2.4 Meule Traditionnelle
C'est une technique de carbonisation qui consiste à
empiler le bois en meule sur le sol, et le couvrir de terre. Cette
méthode est très ancienne, et est largement usitée dans de
nombreux pays, avec de nombreuses variantes. La charbonnière en meule
constitue un système très adaptable.
Elle convient aussi bien à la fabrication occasionnelle
de charbon de bois à petite échelle qu'à une production
à grande échelle. Classiquement on distingue 3 types de meules de
carbonisation : la verticale traditionnelle, l'horizontale et
l'améliorée (casamançaise) (figure
5).
Pour la verticale la base est circulaire et les bois sont
montés autour d'un axe principal qui est après retiré pour
ménager une cheminée. Son recouvrement est composé de
matière végétale (paille, herbes, branchages)
surmontée d'une couche de terre. L'allumage est effectué à
l'aide de braises déposées par la cheminée. Celle
horizontale, très proche de la précédente, a une forme
demi-cylindrique aplatie. Les bois sont rangés à l'horizontale,
la charge est placée transversalement sur une série de rondins
mis bout a bout constituant ainsi une grille de circulation de l'air. Les
petits bois sont utilisés pour remplir les interstices entre les
rondins. L'allumage est frontal et s'effectue du côté sous le
vent. La couverture est la même que dans le cas précédent.
La principale amélioration apportée par la casamançaise
est l'utilisation d'une cheminée et de conduits d'aération
à l'aide de vieux fûts pour une meilleure aération avec
possibilité de récupération du goudron produit par la
carbonisation à la base de la cheminée.
5a) Meule traditionnelle horizontale
5b) Disposition des bois pour la meule traditionnelle
verticale
5c) Meule traditionnelle améliorées
(casamançaise)
Figure 5: Principaux types de meules traditionnelles (CTFT,
1987)
Une évaluation technique de la carbonisation en
meule réalisée par Schenkel et al. (2002) a
montré que la meule traditionnelle est une technique bien adaptée
aux pays en voie de développement car requiert peu d'investissement,
est mobile, ne nécessite pas de débardage et est très
flexible quant au volume de bois à carboniser. De plus cette
étude a montré que mise en oeuvre par des charbonniers
expérimentés, elle peut produire un charbon de qualité (71
à
89% de la masse anhydre) avec des rendements massiques de 20
à 35% sur base anhydre Les améliorations de la carbonisation par
la meule connues que sont les fours ne concernent que la main d'oeuvre car plus
faciles à conduire et la carbonisation est mieux maitrisée
(Tableau 4).
Au Benin, l'inventaire des techniques utilisées pour la
carbonisation dans les principales zones productrices a montré que la
meule traditionnelle est la plus utilisée avec 87,5% suivie du four en
terre cuite à 11,1% et le four en brique utilisé dans les
monastères (Gbozo, 2010). Avec des humidités en moyennes de
7 à 48% sur bois brut de bois utilisés par les
charbonniers (Gbozo,2010),ces études ont permis de juger de l'influence
des caractéristiques du bois sur la carbonisation. La durée de
carbonisation augmente avec l'humidité qui elle n'a pas d'influence sur
la masse des fumerons, la masse de charbon sauf pour le Teck (Gbozo,
2010). Le rendement massique par contre est
influencé par l'humidité (qui plus élevée
entraine des rendements faibles) et la densité des espèces qui
influe positivement sur le rendement. Par ailleurs une étude comparative
des rendements de la meule traditionnelle et de la meule casamançaise
dans la forêt de la Lama a permis d'obtenir dans de bonnes conditions de
suivi des rendements de 18,30%, 19,79% respectivement pour le Senna siamea
et l'Anogeissus leiocarpa (Ogouvidé, 2010) comparativement
à ceux de 10% obtenus par Mama et Ogouvidé (2005).
Tableau 4: Avantages et inconvénients des systèmes
de carbonisation (Carré et al, 1984)
Technique Avantages Inconvénients
Mobilité
Matériaux locaux
Investissement nul
Exigeant en qualification de l'opérateur
Nécessite beaucoup de main d'oeuvre
Charbon de qualité variable et Sali par la couverture
Meule
Carbonise les gros bois sans refente
Capacité ajustable
Pas de débardage
Utilisation résidus biomasse
Sensible aux aléas climatiques Rendement
énergétique faible Pollution importante (fumée)
Investissement très faible
Matériaux locaux
Sensible aux aléas climatiques
Exige un sol profond et cohérent
Fosse
Carbonise les gros bois sans refente
Capacité ajustable
Conduite aisée
Charbon relativement propre
Beaucoup de main d'oeuvre Qualification de l'opérateur
Rendement énergétique faible
Pollution importante (fumée)
Matériaux locaux
Bonne isolation thermique
Construction nécessitant un maçon
compétent
Installation fixe
Conduite aisée
Frais de débardage
Four en maçonnerie
Charbon homogène et propre
Longue durée de vie
Peu sensible aux aléas climatiques
Capacité déterminée Refroidissement lent
Refente des gros bois Perte biomasse petits bois
Pollution importante (fumée)
Four métallique Mobilité
Cycle court par refroidissement rapide
Charbon homogène et propre
Conduite aisée
Peu sensible aux intempéries
Débardage sur petit périmètre
Investissement lourd Capacité déterminée
Refente des gros bois Durée de vie courte
Rendement énergétique moyen
Pollution importante (fumée)
Qualité ajustable et homogène
Rendement élevé
Investissement considérable
Technicité élevée
Four industriel continu
Automatisation
Rendement énergétique élevé
Pollution faible à nulle
Périmètre d'approvisionnement
Transport du bois
Refente et préparation du bois
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