1-2/ L'historique de la pratique du redoublement
Ainsi, la question du redoublement n'est pas récente et
varie selon les courants de pensée de l'histoire. Le redoublement
était une disposition dès le XVIe siècle, dans le
système éducatif anglo-saxon pour aider les élèves
faibles ou en difficulté de maîtriser le programme de sa classe
(Ziegler Suzanne, 1992). Aux Etats-Unis, jusqu'au milieu du XIXe siècle,
les écoles n'étaient pas organisées par système de
classes. La mesure du redoublement intervient avec l'apparition des
établissements organisés de façon graduée (Balow,
Irving H. et Schwager Mahna, 1990). Cette pratique est rentrée plus tard
dans les habitudes. Vers 1930, les sciences sociales s'interrogent au sujet de
cette pratique à cause de ses effets néfastes (le
développement social et émotif) sur l'élève
(Ziegler Suzanne, 1992). Ainsi les tenants de la `'promotion sociale»
(passage automatique en classe supérieure) pensent que le redoublement
n'est pas utile parce qu'il fait reprendre par le redoublant un programme qui
n'ayant pas été réussi au premier coup, ne le serait pas
plus tard (King Marian J., 1984) Dès lors le passage en classe
supérieure n'est plus fondé sur les critères de
performance. Un ou une élève qui ne maîtrise pas les
objectifs de sa classe peut passer en classe supérieure pour lui
permettre de suivre sa promotion ou son groupe d'âge (Ostrowski Patricia
Maslin, 1987).
Au début des années 1960, le passage automatique
en classe supérieure est à nouveau remis en question. Selon
ces derniers chercheurs, l'admission
automatique en classe supérieure pour des raisons
sociales ne favorise pas la recherche de l'excellence (Leblanc Jacynthe 1991).
La baisse des résultats des élèves au test érigea
certains éducateurs et éducatrices en défenseurs d'une
politique de classement plus stricte afin d'assurer la maîtrise du
contenu des programmes par les élèves. Ils ne voulaient plus
accorder de passage à rabais en classe supérieure. Selon eux,
l'élève qui passe en classe supérieure sans avoir
maîtrisé les objectifs de la classe inférieure
éprouvera des difficultés encore plus importantes que s'il
redoublait (Balow Irving H. et Schwager Mahna, 1990).
En France, la pratique du redoublement n'est pas nouvelle. Les
lois Ferry instaurèrent trois composantes structurelles dans
l'organisation scolaire : un même espace, un même maître, et
un programme attribué à chaque classe. Dès lors le
redoublement était corrélé à cette organisation. En
1950, le redoublement devient très préoccupant et fait l'objet
d'une circulaire du ministère de l'éducation nationale
(daté du 16 mars 1956) dont l'objectif était de rechercher les
moyens les plus adaptés à le réduire. En 1983, Claude
Seibel établit le caractère néfaste du redoublement
supposé être jusqu'à lors `'une seconde chance»
(Seibel Claude ; Levasseur Jacqueline, 1983). Plus tard les résultats
des travaux de ce chercheur ont contribué à l'instauration,
à partir de janvier 1991, de la notion de cycle d'enseignement à
la place du terme niveau d'enseignement. Ceci répond à l'objectif
d'adapter l'institution scolaire au rythme d'apprentissage de
l'élève. C'est un moyen de « favoriser la réussite de
tous les élèves » et de limiter le nombre de redoublement
pour éviter qu'il soit vécu comme une sanction (Seibel Claude,
Levasseur Jacqueline, 2007). Le redoublement conçu comme la reprise
à l'identique d'une année scolaire ne se justifie plus. La loi
d'orientation de 2005 a renforcé cette nécessité de
prendre en charge les élèves en difficulté ou ayant
été maintenus.
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