La Banque Maghrébine d'Investissement et de
Commerce Extérieur (BMICE) [Tunisie] Créée par
un accord signé par le Conseil de la Présidence au cours de sa
troisième session (Ras Lanouf, 10-11 mars 1991) elle n a
été concrétisée que lors de la réunion tenue
à Alger le 16 mars 2010.
Ses objectifs :
Contribuer à l'édification d'une économie
maghrébine compétitive et intégrée, à
réaliser des projets mixtes, à promouvoir les échanges
commerciaux intermaghrébins et à renforcer les investissements et
la circulation des biens et des capitaux entre les pays du Maghreb. Son
capital : 500 millions de dollars répartis entre les cinq pays membres
de l'UMA, Son capital déclaré devra être souscrit au moment
de la création et s'élève à cent cinquante millions
de dollars repartis à parts égales entre les cinq pays membres.
Son siège est à Tunis. La BMICE sera dirigée
d'après un système de rotation de ses responsables (directeur
général et président). Lors de la réunion tenue le
29 décembre à Tripoli (Libye), les ministres des
affaires étrangères des pays de l'Union du Maghreb Arabe
ont décidé de nommer un tunisien au
poste de directeur général de la Banque pour une période
de 4 années et de charger l'Algérie de la présidence de
son conseil d'administration, pendant les trois premières années
de cette institution. 23(*)
Nous allons à présent voir quelles mesures ont
été prises pour concrétiser le projet d'intégration
économique.
1.2 les mesures d'intégration économiques
1.2.1 Les Mesures Prises
Cette section de notre travail portera sur le contenu des
textes organiques de l'UMA. Nous analyserons les mesures tarifaires, en ce qui
a trait à la cédule de baisse des restrictions commerciales entre
membres, la coopération industrielle, les responsabilités
sectorielles ainsi que les réalisations (les mesures tarifaires et non
tarifaires) :
1.2.2 Mesures tarifaires (cédule de baisse)
Dans le cadre de son projet, l'UMA, a développé
des mesures affectant le commerce inter États, et la coopération
industrielle entre ses membres. En ce qui concerne le commerce,
« deux conventions » ont été conclues en 1990
et 1991, définissant une feuille de route vers l'avènement d'une
zone de libre échange en 1992, de parvenir à l'union
douanière en 1995 et à la création d'un marché
commun en 2000.
L'organisation espère que les pays membres appliqueront
la loi en réduisant complètement leurs tarifs au fil du temps,
en révisant leurs lois respectives sur l'origine des produits, en levant
les barrières tarifaires et en révisant les procédures
phytosanitaires. La motivation avancée est que ce protocole permettra
une réduction progressive des restrictions à l'importation et
éventuellement à l'élimination d'autres obligations du
genre sur les produits provenant des États membres. Le but ultime du
« Traité de l'UMA» est donc de créer un marché
régional intégré afin de relancer le développement
économique, la diversification des produits et l'industrialisation de la
sous région au travers de la réalisation d'une économie
d'échelle.
Principales conventions :
En parallèle, deux conventions ont été
conclues par les pays maghrébins :
La convention signée le 23 juillet 1990,
relative à l'échange de produits agricoles, et qui
prévoit :
Ø L'édification progressive entre les parties
contractantes d'une union douanière en vue de réaliser un
marché agricole maghrébin commun.
Ø L'exonération des produits agricoles
échangés, d'origine et de provenance locales, des droits de
douanes et des impôts et taxes d'effet équivalent imposés
à l'importation, à l'exception des impôts et taxes sur la
production locale dans chacun des pays de l'union.
Ø La mise en place d'une commission de la
sécurité alimentaire chargée d'élaborer les listes
de produits agricoles exonérés de toute mesure tarifaire.
La convention relatives aux aspects commercial et
tarifaire conclue le 10 mars 1991 entre les pays de l'UMA, et qui
porte sur :
Ø L'exonération des droits de douane,
impôts et taxes d'effet équivalent imposés à
l'importation des produits échangés, d'origine et de
provenance locales.
Ø L'exonération des produits
échangés, d'origine et de provenance locales, et définis
dans des listes, de toutes mesures non tarifaires.
Ø 1.2. Accords commerciaux et tarifaires24(*)
1.2.3 Les accords commerciaux et tarifaires
Dans le prolongement de la déclaration de Marrakech,
plusieurs accords bilatéraux de libre-échange ont
été conclus entre le Maroc, la Tunisie et l'Algérie.
L'accord pour la création d'une zone de
libre-échange durant une période transitoire qui s'est
achèvera le 31 décembre 2007 entre le Maroc et la Tunisie,
signé le 16 mars 1999,
«Le schéma du démantèlement
tarifaire est conçu selon la sensibilité et la nature des
produits figurant dans les listes annexées à l'accord.
Le cadre juridique des échanges maroco-tunisien est
également défini par d'autres conventions, notamment le
protocole de coopération technique entre le Ministère de
l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat du Maroc et le Ministère
tunisien du Commerce (1998), l'accord d'encouragement et de garantie des
investissements (1994), l'accord-cadre pour la coopération industrielle
(1987), l'accord conclu entre le Centre Marocain de Promotion des Exportations
(CMPE) et son homologue tunisien, le CEPEX (1981) et celui portant
règlement intérieur de la Chambre de Commerce et d'Industrie
mixte maroco-tunisienne (1987) » 25(*)
Pour ce qui est des échanges entre l'Algérie et
la Tunisie, l'accord commercial de 1981, complété par l'accord
additionnel de 1984, prévoyait la franchise des droits de douanes et des
taxes d'effets équivalents pour les produits originaires ayant un taux
d'intégration minimal de 50%.
Le Maroc et l'Algérie ont signé le 14 mars 1989
un accord commercial et tarifaire qui institue l'octroi mutuel de
préférences tarifaires au titre des échanges de produits
originaires des deux pays. Entré en vigueur le 6 février 1990, il
prévoit l'exonération des droits de douanes et taxes d'effet
équivalent pour l'ensemble des produits échangés. Le
bénéfice du traitement tarifaire préférentiel est
réservé aux produits qui satisfont aux règles d'origine
spécifiées dans l'accord.
«Il s'agit : 26(*)
Ø des biens entièrement produits dans le
pays d'exportation (produits des règnes animal, végétal ou
minéral ainsi que les autres richesses naturelles).
Ø des produits transformés dans le pays
d'exportation et dont la valorisation locale n'est pas inférieure
à 40% de la valeur globale des produits finis (départ
usine).
En plus des règles d'origine, l'octroi du
régime préférentiel est conditionné par le respect
de la règle dite de «transport direct», consistant à
acheminer les produits directement du pays exportateur vers le pays
importateur, sans transiter par un pays tiers ». Par ailleurs, cet accord
prévoit des dispositions additionnelles portant sur les aspects suivants
:
Ø La facilitation des procédures des
échanges, notamment en matière de délivrance des
autorisations d'importation et d'exportation.
Ø l'octroi de la franchise douanière aux
échantillons et matériels publicitaires ainsi qu'aux produits et
outils nécessaires à l'organisation de manifestations
commerciales (salons et foires).
Ø l'octroi de la priorité en matière
de transport aux entreprises et aux opérateurs nationaux ».
1.2.4 Coopération industrielle :
Dans le cadre industriel, plusieurs protocoles et ententes ont
été mis en place. Ils entendent faciliter et encourager la
productivité dans le domaine industriel. Dans cette perspective, le
comité de suivi l'instance chargée de mettre en application les
décisions du conseil de la présidence a ciblé les
tâches immédiates à accomplir, notamment, l'application et
l'élaboration de la convention commerciale et tarifaire qui
élargit aux produits industriels l'exonération de taxes sur les
exportations d'un pays de l'UMA vers un autre, la charte pour la protection de
l'environnement, la convention d'échange des formateurs entre les
administrations postales et de communications des pays de l'UMA, Protocole
relatif à l'application du droit de compensation unique d'un taux de
17.5% entre les pays de l'UMA, convention de l'organisation des marchés
publics dans le domaine de l'équipement et les travaux publics entre les
pays de l'UMA et Protocole numéro 7 traçant les conditions
sanitaires vétérinaires d'importation des bovins vivants et de la
viande bovine des pays non membre de l'UMA. Etc...(Voir annexe 4) sur les
conventions Maghrébines signées). En bout de ligne, ceci devrait
générer des emplois, et redynamiser le secteur industriel pour en
faire un catalyseur du développement. C'est ainsi que les petites et
moyennes entreprises, devraient stimuler le développement du secteur
agricole, du tourisme, et à travers ce programme de diversification, se
trouve l'espoir que les investisseurs puissent trouver leur
intérêt.
1.2.5 Mesures sectorielles
Ici, il est question d'analyser les types d'industries qui ont
été mises en place dans le cadre du bloc ainsi créé
(ex. auto, textile et vêtement, services financiers, culture, IDE,
services). En ce qui concerne l'UMA, l'organisation a un plan d'action qui
couvre les secteurs macroéconomiques et sociaux, notamment
l'environnement et aménagement d'habitat, l'eau, le travail et l'emploi,
la culture, l'information et sport, et transports et communications. D'autres
secteurs incluent les assurances, finances et investissements,
développement et ressources humaines, alimentation, agriculture et
ressources naturelles, santé et affaires juridiques. Aux fins de cette
étude, ces secteurs seront regroupés autour des industries
suivantes : agriculture et agroalimentaires, bois, produits miniers et
ressources naturelles, bétails, hydrocarbures, tourisme, produits
manufacturés.
Partie 2 Analyse des résultats d'intégration et
réalisations
Connaitre les mesures prises pour concrétiser les
accords de libre - échange au sein de l'UMA nous incite à nous
demander ce que les membres ont déjà accompli 21 ans après
le lancement du projet d'intégration. L'UMA s'était un nombre des
échéanciers pour matérialiser son projet
d'intégration économique. En grandes lignes, après
l'adoption du traité institutionnel de création en 1989, les
cibles de libéralisation à atteindre étaient les (a) une
zone de libre échange en 1992, (b) de parvenir à l'union
douanière en 1995 et (c) la création d'un marché commun
en 2000.
Il est intéressant de noter qu'à ce jour l'UMA
est resté au point projet et n'a pas encore réussi à
lancer la zone de libre échange qui correspond au premier
échéancier. Nous présumons que ceci prélude
à la paralysie totale de cette instance. Les observateurs ont leur
attention tournée vers l'UMA dont le cheminement semble se distancer des
autres blocs similaires sur le continent africain.
2.1 Les Impacts Économiques
Cette section concernera les effets consécutifs
à la création de l'UMA surtout en ce qui a trait aux flux
commerciaux et leur impact sur le bien-être collectif des
communautés des pays membres. Pour ce faire, nous considérerons
les exportations / importations et utiliserons aussi le théorème
H-O-S pour analyser les types des produits qui circulent entre les pays et
ainsi en déduire les impacts.
De l'avis de la Banque Mondiale, l'intégration
économique n'est efficace que lorsqu'elle va au-delà de la
suppression des tarifs et quotas, pour éradiquer (autant que possible)
toutes les formes de barrières qui divisent le marché et bloquent
la libre circulation des biens, services et relèvent les
investissements27(*).
Selon la même source, l'adhésion à un bloc
économique régional devrait baisser les frictions des coûts
des échanges, augmenter la crédibilité des initiatives de
réforme, et solidifier la sécurité entre partenaires. Dans
cette ligne de pensée, il convient de se demander, une fois le projet
d'intégration lancé et entamé, si ces objectifs sont
atteints et quelles retombées cela rapporte aux
bénéficiaires au bout du circuit commercial. Qu'en est-il de
l'UMA? La section suivante va s'y pencher.
2.1.1 Le commerce Intra-bloc
On ne le dira jamais assez, les échanges commerciaux
jouent un rôle important dans l'économie des états, en
l'occurrence ceux membres de l'UMA parce qu'ils représentent une grande
composante du PIB des petits pays comme la Mauritanie la Tunisie et le Maroc.
D'ores et déjà, il apparait à tout observateur averti que
la carte commerciale de l'UMA n'est pas particulièrement variée
parce que les pays semblent offrir et ou acheter, pour la plupart des produits
similaires. Dans bien de cas, ce sont les produits agricoles et les
matières premières qui dominent les exportations
(c'est-à-dire, les biens intensifs en travail), alors qu'ils importent
les biens manufacturés (intensifs en capital et valeur ajoutée).
Cependant, pour certains pays comme L'Algérie, la Libye, la et le Maroc,
le pétrole et des produits miniers constituent une part importante des
exportations (des industries qui sont intensives en capital). Le pétrole
et l'industrie minière contribuent au développent industriel et
génèrent beaucoup d'emplois. Pour la Tunisie et le Maroc,
l'agriculture (laquelle est intensive en travail) domine les exportations.
Le tableau 1 fournit la liste des produits commerciaux de
quatre pays sélectionnés dont Algérie, le Maroc, la
Tunisie et la Libye. Pour la Tunisie et le Maroc, nous découvrons que
leur économie est largement dépendante de l'agriculture à
hauteur de 80% et que leurs exportations en dépendent en moyenne
à 27%. (voir tableau 2). Exception faite pour le Maroc qui ajoute
à ceci son industrie minière (phosphate). Pour l'Algérie
et la Libye l'économie dépend principalement du pétrole.
Pour voir si des changements se sont opérés depuis la
création de l'UMA, nous allons examiner le volume des échanges
à l'intérieur de l'organisation.
2.1.2 Le volume des exportations intra blocs
D'après de récentes statistiques sur le commerce
intra bloc mondial, on constate une baisse des exportations au niveau de l'UMA
depuis sa création en 1989. Or, nous savons que les échanges
commerciaux au niveau de l'UMA sont réglementés par les
conventions de commerce et par des accords bilatéraux. Ces derniers
restent les plus importants car ils représentent 60% des
échanges globaux alors que le commerce au niveau du bloc ne
représente que 7%. C'est le même constat qui transparait de taux
de croissance des échanges en pourcentage entre 2000 et 2007. (Voir
tableau 3).
En appliquant la théorie des unions douanières
aux flux des exportations et importations entre, d'une part, les pays membres
de l'UMA, et, ceux d'autres régions du monde d'autre part, on
découvre un volume des flux commerciaux moins élevé entre
les pays membres de l'UMA par rapport à ceux des autres pays du monde
notamment avec l'UE. Ce qui voudrait dire que la majorité des
échanges des pays de l'UMA prennent la direction hors la zone, (voir
tableau 4) en dépit de l'objet d'intensifier ce commerce entre eux.
Cependant, il apparait en même temps que d'une manière
générale, les exportations et importations intra bloc ont
augmenté entre 1998 et 2006 même si l'augmentation est
dérisoire. Nous pouvons dire que l'entente d'intégration a
contribué à la création de commerce, du moins, pour une
période. Les mesures mises de l'avant par le libre-échange
tendent à minimiser ou à éliminer les tarifs sur beaucoup
de produits circulant entre les membres de l'UMA. Puisqu'il y a création
de commerce, cela ne peut qu'avoir un effet positif sur le bien être
social, notamment par la création des emplois et le rehaussement du
revenu familial des populations. Le tableau nous en donne
l'illustration :
Évolution du commerce de
l'UMA :28(*)
(Voir tableau 5)
2.1.3 Analyse de l'évolution des échanges par
pays :
Faiblesse de l'échange commercial
maghrébin : (voir tableau 6)
L'essentiel du commerce maghrébin se situe finalement
en dehors de la région. Ceci se vérifie
par La faiblesse des échanges intra-maghrébins
qui n'ont pas presque pas évolué en l'espace de plus de trois
décennies. Ainsi la part des exportations pour le commerce
extérieur de chaque pays a été de l'ordre de 0.8% en 1975
et 1.5%, en 1986 contre 1,2% et 0.5 pour les importations respectivement
pour les mêmes années. Enfin les importations
intra-maghrébines n'ont guère dépassé 4% durant
la période 1988-1996. Contrairement au commerce intra-maghrébin
le commerce extérieur représente pour sa part 60% du
marché avec les pays industrialisés notamment avec l'union
européenne et les USA. Essentiellement les pays maghrébins
exportent des matières premières telles le pétrole, le
gaz, le phosphate et le fer et importent des biens alimentaires, les
matières agricoles et les produits manufacturés.
Principaux produits exportés par
l'Algérie : Les hydrocarbures continuent à
dominer les exportations algériennes à hauteur de 97,5%. La
balance du commerce extérieur qui, hors hydrocarbures, reste toujours
déficitaire. En 2008, Les exportations hors hydrocarbures sont de
l'ordre de 1,77 milliard de dollars et représentent seulement 2,5% du
volume global.
51% de ces exportations, sont principalement
constituées de produits para chimiques dont 42% des
dérivés d'hydrocarbures, et de produits sidérurgiques
avec 28% dont 64% composés essentiellement des déchets ferreux et
non ferreux.
Pour les produits agricoles, alimentaires et de la
pêche, ils ne représentent que 7% et dépassant pas le
niveau des 30 millions de dollars, s'insérant ainsi au plus bas niveau
de la pyramide. Près de 75% des dattes algériennes
destinées à l'exportation sont vendues en France, tandis que
99,7% des crevettes sont exportées à destination de l'Espagne.
Les pâtes alimentaires, les eaux minérales et
gazéifiées ne sont, elles, exportées que vers certains
pays d'Afrique, à l'instar de la Guinée, le Ghana, le Sierra
Leone, La Gambie, le Niger, la Mauritanie et le Bénin.
Les exportations hors hydrocarbures et les produits
sidérurgiques ont réalisé des recettes de 300 millions de
dollars chacune en 2008. L'examen des données fait ressortir une
tendance à la baisse des exportations vers les pays de la zone euro
ainsi que ceux de l'Amérique et de l'Asie et une nette
amélioration vers les pays du Maghreb et des pays arabes durant la
dernière décennie. Alors que les échanges ne
dépassaient guère les 803 millions de dollars en 1990, ils ont
fortement rebondi pour se chiffrer à 2,2 milliards de dollars en 2006
bien que les échanges des pays maghrébins avec l'Union
Européenne d'une part, et le reste du monde d'autre part, aient, en
moyenne, progressé plus vite entre 1990 et 2006. Depuis 1998 une
nouvelle dynamique des échanges intra-zone semble s'instaurer,
illustrant ainsi une ouverture croissante des pays membres en faveur du cadre
régional. Par ailleurs les exportations algériennes vers les
pays du Maghreb (Tunisie, Maroc, Mauritanie et Libye), ont atteint 1,324
milliard de dollars, contre 760,39 millions de dollars en 2007 en hausse de
18,49%. Les produits exportés sont constitués principalement du
butane liquéfié avec 693 millions de dollars, du gaz naturel (331
millions), du propane liquéfié (116 millions), produits
semi-finis (113,16 millions), des produits alimentaires (22,92millions en
hausse de 178,03%), des équipements industriels (5,88%) et, enfin, des
produits laminés plats en fer et en acier (34 millions). Cependant, pour
les importations en provenance des pays magrébins sont estimées
à 387,49 millions de dollars en 2008, une augmentation de 32.84% et
sont constituées de remorques et semi-remorques de transport de
marchandises avec 32 millions de dollars, le phosphate de calcium (26 millions)
et les préparations de lessives et de nettoyage (23 millions).29(*)
La Tunisie et les échanges
intra-maghrébins:
Depuis 2008 le volume des échanges de la Tunisie avec
ses partenaires maghrébins ne cesse de progresser ainsi on constate que
les échanges avec la Libye ont progressé de 40%, ceux avec
l'Algérie de 85%, avec le Maroc de 24% et avec la Mauritanie de
52%. Toutefois, l'ensemble de ces échanges ne représente, pour
l'heure, que 7% du commerce entre les cinq pays de l'Union du Maghreb Arabe
(UMA). Les exportations de produits agricoles entre pays de l'UMA ont pour
leur part atteint 11,7% de l'ensemble des exportations des différents
produits alors que les importations en ont représenté 12,1%.
Les principaux produits échangés sont les produits agricoles.
Le Maroc et les échanges
intra-maghrébins:
Le taux d'échange a crû dans les échanges
intra-maghrébins depuis 1999 à 2006 et s'est établit
à hauteur de 14.5% alors qu'il ne représentait que 0.7% entre
1990 et 1998. Les échanges commerciaux entre le Maroc et les autres pays
de l'UMA ont ainsi totalisé un montant de 8,9 milliards de dirhams En
2007. L'Algérie pour sa part représente le premier partenaire
commercial du Maroc au Maghreb et en Afrique avec un montant de 7 milliards de
dirhams d'échanges dont 6,4 milliards de dirhams d'importations.
Dans le même ordre d'idée les exportations vers
les pays de l'union européenne ont aussi augmenté de 14.5 % pour
la période 1999-2006 contre -1.7 % en 1990 -1998.
Enfin s'agissant des exportations maghrébines pour le
reste du monde, elles ont atteint 24,8% et 1% respectivement pour les deux
périodes considérées.
Du côté des importations, on constate aussi une
nette évolution des échanges avec les pays de l'union
européenne. Après 1.3% entre les périodes 1990- 1998 les
importations sont passées à 7.4%. Par ailleurs, ce taux est
passé de 1,8% à 13,8% respectivement entre les périodes
1990- 1998 et 1999-2006 pour le reste du monde.
Cependant, comparativement aux autres regroupements
régionaux, les échanges intra maghrébins demeurent encore
marginaux :
Comparativement au commerce intra bloc des zones
d'intégration régionales, Le commerce global
intra-maghrébin reste encore faible avec 1,2% des échanges
extérieurs de la zone en 2006 alors qu'il représente 32,7% des
échanges de l'Union Européenne, 11% de l'ASEAN, 14,6% des PECO et
7,9% des pays du MERCOSUR. Les échanges entre les pays
maghrébins ne dépassaient pas 3,1% des exportations globales de
l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie. En 2006, le commerce
intra-maghrébin demeurait encore faible comparé aux
échanges des pays de l'UMA avec l'Union Européenne. En moyenne,
les pays de l'UMA exportaient près de 51 fois plus vers l'Union
Européenne que vers le Maghreb.
On constate qu'au fil des années, les exportations
augmentent peu au niveau du bloc (14.5% entre 1999-2006) mais augmentent en
direction du monde extérieur. Le peu de commerce intra-bloc en vigueur
encore au sein de l'UMA semble, certainement stimulé par le respect du
protocole commercial en place et par des accords bilatéraux entre
membres. Ceci est accompagnée d'une remontée est encore timide en
direction de l'extérieur. D'ailleurs, cette performance confirme la
tendance sur le continent africain. A en croire la CNUCED, en effet, en
comparant les données commerciales de l'Afrique entre 1995 et 2006, la
CNUCED conclut que «[globalement] (...) la balance commerciale (des pays
africains) s'est légèrement détériorée
après la libéralisation du commerce . Dans les pays africains,
cette balance s'établissait à 7,7 % du PIB après la
libéralisation, contre 6,6 % avant la libéralisation...30(*)
En ce qui concerne l'UMA en particulier, le fait peut
s'expliquer par le fait que les échanges sont plus nombreux et se font
selon la proximité et les relations traditionnelles et non pas en
fonction d'une impulsion en provenance de l'accord de l'UMA. La plupart des
importations de la Mauritanie sont en provenance du Maroc avec plus de 57% et
celles de la Libye en provenance de la Tunisie avec plus de 33%. (Voir tableau
7) En un mot, la plus grande partie des échanges de l'UMA est
destinée au reste du monde. En regardant pays par pays, on remarque
par exemple que les échanges commerciaux de l'Algérie et Tunisie
et du Maroc sont surtout concentrés dans les pays de l'UE et des
États-Unis d'Amérique ; ceux-ci représentent une
moyenne de 68.33 % et seulement 1.68 % vers les autres pays de l'UMA. Quant
aux importations, sur 62 % des produits importés par l'Algérie,
Tunisie et le Maroc viennent des pays de l'UE et des USA et seulement 1.6 %
viennent des autres pays membres de l'UMA. Pour la majorité des pays de
la région du Maghreb, le marché d'exportation est celui de
l'OCDE.
2.2 Structure des échanges
maghrébins
Avec une part de 31,9% en 1990 à 45,5% en 2006, les
produits énergétiques occupent la première place des
échanges intra-maghrébins suivis des biens issus de la
sidérurgie et de la métallurgie qui ont augmenté de 5,4%
à 7,9% entre 1990 et 2006. En revanche, la part des secteurs
d'activité (matériaux de construction, produits
mécaniques-électriques, textile, biens agricoles) domaines ou
excellent le Maroc et la Tunisie a largement baissé.
De ce point de vue, les possibilités de diversification
régionale seraient importantes. Néanmoins, le potentiel des
échanges agricoles à l'échelle maghrébine pourrait
être contraint par le caractère limité des ressources
hydriques.
En outre, on constate que les échanges commerciaux
intra-maghrébins (des pays de l'UMA à l'exception de la
Mauritanie ou nous disposons de peu d'informations) sont essentiellement
unilatéraux. 31(*)
Cette situation laisse penser que les pays maghrébins
pourraient multiplier leurs échanges directs qui sont, en partie,
complémentaires. Les pays maghrébins pourraient multiplier leurs
échanges directs qui sont, en partie, complémentaires. En
particulier, l'Algérie représente un marché porteur pour
l'agriculture et les filières agro-alimentaire et manufacturière
issues du Maroc et de la Tunisie, qui représentent eux même des
marchés porteurs pour les produits énergétiques de
l'Algérie et de la Lybie. La qualification supérieure des
travailleurs marocains et tunisiens pourrait constituer un atout dans
l'amélioration de la productivité de la Mauritanie et de la
Libye. Ces différences pourraient être de nature à
créer les conditions d'une fructueuse spécialisation sectorielle.
Les produits de l'agriculture et de biens de consommation Marocaine et
tunisienne pourraient s'orienter utilement vers les marchés de biens
intermédiaires algériens et libyens. En plus des projets communs
tels le gazoduc trans-maghrébin, l'alimentation du Maroc et de la
Tunisie par l'électricité algérienne, le commerce
frontalier informel entre l'Algérie et ses voisins atteste des
possibilités d'intensification des échanges.
Enfin, notons «que la diversification des
économies marocaine et tunisienne a été fonction de la
demande européenne en produits manufacturés au détriment
des pays de L'UMA alors que le Maroc pouvait orienter ses excédents
agricoles, dus à la concurrence des produits espagnols vers la
couverture de ses partenaires maghrébins». 32(*)
2.2.1 Caractère similaire et
complémentaire des économies et
maghrébines :
2.1.1.1 Indice de similarité des
exportations des pays de l'UMA vers l'UE
Ayant bénéficié des
préférences douanières accordées par l'Union
Européenne le Maroc et la Tunisie, ont développé des
industries similaires afin de doubler leurs exportations. 68% des exportations
tunisiennes vers l'Union Européenne sont dans les industries ou le Maroc
détient des avantages comparatifs. Cette situation a
généré une vive concurrence notamment dans l'industrie du
textile. Ces similarités constituent un frein pour
l'intégration régionale. Leur élimination dépend de
la volonté de coopération entre les tous les membres. Le tableau
suivant démontre le degré de similitude des exportations de la
Tunisie, Algérie et le Maroc 33(*)
1996-2000
2000-2006Maroc-Algérie2,7%
4,9%Maroc-Tunisie78,6%
71,2%Algérie-Tunisie13,3% 11,1%Source
: Chelem ; calculs DEPF
2.2.1.2 Faible complémentarité
structurelle
Du coté de la complémentarité
structurelle, il importe que la structure sectorielle des exportations d'un
pays membre coïncide avec la structure des importations d'un autre pays
membre. Or les analyses des échanges intra-maghrébins montrent
d'une part l'inadéquation des structures exportatrices à la
demande intra-régionale. Ceci justifie la faiblesse du
développement des échanges régionaux maghrébins
(1,2% en 2006). Ainsi, il ressort des estimations du FMI, « que
contrairement à l'indice de complémentarité des
productions des pays des zones d'intégration régionales
telles l'ASEAN et le MERCOSUR qui a progressé de 36% à 50% entre
1970 et 2000, la complémentarité intra-maghrébine
apparaît stable et bien faible et s'établit à 0,856 et
0,738 respectivement en 2000 et 2006.34(*) Et d'autre part, cette faiblesse de
complémentarité témoigne du niveau de la sous
exploitations du potentiel des échanges intra-maghrébins, de la
fermeture des marchés et du non développement des infrastructures
et de la volonté de ne pas se spécialiser qui permettra
à long terme des rendements et le développement d'échanges
de produits différenciés.
2.2.2 L'investissement
étranger
2.2.2.1 Évolution des
investissements directs étrangers (IDE) dans
les pays du Maghreb : (voir tableau 8)
Le taux des investissements directs étrangers à
destination des pays Maghreb a connu une nette augmentation depuis les
années 2000 passant de 1,9 milliard de dollars à 9,7 milliards de
dollars en 2006. Cette évolution s'explique par le niveau record en
2006 des IDE en Tunisie avec 3,3 milliards de dollars, suivie du Maroc avec
2,9 milliards de dollars et l'Algérie avec 1,7 milliard de dollars.
Par ailleurs, contrairement à la Mauritanie et la Libye
qui ont enregistré un net retard dans le processus de privatisation
ajouté aux lenteurs économiques, l'essor important de
privatisation et la conversion de la dette extérieure en
investissements, a permis au Maroc de bénéficier de la majeure
partie de ces investissements.35(*)
Les pays du Maghreb peinent a attirer les investissements
directs étrangers pour divers contraintes : D'abord les contraintes
institutionnelles, qui sont liées à l'environnement des
affaires notamment la déficience des institutions nationales tels les
appareils judiciaires, la lourdeur administrative. Puis des contraintes
économiques et financières caractérisées par des
économies de petites tailles, sous développement
économique, l'absence de performance en raison des problèmes de
sécheresse, l'inexistence de systèmes bancaires concurrentiels,
et l'instabilité politique et sociale. Enfin des contraintes d'ordre
social résultant de la qualité de la main d'oeuvre et de la
réglementation du marché du travail
2.2.2.2 Les firmes
multinationales
les firmes multinationales occupent 57% du volume total
d'investissement dans le domaine des industries d'extraction contre 11% dans le
secteur de l'agriculture et du transport. Ce pourcentage explique la
stratégie des multinationales dans la réalisation du profit aux
dépend de l'intégration économique. Pour le
développement des pays du Maghreb la présence de ces
multinationales ne doit pas être seulement dans les domaines plus
technique et scientifique mais plus dans les industries légères
soucieuses des politiques sur la protection de l'environnement telles que les
industries électroniques, électriques, dans tous les secteurs
d'activités qui sont de nature à permettre l'intégration
de la région maghrébine et enfin dans les biens qui trouvent
l'essentiel de leurs conditions de production et d'utilisation à
l'intérieur de l'intervalle économique maghrébin
Partie 3 Obstacles à la
réalisation de l'intégration maghrébine
La multiplication des accords commerciaux entre les pays
maghrébins ne s'est pas traduite par une libéralisation
suffisante des échanges intra-régionaux. Ces derniers sont
demeurés pénalisés par un certain nombre de facteurs
structurels, réduisant ainsi fortement la cohérence globale du
schéma actuel d'intégration.
3.1 Contraintes
économiques
3.1.1. Défaut de convergence des
politiques économiques
Dès l'indépendance, les pays maghrébins
ont adopté le même système autocentré qui permet
à l'État de contrôler et d'avoir une emprise totale sur
l'économie. À partir des années 1980, et suite aux accords
d'association avec l'union européenne et aux nouveaux prêts
consentis par le FMI et la Banque Mondiale, un mouvement
général d'ouverture et de libéralisation économique
a été institué. Ainsi, des plans d'ajustement structurel
ont été imposés au Maroc, Tunisie et à
l'Algérie respectivement en 1983, 1986 et 1994 pour
rééchelonner leur dette. Pour l'Algérie le processus de
libéralisation économique a connu un retard d'une dizaine
d'années en raison de l'instabilité politique et au basculement
dans l'intégrisme et la guerre civile.
Actuellement le processus de libéralisation
économique et d'ouverture des économies maghrébines
devrait favoriser la convergence de leurs politiques économiques et
conforter leur transition vers un système d'économie de
marché. Ainsi selon «Doing Business 2010 » «la
région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord donne le ton aux
réformes des réglementations commerciales
«L'Algérie a amélioré sa gestion des permis de
construction, a abaissé les coûts de transfert de
propriété, a diminué les impôts des entreprises et a
rendu ses tribunaux plus efficaces. Au Maroc, un nouveau bureau privé de
crédit a vu le jour alors qu'en Tunisie, la protection des investisseurs
a été renforcée et les règlements commerciaux
assouplis»37(*)
3.1.1.1. Faiblesse des infrastructures de
transport
Le faible réseau infrastructurel au Maghreb est
responsable de la plupart des entraves à l'intégration. Les
nombreux barrages sur les routes maghrébines, la fermeture de la
frontière entre l'Algérie et le Maroc, les retards aux postes
frontières, la longueur et la carence des procédures de
dédouanement et la corruption de beaucoup de hauts fonctionnaires y sont
pour beaucoup dans ce constat d'échec.
Dans ce contexte les experts onusiens révèlent que certes
le réseau routier nord-africain paraît performant en termes de
connectivité et de qualité des infrastructures routières
avec 13 292 km de routes transnationales et avec plus de 44,4 millions de
passagers, il représente 42,3 % du trafic passager du continent et, avec
323 922 tonnes de marchandises, 23,1 % du trafic fret. Néanmoins
«Les compagnies aériennes d'Afrique du Nord demeurent de taille
limitée malgré leur performance due notamment au tourisme.
Pour les infrastructures aéroportuaires, qui sont au nombre de 123 dont
44 internationales, elles sont pour la plupart surdimensionnées par
rapport au trafic traité actuellement», par ailleurs le
réseau ferroviaire est très faible avec seulement 16 012 km de
voies ferrées. Enfin s'agissant du transport maritime, les ports
nord-africains sont peu compétitifs en termes de rapidité
ajouté à l'absence quasi totale de lignes directes de transport
terrestre ou maritime. Ces problèmes liés au transport
génèrent des surcoûts et limitent incontestablement la
compétitivité-prix des produits échangés et
empêchent la réalisation d'opportunités commerciales entre
les pays maghrébins. Ainsi selon le bureau Afrique du Nord de la
commission économique de l'ONU pour l'Afrique (CEA), il n'est pas
possible de «parler de développement, d'intégration
régionale et d'échanges entre les pays d'Afrique du Nord, sans
avoir des infrastructures dignes de ce nom. Il s'agit d'un préalable
surtout dans un contexte de mondialisation»38(*)
3.1.1.2 Cadre institutionnel
incomplet
L'Algérie, le Maroc et la Tunisie ont connu de vastes
amendements juridiques dans le cadre de l'entrée dans l'économie
de marché. Ainsi de nouvelles législations sont mises en vigueur
pour la protection des producteurs et des consommateurs et dans le but de
mettre fin aux pratiques concurrentielles déloyales. L'adoption de ces
lois demeure indispensable pour protéger les petits marchés
locaux même si ces lois demeurent loin des standards internationaux.
3.1.1.3 Manque d'information sur le
régime préférentiel
Les majeure partie des exportateurs maghrébins ignorent
les conventions commerciales et tarifaires conclues entres les pays de l'UMA
ainsi selon une enquête du ministère du commerce et de
l'industrie du Maroc le volume des échanges dans le cadre
préférentiel entre pays maghrébin en 1996-2000 reste
marginal et ne dépasse 23 millions de dollars, soit en moyenne, 0,13% de
la valeur totale des échanges extérieurs du Maroc. Ces
exportations représentent cependant 71% de celles
réalisées dans le cadre du régime
préférentiel à destination des pays partenaires en
développement.
3.3.14 Absence de services
commerciaux :
Les bases de réussite du commerce extérieur
résident dans la capacité à mener de bonnes compagnes
publicitaires sur les données relatives à la nature des
produits échangés, à leurs prix et qualité ainsi
que sur les informations fiables sur les moyens de paiements et d'assurance
des exportations et d'importations, les lignes et moyens de transports et les
agents locaux. Or, les pays de l'UMA sont loin de disposer de ces informations
et de services de publicité efficaces. Par ailleurs il est plus facile
pour ces pays de commercialiser avec les pays industrialisés qui
disposent de ces informations, de moyens de transport terrestre, maritime et
aérien très développés.
3.2.1 Les autres raisons de la faiblesse
des échanges :
Malgré l'instauration d'une législation propre
à la zone de libre échange et le démantelement des
obstacles douaniers et administratifs entre les pays de l'UMA , ces derniers n
y arrivent pas à augmenter les échanges commerciaux entre eux
et à garantir une meilleure intégration de leurs
économies. Les raisons de cette faiblesse sont nombreuses et se
résument :
3.2.1.1 Les moyens et les
procédés de paiement :
Les pays de l'UMA disposent de monnaies différentes non
convertibles . Tous les échanges entre eux sont effectués en
devises étrangéres. L'utilisation de ces devises entre eux
explique en partie la faiblesse des échanges. Ainsi il est
nécessaire pour ces pays de songer à créer une forme
d'intégration monétaire partielle en instaurant une monnaie
maghrébine commune qui permettra à la longue d'alléger
les obstacles qui entravent la circulation des marchandises et soutenir leurs
possibiltés d'intégration économique. Cependant l'union
monétaire exige une volonté de l'union politique comme
préalable ce qui à ce jour est loin de figurer parmi les
dirigeants de ces pays.
3.2.1.2 Respect des lois et étapes
approuvées par l'UMA :
Malgré l'échange de quelques produits agricoles
entre les pays de l'UMA la coopération est loin de réaliser
l'intégration économique à cause du non respect par les
membres des lois et des étapes approuvées lors des congrès
de création de cette organisation. Ajouté à cela la
faiblesse des appareils productifs des économies des pays membres, le
niveau de développement des réseaux de transport et de
télécommunications ainsi que de l'absence de vraies institutions
bancaires.
3.2.1.3 Les autres
contraintes en matière de population et de
superficie :
L'examen de la carte géographique du Maghreb
révèle les différences entre ces pays en matière de
superficie et de population.
A titre de comparaison, L'Algérie et la Libye
possèdent une superficie étendue tandis que la superficie de la
Tunisie est très limitée. Ainsi l'Algérie s'étale
sur une superficie de 2 381 741km2 soit 41% de la superficie de
l'UMA et dépasse celle de l'ensemble des trois pays Maroc, Tunisie et
Mauritanie réunis.
En matière démographique la population de
l'Algérie et du Maroc représente 3/4, soit 77% de la population
de l'UMA. La population marocaine dépasse la population des trois pas
réunis : Tunisie, Mauritanie et Libye. Elle fait trois fois la
population de Tunisie, cinq fois celle de Libye et 12 fois celle de Mauritanie.
Comme on peut le constater à travers les pays de l'union
européenne notamment dans le cas de l'Allemagne, les différences
de la superficie et de la population donnent des avantages considérables
dans le processus de prise de décision. Ainsi un pays avec une grande
superficie et une grande population a tendance à plus peser dans les
décisions et orienter toutes les stratégies d'intégration
selon leurs propres intérêts. Par ailleurs, les petits pays dont
la superficie et peu peuplée, par crainte d'être dominés
auront plus tendance à se méfier à l'égard des
grands pays surtout s'ils disposent de beaucoup de richesses naturelles. Enfin
l'union européenne adopte deux approches d'intégration pour
remédier à cette contrainte : une approche concurrentielle
dans l'espace économique européen et une approche
d'intégration car les économies doivent s'intégrer entre
elles pour représenter un poids économique significatif chose qui
est loin de se réaliser dans l'UMA.39(*)
Partie 4 : Contraintes politique de
l'échec de l'UMA`
3.2.1 Rivalités historiques entre les
pays du Maghreb
3.2.1 Manque ou bataille de
leadership?
Selon l'enquête d'Euromesco d'octobre 2008, le potentiel
de croissance d'une région intégrée est reconnu et le
souhait d'une intégration régionale demeure profond malgré
l'absence de résultats de l'UMA pour 48% des algériens. En
outre, 76% de la population, considèrent l'UMA comme réponse
de bon sens à la mondialisation et une opportunité de
désenclaver des économies et des sociétés
marginalisées en raison de la faiblesse de leur développement.
Ainsi, un fort sentiment de rapprochement de part les peuples unis par la
langue, l'histoire et la religion demeure toujours présent.
Malheureusement le système demeure fortement personnalisé et
repose sur la volonté ferme et constante des chefs de l'état qui
ne veulent dépasser les conflits historiques et leurs rivalités.
Aussi personne des chefs d'États maghrébins n'est élu
démocratiquement. Le président tunisien se présente pour
la cinquième fois, Kadhafi est président depuis son putsch de
1969, la gente militaire mauritanienne renverse le colonel Taya en 2005
lui-même ayant accédé au trône par coup d'état
en 1984 et le président algérien qui vient de changer la
constitution pour briguer un troisième mandat en avril dernier. Ainsi,
58% d'algériens estiment que la tension entre le Maroc et
l'Algérie est délibérément entretenue par les
gouvernants et ils sont 88 % à souhaiter la création d'un
parlement maghrébin où des députés élus
démocratiquement siégeraient. Pour ces sondés les
responsables politiques maghrébins sont indifférents au sort
économique des populations locales. Ainsi la faiblesse de
l'intégration régionale de l'UMA peut s'expliquer par le
déficit démocratique des régimes. Dans cette perspective,
démocratie et intégration régionale vont de pair. Ainsi
un leadership solide aux niveaux national et régional est
nécessaire pour intégrer les questions commerciales dans les
stratégies nationales de développement d'une part et d'autre part
pour dépasser les conflits historiques qui miment les relations entre
les pays du Maghreb. 40(*)
L'intégration exige l'émergence d'un leader
parmi les dirigeants du Maghreb qui aurait «une vision
générative, basée sur le désir d'améliorer
le bien-être d'une collectivité et celui des
générations futures où d'y contribuer de façon
durable».41(*)
L'Algérie ou le Maroc de part leur influence devraient tenir
conjointement ce rôle de leadership pour faire avancer l'UMA.
3.3.1.2 Le conflit du Sahara : prétexte
historique à un déficit démocratique ?
Il ne faut pas sous estimer l'obstacle principal à
l'unité et l'intégration maghrébine qui est d'abord
politique. La création de l'UMA n'a pas effacé les tensions
intra-maghrébines concernant le conflit Sahara Occidental. Le conflit du
Sahara Occidental apparaît donc comme le principal obstacle de la
construction de l'UMA. Pour l'Algérie et le Maroc ce conflit permet de
masquer les différents projets de développement économique
et de maintenir, sous couvert d'un sentiment nationaliste, des régimes
politiques autoritaires. Confrontés à des oppositions internes
sur les violations des droits de l'homme, la corruption, l'Absence de
liberté et de démocraties le conflit du Sahara Occidental
représente un moyen efficace pour détourner l'attention de la
population des deux pays frustrée par la dégradation des
conditions économiques et sociales. Ainsi l'Algérie continue de
soutenir le droit à l'autodétermination des sahraouis comme
prétexte à la non normalisation des relations et à
l'ouverture des frontières terrestres avec le Maroc en dépit des
intérêts mutuels communs qui en découleraient de
l'intégration.
4.3 La méfiance entre la Tunisie et la
Libye : les dirigeants du Maghreb ont été
incapables de développer de relations de confiance susceptible de
favoriser une attitude constructive et consensuelle sur les
intérêts communs de la région. Ainsi, en
plus des problèmes entre l'Algérie et le Maroc sur le
Sahara Occidental et les accusations réciproques sur les attentats et le
soutien au terrorisme, la Libye et la Tunisie entretiennent
des relations minées de tension qui ont bloqué le processus
d'intégration durant des années suite à l'attaque de Gafsa
perpétrée par les opposants tunisiens et soutenus par la Libye,
en 1980. Par ailleurs les journaux de la région sous la pression des
pouvoirs autoritaires en place n'ont rien fait pour apaiser ces tensions, au
contraire ils ont joué les jeux des pouvoirs en montant les peuples
maghrébins entre eux.
4.4 Le paradoxe de la Libye et de la
Mauritanie:
Pour la Libye, son leader «Kadhafi préfère
et tient à s'inscrire dans la logique de l'Union africaine, il veut
absolument en être le leader quitte à jeter aux oubliettes
l'idée de la construction de l'UMA». Il reproche à
l'Algérie de promouvoir le Nepad, un projet qu'il qualifie de
néocolonialiste, tout en l'accusant en même temps de n'avoir pas
été à ses côtés dans l'affaire Lockerbie
où il a livré son bras droit Abdel Basset Ali Megrahi à
la cour internationale pour répondre des faits de terrorisme Enfin
s'agissant de la Mauritanie, elle s'apparente plus de par sa population, son
économie, ses intérêts sud sahariens et son histoire
à l'Afrique noire ajouté aux gels des ses relations diplomatiques
avec la Libye entre 1999-2009 suite à l'établissement de
relations diplomatiques avec l'État hébreu sous la
présidence de Maaouya Ould Sid Ahmed Taya
3.2.2.2 Adhésion à
différentes communautés économiques :
L'appartenance de certains pays à différentes
communautés économiques régionales créé un
chevauchement de fonctions et constitue également des obstacles à
l'intégration. En effet à quelques exceptions près, les
pays du Maghreb ont adhéré à plusieurs communautés
économiques régionales ce qui a entrainé le gaspillage des
maigres ressources de la zone. (Mauritanie avec la communauté des pays
de l'Afrique Australe et de la ZLÉA des pays du sahel, Libye avec la
ligue arabe, l'Union Africaine, le Maroc est membre de la francophonie, de
l'organisation de la conférence islamique et a le statut avancé
auprès de l'union européenne en rejoignant en 2009 le Centre Nord
Sud du conseil de l'Europe, l'Algérie avec les pays de l'UPM et la ZALE,
Tunisie est partenaire privilégié de l'union européenne.
L'adhésion à d'autres organisations régionales laisse
penser que les pays du Maghreb n'ont pas la volonté commune de
promouvoir l'UMA.
3.2.2.3 Déni de culture :
Pour la population maghrébine d'origine berbère,
l'échec l'UMA repose dans ses fondements sur l'arabité. Les
fondateurs de l'UMA ont ignoré les 20 millions de berbères que
comptent à eux seul l'Algérie et le Maroc :(Un
maghrébin sur quatre est berbère et veut être reconnu comme
tel soit 40 % de la population totale). Ainsi cette référence
à l'arabité ampute les pays de l'Afrique du Nord de la
pluralité de sa dimension identitaire (Amazighité) et
n'obéit pas à un processus démocratique mais
bureaucratique. En conclusion : selon
l'enquête d'euromesco «54%, de la population juge que la
démocratie est ce qui manque le plus au Maghreb, suivie de la confiance
(31%). L'absence de démocratie et de confiance envers les dirigeants
explique l'échec de l'intégration régionale, du
développement économique, des conflits liés aux
frontières». 42(*)
3.2.2 Les défis de
l'intégration régionale et les recommandations
Bien que les communautés économiques
régionales CER aient fait des progrès, l'Afrique reste
confrontée à un certain nombre de problèmes. En
dépit de toutes les bonnes intentions des pays du Maghreb les efforts,
déployés pour mettre en oeuvre le programme d'intégration
régionale ne suffisent pas. Cependant, l'inexistence de vrais
mécanismes de contrôle du respect par les États des
protocoles et des traités dont ils sont signataires et l'absence d'un
mécanisme de compensation pour les perdants de l'intégration
constituent des obstacles majeurs à la mise en oeuvre complète
des programmes d'intégration. Dans ce sens, pour la plus part de ces
pays, Les tarifs et autres taxes commerciales constituent la grande partie des
recettes ainsi le manque à gagner qui résulterait de
l'application de tous les protocoles d'intégration pourrait entraver le
processus d'intégration, même si les avantages potentiels de ce
dernier dépassent largement les coûts.43(*)
S'agissant du faible réseau infrastructurel du
transport au Maghreb, les États membres doivent s'unir autour de
l'amélioration de la connectivité du transport au Maghreb et la
mise en place de programmes et politiques de transport intégré
prôné dans la politique de l'aide du NEPAD (Nouveau Partenariat
pour le développement de l'Afrique) (transport qui minimise la
consommation d'énergie et réduit les émissions effets de
serre et qui relie toutes les parties des pays membres).
Par ailleurs l'ONU recommande pour ces pays
« d'assurer des couloirs commerciaux sans barrières,
grâce à des réseaux routiers intégrés
à l'échelle de la région, des services ferroviaires
compétitifs et homogènes, des infrastructures portuaires
efficaces et des espaces aériens et aéroportuaires
sécurisés et efficients».
En outre le très faible cadre macroéconomique,
commercial et financier des pays de l'UMA, la grande disparité dans les
domaines des tarifs, de l'inflation, des taux de change, du coefficient
d'endettement par rapport au PIB, de la croissance de la masse monétaire
et d'autres variables macroéconomiques cruciales n'arrangent
guère la situation et pourraient affaiblir tout le processus
d'intégration. Cela pourrait amener certains gouvernements ou
particuliers à se livrer une course pour maximiser les profits qui en
conséquence pourrait avoir des effets pervers sur le processus
d'intégration en décourageant toutes les chances
d'investissement et en entrainant la ruine de l'économie d'un pays
membre. Ainsi il est primordial pour les membres d'appliquer des politiques
macroéconomiques convergentes et renforcer les institutions et
marché financier afin d'accélérer le la mise en oeuvre du
développement de l'UMA; de mobiliser les ressources financières
nécessaires au financement des projets d'intégration comme les
infrastructures, renforcer et diversifier les institutions et le marché
financier de la zone. Dans ce sens, il est nécessaire de créer
et promouvoir la banque maghrébine d'investissement et de commerce.
Cette institution permettra d'améliorer le système de paiement,
facilitera les échanges intra-bloc et extra-bloc aidera les États
membres financer les projets d'infrastructure.
Aussi en vue de consolider l'ensemble du processus
d'intégration régionale il est aussi important de travailler
à harmoniser les politiques et procédures qui régissent
les marchés et institutions dans les pays membres de l'UMA tout en ayant
la vision et les objectifs d'ensemble, et en mettant en oeuvre un puissant
partenariat avec l'ensemble de la communauté européenne qui
représente le premier partenaire de la zone et relancer la banque
maghrébine d'investissement et de commerce recommandé par le FMI
afin de pouvoir financer les divers projets ( La banque maghrébine vient
juste de libérer les 150 millions au mois de mars de cette année)
et permettrai de créer de la concurrence parmi les entreprises locales.
Accélérer la libéralisation des
économies et harmoniser les lois conformément aux standards
internationaux afin d'attirer les investissements directs étrangers.
S'entendre et créer une forme d'intégration
monétaire partielle en instaurant une monnaie maghrébine commune
afin de faciliter les transactions
Appuyer la mise en place d'un mécanisme de
règlement des différends : Les pays de l'UMA devront travailler
en collaboration entre eux afin de fixer les mécanismes d'un cadre
approprié pour le règlement des différends. Cette
situation s'explique en partie par le fait qu'il n'existe aucun
mécanisme pour régler les différends dans la plupart des
accords et protocoles d'intégration régionale.
L'UMA doit tirer des enseignements des expériences
enregistrées dans les autres blocs régionaux pour permettre aux
dirigeants de prendre en connaissance les causes des décisions
stratégiques sur l'intégration régionale.
Dans ce sens les dirigeants maghrébins doivent disposer
d'un fort leadership pour dépasser les rivalités historiques.
Ils doivent prendre conscience qu'il n'est plus possible de continuer à
s'ignorer et voir les opportunités ratées et les
différents défis qui attendent les populations dans un monde
aujourd'hui en crise. Cette continuité dans la voie de discorde ne peut
plus continuer à masquer les désastreuses réalités
économiques des pays et l'absence de démocratie. Enfin ils
doivent se rappeler que le bloc de l'UE c'est bâti grâce à
la volonté de dépasser les conflits et aux efforts unis des deux
protagonistes et rivaux qui sont l'Allemagne et la France.
Enfin nous préconisons telle que l'a relevé les
différents rapports d'Euromesco d'établir un conseil
maghrébin élu et de modifier l'article 6 du traité qui
exige l'unanimité des décisions prises par les présidents
des États si on veut réellement relancer le projet de l'UMA.
Conclusion
L'intégration régionale s'avère plus que
fondamentale pour le développement politique et économique du
Maghreb. Or il apparaît que l'UMA est restée incapable de
répondre aux aspirations et aux défis qui attendent les peuples
maghrébins. Seule la démocratie et l'ouverture permettrait de
sortir de cette situation blocage.
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