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Réformes financières et rentabilité du système bancaire des pays de la CEMAC

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par Bruno Emmanuel ONGO NKOA
Université de Yaoundé II - Diplôme d'études approfondies 2009
  

Disponible en mode multipage

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    REPUBLIQUE DU CAMEROUN

    Paix - Travail - Patrie UNIVERSITE DE YAOUNDE II

    Faculté des Sciences

    Economiques et de Gestion

    BP : 1365 Yaoundé

    REPUBLIC OF CAMEROON

    Peace - Work - Fatherland

    THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II

    Faculty of Economics

    and Management

    P.O. BOX 1365 - Yaoundé

    NOUVEAU PROGRAMME DE TROISIEME CYCLE INTERUNIVERSITAIRE (NPTCI) en Economie

    REFORMES FINANCIERES ET RENTABILITE DU SYSTEME BANCAIRE DES PAYS DE LA CEMAC

    1ière PROMOTION

    Mémoire présenté et soutenu publiquement en vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies / Master (DEA/MA) en Sciences Economiques

    Option : Macroéconomie Appliquée

    Spécialité : Finances Publiques

    Par : Bruno Emmanuel ONGO NKOA

    Titulaire d'une Maîtrise en Sciences Economiques

    Option : Monnaie-Banque-Finance

    Tel +237 75 19 40 49 email : ongoema@yahoo.fr

    Sous la direction de :

    Professeur Désiré AVOM

    Agrégé de Sciences Economiques

    Mention TRES BIEN

    Année académique 2008-2009

    REFORMES FINANCIERES ET RENTABILITE DU SYSTEME BANCAIRE DES PAYS DE LA CEMAC

    SOMMAIRE

    Sommaire............................................................................................................i

    Avertissement......................................................................................................ii

    Dédicace...........................................................................................................iii

    Remerciements.....................................................................................................iv

    Résumé.............................................................................................................v

    Abstract...............................................................................................................v

    Liste des abréviations..............................................................................................vi

    Liste des graphiques............................................................................................viii

    Liste des tableaux................................................................................................viii

    Liste des annexes.................................................................................................ix

    INTRODUCTION GENERALE..............................................................................1

    PREMIRE PARTIE : LES REFORMES FINANCIERES EN ZONE CEMAC COMME UNE

    REPONSE A LA CRISE BANCAIRE... ...........................................10

    INTRODUCTION A LA PREMIERE PARTIE..........................................................11

    CHAPITRE I : Les facteurs de la crise du système bancaire de la CEMAC.........................12

    Section 1 : Les causes de la crise bancaire....................................................................13

    Section 2 : Les manifestations et les conséquences de la crise.............................................20

    CHAPITRE 2 : Les réformes financières en zone CEMAC et la résolution de la crise.........27

    Section 1 : Le contenu des réformes financières.............................................................27

    Section 2 : L'héritage des réformes financières...............................................................38

    CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE...........................................................46

    DEUXIEME PARTIE : EFFET DES REFORMES FINANCIERES SUR LA RENTABILITE

    DU SYSTEME BANCAIRE DES PAYS DE LA CEMAC..................47

    INTRODUCTION A LA DEUXIEME PARTIE.........................................................48

    CHAPITRE 3 : Impact des réformes financières sur la rentabilité des actifs des banques de

    la sous-région CEMAC.....................................................................49

    Section 1 : Aperçu théorique sur la rentabilité des actifs...................................................49

    Section 2 : Validations empiriques..............................................................................54

    CHAPITRE 4 : Influence des réformes financières sur les marges d'intérêt bancaires en

    zone CEMAC................................................................................65

    Section 1 : Les contours théoriques de la notion d'intérêt.................................................65

    Section 2 : Réformes financières et marges d'intérêt bancaires : un test empirique....................71

    CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE..........................................................81

    CONCLUSION GENERALE ET ENSEIGNEMENTS................................................82

    AVERSTISSEMENTS

     L'Université de Yaoundé II n'entend donner aucune approbation ou improbation aux opinions contenues dans ce mémoire. Celles-ci doivent être considérées comme propres à l'auteur.

    DEDICACE

    A mes chers parents, monsieur et madame NKOA qui m'ont toujours encouragé sur le chemin du travail.

    A ma chère tante et maman, NBONO Marie Joséphine qui m'a toujours soutenu dans mes efforts.

    REMERCIEMENTS

    Je vais commencer par remercier le Professeur AVOM Désiré, qui a accepté la direction de ce mémoire. Sa rigueur, son suivi méticuleux, ses conseils et sa disponibilité m'ont beaucoup marqué.

    Mes remerciements vont également à l'endroit du Professeur KOBOU Georges, Doyen de la FSEG et du Pr. KAMGNIA DIA Bernadette, coordonnatrice des Programmes du NPTCI, pour leurs conseils et encouragements.

    Je remercie aussi tous les professeurs de l'Université de Yaoundé II-Soa, qui ont assuré directement ou indirectement ma formation.

    Je ne peux pas oublier de remercier les Directions Générale et Nationale du Nouveau Programme de Troisième Cycle Interuniversitaire (NPTCI), pour m'avoir sélectionné dans ce programme d'excellence africaine en économie.

    J'envoie de grandes amitiés à tous les aînés de la faculté, ainsi qu'à tous mes camarades de la 1ème promotion du NPTCI : Campus d'Abidjan ; Campus de Cotonou ; Campus de Dakar ; Campus de Kinshasa ; Campus de Libreville ; Campus de Ouagadougou et Campus de Yaoundé II.

    Ma famille a été d'un très grand apport dans la réalisation de ce mémoire, notamment mes parents, mes frères (MENYU Michel, ONANA Victor, ATANGANA Benoît) et ma petite soeur ANDELA Marie. Je joins également mes grands parents ONANA Victor Hugo et ZAM NGONO Félicitée ; mes oncles et tantes paternels, BENGONO Jean Marie, NTSAMA Alexis, NKOA Tobie, OBAMA Ludivine, MELINGUI Marie Anne, BANDOLO Clémentine, BENGONO Martine, ESSOMBA Vincent et ESSOMBA Hélène. Aussi, je tiens à remercier mes cousins et cousines NAMA Vincent, FOUDA Etienne, FOUDA Nadine, FOUDA Céline, ZAM NGONO Félicitée et TSOGO Maurice. Je remercie ma famille maternelle notamment mon oncle ONANA Oscar et son épouse ONANA Marie née EMBOLO, ainsi que ma cousine OVAH Catherine et mes cousins ATANGANA Vincent de Paul, MENYOU Armand et EKAE Etienne.

    Je remercie enfin mesdemoiselles MAKANE Charity ; ATEBA Alice et MBALLA Sophie ; mes amis MELACHIO TAMEKO André, BILONG Josué Armand, MOODJOM Roland, NDZANA Martial et tout ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la réalisation de ce mémoire, et dont les noms ne figurent pas sur cette page, mais qui se reconnaîtront.

    RESUME

    L'étude de la rentabilité bancaire se fonde de nos jours sur deux mesures principales : la rentabilité des actifs et les marges d'intérêt bancaires. Dans la zone CEMAC, la rentabilité des banques s'est considérablement réduite lors de la crise bancaire qu'a connue la sous-région. La présente étude se propose de déterminer l'effet des réformes financières sur la rentabilité du système bancaire des pays de la CEMAC. Ainsi, nous dressons le bilan desdites réformes sur le système bancaire des pays membres de la CEMAC. En plus, la technique d'analyse des données de panel est utilisée pour l'estimation d'un modèle économétrique prenant appui sur le paradigme Structure-Comportement-Performance. Il découle alors de cette étude trois principaux résultats. Le premier montre que les réformes stabilisent le système bancaire de la sous région. Le second indique que les réformes financières améliorent la rentabilité des actifs bancaires en zone CEMAC. Le troisième quant à lui soutient que l'impact des réformes sur les marges d'intérêt demeure positif malgré une évolution non constante de ces dernières. Ces résultats appellent quelques enseignements allant de la poursuite desdites réformes au renforcement des institutions sous-régionales et débouchant sur l'optimalité temporelle de la réussite d'une réforme.

    Mots clés : réformes financières, rentabilité des actifs, marge d'intérêt, gradualisme, concentration.

    ABSTRACT

    Nowadays, two measures are considered on the issue of banking profitability. It is about the returns to assets and the interest gap of banking. In the CEMAC zone, the returns to assets are reduced during banking crises. The objective is to examine these issues in the CEMAC zone, which goes to integrate the role of financial reforms subdivided into banking, monetary and institutional reforms. Bringing out the balance sheet of these reforms in the banking system of the six CEMAC countries and system of the panel data analysis, the estimation of an econometric model based on the structure-behavior-performance model attained three major results. Firstly, the reforms stabilise the banking system of the sub region. Secondly, financial reforms ameliorate the returns to assets of banks in the CEMAC zone. Thirdly, the impact of reforms on the interest gap is positive despite an evolution in the saw-teeth of the reinforcement of subregional institution and end with temporal optimaty of the success of reform.

    Key words: financial reforms, returns to assets, interest gap, gradualism, concentration.

    LISTE DES ABREVIATIONS

    BCD  Banque Camerounaise de Développement

    BGD  Banque Gabonaise de Développement

    BCEAEC  Banque Centrale des Etats de l'Afrique Equatoriale et du Cameroun

    BCN  Banques Créatrices de Monnaie

    BEAC  Banque des Etats de l'Afrique Centrale

    BM  Banque Mondiale

    BVMC Bourse de Valeurs Mobilières d'Afrique Centrale

    CEA  Commission Economique pour l'Afrique

    CEMAC  Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

    COBAC  Commission Bancaire de l'Afrique Centrale

    COSUMAF Commission de Surveillance du Marché Financier de l'Afrique Centrale

    DSCN  Direction de la Statistique et de la Comptabilité Nationale du Cameroun

    FCFA   Franc de la Coopération Financière en Afrique Centrale

    FMI  Fonds Monétaire International

    IHH Indice d'Herfindhal-Hirschman

    MCO Moindres Carrés Ordinaires

    MDS  Milliards

    NEIO  New Empirical Industrial Organization

    PAS  Programme d'Ajustement Structurel

    PIB  Produit Intérieur Brut

    PLS Pooled Least Squares

    PNB  Produit Net Bancaire

    ROA Return on Assets

    ROE Return on Equity

    SCP Structure Comportement Performance

    SRC  Société de Recouvrement des Créances

    SYSCO  Système automatise de cotation des établissements de crédit

    TIAO  Taux d'Intérêt d'Appel d'Offre

    TIPP  Taux d'Intérêt des Prises en Pension

    TIPS  Taux d'Intérêt sur les Placements des Banques

    TP Taux de Pénalité aux banques

    UDEAC  Union Douanière et Economique de l'Afrique Centrale

    UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

    UMAC Union Monétaire de l'Afrique Centrale

    ZF Zone Franc

    LISTE DES GRAPHIQUES

    Graphique 1.1 : Créances de l'Administration centrale dans les banques commerciales (en

    milliards de FCFA)...........................................................................13

    Graphique 1.2. : Evolution des taux de rentabilité du système bancaire de la CEMAC 1990-

    1994............................................................................................21

    Graphique 2.1 : Evolution de la gestion du capital du système bancaire de la CEMAC entre

    1994 à 2000 (données en milliers de FCFA)..............................................37

    Graphique 2.2 : Evolution des fonds propres des banques dans la CEMAC ..........................39

    Graphique 2.3 : Répartition de la structure du capital par pays..........................................42

    Graphique 2.4 : Evolution du crédit au secteur privé (en millions de francs CFA)..................43

    Graphique 2.5 : Répartition du Crédit en zone CEMAC au 31 Déc. 2005)............................44

    Graphique 3.1 : Description et cheminement du paradigme SCP........................................55

    Graphique 4.1 : Equilibre sur le marché des fonds prêtables.............................................67

    Graphique 4.2 : Evolution des conditions de banques de la BEAC 1990-2005 (en %)...............69

    Graphique 4.3 : Evolution des marges d'intérêt du système bancaire des pays de la CEMAC

    en milliards de francs CFA...............................................................73

    LISTE DES TABLEAUX

    Tableau 1.1. : Evolution du taux de crédit au secteur privé...............................................25

    Tableau 2.1 : Etat de recouvrements des banques en liquidation dans la zone CEMAC en

    1996.............................................................................................30

    Tableau 2.2 : Structure simplifiée du système bancaire de la CEMAC au terme de la première

    Restructuration...............................................................................32

    Tableau 2.3 : Ratio de liquidité des banques pour cinq pays de la CEMAC en fin 2003 (en %)....40

    Tableau 3.1 : Estimation de la rentabilité des actifs avant les réformes.................................61

    Tableau 3.2 : Estimation de la rentabilité des actifs après les réformes.................................62

    Tableau 3.3 : Synthèse des résultats des deux sous- périodes.............................................62

    Tableau 4.1 : Variable dépendante et variables indépendantes dans la modélisation des

    marges d'intérêt bancaires...................................................................75

    Tableau 4.2 : Synthèse des résultats des deux sous-périodes.............................................79

    LISTE DES ANNEXES

    Annexe 1.1 : Prises de participation de l'Administration Centrale dans le capital social des

    banques en % de 1988 à 1994..................................................................94

    Annexe 1.2. : Banques fermées suite aux premières restructurations au Cameroun en 1989.........94

    Annexe 1.3. : Les différents types de rationnement de crédit.............................................95

    Annexe 2.1 : Les différentes normes prudentielles appliquées par la COBAC.....95

    Annexe 2.2 : Banques créatrices de monnaie des six pays de la CEMAC au terme de la

    deuxième restructuration bancaire en 2005 .................................................96

    Annexe 2.3 : Situation des ratios prudentiels des huit principales banques commerciales au

    Cameroun (février 1998-février 2000)........................................................97

    Annexe 3.1 : Un bilan bancaire typique.....................................................................98

    Annexe 3.2 : Estimation de la rentabilité des actifs période pré-réformes..............................98

    Annexe 4.1 : Comportement des résidus dans l'estimation de la marge d'intérêt après les

    réformes.......................................................................................101

    INTRODUCTION GENERALE

    Dans la plupart des économies en voie de développement, les décennies 80 et 90 ont été marquées par des crises économiques et bancaires diverses. Au milieu des années 80 en zone CEMAC1(*), la crise économique s'est fait ressentir dans tous les secteurs (économique, social, politique et financier) des Etats. En ce qui concerne l'économie réelle, cette crise fut caractérisée par une baisse de la production, une chute drastique du taux de croissance réel, une accumulation des déficits publics et un accroissement de l'activité informelle. Dans le secteur financier, on enregistrait un assèchement de la liquidité, un accroissement des asymétries d'information, une augmentation des créances douteuses.

    Pour résoudre cette crise, une grande vague de réformes à la fois macroéconomique et macro financière a été entreprise. Ainsi, les Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) signés avec les bailleurs de fonds avaient pour clause fondamentale la libéralisation de l'économie, la réduction des dépenses étatiques, bref le rétablissement des grands équilibres (Touna Mama, 1999). Dans ce climat morose, les banques ne pouvaient plus mener à bien leur rôle d'intermédiaire d'autant plus qu'elles étaient fortement affectées et ont vu leur rentabilité s'amenuiser. Les capitaux propres de certaines banques étaient entièrement absorbés par les pertes. En 1990, l'UDEAC présentait des besoins de financement liés au système bancaire se chiffrant à 527,4 Milliards de FCFA (Adam Madji, 1997). Les capitaux propres de certaines banques étaient entièrement absorbés par les pertes. On assistait ainsi à une crise généralisée et même systémique (Edward et Tara, 1998). En dépit du fait que ces banques étaient un héritage de la colonisation, et étaient de nature commerciale, plusieurs causes de cette crise sont soulevées notamment : les erreurs de gestion, le faible degré d'approfondissement financier, le manque de concurrence, l'omniprésence de l'Etat (Mathis 1992, Peyrard 1992, Pelletier 1993 et Peyrard 1992).  Les manifestations et conséquences de cette crise étaient multiples : les fortes tensions de trésorerie, l'importance des créances douteuses et irrécouvrables2(*), l'accumulation des déficits budgétaires. En plus, le système bancaire a connu une crise de confiance réduisant ainsi les montants des dépôts au profit des tontines (Nzemen, 1997 et Hugon, 1996).

    On note cependant que malgré cette crise, le rôle du système financier dans le financement de la croissance et du développement restait fondamental au regard de la fonction d'intermédiaire qu'il assume. Dans les pays de la CEMAC, la banque dispose du monopole d'intermédiation financière auprès des agents économiques. Ce rôle d'intermédiaire financier demeure le socle de son existence3(*).

    Pour réaffirmer ce rôle, les réformes étaient nécessaires. Par définition, une réforme est un changement en vue d'une amélioration. C'est un ensemble de mécanismes et d'objectifs visant une transformation positive d'une situation. Associée à l'adjectif financière, on retient que c'est un ensemble de mutations monétaires, bancaires et institutionnelles. Les réformes financières intervenues dans le système bancaire de la CEMAC visaient du fait trois objectifs principaux : assainir le secteur bancaire de la zone ; diminuer les conditions et mécanismes de fonctionnement des banques en réduisant par exemple l'implication de l'Etat dans ce secteur, et enfin inciter la croissance économique de la zone au regard de l'importance du financement bancaire des investissements. Quatre principales mesures étaient adoptées : la privatisation des banques, la libéralisation du contrôle du taux d'intérêt, la création du marché monétaire en 1994, la programmation monétaire et les réformes institutionnelles : création de la COBAC, de la CEMAC (Bekolo-Ebe, 1998). Ainsi, la carte bancaire de la sous-région a connu une profonde mutation après la mise en oeuvre de ces mesures qu'on peut explorer sous trois angles : financier, monétaire et juridico-institutionnel4(*).

    Sur le plan bancaire, les établissements de crédit fortement compromis ont été liquidés. On dénombrait 10 au Cameroun, 3 en République Centrafricaine, 8 au Gabon, 2 au Congo, 2 au Tchad et 1 en Guinée5(*). Les dépôts et encours des Etats auprès de certains établissements de crédits ont été abandonnés. Plusieurs banques commerciales ont obtenu de la BEAC des rééchelonnements de leurs dettes. L'apurement du passif des banques maintenues en activité ainsi que l'indemnisation des épargnants furent très coûteux. Près de 600 Milliards de FCFA étaient nécessaires pour cette opération.

    Sous l'angle monétaire, la politique monétaire directe liée aux plafonds globaux de réescompte aux banques et à des taux d'intérêt administrés montrait de plus en plus ses limites. Elle donnait trop de privilèges aux Etats pour le financement de certains projets. Or, du fait de la crise économique, les Etats de la CEMAC sont devenus moins liquides. Le niveau des exportations a baissé et les créances de l'administration centrale dans les banques commerciales ont considérablement augmentées ; passant de 31,1 Milliards en 1975 à 231,2 Milliards de FCFA en 1985 (Avom et Eyeffa, 2007). Ainsi, pour pallier à ces insuffisances, il a été mis en oeuvre la programmation monétaire le 1er septembre 1991 au Cameroun et 4 mois plus tard dans les autres Etats et le 1er juillet 1994, le marché monétaire de la sous-région débute ses activités. Le bien-fondé de la programmation monétaire est de rendre plus dynamique la politique monétaire par l'établissement des prévisions sur un an des agrégats monétaires et d'estimer les montants maximums des refinancements de la BEAC.

    Enfin, sur le plan juridico-institutionnel, une nouvelle politique du taux d'intérêt a été adoptée lors du conseil d'administration extraordinaire de la BEAC du 16 octobre 19906(*). Elle a porté sur une gestion plus souple et plus flexible du loyer de l'argent de façon à ce que celui-ci soit plus attractif (Bekolo-Ebe, 2001). Ainsi, il a été recommandé que les taux d'intérêt soient désormais fixés par le Gouverneur de la Banque Centrale en fonction de la situation financière et économique des pays de la zone et de la conjoncture internationale. Les normes prudentielles ont été harmonisées et la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC) a été créée pour contrôler les banques en vue d'éviter les irrégularités du passé7(*).

    Outre cet aspect empirique des réformes en zone CEMAC, l'analyse théorique des réformes financières s'inscrit à deux niveaux : sur le plan de la restructuration bancaire et sur le plan de la libéralisation financière. Depuis les travaux de McKinnon (1973) et Shaw (1973) sur les principes de la libéralisation financière, les stratégies économiques des pays en développement ont été bouleversées suite aux nouvelles politiques de réformes adoptées et qui tenaient compte des principales idées avancées par ces deux auteurs.

    Trois grandes vagues de réformes ont vu le jour. La première vague a été conduite durant la décennie soixante-dix par les pays de l'Amérique latine et quelques pays asiatiques. La deuxième vague des années quatre vingt et quatre vingt-dix était principalement africaine alors que la troisième vague des années fin quatre vingt-dix était constituée, notamment, de pays arabes (Bentahar, 2002). La politique de libéralisation a été appliquée différemment par ces pays. Certains ont choisi des réformes graduelles développées par McKinnon (1991) et Jhonston (1998)8(*) (pour les pays du Sud-Est Asiatique), d'autres, des réformes rapides (pays de l'Amérique latine notamment) alors que d'autres encore ont préféré tenir compte de la conjoncture économique en présence, afin de choisir les réformes les plus adaptées à leur cas (pays asiatiques, africains et arabes). A ce niveau le débat sur le timing de réformes demeure important.

    Bien que l'analyse des réformes bancaires ait débuté dans les années 70, elle requiert une forme particulière dans les années 80 et 90 avec pour cause la persistance des crises bancaires survenues dans la plupart des pays en développement (Anne Joseph, 2000). Ce qui a nécessité des réglementations diverses. Une réglementation se justifie par l'existence des externalités9(*) positives ou négatives (Guerrien, 1996). Appliquées dans les crises bancaires, ces externalités s'expliquent par le fait que les coûts sociaux de la faillite d'une banque de taille importante sont supérieurs aux coûts privés (Scialom, 2006).

    Pour la zone franc (ZF) en général et la zone CEMAC en particulier, l'analyse des origines et conséquences de la crise du système bancaire et financier des pays de la CEMAC a fait l'objet d'une littérature abondante (Peyrard, 1992 ; Pelletier, 1993 ; Tamba et Tchamambe, 1995 ; Anne Joseph, 1997 et 2000 ; Bekolo-Ebe, 1998 ; Nembot, 1997 et Mengue, 2002). Celle-ci a abouti sur l'apport des réformes sur la stabilité des banques.

    Les aspects empiriques de la relation entre réformes financières et rentabilité bancaire sont étudiés par Arshadi et Lawrence (1987) qui utilisent pour leurs travaux le modèle Structure-Comportement-Performance (SCP) emprunté à l'économie industrielle et dont Bain (1951)10(*) fut le pionnier. Arshadi et Lawrence (1987) ont analysé sur la base des données empiriques le comportement de la performance de nouvelles banques installées aux Etats-Unis. D'autres études ont été réalisées par Bourke (1989), Molyneux et Thornton (1992), Yusuf (1994) et Tanimoune (2001), appréciant pour les uns les déterminants de la rentabilité bancaire en Amérique latine et pour les autres, l'influence des réformes sur cette variable. Nembot et Ningaye (2007) mettront l'accent sur la profitabilité des banques des pays de la CEMAC. Leur étude aboutit à plusieurs résultats : (i) le retrait des Etats de la CEMAC du capital des banques a eu un impact positif sur la rentabilité des actifs des banques ; (ii) la liquidité et la solvabilité ont été rétablies. Cependant, ces deux auteurs ne distinguent pas les mesures de la rentabilité des banques (rentabilité des actifs et marge d'intérêt). Mansouri et Afroukh (2008) ont étudié les déterminants de la rentabilité bancaire au Maroc et arrivent aux résultats suivants : (i) le mouvement de concentration et de regroupement bancaire, comme variable macro-financière, est favorable au rendement des actifs (profitabilité) des banques au Maroc ; (ii) les marges d'intérêt semblent répondre positivement au renforcement des économies d'échelle mesurées par le logarithme népérien de l'actif bancaire ; (iii) la croissance économique et l'inflation semblent affecter positivement le rendement des actifs des banques de leur échantillon ; (iv) le volume des crédits distribués est favorable à la profitabilité des banques et les fonds propres ont un effet négatif sur la rentabilité des actifs.

    Les travaux cités ci-dessus rentrent dans les trois grandes réformes engagées au volet financier dans la CEMAC : les réformes monétaires avec les mutations de la politique monétaire ; les réformes bancaires liées aux liquidations, fusion-acquisitions ont conduit dans la majorité aux privatisations des banques et les réformes institutionnelles qui visaient la création de la COBAC en 1990, de la CEMAC en 1994 et d'autres institutions et unions11(*). A travers l'approche gradualiste de celles-ci, il est possible de capter leur influence sur la rentabilité bancaire. Par définition, la rentabilité d'une entreprise est le rapport entre un revenu obtenu ou prévu et les ressources employées pour l'obtenir. La notion s'applique notamment aux entreprises mais aussi à tout autre investissement. C'est le rapport existant entre les sommes engagées dans l'achat et l'entretien d'un bien immobilier et les loyers encaissés. Mises en mal par la crise, les banques de la sous-région ont enregistré une baisse drastique de leur rentabilité.

    Au regard des développements et de la problématique ci-dessus, la question principale de cette étude est la suivante : en quoi les réformes financières améliorent-elles la rentabilité du système bancaire des pays de la CEMAC ? En d'autres termes, comment les réformes bancaires, monétaires et institutionnelles agissent-elles sur la rentabilité des actifs et les marges d'intérêt du système bancaire des pays de la CEMAC ?

    Cette question posée présente pour la zone CEMAC un intérêt à trois niveaux :

    1. au niveau théorique, il s'agit de porter l'analyse au-delà des mesures de la rentabilité bancaire en zone CEMAC. La présente étude, comme celle de Nembot et Ningaye (2007) cherche plutôt à capter l'effet des réformes financières sur la rentabilité bancaire. L'apport fondamental ici est d'une part l'introduction des marges d'intérêt bancaires et d'autre part l'influence des variables macro-financières et macro-économiques dans l'élaboration des réformes financières ;

    2. au niveau méthodologique, il s'agit à partir d'une approche économétrique (modèle s'appuyant sur le paradigme SCP) et statistique (analyse des tableaux et des graphiques), de tester les hypothèses ci-dessous. Il convient de noter que le paradigme Structure-Comportement-Performance quoique schématique, permet d'expliquer le fonctionnement de l'organisation. L'originalité à ce niveau est l'utilisation d'un modèle économétrique emprunté à Mansouri et Afroukh (2008), qui précise l'importance des marges d'intérêt. En plus, nous captons l'apport des réformes financières en estimant des modèles (un premier avant les réformes et un second après). Cette conception enrichit l'approche statique utilisée par Nembot et Ningaye (2007), qui consiste à étudier sur toute la période le comportement des réformes sur la rentabilité ;

    3. au niveau de la politique économique enfin, ce travail apporte des compléments aux actions entreprises par les autorités pour combler tout écart pouvant exister dans la compréhension de l'influence des réformes financières sur la rentabilité du système bancaire, et sur les économies de la CEMAC qui subissent les affres de la crise financière actuelle.

    Au regard de la problématique retenue, la présente étude se charge d'évaluer la contribution des réformes financières sur la rentabilité du système bancaire des pays de la CEMAC. Plus spécifiquement, il s'agit de :

    1. dresser le bilan des réformes financières sur la stabilité du système bancaire des pays de la CEMAC ;

    2. capter l'influence des réformes bancaires, monétaires et institutionnelles sur la rentabilité des actifs des banques en zone CEMAC ;

    3. mettre en évidence l'impact desdites réformes sur les marges d'intérêt bancaires des pays de la CEMAC.

    Pour atteindre les objectifs ci-dessus, l'étude retient comme hypothèse principale : Les réformes financières des années 90 ont un impact positif sur la rentabilité du système bancaire des pays de la CEMAC.

    Cette hypothèse principale est éclatée en trois hypothèses spécifiques :

    H1 : l'influence des réformes financières sur la stabilité des banques est positive en zone CEMAC ;

    H2 : les mutations dans les secteurs bancaires, monétaires et institutionnels améliorent la rentabilité des actifs des banques en zone CEMAC ;

    H3 : l'effet des réformes financières sur les marges d'intérêt bancaires est positif dans la sous-région CEMAC.

    Toutes ces hypothèses seront testées par une méthodologie qui prendra deux formes et utilisera principalement deux outils empiriques (statistique et économétrique).

    En ce qui concerne le bilan des réformes financières, il sera fait recours à l'analyse documentaire des publications de la CEMAC, de la BEAC, de la COBAC, de la Banque Mondiale et d'autres organismes connexes. Il sera aussi fait recours à l'outil statistique (graphiques et tableaux).

    L'impact spécifique des réformes financières sur la rentabilité bancaire se fera à partir de l'estimation d'un modèle économétrique qui va au-delà du modèle schématique (paradigme SCP : Structure-Comportement-Performance). Ce paradigme fut pour la première fois utilisé par Bain (1951). Il se prête aisément à la compréhension du fonctionnement de l'organisation à travers la description du marché, le mode de gestion et la profitabilité. Les premiers a l'avoir transposé en économie bancaire furent Ho et Saunders (1981), Benston et al (1982), Bourke (1989). Ce modèle fut enrichi par Tanimoune (2003), Mansouri et Afroukh (2008). Le modèle économétrique retenu ici s'inspire de ces deux dernières études. Il présente comme variables dépendantes la rentabilité des actifs d'une part, et les marges d'intérêt d'autre part. Les variables indépendantes quant à elles seront regroupées en variables managériales (la structure du capital social, la gestion du capital, la proportion des crédits bancaires dans l'actif et le ratio des dépenses d'exploitation), variables macro-financières (l'indice de risque, la taille du secteur bancaire et l'indice de concentration) et variables macroéconomiques (la croissance économique, l'inflation et la masse monétaire au sens de M2).

    Dans le cadre de cette étude, la population utilisée est constituée des Banques Créatrices de Monnaie (BCN) du système bancaire de la CEMAC qui, au regard du volume de leurs activités ont le quasi-monopole d'intermédiation financière dans la sous-région. Les données disponibles en 2005 montraient que les banques détenaient 86,7% des activités financières totales du système. La CEMAC comptait au cours de la même période 33 banques secondaires reparties ainsi qu'il suit : Cameroun 11 banques, Gabon 5, Tchad 5, Congo 5, République Centrafricaine 5 et Guinée équatoriale 2, banques. Le taux d'incidence des banques étrangères est élevé : elles contrôlent environ ¾ des activités financières totales du système bancaire (CEA, 2006 et FMI, 2006). Les données de nature consolidée seront obtenues des sources citées ci-dessus.

    Pour ce qui est de l'horizon temporel, elle couvre la période de 1990 à 2005.Cette limitation temporelle s'appuie sur le caractère homogène et sur la disponibilité des données utilisées. Dans la zone CEMAC, la crise du système bancaire débute au milieu des années 80. Le 16 octobre 1990, le Conseil d'Administration de la BEAC se réunit et adopte une série de mesures visant à réformer le système bancaire de la sous-région. Cependant, ces mesures n'entreront en vigueur dans leur majorité qu'à partir de janvier 1994. Ainsi, la première sous-période est 1990-1994 et la seconde 1995-2005. Le découpage temporel demeure un complément important à l'étude de Nembot et Ningaye (2007) dans la mesure où celle-ci s'est arrêtée à l'année 2000. Il est donc question de vérifier si leurs résultats sont restés immuables six (6) ans après leurs conclusions. En outre, l'année 1994 marque aussi l'année de la dévaluation du franc CFA, période qui modifia les mécanismes économiques des pays de la zone.

    Pour mener à bien cette étude, deux parties sont développées. La première analyse la nécessité des réformes financières dans le système bancaire des pays de la CEMAC. Elle a pour titre : LES REFORMES FINANCIERES EN ZONE CEMAC  COMME UNE REPONSE A LA CRISE BANCAIRE. Le but est de montrer par une littérature analytique et statistique, la nécessité des réformes financières. Cette partie est divisée en deux chapitres. Le premier présente les facteurs de la crise du système bancaire de la CEMAC. Il retrace les différentes étapes de la crise et précise pourquoi et surtout comment on en est arrivé là. Dans le second chapitre, les réformes financières en zone CEMAC et la résolution de la crise seront évoquées. Si l'un des objectifs était de redonner confiance au système bancaire, il n'en demeure pas moins que celle-ci devait passer à travers la maîtrise du risque de crédit et de la rentabilité bancaire liée aux réformes. La deuxième partie montre l'effet des réformes financières sur la rentabilité du système bancaire des pays de la CEMAC. Cette rentabilité est observée sous deux aspects : la rentabilité des actifs et la marge d'intérêt. Cette deuxième partie a pour titre : EFFET DES REFORMES FINANCIERES SUR LA RENTABILITE DU SYSTEME BANCAIRE DES PAYS DE LA CEMAC. Il est question d'évaluer l'apport des réformes financières sur la rentabilité du système bancaire. D'une part l'on s'interroge sur l'impact des réformes financières sur la rentabilité des actifs des banques (chapitre 3) et d'autre part, l'influence des réformes financières sur les marges d'intérêt bancaires (chapitre 4).

    PREMIERE PARTIE :

    LES REFORMES FINANCIERES EN ZONE CEMAC COMME UNE REPONSE A LA CRISE BANCAIRE

    INTRODUCTION A LA PREMIERE PARTIE

    L'analyse des réformes financières s'inscrit dans une double dimension : celle de la restructuration bancaire d'une part, et celle de la libéralisation financière d'autre part. Le processus de restructuration bancaire débute pendant la crise bancaire qu'a connue la sous-région CEMAC. A la fin des années 80, la CEMAC présentait un système bancaire sinistré en plein d'énormes difficultés, incapable de financer les projets innovants pouvant inciter une croissance de long terme. Les caractéristiques principales de cette situation étaient les suivantes : forte présence des créances douteuses, problèmes de liquidité, risque de crédit élevé, problèmes de gestion (mal gouvernance des établissements de crédit) et trop de laxisme des Etats.

    Pour ce qui est de la libéralisation financière, elle est une conséquence directe de la nouvelle politique monétaire en vigueur dans la zone depuis les années 90. Cette libéralisation tire ses origines des analyses de Mckinnon (1973) et de Shaw (1973) portant sur la répression financière et qui a longtemps permis aux différents Etats de la CEMAC de maintenir les taux d'intérêt bas afin de bénéficier d'un capital moins coûteux. Cette nouvelle étape a fondamentalement changé la politique monétaire dans la sous-région. En outre, il faut noter que la libéralisation des économies de la CEMAC était l'une des mesures préconisées par les Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) initiés par la Banque Mondiale et le Fons Monétaire International. Or, ces solutions qui ont été inspirées de l'extérieur n'ont pas significativement redressé les équilibres macroéconomiques et surtout macro-financiers. Car, la crise bancaire a perduré faisant subir au système bancaire une perte de confiance considérable de la part de la clientèle. Il fallait alors réaffirmer les réformes. Les chefs d'Etat de la sous-région s'engagent ainsi dans un vaste programme de réformes à la fois macroéconomique et macro-financier. Plusieurs secteurs de l'économie ont été considérés par ces réformes, d'où leur caractère multidimensionnel. Cette partie se donne ainsi pour objectif d'analyser les réformes en zone CEMAC et la résolution de la crise (chapitre II) ; tout en présentant au préalable les facteurs de la crise du système bancaire de la CEMAC (chapitre I).

    CHAPITRE I: LES FACTEURS DE LA CRISE DU SYSTÈME BANCAIRE DE LA CEMAC

    Introduction

    Le système bancaire de la CEMAC a traversé une période de stabilité avant la décennie 80. Au cours de cette période, l'environnement économique général était favorable. Certains pays tels que le Cameroun et le Gabon enregistraient des PIB en volume de 3 896 milliards de F CFA et de 1553,9 milliards respectivement ; pour une population de 10,17 millions pour le Cameroun et de 990 mille12(*) pour le Gabon. Ce système bancaire se composait d'une Banque Centrale : la BEAC et des banques commerciales et spécialisées. La BEAC fut créée le 22 novembre 1972 en remplacement de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique Equatoriale et du Cameroun (BCEAEC) par deux conventions de coopération monétaire :

    - la première signée le 22 novembre 1972 entre les cinq Etats membres d'Afrique Centrale fondateurs à savoir le Cameroun, la République Centrafricaine, le Congo, le Gabon et le Tchad. La Guinée Equatoriale devient membre de la BEAC le 1er janvier 198513(*) ;

    - la deuxième signée le 23 novembre 1972 entre la France et les cinq Etats fondateurs, institue le compte d'opération14(*) et précise l'objectif de la BEAC qui était de façon générale le financement du développement (Touna Mama, 2002).

    Mais, la dégradation de la situation conjoncturelle durant la crise, les insuffisances de gestion interne des banques et l'inefficacité de l'encadrement des autorités monétaires ont contribué à fragiliser la plupart des banques, réduisant ainsi leur rentabilité et leur capacité à financer le développement.

    Ce chapitre visite les causes de la crise bancaire (section1) et analyse ses manifestations et conséquences (section 2).

    SECTION 1 : LES CAUSES DE LA CRISE BANCAIRE

    De 1960 à 1985, le système bancaire de la CEMAC a connu une réelle stabilité et une rentabilité toujours en augmentation. Mais, la dégradation de la situation économique et financière a conduit à l'augmentation des créances douteuses, la liquidation ou la fermeture de certaines banques commerciales et la privation des autres. Avant d'analyser les causes de la crise, présentons d'abord le système bancaire de la CEMAC avant cette crise.

    I.1.1. LE SYSTÈME BANCAIRE AVANT LA CRISE

    Avant la crise, l'activité bancaire de la CEMAC a été ponctuée par deux générations de banques et a bénéficié d'un encadrement de la part des autorités monétaires.

    I.1.1.1. LES DEUX GÉNÉRATIONS DE BANQUES DANS LA CEMAC

    Jusqu'au milieu des années 80, la sous-région CEMAC connaissait déjà deux générations de banques.

    - La première génération bancaire regroupe les premières banques établies dans la sous-région à l'époque coloniale. Elles étaient des filiales des banques occidentales15(*). Elles dépendaient de leur maison mère et étaient rigoureusement gérées. Cependant, celles-ci ne s'impliquaient pas activement au processus de développement des économies de la communauté. Face à cette situation, des politiques volontaristes avaient été mises en place dès les indépendances. Durant les années 70 en effet, la communauté a connu un boom des produits de base. De 1975 à 1987, le taux de croissance moyen annuel des exportations de marchandises atteignait 10,68 % pour les six pays de la CEMAC16(*) avec des pics de 22,9 % au Congo et 18,2 % au Cameroun. Cette croissance vertigineuse des exportations des marchandises a provoqué une euphorie qui s'est traduite par des programmes d'investissements ambitieux avec des projets mal conçus et des dotations trop généreuses à des entreprises publiques devenues des organismes budgétivores. Au Cameroun et au Tchad par exemple, l'Etat a injecté près de 1550 milliards et 129,76 milliards de FCFA respectivement aux entreprises publiques en difficulté. Ce qui expliquait la volonté de développement des Etats de la CEMAC en cette période. Pour soutenir l'envolée, une importante réforme avait été engagée dès 1973. Celle-ci traduisait le renforcement de la tutelle de l'Etat sur les banques à travers des prises de participation dans le capital social des banques (voir annexe 1.1). Quelques banques de développement voient le jour avec notamment l'aide des bailleurs de fonds. On avait alors la Banque Camerounaise de Développement (BCD) créée en 1960, la Banque Gabonaise de Développement (BGD) en 1977 en autres.

    - La deuxième génération bancaire, celle de la deuxième moitié de la décennie 70, pratiquait des taux d'intérêt négatifs et différenciés en faveur de certains secteurs pour aider des politiques industrielles sélectives. Les lignes de crédit ouvertes permettaient aux bailleurs de fonds de financer le secteur privé et des investissements comme le logement social ou les équipements à des taux concessionnels. Mais lorsque les prix des produits de base en dehors du pétrole ont baissé à la fin des années 70 et début des années 80, la majorité des gouvernements n'ont pas voulu réduire leurs programmes d'investissement. Ils ont plutôt continué à emprunter auprès des banques désireuses de recycler l'argent du pétrole. La production pétrolière du Cameroun et du Congo avait en moyenne doublé, atteignant 81,5% de la production sous régionale pour le Cameroun et 12,2% pour le Congo (Tamba et Tchamambe, 1995). Par ailleurs, les banques ont pratiqué des opérations non-conformes à leur vocation de départ. Ceci étant dû au fait que les dirigeants nommés par les pouvoirs publics étaient moins qualifiés. Des crédits étaient accordés sous la pression des hommes politiques influents (Mathis, 1992), des hauts fonctionnaires ou des membres de sa tribu (Sandretto et Tiani, 1993). Les prêts étaient signés en blanc, c'est-à-dire sans contre partie et le plus souvent sans une étude préalable de la rentabilité du projet.

    Cette omniprésence de l'Etat s'est également traduite par le fait que le secteur public détenait une part importante de dépôts dans les banques et une proportion croissante des crédits. Les dépôts ont augmenté de 21,3 milliards de FCFA pour la zone en 1975 à 253,1 milliards en 1985 ; même constat sur les créances du secteur public comme le montre le graphique 1.1 ci-dessous.

    Graphique 1.1 : Créances de l'Administration centrale dans les banques commerciales

    (en milliards de FCFA)

    Source : construction par l'auteur à partir du rapport d'activité de la COBAC, 2003.

    Les créances douteuses du Cameroun par exemple ont continué à augmenter jusqu'à se chiffrer à 253 milliards de FCFA au 30/06/1988. Ces pratiques ont provoqué un surendettement des Etats et les entreprises publiques financièrement déséquilibrées ont bénéficié des concours bancaires afin d'assurer leur survie.

    Dans la même période, on a aussi noté un encadrement défaillant de l'activité bancaire par les autorités monétaires.

    I.1.1.2. LA SUPERVISION BANCAIRE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE DE LA BEAC AVANT LA DÉCENNIE

    1990

    Avant 1990, la supervision bancaire et la politique monétaire de la BEAC ont encadré l'activité bancaire.

    - La supervision bancaire

    On peut considérer la supervision bancaire comme l'ensemble des actions des autorités visant à définir, réguler et contrôler l'activité des banques (Thoraval et Duchateau, 2003). Cette définition est confirmée par les quinze premiers principes du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire. Mais dans ce domaine, les autorités bancaires de la CEMAC ont pendant longtemps eu recours à des mécanismes moins élaborés qu'aujourd'hui.

    L'idée d'harmoniser les conditions d'exercice et de contrôle de la profession bancaire existe depuis 1972, lorsque les chefs d'Etat d'Afrique Centrale ont décidé de confier à la BEAC des compétences en la matière. Or, la mise en place du système de contrôle sur document était très limitée et la cellule de contrôle des banques créée en 1979 était inefficace à cause de la réticence des Etats à céder à la BEAC un pan de leur souveraineté sur le contrôle bancaire. C'est pourquoi avant 1990, la surveillance incombait conjointement à la BEAC pour la conduite des enquêtes sur place et le contrôle sur pièce, et aux Commissions Nationales de Contrôle des Banques pour la prise de décision. Les différents pays de la sous-région disposaient chacun d'un corps de texte régissant l'activité bancaire. De 1960 à 1990, des lois, des ordonnances et des décrets, souvent d'inspiration française ont été publiés sur le problème dans ces pays. Ces textes sont demeurés sommaires et souvent divergents quant à la disposition d'ordre prudentiel (Ikori, 2004). Donc, l'efficacité de ce dispositif supposait que les constats dressés par la BEAC donnent lieu à des sanctions justifiées par la gravité des anomalies et autres infractions relevées.

    - La politique monétaire de la BEAC de 1973 à 1990

    Durant cette période, l'objectif final de la politique monétaire n'était pas explicitement énoncé dans les statuts de la BEAC. En effet, les statuts de la BEAC de 1973 ne définissaient pas clairement l'objectif final de la politique monétaire. Mais, de la lecture desdits statuts, on déduit que l'objectif de cette politique était le développement économique. Ceci se justifie par le fait que la conduite de la politique monétaire de cette époque tournait autour de deux préoccupations : élargir la responsabilité des Etats membres dans la détermination de la politique monétaire et dans la distribution du crédit et mettre la monnaie et le crédit au service du développement économique des pays (Engone, 2004).

    La politique du crédit mise en oeuvre s'est inspirée de trois considérations fondamentales à savoir :

    - favoriser la promotion des entreprises contrôlées par les nationaux et le développement des zones géographiques déshéritées ;

    - maintenir des taux d'intérêt sélectifs et modérés tout en participant à des actions ayant pour but la fixation et l'accroissement de l'épargne locale ;

    - élargir l'intervention de l'institut d'émission dans le financement des investissements.

    Cette politique visait en général deux objectifs à savoir agir indirectement sur le volume global du crédit d'une part, et grâce aux différents taux d'escompte, sur les mouvements de capitaux avec l'extérieur d'autre part. Par le contrôle quantitatif du crédit, les autorités monétaires de la BEAC voulaient contenir la masse monétaire dans les limites compatibles avec le développement économique des Etats membres. La limitation des avances aux Trésor des Etats membres17(*), la fixation des plafonds de réescompte aux banques18(*), le recours à l'encadrement du crédit et l'application du système de réserves obligatoires19(*)ont été les principaux instruments utilisés par la BEAC dans ce domaine. Différentes mesures étaient mises en oeuvre pour le contrôle qualitatif du crédit à savoir : la sélectivité des taux d'intérêt, la sélectivité des plafonds de réescompte20(*)et le coefficient d'emploi des dépôts en crédit non remboursables21(*).

    Les instruments utilisés par la BEAC entre 1973 et 1990 ci-dessus cités, peuvent être regroupés en trois catégories selon qu'il convient d'agir sur les taux d'intérêts, qu'ils affectent directement le volume global du crédit ou qu'ils tendent à l'orienter vers les opérations économiques et les secteurs jugés prioritaires par les pouvoirs publics.

    De façon générale, la politique monétaire pré-réforme n'a pas été efficace au sens de Bakkus et Driffil (1985)22(*). Elle n'a pas eu les effets escomptés ou du moins, a commencé à présenter des signes de faiblesse en particulier sur l'objectif final de développement économique. En effet, le taux de croissance du PIB/tête se situe sur le période 1985-1989 autour de -0,98%23(*) dans la sous-région avec des taux respectifs de -2,23, -2,7, -3,56, -1,09 et -1,86 au Cameroun, Gabon, Congo, RCA et en Guinée Equatoriale. La politique des taux d'intérêt pratiquement administrée s'est révélée peu souple par rapport aux fluctuations incessantes du marché intérieur de la liquidité et des marchés monétaires et financiers extérieurs auxquels les économies de la zone sont connectées. La politique sélective de crédit n'a pas eu les effets escomptés. Elle a plutôt introduit des distorsions au niveau de l'allocation des ressources.

    Il faut aussi noter qu'entre 1973 et 1990, la politique monétaire de la BEAC repose théoriquement sur les postulats de la répression financière. Selon la théorie de la répression financière développée par Gurley et Shaw (1970), les économies doivent encourager une politique de taux d'intérêt administrés et de faible coût de la liquidité pour favoriser certains investissements entraînant ainsi un processus de croissance économique. Cette thèse est vivement critiquée par McKinnon (1973) et Shaw (1973). L'idée de ces auteurs est que la politique de la répression crée des distordions dans l'allocation des ressources favorisant des secteurs peu rentables à l'instar du secteur public ; ce qui favorise l'apparition d'importants déficits internes et externes.

    S'agissant de l'aspect pratique, Bekolo-Ebe (2001) fait quatre constats ayant caractérisé le fonctionnement de la politique monétaire de cette période. Le premier est ce que l'auteur appelle le statisme de la politique monétaire. Celui-ci a eu pour objectif de développer une économie de production de culture de rente ou d'exploitation minière et de favoriser les importations des produits manufacturés. Le second fait référence au contrôle de l'activité des banques et des établissements de crédit dont les mécanismes s'avèrent inefficaces caractérisés par un manque d'indicateurs permettant d'évaluer la santé des banques. Le troisième constat concerne le poids important de l'Etat dans les ressources des banques commerciales dont la conséquence directe a été de graves tensions de trésorerie et des baisses sévères de la rentabilité enregistrées par ces dernières au fur et à mesure que les tensions de liquidité se faisaient sentir au niveau des finances publiques. Le quatrième constat enfin est relatif à la structure des créances de l'économie dominée par des activités d'intermédiation et de spéculation au détriment des activités de production.

    Pour comprendre davantage cette crise bancaire, un aperçu de ses causes demande d'être exposé.

    I.1.2. LES CAUSES DE LA CRISE BANCAIRE : LES MÉFAITS DE LA RÉPRESSION FINANCIÈRE

    La littérature sur la firme bancaire laisse apparaître plusieurs facteurs explicatifs des crises bancaires. Calomiris et Mason (1997) et Dermirgüç et Detragiache (1998) soulèvent comme facteurs explicatifs des crises bancaires : la situation d'asymétrie d'information entre les banquiers et les épargnants, la détérioration des avoirs bancaires, la fraude et la mauvaise gestion des banques, un faible taux de croissance économique, des taux d'intérêts réels élevés, un taux d'inflation élevé, un accroissement des taux d'intérêts internationaux, la chute des prix des actifs et la détérioration des termes de l'échange.

    Dans la zone CEMAC, ces causes sont subdivisées en deux groupes : les causes exogènes et les causes endogènes.

    I.1.2.1. LES CAUSES EXOGÈNES : LA DÉGRADATION GÉNÉRALE DES ÉCONOMIES

    Au cours de la première moitié de la décennie 80, les pays de la zone CEMAC ont connu une crise de liquidité créée par la baisse du prix des produits de base exportés et sur lesquels était construite toute leur stratégie de développement. Pour les pays exportateurs de pétrole comme le Cameroun, la chute des cours des hydrocarbures a amplifié la crise. La détérioration des finances publiques qui en découla a eu des conséquences dramatiques sur la situation des banques.

    En matière de ressources, les dépôts de l'Etat et des organismes publics ont fortement baissé, entraînant une déperdition de trésorerie des banques. L'accumulation des arriérés sur la dette intérieure a pour sa part, contribué à réduire le niveau des dépôts privés.

    En ce qui concerne les emplois, l'Etat et ses démembrements ne pouvaient plus faire face à leurs engagements. De même, les arriérés intérieurs ont conduit à l'immobilisation des concours à la clientèle alors qu'augmentait parallèlement la proportion des créances compromises. On note ici une baisse générale du taux de croissance de tous les pays de la sous-région. Au Cameroun, on passe de 20,4% en 1985 à -6,7% en 1990 ; au Tchad de 26,7% à -4,7%; en RCA de 2,8% à -2,1%, (Avom et Gbetnkom, 2003). Le retournement de la conjoncture sur le front des matières premières, du fait d'avoir entraîné le resserrement de la trésorerie des Etats, principaux opérateurs économiques, était donc à la base de l'assèchement de la liquidité bancaire et de la dégradation de la qualité des créances portées sur le secteur public.

    A côté de cette « responsabilité passive », l'Etat a aussi une « responsabilité active » : la représentation de l'Etat au conseil d'administration des banques et les pressions contestables sur la gestion et l'orientation de la politique d'octroi de crédit des banques.

    En outre, l'Etat actionnaire, même minoritaire, a eu tendance, en qualité de puissance publique, à peser sur le management, en imposant ses hommes à la direction des établissements de crédit. Le contrôle du capital s'est alors trouvé déconnecté de l'exercice des responsabilités, ce qui a entraîné des conséquences fâcheuses : relâchement dans la gestion, acceptation de mauvais risques et alourdissement du poids des emprunteurs publics sur le volume de crédits distribués.

    Outre les causes exogènes, plusieurs facteurs internes peuvent expliquer l'origine de la crise.

    I.1.2.2. LES CAUSES ENDOGÈNES : LA RESPONSABILITÉ DES BANQUIERS ET LE MANQUE DE VÉRITABLE SUPERVISION

    Pour ce qui est de la responsabilité des banquiers, on relève :

    1. une mauvaise gestion d'un point de vue technique qui se manifeste par :

    - l'inadéquation ressources-emplois qui consiste à accorder des crédits dont les échéances sont largement supérieures à celles des dépôts ;

    - l'inefficacité des procédures de recouvrement des créances et une évaluation trop optimiste des perspectives des emprunteurs ;

    - l'absence de contrôles internes qui demeure une des causes les plus importantes des prises de risques bancaires inconsidérés lorsqu'elles concernent les procédures d'examen des crédits. Cette situation se manifeste par une absence de comptabilité fiable dans certains établissements, une organisation administrative non performante, un personnel peu qualifié et enfin un manque de dispositif d'alerte tel que le contrôle de gestion ;

    2. une gestion de type maquillage qui consiste à dissimuler les pertes passées ou présentes pour gagner du temps et conserver ainsi le contrôle de l'établissement en retardant l'adoption des solutions adéquates. On assiste ainsi à :

    - un maquillage de la qualité du portefeuille. Lorsqu'un banquier veut adapter les dotations aux provisions à un niveau donné des bénéfices et des dividendes, il ne classe pas les mauvaises créances comme telles. Il rééchelonnera automatiquement le crédit en question sur de longues périodes et les intérêts feront l'objet d'un refinancement. Il faut noter que cette pratique est très répandue dans la zone CEMAC, ce qui explique le fait que les montants des concours classés en « douteux » lors d'enquêtes sur place soient toujours largement supérieurs aux chiffres déclarés par les banques ;

    - la comptabilisation des produits fictifs. En présentant comme produits des intérêts échus mais irrévocables à percevoir sur les créances gelées, le banquier ne fait que comptabiliser et distribuer des crédits fictifs ;

    3. la concentration excessive. Ce phénomène est encore présent dans 18 établissements de crédits de la zone BEAC. Il traduit le manque de concurrence dans le secteur ;

    4. la répression financière. Comme soulevé plus haut, le maintien des taux d'intérêt bas en vue de favoriser les crédits étatiques s'est traduit par une perte de rentabilité excessive. L'interventionnisme de l'Etat exerce des effets pervers sur les marchés financiers dont les conséquences sont le rationnement du crédit par le système financier, la prépondérance des financements à court terme et de certains secteurs jugés prioritaires ou stratégiques, des taux d'intérêt réels faibles. Pour remédier à cette situation il a été développé la libéralisation financière.

    En ce qui concerne le dispositif de surveillance, il était presque inexistant. Il était institué par la BEAC qui se contentait soit des enquêtes sur place, soit des enquêtes sur pièces. Or, cette pratique présentait à la base une inefficacité certaine. Car les documents présentés ne reflétaient pas toujours le fonctionnement réel des institutions financières.

    Après avoir présenté les causes de la crise bancaire, nous analysons à présent les manifestations et les conséquences de cette crise.

    SECTION 2 : LES MANIFESTATIONS ET LES CONSÉQUENCES DE LA CRISE

    Dans un premier temps les manifestations de la crise sont présentées et dans un second, ses conséquences.

    I.2.1. LES MANIFESTATIONS DE LA CRISE BANCAIRE EN ZONE CEMAC

    Cette crise s'est manifestée par un écroulement général du système bancaire, mais certains pays furent plus criblés que d'autres.

    I.2.1.1. UNE VUE SYNOPTIQUE DE LA CRISE

    A la veille de son éclatement, la situation devenait presque insupportable. Tous les signes montraient l'imminence d'un dénouement inévitablement douloureux.

    - L'imminence de la crise

    Tout allait bien dans les pays de la CEMAC jusqu'en 1985. La production du pétrole y augmentait, les prix en dollars étaient favorables et le dollar augmentait par rapport au franc CFA. De 1979 à 1985, les PIBs combinés du Cameroun et du Congo augmentaient de 10% par an et les recettes gouvernementales liées au pétrole décuplaient en franc CFA courant au Congo. Mais cette situation s'est brusquement retournée entre 1986 et 1989 : la production stagnait, les prix en dollars avaient brutalement chuté, avec notamment une baisse de 55% du prix du pétrole exprimé en dollar entre le dernier trimestre 1985 et le deuxième trimestre 1986 et le franc CFA était en forte hausse par rapport au dollar.

    Avec ce bouleversement, les recettes publiques étaient en nette diminution. Au Cameroun par exemple, elles étaient passées de 63% en 1985/86 à 25% en 1992/9324(*). Ne pouvant plus emprunter ailleurs car devenus peu crédibles, les gouvernements ont sacrifié les dépenses non salariales et ont accumulé des arriérés de paiement. Impayés à temps, les fournisseurs du gouvernement devenaient incapables de rembourser aux banques.

    - Les manifestations proprement dites

    Le système bancaire au matin de la crise était caractérisé par de fortes tensions de trésorerie, l'accumulation des soldes déficitaires de gestion, ainsi que d'importantes créances douteuses et irrécouvrables25(*) (Nembot, 1997). Plus de la moitié des banques étaient en état de faillite réelle. Même les banques de développement qui bénéficiaient des fonds venant de l'extérieur pour assurer le financement des projets nécessaires au développement économique, n'ont pas résisté au désastre. Plusieurs d'entre elles s'étaient retrouvées en situation d'illiquidité totale (LeNoir, 1989). Leur rentabilité a drastiquement diminué comme l'illustre le graphique 1.2 ci-dessous.

    Graphique 1.2. : Evolution des taux de rentabilité du système bancaire de la CEMAC

    1990-1994

    Source : construction par l'auteur à partir du rapport d'activité de la COBAC, 2002.

    On constate dans l'ensemble une évolution négative de ce taux. Ce qui justifie le climat morose de la situation bancaire.

    En résumé, la situation globale du secteur bancaire en 1990 était critique. Sur les 40 banques que comptait la zone, 9 avaient suspendu leurs activités ; parmi celles encore fonctionnelles, une seule respectait l'ensemble des normes réglementaires en vigueur ; 14 présentaient des équilibres précaires et 16 étaient totalement insolvables (Adam Madji, 2002).

    Cependant, cette crise ne s'est pas manifestée de la même façon dans les différents pays de la zone.

    I.2.1.2. LES CARACTÉRISTIQUES DE LA CRISE DANS LES SIX PAYS DE LA CEMAC

    La crise bancaire qui secoua de façon générale les pays de la sous-région a cependant présenté quelques particularités entre les Etats. Les rapports de la BEAC en 1990 sont arrivés aux conclusions suivantes 26(*):

    - le système bancaire camerounais était le plus grand en termes de nombre de banques et était le plus dévasté. Il affichait un besoin de financement de 490,4 milliards (Mds) de franc CFA dont 185,1 Mds FCFA pour les banques à liquider et 305,3 Mds FCFA pour les banques à restructurer ;

    - suivait le Congo qui présentait un besoin de 17,5Mds FCFA ; il devait servir à hauteur de 15 Mds FCFA pour les liquidations des banques irrécupérables et de 2,5 Mds FCFA pour les restructurations de celles jugées encore viables ;

    - la République Centrafricaine était le troisième du classement. Le besoin de financement s'élevait à 10,1 Mds FCFA : 2,5 Mds FCFA réservés aux banques à liquider et le reste, soit 7,6 Mds FCFA, étaient destinés aux banques à réhabiliter ;

    - quant au Tchad les besoins de financement atteignaient 6 Mds ; ces besoins renfermaient près de 1,8 Mds FCFA pour les banques à liquider et environ 4,2 Mds FCFA pour les établissements à réhabiliter ;

    - le secteur bancaire équato-guinéen était l'avant dernier. Son besoin de financement était d'environ 3,5 Mds pour l'ensemble des banques devenues inactives ;

    - le secteur bancaire gabonais était le plus sain avec le besoin de financement le moins élevé soit 1,3 Mds FCFA pour la totalité des établissements bancaires à liquider.

    Cette crise a présenté des conséquences importantes dans les sphères réelles et financières des économies.

    I.2.2. LES CONSÉQUENCES DE LA CRISE

    La crise bancaire qu'a connue la zone CEMAC a présenté plusieurs conséquences. Celles-ci peuvent être regroupées en deux catégories : Les faillites bancaires et l'accroissement du rationnement de crédit d'un part, et l'essor des activités de la micro finance ainsi que du secteur financier informel d'autre part.

    I.2.2.1. LES FAILLITES BANCAIRES ET L'ACCROISSEMENT DU RATIONNEMENT DU CRÉDIT

    Au début des années 90, plusieurs banques présentaient des bilans critiques. Certaines étaient marquées par une insuffisance notoire des fonds propres et étaient de ce fait en violation des normes de solvabilité. Les besoins de financement cumulés du système bancaire s'élevaient à 528,8 Mds FCFA. Incapables de rembourser leurs dettes, les banques ont été pour la plupart liquidées. En conséquence, sur 31 banques en activité dans la zone 27(*):

    - 11 présentaient une situation relativement saine en respectant l'ensemble des normes prudentielles ;

    - 11 avaient des équilibres financiers fragiles, soit parce que les niveaux de fonds propres, bien que positifs étaient insuffisants, soit en rapport avec leur situation de liquidité très étroite ;

    - 9 étaient dans une phase critique, avec des fonds négatifs, en violation de toutes les normes prudentielles28(*). Au Cameroun par exemple, la première restructuration en 1989 a vu la fermeture ou la scission de 12 banques (voir annexe 1.2).

    Pour ce qui est du rationnement de crédit, il traduit le fait qu'une banque refuse de prêter à un emprunteur potentiel aux conditions demandées (quantités et taux d'intérêt). Les banques de la sous-région ont manifesté un rationnement de crédit de type 2 dans lequel certains emprunteurs obtiennent le crédit tandis que d'autres qui présentent les mêmes caractéristiques se voient refuser ledit crédit (voir annexe 1.3. pour les détails liés au rationnement crédit). Au Cameroun par exemple, l'enquête menée par la Direction de la Statistique et de la Comptabilité Nationale du Cameroun (DSCN) a montré que pour l'exercice 1990-1991, 85% des industries de 20 employés et plus avaient besoin d'un crédit pour financer leurs investissements. Parmi celles-ci, 70% rencontraient des difficultés dans l'obtention. Le coût du crédit est évoqué par 28% des industries et le fait que les banques prêtent difficilement par 42%. Les crédits octroyés au secteur privé ont ainsi diminué comme l'indique le tableau 1.1 ci-dessous.

    Tableau 1.1. : Evolution du taux de crédit au secteur privé

    Années

    Pays

    1980

    1984

    1988

    1992

    1996

    1997

    Cameroun

    Congo

    Gabon

    Tchad

    RCA

    29

    23

    16

    -2

    50

    27

    24

    15

    9

    11

    -9

    -10

    -7

    -10

    -7

    -8

    -46

    -3

    -33

    -5

    4

    14

    -2

    8

    0

    -10

    9

    41

    -3

    4

    Source : construction par l'auteur à partir de World Bank Data, 2005.

    Ce tableau présente une négativité générale des taux de crédit entre 1988-1992. Ceci explique la profondeur de la crise qui nécessitait un mutation même au niveau des taux d'intérét. Une autre conséquence de cette crise fut le développement de la microfinance et l'essor d'un secteur financier informel.

    I.2.2.2. LE DÉVELOPPEMENT DE LA MICROFINANCE ET L'ESSOR D'UN SECTEUR FINANCIER INFORMEL

    L'une des conséquences les plus attendues fut le développement de la microfinance qui est restée embryonnaire jusqu'en 1990, en dépit de quelques expériences mennées au Cameroun, au Congo, au Tchad et en Centrafrique. L'expression microfinance vient de microcrédit qui désigne des crédits de faible montant offerts aux exclus du crédit bancaire, faute de garanties nécessaires ou parfois même d'idéologie culturelle, sociologique et d'analphabétisation. L'histoire du microcrédit a commencé en 1974 lorsque M. Mohammad Yunus29(*) alors professeur d'économie à l'université de Chittagong au Bangladesh prêta 27 dollars à chacun des paysans de 42 familles et les sortit ainsi de la pauvreté. La microfinance serait alors l'ensemble des services financiers (services d'épargne et services de credit) et non financier offerts à des petits opérateurs économiques des zones rurales et du secteur informel des milieux urbains et périurbains. Suite à la faillite des banques dans la sous-région et au regard de la perte de confiance installée chez les clients, ceux-ci se tournent alors vers une nouvelle forme de financement. Les faillites bancaires ont en outre provoqué des licenciements massifs, notamment de cadres de banques plus ou moins expérimentés qui se sont lancés dans la création sans contrôle des structures de microfinance.

    De plus, en se restructurant pour échapper à la crise, les banques classiques restées en survie ont durci les conditions d'accès à leurs services et redimensionné leur réseau. Cette évolution a eu pour conséquences la marginalisation d'une plus grande tranche des populations par rapport à l'accès aux services bancaires et une aggravation de la sousbancarisation, surtout dans les zones rurales. C'est pourquoi les entités de microfinance se sont révélées de plus en plus attractives par leur proximité, la simplicité de leur approche commerciale et leur capacité d'adaptation présumée. En fin février 2008, la CEMAC comptait 677 EMF agrées donc 444 au Cameroun, 59 au Congo, 14 en Centrafrique, 4 au Gabon, 0 en Guinée Equatoriale et 156 au Tchad.

    En outre, au cours de la même période, on a assisté au développement d'un secteur financier informel qui regroupait des associations tontinières, des organisations de crédit rotatif reposant sur des communautés d'adhésion, des prêteurs et banques non officiels ou usuriers et des institutions communautaires reposant sur des groupes d'appartenance (clans, lignages, réligieux) (Hugon,1996). Mais, de tous ces types d'associations, la tontine est l'organisation informelle (du fait d'un manque de ligislation administrative et financière étatique) du système financier informel le plus représentatif. Quelques traits permettent de décrire la tontine : l'appartenace à un groupe pour se valoriser, le besoin de solidarité pour combler certains déficits et valoriser ses excédents, la participation aux actions collectives afin de donner un sens à sa vie dans la communauté, la disposition d'assistance sociale pour stabiliser ses forces matérielles et morales en cas d'évènements heureux ou malheureux, l'incitation à l'effort pour progresser davantage dans la vie et un placement pour l'épargne afin de réaliser un projet et sécuriser l'avenir (Nzemen, 1997). En plus, on peut ajouter l'ouverture de possibilité d'accès à un crédit pour faire face à des nécessités présentes, la disposition d'atouts pour la facilité de mobilisation de masse dans sa vie associative, professionnelle, politique et autres, l'aquisition de l'esprit d'entreprise auprès des membres de la tontine qui font des affaires et par le partage des leçons d'échecs et de succès dans la gestion ou la création des entreprises.

    Malgré ces nombreux atouts, on reproche à ces organisations clendestines d'appauvir davantage les populations. Car, nombreux sont les cas où les dirigeants de celles-ci s'en vont avec toute l'épargne laissant les membres dans un désarroi inexplicable. La perte de confiance des populations envers le système financier s'est amplifiée ; d'autant plus que celles-ci mélangent banques, totines, assurances et usure dans le même panier.

    Les autorités monétaires ont alors pensé qu'il fallait réformer le système bancaire afin que ce dernier retrouve sa stabilité, favorise la rentabilité des banques et permet le financement de l'économie.

    conclusion 

    Entre 1960 et 1980, le système bancaire de la zone CEMAC est resté stable enregistrant même une rentabilté remaquable. Il a financé les multiples projets de développement des Etats membres de la sous-région.

    Mais, de 1982 à 1985, quelques signes avant-coureurs indiquaient des lendemains dificiles pour les banques de la sous-région (chute des cours du petrôle, ralentissemnt de la croissance, acumulations des impayés de la part des Etats, le manque de respect des ratios prudenciels...). Ainsi, entre 1985 et 1989, tous les indicateurs de la crise étaient réunis et lorsque la crise éclate, elle se manifeste par des faillites bancaires, d'énormes crédits douteux, des pertes d'emplois et autres. Sur le plan social par exemple, les faillites et liquidations des banques ont occasionné près de 135 000 emplois supprimés dans l'ensemble des pays de la sous-région. Ce chiffre s'est amplifié du fait de la fermeture des entreprises qui se sont retrouvées dans l'incapacité d'accéder à leur trésorerie confiée aux banques. Il fallait à tout prix réformer le sytstème bancaire de la sous-région dans l'espoir d'une sortie de crise. C'est dans ce sillage que les autorités monétaires ont institué des réformes à la fois monétaire, bancaire et institutionnelle en vue de retrouver la stabilité du sytème financier.

    CHAPITRE II : LES RÉFORMES FINANCIÈRES EN ZONE CEMAC ET LA RÉSOLUTION

    DE LA CRISE

    Introduction

    La résolution de la crise a nécessité plusieurs actions. Celles-ci ont tourné autour d'un vaste programme de restructuration bancaire qui a nécessité deux phases. La restructuration bancaire est une opération qui a pour but non seulement de résoudre les difficultés présentes du système bancaire, mais aussi de prévenir les risques de fragilisation ultérieure. Cela consiste d'une part à liquider les banques insolvables et irrémédiablement compromises pour assainir le système, et d'autre part à restaurer durablement la solvabilité, la liquidité voir la stabilité des banques restant en activité à travers les fusion-acquisitions (Mengue, 2002).

    En 1990, parmi les réformes financières qui ont été engagées, la supervision bancaire et la restructuration ont pris une place importante. On a aussi noté des mutations monétaires avec notamment la mise sur pied d'une nouvelle politique monétaire caractérisée par la programmation monétaire d'une part, et le marché monétaire d'autre part. Le but principal de ces mesures était de stabiliser le système bancaire en vue de renouer avec les équilibres macro-financiers.

    Ce chapitre vise comme objectif de justifier le bien-fondé des réformes sur la stabilité du système bancaire. Ce qui nous permettra de vérifier l'hypothèse une (H1 : l'influence des réformes financières sur la stabilité des banques est positive en zone CEMAC). Ainsi, la première section du chapitre retrace les différentes réformes bancaires, monétaires et institutionnelles engagées par les six Etats de la CEMAC. La deuxième fait une analyse de l'héritage des réformes financières sur la stabilité bancaire.

    SECTION 1. LE CONTENU DES RÉFORMES FINANCIÈRES

    Dans l'ensemble des réformes financières engagées par les Etats de la CEMAC, les mutations bancaires marquées par le renforcement du dispositif de supervision bancaire et les deux vagues de restructuration entreprises ont permis de retrouver la stabilité du système bancaire de la sous-région. Ces réformes visaient aussi la dynamisation de la politique monétaire qui a bénéficié de deux innovations importantes : la programmation monétaire et la création du marché monétaire.

    II.1.1. LE CONTUENU DES RÉFORMES BANCAIRES

    L'analyse des réformes retient comme fondement théorique l'approche gradualiste et la thérapie des chocs. Dans le secteur bancaire, elle s'oriente au plan pratique vers un ensemble de mécanismes visant à moderniser ce secteur : la restructuration bancaire.

    II.1.1.1 LES FONDEMENTS THÉORIQUES DES RÉFORMES : L'APPROCHE GRADUALISTE ET LA THÉRAPIE DES CHOCS DANS LA LIBÉRALISATION FINANCIÈRE

    L'approche gradualiste des réformes s'appuie sur les changements progressifs et appropriés des structures institutionnelles à la fois d'ordres macroéconomique et microéconomique (Avom et Eyeffa, 2007). McKinnon (1991) posait comme préalable à la réussite de toute politique de restructuration bancaire et financière, l'obtention de la stabilité macroéconomique. Cette approche gradualiste s'inscrit aussi dans l'explication et dans les fondements de la libéralisation financière.

    La libéralisation financière est un processus qui vise la flexibilité des taux d'intérêt, l'intervention plus dynamique des banques dans le processus de financement de l'économie. Fry (1997) établit cinq pré-requis indispensables pour qu'une libéralisation financière réussisse : (i) une supervision et une régulation prudentielle des banques commerciales adéquates, (ii) un degré raisonnable de stabilité des prix, (iii) une discipline budgétaire de stabilité des prix, (iv) un comportement des banques commerciales orienté vers la maximisation du profit et un système fiscal neutre concernant l'activité d'intermédiation.

    Le gradualisme peut être spatial ou temporel. La réforme gradualiste spatiale renvoie à l'intégration progressive des entités liées à leur géographie. Dans la sous-région CEMAC, cette approche n'a eu aucune influence dans les politiques entreprises puisque la régionalisation l'avait déjà précédée. L'approche gradualiste temporelle est celle adoptée par les chefs d'Etat des pays de la sous-région. Les décisions votées sont toujours suivies d'un calendrier leur permettant une meilleure application. Cette méthode décèle un avantage majeur : un cadre stratégique évolutif en fonction des besoins et spécificités des pays. La lenteur des procédures est un inconvénient majeur. Mais l'inconvénient peut être le laxisme des chefs d'Etat si un contrôle n'est pas effectué.

    La thérapie des chocs quant à elle est la deuxième catégorie de réformes. Elle consiste à modifier à la fois toutes les structures ou secteurs et ce, de façon brusque. Elle est abondamment utilisée par les pays européens. Elle nécessite une très bonne maîtrise des mécanismes de fonctionnement des économies et surtout des moyens à la fois matériels, humains et financiers pour sa mise en oeuvre (Saint-Etienne, 1987). Pour Baneth (1997), le débat sur le choix de la réforme est improductif. Car il soutient que quel que soit le type de réforme entrepris, l'essentiel est l'atteinte des objectifs fixés.

    A l'appui de ces fondements théoriques, un ensemble d'instruments empiriques a été mis sur pied.

    II.1.1.2. LES GRANDS AXES DE LA RÉFORME BANCAIRE : LES DEUX RESTRUCTURATIONS BANCAIRES

    Ces axes tirent leur contenu des deux vagues de restructurations bancaires qu'ont connues les pays de la CEMAC au cours de la décennie 90. La première menée entre 1990 et 1996 a présenté un bilan négatif ce qui a poussé les autorités à entreprendre une deuxième restructuration jusqu'à 2006. Cette dernière a présenté des résultats quelque peu satisfaisants.

    1. Le bilan de la prémière restructuration bancaire

    Pour ce qui est de cette restructuration, plusieurs objectifs étaient visés:

    - le remboursement par les structures de liquidation des créanciers privés, la solution retenue consistant à priviliger les petits déposants et à les dédommager dans un délais relativement court ;

    - l'appui des Etats sur le montant de la totalité du refinancement consenti par la BEAC aux banques à liquider ou d'une fraction dudit financement, en fonction de l'ampleur des besoins de la banque30(*) ; 

    - la restauration de la solvabilité, de la rentabilité et de la liquidité des banques en activité à travers des fusion-acquisitions. Cette restauration devait passer par le respect des normes prudentielles qui, dans leur majorité visent à contenir un risque de crédit minimal.

    La première restructuration a connu des résultats peu satisfaisants liés notamment aux dificultés rencontrées dans la mise en oeuvre des objectifs ci-dessus mentionnés. Comme difficultés on a :

    - le dénouement difficile des opérations de liquidation

    Au constat de l'inexistance d'un mécanisme de garanties de dépôts dans la zone CEMAC, le désintéressement des déposants, en cas de sinistre d'une banque, reste intimement lié à la gestion des liquidations bancaires. Deux raisons principales sont évoquées pour expliquer l'échec des opérations de liquidation des banques au cours de ces restructurations bancaires (Bekolo-Ebe, 1998).

    D'une part, on relève l'état de délabrement avancé des banques en liquidation. Il est évident qu'en cas d'absence d'un plan crédible de restructuration et surtout lorsque l'établissement n'arrive plus à faire face au passif exigible avec les actifs disponibles, la mise en liquidation est non seulement inévitable, mais même souhaitable pour éviter que la banque « ne mange sa trésorerie ». Elle doit être prononcée afin de préserver les intérêts des créanciers (Pastré et Gaël De Pontbriand, 2003). Ceci n'a pas été le cas dans la zone CEMAC où l'on a observé qu'il s'est écoulé plusieurs exercices entre le moment du constat de la cessation de paiement et la mise en liquidation effective. C'est ainsi que la caractérisque commune aux banques en liquidation, à l'ouverture de celle-ci, est le délabrement avancé de la structure financière avec à l'exception du Tchad, une insuffisance d'actifs assez importante : 222 Mds de FCFA pour le cameroun, 21,6 Mds de FCFA pour le Gabon, 19,9 Mds de FCFA pour le Congo, 2,1 Mds de FCFA pour la République Centrafricaine et 3,7 Mds de FCFA pour la Guinée Equtoriale.

    D'autre part, cette restructuration a connu comme autre défaillance, la gestion décevante des liquidations bancaires marquée par la réalisation insuffisante des actifs et le coût élévé desdites liquidations. En décembre 1996, on dénombrait 24 banques en liquidation dans la zone CEMAC: 11 au Cameroun dont 8 gérées par la Société de Recouvrement des Créances (SRC), 3 au Gabon, 2 au Congo, 4 en Centrafrique, 2 au Tchad et 2 en Guinée Equatoriale. Le processus de recouvrement desdites créances a été mal mené et de ce fait, il a été recouvré moins de la moitié du montant prévu comme l'illustre le tableau ci-dessous.

    Tableau 2.1 : Etat de recouvrements des banques en liquidation dans la zone CEMAC en

    1996

    Pays

    Montant à recouvrer en Millards de FCFA

    Montant effectivement recouvré en Milliards de FCFA

    Camroun

    500

    15.7

    Congo

    36

    2.7

    Repub. Centr.

    10

    0.6

    Tchad

    6

    1

    Guinée Equato.

    3.5

    0.6

    Gabon

    1.8

    0.5

    Source : construction par l'auteur à partir d'Adam Madji, 1997.

    A la lecture de ce tableau, on pouvait déjà prévoir une réussite difficile de cette restructuration. Car, évaluée à quelques 536,2 Mds de FCFA des pertes soit 96,21%31(*) du montant attendu, il était alors plus difficile pour les banques de continuer à soutenir le financement des activités économiques.

    - le coût élevé des liquidations bancaires

    L'essentiel de la mission du liquidateur est comme le précise Pelletier (1993), de réaliser les actifs et d'apurer le passif. Ce qui n'est pas toujours facile surtout lorsque les banques à restructurer présentent un actif lourdement effondré. Telle était la situation qui prévalait dans la zone CEMAC en 1996. Il faut bien noter que l'objectif était tel qu'à court terme, il fallait indemniser les déposants et préserver le système bancaire contre une éventuelle crise systémique provoquée par la panique des déposants et à long terme, ramener la confiance des épargnants. Compte tenu de la modicité des recettes recouvrées et du coût de fonctionnement de la liquidation, le montant théoriquement disponible et susceptible d'affectation à l'indemnisation des déposants et autres créanciers ne représentait que 11,3 Mds de FCFA soit environ 1,51% du passif cumulé à épuration (près de 746,3 Mds) et seulement 9,51% des dépôts du secteur privé (118,8 Mds). Tels étaient les résultats médiocres pour les moyens (honoraires, effectifs, matériels) dont disposaient les liquidateurs (Madji, 1994).

    De façon générale, la réussite d'une restructuration bancaire se mesure à la solidité du système à l'issue de la période de restructuration et au retour de la confiance des déposants vis-à-vis du système. A contrario, l'échec de la restructuration se mesure à la fragilité du système, notamment en terme de besoins en fonds propres et à la méfiance sinon la défiance des déposants. Comme précisé ci-dessus, l'un des objectifs majeurs de la première vague des restructurations était de restaurer durablement la solvabilité, la rentabilité et la liquidité des banques restant en activité. Or, en décembre 1996, la situation de ces banques était moins luisante. Le niveau de fonds propres n'a pas augmenté ; les besoins de financement cumulés des différents systèmes bancaires s'élevaient à 102 Mds de FCFA. Ces besoins sont inégalement répartis : Cameroun 75,5 Mds ; Congo 13 Mds ; Gabon 5 Mds ; RCA 5 Mds ; Tchad 4 Mds et Guinée Equatoriale 0,3 Mds. Le tableau 2.2 ci-dessous représente la structure simplifiée des différents systèmes bancaires de la sous-région au terme de cette première restructuration.

    Tableau 2.2 : Structure simplifiée du système bancaire de la CEMAC au terme de la

    première restructuration

    Pays

    Nombre de banques en activité

    Nombre de banques en situation confortable

    Nombre de banques ayant une situation fragile*

    Ratio de couverture de risque (<5%) **

    Ratio de liquidité

    (<100%) **

    Cameroun

    9

    2

    7

    10%

    196%

    Congo

    3

    1

    2

    9%

    333%

    RCA

    3

    1

    2

    10%

    258%

    Gabon

    9

    6

    3

    9%

    152%

    Tchad

    5

    2

    3

    12%

    162%

    Guinée Eq.

    2

    1

    1

    8%

    150%

    * Insuffisance des fonds propres. ** Minimum COBAC entre 1994 et 2000

    Source : construction par l'auteur à partir d'Adam Madji, 1997.

    Ainsi, sur les 31 banques en activité, 18 étaient dans une situation moins luisante et même parmi les 13 qui présentaient une situation confortable, seulement 3 respectaient les normes prudentielles (une au Cameroun : la Société Générale, une au Gabon : la Banque Gabonaise et Française Internationale et une au Congo : la Banque Gabonaise et Française Internationale-Congo).

    Cette fragilité est aussi liée à l'environnement macroéconomique qui a entravé le rétablissement de la situation financière. Les rumeurs persistantes de la dévaluation du franc CFA nourries d'ailleurs par la dégradation de la situation économique ont contribué à aggraver le processus de restructuration bancaire en ruinant, par des demandes de transfert sur l'extérieur, la trésorerie et la rentabilité des banques.

    En somme, le système bancaire de la CEMAC restait fragile au terme de cette restructuration.

    2. Les ajustements de la deuxième vague de restructuration bancaire

    Entamée dès la fin de l'année 1996, la seconde restructuration visait comme objectif : la restauration de la solidité du système bancaire qui devait passer par la maîtrise du risque de crédit, le retour d'une stabilité durable et le financement des économies de la sous-région. Cette restructuration s'appuyait sur les enseignements tirés de celle qui s'achevait et ses résultats ont été plus satisfaisants au regard de la stabilité du système.

    Les enseignements tirés de la première restructuration contenaient trois idées principales (Bekolo-Ebe, 1998) :

    - la première était que la restructuration bancaire ne pouvait constituer un objectif isolé de l'ajustement macroéconomique. Les autorités ont d'abord engagé des programmes d'ajustement macroéconomique. Ceux-ci comportaient un volet d'assainissement du secteur bancaire et financier ;

    - la deuxième idée était de coupler restructuration financière et restructuration bancaire interne. Pour qu'une banque demeure solvable, il fallait qu'elle ait une capitalisation suffisante pour lui permettre de faire face à des évolutions défavorables et à sa rentabilité ;

    - la troisième idée était le désengagement des Etats du système bancaire. Avec le temps, la part des Etats dans le capital des banques devait sensiblement baisser. Ces idées constituaient les principales mesures adoptées pour cette deuxième restructuration.

    Ainsi, les principaux résultats de cette restructuration étaient les suivants :

    - la liquidation des banques restées en activité et dont la situation s'était fortement compromise depuis la première restructuration ;

    - la liquidité des établissements de crédit a été retrouvée. On assiste même de nos jours à une surliquidité bancaire mais qui contraste avec le manque d'engagement dans le financement de l'économie (Avom, et Eyeffa, 2007) ;

    - les progrès du processus de privatisation liés notamment au retrait des Etats du capital des banques. La structure du capital social a évolué en faveur du secteur privé. Ainsi, les évolutions de cette structure sont les suivantes : 43,6% à 56,4% au Cameroun entre 1990 et 2000 ; 18,8% à 54% au Congo ; 48% à 53% au Gabon ; 43,5% à 74% en Guinée Equatoriale ; 48,5% à 58% en République Centrafricaine et de 40,2% à 60% au Tchad d'où l'importance de la libéralisation du secteur bancaire ;

    - l'accroissement de la rentabilité des actifs lié à l'augmentation du résultat net des banques;

    - le respect des normes prudentielles. Sur les 31 banques figurant dans le champ de l'analyse prudentielle de la COBAC. En fin juin 2004, 27 étaient en conformité avec les dispositions relatives à la représentation du capital minimum, 25 présentaient un ratio de couverture de risque supérieur ou égal au minimum de 8%, 25 parvenaient à respecter la limite globale en matière de division de risque.

    Suite donc à toutes ces réalisations qui ne sont pas exhaustives, l'on a enregistré un retour à la stabilité du système bancaire : 33 banques sont restées en activité dans la zone CEMAC (annexe 2.2). Il importe aussi de noter le cas le plus récent de restructuration bancaire au Cameroun : la restructuration d'Amity Bank Cameroon. Débutée en 2007, elle vise à terme le rachat de Amity Bank Cameroon par la Banque Atlantique une banque marocaine. La banque camerounaise connaît depuis 2006 un effondrement de son passif et des problèmes de liquidité importants.

    Ces mutations bancaires se sont aussi accompagnées par des changements monétaires et institutionnels importants.

    II.1.2. LES RÉFORMES MONÉTAIRES ET INSTITUTIONNELLES INTERVENUES DANS LA CEMAC

    Ces mutations ont porté sur la reformulation des objectifs et des instruments de la politique monétaire d'une part et l'instauration d'un nouveau dispositif de supervision bancaire d'autre part.

    II.1.2.1. UNE NOUVELLE POLITIQUE MONÉTAIRE DEPUIS LA DÉCENNIE 1990

    La réforme de la politique monétaire de la BEAC s'est appuyée sur la précision de son objectif, les changements intervenus dans ses instruments d'une part, et sur l'instauration de la programmation et du marché monétaire d'autre part (Avom, 2003).

    Pour ce qui est de l'objectif, il est clairement défini dans l'article 1er des statuts de la BEAC que : « La Banque Centrale émet la monnaie de l'Union Monétaire (UM) et en garantit la stabilité. Sans préjudice de cet objectif, elle apporte son soutien aux politiques économiques générales élaborées dans l'Union »32(*). Le contrôle de la stabilité monétaire va plus loin, pour s'étendre au système bancaire comme le stipule l'article 20 : « La Banque Centrale participe à la mise en oeuvre des actions visant à la stabilité et au contrôle du système bancaire et financier et des moyens de paiement. Par ailleurs, dans le cadre de la politique monétaire, le Comité de Politique Monétaire (CPM) de la Banque Centrale33(*) peut prendre toutes dispositions pour imposer aux établissements de crédit la constitution de réserves obligations ». Sur le plan théorique, la stabilité des prix est définie par deux conditions à savoir l'absence d'incertitude quant à l'évolution à long terme et un taux d'inflation anticipé nul (Ireland, 1993) et en raison des problèmes soulevés pour mesurer correctement la hausse des prix, une valeur légèrement positive du taux d'inflation anticipé (à mesure qu'elle soit jugée à peu près constante) est qualifiée de suffisante (Bordes et Clerc, 2004). Il faut aussi noter que cette notion de stabilité des prix est l'un des fondements de la théorie monétariste.

    La réforme des instruments de cette politique s'est appuyée sur la politique des taux d'intérêt marquée par une libéralisation de leur contrôle. Elle permet un arrimage des taux au contexte économique. Elle vise la promotion de l'épargne financière et le développement du secteur financier. Comme mutations, certains taux ont alors été supprimés. On peut citer le taux d'escompte préférentiel, le taux d'escompte normal, les taux privilégiés et bonifiés et le relèvement progressif du taux des avances aux trésors. Ils ont laissé place aux seuls taux directeurs appliqués par la BEAC. Soit, le taux d'intérêt d'appel d'offres positif (TIAO), le taux d'intérêt sur les placements des banques (TIPS), le taux d'intérêt des prises en pension (TIPP) et le taux de pénalité aux banques (TP).

    Les plafonds globaux de réescompte aux banques ont aussi été supprimés pour laisser place à la programmation monétaire instituée en janvier 1994. C'est un mécanisme qui permet à la BEAC de procéder à l'élaboration et au suivi des normes de progression des agrégats monétaires retenus comme objectif intermédiaire et indicateur de la politique monétaire. Autrement dit, les normes de progression monétaire de la liquidité au sens de M2 et les concours à l'économie sont désormais définies par des anticipations de croissance et du niveau général des prix. Il s'agit concrètement pour ce mécanisme d'arrêter les objectifs de croissance de la masse monétaire.

    L'une des grandes réformes monétaires était l'instauration du marché monétaire en 1994 dont l'objectif est la modification et l'amélioration des conditions de financement des banques secondaires en mettant de plus en plus la BEAC en arrière-plan de façon à lui conférer une indépendance grandissante (Bekolo-Ebe, 2001 et Artus, 2008). Dans ce marché sont ouverts deux guichets : le guichet A par appel d'offres à l'initiative de la BEAC pour une durée de 7 jours et le guichet B auprès duquel sont refinancés les anciens crédits à moyen terme irrévocables.

    De façon générale, toutes ces réformes monétaires influencent la rentabilité des banques à travers la politique des taux d'intérêt directeurs dont la marge d'intérêt est un déterminant de cette rentabilité. Les banques ont en outre bénéficié d'un encadrement lié à une nouvelle supervision bancaire.

    II.1.2.2. LA COBAC COMME NOUVEAU DISPOSITIF DE SUPERVISION BANCAIRE

    A sa création en 1990, la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC) a été dotée des pouvoirs forts sur les plans administratifs, de réglementation, de contrôle et de sanction. Sur le plan administratif, elle est la seule habilitée à accorder les agréments aussi bien pour l'ouverture que pour la fermeture des banques ; elle donne également un avis sur le récrutement des dirigeants malgré l'approbation définitive qui est faite par le ministre en charge des finances. Elle comprend un organe de décision : la Commission bancaire, présidée par le Gouverneur de la BEAC, et un organe d'exécution, le Secrétariat Général dont le personnel et les moyens sont fournis par la BEAC. Avec son pouvoir réglementaire, la COBAC a toutes les compétences pour définir le plan et les procédures comptables applicables aux établissements de crédit. Ainsi, elle définit les normes prudentielles de gestion qui sont au nombre de cinq : le ratio de fonds propres qui peut être positif, le ratio de solvabilité (minimum 5%), de liquidité (minimum 100%), de transformation à long terme (minimum 50%), de couverture des immobilisations par les ressources permanentes (minimum 100%) (pour plus de détails voir l'annexe 2.1). Elle est également habilitée à établir la liste, la teneur et les délais de transmission des documents et des informations que les assujettis sont tenus de lui adresser.

    Par son pouvoir de contrôle, la COBAC organise et exerce la surveillance sur place et sur pièces des établissements de crédit. Elle est habilitée à diligenter toutes les vérifications décidées par la Commission ou commandées par l'urgence. D'après le pouvoir de sanction, la COBAC est également un organisme juridictionnel et peut intervenir à titre disciplinaire, sans préjudice des sanctions que pourront prendre du même chef les autorités judiciaires nationales. Ainsi, lorsqu' un établissement n' est pas déféré à une injonction ou tenu compte d' une mise en garde ou a enfreint gravement la réglementation, et après que ses dirigeants aient été invités à formuler leurs observations, la COBAC peut prononcer l'une des sanctions suivantes : avertissement, blâme, interdiction d'effectuer certaines opérations ou toute autre limitation dans l'exercice de l'activité bancaire, suspension ou révocation des Commissaires aux comptes, suspension ou démission d'office des dirigeants responsables, retrait d'agrément de l'établissement34(*).

    En outre, il importe de préciser que le concept et le contenu des fonds propres sur lesquels repose l'ensemble des ratios ci-dessus soulevés ont été redéfinis pour se rapprocher des normes fixées par le second Comité de Bâle. Ce second Comité appelé Comité MAC DONOUG distingue les fonds propres réglementaires et les fonds propres économiques35(*). Les fonds propres réglementaires comprennent : les fonds propres de base (capital social+réserves) ; les fonds propres complémentaires (plus value) ; les fonds propres sur complémentaires (emprunts subordonnés). Pour les fonds propres économiques, ils sont définis par chaque établissement de crédit et prennent en compte la nature du crédit afin d'évaluer le type de risques courus. Dans certains pays comme le Cameroun fortement touché par la crise, la situation des ratios prudentiels des huit principales banques commerciales s'est nettement améliorée comme l'indique l'annexe 2.2.

    S'agissant des normes qualitatives, la COBAC a veillé également sur les aspects de la gestion des établissements de crédit en mettant l'accent sur la gestion du capital mesurée par le ratio Capitaux Propres sur Total Actif. Le système automatisé de cotation des établissements de crédit (SYSCO) voit le jour. Il est basé sur une évaluation de la santé individuelle des banques, qui s'appuie sur le calcul des scores et cotes permettant d'apprécier périodiquement la situation de chaque établissement de crédit par rapport au respect des normes réglementaires et des dispositifs de gestion interne. Ainsi, cette gestion a connu depuis le fonctionnement de la COBAC, en 1994, une relative amélioration dans la plupart des pays de la zone comme l'indique le graphique 2.1 ci-dessous.

    Graphique 2.1 : Evolution de la gestion du capital du système bancaire de la CEMAC

    entre 1994 à 2000 (données en milliers de FCFA)

    Source : construction par l'auteur à partir des données de la BEAC, 2002.

    De cette figure se dégage un constat général : la gestion du capital a connu une amélioration significative. Au Gabon par exemple, elle est moyennement supérieure à 200 pour1000. Ceci confirme l'état presque sain du système bancaire gabonais qui avait nécessité seulement 1,3 Mds de FCFA pour besoin de financement. Cependant, un contraste se dégage entre l'évolution de la gestion du capital camerounais et congolais. Certes, le Cameroun avait besoin de 490,4 Mds de FCFA pour reléver son système bancaire et le Congo 16,1Mds de FCFA, mais, cette gestion a connu une évolution positive et remarquable au Cameroun qu'au Congo. Ceci peut s'expliquer par la nature des banques congolaises trop étatiques ; pays marqué par l'instabilité politique et la corruption.

    A côté de la COBAC, la Bourse des Valeurs Mobilières d'Afrique Centrale (BVMAC) a vu le jour. Elle vise à faciliter le financement des économies à long terme à travers les actions et obligations : c'est la projection d'une transformation de ressources en emplois longs. Pour assurer son fonctionnement, la Commission de Surveillance du Marché Financier de l'Afrique Centrale (COSUMAF) fut créée. Mais, il faut noter que ces structures traînent à prendre leur envol du fait peut-être d'un faible degré d'intégration des marchés de la zone. Au cours de la même période, l'Union Monétaire de l'Afrique Centrale (UMAC) et l'Union Economique de l'Afrique Centrale (UEAC) furent créées. Elles reposent, en outre, sur un ensemble de règles de coopération monétaire entre les pays membres. Elle a pour objectif, à travers la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC), de garantir la stabilité intérieure et extérieure de la monnaie. Dans cette institution, le nombre de directions est passé de 9 à 12.

    De façon générale, cet ensemble de réformes a non seulement permis aux économies de la sous-région de renouer avec la croissance, mais aussi a orienté le système bancaire vers une stabilité soutenue malgré son caractère mitigé lié notamment aux résultats enregistrés dans chaque pays.

    SECTION 2. L'HÉRITAGE DES RÉFORMES FINANCIÈRES

    L'objet de cette section est de retracer l'héritage des réformes. Cet héritage est ambivalent : on a d'une part le retour à la stabilité bancaire et d'autre part, l'implication médiocre des banques au processus de croissance.

    II.2.1. UNE STABILITÉ BANCAIRE RETROUVÉE

    La stabilité bancaire est une situation au cours de laquelle le système bancaire est solide. Plusieurs critères permettent de caractériser la stabilité des banques : la solvabilité, la liquidité et la rentabilité. La solvabilité d'un établissement se définit comme sa capacité à assumer les pertes qu'il peut subir, en raison soit de la défaillance de certains de ces clients, soit en raison de pertes consécutives à des évolutions défavorables des marchés. Quant à la liquidité, elle se mesure par la capacité à mobiliser sans délai des avoirs en monnaie centrale pour faire face à ses obligations de règlement ou de constitution de réserves (Thoraval et Duchateau, 2003).

    A la fin de la deuxième vague de restructuration bancaire, un constat général se dégage : les banques sont devenues plus liquides, plus solvables et évidemment plus stables. Deux grands groupes de facteurs sont énumérés pour expliquer la stabilité bancaire retrouvée : les facteurs internes et les facteurs externes.

    II.2.1.1. LES FACTEURS INTERNES DE LA STABILITÉ BANCAIRE

    Ils sont liés notamment à l'évolution des fonds propres, à la maîtrise du risque, au processus de privatisation des banques et au retour à la liquidité.

    En ce qui concerne l'évolution des fonds propres, ceux-ci ont connu une nette augmentation dans la sous-région en général comme l'illustre le graphique 2.2 ci-dessous.

    Graphique 2.2 : Evolution des fonds propres des banques dans la CEMAC

    Source : construction par l'auteur à partir des données de la BEAC, 2002.

    Deux raisons principales expliquent cette évolution. D'une part le retour des capitaux des particuliers après la dévaluation et d'autre part, le respect de normes prudentielles imposées par la COBAC et surtout les sanctions prévues.

    La maîtrise du risque a fait l'objet de plusieurs débats avant son application. Ces débats portaient en majorité sur le niveau minimum de certains ratios (Adam Madji, 1997). Certains avaient estimé que 5% comme solde minimum du ratio de solvabilité était très faible ce qui ne leur donnait pas une manoeuvre assez grande pour octroyer des crédits. D'autres pensaient le contraire. Mais le consensus a été vite trouvé. Il était basé sur l'arrimage aux normes internationales c'est-à-dire 8% d'après Bâle II en 2003. Dans la zone, on est passé de 5,5% en 1996 en moyenne à plus de 10,56% en 2004.

    Le processus de privatisation quant à lui s'est poursuivi et a permis au secteur privé de bénéficier des parts relativement importantes du capital social des banques. Comme précisé ci-dessus, les implications excessives des Etats dans le capital des banques leur conféraient d'énormes pouvoirs. Ce qui leur permettait de s'engager démesurément envers les banques traînant des créances douteuses importantes. En moyenne, le secteur privé détient à ce jour 60,05% du capital des banques. On enregistre même des taux de 74% comme en Guinée Equatoriale et 62,5% en République Centrafricaine.

    Pour ce qui est de la liquidité, le tableau 2.3 ci-dessous donne pour cinq pays de la CEMAC, le ratio de liquidité tel que défini dans le dispositif réglementaire. Ainsi, le constat général fait ressortir un retour à la liquidité qui excède même 100% dans certains pays.

    Tableau 2.3 : Ratio de liquidité des banques pour cinq pays de la CEMAC en fin 2003

    (en %)

    Pays

    1993

    1994

    1995

    1996

    1997

    1998

    1999

    2000

    2001

    2002

    2003

    Tchad

     

    196,3

    221,1

    239,8

    242,4

    303,4

    205,4

    220,4

    280,7

    204,8

    203,9

    Guinée E.

     

    246,7

    265,6

    238,4

    229,9

    186,1

    212,8

    143,8

    272,9

    262,5

    284,1

    Gabon

    117

    167,7

    154,7

    200,5

    135,9

    134,3

    135,6

    140,5

    128,9

    133,5

    183,1

    RCA

    175

    239,9

    204

    207,3

    211

    195,6

    175,6

    181,1

    139,6

    96,45

    100,9

    Cameroun

    46

    116,4

    110,9

    107,9

    141,5

    122

    136,7

    152,7

    178,8

    206,2

    204

    Source : Avom et Eyeffa, 2007, d'après la COBAC, 2003.

    Certes, cette liquidité marque bien l'effet des réformes sur la constitution des actifs, mais décrit aussi une situation de rationnement de crédit qui contraste avec le besoin de financement des économies de la CEMAC.

    D'autres facteurs dits externes ont contribué au renforcement de la stabilité du système bancaire de la CEMAC.

    II.2.1.2. LES FACTEURS EXTERNES DU RENFORCEMENT DE LA STABILITÉ BANCAIRE

    Deux grandes raisons peuvent être énoncées : le retour aux grands équilibres macroéconomiques et la poursuite du processus d'intégration sous régionale.

    Entre 1994 et 2002, les économies de l'Afrique Centrale ont renoué dans leur majorité avec la croissance économique. Le taux de croissance du PIB a considérablement augmenté passant de 11,5% en 1994 en moyenne à 58,2% en 2002. Des politiques intra-pays ont été mises sur pied pour modifier les structures productives. La reprise du développement agricole a permis une contribution plus poussée de ce secteur dans le PIB.

    Avec l'accroissement des exportations, les pays de la CEMAC ont vu leur balance de paiement s'équilibrer passant ainsi d'un déficit en 1994 à un excédent en 2002. Cet équilibre du solde extérieur est aussi un des effets positifs de la dévaluation intervenue dans les six pays de la sous-région. Dans le même mouvement, le ratio solde budgétaire primaire sur PIB s'est nettement amélioré passant de -9,00% en 1990 pour le Cameroun, à 3,2% en 2001 ; de -6,9% à 10,6 pour le Congo ; de -1,7% à 11,8% pour le Gabon et de -2,2 % à 13,4% pour la Guinée Equatoriale (Avom et Gbetckom, 2003). Ceci traduit la réduction de la dette intérieure dans chaque pays. Cet ensemble de facteurs et surtout l'intervention des Etats ont permis un retour de confiance des populations envers les banques. Certaines sont entrées dans leurs fonds jadis perdus augmentant ainsi leur capacité à octroyer les crédits.

    Tous ces résultats ont été obtenus dans le cadre du mécanisme de surveillance multilatérale qui demeure un ensemble de critères de l'intégration économique sous régionale.

    Le processus d'intégration des pays de la CEMAC a véritablement pris corps avec le début des activités de cette Communauté. La zone CEMAC tout comme la zone UEMOA ont d'abord connu une intégration monétaire avant d'entamer le processus d'intégration économique. Or, Balassa (1962) présente les étapes d'une intégration des économies qui demeure un processus graduel : on part de l'économie réelle à l'économie monétaire. Si dans la zone franc en général ce gradualisme n'est pas respecté, c'est sans doute à cause de la spécificité de cette zone qui reste fortement liée aux accords et traités coloniaux (Avom, 2003).

    La volonté politique de promouvoir un système bancaire stable, rentable et surtout engagé dans le financement de la croissance, se manifeste par le truchement continuel des taux directeurs de la Banque Centrale. L'intégration monétaire influence alors la stabilité bancaire en ceci qu'on retrouve les mêmes filiales bancaires dans presque tous les pays de la CEMAC car ceux-ci partagent la même monnaie. Les filiales de City Bank par exemple sont présentes au Cameroun, en Guinée Equatoriale et au Gabon. Le secteur bancaire de la sous-région se voit renforcer dans la mesure où chaque filiale vise comme objectif la réduction des risques, l'évolution des fonds propres, une solvabilité certaine et une rentabilité croissante.

    En somme, les réformes financières ont contribué positivement au retour de la stabilité des banques des pays de la CEMAC. Cependant, au regard des résultats individuels, ces réformes cachent un caractère moins luisant.

    II.2.2. LE CARACTÈRE MITIGÉ DES RÉFORMES FINANCIÈRES SUR LA STABILITÉ BANCAIRE

    Au 31 Décembre 2005, tous les indicateurs macro-financiers présentaient une situation relativement acceptable. Le caractère relatif de cette situation découle du fait que certains pays ont obtenu une stabilité assez rapide de leurs banques que d'autres. Les problèmes liés à l'implémentation et au timing sont de ce fait soulevés. A côté de ceux-ci, les effets des réformes sur le financement de l'économie restent incertains.

    II.2.2.1.LES CAUSES DU MITIGE : L'IMPLÉMENTATION ET LE TIMING DES RÉFORMES

    La mise en oeuvre d'une réforme nécessite le respect d'un canevas qui se déroule en étapes : la définition des objectifs, la mise sur pied des mesures adoptées, le suivi et l'évaluation des résultats obtenus. C'est dans la phase de l'évaluation qu'on peut appliquer des sanctions lorsque les mesures adoptées n'ont pas été respectées.

    En 1990, lorsque les différentes mesures sont adoptées, un engagement total a été relevé par les différents chefs d'Etat des pays de la CEMAC. Mais, puisque la crise avait touché de façon différente ces pays, un nombre d'années relativement long a été constaté avant la mise en oeuvre desdites mesures. Mais de façon générale, c'est en 1994 que la majeure partie des réformes entre en application. Au Cameroun, le processus de privatisation est entamé en janvier 1994, au Gabon en 1995, au Congo en 1998, en République Centrafricaine en 1997 et au Tchad en 1997 (COBAC, 1999). Ceci induit immédiatement un changement dans les résultats attendus. Il est de ce fait relevé un manque de coordination dans la mise en oeuvre des réformes. Cependant, malgré le fait que le Cameroun et la Gabon aient débuté la libéralisation bancaire avant la Guinée Equatoriale et le Tchad, ces derniers ont accéléré ce processus à telle enseigne qu'à nos jours, le secteur privé possède une bonne partie du capital des banques, comme l'illustre le graphique 2.3 ci-dessous.

    Graphique 2.3 : Répartition de la structure du capital par pays

    Source : construit par l'auteur à partir des données de la COBAC, 1999.

    D'autres facteurs peuvent aussi expliquer le retard d'application des mesures adoptées. Les troubles politiques et les multiples guerres sont à l'origine d'un frein de l'activité économique. Le Congo, le Tchad et la République Centrafricaine pour ne citer que ces cas, ont connu récemment des troubles importants36(*). Aussi, le respect des accords avec les différents partenaires bilatéraux et multilatéraux cause un retard dans l'implémentation des mesures souvent adoptées.

    Outre le non respect des délais dans la mise en oeuvre des politiques adoptées, les réformes financières mitigent leur positivité par le fait que les établissements de crédit n'ont pas accru le financement de l'économie.

    II.2.2.2. ILLUSTRATION DU MITIGE : FAIBLE IMPLICATION DES BANQUES DANS LE FINANCEMENT DE L'ÉCONOMIE ET MANQUE DE DIVERSIFICATION DES SERVICES

    Bien que l'objectif visé n'était pas fondamentalement l'accroissement du crédit à l'économie, il n'en demeure pas moins qu'on attendait à l'issue de ces réformes, une implication remarquable des banques dans le financement des différents projets. En tant qu'intermédiaire financier, le rôle premier d'une banque est de collecter l'épargne auprès des agents à capacité de financement et d'octroyer du crédit à ceux à besoin de financement (Pyle 1971, Plihon 1995 et Scialom, 2007). Lorsque ce rôle n'est plus assuré, on assiste à une perte de confiance de la part de la clientèle. Ce qui hypothèque toute vision positive du secteur.

    Les banques de la sous-région CEMAC sont devenues liquides, solvables et stables à l'issue des réformes engagées mais cette stabilité ne sied pas avec le niveau de financement de l'économie. Ainsi, sur le plan quantitatif, le volume du crédit a relativement augmenté (Graphique 2.4).

    Graphique 2.4 : Evolution du crédit en zone CEMAC 1994-2005 (en millions de francs

    CFA)

    Source : construction par l'auteur à partir des données de la BEAC, 2005.

    Mais sur le plan qualitatif, on assiste à une prédominance des crédits à court terme qui représentent 74% des crédits octroyés dans la zone comme l'illustre le graphique 2.5 ci-dessous.

    Graphique 2.5 : Répartition du Crédit en zone CEMAC au 31 Déc. 2005

    Source : construction par l'auteur d'après les données de la BEAC, 2005.

    Cette prépondérance des crédits de court terme renforce la surliquidté des banques de la zone et ne garantit pas des investissements lourds pour favoriser la croissance économique.

    Outre cette situation, le manque de diversification des produits bancaires renforce le mitige des réformes. Dans la zone CEMAC, les banques présentent peu de services tournant autour des dépôts à vue et dépôts à terme et pour les crédits on a les découverts et les crédits à très court terme. Très peu d'établissements pratiquent le crédit bail et les crédits hypothèquaires. La carte bancaire est encore en expérimentation dans quelques établissements de crédit. On assiste aussi à un faible taux de bancarisation qui freine la pénétration de l'industrie bancaire dans les économies.

    Au regard de ceci, il demeure que les réformes financières ont contribué au retour de la stabilité malgré son caractère mitigé du fait de leur implémentation d'une part, et le manque de financement des économies et diversification des produits d'autre part.

    Conclusion

    Adoptées en 1990, les réformes financières de la CEMAC ont porté notamment sur les restructurations bancaires, la nouvelle politique monétaire et un accent sur le dispositif institutionnel. Tout ceci a conduit au retour de la stabilité des banques de la sous-région. On note cependant un caractère quelque peu mitigé desdites réformes.

    Pour ce qui est des vagues de restructuration bancaire, on retient que la première s'est soldée par un échec dû au degré de délabrement des banques et des liquidations mal menées. La seconde a permis de rétablir la stabilité des banques. La nouvelle politique monétaire de la BEAC s'est orientée vers une plus grande autonomie réduisant ainsi les multiples recours des banques auprès d'elle. Il a été créé la COBAC qui joue le rôle de gendarme des banques, les oriente et les oblige à respecter les différents ratios.

    Le retour à la stabilité s'est fait de façon graduelle. Il fallait d'abord augmenter les fonds propres des banques, ensuite maîtriser leur solvabilité et enfin viser une rentabilité certaine. Tout ceci s'est réalisé dans une situation mitigée des réformes. Cette situation est liée notamment à la mise en oeuvre des réformes qui ne respecte pas toujours les canevas, l'horizon temporel et la procédure à suivre. A côté de ce premier constat, le retour à la stabilité des banques n'a pas influencé positivement le financement de l'économie.

    De façon générale, malgré le caractère mitigé des réformes, nous pouvons soutenir au terme de ce chapitre l'hypothèse 1 selon laquelle : l'influence des réformes financières sur la stabilité des banques est positive en zone CEMAC.

    CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

    Après les indépendances, les pays de la Zone Franc en générale et la zone CEMAC en particulier, se sont lancés dans de vastes programmes de développement économique. Au Cameroun par exemple, on a assisté à des plans quinquennaux. La reprise de l'économie après le départ du colon a été une réussite.

    Mais, suite au choc pétrolier et surtout à la baisse des prix des matières premières qu'ont connus ces pays, une grave crise économique s'en est suivie accompagnée d'autres facteurs. Tous les pays de la zone CEMAC ont alors connu une crise sans précédent. Cette crise est fortement ressentie par les banques ; car elles étaient les principales pourvoyeuses des Etats en ressources financières. Les créances impayées se sont accumulées, ce qui a fragilisé les établissements de crédit. Il s'en est suivi une perte de confiance totale de la part des clients. Pour restaurer l'équilibre macro financier, il fallait réformer le système financier. Les réformes financières intervenues en 1990 étaient axées sur trois volets : les secteurs bancaires, monétaires et institutionnels. Elles se sont soldées par un retour à la stabilité des banques, à une nouvelle politique monétaire et à un dispositif de surveillance du système financier sous régional.

    Malgré ces bons résultats, lesdites réformes ont présenté un caractère mitigé lié au mauvais respect des procédures et du temps d'une part, et à la faible implication des banques dans le financement des économies d'autre part.

    En général, il est évident de conclure que les réformes financières des années 90 ont eu un impact positif sur le retour de la stabilité des banques de la sous-région. Si la stabilité a été restaurée dans l'ensemble, il convient à présent d'étudier l'impact des réformes financières sur un point spécifique de cette stabilité : la rentabilité du système bancaire. Ce qui nous conduit à la deuxième partie de cette étude à savoir, l'effet des réformes financières sur la rentabilité bancaire notamment à travers ses déterminants.

    DEUXIEME PARTIE :

    EFFET DES REFORMES FINANCIERES SUR LA RENTABILITE DU SYSTEME BANCAIRE DES PAYS DE LA CEMAC

    INTRODUCTION A LA DEUXIEME PARTIE

    Les réformes financières intervenues dans la zone CEMAC se sont inscrites dans trois secteurs : bancaire, monétaire et institutionnel. Ces réformes ont de façon générale rétabli la stabilité du système bancaire. Une stabilité qui s'observe sur plusieurs aspects : liquidité, solvabilité, profitabilité et respect des normes prudentielles.

    La présente partie se donne pour objectif d'analyser l'influence des réformes financières sur un aspect particulier de la stabilité du système bancaire de la CEMAC : la rentabilité du système. La rentabilité d'un établissement de crédit représente son aptitude à dégager de son exploitation des gains suffisants, après déduction des coûts nécessaires à cette exploitation, pour poursuivre durablement son activité. Elle est issue du processus de transformation au sens large (telles que sur les contreparties, les taux d'intérêt, les devises ou les échéances) mis en oeuvre par les établissements de crédit dans le cadre de leur fonction d'intermédiation. Plusieurs auteurs (Bourke, 1989 ; Molyneux et Thornton, 1992 ; Nouy, 1992 ; Avouyi-Dovi et Boutillier, 1997 ; Tanimoune, 2001 et 2003 ; Yao, 2002 et Mansouri et Afroukh, 2008) ont étudié les instruments d'appréciation de la rentabilité bancaire. Il ressort de leurs études que la rentabilité dépend de trois grandes catégories d'instruments. Une première approche consiste à mettre en évidence les soldes intermédiaires de gestion. Cela permet d'identifier les éléments ayant concouru à l'obtention du résultat final. La seconde approche de mesure de la rentabilité consiste à analyser les coûts, les rendements et les marges. La troisième approche comprend l'ensemble des ratios d'exploitation calculés afin de mettre en évidence les structures d'exploitation (le coefficient de rentabilité (return on equity, ROE) et le coefficient de rendement (return on assets, ROA ou rentabilité des actifs). Cette étude retient comme mesures la rentabilité des actifs et les marges d'intérêt qui, d'après Tanimoune (2001 et 2003), influencent le plus le rendement d'une banque. La rentabilité des actifs marque la profitabilité liée à l'environnement interne de la banque tandis que la marge d'intérêt, la profitabilité liée à son environnement externe.

    Cette partie vise un double objectif : d'une part, il s'agit d'apprécier l'influence des réformes financières sur la rentabilité des actifs et des marges d'intérêt en zone CEMAC et d'autre part, il est question de vérifier la deuxième et la troisième hypothèse de notre étude.

    Deux mouvements principaux constituent alors l'ossature de la partie. Le premier analyse l'impact des réformes financières sur la rentabilité des actifs (Chapitre 3) et le second présente l'influence desdites réformes sur les marges d'intérêt (chapitre 4).

    CHAPITRE III. IMPACT DES RÉFORMES FINANCIÈRES SUR LA RENTABILITÉ DES ACTIFS

    DES BANQUES DE LA SOUS RÉGION

    Introduction

    L'actif est le poste du bilan par lequel une entreprise évalue son patrimoine. Il représente aussi l'emploi des ressources. C'est la richesse plus ou moins liquide de l'entreprise. Considérée comme firme, la banque grâce à son actif, tel que présenté dans le bilan bancaire (cf. Annexe 3.1), retrace sa capacité à générer des bénéfices. De 1985 jusqu'à 1996, les banques de la sous-région ont enregistré des créances douteuses importantes mettant ainsi en péril leur rentabilité et leur stabilité. Il aurait fallu des réformes pour redessiner la carte bancaire de la CEMAC.

    Pour capter l'influence des réformes financières sur la rentabilité des actifs, deux approches au choix peuvent être utilisées. La première s'inscrit dans un modèle de durée (Bentahar, 2002 et Djelassi, 2004) qui demeure statique, et porte sur l'introduction d'une variable muette prenant la valeur 0 avant les réformes et 1 après les réformes. La deuxième consiste à estimer deux modèles : un modèle pré-réforme et l'autre post-réforme. Dans cette étude, cette seconde approche dite dynamique, sera considérée puisqu'elle nous permet d'analyser de façon exacte l'apport des réformes ; ceci grâce à l'évolution des coefficients. Ce chapitre nous permettra d'affirmer ou d'infirmer l'hypothèse 2 selon laquelle, les réformes financières améliorent la rentabilité des actifs. Ainsi, après avoir passé en revue un aperçu théorique sur la rentabilité des actifs (section 1), il sera important d'analyser les validations empiriques qui se serviront des résultats pré et post-réformes (section 2).

    SECTION 1. APERÇU THÉORIQUE SUR LA RENTABILITÉ DES ACTIFS

    Cet aperçu retrace les fondements théoriques c'est-à-dire, les travaux pionniers et leur prolongement et les résultats empiriques existants dans la littérature.

    III.1.1. LES FONDEMENTS THÉORIQUES

    Pour mieux comprendre la rentabilité des actifs des banques de la CEMAC, il convient au préalable de faire un retour sur les travaux traditionnels menés sur cette mesure de la rentabilité bancaire. Et par la suite quelques prolongements seront abordés.

    III.1.1.1. Les travaux pionniers sur la rentabilité des actifs

    Encore appelée coefficient de rendement, la rentabilité des actifs bancaires est un ratio qui exprime de façon globale la profitabilité des biens de la banque (Yao, 2002). Les premières études économiques et formalisées sur cette mesure remontent en 1989, notamment avec l'article novateur de Bourke intitulé : "Concentration and other determinants of bank profitability in Europe, North America and Australia", publié dans Journal of Banking and Finance. Dans cet article, Bourke crée une rupture avec la conception schématique de la rentabilité bancaire qui était basée sur le paradigme SCP (Structure-Comportement-Performance) emprunté à l'économie industrielle et abondamment utilisé par Short (1979), Gilbert (1984) et Clark (1986). Selon ceux-ci, la rentabilité dépend de la structure du marché ou taille du marché, de la nature des banques et leur mode de fonctionnement et de la profitabilité qui était basée sur le rendement des fonds propres. Cette approche était plus comptable et n'incluait pas les variables financières ni macroéconomiques.

    Pour définir de façon économique la rentabilité des actifs, Bourke se sert de la conception traditionnelle de la banque. Cette conception décrit la banque comme un intermédiaire financier dont la fonction traditionnelle est la collecte des dépôts et l'octroi du crédit. Ainsi, selon Bourke, la rentabilité est l'augmentation du profit bancaire liée à sa capacité à faire face à la concentration du marché.

    Cependant, la modélisation de Bourke prendra un aspect microéconomique traduisant l'influence de la concentration sur les banques prises de façon individuelle.

    L'étude menée par Bourke sera prolongée et enrichie par des travaux récents.

    III.1.1.2. LES PROLONGEMENTS ET LES TRAVAUX RÉCENTS

    A la suite des travaux de Bourke, deux groupes d'auteurs se constituent. Les premiers s'inscrivent dans la continuité de l'analyse « Bourkienne » et les seconds introduisent de nouvelles variables pour décrire la rentabilité des actifs.

    Pour ce qui est du premier groupe, on retrouve Molyneux et Thornton, 1992 ; Nouy, 1992 ; Molyneux et Forbes, 1995 et Avouyi-Dovi et Boutillier (1997). Leur principal apport vient de la description de la rentabilité des actifs. Pour ceux-ci, la rentabilité des actifs est une mesure caractérisée par un ratio qui présente au numérateur la valeur nette du résultat traduit par la dépréciation dans le temps de la valeur de l'actif et au dénominateur la valeur brute de l'actif ayant trait à la somme des biens investis. Le prolongement se situe dans le fait que Bourke (1989) considérait la rentabilité comme un gain c'est-à-dire une marge des exploitations (produit d'exploitation et charges d'exploitation). Cette conception n'intégrait pas tous les éléments de l'actif bancaire et ne mesurait pas son comportement dans le temps.

    Cet ajout considérable a suscité de nouvelles idées et un second groupe d'auteurs essaie alors de redéfinir le concept. On peut citer Demerguç-Kunt et Huizinga (2001), Tanimoune (2001 et 2003), Yao (2002), Nembot et Ningaye (2007) et Mansouri et Afroukh (2008). Ceux-ci donnent une nouvelle connotation à la rentabilité des actifs qui introduirait les variables macroéconomiques telles que le PIB, l'inflation et la masse monétaire. Cette introduction s'appuie sur l'idée selon laquelle le système bancaire dans un pays intègre toute la structure de l'économie et peut être influencé par l'évolution de la croissance économique, la variation des prix et même de la quantité de monnaie en circulation. Grâce à cette nouvelle explication, la mesure de la rentabilité des actifs s'affine et devient plus globale.

    Cette évolution théorique s'est aussi traduite dans certains travaux empiriques.

    III.1.2. LES RÉSULTATS EMPIRIQUES EXISTANTS SUR LA RENTABILITÉ DES ACTIFS

    Avant d'élaborer l'analyse empirique de notre étude, il convient d'élucider les travaux empiriques existants car, plusieurs études ont été effectuées dans le monde et même en Afrique sur la rentabilité des actifs bancaires.

    III.1.2.1. LES RÉSULTATS DANS LE MONDE

    Une première étude a été réalisée par Bourke en 1989 pour apprécier les facteurs qui influencent la performance des banques commerciales en Europe, en Amérique du Nord et en Australie. Son échantillon est constitué de 90 banques et l'étude a porté sur une durée de dix ans (1972-1981). Bourke aboutit à la conclusion selon laquelle le rendement des actifs est influencé positivement par la structure du marché, l'évolution des fonds propres et la taille de la banque. Une méthodologie identique à celle de Bourke a été utilisée par Molyneux et Thornton (1992) pour déterminer la profitabilité des banques européennes. L'étude a porté sur les banques de 18 pays européens pour la période 1986-1989. L'accent ici est mis sur le phénomène de concentration qui diminue le rendement des actifs. La particularité de leur étude demeure dans la mesure de la variable (rentabilité des actifs).

    Arshadi et Lawrence (2000) ont analysé sur la base des données collectées, le comportement de la performance de nouvelles banques installées en Amérique Latine notamment en Argentine, Mexique, Brésil et Paraguay après la crise bancaire des années 1997-1998. Ils ont utilisé une analyse de type corrélation pour tester la relation entre la mesure de performance et une série de variables financières endogènes. Quatre mesures de performance ont été utilisées. Il s'agit : du taux de rendement qui est le rapport bénéfice net/total actif, du ratio intérêts reçus sur prêts/total des prêts, du ratio intérêts payés sur dépôts/total des dépôts à terme + dépôts d'épargne et du total des crédits des banques de l'échantillon/total des crédits à l'économie. Ils parviennent à la conclusion selon laquelle le coût des opérations bancaires, la taille des banques et la structure des crédits bancaires sont des variables qui expliquent mieux la performance des banques. La principale limite de cette étude reste son caractère statique qui est lié à la nature même des corrélations.

    La contribution de Yusuf (1994) porte sur l'étude de la performance des banques commerciales au Bahrain. Il utilise à cet effet un échantillon de 6 banques. La période d'étude est de 7 ans (1984-1991). Grâce à la technique des données de panel, il totalise à cet effet 42 observations. Son étude se fait à travers deux modèles de régression avec les deux variables expliquées suivantes : le rendement sur l'actif (ROA) et le rendement sur le Capital (ROE). L'idée est originale car elle permet de différencier les bénéfices produits par l'actif bancaire et ceux produits par le passif. Il aboutit aux mêmes résultats que ses prédécesseurs mais l'ajout de la rentabilité des capitaux renforce l'étude de la stabilité bancaire.

    De façon générale, le contour des travaux empiriques effectués dans le monde retrace la spécificité des pays et des continents ; il convient à présent de jeter un regard sur l'Afrique en général et la zone CEMAC en particulier.

    III.1.2.2. LES ÉTUDES EN AFRIQUE ET DANS LA ZONE CEMAC

    L'Afrique n'est pas restée en marge face à l'étude de la rentabilité bancaire. Certes, il faut souligner que les analyses liées à cette mesure se sont approfondies dans les domaines comptables et de gestion avec notamment les aspects de la performance bancaire. Sur le plan économique, il est reconnu à Tanimoune (2001) dans un article ayant pour titre « Les déterminants de la productivité des banques dans l'UEMOA », paru dans le Document de recherche du Laboratoire d'Economie de l'Université d'Orléans, d'être parmi les pionniers à aborder la question.

    Cet auteur capte la rentabilité bancaire selon deux dimensions : la marge nette d'intermédiation dont le synonyme est la rentabilité des actifs et la marge nette d'intermédiation élargie qui mesure les marges d'intérêt. Il travaille sur 7 des 9 pays que compte la zone UEMOA (Benin ; Burkina-Faso ; Cote d'ivoire ; Mali ; Niger ; Sénégal et Togo). Ses variables explicatives sont entre autres : le ratio crédit à la clientèle sur total actif des bilans bancaires ; le ratio dépôts à la clientèle sur total actif ; le ratio frais généraux sur le total de l'actif ; le ratio créances douteuses sur le total actif ; le PIB et l'inflation. Il trouve une influence positive des frais généraux et négative pour toutes les autres variables.

    Mansouri et Afroukh (2008) ont orienté leurs travaux sur les déterminants de la rentabilité des banques au Maroc. Ils considèrent deux mesures de la rentabilité bancaire : la rentabilité des actifs et les marges d'intérêt. Ils jaugent le profit bancaire à travers des variables managériale, macro financière et macroéconomique. Les variables managériales (charges d'exploitation bancaire, crédits bancaires, taille de la banque et capitaux propres) dans leur majorité influencent de façon positive la profitabilité des banques. Sauf la taille de la banque qui a tendance à amenuiser la rentabilité bancaire. Parmi les variables macro financières, la concentration et l'évolution du marché financier ont un impact positif sur la rentabilité des actifs. L'inflation et la croissance économique (variables macroéconomiques) favorisent la rentabilité bancaire. Selon ces auteurs, la croissance économique accroît la profitabilité des établissements de crédit à cause de l'augmentation des crédits qui elle-même influence positivement les profits des banques. Cette expérience des banques marocaines décrit en général le comportement des systèmes bancaires des pays du Maghreb.

    En Afrique Centrale, la seule étude à la limite de nos lectures a été réalisée par Nembot et Ningaye (2007). Ceux-ci ont capté l'influence des réformes financières sur la rentabilité du système bancaire des pays de la CEMAC. Ils prennent en considération une seule mesure de la profitabilité bancaire : la rentabilité des actifs. Ils utilisent 7 variables explicatives (l'indice de concentration ; l'indice de risque ; la structure du capital ; la gestion du capital ; le différentiel d'intérêt ; la dépréciation des crédits et une variable dummy). Ces deux auteurs se situent dans une dimension statique des réformes et aboutissent aux principaux résultats suivants : la concentration bancaire en zone CEMAC réduit le taux de rentabilité des actifs d'où l'encouragement du processus de concurrence qui viendrait alors retourner la tendance. Les autres variables gardent un caractère positif avec la rentabilité des actifs malgré la différence enregistrée dans le degré de significativité.

    La présente étude prolonge les travaux d'Ary Tanimoune (2001), Mansouri et Afroukh (2008) et surtout de Nembot et Ningaye (2007). Elle prend en compte les trois catégories des variables de la rentabilité bancaire : variables managériales, macro financières et macroéconomiques et analyse l'influence des réformes financières sur un plan dynamique.

    Pour mener à bien notre analyse, il importe à présent de vérifier empiriquement notre hypothèse.

    SECTION 2. VALIDATIONS EMPIRIQUES

    Avant de passer à l'estimation du modèle, nous présentons au préalable les principales approches empiriques.

    III.2.1. LES PRINCIPALES APPROCHES EMPIRIQUES

    La littérature économique et les travaux empiriques nous orientent vers deux principales méthodes pour mettre en évidence la rentabilité des actifs : la description schématique (le paradigme SCP) et le modèle économétrique.

    III.2.1.1. LA DESCRIPTION SCHÉMATIQUE : LE PARADIGME STRUCTURE-COMPORTEMENT-

    Performance

    L'analyse de la rentabilité bancaire s'assimile à l'étude de la performance de la firme bancaire qui vise comme objectif la maximisation du profit. Celle-ci s'appuie sur les gains des parts de marchés qui éloignent un peu la concurrence. L'approfondissement de l'analyse se fait à travers l'étude du paradigme Structure-Comportement-Performance (paradigme SCP), emprunté à l'économie industrielle et qui sert de base et de repère.

    Bain (1951) dans un article pionnier présente ce paradigme. Il est fondé sur une hypothèse forte : le taux de profit moyen des secteurs industriels est statistiquement et positivement corrélé avec leur degré de concentration. La concentration se définit comme une opération de regroupement de plusieurs entreprises s'appuyant sur une logique industrielle, commerciale ou financière, afin de constituer de grands groupes ou des firmes par prise de contrôle des stades successifs d'une filière (concentration verticale ou intégration), par association d'entreprises fabriquant le même service (concentration horizontale) ou par association d'entreprises dans des métiers divers (concentration conglomérale). Le paradigme SCP s'appuie sur certaines conditions de base avant d'élucider son mécanisme de fonctionnement selon la chaîne Structure du marché-Comportement des firmes-Performance des firmes et du secteur.

    Les conditions de base sont fonction de la demande et de l'offre. La demande des biens doit prendre en compte l'élasticité-prix, les possibilités de substitution, le taux de croissance et les conditions de commercialisation (commandes groupées, ...). L'offre dépendra de la technologie, des matières premières, de la durée de vie des produits et de la structure des coûts (économies d'échelle, d'envergure, ...). Le graphique 3.1 ci-dessous présente l'interaction entre les différents éléments du modèle.

    Conditions de base

    Demande : Elasticité-prix ; Possibilités de substitution ; Taux de croissance ...

    Offre : Technologie ; Matières premières ; Durée de vie des produits ; économies d'échelle...

    Graphique 3.1 : Description et cheminement du paradigme SCP

    Structure

    Nombre d'acheteurs et de vendeurs ; Barrières à l'entrée ; Différenciation des produits...

    Intégration verticale ;...

    Politique publique

    Réglementation (barrières à l'entrée légales,...) ; Taxes et subventions ; Politique macroéconomique...

    Comportement

    Fixation des prix et des quantités ; Publicité ; Croissance interne (R&D /investissements) Croissance externe...

    Performances

    Prix ; Profit et Marge prix-coûts ;

    Efficience de la production ;

    Qualité ; Progrès technique ...

    Source : construction par l'auteur à partir de Bain (1951).

    Ce modèle poursuit comme finalité la performance des firmes tout en précisant leur degré de concentration. Mann (1966) montre que la performance d'une firme dépend de deux indicateurs principaux. D'une part, on a le taux de rendement qui est fonction du profit économique obtenu en différenciant le Chiffre d'Affaire, des Fonds Propres, de la Dotation aux Amortissements et du Coût du Capital. Et d'autre part, la marge sur coût qui nécessite une évaluation du coût marginal de production via l'indice de Lerner. La recherche de la performance doit se faire dans une situation de concentration maîtrisée. La concentration est fonction des déterminants technologiques de la fusion-acquisition et des barrières à l'entrée. Les déterminants technologiques traduisent la capacité productive de la firme. Tirole (1987) approfondit l'analyse du modèle en développant le monopole et appuyant le calcul des indices. A travers l'Indice d'Herfindhal-Hirschman37(*) (IHH), on démontre qu'en situation de forte concentration, les firmes réalisent une rentabilité importante car elles deviennent de plus en plus performantes et évoluent en recherche développement. C'est avec BOURKE (1989) que la concentration fut pour la première fois expérimentée dans le système bancaire. Ce dernier lie la concentration aux autres déterminants de la profitabilité bancaire.

    Malgré les avantages tirés du paradigme SCP dans l'analyse de la performance des firmes, quelques critiques peuvent être soulevées.

    En 1968, la New Empirical Industrial Organization (NEIO) adresse deux critiques majeures au courant SCP :

    - la marge prix - coût ne peut être directement observée via les données comptables sur les firmes et les secteurs. La NEIO fait l'impasse sur toutes les données comptables fournies par les firmes ;

    - les analyses inter-industrielles sont peu pertinentes dans la mesure où le paradigme SCP néglige trop les spécificités institutionnelles de chaque secteur.

    Pour pallier à ces difficultés, la NEIO propose des analyses mono-industrie dans lesquelles le pouvoir de marché est mesuré par la marge prix - coût (Indice de Lerner).

    Quoique présentant ces irrégularités, le paradigme SCP est toujours utilisé par les auteurs pour analyser la rentabilité des banques. Comme présenté ci-dessus, ce paradigme demeure très schématique et se prête moins aux tests économétriques. C'est la raison pour laquelle il est nécessaire de chercher un modèle économétrique.

    III.2.1.2. AU-DELÀ DU MODÈLE SCHÉMATIQUE : LE MODÈLE ÉCONOMÉTRIQUE (CHOIX ET JUSTIFICATION DES VARIABLES, SOURCE DE DONNÉES, HORIZON TEMPOREL ET SPÉCIFICATION DU MODÈLE)

    Pour ce qui est du choix des variables et de leur justification, nous nous inspirons des déterminants de la rentabilité des actifs bancaires développés par Molyneux et Thornton (1992), Demirguç-Kunt et Huizinga (1999), Tanimoune (2001et 2003), Yao(2002), Nembot et Ningaye (2007) et Mansouri et Afroukh (2008).

    - La rentabilité des actifs (ROA) apparaît comme variable expliquée. Elle est mesurée par le ratio résultat net sur total actif. Cet indicateur fait ressortir le profit bancaire.

    - Les variables explicatives reflètent les points sur lesquels s'étaient accentuées les réformes et qui peuvent influencer la rentabilité bancaire des pays de la zone : structure du capital, privatisations, maîtrise du risque bancaire, le problème de la concurrence des banques, la faible représentation des banques nationales entre autres réformes. Ces variables peuvent être classées en trois groupes : déterminants managériaux, déterminants macroéconomiques et macro financiers.

    Ainsi nous avons comme :

    1-variables managériales,

    - la structure du capital social (SCAPITAL) mesurée par la proportion du capital social détenue par le secteur privé. Elle symbolise le processus de privatisation bancaire dans la sous-région ;

    - la gestion du capital (CAPAST) mesurée par le ratio total des capitaux propres sur actif total qui, d'après Demirguç-Kunt et Huizinga (1999), traduit le développement interne de la banque. En zone CEMAC, cette variable reste capitale car elle permet de montrer si la qualité de gérer le capital influence la rentabilité ;

    - la proportion des crédits bancaires dans l'actif (PROCRE) captée par le ratio crédit sur total actif ; il capte la fragilité de la banque et la contribution des crédits dans l'accroissement de l'actif ;

    - le ratio des dépenses d'exploitation (RADEP) mesuré par le ratio charges générales sur total actif ; ces dépenses traduisent la mise en valeur des ressources de la banque ;

    2- variables macro financières,

    - l'indice de risque (RISQ) est mesuré par le ratio total des crédits sur total des dépôts. Il est utilisé comme le proxy du risque bancaire (Civelek et Al-Alami, 1991 ; Talom, 2004) son intégration renvoie à l'instabilité dans le système bancaire;

    - la taille du secteur bancaire (ACTPIB) qui est mesurée par le ratio total actif du secteur bancaire sur PIB. Plus cette taille est importante, plus les banques contribuent à la croissance ;

    - l'indice de concentration (CR). Il s'agit de calculer pour le système bancaire de chaque pays un indice de concentration pour les banques qui dominent l'activité d'intermédiation. Ce qui favorise les économies d'échelle et l'efficacité des banques (Berger, Humphrey et Smith, 1993). C'est le rapport entre les dépôts des banques considérées et l'ensemble des dépôts du système bancaire proxy de l'Indice d' Herfindahl-Hirschmann (IHH). Il permet de mesurer le pouvoir de monopole dans l'industrie bancaire ;

    3-variables macroéconomiques,

    - la croissance économique a été l'un des points importants des réformes. Puisqu' au cours de cette période, le PIB de la sous-région était très bas. Elle est mesurée par le logarithme du PIB réel par tête (LOGPIB). On cherche à capter l'apport de cette variable dans la rentabilité des actifs ;

    - l'inflation a ébranlé la croissance économique pendant plusieurs décennies en zone CEMAC. Elle est captée par le taux d'inflation (INF). Mais depuis 1996, l'inflation a nettement diminué faisant de la zone CEMAC un modèle en matière de maîtrise d'inflation ;

    - la masse monétaire au sens de M2 a aussi influencé la rentabilité des actifs des banques de la sous-région au cours des réformes. Le logarithme de ses variables sera ainsi pris en compte (LOGM2).

    Ayant présenté ces variables, nous utiliserons les bases de données de la BEAC (contenues dans Data indicator 2005) et de la COBAC (tirées des différents rapports d'activité) afin d'estimer le modèle. La période d'étude s'étend sur 16 ans (1990-2005) avec une rupture en 1994. Cette séparation tire sa justification du fait que c'est en 1994 que les réformes adoptées lors du conseil d'administration de la BEAC du 16 octobre 1990 ont été mises en oeuvre. Cette date a aussi marqué la période de la dévaluation du franc CFA qui a nécessairement impacté dans les économies de la CEMAC, en rétablissant dans leur majorité leur balance de paiement, mais en réduisant le pouvoir d'achat des ménages. Enfin, cette période a marqué le renforcement des PAS qui devaient entamer une phase décisive : baisse des salaires, privatisation et réduction du nombre de travailleurs de la fonction publique.

    En nous servant des variables décrites, le modèle prend la forme suivante :

    ROAit = â0 + â1it SCAPITALit + â2it CAPASTit + â3it PROCREit + â4it RADEP it + â5it RISQit + â6it ACTPIBit+ â7it CRit + â8it LOGPIBit+ â9it INFit + â10it LOGM2 it +u it. (1)

    A l'issue de cette spécification, il convient à présent d'estimer le modèle et d'analyser les résultats.

    III.2.2. Estimations et analyse des résultats

    La finalité d'une démarche empirique tient sur deux facteurs : l'estimation du modèle mais surtout l'analyse des résultats ou leur commentaire. Cette phase aboutit à la validation ou à l'infirmation de l'hypothèse de départ. Cette étude retient comme méthode d'estimation, la technique des données de panel et s'inscrit dans une logique dynamique des réformes en estimant deux modèles, un avant les réformes et un autre après.

    III.2.2.1. Méthode d'estimation : la technique des données de panel et les tests nécessaires

    L'estimation du modèle (1) se fait à travers la technique des données de panel. Les données de panel offrent ainsi un avantage incontournable parce qu'elles prennent en compte au moins deux dimensions, spatiale et temporelle. Ainsi, on fixe un individu observé qui peut être un pays de la CEMAC, on obtient la série chronologique ou coupe longitudinale le concernant. Si c'est la période examinée qui est fixée, on obtient une coupe transversale ou instantanée pour l'ensemble des individus. Grâce à une équation économétrique de type Y= a + b X + c Z+ å, cette relation prend la forme Yit = a + b Xit + c Zit + åit. pour l'observation it, c'est-à-dire l'individu i à la période t. La modélisation particulière porte uniquement sur la spécification des aléas åit. La forme de base s'écrit simplement : åit = ui + vt + wit, où ui désigne un terme constant au cours du temps, ne dépendant que de l'individu i ; vt un terme ne dépendant que de la période t et wit un terme aléatoire croisé. La suite qui résume les techniques d'estimation dépend des hypothèses retenues quant aux composantes ui, vt et wit et à leur relation.

    Tout d'abord, une méthode simple peut être utilisée en appliquant directement les M.C.O. sur les données empilées (Pooled Least Squares), sans se préoccuper de leur nature ni de celle de l'aléa. Ensuite, les modèles à effets fixes (fixed effects) qui supposent que ui, et vt sont des effets constants non aléatoires, qui viennent donc simplement modifier la valeur de l'ordonner de l'équation selon les valeurs de i et de t. Ce modèle ressort la variabilité intra-individuelle (estimateur within). Si on suppose que les perturbations aléatoires croisées wit satisfont aux hypothèses classiques des M.C.O. c'est-à-dire centrées, homoscédastiques, indépendantes, et normales, les estimations sont optimales. Enfin, il peut être important d'estimer un modèle à effets aléatoires encore appelé modèle à erreur composée, qui suppose les ui et vt aléatoires. Dans ce modèle, l'hypothèse nulle est la non corrélation entre les termes d'erreur et les variables explicatives. On aboutit à une variabilité inter-individuelle (estimateur between).

    Le test qui permet de sélectionner le modèle est celui de Hausman. Ce test est fondé sur l'hypothèse de non corrélation entre les termes d'erreur et les variables explicatives (hypothèse du modèle à effets aléatoires). Si la probabilité du test est supérieure à un seuil de 5% préalablement choisi et bien justifié, alors on conclut au non rejet de l'hypothèse nulle, prendre ainsi le modèle à effets aléatoires.

    Après avoir présenté cette technique, il est utile d'estimer les modèles, de présenter les résultats et de les commenter.

    III.2.2.2. RÉSULTATS PRÉ ET POST-RÉFORMES ET LES COMMENTAIRES

    Comme précisé ci-dessus, deux périodes constituent l'horizon temporel : une avant la mise en oeuvre des réformes (1990-1994) et l'autre après (1995-2005). Au regard du nombre d'années assez réduit, il était opportun d'obtenir les données trimestrielles, ce qui a considérablement augmenté le nombre d'observations et permis une bonne estimation. Il est judicieux de noter que le prolongement de l'étude en 2005 est un apport considérable. Car, les derniers travaux sur le thème effectués par Nembot et Ningaye (2007) se sont limités en 2000. Nous vérifierons aussi si leurs résultats sont restés immuables. A côté de cet aspect, l'ajout des variables macroéconomiques demeure aussi un point non négligeable de l'étude. En introduisant le PIB réel par tête, le taux d'inflation et la masse monétaire, l'étude veut capter leur influence sur la rentabilité des actifs au cours de la période.

    La première estimation plus détaillée considère la période pré-réforme (1990-1994). La deuxième se consacrera à la période post-réforme.

    Ainsi, le modèle (1) est d'abord estimé suivant l'hypothèse de l'uniformité de comportement dans le temps et parmi les pays. Cela revient à supposer que les coefficients du modèle sont invariants dans le temps et sont identiques entre les pays. On estime le modèle par la méthode des moindres carrés ordinaires (MCO). En faisant l'hypothèse que l'erreur est identique et suit la loi normale N (0, ó). Les résultats des différentes estimations de la période pré-réforme (Annexes 3.2) à l'aide du logiciel STATA dans sa version 9, sont assez proches. Le test de Fisher indique que le modèle est globalement significatif jusqu'au seuil de 1% (Prob > F = 0.0000). La qualité de l'ajustement est bonne puisque le modèle explique 46,08% de la variance totale (R2= 0,4608). La spécification du modèle ci-dessus implique que des effets individuels décrivant la rentabilité des systèmes bancaires des pays de la CEMAC peuvent être retenus. Il convient alors d'estimer un modèle à effets fixes de manière à étudier l'hétérogénéité entre les pays. La préoccupation à ce niveau est celle de savoir si les effets propres aux pays sont significativement différents. En d'autres termes, l'hypothèse d'hétérogénéité entre pays pour ce qui est du taux de rentabilité des actifs est-elle validée ? Pour vérifier cette hypothèse, on effectue le test de Fisher construit de la manière suivante : sous l'hypothèse d'homogénéité des pays (Ho : â1=â2=...=â10), le modèle estimé correspond au modèle à effets communs tandis que sous l'hypothèse de présence d'hétérogénéité (H1 : ? i, ? j âi?âj), le modèle estimé est le modèle à effets individuels. Le logiciel STATA procède directement à la mise en oeuvre du test de Fisher lors de l'estimation du modèle à effets fixes. L'effet individuel âi est considéré sous la forme â i= â0+ u-i ; le test de l'homogénéité des pays revient donc à poser comme hypothèse nulle que tous les u-i sont nuls. La lecture du test de Fisher donné ci-dessus conduit à accepter l'hypothèse que tous les u-i sont nuls (F (5,104)=1,03 et Prob> F= 0,4066). Il semble donc qu'il n'existe pas entre les 6 pays de la CEMAC des effets individuels propres à chaque pays et qui expliquent son taux de rentabilité bancaire.

    Puisque l'effet spécifique déterministe symbolisé par des valeurs constantes propres à chaque pays n'est pas avéré, il pourrait paraître plus naturel de traiter cet effet comme un effet aléatoire et non déterministe.

    Pour introduire dans l'analyse l'effet spécifique comme un effet aléatoire, on considère que l'erreur ou résidu uit est composé de deux éléments : ái et åit ; le premier représente l'effet individuel, rendant compte de l'influence sur le taux de rentabilité des variables non prises en compte, dès lors que celles-ci sont stables dans le temps ; le second représente l'influence des autres variables omises variant aussi dans le temps d'un pays à l'autre. On teste la corrélation entre les ái et les variables explicatives. Le résultat du test donne Prob > chi2= 0,0000 <0,05 d'où le rejet de l'hypothèse nulle. Ce qui implique une corrélation entre les effets individuels et les variables explicatives. Le test de hausman indique de choisir le modèle à effets aléatoires comme modèle des différentes estimations car sa p-value Prob>chi2 = 0.8822 > 0,05. Ainsi, le tableau 3.1 donne les résultats de l'estimation du modèle à effets aléatoires.

    Tableau 3.1 : Estimation de la rentabilité des actifs avant les réformes

    roa

    coef

    Std.Err

    Z

    P>z

    (95% Conf. Interval)

    scapital

    capast

    procre

    radep

    risq

    cr

    actpib

    logpib

    inf

    log_m2

    cons

    -0,2380691

    -22,22829

    -115,9846**

    -60,46856**

    21,06146**

    -54,22981**

    -35,66707**

    6,686616**

    -3,840062**

    -5,36804***

    148,4328

    0,29918

    20,6962

    28,9781

    30,7547

    10,5203

    24,5321

    14,0715

    3,29096

    1,60027

    2,77046

    88,3992

    -0,80

    -1,07

    -4,00

    -1,97

    -2,00

    -2,21

    -2,53

    2,03

    -2,40

    -1,94

    1,8

    0,426

    0,283

    0,012

    0,049

    0,045

    0,027

    0,011

    0,042

    0,016

    0,053

    0,093

    -0,8244512 0,3483131

    -62,79207 18,33549

    -172,7807 '-59,18846

    -120,7467 -0,1903741

    -41,68083 -0,4420927

    -102,3118 -6,147849

    -63,24672 -8,0887423

    0,2364584 13,13677

    -6,976537 -0,7035875

    -10,79802 -0'061911

    -24,82632 0,0619711

    sigma_u

    sigma_e

    rho

    0

    27,39809

    0

    (fraction of variance due to u-i)

    * : Significativité à 1% ; ** : Significativité à 5% ; *** : Significativité à 10% 

    Source : construction par l'auteur à partir de l'estimation sur STATA 9.

    Les analyses et les commentaires de ces résultats se feront de façon groupée après avoir estimé le modèle après les réformes qui adoptent la même procédure et dont les résultats sont contenus dans le tableau 3.2 suivant.

    Tableau 3.2 : Estimation de la rentabilité des actifs après les réformes

    roa

    coef

    Std.Err

    z

    P>z

    (95% Conf. Interval)

    scapital

    capast

    procre

    radep

    risq

    cr

    actpib

    logpib

    inf

    log_m2

    cons

    1,847205*

    -38,94031***

    -52,30694*

    -12,81005**

    3,490551*

    50,37204

    -1312158***

    -23,2738*

    -2,749548**

    -1,694293

    626,2015

    0,39437

    20,3081

    13,4031

    5,15527

    3,05811

    44,6784

    7,88941

    7,03556

    1,07585

    1,87837

    168,349

    4,68

    -1,92

    -3,90

    -2,48

    -1,14

    1,13

    -1,66

    -3,31

    -2,56

    -0,90

    3,72

    0,000

    0,055

    0,000

    0,013

    0,005

    0,260

    0,096

    0,001

    0,011

    0,367

    0,000

    1,07425 2,62016

    -78,74338 0,8627597

    -78,57656 -26,03732

    -22,91419 -2,705917

    -9,484338 -2,503235

    -37,19605 137,9401

    -28,58453 2,341379

    -37,06324 -9,48436

    -4,858178 -0,6409184

    -5,375833 1,987247

    296,2431 956,1599

    sigma_u

    0

     
     
     
     

    sigma_e

    51,20272

     
     
     
     

    rho

    0

    (fraction of variance due to u-i)

    * : Significativité à 1% ; ** : Significativité à 5% ; *** : Significativité à 10% 

    Source : construction par l'auteur à partir de l'estimation sur STATA 9.

    Pour mieux analyser les résultats, il est nécessaire de regrouper les estimations dans un tableau de synthèse.

    Tableau 3.3 : Synthèse des résultats des deux sous-périodes

    roa

    1990-1994

    1995-2005

    Observations

    scapital

    capast

    procre

    radep

    risq

    cr

    actpib

    logpib

    inf

    log_m2

    cons

    -0,2380691

    -22,22829

    -115,9846**

    -60,46856**

    21,06146**

    -54,22981**

    -35,66707**

    6,686616**

    -3,840062***

    -5,368024

    148,4328

    1,847205*

    -38,94031***

    52,30694*

    -12,81005**

    3,490551*

    50,37204***

    -13,12158

    -23,2738*

    -2,749548*

    -1,694293

    626,2015

    accroissement >200%

    diminution de 75,18%

    accroissement de 54,90%

    accroissement de 78,81%

    diminution de 83,42%

    accroissement de 78,81%

    accroissement de 192,88%

    diminution >100%

    accroissement de 28,39%

    accroissement de 68,43%

    * : Significativité à 1% ; ** : Significativité à 5% ; *** : Significativité à 10% 

    Source : construction par l'auteur à partir des tableaux 3.1 et 3.2.

    Ce tableau appelle deux commentaires : un sur l'aspect général et l'autre sur la variation des déterminants.

    - Le constat global qui se dégage de nos résultats soulève une influence positive des réformes financières sur la rentabilité des actifs du système bancaire des pays de la CEMAC.

    En effet, le taux de rentabilité moyen de l'ensemble des 6 pays est passé de 26,7% à 70,8% entre les deux périodes. L'explication donnée à ce constat est fondée sur le respect des normes prudentielles en vigueur. Celles-ci soutiennent l'augmentation des fonds propres, la maîtrise du risque bancaire, la solvabilité et la liquidité des banques. Pour affiner l'analyse, nous procédons à une étude théorique et empirique des déterminants pris de façon individuelle.

    - Le comportement spécifique des variables au cours des deux périodes s'appuie sur la théorie économique. Ainsi :

    - la structure du capital (scaptal) réduisait la rentabilité avant les réformes. Car l'Etat avait des parts importantes dans le capital des banques, ce qui empêchait une réelle estimation des fonds des banques et aboutissait à des décisions moins profitables pour les banques. Les mutations de cette structure liées au processus de privatisation des banques ont accru les capitaux privés et influencé positivement la rentabilité. Ce qui confirme le résultat de Nembot et Ningaye (2007) ;

    - la gestion du capital (capast) quant à elle réduit la rentabilité des actifs. Ce résultat contraste avec celui Tanimoune (2001). L'explication possible est liée à la diminution des crédits de long terme et au mauvais climat des affaires qui a considérablement réduit l'actif bancaire ;

    - la proportion des crédits bancaires dans l'actif (procre) a nettement augmenté mais est restée négative ; preuve que les banques de la sous-région ont réduit le crédit d'où le phénomène de rationnement de crédit constaté dans la zone. Ce qui se traduit par une diminution de la rentabilité des actifs. L'observation corrobore avec la théorie car Mansouri et Afroukh (2008) trouvent le même résultat : plus le volume des crédits augmente plus la rentabilité des actifs croît ;

    - le ratio des dépenses d'exploitation (radep). Son accroissement marque la multiplicité des charges supportées par les banquiers de la sous-région celle-ci réduit la rentabilité recherchée. cet accroissement se justifie aussi à travers les montants élevés des dépôts qui doivent être rémunérés ;

    - la diminution du risque bancaire (risq) demeure l'un des points positifs de la réforme. Cette réduction démontre un accroissement rapide et poussé des dépôts face aux crédits. Néanmoins, le caractère positif et significatif de cette variable indique que le risque influence positivement la rentabilité des actifs. Ce résultat reste le même que celui de Nembot et Ningaye (2007). Ainsi, plus les banques prennent de risque plus elles sont rentables. En zone CEMAC, cette diminution se justifie par le fait de la création de la COBAC et surtout la crainte des faillites bancaires ;

    - le signe de l'indice de concentration est négatif avant les réformes et significatif au seuil de confiance de 10%. Cela implique que le monopole de grandes banques constituait une entrave à la rentabilité bancaire dans la zone CEMAC. Son accroissement et son caractère positif montrent que la concurrence dans le secteur bancaire s'est accrue et marque positivement la rentabilité des actifs (Mansouri et Afroukh 2008) ;

    - la taille du secteur bancaire (actpib) : son accroissement et sa non significativité contrastent avec la théorie économique. On s'attendrait à ce que plus cette taille s'accroît, plus elle contribue à la rentabilité des actifs (Tanimoune 2001). En zone CEMAC, le secteur bancaire ne soutient véritablement pas la croissance des pays de la zone. Ce qui semblerait expliquer leur niveau relativement bas de taux de croissance ;

    - la croissance économique (logpib) soutenait positivement à la rentabilité des actifs avant les réformes. Cependant, cette situation s'est inversée dans la période post-réforme. Ce qui s'explique par le fait qu'en zone CEMAC la grande majorité de la population n'ayant pas accès aux services bancaires, leur exclusion pourrait réduire la profitabilité;

    - quant au taux d'inflation (INF), son coefficient est significatif et présente un signe négatif dans l'estimation de la profitabilité. La maîtrise de l'évolution du niveau général des prix semble avoir eu un impact négatif sur le rendement des banques et des établissements financiers des pays de la zone (Mansouri et Afroukh, 2008) ;

    - la masse monétaire (logm2) marque une nette évolution dans la profitabilité des banques des pays de la CEMAC. Mais son caractère négatif traduit sa maîtrise tant recherchée par les autorités monétaires qui instituèrent la programmation monétaire.

    En résumé, chaque variable explique à travers son résultat sa contribution ou non à la profitabilité des banques avant et après les réformes.

    Conclusion

    Après avoir étudié de façon générale l'influence des réformes financières sur la stabilité du système bancaire des pays de la CEMAC, il était opportun de se pencher sur un point particulier de cette stabilité : la rentabilité des actifs. Ce qui fut l'objet de ce chapitre. En première analyse, un aperçu théorique a été présenté qui s'est appuyé sur les fondements théoriques de la rentabilité des actifs et quelques résultats existants dans la littérature. Le deuxième volet de la réflexion s'est orienté vers la validation empirique de la deuxième hypothèse : les réformes financières améliorent la rentabilité des actifs des banques des pays de la CEMAC. Il s'est agit dans un premier temps de présenter les principales approches empiriques (les modèles) et dans un second d'estimer et d'analyser les résultats.

    Ainsi, il ressort des estimations pré et post réforme (approche dynamique), que la rentabilité des actifs a connu une nette amélioration. Celle-ci est la conséquence de l'application des mesures macroéconomiques et surtout macro financières adoptées dans la zone. Mais ce résultat général peut être nuancé au regard du comportement particulier de certaines variables. Outre la rentabilité des actifs, la théorie de la firme bancaire retient comme autre mesure de la rentabilité bancaire, les marges d'intérêt qui déterminent les rendements obtenus de l'intermédiation financière. Il importe à présent d'étudier l'influence des réformes financières sur les marges d'intérêt.

    CHAPITRE IV : INFLUENCE DES RÉFORMES FINANCIÈRES SUR LES MARGES D'INTÉRÊT

    BANCAIRES EN ZONE CEMAC

    Introduction

    Le comportement des réformes financières peut aussi s'observer à travers l'évolution des marges d'intérêt bancaires qui lient la banque à son environnement externe. Il s'agit là de la deuxième mesure de la rentabilité bancaire. Si la rentabilité des actifs bancaires a une grande influence sur le patrimoine de la banque et affecte la profitabilité, les marges d'intérêt apparaissent comme un indicateur de la bonne santé de l'intermédiation financière (Tanimoune, 2003). La marge d'intérêt demeure ainsi un déterminant complémentaire de la rentabilité bancaire.

    En zone CEMAC, les réformes financières intervenues dans les années 90 ont remis en cause l'évolution des marges d'intérêt en volume. Ces marges se différenciaient d'un pays à un autre et marquaient de ce fait les disparités dans la nature et la structure de la géographie du capital des banques.

    L'objectif de ce chapitre est de vérifier la troisième hypothèse de cette étude : les réformes financières améliorent les marges d'intérêt bancaires en zone CEMAC. Il s'agit donc d'identifier les différents apports des réformes financières sur l'évolution des marges d'intérêt bancaires. Ces réformes seront captées à travers les déterminants des marges. Ainsi, après avoir étalé les contours théoriques de la notion de taux d'intérêt (section 1), nous analyserons le comportement des réformes financières sur les marges d'intérêt (section 2).

    SECTION 1. LES CONTOURS THÉORIQUES DE LA NOTION DE TAUX D'INTÉRÊT

    Cette section analyse les fondements théoriques des notions de taux d'intérêt et de marge d'intérêt.

    IV.1.1. LA NOTION DE TAUX D'INTÉRÊT EN ÉCONOMIE

    Le taux d'intérêt est l'une des variables qui préoccupent le plus les économistes en raison de son lien avec la rentabilité des investissements. Avant de présenter les mesures des taux d'intérêt bancaires, nous élaborons d'abord l'approche conceptuelle desdits taux.

    IV.1.1.1. APPROCHE CONCEPTUELLE DES TAUX D'INTÉRÊT : LES DÉBATS ENTRE CLASSIQUES - KEYNÉSIENS - MONÉTARISTES

    La conception du taux d'intérêt a créé plusieurs débats théoriques dans la littérature économique. Bien que ceux-ci soient anciens, ils demeurent toujours d'actualité et influencent les rapports entre les agents économiques. Nous allons succinctement passer en revue les idées essentielles soulevées par ces courants de pensée.

    Pour les classiques, le taux d'intérêt est considéré comme le prix auquel s'équilibrent la demande et l'offre des fonds prêtables, assimilés à l'offre et à la demande d'obligations. Lorsqu'une entreprise offre des obligations, elle demande un prêt, de sorte que la courbe d'offre d'obligations peut être réinterprétée comme une courbe de demande de fonds prêtables. Cette demande est bien décroissante en fonction du taux d'intérêt, car les entreprises empruntent d'autant moins que les taux d'intérêts sont élevés. Symétriquement, la courbe de demande d'obligations peut être réinterprétée comme une courbe d'offre de fonds prêtables, car acheter une obligation consiste à prêter de l'argent disponible. Cette courbe d'offre est bien fonction croissante du taux d'intérêt, car les prêteurs sont disposés à prêter d'autant plus que les taux d'intérêt sont élevés (Mishkin, 2007). Le graphique 4.1 ci-dessous illustre l'équilibre sur le marché des fonds prêtables.

    Graphique 4.1. Equilibre sur le marché des fonds prêtables

    Taux d'intérêt, i (%) Offre de fonds prêtables, L

    (Demande d'obligations, B)

    i*

    Demande de fonds prêtables, L

    (Offre d'obligations, B)

    F*

    Fonds prêtables, L

    (Quantités d'obligations, B)

    Source : construction par l'auteur à partir de Mishkin (2007).

    Tandis que la théorie des fonds prêtables détermine le taux d'intérêt d'équilibre à partir de l'analyse de l'offre et de la demande d'obligations, un modèle théorique alternatif développé à l'origine par John Maynard Keynes, et connu sous le nom de théorie de la préférence pour la liquidité, détermine le taux d'intérêt d'équilibre à partir d'une analyse en terme d'offre et de demande de monnaie. Le point de départ de l'analyse de Keynes est l'hypothèse qu'il y a deux catégories principales d'actifs utilisables comme réserves de richesse : la monnaie et les créances (obligations). De ce fait, la richesse totale d'une économie est égale à la quantité totale d'obligations plus la quantité de monnaie, soit la quantité d'obligations offertes (BS), plus l'offre de monnaie (MS). Il en est de même de la quantité d'obligations (BD) et de monnaie demandée (MD). A l'équilibre on a : BS + MS = BD + MD (1). En regroupant d'un côté les quantités d'obligations et de l'autre les quantités de monnaies on a : BS - BD = MD - MS (2). Cette deuxième équation précise que si le marché de la monnaie est en équilibre (MD = MS), la partie droite de l'équation sera égale à zéro, ce qui implique que BS = BD, c'est-à-dire que le marché des obligations est aussi en équilibre. Or, puis que le taux d'intérêt équilibre le marché des obligations, il équilibre du fait le marché de la monnaie. Il devient par conséquent le point d'équilibre entre l'offre et la demande de monnaie (Bernier et Simon, 2001).

    Chez les monétaristes, il convient de partir de la distinction entre taux d'intérêt nominal et réel. Distinction mise en évidence par Fisher. Si on pose i = r+ða c'est-à-dire le taux d'intérêt nominal (i) est égal au taux d'intérêt réel (r) augmenté des anticipations inflationnistes (ða). Cette relation signifie que le taux d'intérêt incorpore le taux d'inflation : c'est la thèse principale de la théorie monétaire du taux d'intérêt. Une augmentation de l'offre de monnaie se traduit par une augmentation de l'inflation anticipée qui élève les taux nominaux. Le taux d'intérêt apparaît alors comme un instrument de la politique monétaire.

    Cette notion de taux d'intérêt a été enrichie par Mishkin (2007) pour qui la principale mesure du taux d'intérêt est le taux actuariel. Il s'agit du taux d'intérêt qui égalise la valeur actualisée des flux de paiement futurs imposés par un instrument financier et sa valeur actuelle. Cette conception du taux d'intérêt demeure la plus utilisée dans les analyses liées au taux d'intérêt.

    A l'issue de cette analyse conceptuelle, il importe à présent d'élucider les mesures des taux d'intérêt bancaires.

    IV.1.1.2. LES MESURES DES TAUX D'INTÉRÊT BANCAIRES

    Traditionnellement, l'intermédiation financière reste la justification théorique du rôle joué par les banques. Ce mécanisme met en place des agents à capacité de financement et ceux à besoin de financement. Des taux d'intérêt différents leur sont imposés.

    Aux épargnants, la banque applique un taux d'intérêt créditeur qui permet alors de rémunérer les dépôts. La fixation de celui-ci dépend du taux créditeur minimum de la Banque Centrale. De 1990 à 2005, ce taux est passé de 3,5% à 5% soit une augmentation d'un point et demi de pourcentage dans la CEMAC. En théorie financière, plus ce taux est élevé, plus il motive les déposants mais constitue une augmentation des charges d'exploitations de la banque.

    A côté du taux créditeur, on relève aussi le taux débiteur qui est imposé aux emprunteurs. Sa constitution comble les charges d'exploitation de la banque et lui permet aussi de réaliser des profits. En zone CEMAC, la BEAC a baissé de façon graduelle ce taux afin de garantir l'accessibilité au crédit bancaire. Il est passé de 23,5% en 1990, à 18% en 2005.

    Comme le montre le graphique 4.2 ci-dessous, les conditions de banque de la BEAC ont évolué en deux vitesses différentes.

    Graphique 4.2 : Evolution des conditions de banques de la BEAC 1990-2005 (en %)

    Source : construction par l'auteur à partir des données de la BEAC 2005.

    Outre les deux taux présentés ci-dessus, la Banque Centrale applique aussi des taux de refinancement des banques secondaires encore appelés taux du marché monétaire. On distingue par exemple le taux de rémunération des réserves obligatoires qui ont connu une réelle mutation ces dernières années. Sa dernière modification remonte en décembre 2008, où il est passé de 0,5% à 0,3%.

    En général, les taux d'intérêt sont importants à différents niveaux. D'un point de vue individuel, des taux d'intérêt élevés peuvent dissuader un acheteur potentiel d'acheter une maison ou une voiture parce que le coût du financement serait élevé. Inversement, des taux d'intérêt élevés peuvent encourager à épargner, parce qu'ils permettent à celui qui accepte de repousser la consommation d'une partie de ses revenus et de gagner plus d'intérêt. D'un point de vue global, les taux d'intérêt ont un impact sur la santé de l'économie parce qu'ils affectent non seulement la volonté des consommateurs de dépenser ou d'épargner, mais aussi les décisions d'investissement des entreprises.

    Après la présentation des taux d'intérêt bancaire, nous nous penchons à présent sur le développement de la notion de marge d'intérêt.

    IV.1.2. LA NOTION DE MARGE D'INTÉRÊT

    De façon générale, l'intérêt est le revenu tiré d'un prêt ou d'un placement. Il s'agit de la somme que l'emprunteur doit au prêteur en plus du capital, en rémunération du service rendu et du risque encouru. Sur le plan théorique, la maîtrise des marges d'intérêt peut se faire à travers une analyse conceptuelle via le spread d'intérêt et un bref aperçu sur les travaux existants.

    IV.1.2.1.APPROCHE CONCEPTUELLE DES MARGES D'INTÉRÊT : LA MESURE PAR LE SPREAD D'INTÉRÊT

    La marge d'intérêt représente le gain lié à l'activité d'intermédiation financière. Elle prend aussi pour synonyme la marge d'intermédiation bancaire (Tanimoune, 2001). Dans l'activité bancaire, on distingue l'intérêt débiteur (bénéfice tiré sur les crédits octroyés par la banque) et l'intérêt créditeur (bénéfice tiré des fonds déposés par les épargnants). La marge d'intérêt représenterait alors la différence entre ces types d'intérêt. Conformément aux études théoriques portant sur les spreads d'intérêt (voir par exemple Ho et Saunders, 1981 ; Gauthier et Lardic, 2003), le taux de maturité équivalent constitue un seuil plancher pour l'investissement des fonds. Le spread obtenu est alors la rémunération du risque d'investissement, à la différence près que la banque, dans son rôle de gérant de portefeuille, est en mesure de compenser les risques via une diversification du porte feuille. L'accent est donc mis sur les choix de portefeuille des banques, censées arbitrer entre des actifs sans risque et des actifs risqués. Néanmoins, la seule prise en compte des risques de taux et de défaut s'avère insuffisante. La nature même de l'activité bancaire nous contraint à inclure les effets d'une modification de la politique d'offre et à envisager l'existence d'économies d'échelle propres à l'activité de crédit.

    Cependant, puisque l'activité de la banque est liée à son exploitation, c'est-à-dire à la recherche du gain, la marge d'intérêt se calcule aussi comme le ratio produit net bancaire sur total actif. Cette marge doit refléter le bénéfice après la couverture de l'ensemble des frais généraux de la banque, le coût du risque ( provisions sur clients défaillants) et contribuer aux profits. Son numérateur est constitué du Produit Net Bancaire ou PNB qui représente pour une banque l'équivalent de la valeur ajoutée créée par l'activité. On utilise un indicateur spécifique en raison de la structure particulière de l'activité d'une banque dont la « matière première » est l'argent lui-même. Il est égal à la différence entre les produits d'exploitation et les charges d'exploitation bancaires c'est- à-dire, les intérêts et commissions reçus et les intérêts et commissions payés. Au dénominateur on trouve le total actif tiré du bilan de la banque. En définitive pour des raisons d'homogénéité des données, nous prendrons le spread d'intérêt en volume calculé de la façon suivante : volume crédit multiplié par taux débiteur maximum auquel on soustrait le volume de dépôt multiplié par le taux créditeur minimum.

    L'approfondissement de cette notion de marges d'intérêt nécessite de présenter un bref aperçu des travaux existants.

    IV.1.2.2. BREF APERÇU SUR LES TRAVAUX EXISTANTS

    Les marges d'intérêt bancaires ont fait l'objet de nombreuses études à travers le monde. Cette deuxième dimension de la rentabilité bancaire indique le comportement de la firme face au processus d'intermédiation. Les tout premiers travaux sont l'oeuvre de Ho et Saunders (1981) qui ont analysé les fluctuations des marges d'intérêt des banques européennes. Sur un panel de 16 pays, leurs travaux avaient pour horizon temporel 1970-1979. Les conclusions de cette étude étaient les suivantes : les charges d'exploitation, le degré du risque, la taille de la banque et l'approfondissement financier influencent positivement cette variable. Le caractère négatif des coefficients des dépôts et des crédits à la clientèle traduit le développement des marchés financiers qui attirent davantage les agents économiques. D'où la quasi influence de la rentabilité bancaire.

    Demirguç-Kunt et Huizinga (1999) orientent leur recherche sur la concentration des établissements de crédit et son effet dans les intérêts bancaires. En partant du paradigme SCP, ils analysent le comportement des 25 banques commerciales installées en Amérique latine avant l'éclatement de la crise bancaire (1988 - 1996). Ayant reparti les banques en trois groupes (petite, moyenne et grande), ils aboutissent à la conclusion selon laquelle la taille du secteur bancaire et la taille de la banque influenceraient positivement les marges d'intérêt. Ainsi, plus les banques sont grandes, plus elles réalisent des bénéfices importants.

    L'une des premières études faites en Afrique sur les marges d'intérêt vient de Tanimoune (2003). Il s'intéresse aux pays membre de l'UEMOA et prend pour horizon temporel 1989-1999. Il aboutit à la conclusion selon laquelle les marges d'intérêt sont positivement corrélées aux frais généraux uniquement : preuve que les dépenses sont entièrement couvertes par le coût du crédit. Mais les autres variables telles dépôt de la clientèle, crédit à la clientèle, inflation et PIB influenceraient négativement le spread d'intérêt. Pour ce qui est de l'Afrique occidentale, l'oeuvre de Mansouri et Afroukh (2008) demeure la plus intéressante. Sur un panel de 5 banques marocaines, ils décrivent l'évolution des marges d'intérêt à travers plusieurs déterminants. Ils ne se limitent pas au simple différentiel d'intérêt pour capter les marges d'intérêt mais utilisent le ratio produit net bancaire sur total actif. Leurs résultats sont les suivants : le volume des crédits, la concentration, l'inflation et le marché financier influenceraient positivement les marges d'intérêt. Cependant la taille du secteur bancaire, les fonds propres et les charges générales renduisent ces marges.

    En définitive, à la lumière de cette ébauche, l'unanimité n'est pas établie quant à l'influence de certaines variables sur les marges d'intérêt. A la limite de nos lectures, il n'existe pas d'étude faite sur le comportement des marges d'intérêt bancaires en zone CEMAC, preuve de l'importance de cette étude. De ce fait, nous allons à travers un test empirique, montrer l'impact des réformes financières sur les marges d'intérêt.

    SECTION 2. RÉFORMES FINANCIÈRES ET MARGES D'INTÉRÊT BANCAIRES : UN TEST EMPIRIQUE

    L'influence empirique des réformes financières sur les marges d'intérêt peut se faire à travers la présentation du lien empirique qui existe entre les deux notions en zone CEMAC et le test proprement dit.

    IV.2.1. LIEN EMPIRIQUE ENTRE RÉFORMES FINANCIÈRES ET MARGES D'INTÉRÊT BANCAIRE

    Pour capter le lien empirique entre les réformes financières et les marges d'intérêt bancaires en zone CEMAC, il est nécessaire d'élucider les axes d'influence desdites réformes sur les marges et de présenter les déterminants des marges d'intérêt.

    IV.2.1.1. LES AXES D'INFLUENCE DES RÉFORMES FINANCIÈRES SUR LES MARGES D'INTÉRÊT

    Les principaux axes ont tourné autour de la libéralisation des taux d'intérêt, le processus de privatisation bancaire et la maîtrise des risques bancaires.

    La libéralisation des taux d'intérêt visait à responsabiliser les banquiers dans la prise de décision et de leur permettre de réaliser des profits. Ainsi, au-delà des conditions de banques fixées par la BEAC, une marge de 2 points de pourcentage était accordée aux banques de second rang. Les taux d'intérêt débiteurs pouvaient aller jusqu' à 24% et le taux d'intérêt créditeur diminuer afin de se fixer à 3 voir 2,5 %. Ce processus a considérablement réduit le contrôle des taux par les Etats et favoriser la production des marges importantes qui diffère d'un pays à l'autre comme le présente le graphique 4.3 ci-dessous.

    Graphique 4.3 : Evolution des marges d'intérêt du système bancaire des pays de la

    CEMAC en milliards de francs CFA

    Source : construction par l'auteur à partir des données de la BEAC, 2005.

    Ce graphique montre une variation à la baisse des marges entre 1990 et 1994 et une relative augmentation sur la deuxième période. Ce qui peut expliquer l'apport des réformes.

    Pour ce qui est du processus de privatisation, elle a abouti à des fusion-acquisitions augmentant par ce fait la concentration, la réduction de la taille du secteur bancaire et partant la diminution du taux de bancarisation. Les économies d'échelle38(*) ont nettement diminué ce qui s'est traduit par une augmentation des charges liées à l'exploitation des crédits. Les marges d'intérêt se sont donc amenuisées.

    L'augmentation du risque a eu comme principale conséquence le renforcement du rationnement du crédit diminuant ainsi le crédit à l'investissement. Seuls les crédits à très court terme tels que les crédits à la consommation et les découverts ont vu leur volume augmenté. Or, ceux-ci produisent peu d'intérêt pour la banque, ce qui marque la dégressivité des marges d'intérêt. Cependant, le niveau élevé du risque n'est pas dû à la multiplicité des crédits offerts mais au mauvais climat des affaires dont souffrent les économies de la CEMAC.

    Le caractère empirique des marges d'intérêt s'observe de façon exacte à travers un modèle qui présente ses déterminants.

    IV.2.1.2. LE RETOUR AU MODÈLE : LES DÉTERMINANTS DES MARGES D'INTÉRÊT

    En général, les études empiriques existantes estiment que l'impact des variables managériales sur la rentabilité bancaire mesurée par la marge d'intérêt est très significatif. Les frais d'exploitation bancaire, l'octroi des crédits à moyen et long terme, le montant des fonds propres et la taille de la banque exercent des effets positifs sur la marge d'intérêt. Les charges massives supportées par les banques sont généralement répercutées sur la clientèle ; ce qui augmente le spread d'intérêt (Anghbazo, 1997, Bashir, 2000 et Ben Naceur, 2003). Les dépenses d'exploitation ne seront cependant favorables à l'amélioration des marges d'intérêt que dans le cas où les banques respectent un niveau optimum et tolérable de dépenses, permettant d'éviter le laxisme et le gaspillage des ressources financières disponibles. Une politique de crédit bien maîtrisée favorise l'augmentation des marges d'intérêt. La nature de l'effet positif de cette variable est analysée de façon approfondie par Ben Naceur (2003). La maîtrise de la politique de crédit nécessite cependant le maintien de l'équilibre entre la collecte des dépôts et la distribution des crédits. Quant au rôle favorable des fonds propres dans le relèvement des marges d'intérêt, il est testé par les études d'Anghbazo (1997) et Ben Naceur (2003).

    Selon Bashir (2000) et Ben Naceur (2003), parmi les variables financières, seule la concentration associée à de faibles taux de dépôts et taux de crédit élevés, limite le renforcement des marges d'intérêt. Autrement dit, la concurrence permet à la banque d'avoir plus de clients et donc plus de revenus d'intérêt. La concurrence qui reflète en d'autres termes la taille du secteur bancaire, pousse aussi à rechercher des niveaux d'efficience, ce qui limite la montée des marges d'intérêt (Demerguç-Kunt et Huizinga, 2001). Si Barajas et al (1999) et Rouabah (2006) constatent un effet positif de la libéralisation financière sur l'expansion des marges d'intérêt bancaires, d'autres auteurs trouvent que l'amélioration du niveau des marges d'intérêt est conditionnée par la lutte contre la montée des risques (Anghbazo, 1997) ou encore contre la diversification de l'activité (Ho et Saunders, 1981). En plus des déterminants usuels tels que présentés dans l'analyse de la rentabilité des actifs, la marge d'intérêt inclut le différentiel des taux d'intérêt  puisque ce dernier oriente sur le niveau de taux d'intermédiation.

    L'estimation de l'impact des variables macroéconomiques, notamment la croissance économique, l'inflation et la masse monétaire, a souvent trouvé un terrain d'entente entre les économistes. Plusieurs auteurs confirment à l'unanimité l'existence d'une relation positive entre la croissance économique et la croissance des marges bancaires (Bashir, 2000, Rouabah, 2006 et Beckmann, 2007). A leur avis, la richesse nationale profite à toute l'activité économique du pays, affecte positivement l'évolution du secteur bancaire et incite les banques à innover et à rénover leurs techniques et technologies de gestion. Concernant l'impact de la variation du niveau général des prix, les travaux de Molyneux et Thornthon (1992), Abreu et Mendes (2002), ont apporté des éclaircissements sur les liens susceptibles d'exister entre les marges d'intérêt et l'inflation. Leurs résultats empiriques font apparaître une relation positive qui laisse penser que la progression de l'inflation sera favorable à l'accroissement des profits bancaires. Les variations de la masse monétaire agissent positivement sur la liquidité bancaire et surtout sur le spread de taux d'intérêt.

    A l'issue de cette présentation, il est opportun de passer à l'estimation proprement dite.

    IV.2.2. SPÉCIFICATION DU MODÈLE, ESTIMATION ET ANALYSE DES RÉSULTATS

    Avant d'analyser les résultats, il convient d'abord de spécifier et d'estimer le modèle.

    IV.2.2.1. SPÉCIFICATION DU MODÈLE ET ESTIMATIONS PRÉ ET POST-RÉFORMES

    Cette spécification nécessite une présentation générale des variables du modèle avant son expression. Nous avons ainsi récapitulé les variables du modèle dans le tableau 4.1ci-dessous.

    Tableau 4.1 : Variable dépendante et variables indépendantes dans la modélisation des

    marges d'intérêt bancaires

    Mesure de la marge d'intérêt comme variable dépendante

    MI = intérêt débiteur- intérêt créditeur

    Mesure des variables indépendantes

    Les déterminants managériaux

    La structure du capital social

    SCAPITAL = capitaux privés / capitaux propres

    La gestion du capital

    CAPAST= capitaux propres / actif total

    La proportion des crédits bancaires

    PROCRE = total crédit / total actif

    Les dépenses d'exploitation

    RADEP = charges générales / total actif

    Les déterminants macro-financiers

    L'indice de risque

    RISQ = total crédits / total dépôts

    La taille du secteur bancaire

    ACTPIB = total actif du secteur bancaire / PIB

    L'indice de concentration

    CR= dépôts des banques considérées / l'ensemble des dépôts du système bancaire

    Différentiel des conditions de banques

    DIFTAU = T DM - TCM

    Les déterminants macroéconomiques

    La croissance économique

    LOGPIB = logarithme du PIB réel par tête 

    L'inflation

    TAUINF = taux d'inflation

    La masse monétaire

    LOGM2 = logarithme de M2

     

    Source : construction par l'auteur à partir de Demirguç-Kunt et Huizinga, 1999, Tanimoune,

    2001 et Mansouri et Afroukh, 2008.

    Le modèle à estimer prend la forme suivante :

    MIit = á 0it + á 1it SCAPITALit + á 2it CAPASTit + á 3it DEPCREit + á 4it RADEP it + á 5it RISQit + á 6it ACTPIBit+ á 7it CRit + á 8it DIFTAU + á 9it LOGPIBit+ á 10it INFit + á 11it LOGM2 it + åit. (2)

    L'horizon temporel demeure inchangé. La période avant les réformes s'étend sur 5 ans. En considérant la trimestrialisation des données, on obtient 20 trimestres par pays considéré soit 120 observations. Ainsi, i va de 1à 6 et t de T1, 1990 à T4, 1994. La période après les réformes va de 1995 à 2005 et présente 264 observations. Les données utilisées nous viennent de la BEAC (situation monétaire large 2006) et aussi des différents rapports de la COBAC.

    La spécification du modèle nous conduit aux estimations pré et post-réformes.

    - Estimation avant les réformes.

    En se servant du logiciel STATA dans sa version 9, on estime d'abord le modèle 2 par la méthode des Moindres Carrés Ordinaires (MCO). Cette première estimation présente une bonne spécification du modèle. Les variables explicatives contribuent pleinement à l'explication de la variable expliquée. Ceci à travers le degré d'ajustement R2 qui vaut 76,8%. Les marges d'intérêt sont mieux captées grâce aux variables utilisées. Outre ce constat, l'observation du test de Fisher indique que le modèle est globalement significatif jusqu'au seuil de 1% (Prob > F = 0.0000). La spécification du modèle 2 peut conduire aux effets individuels décrivant le comportement des marges d'intérêt bancaires du système bancaire des pays de la CEMAC. D'où la nécessité d'estimer un modèle à effets fixes portant sur l'hypothèse d'hétérogénéité entre les pays. L'effet individuel ái est considéré sous la forme ái = á0+ u-i ; le test de l'homogénéité des pays revient donc à poser comme hypothèse nulle que tous les u-i sont nuls. La lecture du test de Fisher donné ci-dessus conduit à accepter l'hypothèse que tous les u-i sont nuls (F (5,104)=1,85 et Prob> F= 0,3866). Il semble donc qu'il n'existe pas entre les 6 pays de la CEMAC des effets individuels propres à chaque pays et qui expliquent les marges d'intérêt bancaires. L'effet spécifique déterministe lié à chaque pays n'étant pas retenu, il est judicieux de traiter cet effet comme un effet aléatoire et non déterministe. Ce qui nous conduit à l'estimation du modèle à effets aléatoires.

    Pour valider le modèle à effets aléatoires, on teste la corrélation entre les effets individuels et les variables explicatives. L'hypothèse nulle retient l'absence de corrélation entre les effets individuels et les variables explicatives. L'erreur ou résidu ëit est composé de deux éléments : çi et åit. Le premier représente l'effet individuel et le second représente l'influence des autres variables omises. Le résultat du test donne Prob > chi2= 0,0000 <0,05 d'ou le rejet de l'hypothèse nulle. Il existe alors une corrélation entre les effets individuels et les variables explicatives. Les variables indépendantes choisies sont fortement influencées par la nature du pays. Le choix du meilleur modèle est fondé sur le test de hausman. Comme hypothèse nulle on retient corr (u-i ; X)=0. Son non rejet conduit à l'acceptation du modèle aléatoire ; la procédure du test impose que Prob>chi2 > 0,05. En définitive, le test de hausman donne une p-value Prob>chi2 = 0.2508 > 0,05. Donc nous retenons le modèle à effets aléatoires comme modèle des différentes estimations du modèle.

    Le modèle à effets aléatoires estimé pré-réforme se présente ainsi :

    MIit = 165, 23 - 0,1242** SCAPITALit - 0, 7514 CAPASTit + 0, 2564** PROCREit - 23, 4521*

    (0,12541) (0,06864) (0,35642) (0,05231) (0,00421)

    RADEPit + 0, 4215* RISQit + 0,0531* ACTPIBit + 23,1542** CRit + 0,2461*** DIFTAU +

    (0,03421) (0,00762) (0,03362) (0,06548)

    0, 1214 LOGPIBit - 0, 6421** INFit + 0, 4251 LOGM2it + åit. (3)

    (0,36211) (0,04211) (0,17235)

    * : significativité à 1% ; ** : significativité à 5% ; *** : significativité à 10%

    Les valeurs entre parenthèses sont les probabilités t de Student. (p>t).

    A ce niveau des estimations, des commentaires peuvent déjà être présentés :

    D'une part, les marges d'intérêt s'accroissent grâce à l'influence de la proportion des crédits dans l'actif bancaire. Plus les crédits augmentent comparativement à d'autres éléments de l'actif, plus les marges s'améliorent. L'indice de risque et la taille du secteur bancaire augmentent les spread d'intérêt car l'environnement propice au développement des banques se traduit par une amélioration des marges d'intérêt (Tanimoune, 2003 et Mansouri et Afroukh, 2008). 

    D'autre part, l'influence négative de la structure du capital (SCAPITAL) et de sa gestion (CAPAST) et des dépenses d'exploitation (RADEP) est vérifiée dans la théorie économique. Ainsi, plus l'Etat intervient dans le capital des banques, plus les marges d'intérêt s'amenuisent preuve que la privatisation des banques serait une mesure souhaitable en vue d'une rentabilité toujours croissante. Ce processus fut entamé par les autorités des six pays de la CEMAC. Il est donc important d'estimer un modèle après les réformes afin de mesurer l'évolution des variables.

    Le modèle à effets aléatoires estimé post-réforme s'écrit :

    MIit = 24,1242 + 0,0521* SCAPITALit -1,253142* CAPASTit + 0,00521** PROCREit + 0,5761

    (0,01254) (0,008874) (0,005624) (0,045241) (0,24154)

    RADEP it + 1,0671** RISQit - 1,2516* ACTPIBit - 1,2506* CRit + 0,3561* DIFTAU it - 0, 2314*

    (0,03564) (0,007265) (0,005842) (0,004261) (0,001426)

    LOGPIBit - 0, 2314* INFit + 1,2761 LOGM2 it + åit. (4)

    (0,00412) (0,23512)

    * : significativité à 1% ; ** : significativité à 5% ; *** : significativité à 10%

    Les valeurs entre parenthèses sont les probabilités t de Student. (p>t).

    Pour ce qui est de cette quatrième estimation, le comportement des résidus indique une relative constance pour tous les pays de la zone comme l'indique l'annexe 4.3 ; preuve de la qualité de l'estimation.

    Au regard de cette estimation, plusieurs commentaires peuvent être apportés. Pendant l'implémentation des réformes, certaines variables ont subi quelques modifications.

    - La structure du capital (SCAPITAL) influence positivement les marges d'intérêt. Preuve que la privatisation des banques est un atout à l'amélioration des marges bancaires. Ce résultat est identique à celui trouvé par Yao, (2002).

    - La proportion des crédits (PROCRE), les dépenses d'exploitation (RADEP), le risque (RISQ) et le différentiel de taux (DIFTAU) améliorent les marges d'intérêt bancaires. Parmi ces variables, seul le coefficient des dépenses d'exploitation ne vérifie pas la théorie économique. Naturellement ils devraient influencer négativement les marges bancaires. Car plus les charges d'exploitation augmentent, plus le différentiel d'intérêt se rétrécit. Les charges viennent réduire les intérêts débiteurs par conséquent réduisent les marges (Mansouri et Afroukh, 2008).

    - Cependant, la gestion du capital (CAPAST) très rigoureuse par les dirigeants privés amenuise les marges bancaires. De peur d'une augmentation des risques, ces dirigeants vont réduire les crédits.

    - La taille du secteur bancaire (ACTPIB) et la concentration (CR) influencent négativement les marges bancaires. Ceci se justifie par le fait qu'après les réformes, le secteur bancaire de la sous-région CEMAC s'est rétréci (annexe 4.2) et les banques restant en activité contribuent moins au PIB, ce qui augmente moins leurs marges.

    - Les variables macroéconomiques en général réduisent les marges bancaires. Une augmentation d'un point de pourcentage du PIB réduit de 23,14 points de pourcentage les marges bancaires. Ce résultat contraste avec la théorie économique (Demirguç-Kunt et Huizinga, 1999, Tanimoune, 2001 et Mansouri et Afroukh, 2008). L'explication de cette situation repose peut-être sur les taux de croissance faibles des pays de la sous-région. La maîtrise de l'inflation a contribué à réduire les marges d'intérêt, preuve qu'un niveau tolérable de taux d'inflation peut contribuer à l'augmentation des marges.

    L'implémentation des réformes a agi sur certaines variables spécifiques qui ont influencé les marges d'intérêt. Il convient à présent de faire une synthèse pour mesurer l'impact des réformes financières sur les marges d'intérêt.

    IV.2.2.2. ANALYSE DE LA SYNTHÈSE DES RÉSULTATS

    Les estimations 3 et 4 peuvent être regroupées dans un tableau représentant la synthèse des résultats comme l'indique le tableau 4.2 ci-dessous.

    Tableau 4.2 : Synthèse des résultats des deux sous-périodes

    mi

    1990-1994

    1995-2005

    Observations

    scapital

    capast

    procre

    radep

    risq

    actpib

    cr

    diftau

    logpib

    inf

    log_m2

    cons

    -0,12425**

    -0,751423

    -0,256412**

    -23,45211*

    0,4215124*

    0,053124*

    -35,66707**

    0,246142***

    0,121452

    -0,642121**

    -5,368024

    165, 2325

    0,05214*

    -1,253142*

    0,005215*

    0,576124

    1,067124**

    -1,251642*

    1,25031*

    0 ,2561121*

    0,356122*

    -0,231421*

    1,27613

    24,1242

    accroissement de 141,95%

    diminution de 40,03%

    accroissement de 97,96%

    accroissement de 102,45%

    accroissement de 153,16%

    diminution de 104,24%

    accroissement de 1951,44%

    accroissement de 3,908%

    accroissement de 65,90%

    accroissement de 377,48%

    accroissement de 66,68%

    * : Significativité à 1% ; ** : Significativité à 5% ; *** : Significativité à 10% 

    Source : construction par l'auteur à partir des estimations 3 et 4.

    Au regard des observations du tableau, quelques commentaires sont importants :

    - la structure du capital (scapital) a connu un accroissement remarquable et présente un coefficient positif et significatif dans la deuxième sous-période. Preuve que dans les six Etats de la CEMAC, le processus de privatisation des banques entamé pendant les réformes bénéficie aux marges d'intérêt. En Guinée Equatoriale par exemple, on est passé de 43,5% des parts détenues par le privé à 74% ;

    - on observe une diminution du coefficient de la gestion de capital (capast). L'explication possible vient du fait que les dirigeants privés cherchent à respecter les normes de gestion et cela contracte les mécanismes de l'intermédiation ;

    - la proportion des crédits bancaires (procre) a connu une nette amélioration et renforcé les marges d'intérêt. On pourrait s'attendre à une augmentation supérieure mais la nature des crédits octroyés ne la favorise pas. Néanmoins, on se rend compte que les crédits de très court terme contribuent eux aussi à l'accroissement des spread d'intérêt ;

    - pour ce qui est des dépenses d'exploitation (radep), leur accroissement n'influence pas les marges d'intérêt. Ceci peut être dû à la nature des données utilisées (données consolidées) du système bancaire des pays de la CEMAC ;

    - l'accroissement du risque bancaire (risq) contribue à améliorer les marges bancaires. Cette augmentation du risque vient du fait que les banques de la sous-région ont vu leurs volumes de crédits augmentés ;

    - la taille du secteur bancaire (actpib) a diminué et a tendance à réduire les marges d'intérêt. Cette réduction vient des fusion-acquisitions constatées pendant la restructuration et la taille actuelle ne favorise pas les spread d'intérêt ;

    - la forte concentration (cr) constatée montre que les réformes n'ont pas servi à augmenter le taux de bancarisation des pays de la CEMAC d'où cette concentration élevée enregistrée ;

    - le différentiel de taux n'a pas trop évolué mais contribue positivement à l'accroissement des marges d'intérêt. A ce niveau, on peut retenir une contribution positive de la libéralisation financière et des conditions de banques plus souples ;

    - le PIB et la masse monétaire ont subi une augmentation mais la contribution à l'amélioration des marges est différente : le PIB influence nettement les marges tandis que la masse monétaire ne présente aucune influence ;

    - le taux d'inflation a augmenté et contribue à la réduction des marges d'intérêt ; ce qui s'explique par l'effritement du pouvoir d'achat élevant ainsi les taux nominaux.

    En définitive, un net constat se dégage de ces résultats : les marges d'intérêt ont bénéficié des réformes engagées dans la sous-région CEMAC.

    Conclusion

    Les marges d'intérêt apparaissent comme une mesure importante de la rentabilité bancaire. Elles établissent l'apport de l'environnement externe de la banque à travers le processus d'intermédiation. Son étude en Afrique est formalisée par Tanimoune (2001) et enrichie par Mansouri et Afroukh (2008). Ce chapitre nous a permis d'analyser le comportement de cette mesure au moment de l'implémentation des réformes financières. Après avoir estimé les modèles pré et post-réformes, nous avons apporté des explications à l'évolution des variables du modèle. Il ressort des estimations que l'influence des réformes financières sur les marges d'intérêt confirme la troisième hypothèse : les réformes bancaires, monétaires et institutionnelles accroissent les marges d'intérêts des banques des pays de la CEMAC.

    Certes, les variables choisies pour déterminer les marges d'intérêt sont globalement significatives, ce qui laisse croire à la bonne spécification du modèle et aux données utilisées, mais dans les faits, les marges d'intérêt des différents systèmes bancaires s'accroissent moins vite par rapport à leur niveau d'avant crise, preuve que les réformes doivent se poursuivre dans ce domaine.

    CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

    La deuxième partie de cette étude visait comme objectif l'analyser de l'influence des réformes financières sur la rentabilité du système bancaire des pays de la CEMAC. La rentabilité bancaire a été mesurée par la rentabilité des actifs et les marges d'intérêt. Ces différentes mesures permettent de mettre en évidence l'apport de l'environnement interne et externe de la banque dans la rentabilité. Dans le chapitre trois, il était question de mesurer l'effet des réformes financières sur la rentabilité des actifs bancaires. En spécifiant un modèle économétrique prenant pour base le paradigme Structure-Comportement-Performance, les estimations pré et post-réforme aboutissent au résultat suivant : les réformes financières intervenues en zone CEMAC améliorent la rentabilité des actifs bancaires. Ceci se justifie d'une part, à travers le caractère positif des coefficients liés à la structure du capital (1,847205), l'indice du risque (3,490551) et l'indice de concentration (50,37204) et d'autre part à travers leur degré de significativité et l'évolution des autres variables du modèle. La deuxième hypothèse de cette étude se trouve vérifiée. Le chapitre quatre a étudié l'impact des réformes sur les marges d'intérêt bancaires. Ainsi, nous avons d'abord passé en revue les aspects théoriques des notions de taux d'intérêt et de marge d'intérêt bancaire. Ensuite, un modèle économétrique pré et post- réforme incluant comme variable additive le démentiel de taux directeur de la BEAC a été estimé. Enfin, il ressort de l'analyse des résultats que les réformes financières implémentées en zone CEMAC améliorent les marges d'intérêt bancaires. La justification de ce résultat est basée sur la positivité et la significativité de plusieurs variables principales (structure du capital, proportion des crédits dans l'actif, le différentiel des taux d'intérêt). Ceci confirme ainsi la dernière hypothèse de l'étude.

    De façon générale, l'utilisation des données de la BEAC, la construction des graphiques et tableaux et l'estimation des différents modèles aboutissent à la conclusion selon laquelle les réformes financières intervenues en zone CEMAC améliorent la rentabilité du système bancaire des pays de cette sous-région.

    CONCLUSION GENERALE ET PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS

    En conclusion, il s'est agi dans cette étude de répondre à la question de savoir : en quoi les réformes financières améliorent-elles la rentabilité du système bancaire des pays de la CEMAC ? Cette étude a été menée en mesurant la rentabilité bancaire à travers deux variables : la première lie la banque à son environnement interne (rentabilité des actifs) et la seconde présente l'influence de l'environnement externe liée à l'intermédiation (la marge d'intérêt). La méthodologie a consisté à utiliser en deux parties, des outils à la fois documentaire, statistique et économétrique.

    La première partie a permis dans un premier chapitre d'analyser les facteurs de la crise du système bancaire de la CEMAC, ce qui a justifié la mise en oeuvre des réformes financières. Le second chapitre a présenté le contenu et le bilan desdites réformes sur le système bancaire des pays de la CEMAC. Comme principaux résultats on note : la stabilité retrouvée des banques et le respect des normes prudentielles. Pour y arriver, il a fallu deux mouvements de restructurations bancaires. La première hypothèse de l'étude est alors vérifiée : l'influence des réformes financières sur la stabilité des banques est positive en zone CEMAC. Mais la faible implication des banques dans le financement des économies et la contrainte des risques contrastent quelque peu ce résultat.

    La deuxième partie quant à elle visait à vérifier l'influence des réformes sur un point spécifique de la stabilité du système : la rentabilité bancaire. Ainsi, nous avons mesuré la rentabilité bancaire sur deux volets : la rentabilité des actifs et les marges d'intérêt. Le chapitre trois a ainsi étudié l'impact des réformes financières sur la rentabilité des actifs. Ayant estimé deux modèles (un avant les réformes et l'autre après), l'évolution des coefficients a permis de conclure. Comme résultat, on retient que les réformes améliorent la rentabilité des actifs. La deuxième hypothèse : les changements bancaires, monétaires et institutionnels améliorent la rentabilité des actifs du système bancaire de la zone CEMAC, est vérifiée. En ce qui concerne la marge d'intérêt, l'influence des réformes sur cette mesure est élaborée au chapitre quatre. Force est de constater que ce travail académique est parmi les premiers à notre connaissance dans la sous-région qui met en évidence cette mesure de la rentabilité bancaire. En dehors de l'ajout des conditions de banques, toutes les autres variables sont identiques au premier modèle. Et comme résultats, les réformes entreprises dans la zone améliorent progressivement les marges d'intérêt bancaires confirmant ainsi la dernière hypothèse de l'étude : les réformes bancaires, monétaires et institutionnelles accroissent les marges d'intérêt des banques des pays de la CEMAC.

    Des deux parties, il ressort que les réformes financières signées en 1990 et implémentées à partir de 1994, ont eu un impact global et significatif sur le système bancaire des pays de la CEMAC. Mais, il est importe aussi de nuancer ces résultats au regard de l'implémentation et du timing desdites réformes.

    Ce travail pourra nécessiter d'autres études futures liées par exemple à la détermination de la durée optimale utile pour mesurer l'apport des réformes et aussi au caractère de la réforme elle-même posant ainsi le débat du gradualisme et de la thérapie des chocs.

    En s'appuyant sur toutes ces conclusions, quelques enseignements provisoires s'avèrent importants :

    en premier lieu, il convient de consolider les acquis y relatifs et poursuivre leur mise en oeuvre. A ce niveau, il serait important de procéder à des évaluations continuelles et sanctionner les banques qui fonctionneraient en marge des normes établies. Adam Madji (1997), souligne que la réussite des normes comptables appliquées dans la sous-région serait efficiente si l'implication des Etats évolue ;

    en deuxième lieu, il convient de renforcer le processus de privatisation du capital et de la qualité de la gestion dudit capital. La gestion du capital présente encore de nos jours une influence négative sur la rentabilité bancaire en général. De par sa valeur (-38,94036 dans l'estimation de la rentabilité des actifs après les reformes), elle réduit cette rentabilité. A ce niveau les gestionnaires de banques peuvent mener une gestion au rendement des crédits, intégrer l'approche fonds économique dans l'octroi des crédits. Pour ce qui est de la privatisation, elle doit non seulement promouvoir l'initiative privée dans la création et la gestion des banques, mais aussi viser la multiplicité des services offerts par les banques. A ce niveau, les réformes entamées visaient le retrait progressif des Etats dans le capital des banques. Le but d'une telle mesure est la réduction du risque de crédit qui affecte de façon significative la stabilité bancaire. Pour mener à bien ce processus, les chefs d'Etat des pays de la CEMAC peuvent créer et renforcer financièrement les banques de développement qui jusqu'en 1985, contribuaient aux grands investissements ;

    en troisième lieu, il faut accroître les crédits bancaires surtout ceux à moyen ou long terme afin d'accroître le ratio crédit bancaire sur actif total qui de nos jours a un effet négatif (de sa valeur -52,304031) sur la rentabilité des banques. A ce niveau les pays de la CEMAC peuvent par exemple diversifier leurs économies ce qui permettra non seulement l'exploitation de nouveaux secteurs d'activité, mais aussi une implication de grande ampleur des banques. Dans le même sillage, les banques de développement peuvent être créées afin de garantir les types de crédit ci-dessus cités. La faible proportion des crédits de moyen et long terme en zone CEMAC tire son explication de la nature des banques de la zone. Celles-ci sont des filiales des banques étrangères ; elles sont de nature commerciale par conséquent recherchent un profit rapide et à court terme ;

    il faut en quatrième lieu améliorer le climat des affaires dans les six pays de la CEMAC. Car, si le risque bancaire demeure élevé, cela traduit l'environnement dans lequel évoluent les banques. La conséquence la plus visible ici est la surliquidité des banques de la sous-région. Or, plus la banque est surliquide, moins elle dégage des ressources capables de générer des produits. Ainsi, les problèmes de corruption et de mal gouvernance, les lenteurs administratives doivent être solutionnés (Doing Business, 2009). Ce qui permettra aux investisseurs nationaux et étrangers d'accroître les investissements dans la zone. La présence des banques dans le financement des projets augmentera leur rentabilité ;

    enfin, il faut promouvoir le renforcement des institutions sous-régionales en leur assurant une marge de manoeuvre assez importante et des moyens financiers conséquents pour mener à bien leur mission de supervision, de contrôle, d'évaluation et de dissuasion.

    C'est sous ces différentes conditions que la zone CEMAC pourra bénéficier d'un système bancaire rentable, stable et qui s'impliquerait de façon conséquente au financement des économies de la sous-région.

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    ANNEXES

    Annexe 1.1 : Prises de participation de l'Administration Centrale dans le capital social des banques en % de 1988 à 1994

    Années

    Pays

    1988

    1989

    1990

    1991

    1992

    1993

    1994

    Cameroun

    60

    60

    56,4

    56,5

    52,1

    52,1

    50,1

    Congo

    81,2

    81,2

    80

    80

    76,7

    76,7

    51,5

    Gabon

    52

    52

    52

    51,5

    51,5

    50

    50

    Guinée Equ.

    56,7

    56,7

    55

    55

    42

    42

    41,2

    RCA

    51,5

    51,5

    51,5

    57,6

    57,6

    50

    50

    Tchad

    59,8

    59,8

    59,8

    59,8

    59,8

    55,6

    55,6

    Source : rapport de la BEAC, 1994.

    Annexe 1.2. : Banques fermées suite aux premières restructurations au Cameroun en 1989

    Nom

    Date de création

    Date de fermeture

    Banque Camerounaise de Développement (BCD)

    29/12/1960

    Liquidée en 1989

    Banque Internationale pour l'Afrique Occidentale au Cameroun (BIOC)

    1974

    Scission avec la MCB en 1991 pour former la BM-BIAO

    Cameroon Bank (Cambank)

    29/12/1961

    Liquidation à l'amiable le 01/09/1989

    Merien Cameroun Bank (MCB)

    1979(Chase Bank of Cameroun), devenue MBC en 1988

    Scission avec la BIAOC en 1991 pour former la BM-BIAO

    Banque Paribas - Cameroun(BPC)

    07/05/1980

    Liquidation à l'amiable le 07/09/1989

    Société camerounaise de banque (SCB)

    1961

    Scission-Liquidation en 1989.Une partie est transférée à la SRC, une autre est fusionnée avec le crédit Lyonnais et forme la SCB-CL

    Bank of Credit and Commerce Cameroun(BCC)

    Non disponible

    1992. Une partie a été transférée à la Standard Bank of Cameroun. La fermeture a eu lieu suite aux évènements survenus en juillet 1991 dans la BCCI : Bank of Credit and Commerce International.

    Fisrt Investment Bank (FIB)

    19/06/1991

    1993

    International Bank of Africa (IBAC)

    1982

    1994

    Banque Meridien- BIAOC (BMBC)

    1991 (née de la fusion de MCB et BIAOC)

    Retrait d'agrément en septembre 1996 suite aux difficultés causées par la faillite de la Méridien International Bank Limited en 1995

    Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie du Cameroun(BICIC)

    1962

    Retrait de l'appui technique de la BNP en octobre 1994. Appui technique du Groupe des banques Populaires à partir du 26/11/1996.fermée en mars 1997.Les actifs ont été repris le 19 mars par la BICEC.

    Crédit Agricole du Cameroun(CAC)

    01/10/90

    Mise en liquidation annoncée par la COBAC le 12 juin 1997.

    Source : rapport d'activité de la BEAC cité par ANNE JOSEPH (2004).

    Annexe 1.3. : Les différents types de rationnement de crédit

    Différents types de rationnement

    description

    Rationnement de Type 1

    La banque accorde le prêt pour un montant inférieur à celui qui a demandé. Cette définition repose sur l'hypothèse qu'il existe une relation entre montant emprunté et difficultés de remboursement.

    Rationnement de type 2

    La banque refuse de s'engager envers certains emprunteurs alors qu'ils présentent les mêmes caractéristiques que ceux qui obtiennent le crédit (modèle de Stiglitz et Weiss, 1981)

    Rationnement de type 3

    Ici la banque refuse de prêter au taux d'intérêt désiré par l'emprunteur.

    Rationnement de type 4

    Ici, les emprunteurs écartés se distinguent de ceux qui ont obtenu le crédit car ils ont été identifiés comme trop risqués par la banque : quel que soit le taux en vigueur ils sont exclus du marché du crédit. Il prend pour synonyme « red-lining » dans la littérature anglo-saxonne,

    Source : construction de l'auteur d'après Anne joseph (1998)

    Annexe 2.1 : Les différentes normes prudentielles appliquées par la COBAC

    Normes

    Objectifs

    I-Normes de solvabilité

    a) Le ratio de couverture des risques

    Fait obligation aux établissements de crédit de justifier en permanence que leurs fonds propres nets couvrent au minimum 5% de l'ensemble de leurs encours.

    b) Le ratio de division des risques

    Interdit aux établissements de crédit de s'engager en faveur d'un seul client pour un montant excédent 75% de leurs fonds propres nets (cette limite sera ramenée à 45% d' après Bâle II)

    c) Le ratio de couverture des immobilisations

    Oblige les établissements de crédit à financer leurs immobilisations au minimum à 100% par leurs ressources permanentes.

    d) Une prise de participation au capital d'une entreprise

    Impose à l'établissement de crédit de limiter à 15% des fonds propres nets, l'ensemble de cette prise ne pouvant dépasser 75% (elle sera ramenée à 45%).

    e) Les concours aux actionnaires, associés, administrateur, dirigeant et personnel

    Ces concours octroyés par un établissement de crédit sont limités à 15% des fonds nets.

    II- Normes de liquidité

    a) Le ratio de liquidité

    Oblige les établissements de crédit à justifier en permanence des ressources immédiatement disponibles et susceptibles de couvrir au minimum l'intégralité de leurs dettes à échoir dans un mois au plus.

    b) Le ratio de transformation à long terme

    Permet de contenir un solde minimum de 50% entre les emplois et les engagements à plus de 5 ans d'échéance d'un établissement de crédit et ses ressources de même terme.

    Source : COBAC, 2000.

    Annexe 2.2 : Banques créatrices de monnaie des six pays de la CEMAC au terme de la

    deuxième restructuration bancaire en 2005

    CAMEROUN

    1-A.B.C : Amity Bank Cameroon

    2-B.I.C.E.C : Banque Internationale du Cameroun pour l'Epargne et le Crédit

    3-C.B.C : Commercial Bank Caemroon

    4-C.L.C : Crédit Lyonnais Cameroun

    5-S.C.B.C : Standard Charted Bank Cameroon

    6-S.G.B.C : Société Générale de Banque au Cameroun

    7-U.B.C : Union Bank Cameroon

    8-H.C.B : Hihgland Corporation Bank-Cameroon

    9-AFRILAND FIRST BANK

    10- CITIBANK : First National City Bank

    11-ECOBANK CAMEROON

    GUINEE EQUATORIALE

    1-SGB-GE : Société Générale de Banque Guinée Equatoriale

    2-BGFI-GE : Banque Gabonaise et Française Internationale Guinée Equatoriale

    TCHAD

    1-B.A.S.T : Banque Agricole du Soudan au Tchad

    2-B.C.C : Banque Commerciale du Chari

    3-B.M.B.T : Banque Méridien-BIAO Tchad

    3-C.B.T : Commercial Bank Tchad

    4-F.B.T : Financial Bank Tchad

    5-S.G.T.B : Société Générale Tchadienne de Banque

    REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

    1-B.I.C.A : Banque Internationale pour la Centrafrique

    2-B.P.M.C : Banque Populaire Maroco-Centrafricane

    3-C.B.C.A : Commercial Bank Centrafrique

    4-U.B.A.C : Union Bancaire en Afrique Centrale

    5-B.C.I : Banque Centrafricaine d'Investissement

    CONGO

    1-B.G.F.I : Banque Gabonaise et Française Internationale -Congo

    2-C.L.C : Crédit Lyonnais Congo

    3-COFIPA : COFIPA Investment Bank Congo

    4-B.A.I.C : Banque pour l'Agriculture, l'Industrie et le Commerce

    5-C.A.I.C : Caisse pour l'Agriculture, l'industrie et le Commerce

    GABON

    1-B.G.F.I : Banque Gabonaise et Francaise Internationale

    2-B.I .C .G : Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie du Gabon

    3-CITIBANK : First National City Bank

    4-I.B.C : Interfinancial Banking Corporation

    5-U.G.B : Union Gabonaise de Banque

    Source : BEAC, rapport d'activité, 2006.

    Annexe 2.3 : Situation des ratios prudentiels des huit principales banques commerciales au Cameroun (février 1998-février 2000)

    Principaux ratios

    Février 1998

    Février 1999

    Février 2000

    Ratio de liquidité (minimum COBAC =100%)

    160.36%

    199.33%

    160.8%

    Ratio de couverture des risques (minimum COBAC = 5%)

    8.28%

    11.74%

    9.13%

    Ratio de transformation à long terme (minimum COBAC = 50%)

    83.29%

    101.78%

    89.30%

    Ratio de couverture des immobilisations (minimum COBAC = 100%)

    192.90%

    199.96%

    162.99%

    Fonds propres nets (millions de francs CFA)

    6.103

    8.089

    6.905

    Source : BEAC, Yaoundé, 2002.

    Annexe 3.1 : un bilan bancaire typique

    ACTIF

    PASSIF

    Encaisse de trésorerie (monnaie centrale en caisse, réserves libres et obligatoires)

    Dépôts interbancaires

    Prêts interbancaires.

    Dépôts des agents non financiers (dépôts à vue, à terme, comptes sur livret, comptes et plans d'épargne logement, etc.)

    Crédits aux agents non financiers.

    Titres émis à l' exception des actions (certificat de dépôts, obligation etc.)

    Portefeuille de titres.

    Provisions.

    Immobilisations.

    Capitaux propres

    Source : SCIALOM, 1999.

    Annexe 3.2 : Estimation de la rentabilité des actifs pré-réformes

    MODELE DES MCO

    Source

    SS

    df

    MS

    Number of obs =

    120

     
     
     
     

    F( 10, 109)

    = 9.32

    Model

    70012.3329

    10

    7001.23329

    Prob > F

    = 0.0000

    Residual

    81917.1379

    109

    751.533375

    R-squared

    = 0.4608

     
     
     
     

    Adj R-squared

    = 0.4114

    Total

    151929.471

    119

    1276.71824

    Root MSE

    = 27.414

     
     
     
     
     
     

    roa

    Coef.

    Std. Err.

    t

    P>t

    [95% Conf.

    Interval]

     
     
     
     
     
     
     

    scapital

    -.2380691

    .2991801

    -0.80

    0.428

    -.8310342

    .3548961

    capast

    -22.22829

    20.69619

    -1.07

    0.285

    -63.24746

    18.79088

    procre

    -115.9846

    28.97814

    -4.00

    0.000

    -173.4183

    -58.55084

    radep

    -60.46856

    30.75474

    -1.97

    0.052

    -121.4235

    .486338

    risq

    -21.06146

    10.52028

    -2.00

    0.048

    -41.91232

    -.2106097

    cr

    -54.22981

    24.53207

    -2.21

    0.029

    -102.8516

    -5.608057

    actpib

    -35.66707

    14.07151

    -2.53

    0.013

    -63.55634

    -7.777801

    logpib

    6.686616

    3.290957

    2.03

    0.045

    .1640458

    13.20919

    inf

    -3.840062

    1.600272

    -2.40

    0.018

    -7.011748

    -.668376

    log_m2

    -5.368024

    2.770457

    -1.94

    0.055

    -10.85898

    .1229309

    _cons

    148.4328

    88.39916

    1.68

    0.096

    -26.77141

    323.6371

    Source : construction par l'auteur à partir de l'estimation sur stata 9.

    MODELE A EFFET FIXES

    Fixed-effects (within) regression Number of obs = 120

    Group variable (i): id Number of groups = 6

    R-sq: within = 0.2074 Obs per group: min = 20

    between = 0.4896 avg = 20.0

     

    overall = 0.3023 max = 20

     

    F(10,104) = 2.72

     

    corr(u_i, Xb) = -0.2160 Prob > F = 0.0052

    roa

    Coef.

    Std. Err. t

    P>t

    [95% Conf. Interval]

    scapital

    -1.337973

    .9806708 -1.36 0.175

    -3.28268 .6067339

    capast

    -18.91083

    22.4046 -0.84 0.401

    -63.34 25.51834

    procre

    -90.4703

    33.15298 -2.73 0.007

    -156.2139 -24.7267

    radep

    -27.45973

    45.54399 -0.60 0.548

    -117.7752 62.85571

    risq

    -29.11013

    12.53053 -2.32 0.022

    -53.95865 -4.261617

    cr

    -47.65136

    26.97263 -1.77 0.080

    -101.1391 5.836368

    actpib

    -46.91376

    34.49757 -1.36 0.177

    -115.3237 21.49622

    logpib

    4.109516

    4.423386 0.93 0.355

    -4.662224 12.88126

    inf

    -4.979601

    2.748764 -1.81 0.073

    -10.4305 .4713001

    log_m2

    -4.68456

    3.281673 -1.43 0.156

    -11.19224 1.823122

    _cons

    236.3137

    145.0511 1.63 0.106

    -51.32805 523.9555

     
     
     
     
     
     

    sigma_u

    17.115668

     
     
     
     

    sigma_e

    27.398088

     
     
     
     

    rho

    .2807069

    (fraction of variance due

    to

    u_i)

     
     
     
     
     
     
     

    test that all

    u_i=0:

    F(5, 104) = 1.03

    Prob > F = 0.4066

    Source : construction par l'auteur à partir de l'estimation sur stata 9.

    MODELE A EFFETS ALEATOIRES

    Random-effects GLS regression Number of obs = 120

    Group variable (i): id Number of groups = 6

    R-sq: within = 0.1866 Obs per group: min = 20

    between = 0.9822 avg = 20.0

     

    overall = 0.4608 max = 20

     

    Random effects u_i ~ Gaussian Wald chi2(10) = 93.16

    corr(u_i, X) = 0 (assumed) Prob > chi2 = 0.0000

     

    roa

    Coef.

    Std. Err.

    z

    P>z

    [95% Conf.

    Interval]

     
     
     
     
     
     
     

    scapital

    -.2380691

    .2991801

    -0.80

    0.426

    -.8244512

    .3483131

    capast

    -22.22829

    20.69619

    -1.07

    0.283

    -62.79207

    18.33549

    procre

    -115.9846

    28.97814

    -4.00

    0.012

    -172.7807

    -59.18846

    radep

    -60.46856

    30.75474

    -1.97

    0.049

    -120.7467

    -.1903741

    risq

    21.06146

    10.52028

    -2.00

    0.045

    -41.68083

    -.4420927

    cr

    -54.22981

    24.53207

    -2.21

    0.027

    -102.3118

    -6.147849

    actpib

    -35.66707

    14.07151

    -2.53

    0.011

    -63.24672

    -8.087423

    logpib

    6.686616

    3.290957

    2.03

    0.042

    .2364584

    13.13677

    inf

    -3.840062

    1.600272

    -2.40

    0.016

    -6.976537

    -.7035875

    log_m2

    -5.368024

    2.770457

    -1.94

    0.053

    -10.79802

    .0619711

    _cons

    148.4328

    88.39916

    1.68

    0.093

    -24.82632

    321.692

     
     
     
     
     
     
     

    sigma_u

    0

     
     
     
     
     

    sigma_e

    27.398088

     
     
     
     
     

    rho

    0

    (fraction

    of variance due

    To

    u_i)

     

    Source : construction par l'auteur à partir de l'estimation sur stata 9.

    TEST DE HAUSMAN

    ---- Coefficients ----

     
     

    | (b) (B) (b-B) sqrt(diag(V_b-V_B))

    | eq1 . Difference S.E.

     

    -------------+-------------------------------------------------------------------------------------------

     

    scapital | -1.337973 -.2380691 -1.099904 .93392

     

    capast | -18.91083 -22.22829 3.317456 8.581033

     

    procre | -90.4703 -115.9846 25.51427 16.1055

     

    radep | -27.45973 -60.46856 33.00883 33.59168

     

    risq | -29.11013 -21.06146 -8.04867 6.807198

     

    cr | -47.65136 -54.22981 6.578449 11.21162

     

    actpib | -46.91376 -35.66707 -11.24669 31.49722

     

    logpib | 4.109516 6.686616 -2.5771 2.955662

     

    inf | -4.979601 -3.840062 -1.139539 2.234912

     

    log_m2 | -4.68456 -5.368024 .683464 1.758963

     

    --------------------------------------------------------------------------------------------------------------

     

    b = consistent under Ho and Ha; obtained from xtreg

     

    B = inconsistent under Ha, efficient under Ho; obtained from xtreg

    Test: Ho: difference in coefficients not systematic

     
     
     
     

    chi2(10) = (b-B)'[(V_b-V_B)^(-1)](b-B) = 5.13

     
     
     

    Prob>chi2 = 0.8822 (V_b-V_B is not positive definite)

     

    Source : construction par l'auteur à partir de l'estimation sur stata 9.

    Annexe 4.3 : Comportement des résidus dans l'estimation de la marge d'intérêt après les réformes

    Source : estimation des résidus sur Eviews 5.1.

    TABLE DES MATIERES

    Sommaire.......................................................................................................i

    Avertissement.................................................................................................ii

    Dédicaces.....................................................................................................iii

    Remerciements...............................................................................................iv

    Résumé.........................................................................................................v

    Abstract.........................................................................................................v

    Liste des sigles................................................................................................vi

    Liste des graphiques.......................................................................................viii

    Liste des tableaux.......................................................................................... viii

    Liste des annexes............................................................................................ix

    INTRODUCTION GENERALE..........................................................................1

    PREMIRE PARTIE : LES REFORMES FINANCIERES EN ZONE CEMAC  COMME UN

    REPONSE A LA CRISE BANCAIRE........................................10

    Introduction à la première partie......................................................................11

    Chapitre I : Les facteurs de la crise du système bancaire de la CEMAC ...........................12

    Introduction................................................................................................12

    Section 1 : Les causes de la crise bancaire ...........................................................13

    I.1.1. Le système bancaire avant la crise................................................................13

    I.1.1.1. Les deux générations de banques dans la CEMAC..........................................13

    I.1.1.2. La supervision bancaire et la politique monétaire de la BEAC avant la décennie 1990.15

    I.1.2. Les causes de la crise : les méfaits de la répression financière.................................18

    I.1.2.1. Les causes exogènes : la dégradation générale des économies.............................19

    I.1.2.2. Les causes endogènes : la responsabilité des banquiers et le manque véritable de

    supervision..........................................................................................19

    Section 2 : Les manifestations et les conséquences de la crise ....................................21

    I.2.1. Les manifestations de la crise bancaire en zone CEMAC......................................21

    I.2.1.1. Une vue synoptique de la crise..................................................................21

    I.2.1.2. Les caractéristiques de la crise dans les six pays de la CEMAC ............................22

    I.2.2. Les conséquences de la crise........................................................................24

    I.2.2.1. Les faillites bancaires et l'accroissement du rationnement de crédit........................24

    I.2.2.2. Le développement de la microfinance et l'essor d'un secteur financier informel........25

    Conclusion....................................................................................................27

    Chapitre II : Les réformes financières en zone CEMAC et la résolution de la crise .......28

    Introduction................................................................................................28

    Section 1 : Le contenu des réformes financières ...................................................28

    II.1.1. Le contenu des réformes bancaires..............................................................29

    II.1.1.1. Les fondements théoriques des réformes : l'approche gradualiste et la thérapie des

    chocs dans la libéralisation financière.........................................................29

    II.1.1.2. Les grands axes de la réforme bancaire : les deux restructurations bancaires..........30

    II.1.2. Les réformes monétaire et institutionnelle intervenues dans la CEMAC.................35

    II.1.2.1. Une nouvelle politique monétaire depuis la décennie 1990................................35

    II.1.2.2. La COBAC comme nouveau dispositif de supervision bancaire...........................37

    Section 2 : L'héritage des réformes financières .....................................................39

    II.2.1. Une stabilité bancaire retrouvée..................................................................39

    II.2.1.1. Les facteurs internes de la stabilité bancaire..................................................40

    II.2.1.2. Les facteurs externes du renforcement de la stabilité bancaire.............................41

    II.2.2. Le caractère mitigé des reformes sur la stabilité bancaire....................................42

    II.2.2.1. Les causes du mitige : L'implémentation et le timing des reformes ......................43

    II.2.2.2. Illustration du mitige : faible implication des banques dans le financement de

    l'économie et faible diversification des services.............................................44

    Conclusion....................................................................................................45

    Conclusion de la première partie........................................................................47

    DEUXIEME PARTIE : EFFET DES REFORMES FINANCIERES SUR

    LA RENTABILITE DU SYSTEME BANCAIRE DES PAYS DE

    LA CEMAC....................................................................48

    Introduction à la deuxième partie.....................................................................49

    Chapitre III : Impact des réformes financières sur la rentabilité des actifs des banques de

    la sous-région CEMAC...............................................................50

    Introduction................................................................................................50

    Section 1 : Aperçu théorique sur la rentabilité des actifs.........................................50

    III.1.1. Les fondements théoriques.......................................................................50

    III.1.1.1. Les travaux pionniers sur la rentabilité des actifs..........................................51

    III.1.1.2. Les prolongements et travaux récents........................................................51

    III.1.2. Les résultats empiriques existants sur la rentabilité des actifs.............................52

    III.1.2.1. Les résultats dans le monde...................................................................52

    III.1.2.2. Les études en Afrique et dans la zone CEMAC...........................................53

    Section 2 : Validations empiriques.....................................................................55

    III.2.1. Les principales approches empiriques........................................................55

    III.2.1.1. La description schématique : le paradigme SCP............................................55

    III.2.1.2. Au-delà du modèle schématique : le modèle économétrique (choix et justification des

    variables, sources de données et horizon temporel spécification du modèle)........... 57

    III.2.2. Estimations et analyse des résultats.............................................................59

    III.2.2.1. Méthode d'estimation : la technique des données de panel et les tests nécessaires....60

    III.2.2.2. Résultats pré et post réforme et les commentaires..........................................61

    Conclusion...................................................................................................................................66

    Chapitre IV : Influence des réformes financières sur les marges d'intérêt bancaires en

    zone CEMAC.............................................................................67

    Introduction.................................................................................................67

    Section 1 : Les contours théoriques de la notion d'intérêt........................................67

    IV.1.1. La notion d`intérêt en économie............................................................67

    IV.1.1.1. Approche conceptuelle des taux d'intérêt : les débats entre classiques - keynésiens -

    monétaristes............................................................................................68

    IV.1.1.2. Les mesures des taux d'intérêt bancaires....................................................69

    IV.1.2. La notion de marge d'intérêt.....................................................................71

    IV.1.2.1. Approche conceptuelle des marges d'intérêt : la mesure par le spread de taux........71

    IV.1.2.2. Bref aperçu sur les travaux existant..........................................................72

    Section 2 : Réformes financières et marges d'intérêt bancaires : un test empirique........73

    IV.2.1. Lien empirique de la relation reformes financières et marges d'intérêt bancaire.......73

    IV.2.1.1. Les axes d'influence des réformes financières sur les marges d'intérêt ................73

    IV.2.1.2. Le retour au modèle : les déterminants des marges d'intérêt..............................75

    IV.2.2. Spécification du modèle, estimation et analyse des résultats..........................................76

    IV.2.2.1. Spécification et estimation du modèle.......................................................76

    IV.2.2.2. Analyse des résultats pré et post-réformes..................................................80

    Conclusion....................................................................................................82

    Conclusion de la deuxième partie............................................................................84

    CONCLUSION GENERALE ET PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS..........................85

    Bibliographie...............................................................................................88

    Annexe.......................................................................................................95

    Table des matières........................................................................................103

    * 1 La Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) est composée de six pays : Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et RCA. Elle fut créée en 1994 et a remplacé l'Union Douanière et Economique de l'Afrique Centrale (UDEAC) qui existait depuis 1964.

    * 2 Au 31 décembre 1998, le système bancaire de la zone CEMAC a enregistré un déficit de 6,1 milliards de francs .Les créances douteuses étaient de 24,65% pour le système bancaire camerounais qui était le plus touché par la crise (Tamba et Tchamambe, 1995).

    * 3 Pour Scialom (2007),  la banque est un intermédiaire financier spécifique. Elle est un intermédiaire financier dans la mesure où sa fonction traditionnelle est d'accorder les crédits et de collecter des dépôts.

    * 4 Toutes ces réformes sont détaillées dans le bulletin de la COBAC, n° 2, 1997.

    * 5 Source BEAC, 2005.

    * 6 La mise en place des taux d'intérêt directeur a obéi à une harmonisation de ceux-ci et des prescriptions de leur respect.

    * 7 La mise en place de la COBAC a permis d'une part, la définition de cinq normes prudentielles : 1-le ratio de solvabilité ; 2-le ratio de liquidité ; 3-le ratio de transformation à long terme ; 4-le ratio de couverture des immobilisations ; 5- le ratio de fonds propres et d'autre part, l'établissement d'un système automatisé de cotation des établissements de crédit (SYSCO).

    * 8 Cette approche dite graduelle signifie que les réformes annoncées s'appuient sur des changements progressifs et appropriés des structures institutionnelles à la fois d'ordre macroéconomique et microéconomique (Avom et Eyeffa, 2007).

    * 9 D'après Guerrien (1996), on parle d'externalité pour désigner toute situation où les activités des agents économiques ont des conséquences sur le bien-être (au sens large) d'autres agents sans qu'il y ait des échanges ou des transactions entre eux.

    * 10 BAIN, J.S., (1951),» The relation of profit Rate to Industry concentration: Americain Manufacturing, 1936-1940», Quartely Journal of Economics, 65(3), pp. 293-324. Cité par Chirwa, (1998).

    * 11 On peut citer ici l'Union Monétaire de l'Afrique Centrale (UMAC) et l'Union Economique de l'Afrique Centrale (UEAC) (BEAC, 1996).

    * 12 Sources : World Bank data 2005

    * 13 Traité relatif à l'adhésion de la Guinée Equatoriale au sein de l'UDEAC.

    * 14 Selon les articles 10 et 11 des statuts de la BEAC de septembre 2007, le compte d'opération est un compte ouvert auprès du trésor français dont les conditions d'approvisionnement et de fonctionnement sont précisées par une convention. Cette convention spéciale fut signée en 1972 par le président du conseil d'administration de la BEAC et le Directeur Général du trésor et de la politique monétaire français. Elle fixe la quotité des réserves devant obligatoirement être placées par la BEAC qui s'élève à 65% des réserves de la Banque.

    * 15 Ce sont en majorité des filiales des grandes banques françaises telles que : le Crédit Lyonnais crée le 6 Juillet 1963, la Société Générale des Banques créée le 4 Mai 1964 et la Banque Nationale de Paris créée en 1966.

    * 16 Taux calculé par l'auteur à partir des données de la Banque Mondiale (World Bank Data 2005).

    * 17 Les avances aux Trésors Nationaux étaient limitées à 20% des recettes budgétaires ordinaires d'origine nationale de l'exercice écoulé et la maximale était de dix ans traduisant le souci des autorités monétaires de renforcer la participation de la Banque Centrale au financement des opérations de développement.

    * 18 La méthode des plafonds globaux de réescompte permettait de terminer le montant maximum que l'institut d'Emission pouvait consentir.

    * 19 Sur la base de l'article 36 des statuts de la BEAC (statuts de septembre 2007) et sur décision du Conseil d' Administration, la Banque Centrale peut imposer aux banques et établissements financiers la constitution des réserves obligatoires rémunérées ou non auprès de ces guichets.

    * 20 La Banque Centrale pratiquait la sélectivité des plafonds selon l'utilité économique des demandes de crédits qui sont présentées. Une distinction était faite entre le plafond des opérations courantes et le plafond des opérations indexées. Si le premier était fixé de manière absolue, le second, destiné à couvrir les besoins de financement des campagnes agricoles que les pouvoirs publics privilégiaient, était en revanche variable en fonction du volume de la production et du prix d'achat au planteur.

    * 21 Le but est d'orienter les ressources bancaires vers les opérations économiques et les secteurs prioritaires.

    * 22 Bakkus et Driffil (1985) définissent une politique monétaire efficace comme celle qui produit l'effet attendu et dans ce cadre, l'effet attendu est l'objectif final.

    * 23 Calculé par l'auteur d'après les statistiques de la BEAC.

    * 24 Source World Bank Data 2005.

    * 25 Au 31 décembre 1988, le système bancaire de la CEMAC a enregistré un déficit de 6011 milliards de franc CFA. Par ailleurs, la proportion des créances douteuses s'était considérablement accrue. Elle était de 24.65% pour le système bancaire camerounais.

    * 26 Les chiffres qui suivent sont ceux du système bancaire de 1990 tirés des statistiques de la BEAC (Rapport d'activité 1996).

    * 27 Classement issu du système de cotation SYSCO de la COBAC EN 1997.

    * 28 La répartition par pays de ces banques était de 2 au Cameroun, 2 en RCA, 2 au Congo, 2 au Gabon et 1 au Tchad.

    * 29 Muhammad Yunus (1997), Transgresser les préjugés économiques, le monde diplomatique.

    * 30 En 1992, les coûts de cette restructuration représentaient environ 500 Mds de FCFA pour le Cameroun (185 pour les banques à liquider et 315 Mds de FCFA pour celles à réhabiliter), 10 Mds de FCFA pour la RCA, 36 Mds de FCFA pour le Congo, 6 Mds de FECFA pour le Tchad et 3,5 Mds de FCFA pour la Guinée Equatoriale.

    * 31 Calculé par l'auteur.

    * 32 Voir les statuts de la BEAC 2007 P. 5.

    * 33 Le Comité de Politique Monétaire est l'organe de décision de la BEAC en matière de politique monétaire et de gestion des réserves de change. Cf. chapitre 2 des statuts de Septembre 2007. Il faut noter que ce comité n'existait pas dans les statuts de 1998.

    * 34 Voir COBAC 2002.

    * 35 Pour plus d'informations, lire Tisset et Troussard, 2005.

    * 36 Au Congo, on a eu de 1993 à 2003 une guerre civile qui a fait plus de 1500 morts ; en RCA en 2006 et 2007 et en fin au Tchad, en février 2008 des soulèvements on été enregistrés.

    * 37 L'Indice d'Herfindhal-Hirschman est établi en additionnant le carré des parts de marché de toutes les entreprises du secteur considéré. Il est compris entre 0 (concurrence parfaite) et 1 (monopole). Sa formule est H=? S2 Où S est la part de marché de l'entreprise i et n le nombre d'entreprises.

    * 38 Une économie d'échelle correspond à la baisse du coût unitaire d'un produit qu'obtient une entreprise en accroissant la quantité de sa production. On parlera ainsi d'économie d'échelle si chaque bien produit coûte moins cher à produire lorsque les quantités produites (économies d'échelle par rapport au coût de production) ou vendues (économies d'échelle par rapport au coût de revient) augmentent (Varian, 2006).






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