,
au Gabon en 1995, au Congo en 1998, en République Centrafricaine en 1997
et au Tchad en 1997 (COBAC, 1999). Ceci induit immédiatement un
changement dans les résultats attendus. Il est de ce fait relevé
un manque de coordination dans la mise en oeuvre des réformes.
Cependant, malgré le fait que le Cameroun et la Gabon aient
débuté la libéralisation bancaire avant la Guinée
Equatoriale et le Tchad, ces derniers ont accéléré ce
processus à telle enseigne qu'à nos jours, le secteur
privé possède une bonne partie du capital des banques, comme
l'illustre le graphique 2.3 ci-dessous.
Graphique 2.3 : Répartition de la structure du
capital par pays
Source : construit par l'auteur à partir des
données de la COBAC, 1999.
D'autres facteurs peuvent aussi expliquer le retard
d'application des mesures adoptées. Les troubles politiques et les
multiples guerres sont à l'origine d'un frein de l'activité
économique. Le Congo, le Tchad et la République Centrafricaine
pour ne citer que ces cas, ont connu récemment des troubles
importants36(*). Aussi, le
respect des accords avec les différents partenaires bilatéraux et
multilatéraux cause un retard dans l'implémentation des mesures
souvent adoptées.
Outre le non respect des délais dans la mise en oeuvre
des politiques adoptées, les réformes financières mitigent
leur positivité par le fait que les établissements de
crédit n'ont pas accru le financement de l'économie.
II.2.2.2. ILLUSTRATION DU MITIGE : FAIBLE
IMPLICATION DES BANQUES DANS LE FINANCEMENT DE L'ÉCONOMIE ET MANQUE DE
DIVERSIFICATION DES SERVICES
Bien que l'objectif visé n'était pas
fondamentalement l'accroissement du crédit à l'économie,
il n'en demeure pas moins qu'on attendait à l'issue de ces
réformes, une implication remarquable des banques dans le financement
des différents projets. En tant qu'intermédiaire financier, le
rôle premier d'une banque est de collecter l'épargne auprès
des agents à capacité de financement et d'octroyer du
crédit à ceux à besoin de financement (Pyle 1971, Plihon
1995 et Scialom, 2007). Lorsque ce rôle n'est plus assuré, on
assiste à une perte de confiance de la part de la clientèle. Ce
qui hypothèque toute vision positive du secteur.
Les banques de la sous-région CEMAC sont devenues
liquides, solvables et stables à l'issue des réformes
engagées mais cette stabilité ne sied pas avec le niveau de
financement de l'économie. Ainsi, sur le plan quantitatif, le volume du
crédit a relativement augmenté (Graphique 2.4).
Graphique 2.4 : Evolution du crédit en
zone CEMAC 1994-2005 (en millions de francs
CFA)
Source : construction par l'auteur
à partir des données de la BEAC, 2005.
Mais sur le plan qualitatif, on assiste à une
prédominance des crédits à court terme qui
représentent 74% des crédits octroyés dans la zone comme
l'illustre le graphique 2.5 ci-dessous.
Graphique 2.5 : Répartition du
Crédit en zone CEMAC au 31 Déc. 2005
Source : construction par l'auteur d'après les
données de la BEAC, 2005.
Cette prépondérance des crédits de court
terme renforce la surliquidté des banques de la zone et ne garantit pas
des investissements lourds pour favoriser la croissance économique.
Outre cette situation, le manque de diversification des
produits bancaires renforce le mitige des réformes. Dans la zone CEMAC,
les banques présentent peu de services tournant autour des
dépôts à vue et dépôts à terme et pour
les crédits on a les découverts et les crédits à
très court terme. Très peu d'établissements pratiquent le
crédit bail et les crédits hypothèquaires. La carte
bancaire est encore en expérimentation dans quelques
établissements de crédit. On assiste aussi à un faible
taux de bancarisation qui freine la pénétration de l'industrie
bancaire dans les économies.
Au regard de ceci, il demeure que les réformes
financières ont contribué au retour de la stabilité
malgré son caractère mitigé du fait de leur
implémentation d'une part, et le manque de financement des
économies et diversification des produits d'autre part.
Conclusion
Adoptées en 1990, les réformes
financières de la CEMAC ont porté notamment sur les
restructurations bancaires, la nouvelle politique monétaire et un accent
sur le dispositif institutionnel. Tout ceci a conduit au retour de la
stabilité des banques de la sous-région. On note cependant un
caractère quelque peu mitigé desdites réformes.
Pour ce qui est des vagues de restructuration bancaire, on
retient que la première s'est soldée par un échec dû
au degré de délabrement des banques et des liquidations mal
menées. La seconde a permis de rétablir la stabilité des
banques. La nouvelle politique monétaire de la BEAC s'est
orientée vers une plus grande autonomie réduisant ainsi les
multiples recours des banques auprès d'elle. Il a été
créé la COBAC qui joue le rôle de gendarme des banques, les
oriente et les oblige à respecter les différents ratios.
Le retour à la stabilité s'est fait de
façon graduelle. Il fallait d'abord augmenter les fonds propres des
banques, ensuite maîtriser leur solvabilité et enfin viser une
rentabilité certaine. Tout ceci s'est réalisé dans une
situation mitigée des réformes. Cette situation est liée
notamment à la mise en oeuvre des réformes qui ne respecte pas
toujours les canevas, l'horizon temporel et la procédure à
suivre. A côté de ce premier constat, le retour à la
stabilité des banques n'a pas influencé positivement le
financement de l'économie.
De façon générale, malgré le
caractère mitigé des réformes, nous pouvons soutenir au
terme de ce chapitre l'hypothèse 1 selon laquelle :
l'influence des réformes financières sur la
stabilité des banques est positive en zone CEMAC.
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Après les indépendances, les pays de la Zone
Franc en générale et la zone CEMAC en particulier, se sont
lancés dans de vastes programmes de développement
économique. Au Cameroun par exemple, on a assisté à des
plans quinquennaux. La reprise de l'économie après le
départ du colon a été une réussite.
Mais, suite au choc pétrolier et surtout à la
baisse des prix des matières premières qu'ont connus ces pays,
une grave crise économique s'en est suivie accompagnée d'autres
facteurs. Tous les pays de la zone CEMAC ont alors connu une crise sans
précédent. Cette crise est fortement ressentie par les
banques ; car elles étaient les principales pourvoyeuses des Etats
en ressources financières. Les créances impayées se sont
accumulées, ce qui a fragilisé les établissements de
crédit. Il s'en est suivi une perte de confiance totale de la part des
clients. Pour restaurer l'équilibre macro financier, il fallait
réformer le système financier. Les réformes
financières intervenues en 1990 étaient axées sur trois
volets : les secteurs bancaires, monétaires et institutionnels.
Elles se sont soldées par un retour à la stabilité des
banques, à une nouvelle politique monétaire et à un
dispositif de surveillance du système financier sous régional.
Malgré ces bons résultats, lesdites
réformes ont présenté un caractère mitigé
lié au mauvais respect des procédures et du temps d'une part, et
à la faible implication des banques dans le financement des
économies d'autre part.
En général, il est évident de conclure
que les réformes financières des années 90 ont eu un
impact positif sur le retour de la stabilité des banques de la
sous-région. Si la stabilité a été restaurée
dans l'ensemble, il convient à présent d'étudier l'impact
des réformes financières sur un point spécifique de cette
stabilité : la rentabilité du système bancaire. Ce
qui nous conduit à la deuxième partie de cette étude
à savoir, l'effet des réformes financières sur la
rentabilité bancaire notamment à travers ses déterminants.
DEUXIEME PARTIE :
EFFET DES REFORMES FINANCIERES SUR LA RENTABILITE DU
SYSTEME BANCAIRE DES PAYS DE LA CEMAC
INTRODUCTION A LA DEUXIEME PARTIE
Les réformes financières intervenues dans la
zone CEMAC se sont inscrites dans trois secteurs : bancaire,
monétaire et institutionnel. Ces réformes ont de façon
générale rétabli la stabilité du système
bancaire. Une stabilité qui s'observe sur plusieurs aspects :
liquidité, solvabilité, profitabilité et respect des
normes prudentielles.
La présente partie se donne pour objectif d'analyser
l'influence des réformes financières sur un aspect particulier de
la stabilité du système bancaire de la CEMAC : la
rentabilité du système. La rentabilité d'un
établissement de crédit représente son aptitude à
dégager de son exploitation des gains suffisants, après
déduction des coûts nécessaires à cette
exploitation, pour poursuivre durablement son activité. Elle est issue
du processus de transformation au sens large (telles que sur les contreparties,
les taux d'intérêt, les devises ou les échéances)
mis en oeuvre par les établissements de crédit dans le cadre de
leur fonction d'intermédiation. Plusieurs auteurs (Bourke, 1989 ;
Molyneux et Thornton, 1992 ; Nouy, 1992 ; Avouyi-Dovi et Boutillier,
1997 ; Tanimoune, 2001 et 2003 ; Yao, 2002 et Mansouri et Afroukh,
2008) ont étudié les instruments d'appréciation de la
rentabilité bancaire. Il ressort de leurs études que la
rentabilité dépend de trois grandes catégories
d'instruments. Une première approche consiste à mettre en
évidence les soldes intermédiaires de gestion. Cela permet
d'identifier les éléments ayant concouru à l'obtention du
résultat final. La seconde approche de mesure de la rentabilité
consiste à analyser les coûts, les rendements et les marges. La
troisième approche comprend l'ensemble des ratios d'exploitation
calculés afin de mettre en évidence les structures d'exploitation
(le coefficient de rentabilité (return on equity, ROE) et le coefficient
de rendement (return on assets, ROA ou rentabilité des actifs). Cette
étude retient comme mesures la rentabilité des actifs et les
marges d'intérêt qui, d'après Tanimoune (2001 et 2003),
influencent le plus le rendement d'une banque. La rentabilité des actifs
marque la profitabilité liée à l'environnement interne de
la banque tandis que la marge d'intérêt, la profitabilité
liée à son environnement externe.
Cette partie vise un double objectif : d'une part, il
s'agit d'apprécier l'influence des réformes financières
sur la rentabilité des actifs et des marges d'intérêt en
zone CEMAC et d'autre part, il est question de vérifier la
deuxième et la troisième hypothèse de notre
étude.
Deux mouvements principaux constituent alors l'ossature de la
partie. Le premier analyse l'impact des réformes financières sur
la rentabilité des actifs (Chapitre 3) et le second présente
l'influence desdites réformes sur les marges d'intérêt
(chapitre 4).
CHAPITRE III. IMPACT DES RÉFORMES
FINANCIÈRES SUR LA RENTABILITÉ DES ACTIFS
DES BANQUES DE LA SOUS
RÉGION
Introduction
L'actif est le poste du bilan par lequel une entreprise
évalue son patrimoine. Il représente aussi l'emploi des
ressources. C'est la richesse plus ou moins liquide de l'entreprise.
Considérée comme firme, la banque grâce à son actif,
tel que présenté dans le bilan bancaire (cf. Annexe 3.1), retrace
sa capacité à générer des bénéfices.
De 1985 jusqu'à 1996, les banques de la sous-région ont
enregistré des créances douteuses importantes mettant ainsi en
péril leur rentabilité et leur stabilité. Il aurait fallu
des réformes pour redessiner la carte bancaire de la CEMAC.
Pour capter l'influence des réformes financières
sur la rentabilité des actifs, deux approches au choix peuvent
être utilisées. La première s'inscrit dans un modèle
de durée (Bentahar, 2002 et Djelassi, 2004) qui demeure statique, et
porte sur l'introduction d'une variable muette prenant la valeur 0 avant les
réformes et 1 après les réformes. La deuxième
consiste à estimer deux modèles : un modèle
pré-réforme et l'autre post-réforme. Dans cette
étude, cette seconde approche dite dynamique, sera
considérée puisqu'elle nous permet d'analyser de façon
exacte l'apport des réformes ; ceci grâce à
l'évolution des coefficients. Ce chapitre nous permettra d'affirmer ou
d'infirmer l'hypothèse 2 selon laquelle, les
réformes financières améliorent la rentabilité des
actifs. Ainsi, après avoir passé en revue un
aperçu théorique sur la rentabilité des actifs (section
1), il sera important d'analyser les validations empiriques qui se serviront
des résultats pré et post-réformes (section 2).
SECTION 1. APERÇU THÉORIQUE SUR LA
RENTABILITÉ DES ACTIFS
Cet aperçu retrace les fondements théoriques
c'est-à-dire, les travaux pionniers et leur prolongement et les
résultats empiriques existants dans la littérature.
III.1.1. LES FONDEMENTS THÉORIQUES
Pour mieux comprendre la rentabilité des actifs des
banques de la CEMAC, il convient au préalable de faire un retour sur les
travaux traditionnels menés sur cette mesure de la rentabilité
bancaire. Et par la suite quelques prolongements seront abordés.
III.1.1.1. Les travaux pionniers sur la
rentabilité des actifs
Encore appelée coefficient de rendement, la
rentabilité des actifs bancaires est un ratio qui exprime de
façon globale la profitabilité des biens de la banque (Yao,
2002). Les premières études économiques et
formalisées sur cette mesure remontent en 1989, notamment avec l'article
novateur de Bourke intitulé : "Concentration and other determinants
of bank profitability in Europe, North America and Australia", publié
dans Journal of Banking and Finance. Dans cet article, Bourke
crée une rupture avec la conception schématique de la
rentabilité bancaire qui était basée sur le paradigme SCP
(Structure-Comportement-Performance) emprunté à l'économie
industrielle et abondamment utilisé par Short (1979), Gilbert (1984) et
Clark (1986). Selon ceux-ci, la rentabilité dépend de la
structure du marché ou taille du marché, de la nature des banques
et leur mode de fonctionnement et de la profitabilité qui était
basée sur le rendement des fonds propres. Cette approche était
plus comptable et n'incluait pas les variables financières ni
macroéconomiques.
Pour définir de façon économique la
rentabilité des actifs, Bourke se sert de la conception traditionnelle
de la banque. Cette conception décrit la banque comme un
intermédiaire financier dont la fonction traditionnelle est la collecte
des dépôts et l'octroi du crédit. Ainsi, selon Bourke, la
rentabilité est l'augmentation du profit bancaire liée à
sa capacité à faire face à la concentration du
marché.
Cependant, la modélisation de Bourke prendra un aspect
microéconomique traduisant l'influence de la concentration sur les
banques prises de façon individuelle.
L'étude menée par Bourke sera prolongée
et enrichie par des travaux récents.
III.1.1.2. LES PROLONGEMENTS ET LES TRAVAUX
RÉCENTS
A la suite des travaux de Bourke, deux groupes d'auteurs se
constituent. Les premiers s'inscrivent dans la continuité de l'analyse
« Bourkienne » et les seconds introduisent de
nouvelles variables pour décrire la rentabilité des actifs.
Pour ce qui est du premier groupe, on retrouve Molyneux et
Thornton, 1992 ; Nouy, 1992 ; Molyneux et Forbes, 1995 et
Avouyi-Dovi et Boutillier (1997). Leur principal apport vient de la
description de la rentabilité des actifs. Pour ceux-ci, la
rentabilité des actifs est une mesure caractérisée par un
ratio qui présente au numérateur la valeur nette du
résultat traduit par la dépréciation dans le temps de la
valeur de l'actif et au dénominateur la valeur brute de l'actif ayant
trait à la somme des biens investis. Le prolongement se situe dans le
fait que Bourke (1989) considérait la rentabilité comme un gain
c'est-à-dire une marge des exploitations (produit d'exploitation et
charges d'exploitation). Cette conception n'intégrait pas tous les
éléments de l'actif bancaire et ne mesurait pas son comportement
dans le temps.
Cet ajout considérable a suscité de nouvelles
idées et un second groupe d'auteurs essaie alors de redéfinir le
concept. On peut citer Demerguç-Kunt et Huizinga (2001), Tanimoune (2001
et 2003), Yao (2002), Nembot et Ningaye (2007) et Mansouri et Afroukh (2008).
Ceux-ci donnent une nouvelle connotation à la rentabilité des
actifs qui introduirait les variables macroéconomiques telles que le
PIB, l'inflation et la masse monétaire. Cette introduction s'appuie sur
l'idée selon laquelle le système bancaire dans un pays
intègre toute la structure de l'économie et peut être
influencé par l'évolution de la croissance économique, la
variation des prix et même de la quantité de monnaie en
circulation. Grâce à cette nouvelle explication, la mesure de la
rentabilité des actifs s'affine et devient plus globale.
Cette évolution théorique s'est aussi traduite
dans certains travaux empiriques.
III.1.2. LES RÉSULTATS EMPIRIQUES EXISTANTS SUR LA
RENTABILITÉ DES ACTIFS
Avant d'élaborer l'analyse empirique de notre
étude, il convient d'élucider les travaux empiriques existants
car, plusieurs études ont été effectuées dans le
monde et même en Afrique sur la rentabilité des actifs bancaires.
III.1.2.1. LES RÉSULTATS DANS LE MONDE
Une première étude a été
réalisée par Bourke en 1989 pour apprécier les facteurs
qui influencent la performance des banques commerciales en Europe, en
Amérique du Nord et en Australie. Son échantillon est
constitué de 90 banques et l'étude a porté sur une
durée de dix ans (1972-1981). Bourke aboutit à la conclusion
selon laquelle le rendement des actifs est influencé positivement par la
structure du marché, l'évolution des fonds propres et la taille
de la banque. Une méthodologie identique à celle de Bourke a
été utilisée par Molyneux et Thornton (1992) pour
déterminer la profitabilité des banques européennes.
L'étude a porté sur les banques de 18 pays européens pour
la période 1986-1989. L'accent ici est mis sur le
phénomène de concentration qui diminue le rendement des actifs.
La particularité de leur étude demeure dans la mesure de la
variable (rentabilité des actifs).
Arshadi et Lawrence (2000) ont analysé sur la base des
données collectées, le comportement de la performance de
nouvelles banques installées en Amérique Latine notamment en
Argentine, Mexique, Brésil et Paraguay après la crise bancaire
des années 1997-1998. Ils ont utilisé une analyse de type
corrélation pour tester la relation entre la mesure de performance et
une série de variables financières endogènes. Quatre
mesures de performance ont été utilisées. Il s'agit : du
taux de rendement qui est le rapport bénéfice net/total actif, du
ratio intérêts reçus sur prêts/total des prêts,
du ratio intérêts payés sur dépôts/total des
dépôts à terme + dépôts d'épargne et du
total des crédits des banques de l'échantillon/total des
crédits à l'économie. Ils parviennent à la
conclusion selon laquelle le coût des opérations bancaires, la
taille des banques et la structure des crédits bancaires sont des
variables qui expliquent mieux la performance des banques. La principale limite
de cette étude reste son caractère statique qui est lié
à la nature même des corrélations.
La contribution de Yusuf (1994) porte sur l'étude de la
performance des banques commerciales au Bahrain. Il utilise à cet effet
un échantillon de 6 banques. La période d'étude est de 7
ans (1984-1991). Grâce à la technique des données de panel,
il totalise à cet effet 42 observations. Son étude se fait
à travers deux modèles de régression avec les deux
variables expliquées suivantes : le rendement sur l'actif (ROA) et le
rendement sur le Capital (ROE). L'idée est originale car elle permet de
différencier les bénéfices produits par l'actif bancaire
et ceux produits par le passif. Il aboutit aux mêmes résultats que
ses prédécesseurs mais l'ajout de la rentabilité des
capitaux renforce l'étude de la stabilité bancaire.
De façon générale, le contour des travaux
empiriques effectués dans le monde retrace la spécificité
des pays et des continents ; il convient à présent de jeter
un regard sur l'Afrique en général et la zone CEMAC en
particulier.
III.1.2.2. LES ÉTUDES EN AFRIQUE ET DANS LA ZONE
CEMAC
L'Afrique n'est pas restée en marge face à
l'étude de la rentabilité bancaire. Certes, il faut souligner que
les analyses liées à cette mesure se sont approfondies dans les
domaines comptables et de gestion avec notamment les aspects de la performance
bancaire. Sur le plan économique, il est reconnu à Tanimoune
(2001) dans un article ayant pour titre « Les déterminants de
la productivité des banques dans l'UEMOA », paru dans le
Document de recherche du Laboratoire d'Economie de l'Université
d'Orléans, d'être parmi les pionniers à aborder la
question.
Cet auteur capte la rentabilité bancaire selon deux
dimensions : la marge nette d'intermédiation dont le synonyme est
la rentabilité des actifs et la marge nette d'intermédiation
élargie qui mesure les marges d'intérêt. Il travaille sur 7
des 9 pays que compte la zone UEMOA (Benin ; Burkina-Faso ; Cote
d'ivoire ; Mali ; Niger ; Sénégal et Togo). Ses
variables explicatives sont entre autres : le ratio crédit à
la clientèle sur total actif des bilans bancaires ; le ratio
dépôts à la clientèle sur total actif ; le
ratio frais généraux sur le total de l'actif ; le ratio
créances douteuses sur le total actif ; le PIB et l'inflation. Il
trouve une influence positive des frais généraux et
négative pour toutes les autres variables.
Mansouri et Afroukh (2008) ont orienté leurs travaux
sur les déterminants de la rentabilité des banques au Maroc. Ils
considèrent deux mesures de la rentabilité bancaire : la
rentabilité des actifs et les marges d'intérêt. Ils jaugent
le profit bancaire à travers des variables managériale, macro
financière et macroéconomique. Les variables managériales
(charges d'exploitation bancaire, crédits bancaires, taille de la banque
et capitaux propres) dans leur majorité influencent de façon
positive la profitabilité des banques. Sauf la taille de la banque qui a
tendance à amenuiser la rentabilité bancaire. Parmi les variables
macro financières, la concentration et l'évolution du
marché financier ont un impact positif sur la rentabilité des
actifs. L'inflation et la croissance économique (variables
macroéconomiques) favorisent la rentabilité bancaire. Selon ces
auteurs, la croissance économique accroît la profitabilité
des établissements de crédit à cause de l'augmentation des
crédits qui elle-même influence positivement les profits des
banques. Cette expérience des banques marocaines décrit en
général le comportement des systèmes bancaires des pays du
Maghreb.
En Afrique Centrale, la seule étude à la limite
de nos lectures a été réalisée par Nembot et
Ningaye (2007). Ceux-ci ont capté l'influence des réformes
financières sur la rentabilité du système bancaire des
pays de la CEMAC. Ils prennent en considération une seule mesure de la
profitabilité bancaire : la rentabilité des actifs. Ils
utilisent 7 variables explicatives (l'indice de concentration ;
l'indice de risque ; la structure du capital ; la gestion du
capital ; le différentiel d'intérêt ; la
dépréciation des crédits et une variable dummy). Ces deux
auteurs se situent dans une dimension statique des réformes et
aboutissent aux principaux résultats suivants : la concentration
bancaire en zone CEMAC réduit le taux de rentabilité des actifs
d'où l'encouragement du processus de concurrence qui viendrait alors
retourner la tendance. Les autres variables gardent un caractère positif
avec la rentabilité des actifs malgré la différence
enregistrée dans le degré de significativité.
La présente étude prolonge les travaux d'Ary
Tanimoune (2001), Mansouri et Afroukh (2008) et surtout de Nembot et Ningaye
(2007). Elle prend en compte les trois catégories des variables de la
rentabilité bancaire : variables managériales, macro
financières et macroéconomiques et analyse l'influence des
réformes financières sur un plan dynamique.
Pour mener à bien notre analyse, il importe à
présent de vérifier empiriquement notre hypothèse.
SECTION 2. VALIDATIONS EMPIRIQUES
Avant de passer à l'estimation du modèle, nous
présentons au préalable les principales approches empiriques.
III.2.1. LES PRINCIPALES APPROCHES EMPIRIQUES
La littérature économique et les travaux
empiriques nous orientent vers deux principales méthodes pour mettre en
évidence la rentabilité des actifs : la description
schématique (le paradigme SCP) et le modèle
économétrique.
III.2.1.1. LA DESCRIPTION SCHÉMATIQUE : LE
PARADIGME STRUCTURE-COMPORTEMENT-
Performance
L'analyse de la rentabilité bancaire s'assimile
à l'étude de la performance de la firme bancaire qui vise comme
objectif la maximisation du profit. Celle-ci s'appuie sur les gains des parts
de marchés qui éloignent un peu la concurrence.
L'approfondissement de l'analyse se fait à travers l'étude du
paradigme Structure-Comportement-Performance (paradigme SCP), emprunté
à l'économie industrielle et qui sert de base et de
repère.
Bain (1951) dans un article pionnier présente ce
paradigme. Il est fondé sur une hypothèse forte : le taux de
profit moyen des secteurs industriels est statistiquement et positivement
corrélé avec leur degré de concentration. La concentration
se définit comme une opération de regroupement de plusieurs
entreprises s'appuyant sur une logique industrielle, commerciale ou
financière, afin de constituer de grands groupes ou des firmes par prise
de contrôle des stades successifs d'une filière (concentration
verticale ou intégration), par association d'entreprises fabriquant le
même service (concentration horizontale) ou par association d'entreprises
dans des métiers divers (concentration conglomérale). Le
paradigme SCP s'appuie sur certaines conditions de base avant d'élucider
son mécanisme de fonctionnement selon la chaîne Structure du
marché-Comportement des firmes-Performance des firmes et du secteur.
Les conditions de base sont fonction de la demande et de
l'offre. La demande des biens doit prendre en compte
l'élasticité-prix, les possibilités de substitution, le
taux de croissance et les conditions de commercialisation (commandes
groupées, ...). L'offre dépendra de la technologie, des
matières premières, de la durée de vie des produits et de
la structure des coûts (économies d'échelle, d'envergure,
...). Le graphique 3.1 ci-dessous présente l'interaction entre les
différents éléments du modèle.
Conditions de base
Demande : Elasticité-prix ;
Possibilités de substitution ; Taux de croissance ...
Offre : Technologie ;
Matières premières ; Durée de vie des produits ;
économies d'échelle...
Graphique 3.1 : Description et cheminement du
paradigme SCP
Structure
Nombre d'acheteurs et de vendeurs ; Barrières
à l'entrée ; Différenciation des produits...
Intégration verticale ;...
Politique publique
Réglementation (barrières à
l'entrée légales,...) ; Taxes et subventions ;
Politique macroéconomique...
Comportement
Fixation des prix et des quantités ;
Publicité ; Croissance interne (R&D /investissements)
Croissance externe...
Performances
Prix ; Profit et Marge prix-coûts ;
Efficience de la production ;
Qualité ; Progrès technique ...
Source : construction par l'auteur à partir
de Bain (1951).
Ce modèle poursuit comme finalité la performance
des firmes tout en précisant leur degré de concentration. Mann
(1966) montre que la performance d'une firme dépend de deux indicateurs
principaux. D'une part, on a le taux de rendement qui est fonction du profit
économique obtenu en différenciant le Chiffre d'Affaire, des
Fonds Propres, de la Dotation aux Amortissements et du Coût du Capital.
Et d'autre part, la marge sur coût qui nécessite une
évaluation du coût marginal de production via l'indice de Lerner.
La recherche de la performance doit se faire dans une situation de
concentration maîtrisée. La concentration est fonction des
déterminants technologiques de la fusion-acquisition et des
barrières à l'entrée. Les déterminants
technologiques traduisent la capacité productive de la firme.
Tirole (1987) approfondit l'analyse du modèle
en développant le monopole et appuyant le calcul des indices. A travers
l'Indice d'Herfindhal-Hirschman37(*) (IHH), on démontre
qu'en situation de forte concentration, les firmes réalisent une
rentabilité importante car elles deviennent de plus en plus performantes
et évoluent en recherche développement. C'est avec BOURKE (1989)
que la concentration fut pour la première fois
expérimentée dans le système bancaire. Ce dernier lie la
concentration aux autres déterminants de la profitabilité
bancaire.
Malgré les avantages tirés du paradigme SCP dans
l'analyse de la performance des firmes, quelques critiques peuvent être
soulevées.
En 1968, la New Empirical Industrial Organization (NEIO)
adresse deux critiques majeures au courant SCP :
- la marge prix - coût ne peut être directement
observée via les données comptables sur les firmes et les
secteurs. La NEIO fait l'impasse sur toutes les données comptables
fournies par les firmes ;
- les analyses inter-industrielles sont peu pertinentes dans
la mesure où le paradigme SCP néglige trop les
spécificités institutionnelles de chaque secteur.
Pour pallier à ces difficultés, la NEIO propose
des analyses mono-industrie dans lesquelles le pouvoir de marché est
mesuré par la marge prix - coût (Indice de Lerner).
Quoique présentant ces irrégularités, le
paradigme SCP est toujours utilisé par les auteurs pour analyser la
rentabilité des banques. Comme présenté ci-dessus, ce
paradigme demeure très schématique et se prête moins
aux tests économétriques. C'est la raison pour laquelle il est
nécessaire de chercher un modèle économétrique.
III.2.1.2. AU-DELÀ DU MODÈLE
SCHÉMATIQUE : LE MODÈLE ÉCONOMÉTRIQUE (CHOIX
ET JUSTIFICATION DES VARIABLES, SOURCE DE DONNÉES, HORIZON TEMPOREL ET
SPÉCIFICATION DU MODÈLE)
Pour ce qui est du choix des variables et de leur
justification, nous nous inspirons des déterminants de la
rentabilité des actifs bancaires développés par Molyneux
et Thornton (1992), Demirguç-Kunt et Huizinga (1999), Tanimoune (2001et
2003), Yao(2002), Nembot et Ningaye (2007) et Mansouri et Afroukh (2008).
- La rentabilité des actifs (ROA) apparaît comme
variable expliquée. Elle est mesurée
par le ratio résultat net sur total actif. Cet indicateur fait ressortir
le profit bancaire.
- Les variables explicatives
reflètent les points sur lesquels s'étaient accentuées les
réformes et qui peuvent influencer la rentabilité bancaire des
pays de la zone : structure du capital, privatisations, maîtrise du
risque bancaire, le problème de la concurrence des banques, la faible
représentation des banques nationales entre autres réformes. Ces
variables peuvent être classées en trois groupes :
déterminants managériaux, déterminants
macroéconomiques et macro financiers.
Ainsi nous avons comme :
1-variables managériales,
- la structure du capital social (SCAPITAL) mesurée par
la proportion du capital social détenue par le secteur privé.
Elle symbolise le processus de privatisation bancaire dans la
sous-région ;
- la gestion du capital (CAPAST) mesurée par le ratio
total des capitaux propres sur actif total qui, d'après
Demirguç-Kunt et Huizinga (1999), traduit le développement
interne de la banque. En zone CEMAC, cette variable reste capitale car elle
permet de montrer si la qualité de gérer le capital influence la
rentabilité ;
- la proportion des crédits bancaires dans l'actif
(PROCRE) captée par le ratio crédit sur total actif ; il
capte la fragilité de la banque et la contribution des crédits
dans l'accroissement de l'actif ;
- le ratio des dépenses d'exploitation (RADEP)
mesuré par le ratio charges générales sur total
actif ; ces dépenses traduisent la mise en valeur des
ressources de la banque ;
2- variables macro
financières,
- l'indice de risque (RISQ) est mesuré par le ratio
total des crédits sur total des dépôts. Il est
utilisé comme le proxy du risque bancaire (Civelek et Al-Alami,
1991 ; Talom, 2004) son intégration renvoie à
l'instabilité dans le système bancaire;
- la taille du secteur bancaire (ACTPIB) qui est
mesurée par le ratio total actif du secteur bancaire sur PIB. Plus cette
taille est importante, plus les banques contribuent à la
croissance ;
- l'indice de concentration (CR). Il s'agit de calculer pour
le système bancaire de chaque pays un indice de concentration pour les
banques qui dominent l'activité d'intermédiation. Ce qui favorise
les économies d'échelle et l'efficacité des banques
(Berger, Humphrey et Smith, 1993). C'est le rapport entre les
dépôts des banques considérées et l'ensemble des
dépôts du système bancaire proxy de l'Indice
d' Herfindahl-Hirschmann
(IHH). Il permet de mesurer le pouvoir de monopole
dans l'industrie bancaire ;
3-variables macroéconomiques,
- la croissance économique a été l'un des
points importants des réformes. Puisqu' au cours de cette
période, le PIB de la sous-région était très bas.
Elle est mesurée par le logarithme du PIB réel par
tête (LOGPIB). On cherche à capter l'apport de cette variable
dans la rentabilité des actifs ;
- l'inflation a ébranlé la croissance
économique pendant plusieurs décennies en zone CEMAC. Elle est
captée par le taux d'inflation (INF). Mais depuis 1996, l'inflation a
nettement diminué faisant de la zone CEMAC un modèle en
matière de maîtrise d'inflation ;
- la masse monétaire au sens de M2 a aussi
influencé la rentabilité des actifs des banques de la
sous-région au cours des réformes. Le logarithme de ses variables
sera ainsi pris en compte (LOGM2).
Ayant présenté ces variables, nous utiliserons
les bases de données de la BEAC (contenues
dans Data indicator 2005) et de la COBAC (tirées des différents
rapports d'activité) afin d'estimer le modèle. La
période d'étude s'étend sur 16 ans (1990-2005)
avec une rupture en 1994. Cette séparation tire sa justification du fait
que c'est en 1994 que les réformes adoptées lors du conseil
d'administration de la BEAC du 16 octobre 1990 ont été mises en
oeuvre. Cette date a aussi marqué la période de la
dévaluation du franc CFA qui a nécessairement impacté dans
les économies de la CEMAC, en rétablissant dans leur
majorité leur balance de paiement, mais en réduisant le pouvoir
d'achat des ménages. Enfin, cette période a marqué le
renforcement des PAS qui devaient entamer une phase décisive :
baisse des salaires, privatisation et réduction du nombre de
travailleurs de la fonction publique.
En nous servant des variables décrites, le
modèle prend la forme suivante :
ROAit = â0 + â1it
SCAPITALit + â2it CAPASTit +
â3it PROCREit + â4it RADEP
it + â5it RISQit + â6it
ACTPIBit+ â7it CRit +
â8it LOGPIBit+ â9it INFit
+ â10it LOGM2 it +u it.
(1)
A l'issue de cette spécification, il convient à
présent d'estimer le modèle et d'analyser les
résultats.
III.2.2. Estimations et analyse des
résultats
La finalité d'une démarche empirique tient sur
deux facteurs : l'estimation du modèle mais surtout l'analyse des
résultats ou leur commentaire. Cette phase aboutit à la
validation ou à l'infirmation de l'hypothèse de départ.
Cette étude retient comme méthode d'estimation, la technique des
données de panel et s'inscrit dans une logique dynamique des
réformes en estimant deux modèles, un avant les réformes
et un autre après.
III.2.2.1. Méthode d'estimation : la
technique des données de panel et les tests
nécessaires
L'estimation du modèle (1) se fait à travers
la technique des données de panel. Les
données de panel offrent ainsi un avantage incontournable parce qu'elles
prennent en compte au moins deux dimensions, spatiale et temporelle. Ainsi, on
fixe un individu observé qui peut être un pays de la CEMAC, on
obtient la série chronologique ou coupe longitudinale le concernant. Si
c'est la période examinée qui est fixée, on obtient une
coupe transversale ou instantanée pour l'ensemble des individus.
Grâce à une équation économétrique de type Y=
a + b X + c Z+ å, cette relation prend la forme Yit = a + b
Xit + c Zit + åit. pour l'observation
it, c'est-à-dire l'individu i à la période t. La
modélisation particulière porte uniquement sur la
spécification des aléas åit. La forme de base
s'écrit simplement : åit = ui +
vt + wit, où ui désigne un terme
constant au cours du temps, ne dépendant que de l'individu i ;
vt un terme ne dépendant que de la période t et
wit un terme aléatoire croisé. La suite qui
résume les techniques d'estimation dépend des hypothèses
retenues quant aux composantes ui, vt et wit
et à leur relation.
Tout d'abord, une méthode simple peut être
utilisée en appliquant directement les M.C.O. sur les données
empilées (Pooled Least Squares), sans se préoccuper de leur
nature ni de celle de l'aléa. Ensuite, les modèles à
effets fixes (fixed effects) qui supposent que ui, et vt
sont des effets constants non aléatoires, qui viennent donc simplement
modifier la valeur de l'ordonner de l'équation selon les valeurs de i et
de t. Ce modèle ressort la variabilité intra-individuelle
(estimateur within). Si on suppose que les perturbations aléatoires
croisées wit satisfont aux hypothèses classiques
des M.C.O. c'est-à-dire centrées,
homoscédastiques, indépendantes, et normales, les estimations
sont optimales. Enfin, il peut être important d'estimer un modèle
à effets aléatoires encore appelé modèle à
erreur composée, qui suppose les ui et vt
aléatoires. Dans ce modèle, l'hypothèse nulle est la non
corrélation entre les termes d'erreur et les variables explicatives. On
aboutit à une variabilité inter-individuelle (estimateur
between).
Le test qui permet de sélectionner le modèle est
celui de Hausman. Ce test est fondé sur l'hypothèse de non
corrélation entre les termes d'erreur et les variables explicatives
(hypothèse du modèle à effets aléatoires). Si la
probabilité du test est supérieure à un seuil de 5%
préalablement choisi et bien justifié, alors on conclut au non
rejet de l'hypothèse nulle, prendre ainsi le modèle à
effets aléatoires.
Après avoir présenté cette technique, il
est utile d'estimer les modèles, de présenter les
résultats et de les commenter.
III.2.2.2. RÉSULTATS PRÉ ET
POST-RÉFORMES ET LES COMMENTAIRES
Comme précisé ci-dessus, deux périodes
constituent l'horizon temporel : une avant la mise en oeuvre des
réformes (1990-1994) et l'autre après (1995-2005). Au regard du
nombre d'années assez réduit, il était opportun d'obtenir
les données trimestrielles, ce qui a considérablement
augmenté le nombre d'observations et permis une bonne estimation. Il est
judicieux de noter que le prolongement de l'étude en 2005 est un apport
considérable. Car, les derniers travaux sur le thème
effectués par Nembot et Ningaye (2007) se sont limités en 2000.
Nous vérifierons aussi si leurs résultats sont restés
immuables. A côté de cet aspect, l'ajout des variables
macroéconomiques demeure aussi un point non négligeable de
l'étude. En introduisant le PIB réel par tête, le taux
d'inflation et la masse monétaire, l'étude veut capter leur
influence sur la rentabilité des actifs au cours de la
période.
La première estimation plus détaillée
considère la période pré-réforme (1990-1994). La
deuxième se consacrera à la période
post-réforme.
Ainsi, le modèle (1) est d'abord estimé suivant
l'hypothèse de l'uniformité de comportement dans le temps et
parmi les pays. Cela revient à supposer que les coefficients du
modèle sont invariants dans le temps et sont identiques entre les pays.
On estime le modèle par la méthode des moindres carrés
ordinaires (MCO). En faisant l'hypothèse que l'erreur est identique et
suit la loi normale N (0, ó). Les résultats des
différentes estimations de la période pré-réforme
(Annexes 3.2) à l'aide du logiciel STATA dans sa version 9, sont assez
proches. Le test de Fisher indique que le modèle est globalement
significatif jusqu'au seuil de 1% (Prob > F = 0.0000). La qualité de
l'ajustement est bonne puisque le modèle explique 46,08% de la variance
totale (R2= 0,4608). La spécification du modèle
ci-dessus implique que des effets individuels décrivant la
rentabilité des systèmes bancaires des pays de la CEMAC peuvent
être retenus. Il convient alors d'estimer un modèle à
effets fixes de manière à étudier
l'hétérogénéité entre les pays. La
préoccupation à ce niveau est celle de savoir si les effets
propres aux pays sont significativement différents. En d'autres termes,
l'hypothèse d'hétérogénéité entre
pays pour ce qui est du taux de rentabilité des actifs est-elle
validée ? Pour vérifier cette hypothèse, on effectue le
test de Fisher construit de la manière suivante : sous
l'hypothèse d'homogénéité des pays (Ho :
â1=â2=...=â10), le modèle estimé correspond au
modèle à effets communs tandis que sous l'hypothèse de
présence d'hétérogénéité (H1 : ? i, ?
j âi?âj), le modèle estimé est le modèle
à effets individuels. Le logiciel STATA procède directement
à la mise en oeuvre du test de Fisher lors de l'estimation du
modèle à effets fixes. L'effet individuel âi est
considéré sous la forme â i=
â0+ u-i ; le test de
l'homogénéité des pays revient donc à poser comme
hypothèse nulle que tous les u-i sont nuls. La lecture du
test de Fisher donné ci-dessus conduit à accepter
l'hypothèse que tous les u-i sont nuls (F (5,104)=1,03 et
Prob> F= 0,4066). Il semble donc qu'il n'existe pas entre les 6 pays de la
CEMAC des effets individuels propres à chaque pays et qui expliquent son
taux de rentabilité bancaire.
Puisque l'effet spécifique déterministe
symbolisé par des valeurs constantes propres à chaque pays n'est
pas avéré, il pourrait paraître plus naturel de traiter cet
effet comme un effet aléatoire et non déterministe.
Pour introduire dans l'analyse l'effet spécifique comme
un effet aléatoire, on considère que l'erreur ou résidu
uit est composé de deux éléments :
ái et åit ; le premier représente
l'effet individuel, rendant compte de l'influence sur le taux de
rentabilité des variables non prises en compte, dès lors que
celles-ci sont stables dans le temps ; le second représente l'influence
des autres variables omises variant aussi dans le temps d'un pays à
l'autre. On teste la corrélation entre les ái et les
variables explicatives. Le résultat du test donne Prob > chi2= 0,0000
<0,05 d'où le rejet de l'hypothèse nulle. Ce qui implique une
corrélation entre les effets individuels et les variables explicatives.
Le test de hausman indique de choisir le modèle à effets
aléatoires comme modèle des différentes estimations car sa
p-value Prob>chi2 = 0.8822 > 0,05. Ainsi, le tableau 3.1 donne les
résultats de l'estimation du modèle à effets
aléatoires.
Tableau 3.1 : Estimation de la rentabilité
des actifs avant les réformes
roa
|
coef
|
Std.Err
|
Z
|
P>z
|
(95% Conf. Interval)
|
scapital
capast
procre
radep
risq
cr
actpib
logpib
inf
log_m2
cons
|
-0,2380691
-22,22829
-115,9846**
-60,46856**
21,06146**
-54,22981**
-35,66707**
6,686616**
-3,840062**
-5,36804***
148,4328
|
0,29918
20,6962
28,9781
30,7547
10,5203
24,5321
14,0715
3,29096
1,60027
2,77046
88,3992
|
-0,80
-1,07
-4,00
-1,97
-2,00
-2,21
-2,53
2,03
-2,40
-1,94
1,8
|
0,426
0,283
0,012
0,049
0,045
0,027
0,011
0,042
0,016
0,053
0,093
|
-0,8244512 0,3483131
-62,79207 18,33549
-172,7807 '-59,18846
-120,7467 -0,1903741
-41,68083 -0,4420927
-102,3118 -6,147849
-63,24672 -8,0887423
0,2364584 13,13677
-6,976537 -0,7035875
-10,79802 -0'061911
-24,82632 0,0619711
|
sigma_u
sigma_e
rho
|
0
27,39809
0
|
(fraction of variance due to u-i)
|
* : Significativité à 1% ; ** :
Significativité à 5% ; *** : Significativité
à 10%
|
Source : construction par l'auteur à partir de
l'estimation sur STATA 9.
Les analyses et les commentaires de ces résultats se
feront de façon groupée après avoir estimé le
modèle après les réformes qui adoptent la même
procédure et dont les résultats sont contenus dans le tableau 3.2
suivant.
Tableau 3.2 : Estimation de la rentabilité
des actifs après les réformes
roa
|
coef
|
Std.Err
|
z
|
P>z
|
(95% Conf. Interval)
|
scapital
capast
procre
radep
risq
cr
actpib
logpib
inf
log_m2
cons
|
1,847205*
-38,94031***
-52,30694*
-12,81005**
3,490551*
50,37204
-1312158***
-23,2738*
-2,749548**
-1,694293
626,2015
|
0,39437
20,3081
13,4031
5,15527
3,05811
44,6784
7,88941
7,03556
1,07585
1,87837
168,349
|
4,68
-1,92
-3,90
-2,48
-1,14
1,13
-1,66
-3,31
-2,56
-0,90
3,72
|
0,000
0,055
0,000
0,013
0,005
0,260
0,096
0,001
0,011
0,367
0,000
|
1,07425 2,62016
-78,74338 0,8627597
-78,57656 -26,03732
-22,91419 -2,705917
-9,484338 -2,503235
-37,19605 137,9401
-28,58453 2,341379
-37,06324 -9,48436
-4,858178 -0,6409184
-5,375833 1,987247
296,2431 956,1599
|
sigma_u
|
0
|
|
|
|
|
sigma_e
|
51,20272
|
|
|
|
|
rho
|
0
|
(fraction of variance due to u-i)
|
* : Significativité à 1% ; ** :
Significativité à 5% ; *** : Significativité
à 10%
|
Source : construction par l'auteur à partir de
l'estimation sur STATA 9.
Pour mieux analyser les résultats, il est
nécessaire de regrouper les estimations dans un tableau de
synthèse.
Tableau 3.3 : Synthèse des
résultats des deux sous-périodes
roa
|
1990-1994
|
1995-2005
|
Observations
|
scapital
capast
procre
radep
risq
cr
actpib
logpib
inf
log_m2
cons
|
-0,2380691
-22,22829
-115,9846**
-60,46856**
21,06146**
-54,22981**
-35,66707**
6,686616**
-3,840062***
-5,368024
148,4328
|
1,847205*
-38,94031***
52,30694*
-12,81005**
3,490551*
50,37204***
-13,12158
-23,2738*
-2,749548*
-1,694293
626,2015
|
accroissement >200%
diminution de 75,18%
accroissement de 54,90%
accroissement de 78,81%
diminution de 83,42%
accroissement de 78,81%
accroissement de 192,88%
diminution >100%
accroissement de 28,39%
accroissement de 68,43%
|
* : Significativité à 1% ; ** :
Significativité à 5% ; *** : Significativité
à 10%
|
Source : construction par l'auteur à partir des
tableaux 3.1 et 3.2.
Ce tableau appelle deux commentaires : un sur l'aspect
général et l'autre sur la variation des déterminants.
- Le constat global qui se dégage de nos
résultats soulève une influence positive des réformes
financières sur la rentabilité des actifs du système
bancaire des pays de la CEMAC.
En effet, le taux de rentabilité moyen de l'ensemble
des 6 pays est passé de 26,7% à 70,8% entre les deux
périodes. L'explication donnée à ce constat est
fondée sur le respect des normes prudentielles en vigueur. Celles-ci
soutiennent l'augmentation des fonds propres, la maîtrise du risque
bancaire, la solvabilité et la liquidité des banques. Pour
affiner l'analyse, nous procédons à une étude
théorique et empirique des déterminants pris de façon
individuelle.
- Le comportement spécifique des variables au cours des
deux périodes s'appuie sur la théorie économique.
Ainsi :
- la structure du capital (scaptal)
réduisait la rentabilité avant les réformes. Car l'Etat
avait des parts importantes dans le capital des banques, ce qui empêchait
une réelle estimation des fonds des banques et aboutissait à des
décisions moins profitables pour les banques. Les mutations de cette
structure liées au processus de privatisation des banques ont accru les
capitaux privés et influencé positivement la rentabilité.
Ce qui confirme le résultat de Nembot et Ningaye (2007) ;
- la gestion du capital (capast) quant
à elle réduit la rentabilité des actifs. Ce
résultat contraste avec celui Tanimoune (2001). L'explication possible
est liée à la diminution des crédits de long terme et au
mauvais climat des affaires qui a considérablement réduit l'actif
bancaire ;
- la proportion des crédits bancaires dans l'actif
(procre) a nettement augmenté mais est
restée négative ; preuve que les banques de la
sous-région ont réduit le crédit d'où le
phénomène de rationnement de crédit constaté dans
la zone. Ce qui se traduit par une diminution de la rentabilité des
actifs. L'observation corrobore avec la théorie car Mansouri et Afroukh
(2008) trouvent le même résultat : plus le volume des
crédits augmente plus la rentabilité des actifs
croît ;
- le ratio des dépenses d'exploitation
(radep). Son accroissement marque la multiplicité des
charges supportées par les banquiers de la sous-région celle-ci
réduit la rentabilité recherchée. cet accroissement se
justifie aussi à travers les montants élevés des
dépôts qui doivent être
rémunérés ;
- la diminution du risque bancaire (risq)
demeure l'un des points positifs de la réforme. Cette réduction
démontre un accroissement rapide et poussé des
dépôts face aux crédits. Néanmoins, le
caractère positif et significatif de cette variable indique que le
risque influence positivement la rentabilité des actifs. Ce
résultat reste le même que celui de Nembot et Ningaye (2007).
Ainsi, plus les banques prennent de risque plus elles sont rentables. En zone
CEMAC, cette diminution se justifie par le fait de la création de la
COBAC et surtout la crainte des faillites bancaires ;
- le signe de l'indice de concentration est négatif
avant les réformes et significatif au seuil de confiance de 10%. Cela
implique que le monopole de grandes banques constituait une entrave à la
rentabilité bancaire dans la zone CEMAC. Son accroissement et son
caractère positif montrent que la concurrence dans le secteur bancaire
s'est accrue et marque positivement la rentabilité des actifs (Mansouri
et Afroukh 2008) ;
- la taille du secteur bancaire
(actpib) : son accroissement et sa non
significativité contrastent avec la théorie économique. On
s'attendrait à ce que plus cette taille s'accroît, plus elle
contribue à la rentabilité des actifs (Tanimoune 2001). En zone
CEMAC, le secteur bancaire ne soutient véritablement pas la croissance
des pays de la zone. Ce qui semblerait expliquer leur niveau relativement bas
de taux de croissance ;
- la croissance économique
(logpib) soutenait positivement à la
rentabilité des actifs avant les réformes. Cependant, cette
situation s'est inversée dans la période post-réforme. Ce
qui s'explique par le fait qu'en zone CEMAC la grande majorité de la
population n'ayant pas accès aux services bancaires, leur exclusion
pourrait réduire la profitabilité;
- quant au taux d'inflation (INF), son
coefficient est significatif et présente un signe négatif dans
l'estimation de la profitabilité. La maîtrise de
l'évolution du niveau général des prix semble avoir eu un
impact négatif sur le rendement des banques et des établissements
financiers des pays de la zone (Mansouri et Afroukh, 2008) ;
- la masse monétaire (logm2) marque
une nette évolution dans la profitabilité des banques des pays de
la CEMAC. Mais son caractère négatif traduit sa maîtrise
tant recherchée par les autorités monétaires qui
instituèrent la programmation monétaire.
En résumé, chaque variable explique à
travers son résultat sa contribution ou non à la
profitabilité des banques avant et après les réformes.
Conclusion
Après avoir étudié de façon
générale l'influence des réformes financières sur
la stabilité du système bancaire des pays de la CEMAC, il
était opportun de se pencher sur un point particulier de cette
stabilité : la rentabilité des actifs. Ce qui fut l'objet de
ce chapitre. En première analyse, un aperçu théorique a
été présenté qui s'est appuyé sur les
fondements théoriques de la rentabilité des actifs et quelques
résultats existants dans la littérature. Le deuxième volet
de la réflexion s'est orienté vers la validation empirique de la
deuxième hypothèse : les réformes
financières améliorent la rentabilité des actifs des
banques des pays de la CEMAC. Il s'est agit dans un premier temps
de présenter les principales approches empiriques (les modèles)
et dans un second d'estimer et d'analyser les résultats.
Ainsi, il ressort des estimations pré et post
réforme (approche dynamique), que la rentabilité des actifs a
connu une nette amélioration. Celle-ci est la conséquence de
l'application des mesures macroéconomiques et surtout macro
financières adoptées dans la zone. Mais ce résultat
général peut être nuancé au regard du comportement
particulier de certaines variables. Outre la rentabilité des
actifs, la théorie de la firme bancaire retient comme autre mesure de la
rentabilité bancaire, les marges d'intérêt qui
déterminent les rendements obtenus de l'intermédiation
financière. Il importe à présent d'étudier
l'influence des réformes financières sur les marges
d'intérêt.
CHAPITRE IV : INFLUENCE DES RÉFORMES
FINANCIÈRES SUR LES MARGES D'INTÉRÊT
BANCAIRES EN ZONE CEMAC
Introduction
Le comportement des réformes financières peut
aussi s'observer à travers l'évolution des marges
d'intérêt bancaires qui lient la banque à son environnement
externe. Il s'agit là de la deuxième mesure de la
rentabilité bancaire. Si la rentabilité des actifs bancaires a
une grande influence sur le patrimoine de la banque et affecte la
profitabilité, les marges d'intérêt apparaissent comme un
indicateur de la bonne santé de l'intermédiation
financière (Tanimoune, 2003). La marge d'intérêt demeure
ainsi un déterminant complémentaire de la rentabilité
bancaire.
En zone CEMAC, les réformes financières
intervenues dans les années 90 ont remis en cause l'évolution des
marges d'intérêt en volume. Ces marges se différenciaient
d'un pays à un autre et marquaient de ce fait les disparités
dans la nature et la structure de la géographie du capital des banques.
L'objectif de ce chapitre est de vérifier la
troisième hypothèse de cette étude : les
réformes financières améliorent les marges
d'intérêt bancaires en zone CEMAC. Il s'agit donc
d'identifier les différents apports des réformes
financières sur l'évolution des marges d'intérêt
bancaires. Ces réformes seront captées à travers les
déterminants des marges. Ainsi, après avoir étalé
les contours théoriques de la notion de taux d'intérêt
(section 1), nous analyserons le comportement des réformes
financières sur les marges d'intérêt (section 2).
SECTION 1. LES CONTOURS THÉORIQUES DE LA NOTION
DE TAUX D'INTÉRÊT
Cette section analyse les fondements théoriques des
notions de taux d'intérêt et de marge d'intérêt.
IV.1.1. LA NOTION DE TAUX D'INTÉRÊT EN
ÉCONOMIE
Le taux d'intérêt est l'une des variables qui
préoccupent le plus les économistes en raison de son lien avec la
rentabilité des investissements. Avant de présenter les mesures
des taux d'intérêt bancaires, nous élaborons d'abord
l'approche conceptuelle desdits taux.
IV.1.1.1. APPROCHE CONCEPTUELLE DES TAUX
D'INTÉRÊT : LES DÉBATS ENTRE CLASSIQUES -
KEYNÉSIENS - MONÉTARISTES
La conception du taux d'intérêt a
créé plusieurs débats théoriques dans la
littérature économique. Bien que ceux-ci soient anciens, ils
demeurent toujours d'actualité et influencent les rapports entre les
agents économiques. Nous allons succinctement passer en revue les
idées essentielles soulevées par ces courants de pensée.
Pour les classiques, le taux d'intérêt est
considéré comme le prix auquel s'équilibrent la demande et
l'offre des fonds prêtables, assimilés à l'offre et
à la demande d'obligations. Lorsqu'une entreprise offre des obligations,
elle demande un prêt, de sorte que la courbe d'offre d'obligations peut
être réinterprétée comme une courbe de demande de
fonds prêtables. Cette demande est bien décroissante en fonction
du taux d'intérêt, car les entreprises empruntent d'autant moins
que les taux d'intérêts sont élevés.
Symétriquement, la courbe de demande d'obligations peut être
réinterprétée comme une courbe d'offre de fonds
prêtables, car acheter une obligation consiste à prêter de
l'argent disponible. Cette courbe d'offre est bien fonction croissante du taux
d'intérêt, car les prêteurs sont disposés à
prêter d'autant plus que les taux d'intérêt sont
élevés (Mishkin, 2007). Le graphique 4.1 ci-dessous illustre
l'équilibre sur le marché des fonds prêtables.
Graphique 4.1. Equilibre sur le marché des
fonds prêtables
Taux d'intérêt, i (%)
Offre de fonds prêtables, L
(Demande
d'obligations, B)
i*
Demande de fonds prêtables, L
(Offre d'obligations, B)
F*
Fonds
prêtables, L
(Quantités
d'obligations, B)
Source : construction par l'auteur à partir de
Mishkin (2007).
Tandis que la théorie des fonds prêtables
détermine le taux d'intérêt d'équilibre à
partir de l'analyse de l'offre et de la demande d'obligations, un modèle
théorique alternatif développé à l'origine par John
Maynard Keynes, et connu sous le nom de théorie de la
préférence pour la liquidité, détermine le taux
d'intérêt d'équilibre à partir d'une analyse en
terme d'offre et de demande de monnaie. Le point de départ de l'analyse
de Keynes est l'hypothèse qu'il y a deux catégories principales
d'actifs utilisables comme réserves de richesse : la monnaie et les
créances (obligations). De ce fait, la richesse totale d'une
économie est égale à la quantité totale
d'obligations plus la quantité de monnaie, soit la quantité
d'obligations offertes (BS), plus l'offre de monnaie
(MS). Il en est de même de la quantité d'obligations
(BD) et de monnaie demandée (MD). A
l'équilibre on a : BS + MS =
BD + MD (1). En regroupant d'un côté les
quantités d'obligations et de l'autre les quantités de monnaies
on a : BS - BD = MD -
MS (2). Cette deuxième équation précise que si
le marché de la monnaie est en équilibre (MD =
MS), la partie droite de l'équation sera égale
à zéro, ce qui implique que BS = BD,
c'est-à-dire que le marché des obligations est aussi en
équilibre. Or, puis que le taux d'intérêt équilibre
le marché des obligations, il équilibre du fait le marché
de la monnaie. Il devient par conséquent le point d'équilibre
entre l'offre et la demande de monnaie (Bernier et Simon, 2001).
Chez les monétaristes, il convient de partir de la
distinction entre taux d'intérêt nominal et réel.
Distinction mise en évidence par Fisher. Si on pose i =
r+ða c'est-à-dire le taux d'intérêt nominal
(i) est égal au taux d'intérêt réel (r)
augmenté des anticipations inflationnistes (ða). Cette
relation signifie que le taux d'intérêt incorpore le taux
d'inflation : c'est la thèse principale de la théorie
monétaire du taux d'intérêt. Une augmentation de l'offre de
monnaie se traduit par une augmentation de l'inflation anticipée qui
élève les taux nominaux. Le taux d'intérêt
apparaît alors comme un instrument de la politique monétaire.
Cette notion de taux d'intérêt a
été enrichie par Mishkin (2007) pour qui la principale mesure du
taux d'intérêt est le taux actuariel. Il s'agit du taux
d'intérêt qui égalise la valeur actualisée des flux
de paiement futurs imposés par un instrument financier et sa valeur
actuelle. Cette conception du taux d'intérêt demeure la plus
utilisée dans les analyses liées au taux
d'intérêt.
A l'issue de cette analyse conceptuelle, il importe à
présent d'élucider les mesures des taux d'intérêt
bancaires.
IV.1.1.2. LES MESURES DES TAUX D'INTÉRÊT
BANCAIRES
Traditionnellement, l'intermédiation financière
reste la justification théorique du rôle joué par les
banques. Ce mécanisme met en place des agents à capacité
de financement et ceux à besoin de financement. Des taux
d'intérêt différents leur sont imposés.
Aux épargnants, la banque applique un taux
d'intérêt créditeur qui permet alors de
rémunérer les dépôts. La fixation de celui-ci
dépend du taux créditeur minimum de la Banque Centrale. De 1990
à 2005, ce taux est passé de 3,5% à 5% soit une
augmentation d'un point et demi de pourcentage dans la CEMAC. En théorie
financière, plus ce taux est élevé, plus il motive les
déposants mais constitue une augmentation des charges d'exploitations de
la banque.
A côté du taux créditeur, on relève
aussi le taux débiteur qui est imposé aux emprunteurs. Sa
constitution comble les charges d'exploitation de la banque et lui permet aussi
de réaliser des profits. En zone CEMAC, la BEAC a baissé de
façon graduelle ce taux afin de garantir l'accessibilité au
crédit bancaire. Il est passé de 23,5% en 1990, à 18% en
2005.
Comme le montre le graphique 4.2 ci-dessous, les conditions de
banque de la BEAC ont évolué en deux vitesses différentes.
Graphique 4.2 : Evolution des conditions de
banques de la BEAC 1990-2005 (en %)
Source : construction par l'auteur à partir des
données de la BEAC 2005.
Outre les deux taux présentés ci-dessus, la
Banque Centrale applique aussi des taux de refinancement des banques
secondaires encore appelés taux du marché monétaire. On
distingue par exemple le taux de rémunération des réserves
obligatoires qui ont connu une réelle mutation ces dernières
années. Sa dernière modification remonte en décembre 2008,
où il est passé de 0,5% à 0,3%.
En général, les taux d'intérêt sont
importants à différents niveaux. D'un point de vue individuel,
des taux d'intérêt élevés peuvent dissuader un
acheteur potentiel d'acheter une maison ou une voiture parce que le coût
du financement serait élevé. Inversement, des taux
d'intérêt élevés peuvent encourager à
épargner, parce qu'ils permettent à celui qui accepte de
repousser la consommation d'une partie de ses revenus et de gagner plus
d'intérêt. D'un point de vue global, les taux
d'intérêt ont un impact sur la santé de l'économie
parce qu'ils affectent non seulement la volonté des consommateurs de
dépenser ou d'épargner, mais aussi les décisions
d'investissement des entreprises.
Après la présentation des taux
d'intérêt bancaire, nous nous penchons à présent sur
le développement de la notion de marge d'intérêt.
IV.1.2. LA NOTION DE MARGE D'INTÉRÊT
De façon générale, l'intérêt
est le revenu tiré d'un prêt ou d'un placement. Il s'agit de la
somme que l'emprunteur doit au prêteur en plus du capital, en
rémunération du service rendu et du risque encouru. Sur le plan
théorique, la maîtrise des marges d'intérêt peut se
faire à travers une analyse conceptuelle via le spread
d'intérêt et un bref aperçu sur les travaux existants.
IV.1.2.1.APPROCHE CONCEPTUELLE DES MARGES
D'INTÉRÊT : LA MESURE PAR LE SPREAD
D'INTÉRÊT
La marge d'intérêt représente le gain
lié à l'activité d'intermédiation
financière. Elle prend aussi pour synonyme la marge
d'intermédiation bancaire (Tanimoune, 2001). Dans l'activité
bancaire, on distingue l'intérêt débiteur
(bénéfice tiré sur les crédits octroyés par
la banque) et l'intérêt créditeur (bénéfice
tiré des fonds déposés par les épargnants). La
marge d'intérêt représenterait alors la différence
entre ces types d'intérêt. Conformément aux études
théoriques portant sur les spreads d'intérêt (voir
par exemple Ho et Saunders, 1981 ; Gauthier et Lardic, 2003), le taux
de maturité équivalent constitue un seuil plancher pour
l'investissement des fonds. Le spread obtenu est alors la
rémunération du risque d'investissement, à la
différence près que la banque, dans son rôle de
gérant de portefeuille, est en mesure de compenser les risques via une
diversification du porte feuille. L'accent est donc mis sur les choix de
portefeuille des banques, censées arbitrer entre des actifs sans risque
et des actifs risqués. Néanmoins, la seule prise en compte des
risques de taux et de défaut s'avère insuffisante. La nature
même de l'activité bancaire nous contraint à inclure
les effets d'une modification de la politique d'offre et à
envisager l'existence d'économies d'échelle propres à
l'activité de crédit.
Cependant, puisque l'activité de la banque est
liée à son exploitation, c'est-à-dire à la
recherche du gain, la marge d'intérêt se calcule aussi comme le
ratio produit net bancaire sur total actif. Cette marge doit refléter le
bénéfice après la couverture de l'ensemble des frais
généraux de la banque, le coût du risque (
provisions
sur clients défaillants) et contribuer aux profits. Son
numérateur est constitué du
Produit
Net Bancaire ou
PNB
qui représente pour une banque l'équivalent de la
valeur
ajoutée créée par l'activité. On utilise un
indicateur spécifique en raison de la structure particulière de
l'activité d'une banque dont la « matière première
» est l'argent lui-même. Il est égal à la
différence entre les produits d'exploitation et les
charges
d'exploitation bancaires c'est- à-dire, les
intérêts et commissions reçus et les intérêts
et commissions payés. Au dénominateur on trouve le total actif
tiré du bilan de la banque. En définitive pour des raisons
d'homogénéité des données, nous prendrons le spread
d'intérêt en volume calculé de la façon
suivante : volume crédit multiplié par taux débiteur
maximum auquel on soustrait le volume de dépôt multiplié
par le taux créditeur minimum.
L'approfondissement de cette notion de marges
d'intérêt nécessite de présenter un bref
aperçu des travaux existants.
IV.1.2.2. BREF APERÇU SUR LES TRAVAUX EXISTANTS
Les marges d'intérêt bancaires ont fait l'objet
de nombreuses études à travers le monde. Cette deuxième
dimension de la rentabilité bancaire indique le comportement de la firme
face au processus d'intermédiation. Les tout premiers travaux sont
l'oeuvre de Ho et Saunders (1981) qui ont analysé les fluctuations des
marges d'intérêt des banques européennes. Sur un panel de
16 pays, leurs travaux avaient pour horizon temporel 1970-1979. Les conclusions
de cette étude étaient les suivantes : les charges
d'exploitation, le degré du risque, la taille de la banque et
l'approfondissement financier influencent positivement cette variable. Le
caractère négatif des coefficients des dépôts et des
crédits à la clientèle traduit le développement des
marchés financiers qui attirent davantage les agents économiques.
D'où la quasi influence de la rentabilité bancaire.
Demirguç-Kunt et Huizinga (1999) orientent leur
recherche sur la concentration des établissements de crédit et
son effet dans les intérêts bancaires. En partant du paradigme
SCP, ils analysent le comportement des 25 banques commerciales
installées en Amérique latine avant l'éclatement de la
crise bancaire (1988 - 1996). Ayant reparti les banques en trois groupes
(petite, moyenne et grande), ils aboutissent à la conclusion selon
laquelle la taille du secteur bancaire et la taille de la banque
influenceraient positivement les marges d'intérêt. Ainsi, plus les
banques sont grandes, plus elles réalisent des bénéfices
importants.
L'une des premières études faites en Afrique sur
les marges d'intérêt vient de Tanimoune (2003). Il
s'intéresse aux pays membre de l'UEMOA et prend pour horizon temporel
1989-1999. Il aboutit à la conclusion selon laquelle les marges
d'intérêt sont positivement corrélées aux frais
généraux uniquement : preuve que les dépenses
sont entièrement couvertes par le coût du crédit. Mais les
autres variables telles dépôt de la clientèle,
crédit à la clientèle, inflation et PIB influenceraient
négativement le spread d'intérêt. Pour ce qui est de
l'Afrique occidentale, l'oeuvre de Mansouri et Afroukh (2008) demeure la plus
intéressante. Sur un panel de 5 banques marocaines, ils décrivent
l'évolution des marges d'intérêt à travers plusieurs
déterminants. Ils ne se limitent pas au simple différentiel
d'intérêt pour capter les marges d'intérêt mais
utilisent le ratio produit net bancaire sur total actif. Leurs résultats
sont les suivants : le volume des crédits, la concentration,
l'inflation et le marché financier influenceraient positivement les
marges d'intérêt. Cependant la taille du secteur bancaire, les
fonds propres et les charges générales renduisent ces marges.
En définitive, à la lumière de cette
ébauche, l'unanimité n'est pas établie quant à
l'influence de certaines variables sur les marges d'intérêt. A la
limite de nos lectures, il n'existe pas d'étude faite sur le
comportement des marges d'intérêt bancaires en zone CEMAC, preuve
de l'importance de cette étude. De ce fait, nous allons à travers
un test empirique, montrer l'impact des réformes financières sur
les marges d'intérêt.
SECTION 2. RÉFORMES FINANCIÈRES ET MARGES
D'INTÉRÊT BANCAIRES : UN TEST EMPIRIQUE
L'influence empirique des réformes financières
sur les marges d'intérêt peut se faire à travers la
présentation du lien empirique qui existe entre les deux notions en zone
CEMAC et le test proprement dit.
IV.2.1. LIEN EMPIRIQUE ENTRE RÉFORMES
FINANCIÈRES ET MARGES D'INTÉRÊT BANCAIRE
Pour capter le lien empirique entre les réformes
financières et les marges d'intérêt bancaires en zone
CEMAC, il est nécessaire d'élucider les axes d'influence desdites
réformes sur les marges et de présenter les déterminants
des marges d'intérêt.
IV.2.1.1. LES AXES D'INFLUENCE DES RÉFORMES
FINANCIÈRES SUR LES MARGES D'INTÉRÊT
Les principaux axes ont tourné autour de la
libéralisation des taux d'intérêt, le processus de
privatisation bancaire et la maîtrise des risques bancaires.
La libéralisation des taux d'intérêt
visait à responsabiliser les banquiers dans la prise de décision
et de leur permettre de réaliser des profits. Ainsi, au-delà des
conditions de banques fixées par la BEAC, une marge de 2 points de
pourcentage était accordée aux banques de second rang. Les taux
d'intérêt débiteurs pouvaient aller jusqu' à 24% et
le taux d'intérêt créditeur diminuer afin de se fixer
à 3 voir 2,5 %. Ce processus a considérablement réduit le
contrôle des taux par les Etats et favoriser la production des marges
importantes qui diffère d'un pays à l'autre comme le
présente le graphique 4.3 ci-dessous.
Graphique 4.3 : Evolution des marges
d'intérêt du système bancaire des pays de la
CEMAC en milliards de
francs CFA
Source : construction par l'auteur à partir des
données de la BEAC, 2005.
Ce graphique montre une variation à la baisse des
marges entre 1990 et 1994 et une relative augmentation sur la deuxième
période. Ce qui peut expliquer l'apport des réformes.
Pour ce qui est du processus de privatisation, elle a abouti
à des fusion-acquisitions augmentant par ce fait la concentration, la
réduction de la taille du secteur bancaire et partant la diminution du
taux de bancarisation. Les économies d'échelle38(*) ont nettement diminué
ce qui s'est traduit par une augmentation des charges liées à
l'exploitation des crédits. Les marges d'intérêt se sont
donc amenuisées.
L'augmentation du risque a eu comme principale
conséquence le renforcement du rationnement du crédit diminuant
ainsi le crédit à l'investissement. Seuls les crédits
à très court terme tels que les crédits à la
consommation et les découverts ont vu leur volume augmenté. Or,
ceux-ci produisent peu d'intérêt pour la banque, ce qui marque la
dégressivité des marges d'intérêt. Cependant, le
niveau élevé du risque n'est pas dû à la
multiplicité des crédits offerts mais au mauvais climat des
affaires dont souffrent les économies de la CEMAC.
Le caractère empirique des marges
d'intérêt s'observe de façon exacte à travers un
modèle qui présente ses déterminants.
IV.2.1.2. LE RETOUR AU MODÈLE : LES
DÉTERMINANTS DES MARGES D'INTÉRÊT
En général, les études empiriques
existantes estiment que l'impact des variables managériales sur la
rentabilité bancaire mesurée par la marge d'intérêt
est très significatif. Les frais d'exploitation bancaire, l'octroi des
crédits à moyen et long terme, le montant des fonds propres et la
taille de la banque exercent des effets positifs sur la marge
d'intérêt. Les charges massives supportées par les banques
sont généralement répercutées sur la
clientèle ; ce qui augmente le spread d'intérêt
(Anghbazo, 1997, Bashir, 2000 et Ben Naceur, 2003). Les dépenses
d'exploitation ne seront cependant favorables à l'amélioration
des marges d'intérêt que dans le cas où les banques
respectent un niveau optimum et tolérable de dépenses, permettant
d'éviter le laxisme et le gaspillage des ressources financières
disponibles. Une politique de crédit bien maîtrisée
favorise l'augmentation des marges d'intérêt. La nature de l'effet
positif de cette variable est analysée de façon approfondie par
Ben Naceur (2003). La maîtrise de la politique de crédit
nécessite cependant le maintien de l'équilibre entre la collecte
des dépôts et la distribution des crédits. Quant au
rôle favorable des fonds propres dans le relèvement des marges
d'intérêt, il est testé par les études d'Anghbazo
(1997) et Ben Naceur (2003).
Selon Bashir (2000) et Ben Naceur (2003), parmi les variables
financières, seule la concentration associée à de faibles
taux de dépôts et taux de crédit élevés,
limite le renforcement des marges d'intérêt. Autrement dit, la
concurrence permet à la banque d'avoir plus de clients et donc plus de
revenus d'intérêt. La concurrence qui reflète en d'autres
termes la taille du secteur bancaire, pousse aussi à rechercher des
niveaux d'efficience, ce qui limite la montée des marges
d'intérêt (Demerguç-Kunt et Huizinga, 2001). Si Barajas et
al (1999) et Rouabah (2006) constatent un effet positif de la
libéralisation financière sur l'expansion des marges
d'intérêt bancaires, d'autres auteurs trouvent que
l'amélioration du niveau des marges d'intérêt est
conditionnée par la lutte contre la montée des risques (Anghbazo,
1997) ou encore contre la diversification de l'activité (Ho et Saunders,
1981). En plus des déterminants usuels tels que présentés
dans l'analyse de la rentabilité des actifs, la marge
d'intérêt inclut le différentiel des taux
d'intérêt puisque ce dernier oriente sur le niveau de taux
d'intermédiation.
L'estimation de l'impact des variables
macroéconomiques, notamment la croissance économique, l'inflation
et la masse monétaire, a souvent trouvé un terrain d'entente
entre les économistes. Plusieurs auteurs confirment à
l'unanimité l'existence d'une relation positive entre la croissance
économique et la croissance des marges bancaires (Bashir, 2000, Rouabah,
2006 et Beckmann, 2007). A leur avis, la richesse nationale profite à
toute l'activité économique du pays, affecte positivement
l'évolution du secteur bancaire et incite les banques à innover
et à rénover leurs techniques et technologies de gestion.
Concernant l'impact de la variation du niveau général des prix,
les travaux de Molyneux et Thornthon (1992), Abreu et Mendes (2002), ont
apporté des éclaircissements sur les liens susceptibles d'exister
entre les marges d'intérêt et l'inflation. Leurs résultats
empiriques font apparaître une relation positive qui laisse penser que la
progression de l'inflation sera favorable à l'accroissement des profits
bancaires. Les variations de la masse monétaire agissent positivement
sur la liquidité bancaire et surtout sur le spread de taux
d'intérêt.
A l'issue de cette présentation, il est opportun de
passer à l'estimation proprement dite.
IV.2.2. SPÉCIFICATION DU MODÈLE, ESTIMATION
ET ANALYSE DES RÉSULTATS
Avant d'analyser les résultats, il convient d'abord de
spécifier et d'estimer le modèle.
IV.2.2.1. SPÉCIFICATION DU MODÈLE ET
ESTIMATIONS PRÉ ET POST-RÉFORMES
Cette spécification nécessite une
présentation générale des variables du modèle avant
son expression. Nous avons ainsi récapitulé les
variables du modèle dans le tableau 4.1ci-dessous.
Tableau 4.1 : Variable dépendante et
variables indépendantes dans la modélisation des
marges d'intérêt
bancaires
Mesure de la marge d'intérêt comme
variable dépendante
|
MI = intérêt débiteur- intérêt
créditeur
|
Mesure des variables indépendantes
|
Les déterminants managériaux
|
La structure du capital social
SCAPITAL = capitaux privés / capitaux propres
|
La gestion du capital
CAPAST= capitaux propres / actif total
|
La proportion des crédits bancaires
PROCRE = total crédit / total actif
|
Les dépenses d'exploitation
RADEP = charges générales / total actif
|
Les déterminants macro-financiers
|
L'indice de risque
RISQ = total crédits / total dépôts
|
La taille du secteur bancaire
ACTPIB = total actif du secteur bancaire / PIB
|
L'indice de concentration
CR= dépôts des banques considérées /
l'ensemble des dépôts du système bancaire
|
Différentiel des conditions de banques
DIFTAU = T DM - TCM
|
Les déterminants
macroéconomiques
|
La croissance économique
LOGPIB = logarithme du PIB réel par tête
|
L'inflation
TAUINF = taux d'inflation
|
La masse monétaire
LOGM2 = logarithme de M2
|
|
Source : construction par l'auteur à partir de
Demirguç-Kunt et Huizinga, 1999, Tanimoune,
2001 et Mansouri et Afroukh, 2008.
Le modèle à estimer prend la forme
suivante :
MIit = á 0it + á
1it SCAPITALit + á 2it CAPASTit +
á 3it DEPCREit + á 4it RADEP
it + á 5it RISQit + á
6it ACTPIBit+ á 7it CRit +
á 8it DIFTAU + á 9it LOGPIBit+
á 10it INFit + á 11it LOGM2
it + åit. (2)
L'horizon temporel demeure inchangé. La période
avant les réformes s'étend sur 5 ans. En considérant la
trimestrialisation des données, on obtient 20 trimestres par pays
considéré soit 120 observations. Ainsi, i va de 1à 6 et t
de T1, 1990 à T4, 1994. La période
après les réformes va de 1995 à 2005 et présente
264 observations. Les données utilisées nous viennent de la BEAC
(situation monétaire large 2006) et aussi des différents rapports
de la COBAC.
La spécification du modèle nous conduit aux
estimations pré et post-réformes.
- Estimation avant les réformes.
En se servant du logiciel STATA dans sa version 9, on estime
d'abord le modèle 2 par la méthode des Moindres Carrés
Ordinaires (MCO). Cette première estimation présente une bonne
spécification du modèle. Les variables explicatives contribuent
pleinement à l'explication de la variable expliquée. Ceci
à travers le degré d'ajustement R2 qui vaut 76,8%. Les
marges d'intérêt sont mieux captées grâce aux
variables utilisées. Outre ce constat, l'observation du test de Fisher
indique que le modèle est globalement significatif jusqu'au seuil de 1%
(Prob > F = 0.0000). La spécification du modèle 2 peut
conduire aux effets individuels décrivant le comportement des marges
d'intérêt bancaires du système bancaire des pays de la
CEMAC. D'où la nécessité d'estimer un modèle
à effets fixes portant sur l'hypothèse
d'hétérogénéité entre les pays. L'effet
individuel ái est considéré sous la forme
ái = á0+ u-i ; le test de
l'homogénéité des pays revient donc à poser comme
hypothèse nulle que tous les u-i sont nuls. La lecture du
test de Fisher donné ci-dessus conduit à accepter
l'hypothèse que tous les u-i sont nuls (F (5,104)=1,85 et
Prob> F= 0,3866). Il semble donc qu'il n'existe pas entre les 6 pays de la
CEMAC des effets individuels propres à chaque pays et qui expliquent les
marges d'intérêt bancaires. L'effet spécifique
déterministe lié à chaque pays n'étant pas retenu,
il est judicieux de traiter cet effet comme un effet aléatoire et non
déterministe. Ce qui nous conduit à l'estimation du modèle
à effets aléatoires.
Pour valider le modèle à effets
aléatoires, on teste la corrélation entre les effets individuels
et les variables explicatives. L'hypothèse nulle retient l'absence de
corrélation entre les effets individuels et les variables explicatives.
L'erreur ou résidu ëit est composé de deux
éléments : çi et åit. Le
premier représente l'effet individuel et le second représente
l'influence des autres variables omises. Le résultat du test donne Prob
> chi2= 0,0000 <0,05 d'ou le rejet de l'hypothèse nulle. Il existe
alors une corrélation entre les effets individuels et les variables
explicatives. Les variables indépendantes choisies sont fortement
influencées par la nature du pays. Le choix du meilleur modèle
est fondé sur le test de hausman. Comme hypothèse nulle on
retient corr (u-i ; X)=0. Son non rejet conduit à
l'acceptation du modèle aléatoire ; la procédure du
test impose que Prob>chi2 > 0,05. En définitive, le test de
hausman donne une p-value Prob>chi2 = 0.2508 > 0,05. Donc nous retenons
le modèle à effets aléatoires comme modèle des
différentes estimations du modèle.
Le modèle à effets aléatoires
estimé pré-réforme se présente ainsi :
MIit = 165, 23 - 0,1242**
SCAPITALit - 0, 7514 CAPASTit + 0, 2564**
PROCREit - 23, 4521*
(0,12541) (0,06864) (0,35642)
(0,05231) (0,00421)
RADEPit + 0, 4215* RISQit +
0,0531* ACTPIBit + 23,1542** CRit +
0,2461*** DIFTAU +
(0,03421) (0,00762)
(0,03362) (0,06548)
0, 1214 LOGPIBit - 0, 6421** INFit
+ 0, 4251 LOGM2it + åit.
(3)
(0,36211) (0,04211) (0,17235)
* : significativité à 1% ; ** :
significativité à 5% ; *** : significativité
à 10%
Les valeurs entre parenthèses sont les
probabilités t de Student. (p>t).
A ce niveau des estimations, des commentaires peuvent
déjà être présentés :
D'une part, les marges d'intérêt s'accroissent
grâce à l'influence de la proportion des crédits dans
l'actif bancaire. Plus les crédits augmentent comparativement à
d'autres éléments de l'actif, plus les marges
s'améliorent. L'indice de risque et la taille du secteur bancaire
augmentent les spread d'intérêt car l'environnement propice au
développement des banques se traduit par une amélioration des
marges d'intérêt (Tanimoune, 2003 et Mansouri et Afroukh,
2008).
D'autre part, l'influence négative de la structure du
capital (SCAPITAL) et de sa gestion (CAPAST) et des dépenses
d'exploitation (RADEP) est vérifiée dans la théorie
économique. Ainsi, plus l'Etat intervient dans le capital des banques,
plus les marges d'intérêt s'amenuisent preuve que la privatisation
des banques serait une mesure souhaitable en vue d'une rentabilité
toujours croissante. Ce processus fut entamé par les autorités
des six pays de la CEMAC. Il est donc important d'estimer un modèle
après les réformes afin de mesurer l'évolution des
variables.
Le modèle à effets aléatoires
estimé post-réforme s'écrit :
MIit = 24,1242 + 0,0521*
SCAPITALit -1,253142* CAPASTit + 0,00521**
PROCREit + 0,5761
(0,01254) (0,008874) (0,005624)
(0,045241) (0,24154)
RADEP it + 1,0671** RISQit -
1,2516* ACTPIBit - 1,2506* CRit +
0,3561* DIFTAU it - 0, 2314*
(0,03564) (0,007265)
(0,005842) (0,004261) (0,001426)
LOGPIBit - 0, 2314* INFit +
1,2761 LOGM2 it + åit.
(4)
(0,00412) (0,23512)
* : significativité à 1% ; ** :
significativité à 5% ; *** : significativité
à 10%
Les valeurs entre parenthèses sont les
probabilités t de Student. (p>t).
Pour ce qui est de cette quatrième estimation, le
comportement des résidus indique une relative constance pour tous les
pays de la zone comme l'indique l'annexe 4.3 ; preuve de la qualité
de l'estimation.
Au regard de cette estimation, plusieurs commentaires peuvent
être apportés. Pendant l'implémentation des
réformes, certaines variables ont subi quelques modifications.
- La structure du capital (SCAPITAL) influence positivement
les marges d'intérêt. Preuve que la privatisation des banques est
un atout à l'amélioration des marges bancaires. Ce
résultat est identique à celui trouvé par Yao,
(2002).
- La proportion des crédits (PROCRE), les
dépenses d'exploitation (RADEP), le risque (RISQ) et le
différentiel de taux (DIFTAU) améliorent les marges
d'intérêt bancaires. Parmi ces variables, seul le coefficient des
dépenses d'exploitation ne vérifie pas la théorie
économique. Naturellement ils devraient influencer négativement
les marges bancaires. Car plus les charges d'exploitation augmentent, plus le
différentiel d'intérêt se rétrécit. Les
charges viennent réduire les intérêts débiteurs par
conséquent réduisent les marges (Mansouri et Afroukh, 2008).
- Cependant, la gestion du capital (CAPAST) très
rigoureuse par les dirigeants privés amenuise les marges bancaires. De
peur d'une augmentation des risques, ces dirigeants vont réduire les
crédits.
- La taille du secteur bancaire (ACTPIB) et la concentration
(CR) influencent négativement les marges bancaires. Ceci se justifie par
le fait qu'après les réformes, le secteur bancaire de la
sous-région CEMAC s'est rétréci (annexe 4.2) et les
banques restant en activité contribuent moins au PIB, ce qui augmente
moins leurs marges.
- Les variables macroéconomiques en
général réduisent les marges bancaires. Une augmentation
d'un point de pourcentage du PIB réduit de 23,14 points de pourcentage
les marges bancaires. Ce résultat contraste avec la théorie
économique (Demirguç-Kunt et Huizinga, 1999, Tanimoune,
2001 et Mansouri et Afroukh, 2008). L'explication de cette situation
repose peut-être sur les taux de croissance faibles des pays de la
sous-région. La maîtrise de l'inflation a contribué
à réduire les marges d'intérêt, preuve qu'un niveau
tolérable de taux d'inflation peut contribuer à l'augmentation
des marges.
L'implémentation des réformes a agi sur
certaines variables spécifiques qui ont influencé les marges
d'intérêt. Il convient à présent de faire une
synthèse pour mesurer l'impact des réformes financières
sur les marges d'intérêt.
IV.2.2.2. ANALYSE DE LA SYNTHÈSE DES
RÉSULTATS
Les estimations 3 et 4 peuvent être regroupées
dans un tableau représentant la synthèse des résultats
comme l'indique le tableau 4.2 ci-dessous.
Tableau 4.2 : Synthèse des
résultats des deux sous-périodes
mi
|
1990-1994
|
1995-2005
|
Observations
|
scapital
capast
procre
radep
risq
actpib
cr
diftau
logpib
inf
log_m2
cons
|
-0,12425**
-0,751423
-0,256412**
-23,45211*
0,4215124*
0,053124*
-35,66707**
0,246142***
0,121452
-0,642121**
-5,368024
165, 2325
|
0,05214*
-1,253142*
0,005215*
0,576124
1,067124**
-1,251642*
1,25031*
0 ,2561121*
0,356122*
-0,231421*
1,27613
24,1242
|
accroissement de 141,95%
diminution de 40,03%
accroissement de 97,96%
accroissement de 102,45%
accroissement de 153,16%
diminution de 104,24%
accroissement de 1951,44%
accroissement de 3,908%
accroissement de 65,90%
accroissement de 377,48%
accroissement de 66,68%
|
* : Significativité à 1% ; ** :
Significativité à 5% ; *** : Significativité
à 10%
|
Source : construction par l'auteur à partir des
estimations 3 et 4.
Au regard des observations du tableau, quelques commentaires
sont importants :
- la structure du capital (scapital) a connu
un accroissement remarquable et présente un coefficient positif et
significatif dans la deuxième sous-période. Preuve que dans les
six Etats de la CEMAC, le processus de privatisation des banques entamé
pendant les réformes bénéficie aux marges
d'intérêt. En Guinée Equatoriale par exemple, on est
passé de 43,5% des parts détenues par le privé à
74% ;
- on observe une diminution du coefficient de la gestion de
capital (capast). L'explication possible vient du fait que les
dirigeants privés cherchent à respecter les normes de gestion et
cela contracte les mécanismes de l'intermédiation ;
- la proportion des crédits bancaires
(procre) a connu une nette amélioration et
renforcé les marges d'intérêt. On pourrait s'attendre
à une augmentation supérieure mais la nature des crédits
octroyés ne la favorise pas. Néanmoins, on se rend compte que les
crédits de très court terme contribuent eux aussi à
l'accroissement des spread d'intérêt ;
- pour ce qui est des dépenses d'exploitation
(radep), leur accroissement n'influence pas les marges
d'intérêt. Ceci peut être dû à la nature des
données utilisées (données consolidées) du
système bancaire des pays de la CEMAC ;
- l'accroissement du risque bancaire
(risq) contribue à améliorer les marges
bancaires. Cette augmentation du risque vient du fait que les banques de la
sous-région ont vu leurs volumes de crédits
augmentés ;
- la taille du secteur bancaire (actpib) a
diminué et a tendance à réduire les marges
d'intérêt. Cette réduction vient des fusion-acquisitions
constatées pendant la restructuration et la taille actuelle ne favorise
pas les spread d'intérêt ;
- la forte concentration
(cr) constatée montre que les réformes
n'ont pas servi à augmenter le taux de bancarisation des pays de la
CEMAC d'où cette concentration élevée
enregistrée ;
- le différentiel de taux n'a pas trop
évolué mais contribue positivement à l'accroissement des
marges d'intérêt. A ce niveau, on peut retenir une contribution
positive de la libéralisation financière et des conditions de
banques plus souples ;
- le PIB et la masse monétaire ont subi une
augmentation mais la contribution à l'amélioration des marges est
différente : le PIB influence nettement les marges tandis que la
masse monétaire ne présente aucune influence ;
- le taux d'inflation a augmenté et contribue à
la réduction des marges d'intérêt ; ce qui s'explique
par l'effritement du pouvoir d'achat élevant ainsi les taux nominaux.
En définitive, un net constat se dégage de ces
résultats : les marges d'intérêt ont
bénéficié des réformes engagées dans la
sous-région CEMAC.
Conclusion
Les marges d'intérêt apparaissent comme une
mesure importante de la rentabilité bancaire. Elles établissent
l'apport de l'environnement externe de la banque à travers le processus
d'intermédiation. Son étude en Afrique est formalisée par
Tanimoune (2001) et enrichie par Mansouri et Afroukh (2008). Ce chapitre nous a
permis d'analyser le comportement de cette mesure au moment de
l'implémentation des réformes financières. Après
avoir estimé les modèles pré et post-réformes, nous
avons apporté des explications à l'évolution des variables
du modèle. Il ressort des estimations que l'influence des
réformes financières sur les marges d'intérêt
confirme la troisième hypothèse : les
réformes bancaires, monétaires et institutionnelles accroissent
les marges d'intérêts des banques des pays de la
CEMAC.
Certes, les variables choisies pour déterminer les
marges d'intérêt sont globalement significatives, ce qui laisse
croire à la bonne spécification du modèle et aux
données utilisées, mais dans les faits, les marges
d'intérêt des différents systèmes bancaires
s'accroissent moins vite par rapport à leur niveau d'avant crise, preuve
que les réformes doivent se poursuivre dans ce domaine.
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
La deuxième partie de cette étude visait comme
objectif l'analyser de l'influence des réformes financières sur
la rentabilité du système bancaire des pays de la CEMAC. La
rentabilité bancaire a été mesurée par la
rentabilité des actifs et les marges d'intérêt. Ces
différentes mesures permettent de mettre en évidence l'apport de
l'environnement interne et externe de la banque dans la rentabilité.
Dans le chapitre trois, il était question de mesurer l'effet des
réformes financières sur la rentabilité des actifs
bancaires. En spécifiant un modèle économétrique
prenant pour base le paradigme Structure-Comportement-Performance, les
estimations pré et post-réforme aboutissent au résultat
suivant : les réformes financières intervenues
en zone CEMAC améliorent la rentabilité des actifs bancaires.
Ceci se justifie d'une part, à travers le caractère
positif des coefficients liés à la structure du capital
(1,847205), l'indice du risque (3,490551) et l'indice de concentration
(50,37204) et d'autre part à travers leur degré de
significativité et l'évolution des autres variables du
modèle. La deuxième hypothèse de cette étude se
trouve vérifiée. Le chapitre quatre a étudié
l'impact des réformes sur les marges d'intérêt bancaires.
Ainsi, nous avons d'abord passé en revue les aspects théoriques
des notions de taux d'intérêt et de marge d'intérêt
bancaire. Ensuite, un modèle économétrique pré et
post- réforme incluant comme variable additive le démentiel de
taux directeur de la BEAC a été estimé. Enfin, il ressort
de l'analyse des résultats que les réformes
financières implémentées en zone CEMAC améliorent
les marges d'intérêt bancaires. La justification de
ce résultat est basée sur la positivité et la
significativité de plusieurs variables principales (structure du
capital, proportion des crédits dans l'actif, le différentiel des
taux d'intérêt). Ceci confirme ainsi la dernière
hypothèse de l'étude.
De façon générale, l'utilisation des
données de la BEAC, la construction des graphiques et tableaux et
l'estimation des différents modèles aboutissent à la
conclusion selon laquelle les réformes financières
intervenues en zone CEMAC améliorent la rentabilité du
système bancaire des pays de cette sous-région.
CONCLUSION GENERALE ET PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS
En conclusion, il s'est agi dans cette étude de
répondre à la question de savoir : en quoi les
réformes financières améliorent-elles la
rentabilité du système bancaire des pays de la
CEMAC ? Cette étude a été menée
en mesurant la rentabilité bancaire à travers deux
variables : la première lie la banque à son environnement
interne (rentabilité des actifs) et la seconde présente
l'influence de l'environnement externe liée à
l'intermédiation (la marge d'intérêt). La
méthodologie a consisté à utiliser en deux parties, des
outils à la fois documentaire, statistique et
économétrique.
La première partie a permis dans un premier chapitre
d'analyser les facteurs de la crise du système bancaire de la CEMAC, ce
qui a justifié la mise en oeuvre des réformes financières.
Le second chapitre a présenté le contenu et le bilan desdites
réformes sur le système bancaire des pays de la CEMAC. Comme
principaux résultats on note : la stabilité retrouvée
des banques et le respect des normes prudentielles. Pour y arriver, il a fallu
deux mouvements de restructurations bancaires. La première
hypothèse de l'étude est alors vérifiée :
l'influence des réformes financières sur la
stabilité des banques est positive en zone CEMAC. Mais la
faible implication des banques dans le financement des économies et la
contrainte des risques contrastent quelque peu ce résultat.
La deuxième partie quant à elle visait à
vérifier l'influence des réformes sur un point spécifique
de la stabilité du système : la rentabilité bancaire.
Ainsi, nous avons mesuré la rentabilité bancaire sur deux
volets : la rentabilité des actifs et les marges
d'intérêt. Le chapitre trois a ainsi étudié l'impact
des réformes financières sur la rentabilité des actifs.
Ayant estimé deux modèles (un avant les réformes et
l'autre après), l'évolution des coefficients a permis de
conclure. Comme résultat, on retient que les réformes
améliorent la rentabilité des actifs. La deuxième
hypothèse : les changements bancaires,
monétaires et institutionnels améliorent la rentabilité
des actifs du système bancaire de la zone CEMAC, est
vérifiée. En ce qui concerne la marge d'intérêt,
l'influence des réformes sur cette mesure est élaborée au
chapitre quatre. Force est de constater que ce travail académique est
parmi les premiers à notre connaissance dans la sous-région qui
met en évidence cette mesure de la rentabilité bancaire. En
dehors de l'ajout des conditions de banques, toutes les autres variables sont
identiques au premier modèle. Et comme résultats, les
réformes entreprises dans la zone améliorent progressivement les
marges d'intérêt bancaires confirmant ainsi la dernière
hypothèse de l'étude : les réformes
bancaires, monétaires et institutionnelles accroissent les marges
d'intérêt des banques des pays de la CEMAC.
Des deux parties, il ressort que les réformes
financières signées en 1990 et implémentées
à partir de 1994, ont eu un impact global et significatif sur le
système bancaire des pays de la CEMAC. Mais, il est importe aussi de
nuancer ces résultats au regard de l'implémentation et du timing
desdites réformes.
Ce travail pourra nécessiter d'autres études
futures liées par exemple à la détermination de la
durée optimale utile pour mesurer l'apport des réformes et aussi
au caractère de la réforme elle-même posant ainsi le
débat du gradualisme et de la thérapie des chocs.
En s'appuyant sur toutes ces conclusions, quelques
enseignements provisoires s'avèrent importants :
en premier lieu, il convient de consolider les acquis
y relatifs et poursuivre leur mise en oeuvre. A ce niveau, il serait
important de procéder à des évaluations continuelles et
sanctionner les banques qui fonctionneraient en marge des normes
établies. Adam Madji (1997), souligne que la réussite des normes
comptables appliquées dans la sous-région serait efficiente si
l'implication des Etats évolue ;
en deuxième lieu, il convient de renforcer le
processus de privatisation du capital et de la qualité de la gestion
dudit capital. La gestion du capital présente encore de nos
jours une influence négative sur la rentabilité bancaire en
général. De par sa valeur (-38,94036 dans l'estimation de
la rentabilité des actifs après les reformes), elle réduit
cette rentabilité. A ce niveau les gestionnaires de banques peuvent
mener une gestion au rendement des crédits, intégrer l'approche
fonds économique dans l'octroi des crédits. Pour ce qui est de la
privatisation, elle doit non seulement promouvoir l'initiative privée
dans la création et la gestion des banques, mais aussi viser la
multiplicité des services offerts par les banques. A ce niveau, les
réformes entamées visaient le retrait progressif des Etats dans
le capital des banques. Le but d'une telle mesure est la réduction du
risque de crédit qui affecte de façon significative la
stabilité bancaire. Pour mener à bien ce processus, les chefs
d'Etat des pays de la CEMAC peuvent créer et renforcer
financièrement les banques de développement qui jusqu'en 1985,
contribuaient aux grands investissements ;
en troisième lieu, il faut accroître les
crédits bancaires surtout ceux à moyen ou long
terme afin d'accroître le ratio crédit bancaire sur actif
total qui de nos jours a un effet négatif (de sa valeur -52,304031) sur
la rentabilité des banques. A ce niveau les pays de la CEMAC peuvent par
exemple diversifier leurs économies ce qui permettra non seulement
l'exploitation de nouveaux secteurs d'activité, mais aussi une
implication de grande ampleur des banques. Dans le même sillage, les
banques de développement peuvent être créées afin de
garantir les types de crédit ci-dessus cités. La faible
proportion des crédits de moyen et long terme en zone CEMAC tire son
explication de la nature des banques de la zone. Celles-ci sont des filiales
des banques étrangères ; elles sont de nature commerciale
par conséquent recherchent un profit rapide et à court terme ;
il faut en quatrième lieu améliorer le
climat des affaires dans les six pays de la CEMAC. Car, si le risque
bancaire demeure élevé, cela traduit l'environnement dans lequel
évoluent les banques. La conséquence la plus visible ici est la
surliquidité des banques de la sous-région. Or, plus la banque
est surliquide, moins elle dégage des ressources capables de
générer des produits. Ainsi, les problèmes de corruption
et de mal gouvernance, les lenteurs administratives doivent être
solutionnés (Doing Business, 2009). Ce qui permettra aux investisseurs
nationaux et étrangers d'accroître les investissements dans la
zone. La présence des banques dans le financement des projets augmentera
leur rentabilité ;
enfin, il faut promouvoir le
renforcement des institutions sous-régionales en leur assurant
une marge de manoeuvre assez importante et des moyens financiers
conséquents pour mener à bien leur mission de supervision, de
contrôle, d'évaluation et de dissuasion.
C'est sous ces différentes conditions que la zone CEMAC
pourra bénéficier d'un système bancaire rentable, stable
et qui s'impliquerait de façon conséquente au financement des
économies de la sous-région.
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ANNEXES
Annexe 1.1 : Prises de participation de
l'Administration Centrale dans le capital social des banques en % de 1988
à 1994
Années
Pays
|
1988
|
1989
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
Cameroun
|
60
|
60
|
56,4
|
56,5
|
52,1
|
52,1
|
50,1
|
Congo
|
81,2
|
81,2
|
80
|
80
|
76,7
|
76,7
|
51,5
|
Gabon
|
52
|
52
|
52
|
51,5
|
51,5
|
50
|
50
|
Guinée Equ.
|
56,7
|
56,7
|
55
|
55
|
42
|
42
|
41,2
|
RCA
|
51,5
|
51,5
|
51,5
|
57,6
|
57,6
|
50
|
50
|
Tchad
|
59,8
|
59,8
|
59,8
|
59,8
|
59,8
|
55,6
|
55,6
|
Source : rapport de la BEAC, 1994.
Annexe 1.2. : Banques fermées suite aux
premières restructurations au Cameroun en 1989
Nom
|
Date de création
|
Date de fermeture
|
Banque Camerounaise de Développement (BCD)
|
29/12/1960
|
Liquidée en 1989
|
Banque Internationale pour l'Afrique Occidentale au
Cameroun (BIOC)
|
1974
|
Scission avec la MCB en 1991 pour former la BM-BIAO
|
Cameroon Bank (Cambank)
|
29/12/1961
|
Liquidation à l'amiable le 01/09/1989
|
Merien Cameroun Bank (MCB)
|
1979(Chase Bank of Cameroun), devenue MBC en 1988
|
Scission avec la BIAOC en 1991 pour former la BM-BIAO
|
Banque Paribas - Cameroun(BPC)
|
07/05/1980
|
Liquidation à l'amiable le 07/09/1989
|
Société camerounaise de banque
(SCB)
|
1961
|
Scission-Liquidation en 1989.Une partie est
transférée à la SRC, une autre est fusionnée avec
le crédit Lyonnais et forme la SCB-CL
|
Bank of Credit and Commerce Cameroun(BCC)
|
Non disponible
|
1992. Une partie a été transférée
à la Standard Bank of Cameroun. La fermeture a eu lieu suite aux
évènements survenus en juillet 1991 dans la BCCI : Bank of
Credit and Commerce International.
|
Fisrt Investment Bank (FIB)
|
19/06/1991
|
1993
|
International Bank of Africa (IBAC)
|
1982
|
1994
|
Banque Meridien- BIAOC (BMBC)
|
1991 (née de la fusion de MCB et BIAOC)
|
Retrait d'agrément en septembre 1996 suite aux
difficultés causées par la faillite de la Méridien
International Bank Limited en 1995
|
Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie
du Cameroun(BICIC)
|
1962
|
Retrait de l'appui technique de la BNP en octobre 1994. Appui
technique du Groupe des banques Populaires à partir du
26/11/1996.fermée en mars 1997.Les actifs ont été repris
le 19 mars par la BICEC.
|
Crédit Agricole du Cameroun(CAC)
|
01/10/90
|
Mise en liquidation annoncée par la COBAC le 12 juin
1997.
|
Source : rapport d'activité de la BEAC cité
par ANNE JOSEPH (2004).
Annexe 1.3. : Les différents types de
rationnement de crédit
Différents types de rationnement
|
description
|
Rationnement de Type 1
|
La banque accorde le prêt pour un montant
inférieur à celui qui a demandé. Cette définition
repose sur l'hypothèse qu'il existe une relation entre montant
emprunté et difficultés de remboursement.
|
Rationnement de type 2
|
La banque refuse de s'engager envers certains emprunteurs
alors qu'ils présentent les mêmes caractéristiques que ceux
qui obtiennent le crédit (modèle de Stiglitz et Weiss, 1981)
|
Rationnement de type 3
|
Ici la banque refuse de prêter au taux
d'intérêt désiré par l'emprunteur.
|
Rationnement de type 4
|
Ici, les emprunteurs écartés se distinguent de
ceux qui ont obtenu le crédit car ils ont été
identifiés comme trop risqués par la banque : quel que soit
le taux en vigueur ils sont exclus du marché du crédit. Il prend
pour synonyme « red-lining » dans la littérature
anglo-saxonne,
|
Source : construction de l'auteur d'après Anne joseph
(1998)
Annexe 2.1 : Les différentes normes
prudentielles appliquées par la COBAC
Normes
|
Objectifs
|
I-Normes de solvabilité
a) Le ratio de couverture des risques
|
Fait obligation aux établissements de crédit de
justifier en permanence que leurs fonds propres nets couvrent au minimum 5% de
l'ensemble de leurs encours.
|
b) Le ratio de division des risques
|
Interdit aux établissements de crédit de
s'engager en faveur d'un seul client pour un montant excédent 75% de
leurs fonds propres nets (cette limite sera ramenée à 45% d'
après Bâle II)
|
c) Le ratio de couverture des immobilisations
|
Oblige les établissements de crédit à
financer leurs immobilisations au minimum à 100% par leurs ressources
permanentes.
|
d) Une prise de participation au capital d'une entreprise
|
Impose à l'établissement de crédit de
limiter à 15% des fonds propres nets, l'ensemble de cette prise ne
pouvant dépasser 75% (elle sera ramenée à 45%).
|
e) Les concours aux actionnaires, associés,
administrateur, dirigeant et personnel
|
Ces concours octroyés par un établissement de
crédit sont limités à 15% des fonds nets.
|
II- Normes de liquidité
a) Le ratio de liquidité
|
Oblige les établissements de crédit à
justifier en permanence des ressources immédiatement disponibles et
susceptibles de couvrir au minimum l'intégralité de leurs dettes
à échoir dans un mois au plus.
|
b) Le ratio de transformation à long terme
|
Permet de contenir un solde minimum de 50% entre les emplois
et les engagements à plus de 5 ans d'échéance d'un
établissement de crédit et ses ressources de même terme.
|
Source : COBAC, 2000.
Annexe 2.2 : Banques créatrices de monnaie
des six pays de la CEMAC au terme de la
deuxième restructuration
bancaire en 2005
CAMEROUN
1-A.B.C : Amity Bank Cameroon
2-B.I.C.E.C : Banque Internationale du Cameroun pour
l'Epargne et le Crédit
3-C.B.C : Commercial Bank Caemroon
4-C.L.C : Crédit Lyonnais Cameroun
5-S.C.B.C : Standard Charted Bank Cameroon
6-S.G.B.C : Société Générale
de Banque au Cameroun
7-U.B.C : Union Bank Cameroon
8-H.C.B : Hihgland Corporation Bank-Cameroon
9-AFRILAND FIRST BANK
10- CITIBANK : First National City Bank
11-ECOBANK CAMEROON
GUINEE EQUATORIALE
1-SGB-GE : Société Générale
de Banque Guinée Equatoriale
2-BGFI-GE : Banque Gabonaise et Française
Internationale Guinée Equatoriale
TCHAD
1-B.A.S.T : Banque Agricole du Soudan au Tchad
2-B.C.C : Banque Commerciale du Chari
3-B.M.B.T : Banque Méridien-BIAO Tchad
3-C.B.T : Commercial Bank Tchad
4-F.B.T : Financial Bank Tchad
5-S.G.T.B : Société Générale
Tchadienne de Banque
|
REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
1-B.I.C.A : Banque Internationale pour la Centrafrique
2-B.P.M.C : Banque Populaire Maroco-Centrafricane
3-C.B.C.A : Commercial Bank Centrafrique
4-U.B.A.C : Union Bancaire en Afrique Centrale
5-B.C.I : Banque Centrafricaine d'Investissement
CONGO
1-B.G.F.I : Banque Gabonaise et Française
Internationale -Congo
2-C.L.C : Crédit Lyonnais Congo
3-COFIPA : COFIPA Investment Bank Congo
4-B.A.I.C : Banque pour l'Agriculture, l'Industrie et le
Commerce
5-C.A.I.C : Caisse pour l'Agriculture,
l'industrie et le Commerce
GABON
1-B.G.F.I : Banque Gabonaise et Francaise Internationale
2-B.I .C .G : Banque Internationale pour le
Commerce et l'Industrie du Gabon
3-CITIBANK : First National City Bank
4-I.B.C : Interfinancial Banking Corporation
5-U.G.B : Union Gabonaise de Banque
|
Source : BEAC, rapport d'activité, 2006.
Annexe 2.3 : Situation des ratios prudentiels des
huit principales banques commerciales au Cameroun (février
1998-février 2000)
Principaux ratios
|
Février 1998
|
Février 1999
|
Février 2000
|
Ratio de liquidité (minimum COBAC =100%)
|
160.36%
|
199.33%
|
160.8%
|
Ratio de couverture des risques (minimum COBAC = 5%)
|
8.28%
|
11.74%
|
9.13%
|
Ratio de transformation à long terme (minimum COBAC =
50%)
|
83.29%
|
101.78%
|
89.30%
|
Ratio de couverture des immobilisations (minimum COBAC = 100%)
|
192.90%
|
199.96%
|
162.99%
|
Fonds propres nets (millions de francs CFA)
|
6.103
|
8.089
|
6.905
|
Source : BEAC, Yaoundé, 2002.
Annexe 3.1 : un bilan bancaire typique
ACTIF
|
PASSIF
|
Encaisse de trésorerie (monnaie centrale en caisse,
réserves libres et obligatoires)
|
Dépôts interbancaires
|
Prêts interbancaires.
|
Dépôts des agents non financiers
(dépôts à vue, à terme, comptes sur livret, comptes
et plans d'épargne logement, etc.)
|
Crédits aux agents non financiers.
|
Titres émis à l' exception des actions (certificat
de dépôts, obligation etc.)
|
Portefeuille de titres.
|
Provisions.
|
Immobilisations.
|
Capitaux propres
|
Source : SCIALOM, 1999.
Annexe 3.2 : Estimation de la rentabilité des
actifs pré-réformes
MODELE DES MCO
Source
|
SS
|
df
|
MS
|
Number of obs =
|
120
|
|
|
|
|
F( 10, 109)
|
= 9.32
|
Model
|
70012.3329
|
10
|
7001.23329
|
Prob > F
|
= 0.0000
|
Residual
|
81917.1379
|
109
|
751.533375
|
R-squared
|
= 0.4608
|
|
|
|
|
Adj R-squared
|
= 0.4114
|
Total
|
151929.471
|
119
|
1276.71824
|
Root MSE
|
= 27.414
|
|
|
|
|
|
|
roa
|
Coef.
|
Std. Err.
|
t
|
P>t
|
[95% Conf.
|
Interval]
|
|
|
|
|
|
|
|
scapital
|
-.2380691
|
.2991801
|
-0.80
|
0.428
|
-.8310342
|
.3548961
|
capast
|
-22.22829
|
20.69619
|
-1.07
|
0.285
|
-63.24746
|
18.79088
|
procre
|
-115.9846
|
28.97814
|
-4.00
|
0.000
|
-173.4183
|
-58.55084
|
radep
|
-60.46856
|
30.75474
|
-1.97
|
0.052
|
-121.4235
|
.486338
|
risq
|
-21.06146
|
10.52028
|
-2.00
|
0.048
|
-41.91232
|
-.2106097
|
cr
|
-54.22981
|
24.53207
|
-2.21
|
0.029
|
-102.8516
|
-5.608057
|
actpib
|
-35.66707
|
14.07151
|
-2.53
|
0.013
|
-63.55634
|
-7.777801
|
logpib
|
6.686616
|
3.290957
|
2.03
|
0.045
|
.1640458
|
13.20919
|
inf
|
-3.840062
|
1.600272
|
-2.40
|
0.018
|
-7.011748
|
-.668376
|
log_m2
|
-5.368024
|
2.770457
|
-1.94
|
0.055
|
-10.85898
|
.1229309
|
_cons
|
148.4328
|
88.39916
|
1.68
|
0.096
|
-26.77141
|
323.6371
|
Source : construction par l'auteur à partir de
l'estimation sur stata 9.
MODELE A EFFET FIXES
Fixed-effects (within) regression
Number of obs = 120
|
Group variable (i): id
Number of groups = 6
|
R-sq: within = 0.2074
Obs per group: min = 20
|
between = 0.4896
avg = 20.0
|
|
overall = 0.3023
max = 20
|
|
F(10,104) = 2.72
|
|
corr(u_i, Xb) = -0.2160
Prob > F = 0.0052
|
roa
|
Coef.
|
Std. Err. t
|
P>t
|
[95% Conf. Interval]
|
scapital
|
-1.337973
|
.9806708 -1.36 0.175
|
-3.28268 .6067339
|
capast
|
-18.91083
|
22.4046 -0.84 0.401
|
-63.34 25.51834
|
procre
|
-90.4703
|
33.15298 -2.73 0.007
|
-156.2139 -24.7267
|
radep
|
-27.45973
|
45.54399 -0.60 0.548
|
-117.7752 62.85571
|
risq
|
-29.11013
|
12.53053 -2.32 0.022
|
-53.95865 -4.261617
|
cr
|
-47.65136
|
26.97263 -1.77 0.080
|
-101.1391 5.836368
|
actpib
|
-46.91376
|
34.49757 -1.36 0.177
|
-115.3237 21.49622
|
logpib
|
4.109516
|
4.423386 0.93 0.355
|
-4.662224 12.88126
|
inf
|
-4.979601
|
2.748764 -1.81 0.073
|
-10.4305 .4713001
|
log_m2
|
-4.68456
|
3.281673 -1.43 0.156
|
-11.19224 1.823122
|
_cons
|
236.3137
|
145.0511 1.63 0.106
|
-51.32805 523.9555
|
|
|
|
|
|
|
sigma_u
|
17.115668
|
|
|
|
|
sigma_e
|
27.398088
|
|
|
|
|
rho
|
.2807069
|
(fraction of variance due
|
to
|
u_i)
|
|
|
|
|
|
|
|
test that all
|
u_i=0:
|
F(5, 104) = 1.03
|
Prob > F = 0.4066
|
Source : construction par l'auteur à partir de
l'estimation sur stata 9.
MODELE A EFFETS ALEATOIRES
Random-effects GLS regression
Number of obs = 120
|
Group variable (i): id
Number of groups = 6
|
R-sq: within = 0.1866
Obs per group: min = 20
|
between = 0.9822
avg = 20.0
|
|
overall = 0.4608
max = 20
|
|
Random effects u_i ~ Gaussian
Wald chi2(10) = 93.16
|
corr(u_i, X) = 0 (assumed)
Prob > chi2 = 0.0000
|
|
roa
|
Coef.
|
Std. Err.
|
z
|
P>z
|
[95% Conf.
|
Interval]
|
|
|
|
|
|
|
|
scapital
|
-.2380691
|
.2991801
|
-0.80
|
0.426
|
-.8244512
|
.3483131
|
capast
|
-22.22829
|
20.69619
|
-1.07
|
0.283
|
-62.79207
|
18.33549
|
procre
|
-115.9846
|
28.97814
|
-4.00
|
0.012
|
-172.7807
|
-59.18846
|
radep
|
-60.46856
|
30.75474
|
-1.97
|
0.049
|
-120.7467
|
-.1903741
|
risq
|
21.06146
|
10.52028
|
-2.00
|
0.045
|
-41.68083
|
-.4420927
|
cr
|
-54.22981
|
24.53207
|
-2.21
|
0.027
|
-102.3118
|
-6.147849
|
actpib
|
-35.66707
|
14.07151
|
-2.53
|
0.011
|
-63.24672
|
-8.087423
|
logpib
|
6.686616
|
3.290957
|
2.03
|
0.042
|
.2364584
|
13.13677
|
inf
|
-3.840062
|
1.600272
|
-2.40
|
0.016
|
-6.976537
|
-.7035875
|
log_m2
|
-5.368024
|
2.770457
|
-1.94
|
0.053
|
-10.79802
|
.0619711
|
_cons
|
148.4328
|
88.39916
|
1.68
|
0.093
|
-24.82632
|
321.692
|
|
|
|
|
|
|
|
sigma_u
|
0
|
|
|
|
|
|
sigma_e
|
27.398088
|
|
|
|
|
|
rho
|
0
|
(fraction
|
of variance due
|
To
|
u_i)
|
|
Source : construction par l'auteur à partir de
l'estimation sur stata 9.
TEST DE HAUSMAN
---- Coefficients ----
|
|
|
| (b) (B)
(b-B) sqrt(diag(V_b-V_B))
|
| eq1 .
Difference S.E.
|
|
-------------+-------------------------------------------------------------------------------------------
|
|
scapital | -1.337973 -.2380691 -1.099904
.93392
|
|
capast | -18.91083 -22.22829 3.317456
8.581033
|
|
procre | -90.4703 -115.9846 25.51427
16.1055
|
|
radep | -27.45973 -60.46856 33.00883
33.59168
|
|
risq | -29.11013 -21.06146 -8.04867
6.807198
|
|
cr | -47.65136 -54.22981 6.578449
11.21162
|
|
actpib | -46.91376 -35.66707 -11.24669
31.49722
|
|
logpib | 4.109516 6.686616 -2.5771
2.955662
|
|
inf | -4.979601 -3.840062 -1.139539
2.234912
|
|
log_m2 | -4.68456 -5.368024 .683464
1.758963
|
|
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------
|
|
b = consistent under Ho and Ha; obtained from xtreg
|
|
B = inconsistent under Ha, efficient under Ho; obtained from
xtreg
|
Test: Ho: difference in coefficients not systematic
|
|
|
|
|
chi2(10) = (b-B)'[(V_b-V_B)^(-1)](b-B) = 5.13
|
|
|
|
Prob>chi2 = 0.8822 (V_b-V_B is not positive
definite)
|
|
Source : construction par l'auteur à partir de
l'estimation sur stata 9.
Annexe 4.3 : Comportement des résidus dans
l'estimation de la marge d'intérêt après les
réformes
Source : estimation des résidus sur Eviews 5.1.
TABLE DES MATIERES
Sommaire.......................................................................................................i
Avertissement.................................................................................................ii
Dédicaces.....................................................................................................iii
Remerciements...............................................................................................iv
Résumé.........................................................................................................v
Abstract.........................................................................................................v
Liste des
sigles................................................................................................vi
Liste des
graphiques.......................................................................................viii
Liste des
tableaux..........................................................................................
viii
Liste des
annexes............................................................................................ix
INTRODUCTION
GENERALE..........................................................................1
PREMIRE PARTIE : LES REFORMES
FINANCIERES EN ZONE CEMAC COMME UN
REPONSE A LA
CRISE BANCAIRE........................................10
Introduction à la première
partie......................................................................11
Chapitre I : Les facteurs de la crise du
système bancaire de la CEMAC
...........................12
Introduction................................................................................................12
Section 1 : Les causes de la crise bancaire
...........................................................13
I.1.1. Le système bancaire avant la
crise................................................................13
I.1.1.1. Les deux générations
de banques dans la CEMAC..........................................13
I.1.1.2. La supervision bancaire et la
politique monétaire de la BEAC avant la décennie
1990.15
I.1.2. Les causes de la crise : les
méfaits de la répression
financière.................................18
I.1.2.1. Les causes exogènes : la
dégradation générale des
économies.............................19
I.1.2.2. Les causes endogènes :
la responsabilité des banquiers et le manque véritable de
supervision..........................................................................................19
Section 2 : Les manifestations et les
conséquences de la crise
....................................21
I.2.1. Les manifestations de la crise
bancaire en zone CEMAC......................................21
I.2.1.1. Une vue synoptique de la
crise..................................................................21
I.2.1.2. Les caractéristiques de la
crise dans les six pays de la CEMAC ............................22
I.2.2. Les conséquences de la
crise........................................................................24
I.2.2.1. Les faillites bancaires et
l'accroissement du rationnement de
crédit........................24
I.2.2.2. Le développement de la
microfinance et l'essor d'un secteur financier informel........25
Conclusion....................................................................................................27
Chapitre II : Les réformes financières
en zone CEMAC et la résolution de la crise
.......28
Introduction................................................................................................28
Section 1 : Le contenu des réformes
financières
...................................................28
II.1.1. Le contenu des réformes
bancaires..............................................................29
II.1.1.1. Les fondements théoriques
des réformes : l'approche gradualiste et la thérapie des
chocs dans la libéralisation
financière.........................................................29
II.1.1.2. Les grands axes de la
réforme bancaire : les deux restructurations
bancaires..........30
II.1.2. Les réformes monétaire
et institutionnelle intervenues dans la CEMAC.................35
II.1.2.1. Une nouvelle politique
monétaire depuis la décennie
1990................................35
II.1.2.2. La COBAC comme nouveau dispositif
de supervision bancaire...........................37
Section 2 : L'héritage des réformes
financières
.....................................................39
II.2.1. Une stabilité bancaire
retrouvée..................................................................39
II.2.1.1. Les facteurs internes de la
stabilité
bancaire..................................................40
II.2.1.2. Les facteurs externes du
renforcement de la stabilité
bancaire.............................41
II.2.2. Le caractère mitigé des
reformes sur la stabilité
bancaire....................................42
II.2.2.1. Les causes du mitige :
L'implémentation et le timing des reformes
......................43
II.2.2.2. Illustration du mitige :
faible implication des banques dans le financement de
l'économie et faible diversification des
services.............................................44
Conclusion....................................................................................................45
Conclusion de la première
partie........................................................................47
DEUXIEME PARTIE : EFFET DES REFORMES
FINANCIERES SUR
LA
RENTABILITE DU SYSTEME BANCAIRE DES PAYS DE
LA
CEMAC....................................................................48
Introduction à la deuxième
partie.....................................................................49
Chapitre III : Impact des réformes
financières sur la rentabilité des actifs des banques de
la sous-région
CEMAC...............................................................50
Introduction................................................................................................50
Section 1 : Aperçu théorique sur la
rentabilité des
actifs.........................................50
III.1.1. Les fondements
théoriques.......................................................................50
III.1.1.1. Les travaux pionniers sur la
rentabilité des
actifs..........................................51
III.1.1.2. Les prolongements et travaux
récents........................................................51
III.1.2. Les résultats empiriques
existants sur la rentabilité des
actifs.............................52
III.1.2.1. Les résultats dans le
monde...................................................................52
III.1.2.2. Les études en Afrique et
dans la zone CEMAC...........................................53
Section 2 : Validations
empiriques.....................................................................55
III.2.1. Les principales approches
empiriques........................................................55
III.2.1.1. La description
schématique : le paradigme
SCP............................................55
III.2.1.2. Au-delà du modèle
schématique : le modèle économétrique (choix
et justification des
variables, sources de données et horizon
temporel spécification du modèle)...........
57
III.2.2. Estimations et analyse des
résultats.............................................................59
III.2.2.1. Méthode d'estimation :
la technique des données de panel et les tests
nécessaires....60
III.2.2.2. Résultats pré et
post réforme et les
commentaires..........................................61
Conclusion...................................................................................................................................66
Chapitre IV : Influence des réformes
financières sur les marges d'intérêt bancaires
en
zone
CEMAC.............................................................................67
Introduction.................................................................................................67
Section 1 : Les contours théoriques de la
notion
d'intérêt........................................67
IV.1.1. La notion d`intérêt
en
économie............................................................67
IV.1.1.1. Approche conceptuelle des taux
d'intérêt : les débats entre classiques -
keynésiens -
monétaristes............................................................................................68
IV.1.1.2. Les mesures des taux
d'intérêt
bancaires....................................................69
IV.1.2. La notion de marge
d'intérêt.....................................................................71
IV.1.2.1. Approche conceptuelle des marges
d'intérêt : la mesure par le spread de
taux........71
IV.1.2.2. Bref aperçu sur les travaux
existant..........................................................72
Section 2 : Réformes financières et
marges d'intérêt bancaires : un test
empirique........73
IV.2.1. Lien empirique de la relation
reformes financières et marges d'intérêt
bancaire.......73
IV.2.1.1. Les axes d'influence des
réformes financières sur les marges d'intérêt
................73
IV.2.1.2. Le retour au modèle :
les déterminants des marges
d'intérêt..............................75
IV.2.2. Spécification du
modèle, estimation et analyse des
résultats..........................................76
IV.2.2.1. Spécification et estimation
du
modèle.......................................................76
IV.2.2.2. Analyse des résultats
pré et
post-réformes..................................................80
Conclusion....................................................................................................82
Conclusion de la deuxième
partie............................................................................84
CONCLUSION GENERALE ET PRINCIPAUX
ENSEIGNEMENTS..........................85
Bibliographie...............................................................................................88
Annexe.......................................................................................................95
Table des
matières........................................................................................103
* 1 La Communauté
Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) est
composée de six pays : Cameroun, Congo, Gabon, Guinée
équatoriale, Tchad et RCA. Elle fut créée en 1994 et a
remplacé l'Union Douanière et Economique de l'Afrique Centrale
(UDEAC) qui existait depuis 1964.
* 2 Au 31 décembre
1998, le système bancaire de la zone CEMAC a enregistré un
déficit de 6,1 milliards de francs .Les créances douteuses
étaient de 24,65% pour le système bancaire camerounais qui
était le plus touché par la crise (Tamba et Tchamambe, 1995).
* 3 Pour Scialom (2007),
la banque est un intermédiaire financier spécifique. Elle
est un intermédiaire financier dans la mesure où sa fonction
traditionnelle est d'accorder les crédits et de collecter des
dépôts.
* 4 Toutes ces
réformes sont détaillées dans le bulletin de la COBAC,
n° 2, 1997.
* 5 Source BEAC, 2005.
* 6 La mise en place des taux
d'intérêt directeur a obéi à une harmonisation de
ceux-ci et des prescriptions de leur respect.
* 7 La mise en place de la
COBAC a permis d'une part, la définition de cinq normes
prudentielles : 1-le ratio de solvabilité ; 2-le ratio de
liquidité ; 3-le ratio de transformation à long terme ;
4-le ratio de couverture des immobilisations ; 5- le ratio de fonds
propres et d'autre part, l'établissement d'un système
automatisé de cotation des établissements de crédit
(SYSCO).
* 8 Cette approche dite
graduelle signifie que les réformes annoncées s'appuient sur des
changements progressifs et appropriés des structures institutionnelles
à la fois d'ordre macroéconomique et microéconomique (Avom
et Eyeffa, 2007).
* 9 D'après Guerrien
(1996), on parle d'externalité pour désigner toute situation
où les activités des agents économiques ont des
conséquences sur le bien-être (au sens large) d'autres agents sans
qu'il y ait des échanges ou des transactions entre eux.
* 10 BAIN, J.S.,
(1951),» The relation of profit Rate to Industry concentration: Americain
Manufacturing, 1936-1940», Quartely Journal of Economics, 65(3),
pp. 293-324. Cité par Chirwa, (1998).
* 11 On peut citer ici
l'Union Monétaire de l'Afrique Centrale (UMAC) et l'Union Economique de
l'Afrique Centrale (UEAC) (BEAC, 1996).
* 12 Sources : World
Bank data 2005
* 13 Traité relatif
à l'adhésion de la Guinée Equatoriale au sein de
l'UDEAC.
* 14 Selon les articles 10
et 11 des statuts de la BEAC de septembre 2007, le compte d'opération
est un compte ouvert auprès du trésor français dont les
conditions d'approvisionnement et de fonctionnement sont
précisées par une convention. Cette convention spéciale
fut signée en 1972 par le président du conseil d'administration
de la BEAC et le Directeur Général du trésor et de la
politique monétaire français. Elle fixe la quotité des
réserves devant obligatoirement être placées par la BEAC
qui s'élève à 65% des réserves de la Banque.
* 15 Ce sont en
majorité des filiales des grandes banques françaises telles
que : le Crédit Lyonnais crée le 6 Juillet 1963, la
Société Générale des Banques créée le
4 Mai 1964 et la Banque Nationale de Paris créée en 1966.
* 16 Taux calculé par
l'auteur à partir des données de la Banque Mondiale (World Bank
Data 2005).
* 17 Les avances aux
Trésors Nationaux étaient limitées à 20% des
recettes budgétaires ordinaires d'origine nationale de l'exercice
écoulé et la maximale était de dix ans traduisant le souci
des autorités monétaires de renforcer la participation de la
Banque Centrale au financement des opérations de
développement.
* 18 La méthode des
plafonds globaux de réescompte permettait de terminer le montant maximum
que l'institut d'Emission pouvait consentir.
* 19 Sur la base de
l'article 36 des statuts de la BEAC (statuts de septembre 2007) et sur
décision du Conseil d' Administration, la Banque Centrale peut imposer
aux banques et établissements financiers la constitution des
réserves obligatoires rémunérées ou non
auprès de ces guichets.
* 20 La Banque Centrale
pratiquait la sélectivité des plafonds selon l'utilité
économique des demandes de crédits qui sont
présentées. Une distinction était faite entre le plafond
des opérations courantes et le plafond des opérations
indexées. Si le premier était fixé de manière
absolue, le second, destiné à couvrir les besoins de financement
des campagnes agricoles que les pouvoirs publics privilégiaient,
était en revanche variable en fonction du volume de la production et du
prix d'achat au planteur.
* 21 Le but est d'orienter
les ressources bancaires vers les opérations économiques et les
secteurs prioritaires.
* 22 Bakkus et Driffil
(1985) définissent une politique monétaire efficace comme celle
qui produit l'effet attendu et dans ce cadre, l'effet attendu est l'objectif
final.
* 23 Calculé par
l'auteur d'après les statistiques de la BEAC.
* 24 Source World Bank Data
2005.
* 25 Au 31 décembre
1988, le système bancaire de la CEMAC a enregistré un
déficit de 6011 milliards de franc CFA. Par ailleurs, la proportion des
créances douteuses s'était considérablement accrue. Elle
était de 24.65% pour le système bancaire camerounais.
* 26 Les chiffres qui
suivent sont ceux du système bancaire de 1990 tirés des
statistiques de la BEAC (Rapport d'activité 1996).
* 27 Classement issu du
système de cotation SYSCO de la COBAC EN 1997.
* 28 La répartition
par pays de ces banques était de 2 au Cameroun, 2 en RCA, 2 au Congo, 2
au Gabon et 1 au Tchad.
* 29 Muhammad
Yunus (1997), Transgresser les préjugés
économiques, le monde diplomatique.
* 30 En 1992, les
coûts de cette restructuration représentaient environ 500 Mds de
FCFA pour le Cameroun (185 pour les banques à liquider et 315 Mds de
FCFA pour celles à réhabiliter), 10 Mds de FCFA pour la RCA, 36
Mds de FCFA pour le Congo, 6 Mds de FECFA pour le Tchad et 3,5 Mds de FCFA pour
la Guinée Equatoriale.
* 31 Calculé par
l'auteur.
* 32 Voir les statuts de la
BEAC 2007 P. 5.
* 33 Le Comité de
Politique Monétaire est l'organe de décision de la BEAC en
matière de politique monétaire et de gestion des réserves
de change. Cf. chapitre 2 des statuts de Septembre 2007. Il faut noter que ce
comité n'existait pas dans les statuts de 1998.
* 34 Voir COBAC 2002.
* 35 Pour plus
d'informations, lire Tisset et Troussard, 2005.
* 36 Au Congo, on a eu de
1993 à 2003 une guerre civile qui a fait plus de 1500 morts ; en
RCA en 2006 et 2007 et en fin au Tchad, en février 2008 des
soulèvements on été enregistrés.
* 37 L'Indice
d'Herfindhal-Hirschman est établi en additionnant le carré des
parts de marché de toutes les entreprises du secteur
considéré. Il est compris entre 0 (concurrence parfaite) et 1
(monopole). Sa formule est H=? S2 Où S est la part de
marché de l'entreprise i et n le nombre d'entreprises.
* 38 Une économie
d'échelle correspond à la baisse du
coût unitaire
d'un produit qu'obtient une entreprise en accroissant la quantité de sa
production. On
parlera ainsi d'économie d'échelle si chaque bien produit
coûte moins cher à produire lorsque les quantités produites
(économies d'échelle par rapport au
coût de
production) ou vendues (économies d'échelle par rapport
au
coût de
revient) augmentent (Varian, 2006).