III.2. Les conséquences socio-économiques
Les conséquences socio-économiques de la
dégradation du couvert végétal se manifestent à
travers le bouleversement de la société traditionnelle, les
systèmes de cultures et la paupérisation des populations.
III.2.1. Le bouleversement de la société
traditionnelle et des systèmes de culture
La dégradation du couvert végétal a
entraîné une diminution de la richesse des sols dont la
résultante est la réduction des rendements. Pour gérer les
déficits de rendements et les incertitudes pluviométriques, les
populations ont adopté des stratégies d'adaptation dont les
systèmes de production extensifs.
La baisse de la fertilité des sols, l'augmentation de
la population et le manque de techniques culturales intensives, ont
engendré également une compétition pour l'obtention des
terres. Les jachères qui atteignaient autrefois 15 ans n'excèdent
guère 10 ans de nos jours et cela contribue encore plus à la
surexploitation des terres. La concurrence pour l'accès aux ressources
foncières a entraîné également un morcellement des
terres appartenant aux lignages au profit des ménages. Ceux-ci
désirent avoir d'importantes réserves à leur disposition
pour assurer leur sécurité foncière. Cette course à
la terre a donc conduit à une insécurité foncière
qui ne permet pas à ceux qui ont emprunté la terre, d'y faire des
investissements productifs. Les conflits liés à l'exploitation
des ressources naturelles se trouvent du même coup, accentués.
III.2.2. La paupérisation des
populations
L'accroissement de la population, l'augmentation et la
diversification de ses besoins, la péjoration climatique, les
difficultés d'intensification de la production ainsi que la pression
autour des ressources, ont contribué à installer la population
dans une pauvreté chronique. Ces populations sont confrontées
à des déficits alimentaires récurrents les rendant plus
vulnérables et plus dépendantes des ressources naturelles. Les
populations développent alors des stratégies de survie dont
l'exploitation abusive des ressources disponibles afin d'assurer leur
sécurité alimentaire, la couverture de leurs besoins
énergétiques et la satisfaction en produits pour la
pharmacopée. La pauvreté contribue ainsi à renforcer la
pression sur les ressources naturelles. Cette forme d'exploitation assidue des
ressources remet en cause leur pérennité et leur équilibre
sur le plan écologique. La diminution croissante des ressources sur
lesquelles se base l'activité socio-économique des
populations entretient en retour la pauvreté.
Face à cette logique, l'aménagement des
formations boisées qui suppose qu'on aboutisse à un compromis
durable entre les usages et les conditions écologiques, constitue une
solution idoine pour une préservation des ressources forestières.
Cependant, les actions d'aménagement devront se faire avec la
participation des populations locales qui seront au coeur du processus. Les
populations, selon nos enquêtes, en sont conscientes et comptent
céder une partie de leurs terroirs pour un aménagement. Elles
estiment que cela sera bénéfique pour la préservation des
ressources naturelles et pourra également 4tre une opportunité
pour elles d'engranger des
dividendes afin de résorber leur pauvreté. Les
autorités communales sont de cet avis. Elles pensent, vu les
différentes charges de la commune et les défis énormes
qu'elles ont à relever, que les dividendes qui viendront de
l'aménagement des formations naturelles seront d'un grand soutien dans
la satisfaction des besoins. Elles attendent tous de l'aménagement de la
future forêt une zone botanique où elles pourront préserver
les espèces utiles menacées et au besoin procéder à
une plantation. Les populations attendent aussi la construction de retenues
d'eau pour les animaux sauvages et pour leurs bétails. En outre, un
enrichissement de la future forêt par la plantation de nouvelles
espèces intéressantes, l'intensification de l'apiculture et
l'aménagement d'un espace pour le p1turage restent envisageables selon
elles.
Pour l'amélioration de leurs conditions de vie et pour
une participation massive des populations au processus d'aménagement,
elles proposent selon les résultats de l'enquite terrain, qu'on
intègre dans le plan de développement qui sera mis en place, la
construction d'infrastructures socio-économiques. Il s'agit exactement
des retenues d'eau (45,71 % des enquêtés), des écoles (20
%), des centres de santé et de promotion sociale (18,57 %), et des
forages (47,14 %). Les populations souhaitent aussi un appui en matériel
agricole (12,85 %), en produits pharmaceutiques (2,85 %) et en énergie
électrique (1,42 %).
En conclusion, l'analyse diachronique de l'évolution du
couvert végétal a permis de constater effectivement une
régression des ressources végétales. Les causes de cette
régression sont liées à l'évolution
spatio-temporelle et à la combinaison des facteurs naturels comme les
précipitations, la température, l'insolation, le vent et
l'évaporation. En plus des causes naturelles, il y a celles anthropiques
(défrichement, surpâturage, feux de brousse, déboisement)
qui sont d'ailleurs les plus dévastatrices. La dégradation du
couvert végétal a des conséquences qui s'observent sur le
plan environnemental et socio-économique.
Les conséquences sur l'environnement s'observent
à travers l'appauvrissement des sols et les impacts sur le climat. Sur
le plan socio-économique, elles se manifestent par le bouleversement de
la société traditionnelle et des systèmes de cultures
ainsi que par la paupérisation des populations. Cette situation
nécessite des solutions énergiques et durables telles que les
aménagements forestiers. Pour se faire, il est impératif d'avoir
une vision claire, c'est-à-dire connaître la superficie, les
potentialités et les insuffisances de la future forêt à
aménager.
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