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L'identité: élément fondamental dans la littérature contemporaine, à  travers "l'enfant multiple" d'Andrée Chedid

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par Clément BIIRIMANA
Université Kasdi Merbah - Ouargla Algérie - Licence d'enseignement en langues étrangères  2011
  

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Chapitre II : CONCEPTIONS MODERNES DE LA LITTERATURE

Parlant du XXème siècle, du point de vue historique, les historiens font commencer ledit siècle en 1914, date du début de la première guerre mondiale. Quant à déterminer historiquement la fin du siècle, plusieurs dates sont possibles : le 09 novembre 1989 pour la chute du mur de Berlin ou le 26 décembre 1991, marquant la dissolution de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS).

Toutes ces dates sont incluses dans le XXème siecle. Ainsi, les évenements qui s'y réfèrent ont

beaucoup marqué les personnages de ce temps, et en particulier les écrivains. Ceux-ci ont vu

augmenter le nombre de themes à traiter d'où nombre de messages se sont vus transmis suite
à la nécessité imposée par les événements qu'a connus le XXème siècle. Ces événements

s'étant répercutés sur plusieurs domaines, l'homme s'est trouvé obligé de changer sa manière de voir et de dire le monde. En effet, le champ littéraire n'est pas resté insensible vis-à-vis des événements qui ont marqué cette période, entre autres les deux guerres mondiales. Les hommes profondément touchés voire blessés physiquement, moralement et psychologique-

ment, se sont vus contraints d'adopter un autre style de penser le monde, mais aussi de vivre.

Dans le domaine littéraire, l'on assiste à de nombreux courants qui surgissent avec force et

poids. Ils n'ont pas tardé à connaître le succès, bien que des critiques en aient beaucoup parlé.

Ainsi,

« La seconde guerre mondiale donne une extrême urgence au problème de la condition humaine et contribue à répandre d'une part la philosophie de `l'absurde', d'autre part la littérature engagée. Des poètes comme Aragon ou Eluard, hier surréalistes, chantent la Résistance et retrouvent les voies ancestrales du lyrisme. Les années quarante (40) sont marquées aussi par une large diffusion des thèses existentialistes, en particulier le théâtre, le roman et les essais de Jean-Paul Sartre. Albert Camus dépasse l'absurde par la révolte et défend la personne humaine contre tout ce qui menace de l'écraser. (...) Enfin des courants nouveaux apparaissent, au théâtre avec Beckett et Ionesco, dans le nouveau roman avec RobbeGrillet, Butor, Claude Simon, Nathalie Sarraute. (...) le créateur ne se contente plus de s'observer lui-même en train de créer, il en vient à poser, par son oeuvre meme, la question du sens et de la possibilité de l'acte créateur. Ainsi s'expliquent des termes comme apoèmes, antithéâtre, antiroman, qui révèlent les répercussions,

sur la littérature, de cette réflexion philosophique selon laquelle l'etre postule le néant »25.

En effet, les auteurs du XXème siècle cherchent à se distinguer de leurs prédécesseurs, c'est-àdire à s'affirmer tels qu'ils sont. Ils apportent d'importants changements en littérature, chacun dans son style, sa forme, ses idées et sa réflexion. C'est dans ce sens que l'on assiste à de nouveaux courants /mouvements littéraires comme le surréalisme avec André Breton, le dadaïsme ou Dada, l'existentialisme avec Jean Paul Sartre et autres. Tout cela pour l'affirmation de leurs identités.

La littérature française du XXème siecle s'inscrit dans un siecle tumultueux marqué par deux guerres mondiales, par l'expérience des totalitarismes fascistes et communistes et par une décolonisation difficile. Ce siècle est marqué par une remise en question progressive des genres littéraires. Par ailleurs, la deuxième moitié du siècle est particulièrement marqué par des expériences de « littératures de laboratoire » et le jeu intellectuel (nouveau roman, littérature potentielle) mais aussi par le poids d'une littérature commerciale en forte concurrence avec les fortes traductions de l'américain (collections sentimentales, romans policiers, romans de science-fiction, chansons,...) que retient peu l'histoire littéraire.

Le XXème siècle a donc ébranlé les structures fondamentales des genres, des arts traditionnels,

du langage et même de la pensée. Le monde est à repenser autrement. Ceci étant, il est à souligner qu'à mesure que l'esprit remonte du présent vers le passé, la perspective devient plus nette, les grandes lignes se dégagent et les valeurs sures s'affirment tandis que s'estompent les modes passagères. Ainsi, la période antérieure à la guerre de 1914 peut être analysée avec quelques assurances : l'importance des maîtres qui la dominèrent ou qui se formèrent alors ne peut être contestée.

Bien qu'il y ait les deux guerres mondiales (qui ont beaucoup marqué et influencé l'histoire
de la littérature du XXème siècle avec autant de répercussions), la continuité littéraire dudit

siècle apparaît en effet sous sa diversité. L'on est donc frappé de constater que certains des

courants les plus audacieux, en art comme en littérature, ont pris naissance dès avant 1914
(autour d'Apollinaire) ou dans les années 20 (l'antiroman avec A. Gide).

25 André, Lagarde, Laurent, Michard, Op.cit., p. 11.

18

Enfin faisons remarquer cette distinction de Dominique Viart26, dans un geste panoramique, des trois lignes directrices pour envisager la littérature contemporaine :

· Une littérature consentante : Elle est du côté de l'imagination romanesque, elle pioche dans un réservoir fictionnel et globalement dem eure dans la répétition du connu.

· Une littérature concertante. C'est une littérature qui serait dans les clichés du moment, dans le bruit culturel contemporain entre scandale calibré et formules répondant
au bain du spectacle ambiant. La préoccupation n'est pas ici l'écriture, mais plutôt le coup ou le bruit de fond médiatique.

· Une littérature déconcertante. C'est une littérature qui déplace l'attente, qui échappe au préconçu, au prêt-à-penser culturel. Elle s'extrait du simple régime de la consommation (la consommation des signes du spectacle et du spectaculaire). L'enjeu de ces écritures, déranger les consciences d'être au monde, tenter de dire ou signifier le réel, la violence du monde, ou de l'intimité sans céder sur les questions d'écriture : de nouvelles significations impliquent de nouvelles formes, de nouvelles syntaxes.

Avec l'expression littérature déconcertante, on comprendra une littérature qui ne cede rien quant à la nécessité d'une « teneur de vérité », ou d'un « contenu de vérité », expression renvoyant aux pensées de Walter Benjamin27 et de Théodore W. Adorno28.

Et comme la littérature est inséparable de la société qui l'a vue ou qui la voit naître, l'on comprend vite la nécessité qu'il y a de montrer cette forte relation qui existe entre la littérature et la société. En effet, un texte littéraire n'acquiert son sens qu'en faisant référence à sa société. Pour ce, il convient de rappeler que la notion de texte n'est pas nouvelle ; « elle est liée historiquement à tout un monde d'institutions : droit, Eglise, littérature, enseignement ; le texte est

26 Dominique Viart : Critique littéraire et professeur de littérature française à l'Université Lille 3, fondateur de la série Ecritures contemporaines (Lettres modernes ~ Minard). Il est notamment l'auteur de Le Roman français contemporain, (avec M ichel Braudeau, Lakis Proguidis et Jean Pierre Salgas, ADPF, 2002) ; Les Vies minuscules de Pierre Michon (Gallimard, 2004) et de La Littérature française au présent, Héritage, Modernité, Mutations (avec Bruno Vercier, Bordas, 2005).

27 Walter Benjamin (1892-1940) est un juif-Allemand qui travaillait comm e un critique littéraire, un penseur, un

D

sociologue et un essayiste.

28 Théodore W. Adorno est l'un des plus importants philosophes et critiques sociaux en Allemagne après la seconde Guerre Mondiale.

un objet, c'est l'écrit en tant qu'il participe au contrat social ; il assujettit, exige qu'on l'observe et le respecte (..) »29.

Des essais de littérature comparée permettent d'analyser les influences exercées par les littératures entre elles. A rappeler que la littérature comparée consiste en l'étude internationale ou

multilingue de l'histoire de la littérature. Elle étudie les grands courants de pensée, le style et
les grandes écoles ; mais aussi les genres, les formes et les modes littéraires, les sujets et les themes. Elle examine la présence d'une oeuvre littéraire, d'un auteur, d'une littérature, voire

rentes, mais liés par des « influences » et des affinités typologiques. Par opposition, le concept

de littérature générale fait prévaloir l'idée d'une généralité littéraire, indépendante des con- textes historiques, géographiques et culturels. Les recherches des formalistes contemporains s'appliquent, au-delà des simples constats d'identités culturelles, à étudier les conditions de développement des thèmes privilégiés et des genres spécifiques. Ainsi,

« La littérature moderne pourrait alors se comprendre à travers les rapports qu'entretiennent les écrivains avec la société et la tradition ; la popularisation de la culture par les ` mass médias' (presse, radio, télévision) s'accomplit surtout sous le signe de divertissement. Mais que l'on s'accorde à y voir un simple divertissement, un artifice trompeur ou une nécessaire réponse aux préoccupations humaines, la littérature n'en met pas moins en jeu toutes les virtualités du langage pour exprimer l'infini variété de l'expérience. »30

La sociocritique se donne alors comme tâche de mettre à jour les rapports qui existent entre un texte avec la société dont il émerge. Ainsi, maints facteurs interviennent pour qu'un texte soit reconnu comme « littéraire ». Le roman, l'un des genres les plus connus et répandus dans le domaine de la littérature, a une grande résonnance dans les sociétés contemporaines. Par ailleurs, Goldmann définira le roman comme une chronique sociale : « Comme l'économie libérale, l'univers du roman classique ne connaît qu'une valeur explicite : l'individu et son développement dans un monde qui lui est à la fois apparenté et étranger. C'est pourquoi le roman est à la fois une biographie et une chronique sociale. »31

29 Edmond, Cros, Op.cit, p. 45.

D

30 `Littérature', Microsoft (c) Encarta2009 [DVD], Microsoft Corporation, 2008.

D

31 Lucien, Goldmann, La création culturelle dans la société moderne, Gonthier-Denoël, Paris, 1971, pp. 101 ~

102.

ent. C'est-à-dire qu'une in-

ser de la société, son champ d'enrichissement voire de m anifestation où elle est reçue et criti

quée. Il y a un échange réciproque entre ces deux domaines social et littéraire. Pourtant, « à l'inverse, la société est présente dans le texte et non pas tant à travers tel ou tel énoncé, tel ou tel message (fût-il apparenté au lapsus) ou telle ou telle vision du monde, mais du fait que le texte intègre les conditions sociales de l'écriture et les exigences de la lecture à venir »32.

20

32

Paul, Dirkx, Op.cit., p. 85

21

L'Identité : Elément fondaT IDIlIREnsIEaIliEIMIKIIREtIT LEraiEI,IàICOIvIrs L'Enfant multiple d'Andrée ChedidI

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway