Chapitre1 : LA PROBLEMATIQUE DU COTON AU BURKINA
FASO
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Introduction
Le Burkina Faso est l'un des gros exportateurs de coton des
pays de la zone CFA. En effet le Burkina est le premier pays africain
exportateur de coton avec 212 000 tonnes exporté en
2004/20053. Ainsi dans ce pays, deux des onze millions d'habitants
vivent directement de la culture du coton pour leur subsistance, tandis que
cinq millions en dépendent indirectement. De plus continuer à
cultiver le coton dans ce pays, équivaut ainsi à augmenter les
productions céréalières. Le coton a beaucoup
contribué à l'amélioration des conditions de vie de ces
populations.
Cependant le Burkina tout comme les autres pays de l'AOC
producteur de coton, fait face à d'importantes subventions
accordées par les pays industrialisés à leurs producteurs
de coton. En effet, les pays riches à savoir les Etats-Unis et l'Union
Européenne, deux superpuissances subventionnent le coton qui fait
l'objet de transactions internationales et qui constitue une culture
d'exportation, sinon la principale culture d'exportation du Burkina Faso.
Ce dernier a un avantage comparatif dans la production de
coton, avec des coûts, qui environnent 30 cents par livre contre le
double aux Etats-Unis.
Par contre, les subventions ont pour vocation de
réduire les coûts de production des producteurs des pays
aisés et par ricochet de fausser les calculs de l'avantage commercial
dont profitaient les producteurs burkinabais. De ce fait, les USA et l'UE ont
chacun mis en place un système d'aide différent.
Ainsi nous nous intéresserons dans un premier lieu aux
impacts socioéconomiques du coton au Burkina et nous essayerons
d'analyser l'évolution des exportations de coton du Burkina Faso.
Dans un second et dernier lieu, nous mettrons en oeuvre les
politiques de soutien à la filière coton aux Etats Unis et en
Union Européenne.
3 Source NCC
Section1 : Contribution socio-économique du coton
au Burkina Faso
La filière coton représente un enjeu
économique et financier considérable pour le Burkina Faso. Elle
entraine des effets positifs au plan socioéconomique qui sont
indispensables pour un pays en développement comme le Burkina. Cependant
avec une production destinée à plus 97 % aux exportations, il en
résulte une dépendance assez forte de la filière aux
évolutions du prix mondial.
Ainsi nous présenterons dans un premier temps les
contributions socioéconomiques du coton au Burkina et en second et
dernier lieu nous nous intéresserons aux évolutions des
exportations de coton du pays.
1) Contributions socioéconomiques du coton au
Burkina
Nous montrerons d'abord la contribution sociale du coton au
Burkina avant d'analyser la place du coton dans l'économie
burkinabé.
1.1 Contributions sociales du coton au Burkina
Le Burkina Faso comme la plupart des pays africains, est
confronté à un niveau élevé de pauvreté qui
handicape son développement socioéconomique. La pauvreté
est multidimensionnelle et très complexe et poussé la population
particulièrement celle du monde rural à émigrer vers
d'autre pays. Cependant la production du coton a permit de freiner l'exode
rural et de faire baisser l'incidence de pauvreté chez les
cotonculteurs.
1.1.1 Un frein contre l'exode rural
Ainsi, avant la grande vulgarisation de la culture du coton au
Burkina Faso, les jeunes avaient surtout une tendance à émigrer
vers certains pays africains comme le Sénégal ou allaient en
Europe, mais pour ceux qui restaient en Afrique la destination
privilégiée était la Côte d'Ivoire. Dans ce pays,
ceux qui avaient une qualification professionnelle étaient
employés comme ouvriers tandis que la grande masse devait servir dans
les plantations ou s'adonner au commerce ambulant. La culture du coton les a
fait rester dans leur village respectif, car elle leur permet désormais
de gagner leur vie, chez eux.
Cette culture du coton est donc un moyen très
approprié pour freiner l'exode, et dès lors il n'est point
étonnant qu'au méme moment où le Burkina Faso atteint des
productions record sur le coton, les productions
céréalières plafonnent. Cela veut dire que les bras
valides sont restés pour cultiver et il n'y a plus de problèmes
de maind'oeuvre.
1.1.2 Un vecteur de la lutte contre la
pauvreté
En 1994, 44,5% de la population vivait en dessous du seuil de
pauvreté estimé à 41.099 F C.F.A. En 1998, ce seuil
passait à 72.690 F C.F.A et la population en deçà
s'élevait à 45,3% soit une légère hausse de deux
points. La pauvreté connaît une progression à tous les
niveaux sociaux. Mais elle est beaucoup plus accentuée dans les zones
rurales. En effet, les ruraux contribuent pour 93 % à 96 % à
l'incidence de la pauvreté au Burkina Faso. Ce qui fait des campagnes
(villages), les points focaux de lutte contre la pauvreté. Et ce,
à travers l'augmentation des revenus des paysans.
Ainsi, une étude statistique du centre d'analyse des
politiques économiques et sociales (C.A.P.E.S) a montré que
l'incidence de la pauvreté chez les cotonculteurs a décru entre
1994 et 1998, passant ainsi de 50,1% à 42,4%, soit une baisse de
près de huit (8) points. En outre, dans les zones non cotonnières
l'incidence a augmenté de 2% pendant la même période
(1994-1998).
Continuer à cultiver le coton dans ce pays
équivaut ainsi à augmenter les productions
céréalières. Le coton a beaucoup contribué à
l'amélioration des conditions de vie de ces populations. Dans la plupart
des villages producteurs, ce sont des maisons en dur au toit
hérissé d'antennes et de paraboles que l'étranger remarque
d'abord, des écoles et dispensaires, des enfants bien nourris allant
à l'école, au lieu des habituels toits de chaume sur des
bâtisses en banco à proximité desquels rôdent des
enfants squelettiques, parce que pauvres et mal nourris.
Le coton est créateur de richesse et les producteurs de
coton sont considérés comme des paysans riches. De plus, le coton
permet une diversification des sources de revenus à travers des ventes
de plus en plus importantes de céréales notamment. Les modes
d'utilisation des revenus du coton mettent en évidence la contribution
de la filière à l'amélioration des conditions de vie des
producteurs.
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C'est ainsi que 31% sont affectés aux dépenses
agricoles, 41% à la construction de maison et à l'acquisition de
biens (moteurs, vélo, radio, meubles), 15% aux dépenses sociales
(mariages, funérailles, etc.), 9% à l'alimentation et aux soins
(médicaments, nourriture etc.), et 4% à d'autres
dépenses.
Par ailleurs, le coton est un élément dans
l'assolement4 des cultures qui permet, venant
généralement en tête de rotation et accompagné d'un
package phytotechnique (engrais, insecticides, herbicides, préparation
du sol, ...), d'avoir un arrière effet positif sur le rendement des
cultures vivrières qui suivent, en particulier les
céréales. Enfin, la pratique de la culture du coton se traduit
non seulement par un effet rendement positif sur les céréales
mais également par un accroissement des superficies consacrées
aux céréales et autres cultures vivrières.
Cependant, si la situation mondiale actuelle sur le coton
perdure, tous ces effets positifs seront rayés. Selon un paysan
burkinabé, le paradoxe vient du fait que ce sont les mêmes
personnes représentant les mêmes institutions qui conseillent
à nos gouvernements d'élaborer des programmes de réduction
de la pauvreté qui sont les premières responsables de nos maux,
car dans le même temps, des mesures sont prises pour nous
appauvrir5.
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